Dictionnaire de la Bible/Tome I.2.b BAAL-BERZELLAI - Wikisource (2024)

Fulcran Vigouroux

Dictionnaire de la Bible

Letouzey et Ané, (Volume I,p.1315-1316-1639-1640).

Tome I.2.a ARNALD-AZZONI

Tome I.2.c BESACE-BYTHNER

B

38?. — Sceau aramèen d’Abdbal.

B, seconde lettre de l’alphabet hébreu. Voir Beth.

BAAL. Hébreu: Ba’al, «maître, seigneur;» Septante: BâaX. Nom d’un dieu chananéen, de plusieursIsraélites et d’une localité ainsi appelée par abréviation.Ce mot entre aussi dans la composition d’un certainnombre de noms propres,

1. BAAL, dieu suprême des Chananéens, adoré par, les Israélites infidèles. Son nom se lit souvent dans lesinscriptions phéniciennes; on le retrouve aussi dans lesinscriptions cunéiformes et chez les auteurs grecs etlatins, qui l’appellent communément, d’après la formebabylonienne de son nom, B-fa, BriXoç, Belus. Il entredans la composition d’un grand nombre de noms de personnesphéniciens et carthaginois: Annibal(hanniba’l, «Baal est grâce» ); Asdrubal (’azruba’l, «Baal est secours» ), etc.; araméens: Abdbal, «serviteur deBaal,» qu’on lit sur un cachet d’agatetrouvé à Khorsabad (fig. 387), etc.; assyrochaldéens: Balthasar ( Bel - sar - usur, «Bel protège le roi» ), etc.; on le trouvemême dans quelques rares noms hébreux: Ba’alliânân (Vulgate: Balanan), Esbaal, Méribbaal, Baaliada. (Voir cesnoms.) Cf. E. Nestlé, Die isrælitischeEigennamen nach ihrer religionsgeschichtlichenBedeutung, in-8°, Harlem, 1876, p. 108-132.I. Nom. — Ba’al, d’après l’interprétation unanime dessémitisants, signifie «seigneur, maître, possesseur», non seulement en hébreu, mais aussi dans les autreslangues sémitiques. Il ne s’emploie pas uniquementcomme nom propre, mais encore comme nom commun, pour désigner le maître, le propriétaire, le possesseurd’une personne ou d’une chose: — 1° «propriétaired’une maison,» Exod., xxii, 7; Jud., xix, 22; d’un champ, Job, xxxi, 39; d’un bœuf, Exod., xxi, 28; Is., i, 3; de richesses, Eccl., v, 13, etc.; — 2° «mari» ba’al’issâh, «maître d’une femme,» Exod., xxi, 3, etc.;

— 3° habitant ou citoyen d’une ville, Jos., xxiv, 11; Jud., IX, 2, etc. — On peut conclure de là que le nomde Baal, appliqué à Dieu, n’a été primitivement qu’uneépithète exprimant son souverain domaine et le considérantcomme le seigneur et le maître de toutes choses; on en a fait ensuite un nom propre et une divinité particulière, le Baal, le Maître par excellence, hab-Ba’al, avec l’article. L’article est en effet toujours mis en hébreudevant le nom du faux dieu pour distinguer Ba’al, nompropre, de ba’al, nom commun. À cause de l’abus queles polythéistes firent de cette expression, l’Écriture, quoiqu’elleaime à appeler Dieu le Seigneur, ne le désignepas une seule fois par le nom de Baal; mais elle emploieà la place’Adôn, ’Àdônâï, dont la signification est lamême, et elle ne se sert du mot 6a’al, en dehors du nomdu faux dieu, que comme substantif commun.

Le dieu suprême chananéen Baal, honoré à Tyr et àSidon, dans toute la Syrie et dans les colonies phéniciennes, se multiplia par la suite des temps, et l’on distingua plusieurs Baals, qui tirèrent leur nom particuliersoit du lieu où ils étaient honorés, comme Ba’al Lebanon, «le Baal du Liban,» Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, part, i, p. 24-25, etc.; soit de la fonction qu’on luiattribuait, comme celle de Ba’al Berif, «le Baal del’alliance,» protégeant ceux qui faisaient alliance avec lui(voir Baalberit); de Ba’al Zebûb, «le Baal des mouches,» protégeant sans doute ses adorateurs contre ces insectes.(Voir Béelzébub.) Aux Baals locaux se rattachent, d’aprèsbeaucoup d’orientalistes, les noms de lieux Baalgad, BaalHamon (hébreu), Baalhasor, Baalhermon, Baalmaon, Baal Pharasim, Baalsalisa, Ba’al Sefôn (Vulgate: Béelséphon), Baalthamar. (Voir ces mots.) Pour le pluriel deBaal, voir Baalim, et pour la forme babylonienne du non^de ce dieu, voir Bel.

Quoique le nom de Baal désignât un dieu particulier, il s’employait aussi pour qualifier une divinité quelconque.Ainsi, dans une inscription phénicienne deMalte, on lit: «Melqart, Baal de Tyr.» Gesenius, MonumentaPhœniciæ, 1837, Melit. i, p. 96 et pi. 6; Corpusinscript, semit., t. i, part, ii, p. 151. C’est dans, cetteacception que Moloch est appelé «Ba’al» dans Jérémie, xxxii, 35. Cf. xix, 5.

II. Caractères. — Le dieu Baal était le dieu producteur, le principe mâle (fig. 388), associé à la déesse Astarthé, qui

388.Le dieu Baal. Bas-relief d’un autel trouvé à Qanaouat.ïitz -William Muséum, à Cambridge.

était le principe femelle. C’est, d’après l’opinion la plusprobable, une divinité solaire; pour cette raison, lorsqu’elleest représentée dans les derniers temps sousforme humaine, elle est couronnée d’un diadème derayons (fig. 389), et son emblème est appelé, en hébreucomme en phénicien, fyammân, «solaire» (en hébreu,

seulement au pluriel: hammânim), Lev., xxvi, 30; II Par., xrv, 4; xxxiv, 4, 7; Is., xvii, 8; xxvii, 9; Ezech., vi, 4, 6; le dieu lui-même est appelé souvent dans les inscriptions(Gesenius, Monumenta Phœnicise, p. 171-172, 349; P. Schrbder, Die phônizische Sprache, in-8°, Halle, 1869, p. 125; Corpus inscript, sentit., t. i, part. i, p. 154, 79; cf.M. A. Levy, Phônizisches Wôrterbuch, in-8°, Breslau, 1864, p. 19) Ba’al hammân, «le Seigneur du soleil,» de hammâh, nom poétique du soleil dans Job, xxx, 28; Isaïe, xxiv, 23; xxx, 26; Cant., vi, 10; cf. Ps. xix (hébreu), 7. Les hammânim étaient des cippes ou colonnesde forme conique ou bien pyramidale, destinées à représenterle soleil sous la forme d’une flamme. Hérodote, n, 44, raconte qu’il y en avait deux dans le temple d’Héraclès, c’est-à-dire de Baal, à Tyr. Une inscription dePalmyre, la plus ancienne de toutes les inscriptions religieuses(M. de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, 1868, 123 a, p. 73), mentionne l’érection d’un njdtt, hammana’, au dieu Soleil, [k]wout. Des monnaies romainesde l’époque impériale nous ont conservé l’imagedu cippe de Baal (fig. 390).D’après les renseignementsfournis par l’Écriture, ce cippeétait en pierre ou en bois, IV Reg., x, 26, ou même enor. Ose., ii, 10. Cf. J. B. Pocari, Dissert, de simulacris solaribusIsrælitarum, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatumsacrarum, t. xxiii, 1760, p. dccxxvii-dccl; J. Spencer, Exercitatio de Tyriorum Gammadinet Hammanin, ibid.,

p. DCCXLIX-DCCXCII.

Certains commentateurs tirentune preuve du caractèresolaire de Baal du texte IV Reg., xxiii, 4 (cf. ꝟ. 11), qu’ils traduisent: «Josias fit périr lesprêtres qui brûlaient de l’encensà Ba’al-Sémé$,» c’est-à-direà Baal -Soleil. Les auteursclassiques identifient aussiBaal avec le soleil: «Dieus’appelle Bal en langue punique, dit Servais, et Bel chezles Assyriens; il est tout à la fois Saturne et le Soleil». Corrimentar.in Virgilium, In. Mneid., i, 729; 2 in-8°, Gœttingue, 1826, 1. 1, p. 109. Cf. S. Isidore de Séville, Etymol., vm, 11, t. lxxxii, col. 316. Voir W. Baudissin, Baal undBel, dans Herzog, Real-Encyhlopàdie, Ie édit, t. ii, p. 30.Comme dieu solaire, Baal est «le maître des deux», Baal-samin, titre qu’il porte dans l’inscription d’Ommel-Aouamid (M. de Vogué, Inscriptions phéniciennesde Cypre, dans ses Mélanges d’archéologie orientale, 1868, p. 53), et qui se lit aussi dans les vers puniques duPeenulus de Plaute, Balsamen, v, 2, 67, édit. Lemaire, t. iii, . p. 79, comme dans saint Augustin, BaalsamenQusest. in Jud., xvi, t. xxxiv, col. 797), ainsi que dansPhilon de Byblos, qui dit expressément: «ils considéraientle soleil… comme le dieu qui était le seul maître du ciel(u.ôvov oùpavoO xiipiov), l’appelant Béelsamen(BsE>.(jd(i.ï)v).» Histor. græc. Fragm., édit. Didot, t. iii, fragm. 2, n° 5, p. 565^566. Cf. P. Martin, Discours de Jacques de Sarougsur la chute des idoles, dans la Zeitschrift der deutschenmorgenlândischen Gesellschaft, t. xxrx, 1875, p. 131; D. Chwolson, Die Ssabier und der Ssabismus, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. i, p. 373; t. iï, p. 158-159.

Baal-soleil est bienfaisant comme l’astre du jour qu’ilpersonnifie, mais il est aussi malfaisant, parce qu’ilbrûle et tue. Il est d’abord la source de la fécondité etJe la vie; ses tièdes rayons réchauffent la terre et lui font

[[File: [Image à insérer]|300px]]
889. — Le dieu Baal.

Stèle phénicienne. Musée duLouvre.

porter ses fruits. «Je suivrai ceux qui m’aiment,» c’est-à-direBaal, dit la fille d’Israël infidèle, dans Osée, ii, 5(hébreu, 7), «parce qu’ils me donnent le pain, l’eau, la

[[File: [Image à insérer]|300px]]
390. — Cippe de Baal.

ATT KAI MAKPINŒ SEB. Tête diadéméo te l’erapero» Maorln. —% IEPAS BTBAOT. Temple. Cippe de Baal, anmilieu d’une cour, derrière le temple.

laine, le liii, l’huile, la boisson.» Les adorateurs du dieului attribuent la fertilité de la vigne et du figuier; cf. Ose., il, 12 (hébreu, 14); c’est pourquoi les monuments votifsde Carthage représentent ce dieu entouré de fleurs, de

[[File: [Image à insérer]|300px]]
391. — Stèle punique consacrée k fia&l.

D’après Gesenius, Monumenta, pi. xxiii, b» «0.

Elle porte l’inscription suivante:

1. Image de Seotbal, ton serviteur, juste, considéré devant

2. Baal, flls de ton serviteur Hlkamt’al, seigneur da rojajuae dapeuple des Massaliens,

3. [consærée] & Baal solaire, le Seigneur qui a écouté la voixdu peuple.

grappes et de fruits, symboles de sa force fécondante(fig. 391). Cf. Gesenius, Monumenta PhomicUe, Numid., pi. 21, 22, 23. De même les médailles nous le montrentsous une forme humaine, assis et ayant devant lui unépi-et un raisin (fig. 392).

1319

BAAL

1320

Mais Baal était le dieu de la mort en même temps quele dieu de la vie. Sa chaleur est souvent funeste à l’hommecomme aux plantes et aux animaux, surtout dans les paysbrûlés de l’Orient, et c’est pour cela que les classiquesgrecs et latins, qui avaient reconnu en lui à juste titre lesoleil, l’assimilaient aussi à Chronos ou Saturne, le dieuqui dévore ses propres enfants, comme nous l’avons vudans le texte de Servius. Il inspirait ainsi la terreur àses fidèles, qui honoraient ce dieu cruel par des actes decruauté, et cherchaient à se le rendre propice par l’immolationde victimes humaines, en particulier d’enfants.Jer., xrx, 5; xxxii, 35. Voir de Baudissin, lahveetMoloch, 1874, p. 39, 50-53. Le rite sanglant par lequel ses prêtresse blessaient et se meurtrissaient eux-mêmes, III Reg., xviii, 28, se rattache vraisemblablement à ces sacrificesinhumains.

III. Culte de Baal chez les Israélites. — 1° Histoire.

— Les enfants de Jacob, , fort enclins à l’idolâtrie, adorèrentBaal même avant d’entrer dans la Terre Promise.

388. Le dieu Baal sur une monnaie de Tarse.

Buste de Pallas, de lace, coiffée d’un casque à triple aigrette. —Baal de Tarse, assis sur un trône. À gauche, dans le champ, épi et grappe; à droite, feuille de lierre; au-dessous dn trône, T, marque de Tarse.

Le nom de ce faux dieu apparaît pour la première foisdans l’histoire de Balaam. Balac, roi de Moab, conduisit cefameux devin aux bamôf ou hauts lieux de Baal, d’oùl’on voyait l’extrémité du camp d’Israël. Num., xxii, 41.Peu de temps après, le perfide devin conseilla au roi Balacde pervertir le peuple de Dieu à l’aide des filles moabites.Num., xxxi, 16. Un grand nombre d’Israélites succombèrent, et leurs séductrices les firent tomber dans l’idolâtrieet adorer le dieu Baal sous une de ses formes particulières, c’est-à-dire comme Ba’al Pe’ôr (voir Béelphégor).Num., xxv, 1-3. — Quand les Israélites se furentemparés de la terre de Chanaan, ils ne tardèrent pas àrendre un culte à Baal, qu’ils considéraient comme ledieu du pays. L’auteur des Juges le leur reproche dès lecommencement de son livre. Jud., Il, 11, 13. C’est parcequ’ils servent Baal et Astaroth que Dieu les livre entreles mains de Ghusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie, Jud., iii, 7, 8; des Madianites et des Amalécites, Jud., VI, 25-32; des Philistins et des Ammonites, Jud., x, 6-7, 10; cf. Jud., viii, 33; ix, 4; I Reg., vii, 3-4; xil, 10. Lorsque, par suite de l’établissem*nt de la royauté, les enfants deJacob eurent moins de rapport avec les Chananéens, Baaln’eut d’abord parmi eux qu’un petit nombre d’adorateurs; mais, après le schisme des dix tribus, sous Achab, roid’Israël, son culte fut plus florissant que jamais. Ce princeavait épousé une Phénicienne, Jézabel, fille d’Ethbaal, roide Sidon et prêtre d’Astarthé, III Reg., xvi, 31; elle étaitpassionnée pour la religion de sa famille, et elle la propageaavec ardeur à Samarie et dans tout le royaume des dix tribus.III Reg., xvi, 31-33. Baal eut alors en Israël jusqu’àquatre cent cinquante prêtres, et Aschérah quatre cents.III Reg., xviii, 19, 22. Il ne fallut rien moins que le zèledu prophète Élie pour empêcher la perversion entière duroyaume du nord, ffl Beg., xviii, 16-40. Le texte sacré necompte que sept mille hommes qui n’eussent pas fléchile genou devant Baal. III Reg., six, 18. Ochozias, filsd" Achab et de Jézabel, continua à servir le dieu phénicien.

III Reg., xxii, 54. Son frère Joram, qui lui succéda sur letrône de Samarie, détruisit les emblèmes (masêbâli) deBaal élevés par son père, IV Reg., iii, 2; mais il ne déracinapas complètement son culte, qui ne fut aboli que parJéhu, le destructeur de la maison d’Achab. IV Reg., x, 18-28. La ruine du royaume d’Israël fut la punition deson idolâtrie. IV Règ., xvii, 16, 18.

Le royaume de Juda n’avait pas échappé lui-même à lacontagion. Athalie, la fille d’Achab et de Jézabel, introduisità Jérusalem le culte de Baal; cf. IV Reg., rai, 27; elle lui fit élever un temple dont Mathan était le grandprêtre. IV Reg., xi, 18. Le temple, l’autel et les objets idolâtriquesqu’il renfermait, furent détruits par le peuple àl’avènement de Joas, IV Reg., xi, 18; II Par., xxiii, 17; mais Achaz, roi de Juda, adora Baal, comme l’avait faitla maison d’Achab. II Par., xxviii, 2; cf. IV Reg., XVI, 3-4.Son fils Ézéchias détruisit l’idolâtrie dans son royaume,

IV Reg., xviii, 4; elle reparut de nouveau sous son successeurManassé, qui dressa des autels à Baal et releva les

[[File: [Image à insérer]|300px]]
392. — Hercule tyrien.

Tête laurée d’Heroule, à droite. — S). TTPOT IEPAS [KAIAjSYAOT. Aigle, à gauche, avec une palme. Tétradrachmefrappé entre l’an 136 et 57 avant J.-C.

hauts lieux renversés par son père.- IV Reg., xxi, 3. Josiass’efforça d’anéantir son culte. IV Reg., xxiii, 4 5. Cependantle dieu chananéen eut des faux prophètes et des adorateursdans Juda jusqu’à la captivité de Babylone, comme nousl’apprend Jérémie, ii, 8, 23; vii, 9; ix, 14; xi, 13, 17; xii, 16; xix, 5; xxiii, 13, 27; xxxii, 29, 35 (Cf. aussi Ezech., vm, 3, «l’idole de jalousie», c’est-à-dire Baal, d’aprèssaint Jérôme, In Ezech., viii, 4, t. xxv, col. 78, et uncertain nombre de commentateurs). Ce n’est qu’à partirde la captivité que le nom de Baal disparaît de l’AncienTestament; cf. Soph., i, 4; il n’est plus qu’un souvenirdans le Nouveau, Rom., xi, 4, et, pour les Juifs contemporainsde Notre -Seigneur, le Baal qu’avait envoyé consulterOchozias, roi d’Israël, IV Reg., i, 2, Ba’al Zebûb, dieu d’Accaron, est devenu Béelzeboul, un objet de dérisionet un terme de mépris. Matth., x, 25. Voir Béelzébhb.( Le dieu phénicien est mentionné, il est vrai,

II Mach., IV, 19, mais ce n’est plus sous son nom indigènede Baal ou Melqart, «roi de la cité,» c’est souscelui d’Héraclès ou Hercule (fig. 393), avec qui les Grecsl’avaient identifié. Voir Hercule.)

2° Rites et cérémonies du culte de Baal chez les Israélites.

— On adora Baal dans un temple, à Samarie, III Reg., xvi, 32; IV Reg., x, 21-27; à Jérusalem, IV Reg., XI, 18.Cf. Jud., IX, 4. Mais on lui rendait surtout un culte surles hauts lieux, bamôt, c’est-à-dire primitivement sur lesmontagnes et les collines, puis sur des tertres artificiels.Jer., xix, 5; xxxii, 35; cf. III Reg., xviii, 20. Là, on lui élevait des autels, Jud., vi, 25; II Par., xxxiv, 4; Jer., xi, 13, au-dessus ou auprès desquels étaient dressésses hammânim, cippes ou colonnes, II Par., xxxiv, 4; IV Reg., x, 26; on lui offrait des sacrifices de taureaux,

III Reg., xviii, 23, et d’autres victimes, IV Reg., x, 24; on brûlait des parfums en son honneur, Jer., vii, 9; xi, 13(qattêr labba’al; Vulgate: libare, «faire des libations,» mot qui ne rend pas le sens de l’original); IV Reg., xxm, 5; on fléchissait le genou devant lui, et l’on baisaitses statues ou ses emblèmes en signe d’adoration et de

ment que deux noms bien connus: Bersabée (Bîr ei-Sébâ)etMolada (Khirbet eUMilh); il est donc très difficile del’identifier. Knobel cependant propose de la reconnaîtredams le village actuel de Deir el-Belafyh, Â^Ji ji, «le couvent de la Datte,» situé sur une petite hauteur, à quelques heures au sud-ouest de Gaza, et dont le nomse rattache à un couvent chrétien détruit et à de bellesplantations de dattiers. Cf. V. Guérin, Description de laPalestine, Judée, t. ii, p. 223-226. Il n’y a là qu’un rapprochementpurement accidentel entre les mots, et cetemplacement nous reporte bien trop à l’ouest, jusque surles bords de la mer, dont Deir el-Belahh n’est éloigné quede dix-sept cents mètres. Les possessions israélites n’allaient

pas si loin.

A. Legendre.

    1. BAALAM##

BAALAM, ou plutôt Balaam, comme le portent communémentles éditions de la Vulgate (hébreu: ffil’âm; Septante: ’Ity&luâv), ville de la tribu de Manassé occidental, assignée, avec ses faubourgs, aux fils de Caath.

I Par., vl,% (hébreu, 55). Elle n’est mentionnée qu’ence seul endroit de l’Écriture. Dans la liste parallèle deJosué, XXI, 25, on lit Gethremmon; mais il est très probableque c’est une faute de copiste: celui-ci aura, pardistraction, répété le dernier nom propre du verset précédent, où Gethremmon est, comme dans Josué, xix, 45, rangée parmi les villes de Dan. Les Septante ont mis’îeSetBi, peut-être pour Uêalâ. On croit généralement queSil’âm n’est autre que Yble’âm, Jéblaam, indiquée, Jos., xro, 11, parmi les villes de la tribu de Manassé. C’est, en effet, le même mot oïba, moins le», yod, initial, dansles Paralipomènes. Les Septante, du reste, ont ici traduitpar’UftêXattN; Codex Alexandrinus: I6Xocâu. Voir Jéblaam.

A. Legendre.

    1. BAALATH##

BAALATH (hébreu: Ba’âlâf; Septante: FeëesXdiv, Jos., xix, 44; BaXrie, III Reg., ix, 18; BaXaàô, II Par., ▼m, 6; Vulgate: Baalath, III Reg., ix, 18; Balaath, Jos., xix, 44; II Par., viii, 6), ville de la tribu de Dan, Jos., xix, 44, rebâtie et fortifiée par Salomon. III Reg., ix, 18, et II Par., viii, 6. Malgré une légère différence de nom dansles versions grecque et latine, due probablement à unesimple transposition de lettres, il s’agit ici d’une seule etmême localité. Le texte original, en effet, porte partoutBa’âlâf; et les deux récits parallèles, III Reg., ix, 18;

II Par., viii, 6, indiquent une seule ville sous la doubledénomination de Baalath et Balaath; enfin plusieurs manuscritsde la Vulgate donnent, pour Jos., xix, 44, Baalath.Cf. C. Vercellone, Variée lectiones Vulgatx latime, Rome, 1864, t. ii, p. 63.

D’après l’énumération de Josué, xix, 41-46, où elle estmentionnée entre Gebbéthon et Jud, Baalath semble bienappartenir à la frontière septentrionale de Dan; mais sonemplacement est difficile à déterminer. Jud (hébreu: Yehud) est généralement identifiée avec El-Yehoudiéh, à Test de Jaffa. Cf. V. Guérin, Description de la Pales’Une, Judée, t. i, p. 321-322; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 99. La situation de Gebbéthon( hébreu: Gibbepôn) est plus problématique; mais on peut, avec les anteurs anglais, ouvr. cité, p. 69, la reconnaîtredans le village actuel de Kibbiéh, au sudest d’El-Yehou(héh. Cest donc entre ces deux points ou dans les paragesvoisins qu’il faut chercher notre ville. Van de Velde, Memoirto accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 291, pense qu’elle se retrouve probablement dans Deir Baltouf, y^J «Ji, formant triangle, au nord, avec les deuxIdéalités précédentes. «Ce n’est plus actuellement qu’unvillage de cent cinquante habitants au plus. Autrefois, àen juger par l’étendue des ruines qui couvrent la collineoù il s’élève, ce devait être une ville véritable. La plupartdes maisons étaient construites avec des pierres de grandesdimensions, soit polygonales et assez mal aplanies, soit

rectangulaires et régulièrement taillées.» V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 130. À propos de cette identification, M. Guérinajoute: «Le mot arabe Balloulh, qui signifie chêne, n’aaucun rapport de signification avec le mot hébraïque ou chananéenBa’alath, qui semble faire allusion au culte rendujadis en ce lieu au dieu Baal. Mais ce n’est point là une objectionpéremptoire contre le rapprochement de ces deuxmots, les Arabes, en effet, ’ayant pu faire subir au nomantique, dont ils ne comprenaient pas le sens, une modificationlégère, qui le transformait aussitôt en un termearabe, qui leur était très familier. Une objection qui meparaît plus forte que la précédente, c’est que la ville deBa’alath est assignée, par la Bible, à la tribu de Dan, et que Deir Ballouth me semble plutôt, par sa position, appartenir à l’ancien territoire de la tribu d’Éphraïm.» Cette difficulté n’est pas si grande que le suppose le savantexplorateur, et. nous ne voyons rien qui nous empêchede faire rentrer ce point dans les limites de Dan. VoirDan (tribu et carte). Van de Velde, en proposant cetteidentification, distingue cette Baalath de celle qui fut fortifiéepar Salomon, III Reg., ix, 18; II Par., viii, 6, parceque Deir Ballouth n’est pas situé près d’une grande route, nécessitant une place forte. La distinction, que n’autorisepoint le texte sacré, nous paraît inutile; il semble que, par sa position sur les premiers contreforts des montagnes, au-dessus de la plaine de Saron, cet endroitdevait avoir une certaine importance, comme le conjecturedu reste M. Guérin, d’après les ruines actuelles.

Cependant Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 1, place Baalathplus bas. Reproduisant le récit de III Reg., ix, 18, et II Par., viii, 6, il nous dit que non loin de Gazara(Gazer) Salomon bâtit deux autres villes, dont l’une s’appelaitBr, Tx<ip «j et l’autre Ba)16. Gazer est Tell Djézer, à droite de la route de Jaffa à Jérusalem, et Betchorasemble bien correspondre à Béthoron, ï'nri n>3, Bê{ffôrôn, une des deux villes de ce nom, situées un peuplus haut, à l’est. Baleth est la Ba)16, BâW, de l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 237, 239; la Baaleth, Ballath, de saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxili, col. 883, 884, et Deir Ballouth ne peut évidemmenten marquer l’emplacement, d’après l’indicationde l’historien juif. Mais son expression où irôppw 8'aO>Tr<ç, «non loin d’elle [Gazara],» n’est-elle point une conclusionpersonnelle et trop absolue de ce fait que Baalathest, dans le texte sacré, mentionnée avec Gazer et Béthoron?Si elle était basée sur la tradition, on pourrait alorssuivre l’hypothèse des explorateurs anglais, Names andplaces, p. 21, qui croient retrouver Baalath dans Bel’aîn, un peu au nord-ouest de Béthoron inférieure.

Parce que Baalath est citée avant Palmyre, III Reg., ix, 18, quelques auteurs ont voulu l’assimiler à Baalbek, remarquable comme celle-ci par ses merveilleuses ruines.Cette opinion n’a aucun fondement; car, dans le récitparallèle de II Par., vill, 4-6, elle est séparée de Palmyre, et l’ensemble des deux passages favorise plutôt sa proximitéde Béthoron. D’après le Talmud de Jérusalem, Sanhédrin, I, 2, Baalath était située sur la frontière entre latribu de Juda et celle de Dan; les maisons étant deJuda et les champs de Dan. Il confond Baala de Judaavec Baalath, et son assertion est absolument fausse, puisque Baala appartenait à l’extrémité méridionale de laPalestine. Voir Baala 3. «Les Talmuds, dit A. Neubauer, se mettent facilement en contradiction avec la Bible, lorsqu’ils’agit de trouver un texte à l’appui de leurs explicationssoit dogmatiques, soit agadiques.» La géographiedu Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 99, 100.

    1. BAALATH BÉER RAMATH##

BAALATH BÉER RAMATH (hébreu: Ba’alaf

Be’êrRâmat; Septante: BaXÉx Tcopeuoiiévwv Bajj.É6), villesituée sur la frontière de Siméon, vers le midi. Jos., xix, 8.Dans la liste parallèle de I Par., IV; 33, elle paraît sousla forme contracte Bâ’al. Faut-il considérer ces troismots comme formant un seul mot composé? Rien de plus confus que les renseignements fournis à ce sujet par letexte et les versions. L’hébreu porte: Ba’âlaf Béer.Râmaf Négéb, que la plupart des auteurs modernesexpliquent ainsi: Ba’âlaf Béer, ou Râmaf du midi.Outre le changement des mots Ba’âlaf et Râmaf enBaXéx et BajiÉO, facile à comprendre par la confusionde certaines lettres en hébreu ou des fautes de copistesen grec, les Septante ont dû lire ma, bâ’é, «les venant,» au lieu de 1N3, béer, «puits.» Pour Béer Râmaf onlit Bêf Râmaf dans quelques manuscrits hébreux seulement.Cf. J. B. de Rossi, Scholia crilica in V. T. Ubros, Parme, 1798, p. 34. La version syriaque donne de même: Béer, et correspondrait à Ramôf-Négéb, Vulgate: Ramothad meridiem, une des villes auxquelles David envoya desprésents, après sa victoire sur les Anîalécites. I Reg., xxx, 27.Baalath Béer ne saurait être confondue avec Baalath dela tribu de Dan; voir Baalath; mais elle est peut-êtreidentique à Baloth (hébreu: Béalôf), située à l’extrémitéméridionale de la tribu de Juda. Jos., xv, 24. Saposition est inconnue. Il est impossible de l’identifieravec Ramet el-Khalil, ocalè qui se trouve à une heureau nord d’Hébron: la tribu de Siméon ne s’étendait passi haut. Quelques auteurs assimilent Rarr&th Négeb auDjebel Araïf, montagne qui s’élève à environ huit heuresau sud de Ain Qadis (Cadès), et séparée du Djebel

[Image à insérer]394. — Vue générale des ruines de Baalbek.

«Be’afBêf —Rama, qui est au midi.» La paraphrase

chaldaïque reproduit plus exactement le texte original: Ba’âlaf Be’êr Râmaf Ddrôma’, ce que la version latinede la Polyglotte de Walton rend et ponctue ainsi: «Baghalat, Beer-Ramath au ïnidi.» Enfin nous lisons dansl’arabe: Bâ’al-Bab et Rama du midi. La Vulgate offreautant d’incertitudes; quelques éditions distinguent lestrois mots: Baalath, Béer, Ramath; d’autres supprimenttoute ponctuation; d’autres portent: Baalath, Béer Rameth, ou Balathbeer ramath, ou Balaad Bercameth.Cf. C. Vercellone, Varim lectiones Vulgatie latin», Rome, 1864, t. ii, p. 57.

L’interprétation la plus naturelle est, croyons —nous, celle-ci: «Baalath Béer,» c’est-à-dire «Ramath dumidi». Ba’âlaf Be’êr signifie «la maîtresse» ou «Baalath(divinité parèdre de Baal) du puits.» Dans cettecontrée méridionale de la Palestine, aride et désolée, l’Écriture mentionne plus d’un puits sacré: Be’êr lahaïrô’î, «puits du Vivant qui me voit,» Gen., xvi, 14; Be’êrSâba’, Gen., xxi, 31, ou Be’êr Séba’, Gen., xxvi, 33, Bersabée, «puits du Serment.» Râmat Négéb ou «lahauteur du midi» serait ainsi un autre nom de Baalathel-Makhrah par une large dépression de terrain. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 125. Si l’on admet cette identification, on pourrait alors chercher Baalath Béer dans lavallée qui sépare les deux montagnes, près des sourcesappelées Biâr Mâyin, dont l’eau est réputée excellenteet «douce comme les eaux du Nil». E. H. Palmer, Thedésert of the Exodus, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 345. Van de Velde la place à Tell el-Lekîyéh, au nordde Bersabée. Reise durch Syrien undPalâstina, Leipzig, 1856, t. ii, p. 151-152; Memoir to accompany the Map ofthe Holy Land, 1859, p. 342. Voir Ramoth Négeb.

A. Legendre.

    1. BAALBEK##

BAALBEK, ville de Syrie, située dans la partiemoyenne de la grande plaine de Cœlésyrie (El-Beqâ’ades Arabes), entre le Liban et l’AntiLiban, au pied descontreforts occidentaux de cette dernière chaîne, sur leseuil de partage à peine marqué qui sépare le bassin duLéïtani et celui de l’Oronte. Elle n’appartient point directementà l’Écriture. Cependant on l’a identifiée avecplusieurs villes mentionnées dans la Bible: pour cetteraison, de même que par sa position aux confins de laTerre Sainte et la splendeur de ses monuments, elle

mérite une étude spéciale. Malgré l’éclat qu’elle a jeté àune certaine époque, une assez grande obscurité enveloppeson nom, son origine, son histoire.

I. Nom. — Baalbek est l’ancienne Héliopolis de l’époquedes Séleucides et des Romains, dont parlent Strabon, xvi, p. 753; Pline, H. N., v, 18; Josèphe, Ant.jud., XIV, iii, 2, et Ptolémée, v, 14, Le nom d"H), ioÛTCoXi; , «cité du Soleil,» indique bien le culte auquel la ville, comme son hom*onymed’Egypte, était consacrée; mais est-il la traductionexacte de l’ancien nom sémitique, Baalbek, qui reparutavec la conquête musulmane et seul a survécu? Quelques

occùfenfal

Ruines

de

BAALBEK

(HELIOPOLIS)

et’aprèsW Joyctu.

— Echella

SS5. — Plan des ruines de Baalbek

auteurs le pensent et prétendent que Ba’albek, arabetiLAxj, veut dire en syriaque «ville de Baal» ou duSoleil. Il est certain qu’il y a correspondance entre Ba’alet t)Xco; : le dieu suprême commun aux peuples syrophéniciens, et particulièrement le dieu chananéen, étaitBaal, qui, primitivement peu distinct de la nature créée, devint le dieu solaire, et comme tel est appelé, parexemple, dans l’inscription d’Oiimm el-Aouamid, Ba’alSaræn. Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, Paris, 1881, part, i, t. i, p. 30. Mais la seconde partie du motn’est pas aussi facile à expliquer, et l’on n’a jusqu’icitrouvé aucune étymologie bien satisfaisante. D’aprèsA. Schultens, bek viendrait de la racine arabe bakka, "i[£, «être pressé» comme dans une foule. Cf. Freytag,

Lexicon arabico-latinum, Halle, 1830, t. i, p. 144. Baalbeksignifierait ainsi «presse, c’est-à-dire foule ou assembléede Baal»; la ville de la Mecque, Mekkah, est parfoisaussi appelée Bekkah. D’autres font de la syllabe bek unmot égyptien baki, «ville,» et alors Baalbek serait lecorrespondant exact d’Héliopolis; mais la formation de «es mots hybrides est contraire au génie des langues

sémitiques. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 524, note 1; Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, note 1, p. 409.Les formes talmudiques du nom de Baalbek sont tsnbyaet pa’jya, Mischna, Maaserolh, i, 1; Talmud de Babylone, Aboda zara, 11 6; Midrasch, Kohéleth, rx. M. Renan, Mission de Phénicie, in-4°, Paris, 1864, note 3, p. 320, croit que ce mot est simplement une corruption denypa-Sya, Ba’al-biq’ah. C’est aussi l’explication de Pu3&tt. — Colonnes an granâ temple de Baalbelx.

sey, qui voit dans ce «Baal de la vallée» un contrasteravec le «Baal Hermon» voisin. Voir Aven.

II. Identifications. — Les cités bibliques avec lesquelleson a voulu identifier Baalbek sont les suivantes: — 1° Baa~lath, ville fortifiée par Salomon en même temps que Palmyre, III Reg., ix, 18; Il Par., viii, 6; telle est l’opinionde Benjamin de Tudèle, regardée comme acceptable parM. Guérin, La Terre Sainte, Paris, 1882, t. i, p. 448, etcombattue par Robinson, Biblical Researches, t. m rp. 519, et d’autres. Voir Baalath. — 2° Baalgad, pointextrême, vers le nord, de la conquête israélite, Jos., si, 17; xii, 7, «au-dessous du mont Hermon,» Jos., xiii, 5; ainsipense W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1890, p. 233; de même Iken, Michælis, Rosenmûlleret Ritter, cités et réfutés par Robinson, BiblicalResearches, t. iii, p. 519, 409, 410. Voir Baalgad. —3° Baal-Hamon, lieu mentionné une seule fois dansl’Écriture, Cant, viii, 11, comme vignoble de Salomon; J. Wilson, The Lands of the Bible, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Voir Baal Hamon.— 4° Thébath (hébreu: Tibhat), I Par., xviii, 8. Cf. Chabas, Voyage d’un Égyptien*

p. 100- Hl; G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, ie édit., p, 191. Voir Thébath. — 5° Aven [Biq’at-’Avén, Vulgate: campus idoli), Amos, I, 5. Cette dernière opinioncompte un assez grand nombre de partisans, parmilesquels des savants de mérite. Voir Aven. Cependantaucune de ces hypothèses n’est complètement satisfaisante, comme on peut le voir aux articles qui concernentchacune de ces villes.

III. Description. — Baalbek n’est plus aujourd’huiqu’une bourgade, située à 1170 mètres d’altitude, etcomptant de trois à quatre mille habitants, métoualis,

qui existent au monde,» dit, après M. Lortet, E. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 785. En visitant nousmêmeles monuments que compare Robinson, nousavons trouvé à Karnak une masse plus imposante et desdimensions plus colossales; à Baalbek un ensemble plusparfait comme matériaux, richesse de détails, harmoniedes proportions; à Athènes une beauté plus sévère.

Les ruines de Baalbek, dont nous donnons une descriptionsommaire en suivant le plan de M. Joyau(fig. 395), sont en majeure partie contenues dans uneenceinte entourée de hautes murailles et orientées de

[[File: [Image à insérer]|300px]]
897. — Murs de l’Acropole de Baalbek.

musulmans, maronites, grecs unis et grecs schismatiques.Elle occupe à peine le quart de l’emplacement que remplissaitautrefois l’antique Héliopolis. Elle est entouréed’une vieille muraille ruinée de trois kilomètres de circuitet flanquée de tours carrées. Un ruisseau venant del’est, le Ras el-Aïn, l’arrose et s’échappe vers les ruinesdes grands temples, pour aller rejoindre le Léontès. Lesmonuments qui font sa gloire s’élèvent à l’ouest (fig. 394). «Ces temples ont fait l’étonnement des siècles passés etcontinueront d’exciter l’admiration des siècles futurs, jusqu’àce que la barbarie et les tremblements de terre aientaccompli leur œuvre. Par la grandeur du plan, le fini etla délicatesse de l’exécution, ils semblent surpasser tousles autres dans l’Asie occidentale, l’Afrique et l’Europe.Ils ressemblent à ceux d’Athènes par la légèreté, maisils les surpassent en grandeur; ils sont vastes et massifscomme ceux de Thèbes, mais ils les surpassent par lalégèreté et la grâce, s Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 517. «Ce sont les plus belles ruines peut-être

l’est à l’ouest. Par sa disposition générale, cette enceintea une assez grande analogie avec l’Acropoled’Athènes, bien qu’elle n’occupe pas comme celle-cile sommet d’une colline: de larges propylées, deux vastescours, l’une hexagonale, l’autre rectangulaire, aboutissentau grand temple, comme les propylées d’Athènes conduisentau Parthénon; puis, vers le sud, le temple deJupiter est placé à peu près comme l’Érecthéiori. Desmurailles en pierres énormes, les plus grandes qu’aitjamais remuées l’humanité, supportent ces gigantesquesterrassem*nts et ces magnifiques débris (fig. 397). Aunord de l’enceinte, on trouve beaucoup de pierres quiont neuf mètres de long: six de ces blocs constituent àeux seuls un mur de soixante mètres de longueur, et ilsparaissent encore petit* à côté de ceux du mur occidental(H). Là, en effet, trois gigantesques monolithes, lefameux trilithon, reposant sur des assises de moyennegrandeur, ont 19 m 09, 18 m 80 et 19 m 31 de long sur quatrede haut et autant de large. Placées à sept mètres environ

au-dessus du sol, on a peine à comprendre comment desmasses aussi colossales ont pu être transportées et montéesà une pareille hauteur. Sous la grande cour quadrangulaires’étendent d’immenses galeries souterraines, voûtéesen très bel appareil romain, mais ayant pour base unemasse de construction composée de blocs beaucoup plusforts et plus anciens.

Un escalier monumental, actuellement détruit, maisdont on voit encore quelques restes, donnait, vers l’est, accès aux propylées (A). Ce portique avait 54 m 86 de longdu nord au sud, sur 14 mètres de large de l’est à l’ouest.

d’édifices richement ornés, formant une espèce de galerieavec des chambres semi-circulaires (f) et en carré long( h). Elle devait offrir un coup d’œil très imposant avecles riches décorations prodiguées par la sculpture, et lesnombreuses statues qui la peuplaient, placées dans desniches arrondies vers le sommet en gracieuses coquillesou surmontées d’un fronton triangulaire. Au centre (E), une élévation de niveau paraît être le reste, d’une esplanadeportant un autel.

Cette cour conduisait au grand temple (F), probablementle temple du Soleil, qui consistait peut-être eu

— Petit temple de Bafilbek.

Il était orné de douze colonnes corinthiennes, dont lesbases sont encore en place et portent des inscriptionslatines avec les noms d’Antonin le Pieux et de sa mèreJulia Augusta. Il était flanqué à droite et à gauche dedeux pavillons carrés (B), ornés extérieurement de pilastrescorinthiens, et renfermant à l’intérieur chacunune grande chambre, richement ornée de frises et deniches sculptées. Des propylées on entrait par une tripleporte dans une première cour hexagonale (C) de soixantemètres de diamètre, encadrée par des constructions symétriquesou chambres analogues à celles de la cour rectangulaire.On distingue des traces de niches alternativementcintrées et à fronton, dont les colonnes briséesjonchent la terre de leurs débris. Sur la face occidentale, une porte monumentale, accompagnée de deux autresplus petites, ouvrait sur une seconde cour beaucoup plusvaste, affectant la forme d’un parallélogramme (D), etmesurant cent trente-quatre mètres de long sur centtreize de large. Celle - ci est entourée au sud et au nord

un simple mais majestueux péristyle, long de quatrevingt-neufmètres sur quarante-huit de large. Il n’en resteplus que des substructions, et descinquante-quatre colonnesdont il se composait (en défalquant les colonnesd’angle: dix de front et dix-neuf de côté), six sont seulesdebout actuellement; mais elles sont incomparables etprovoquent l’admiration par leurs dimensions colossales, la perfection de leur poli, la beauté de leur chapiteau corinthienet la magnificence de leur entablement ( fig. 396).Mesurant m 34 de haut, 7 m 04 de circonférence et 23 m 06de hauteur totale, entablement compris, se dressant dansles airs sur une plate-forme, elle-même très élevée, ces colonnesse voient de fort loin, et sous les rayons du soleil, à son lever ou à son déclin, aussi bien qu’aux clartés de lalune, elles produisent un effet des plus saisissants. Aquelque distance, au sud, se trouve le petit temple (G), ainsi appelé par comparaison, car il est plus vaste quele Parthénon d’Athènes; malgré les ravages qu’il a subis, c’est un des monuments les mieux conservés de la Syrie

( fi g. 398). «Entouré d’un beau péristyle, il mesure67 m 70 de long sur 35 m 66 de large. Les colonnes dupéristyle étaient au nombre de quarante-deux; dix-neufsont encore debout, couronnées de leurs chapiteaux corinthiens... Entre le temple et la colonnade régnait un admirableplafond à caissons, dont il subsiste des portionsconsidérables, présentant aux regards des losanges et deshexagones dans lesquels se détachent en relief des têtesd’empereurs ou de divinités, qu’environnent de charmantesguirlandes de fleurs et de fruits.» V. Guérin, La TerreSainte, t. i, p. 462. Le pronaos, du côté de l’est, contenaitde plus, sur un second et un troisième rang, plusieurscolonnes cannelées. L’intérieur de la cella répondait par

Tour du monde, t. xliv, p. 392. C’est par un procédé dece genre que lès Égyptiens et les Assyriens transportaientdes blocs énormes. — Les mêmes collines d’où ont ététirés la plupart des matériaux qui ont servi à bâtir l’antiqueHéliopolis ont été percées également de nombreusesgrottes sépulcrales: souvent même les excavationspratiquées par les carriers ont été transformées enchambres funéraires.

IV. Histoire. — La ville célèbre, dont nous venons deparcourir les ruines si remarquables, a une origine incertaine, et son histoire est pendant de longs siècles enveloppéede la plus grande obscurité. La Bible et les monumentsantérieurs au christianisme ne nous fournissent

[[File: [Image à insérer]|300px]]
399. — Monolithe des carrières de Bàalbek.

la richesse de son ornementation à celle du dehors. Enface du pronaos, on voit un bâtiment carré (K) qui paraîtavoir été une église chrétienne.

En dehors de l’enceinte, au milieu des jardins, s’élèvele gracieux petit édifice connu sous le nom de templecirculaire. À l’ouest et au sud - ouest de Baalbek, d’immensescarrières ont été creusées dans les flancs rocheuxde plusieurs collines, et c’est de là que les anciens habitantsont tiré les monolithes monstres qui ont servi àélever certaines parties de la muraille de l’acropole. Unde ces blocs, le plus gros, est encore en place, tout prêtà être transporté. Les Arabes le désignent sous le nom deHadjar el-qibléh, «la pierre du midi.» Il mesure 21 m 35de longueur sur 4 m 33 de haut et 4 mètres de large(fig. 399). M. de Saulcy a calculé qu’il pouvait peser quinzecent mille kilogrammes, et qu’il faudrait pour le mettreen mouvement l’effort simultané de près de quarante millehommes. Voyage autour de la mer Morte, 2 in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 637. Mais il n’est pas nécessaire d’admettreen fait une telle multitude. «Il est probable, dit M. Lortet, que [les anciens] employaient des instruments fort simples: une route planchéiée de madriers, des rouleaux de boisdur, et, comme instruments de traction, de simples cordesmues par des treuils.» La Syrie d’aujourd’hui, dans le

aucun renseignement. Strabon, xvi, p. 753, la cite commeétant avec Chalcis sous la domination de Ptolémée, fils deMennaîus. Pline, H. N., v, 18, la mentionne incidemmentcomme située près des sources de l’Oronte, entre le Libanet l’AntiLiban. Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 2, nous ditque, à l’époque de la conquête romaine, Pompée, en marchantsur Damas, traversa Héliopolis, déjà soumise, ainsique Chalcis, sa voisine. Jules César l’ayant transforméeen colonie, elle portait sous le règne d’Auguste, commele témoignent les médailles, les titres de Colonia JuliaAugusta Félix Héliopolis. Plus tard, Antonin le Pieuxy éleva un grand temple en l’honneurde Jupiter. On trouve, sur des médailles frappées à l’effigie de Septime Sévère(fig. 400), l’image d’un temple avec un portique de dix colonnes, et celle d’un second temple avec un péristylesoutenu par de nombreuses colonnes: tous deux semblentcorrespondre à ceux de l’acropole dont nous venons deparler. Cf. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1874, p. 6-19; pi.. Macrobe, dans sesSaturnales, i, 23 (collection Nisard, 1845, p. 216-217), donne de très curieux détails sur le culte et le simulacredu dieu Soleil, adoré à Héliopolis sous le nom de Jupiter, sur l’origine égyptienne de sa statue et les fêtes qu’oncélébrait en son honneur. Vénus y recevait aussi d’im

pures adorations sous le titre de’HSovrj, «la volupté.» Constantin y mit un terme en introduisant le christianismedans la cité du Soleil et du plaisir, et en y construisantune grande basilique. Cf. Eusèbe, De vita Conslantini, m, 58, t. xx, col. 1124. Enfin, dans la premièrepartie du vn= siècle, Héliopolis, avec toute la Syrie, tombaau pouvoir des Arabes, et c’est alors qu’elle perdit sonnom grec pour reprendre celui de Baalbèk.

Si les monuments littéraires gardent un tel silence surl’origine de Baalbek, ses magnifiques monuments de pierrene nous ré vêlent-ils donc rien sur son existence dès la

[[File: [Image à insérer]|300px]]
400. — Monnaie de Baalbek.

DrVO SEVERO. Buste de Septime Sévère. — fy COL. HEL.Temple vu d’en haut. I. 0. M. H.

plus haute antiquité? Voici la réponse de quelques savants. «L’espérance de trouver à Baalbek dès monuments syriensantérieurs à l’époque romaine est assez faible, dit M. Renan.Baalbek eut un temple antérieur à l’époque romaine, nuln’en peut douter, puisque l’auteur du traité De dea Syriadonne à l’Septiv égyptien qu’on révérait l’épithète âpxaïov.Or, quand ce traité fut écrit, les temples actuels étaientà peine bâtis. Néanmoins Baalbek n’eut une importancedu premier ordre que depuis qu’elle fut devenue colonieromaine.» Mission de Phénicie, p. 319-320. Après lui, M. Perrot regarde comme très douteuse la conjectured’après laquelle les substructions énormes qualifiées demurailles cyclopéennes dateraient d’une époque bien plusancienne que les temples qu’elles supportent. Et la raisonqu’il donne, «c’est le fait que ces blocs prodigieux sontétablis sur des assises d’un appareil beaucoup plus petitet très régulier, appareil que l’on hésiterait fort à faireremonter au delà de l’époque des Séleucides, s’il se présentaitseul. C’est ainsi que, dans la partie incontestablementromaine des constructions, il y a des matériauxde très grande dimension, comme, par exemple, les jambagesmonolithes de la porte du temple rond, qui est unédifice de décadence s’il en fut.» Histoire de l’art dansl’antiquité, Paris, 1885, t. iii, Phénicie, p. 105-106, note 2.

D’autres regardent certaines parties de l’acropole commetrès anciennes. «Les substructions en gros blocs de lamuraille cyclopéenne, dit M. E. G. Rey, ont évidemmentappartenu à une enceinte sacrée ou t! |a£voc, remontantà une haute antiquité. L’enceinte sacrée de Jupiter Baétocétienà Hosn Souléiman nous offre le plus beau spécimend’édifice de ce genre conservé en Syrie, et nous permetde restituer par la pensée les parties disparues de l’édificeprimitif de Ba’albek. La coutume d’entourer de lasorte les lieux de dévotion ou de pèlerinage paraît originairede l’Asie, d’où elle fut importée en Grèce; car Pausaniasmentionne fréquemment sous ce nom les enceintessacrées. Dion Cassius, parlant de la prise de Jérusalempar Caïus Sbssius, désigne le Haram et le temple par lemot de Téjievo; . Même observation pour le Haram d’Hébron.» Rapport sur une mission scientifique accomplieen 1864-1868, dans le nord de la Syrie, in-8°, Paris (1867), p. 8. «Les pierres elles-mêmes, ajoute M. Guérin, sontlà qui attestent l’existence de monuments ayant précédépar de longs siècles l’âge des Antonins. La vaste plateforme, par exemple, destinée à soutenir le grand temple..,

semble proclamer, par les dimensions colossales des matériauxemployés pour la construire, surtout à la face ouestet à la face nord, que c’est là un travail remontant à laplus haute antiquité.» La Terre Sainte, t. i, p. 458.Quoi qu’il en soit, nous conclurons en disant avecM. Lortet que «son importance commerciale a dû toujoursêtre très grande. Ainsi que Palmyre, bâtie en pleindésert, c’était une ville d’entrepôts, un vaste caravansérailpour les commerçants, un lieu de transit pour les marchandisesde l’Asie orientale et de la Syrie». La Syried’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 387.Outre les ouvrages cités dans cet article, voir Wood etDawkins, Ruins of Baalbek, in-f>, Londres, 1757; J. L. Burçkhardt, Travels in Syria and the Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 10-16; Volney, Voyage en Egypteet en Syrie, 2 in-8°, Paris, 1825, t. ii, p. 111-123; A. Chauvet et E. lsambert, Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 610-621; Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1882,

p. 518-526.

A. Legendre.

    1. BAALBÉRIT##

BAALBÉRIT (hébreu: Ba’al Berît; Septante: BocaX6epiG), nom d’un Baal particulier, adoré par les Israéliteset spécialement par les habitants de Sichem du tempsd’Abimélech, fils de Gédéon. Jud., viii, 33; IX, 4. II estappelé, Jud., ix, 46: ’El Berît, «le dieu de l’alliance» (Vulgate: Dei sui Berith). Ba’al Berît signifie «le seigneurde l’alliance». On l’a comparé avec le Zsù; Spxioç desGrecs et le Deus fidius des Latins, honorés l’un et l’autrecomme le dieu protecteur des serments, présidant auxtraités et aux alliances; mais le Baalbérit sichémite sembleêtre plutôt le Baal qui avait fait lui-même alliance avec sesadorateurs. Cf. Jud., ix, 46 (Vulgate). — Bochart, Canaan, xvil, p. 859, suivi par Creuzer, Symbolik, ii, 87 (cf. Etiennede Byzance, au mot BépuTo; ), suppose que Ba’al Berîtdésigne le Baal adoré à Béryte (aujourd’hui Beyrouth), comme Ba’al sôr, Ba’al Tars, désignent le Baal adoréà Tyr et à Tarse; mais on ne voit pas pourquoi on auraitadoré Baal à Sichem sous le nom de Baal de Béryte. — Onne peut reconnaître non plus dans Berît la déesse Bérouth(BripoùO) dont parle Philon de Byblos, Historié.Grœc. Fragm, ii, 12, édit. Dïdot, t. iii, p. 136, car sonassociation avec Baal serait inexplicable dans le texte des.Juges.

Nous ignorons quel caractère spécial distinguait Baalbéritdu dieu Baal, dans la manière dont on les représentaitl’un et l’autre; nous ne savons pas davantagequelle était la forme propre du culte qui lui était rendu.L’Écriture raconte seulement qu’après la mort de Gédéonles Israélites adorèrent les Baalim et «se firent pour dieuBa’al Berît», ce que la Vulgate traduit, en paraphrasant: «Ils firent alliance (fœdus, traduction de berîi)avec Baal, afin qu’il fût leur dieu.» Jud., viii, 33. Auchap. ix, 4, l’auteur sacré nous apprend que Baalbéritavait un temple (bêt; Vulgate: fanum) à Sichem, LesSichémites, après s’être révoltés contre la tyrannie d’Abimélech, y cherchèrent un refuge. Jud., îx, 46. La Vulgate, au texte original, qui porte simplement: <s Ils entrèrentdans le temple du dieu Bérith,» ajoute ici l’explicationsuivante: «où ils avaient fait alliance avec mi, et c’est de cette alliance qu’il avait reçu son nom.»

F. Vigouroux.

    1. BAALGAD##

BAALGAD (hébreu: Ba’al Gâd, c’est-à-dire lieu où: Baal est adoré comme Gâd ou dieu de la fortune, cf. Is., lxv, 11; Septante: Ba51ayâ8, et, Jos., xiii, 5, Va-(iX), ville chananéenne. Ce nom ne se lit que trois fois dan» l’Écriture, dans le livre de Josué, xi, 17; xii, 7; xiii, 5.C’est le point le plus septentrional qu’atteignirent lesIsraélites à l’époque de la conquête. Le fruit de la victoireremportée près des eaux de Mérom contre les rois chananéensdu nord fut la soumission de tout le pays jusqu’àBaalgad. Le livre de Josué, xi, 17, décrit la position de cetteville en disant qu’elle est située «dans la plaine (biq’âh)du Liban, sous le mont Hermon». Cf. Jos., xii, 7, et

xiii, 5. Mais que faut-il entendre par cette «plaine duLiban», et sous quelle partie de l’Hermon était Baalgad?Les avis sont très partagés.

1° Les uns entendent par la plaine du Liban la valléequi s’étend entre le Liban et l’Antiliban, connue sous lenom de Cœlésyrie ou Syrie creuse,-xoiX-J) Eupii, et appeléeencore aujourd’hui par les indigènes clxJt ijbjl,

ard el-Beqa’a; ils supposent, en conséquence, que Baalgadest la fameuse ville de Baalbek. Iken, Dissert, de Baal-Hermonet Baalgad, dans ses Dissertationes philol. theoX., n» 15, la Haye, 1749, p. 237; J. D. Michælis, Suppl. adLex.hebr., p. 196; Rnsenmûller, Biblische Alterthumskunde, t. ii, p. 280; J. Kitto, Cyclopœdki of Biblical Literature, 1862, t. i, p. 272; Thornson, The Land and the Book, 1890, p. 233. Cette opinion est inadmissible, parce queBaalbek n’est pas «sous le mont Hermon», comme le ditexpressément le texte sacré, Jos., xi, 17; xiii, 5; de plus, c’ette ville est à une trop grande distance de la Palestine, et rien n’autorise à penser que Josué ait poussé si loin saconquête, puisque pour arriver jusqu’à Baalbek il auraitdû s’emparer d’une grande partie du Liban. Voir Baalbek, col. 1326.

2° Certains exégètes, tels que Kneucker ( Schenkel’sBibel-Lexicon, t. i, 1869, p. 331), pensent qu’il faut chercherBaalgad à Hasbéyia, sur le flanc occidental de l’Hermon, dans Pouadi et-Teim, où se trouve la source laplus septentrionale du Jourdain. Voir Hasbéyia. Mais onne s’explique, guère pourquoi Josué aurait porté si loinses armes et, d’après Josué, xiii, 5, Baalgad semble avoirété situé au sud de l’Hermon et non à l’ouest.

3° L’opinion la plus vraisemblable place Baalgad à l’endroitqui porte aujourd’hui le nom de Banias, et qui estconnu dans le Nouveau Testament sous le nom de Césaréede Philippe. C’est le site qui paraît le mieux répondreaux données du texte sacré. Josué devait poursuivre sesennemis jusqu’en ce lieu, au pied de l’Hermon, qui sedresse immédiatement au-dessus de la ville et forme lalimite naturelle de la Palestine au nord. Il y a là, au-dessusd’une des trois principales sources du Jourdain, une grotte qui, au commencement de notre ère, était dédiéeau dieu Pan, et s’appelait Panium. Josèphe, Ant.jud., XV, x, 3; Bell.jud., i, .xxi, 3. Le culte de Pan avaitpu remplacer en ce iieu celui de Baal-Gad. La plaine quis’étend au sud et au sud-ouest de Banias, «sous l’Hermon,» peut être appelée «la plaine du Liban». Jos., XI, 17; XII, 7. Cf. E. Bobinson, Biblical Researches inPalestine, nouv. édit., t. iii, p. 519. Voir Césarée dePhilippe.

4° Plusieurs géographes croient que Baalgad s’appelaitaussi Baal Hermon. I Par., v, 23. Voir Baal Hermon.

F. Vigouroux.

    1. BAAL HAMON##

BAAL HAMON (hébreu: Ba’al Hâmôn; Septante: BesXajjuôv; Vulgate: ea quse habet populos), endroit oùSalomon possédait une vigne. Cant., - viii, 11. Ce nom, quiveut dire «heu de la multitude» (Gesenius, Thésauruslinguse heb., p. 225), ou «Baal de la multitude», ne setrouve qu’en ce seul passage de l’Écriture, d’après le textehébreu. Les versions ont presque toutes pris ses deux élémentspour des noms communs; Aquila traduit be-Ba’alHâmôn par èv’éxomti n’kffioc, «dans celui qui a une multitude;» la Peschito: «et ses fruits sont abondants;» laVulgate: «dans celle qui renferme un peuple nombreux.» Certaines éditions grecques portent: è-u xù> 8e<tj «Stï| toOô’xXou, «dans le maître de la foule;» le Codex Alexandrinusdonne un nom propre, èv BeeXafjuiv, et est suivipar la version arabe: Ba’al -’Amoûn. Il ne s’agit pasici, comme l’ont cru quelques auteurs, . du dieu égyptienAmmort, dont le nom hébreu est Pdn, ’Amon. Nah., ni, 8.’D est tout naturel, d’après le contexte, de voir dansBaal Hamon un endroit de la Palestine; mais la difficultéest de savoir où le placer. Tirin, Commentarius in

S. Scripturam, 1 in-fol., Lyon, 1723, t. i, p. 319, l’assimilesans raison à Engaddi, ville située près de la merMorte et célèbre par ses vignes. Cant., i, 13. «On pourraitpeut-être dire aussi, ajoute Calmet, que c’était Baal-Méon, au delà du Jourdain, dans un pays de vignobles, entre Jazer et Abel et autres lieux célèbres dans les Prophètespar leurs bons vins.» Commentaire littéral surle Cantique des cantiques, Paris, 1713, p. 275. Me’on, I’itd, ’Num., xxxii, 38, est un mot tout différent de Hâmôn,

rion. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3e édit.,

Gœttingue, 1866, t. iii, note 4, p. 351, regarde comme vraisemblablel’identification de Baal Hamon avec Hamonde la tribu d’Aser, Jos., xix, 28; il y aurait dans Josuéune abréviation pareille à celle de Baalsalisa, IV Reg., iv, 42, en Salisa, I Beg., IX, 4. Il y a cependant une légèredifférence entre Hâmôn, par un hé, et H amm ôn, fian,

par un heth. D’autres ont vu dans Baal Hamon la villede Baalbek ou Héliopolis, dans la plaine de Cœlésyrie.J. Wilson, The Lands of the Bible, 2 in-8°, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Rosenmûller, après avoir, dans sa BiblischeGéographie, partagé cet avis, avec Iken et Michælis, serange à l’opinion suivante, la plus commune et la plussimple, dans ses Scholia, Leipzig, 1830, p. rx, t. ii, p. 425.On ne comprend guère, en effet, selon la remarque deRobinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 519, comment Salomon aurait choisiBaalbek comme endroit favorable pour ses vignes, surtoutpour des vignes dune telle étendue et d’une telle valeur(chacun des gardiens qui les louait devant lui payermille pièces d’argent. Cant., viii, 11).

On rapproche généralement Baal-Hamon du lieu mentionnédans le texte grec de Judith, viii, 3, BaXan<iv, quisemble bien une contraction de Ba’al Hâmôn. Il est ditdans ce passage du livre sacré que le mari de Judith futenseveli avec ses pères èv tùàfplb ta àva[A£<rov Aa>6ai’[ixat BaXafioJv, «dans le champ qui se trouve entre Dothaïmet Balamon.» Or Dothaïm ou Dothan ( hébreu: Dôfânou Dôfain, Gen., xxxvii, 17) se retrouve aujourd’huiavec le même nom à Tell Doutân, au sud et non loin dela plaine d’Esdrelon. Cf. V. Guérin, Description de laPalestine, Samarie, t. ii, p. 219-222. On pourrait doncreconnaître Balamon dans Khirbet Bel’améh, ruines couvrantun petit plateau au nord-est de Tell Doutân, au sudde Djénin, et où plusieurs auteurs placent aussi Belma, Judith, vii, 3, et Jéblaam, Jos., xvii, 11. Voir Belma,

JÉBLAAM. A. LEGENDRE.

    1. BAALHASOR##

BAALHASOR (hébreu: Ba’al Hâsôr, «maître» ou «lieu du douar»; «village de Baal,» suivant plusieursauteurs; Septante: BeXamJp), localité de la Palestine, oùAbsalom possédait un domaine avec de nombreux troupeaux, et où, dans un grand festin donné à l’occasion dela tonte de ses moutons, il fit tuer son frère Amnon, pour venger l’outrage fait à sa sœur Thamar. II Reg., xiii, 23. Cet endroit, d’après le texte sacré, se trouvait «près d’Éphraïm». L’expression hébraïque Hm-’Éfrâimcorrespond bien à celle qu’on lit Gen., xxxv, 4, ’im Sekém, «près de Sichem;» Vulgate: post urbem Sichem, etindique la proximité d’Éphraïm. Mais ce nom ne désignepas l’une des douze tribus d’Israël; on y reconnaît plutôtgénéralement une ville nommée Éphron (hébreu: i"nsy, ’Éfrôn, au kefib; T>n3y, ’Éfraîn, au qeri), dans II Par.,

xiii, 19; Ephrem, dans l’Évangile de saint Jean, xi, 54; ’Eçpatfi, dans VOnomasticon, Gœttingue, 1870, p. 257, et identifiée avec Tayyebéh, au nord-est de Béthel, parRobinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 447, et V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 47. Or, au nord-nord-ouestde Tayyebéh se trouve Tell Asour, en arabe jja2* Jj, Tell’Asour f avec aïn et sâd, suivant Robinson, édit. de

1841, t. iii, append., p. 232; ..-A Jci, tell’Azour, avec

aleph et zâ, suivant M. Guérin, Samarie, t. i, p. 209, dontle nom, surtout écrit de la première manière, correspondbien à la seconde partie de Baalhasof, hébreu: Tisn,

  1. 4jwr. C’est une colline élevée, du sommet de laquelle

on embrasse un magnifique horizon depuis la vallée duJourdain à l’est jusqu’à la Méditerranée à l’ouest. Lesvestiges des maisons qui la couvraient autrefois ont complètementdisparu sous les vignes rampantes qui y croissentactuellement. — Plusieurs auteurs seraient disposés àplacer également à Tell Asour la ville d’Asor, habitée parles Benjamites après leur retour de la captivité. II Esdr., xi, 33. Nous avons déjà dit que ce site nous paraît moinsconforme aux données du texte sacré que Khirbet Hazzûr.

Voir Asor 6.

A. Legendre.

    1. BAAL HERMON##

BAAL HERMON, BAALHERMON (hébreu: Ba’alBJermôn; Septante:-ro ô’pot; toû’Aepjioiv, Jud., iii, 3; BaâX, ’Epjxwv, 1 Par., v, 23). Ce nom se lit deux fois dansl’Écriture, Jud., iii, 3, et I Par., v, 23. Dans ce dernierpassage, les Septante et la Vulgate divisent Baal et Hermonet en font, mais sans raison, deux noms propresdistincts. — 1° Dans les Juges, il est dit expressément queBaal Hermon est une montagne. Elle tirait probablementson nom de quelque sanctuaire de Baal et faisait partiede la chaîne de l’Hermon. Il est impossible de l’identifieravec certitude. Si Baal Hermon est synonyme de BaalGad, comme le croient beaucoup d’interprètes, dont l’opinions’accorde bien avec Josué, xi, 17; xii, ’7; xiii, 5, cettemontagne serait la pointe méridionale de la chaîne del’Hermon, ce qui convient parfaitement au contexte, quiindique la frontière septentrionale de la Palestine. —2 U Dans les Paralipomènes, Baal Hermon n’est pas qualifiéde montagne, et un certain nombre de commentateurspensent que ce nom désigne une ville qui, d’aprèsla plupart, est la même que Baal Gad, Jos, , xi, 17; xii, 7; xm, 5, c’est-à-dire probablement Banias ou Césarée dePhilippe. Rien ne prouve cependant que le Baal Hermondes Paralipomènes ne soit pas une montagne comme celuides Juges. Mais du reste il importe peu de trancher cettequestion, car si Baal Hermon était une ville, elle étaitcertainement située au pied de la montagne de ce nom, et l’indication géographique de la frontière occidentalede la demi-tribu de Manassé, qui nous est donnée parl’historien sacré, reste la même dans tous les cas. VoirBaalgad. F. Vigouroux.

    1. BAALI##

BAALI, mot hébreu, avec le pronom possessif de lapremière personne, ba’âlî, conservé dans la Vulgate, etsignifiant «mon seigneur, mon maître», Ose., ii, 16(hébreu, II, 18). Dieu dit dans ce prophète: «En ce jourlà, [Israël], tu m’appelleras’îsî (mon mari; Vulgate: vir meus), et tu ne m’appelleras plus ba’âlî.», ’jifî est sansdoute une expression plus tendre que ba’âlî, quoiqueba’al s’emploie aussi, dans l’Écriture, pour désigner lemari. Exod., xxi, 3, 22; II Sam. (II Beg.), xi, 26; Prov., xii, 4; xxxi, 11, 23, 28; Esth., i, 17, 20; Joël, i, 8. Deplus, ’îsî a l’avantage de ne rappeler aucun souvenir idolâtrique, tandis que ba’âlî peut faire penser au dieu Baal. «J’ôterai de sa bouche les noms des Baalim,» continuele Seigneur. Ose., ii, 17. Cf. ii, 8, 13.

    1. BAALI À##

BAALI À (hébreu: Ba’alyâh, «Jéhovah est maître;» Septante: BaaXiâ), un des guerriers de Benjamin, habilesà tirer de l’arc, qui vinrent rejoindre David à Sicéleg.I Par., xii, 5.

    1. BAALIADA##

BAALIADA ( hébreu: Be’élyâdâ’, s le Seigneurconnaît;» Septante: ’EXcaôé; Codex Alexandrinus: BaXXiaSi), fils de David, un des treize enfants qui luinaquirent à Jérusalem, IPar., xiv, 7. Dans II Reg., v, 16, il est appelé Élioda (hébreu: ’Élyâdd’); dans I Par.,

m, 8, Éliada; la version syriaque et les Septante (CodexVaticanus) et même un manuscrit hébraïque ont égalementÉliada dans I Par., , xiv, 7; cette substitution deBa’al à’El dans le nom hébreu de ce dernier passage estdonc due probablement à une faute de copiste.

E. Levesque.

    1. BAALIM##

BAALIM, forme plurielle de Ba’al, conservée dansplusieurs passages de la Vulgate. Jud., ii, 11; iii, 7, etc.Dans le texte original, ce mot est précédé de l’article hâ, de même que le singulier Ba’al, toutes les fois qu’il estpris comme nom propre désignant la divinité chananéenne.Les Baalim, d’après quelques-uns (Ort, Dienstdes Baal in Israël, Leyde, 1864), sont les diverses formesdu dieu Baal; d’après le plus grand nombre, ce sont sesreprésentations ou ses emblèmes, les /yammânîm et lesmassebôt. Ce sens est incontestablement celui de plusieurspassages, I Reg., vii, 4; II Par., xxviii, 2, et il n’y a pasde raison d’entendre ce mot autrement ailleurs.

    1. BAALIS##

BAALIS ( hébreu: Ba’âlîs, «fils de la joie;» a, abréviationde p, Bén-’âlîs; Septante: BeXe «r<ra), roi des

Ammonites, à l’époque de la destruction de Jérusalempar Nabuchodonosor. Il envoya Ismaël, fils de Nathanias, pour tuer Godolias, mis par le vainqueur à la tête desJuifs laissés à Jérusalem. Jer., XL, 13-14. Une vingtainede manuscrits hébraïques, un du Targum et Josèphe, Ant. jud., X, ix, 3, lisent ba’âlîm; le ii, mem final, seconfond facilement avec le samech, d. E. Levesque.

BAALMAON. La ville ainsi appelée par la Vulgate, Jos., xiii, 17, est appelée ailleurs Baalméon et Béelméon.Voir Baalméon.

    1. BAALMÉON##

BAALMÉON (hébreu: Ba’alMe’ôn,; Septante: BeeXjiEiov), ville à l’est du Jourdain. Elle est appelée dansla Vulgate Baalmaon, Jos., xiii, 17, et Béelméon, I Par., v, 8; Ezech., xxv, 8. Le texte hébreu la nomme Bêt Baal-Me’ôn, 30s., xiii, 17, et Bêt-Me’ôn (Vulgate: Bethmaon), Jer., xlviii, 23. Cette ville était dans la plaine de Madabaet faisait partie du royaume amorrhéen de Séhon, roid’Hésébon. Conquise par Moïse et les Israélites, elle fut, ce semble, détruite d’abord, puis relevée par les Rubénites, à qui elle avait été donnée en possession. Cf. Num., xxxii, 38; Jos., xiii, 17; I Par., v, 8. Dans la suite, lesMoabites s’en emparèrent, et elle devint l’une de leursplaces importantes. Jer., xlviii, 23; Ezech., xxv, 9. Cesdeux prophètes lui annoncèrent qu’en punition de la joieà laquelle elle s’était livrée avec les principales villes deMoab, à l’occasion de la ruine de Juda, elle serait détruiteavec elles.

Au IVe siècle de l’ère chrétienne, Baalméon était redevenueune grande bourgade. «Béelméon, au delà duJourdain, dit Eusèbe, que rebâtirent les fils de Ruben, est un très grand village, près de la montagne des eauxthermales, en Arabie; elle est nommée Béelmaous, et estau neuvième milliaire (13 kilomètres et demi) de Jébus(Esbus, Hésëbon). C’est la patrie d’Elisée.» Faire de Baalméonla patrie d’Elisée est une erreur, et Béelmaous estsans doute une prononciation ou une transcription à l’usagedes Grecs et des Latins, comme Esbus pour Esbon. SaintJérôme traduit ce texte en le modifiant un peu: «Béelméon, dit-il, … près de Baaru, en Arabie, d’où des eauxchaudes sortent naturellement de terre; elle est nomméeBéelmaous et est à neuf milles de Besbus» ( a Besbus, sansdoute pour ab Esbus. Voir Hésébon). Liber de situ etnom. loc. hebr., t. xxiii, col. 880.

On reconnaît généralement le Baalméon de l’Écritureet des Pères dans le Ma’in d’aujourd’hui. Cf. Kiepert, Neue Handkarte, 1875; de Saulcy, Voyage autour dela mer Morte, t. i, p. 288; Bædeker, Palestine etSyrie, p. 322; Joh. Fahrngmber, Nach Jérusalem, t. ii, p. 132; Riess, Bibel-Allas et Biblische Geogr.; an de Velde, Map of the Holy Land, 1865, etc. Le dernier cependant place Ma’in beaucoup trop près de Hesbân.

Ma‘in est évidemment le nom biblique de Ma‘on, partie essentielle de Baal-Ma’on. Ma‘in est à trois lieues sud-sud-ouest de Hesbân, l’antique Hésébon, à deux lieues sud du Djébel-Néba, sur une large colline, vers l’extrémité sud-ouest de la plaine de Madaba, et domine la profonde vallée appelée de son nom Zerka Ma’in, que l’on voit s’enfoncer à quelque distance. C’est près des bords du Zerka, à quatre heures de Ma’in, que sortent les sources chaudes nommées aujourd’hui Hammâm-ez-Zerka, «les bains du Zerka,» connues jadis des Grecs sous le nom de Callirhoë, et chez les Juifs, selon Josèphe, Bell. jud., VII, vi, 3, sous celui de Baaras, le Baaru de saint Jérôme. Ma’in n’est aujourd’hui qu’un vaste champ de ruines d’environ deux kilomètres de pourtour. Le sol est perforé de nombreuses et grandes citernes, la plupart taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens. On remarque au sud une vaste piscine à l’apparence également antique. Au milieu des habitations ruinées, cinq ou six chambres à voûtes demeurent debout. Deux ou trois ont le linteau de pierre de leur porte orné d’une rosace dont l’étoile se rapproche de la figure d’une croix. Autour d’une grande construction située au nord-est, dont il reste quelques chambres, et dont les pierres des angles sont taillées en bossage, gisent, au milieu des autres débris, quelques tronçons de colonnes et des chapiteaux. Ma’in sert quelquefois, pendant la nuit et aux jours de pluie, de refuge aux troupeaux des tribus errantes de la contrée et à leurs bergers. Ce sont ses seuls habitants.

L. Heidet.

BAAL PHARASIM, BAALPHARASIM (hébreu: Ba’al-Perâṣîm; Septante:Ἐπάνω διακοπῶν, II Reg., v, 20; Βαὰλ Φαρασίν, Διακοπὴ Φαρασίν, I Par., xiv, 11), localité où David, peu de temps après son sacre comme roi d’Israël, remporta une victoire sur les Philistins, II Reg., v, 20; I Par., xiv, 11. Le nom lui-même, qui doit son origine à ce fait historique, a son explication dans ces paroles du saint roi, après son triomphe: «Jéhovah a brisé (pâraṣ) mes ennemis devant moi, comme un torrent (péréṣ) d’eaux [qui brise tous les obstacles sur son passage]. C’est pourquoi ce lieu fut appelé Baal Pharasim.» Les Septante, en traduisant Ἐπάνω διακοπῶν, «au-dessus des coupures,» ont dû lire ma‘al, מַעַל, au lieu de ba‘al, בַּעַל. C’est probablement cette même localité que mentionne et à cette même victoire que fait allusion lsaïe, xxviii, 21, quand il montre Dieu se tenant debout sur le mont Perâṣim, «mont des divisions.» Cet endroit, qui jusqu’ici est resté inconnu, devait se trouver non loin de la vallée de Raphaïm, puisque c’est là que les Philistins étaient venus déployer leurs troupes, II Reg., v, 18; I Par., xiv, 9. Or la vallée de Raphaïm est aujourd’hui la plaine qui s’étend au sud de Jérusalem, sur la route de Bethléhem.

A. Legendre.


BAALSALISA (hébreu: Ba‘al Šâlišâh; Septante: Βαιθαρισά), localité mentionnée dans le IVe livre des Rois, iv, 42, où nous lisons que, pendant que le prophète Élisée se trouvait à Galgala, un homme de Baalsalisa vint le trouver et lui apporta «des pains des prémices, vingt pains d’orge et du froment nouveau, dans sa besace». Ces pains furent multipliés miraculeusem*nt par la bénédiction de l’homme de Dieu, de sorte que cent personnes en mangèrent, et il y en eut de reste. IV Reg., iv, 43-44.

La permutation des mots Baal et Beth, dans les noms composés des localités, est très facile (voir Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p.611); c’est pour cela que nous lisons dans les Septante, ainsi que dans l’Onomasticon, Bethsarisa au lieu de Baalsalisa. Le Targum de Jonathan traduit les mots hébreux ’éréṣ šâlišâh, I Sam. (I Reg.), ix, 4, et Ba‘al šâlišâh, II (IV) Reg. iv, 42, par éra Dėrôma, c’est-à-dire «terre du midi» ou «de Déroma». La Peschito, IV Reg., iv, 42, porte la leçon de ܓܢܒܪܐ Ganibôro, «ville des géants.» L’arabe de la Polyglotte de Walton s’éloigne ici de la Peschito, pour suivre le Targum de Jonathan; car elle traduit ارضر الداروم, «terre de Daroûm». Les Talmuds, sans se préoccuper du site précis de Baalsalisa, «rapportent que les fruits y mûrissent plus tôt que dans les autres parties de la Palestine. Dans un second passage, les Talmuds accordent la même précocité au territoire de Jéricho, ce qui fait supposer à tort à M.Schwarz, Das heilige Land, p.122, que Baal Schalischa doit se trouver dans le Ghor (Jéricho).» A. Neubauer, La Géographie du Talmud, Paris, 1868, p.97. Quelques-uns ont confondu Baalsalisa avec Ségor; car Salisa, disent-ils, d’après les traditions des Juifs rapportées par saint Jérôme, Heb. Quæst. in Gen., xiv, 3, 30, t. xxiii, col. 959 et 966, est identique avec Ségor, laquelle, étant située dans une vallée, Gen., xix, 22, 30, prit la dénomination de Baalsalisa, qui signifie «vallée de Salisa». En outre Ségor portait auparavant le nom de Bala, Gen., xiv, 2 et 8, en hébreu Bêla‘, parce qu’elle avait été secouée trois fois par un tremblement de terre et engloutie, d’après les traditions rabbiniques confirmées par saint Jérôme, loc. cit., et In Isa., xv, 5, t. xxiv, col. 169. Or Bêla‘, par métathèse, peut très facilement se changer en Ba‘al, lequel, ajouté au mot de Salisa, forme le nom composé de Baalsalisa. Cf. Calmet, In I Reg., ix, 4.

Plusieurs croient, au contraire, que Baalsalisa tire son nom de la région de Salisa, I Reg., ix, 4, dans laquelle elle était située. Voir Salisa. Cf. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatæ latinæ, t. ii, p.8; Neubauer, La géographie du Talmud, p.98; L. C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, trad. franc., Paris, 1870, t. ii, p.8. — Calmet, In I Reg., ix, 4, et IV Reg., iv, 42, pense que Baalsalisa, qui pour lui est une même localité avec Salisa, devait se trouver dans la tribu de Dan, au sud-est de Diospolis et au nord de Jérusalem. Quelques auteurs modernes la confondent avec Khirbet Kefr Thilth, à vingt milles environ au nord-est de Lydda. Conder, Bible Handbook, p.404; G. Armstrong, C. W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p.22.

Mais il est plus probable qu’il faut identifier Baalsalisa avec l’actuelle Khirbet Sirisia, سريسيا ou Asrisia, اسريسيا, dans le territoire d’Éphraïm. à quinze milles environ au nord-est de Lydda; on est ainsi d’accord avec Eusèbe et saint Jérôme, Lib. de situ et nom., t. xxiii, col. 884, qui nous attestent que cette localité était appelée de leur temps Bethsarisa, et se trouvait à environ quinze milles romains au nord de Diospolis, dans la région thamnitique, dont le chef-lieu était la ville de Thamna (Khirbet Tibnéh). Cette opinion, loin d’être contredite par le Targum de Jonathan et la version arabe de la Polyglotte de Walton, en reçoit une nouvelle confirmation; car Khirbet Sirisia se trouve réellement au midi de la Samarie et dans le territoire de Lydda, par conséquent dans la Daroma supérieure. Il est vrai que l’Onomasticon indique toujours la région de Daroma vers le midi d’Éleuthéropolis (Beit-Gibrin); mais il est vrai aussi que «les Talmuds distinguent deux provinces de Daroma: Daroma supérieure et inférieure, et confondent le mot Darom (ou Daroma) avec Lod». Neubauer, La géographie du Talmud, p.62 et 63.

«Kharbet Asrisia [est] situé sur une colline qu’environne une vallée; il consiste seulement en une trentaine de petites enceintes en gros blocs, les uns assez bien taillés, d’autres presque bruts, qui sont les restes d’habitations renversées. Quelques citernes creusées dans le roc sont à moitié cachées par les broussailles, qui ont envahi l’emplacement de cet ancien village.» V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p.144.

J. Marta.


BAALTHAMAR (hébreu: Ba‘al Tâmâr; Septante: Βαάλ Θαμὰρ), localité située non loin de Gabaa de Benjamin. C’est près de Baalthamar que, le troisième jour du combat, se réunit l’armée des onze tribus d’Israël marchant contre Gabaa, pour châtier le crime commis par les habitants de cette ville sur la femme d’un lévite. Jud., xx, 33 et 34.

Selon quelques exemplaires grecs, on pourrait croire que Baalthamar était à l’occident de Gabaa; ils portent, en effet: «Tous les hommes se levèrent de leur place et se groupèrent à Baalthamar; et l’embuscade d’Israël s’avançait depuis son endroit, de l’occident de Gabaa, ἀπὸ δυσμῶν Γαβαά.» Les autres ont Μαρααγαβέ, et ne traduisent pas Μαραα. La Vulgate semble séparer l’armée en deux corps, placés l’un à Baalthamar, et l’autre en embuscade à l’occident de Gabaa. Le texte hébreu porte:» Et toute l’armée d’Israël se leva de son endroit et se rangea à Baalthamar; et Israël en embuscade s’élança depuis son endroit, de la campagne de Gabaa (ma’arêh Gaba’)». Au lieu de ma’ărêh Gaba’, les traducteurs grecs et celui de la Vulgate ont lu ma'ărâbâh Gaba’, «l’occident de Gabaa.» Il est douteux que cette lecture soit fondée. Eusèbe et saint Jérôme ne déterminent pas la position de Baalthamar; ils se contentent de nous dire qu’à leur époque existait, dans le voisinage de Gabaa un petit village du nom de Bethamari ou Βησθαμάρ. Liber de situ et nom. loc, hebr., t. xxiii, col. 883.

On trouve aujourd’hui à l’est de Tell-et-Foûl, regardé généralement comme le site de Gabaa, une vallée nommée Ouadi Samri ou Zamri, «la vallée de Zamri.» Le thav hébreu, le tsa arabe et le θ grec, se prononçant souvent s et z, Samar ou Zamri peuvent être regardés comme identiques à Thamar et à Thamri. Cette vallée commence immédiatement sous le tell, et va rejoindre l’Ouadi Pharah. Sur le bord et au nord de cette vallée, à un kilomètre nord-est de Tell-et-Foûl, se trouve une première ruine appelée ’Adaséh, mais où tout est relativement récent. Trois cents mètres plus loin, encore au nord est, est un sommet élevé du nom de Ras-et-Thaouil. On y voit de nombreuses citernes taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens Hébreux, des grottes servant de retraite aux troupeaux, des pierres dispersées. C’est la seule ruine de village antique sur les bords de l’Ouadi Zamri. Il est assez probable que c’est le Baalthamar du livre des Juges, le Bethamari de saint Jérôme, et Bessamar d’Eusèbe.

L. Heidet.

BAANA. Hébreu: Ba’ănâh, «fils de l’affliction,» ב, b, abréviation de בן, bên; Septante: Βαανά. Nom de personnes.

1. BAANA, fils de Remmon, de la ville de Béroth dansla tribu de Benjamin. Il était chef de bande comme sonfrère Réchab. Tous les deux pénétrèrent dans la maisond’Isboseth, fils de Saül, pendant qu’il se reposait au milieudu jour, et était seul, sans défense. Ils le tuèrent et portèrentsa tête à David, qui résidait à Hébron, se donnantcomme ses vengeurs et les instruments de la Providence.David, témoignant son horreur pour ce crime, ordonnade mettre à mort les meurtriers, et, après leur avoir faitcouper les mains et les pieds, il les fit pendre près de lapiscine d’Hébron. II Reg., iv, 2, 5-9.

2. BAANA, père de Héled, de Nétophath, qui était un des vaillants de l’armée de David. II Reg., xxiii, 29; I Par., xi, 30.

3. BAANA (hébreu: Ba’ănâ, même signification queBa’ănâh, aleph final à la place de ), fils de Huzi, étaitun des douze intendants de Salomon. Son district comprenaitle territoire d’Aser et Baloth. III Reg., iv, 16.

4. BAANA, un des principaux d’entre les Juifs quirevinrent avec Zorobabel de la captivité de Babylone.I Esdr., ii, 2; II Esdr., vii, 7.

5. BAANA, un des chefs du peuple, et l’un des signatairesde l’alliance théocratique, à la suite de Néhémie.II Esdr., x, 27. Il est peut-être le même personnage quele précédent.

6. BAANA (hébreu: Ba’ănâ’), père de Sadoc, quibâtit une partie des murs de Jérusalem au retour de lacaptivité. II Esdr., iii, 4.

BAASA (hébreu: Ba’ešâ’, d’étymologie incertaine, signifiant, d’après Gesenius, Thésaurus linguæ hebrææ, p. 228, «malfaisant;» d’après Fürst, Hebraïsches Handwörlerbuch, p. 209, «hardi;» certains manuscrits lisent: Ba’eṡâ’, «actif;» Septante: Βαασά), troisième roi d’Israël et fondateur de la seconde dynastie. III Reg., xv, 33; II Par., xvi, 1; cf. Jer., xli, 9. Fils d’Ahias, de la tribu d’Issachar, et d’une famille si obscure, que Jéhu dit de lui qu’il sortit de la poussière, III Reg., xvi, 2; il servit d’abord dans l’armée de Nadab, fils et successeur de Jéroboam, et obtint, sans doute par sa vaillance, un grade élevé. Mais son ambition le conduisit au crime. Tandisque le roi d’Israël assiégeait les Philistins dans leur villeforte de Gebbéthon, Baasa excita contre lui une de cesrévoltes militaires qui, en Israël comme ailleurs, étaientalors fréquentes, et mettaient la couronne à la dispositiondes soldats. Cf. III Reg., xvi, 9, 16; IV Reg., ix, 14. Nadab fut tué, et Baasa, arrivé au trône, fit mettre à mort tous les parents mâles de Jéroboam, comme l’avaitprédit le prophète Ahias le Silonite. III Reg., xv, 29; cf. xiv, 10. Son règne ne fut qu’une guerre continuelle contreJuda, III Reg., xv, 16, 32; elle consista d’abord en simples escarmouches de frontière, puis elle s’étendit, et Baasa la poursuivit avec acharnement, jusqu’à ce qu’il se fût emparéde toute la partie septentrionale du royaume de Juda. Devenu maître de ce territoire, probablement dans la vingt-troisième année de son règne, il voulut s’y établir solidement, en faisant fortifier Rama, qui commandait la route de Jérusalem. III Reg., xv, 17. De là, car Rama n’est qu’à deux heures de la ville sainte, il aurait tenu perpétuellement en échec la capitale de Juda. Mais les travaux de fortification n’étaient pas encore achevés, lorsqu’il se vit obligé d’abandonner son entreprise; Asa, roi de Juda, qui n’avait osé prendre les armes et marcher contre son puissant rival, venait de lui susciter un adversaire plus redoutable, Bénadad, fils de Tabrémon, roi de Syrie. Celui-ci avait été autrefois l’allié de Baasa; mais Asa, à force de présents, réussit à le tourner contre Israël. III Reg., xv, 18-19; II Par., xvi, 2-3. Ses généraux envahirent le royaume de Baasa, et s’emparèrent de plusieurs villes fortes du nord, ainsi que de tout le pays de Nephthali. III Reg., xv, 20; II Par., xvi, 4. Baasa, obligé d’abandonner Rama, se retira à Thersa, sa capitale. III Reg., xv, 21; II Par., xvi, 5.

Au point de vue religieux, le règne de Baasa ne fut pasmeilleur que celui de ses prédécesseurs. Il se livra àl’idolâtrie, «fit le mal devant le Seigneur, et marcha dansla voie de Jéroboam.» III Reg., xv, 34; xvi, 2. À cause de cela, Dieu lui déclara par Jéhu, son prophète, que samaison serait exterminée, ce qui s’accomplit sous le règned’Éla, son fils, par les mains de Zambri, commandantd’une partie de l’armée royale. III Reg., xvi, 7-13. Il est à noter que, d’après la Vulgate, III Reg., xvi, 7, Baasa, pour se venger de cette menaçante prophétie, fit mettreà mort le prophète; mais les mots: hoc est Jehu filium Hanani prophetam, «c’est-à-dire: Jéhu, fils d’Hanani, le prophète,» ne se trouvent ni dans l’hébreu, ni dansles Septante, ni dans le chaldéen, où le verset se terminepar «il le tua». Or cette dernière expression s’applique, nonpas à Jéhu, mais à Jéroboam, dont Baasa avait fait mourirtous les descendants. Voir Jéhu 1. Baasa mourut et futenseveli à Thersa, superbe cité, Cant., vi, 3 (selon l’hébreu), dont il avait fait sa capitale. III Reg., xv, 21; XVI, 6. Il avait régné vingt-quatre ans, III Reg., xv, 33,

de la troisième à la vingt-sixième année du règne d’Asa, roi de Juda, III Reg., xv, 33; XVI, 8, de 950 à 927 avantJ.-C, ou, selon une autre chronologie, de 953 à 930.Le second livre des Paralipomènes, xvi, 1, porte queBaasa assiégea Rama la trente-sixième année d’Asa; cf.XV, 19; tandis qu’on lit, II Reg., xvi, 8, qu’Éla, fils deBaasa, succéda à son père la vingt-sixième année d’Asa: c’est probablement vingt-six qu’il faut lire aussi dansles Paralipomènes. La chronologie de cette époque est

d’ailleurs fort douteuse.

P. Renard.

    1. BAAZ Jean##

BAAZ Jean, évêque luthérien de Vexiô, en Suède, né en 1581, mort en 1649. C’est par la publication d’une

actuelle, on n’a encore rien retrouvé de cet écrit. Voir, surcet auteur et ses ouvrages, Assemani, Bibliolheca oriental», t. iii, I, p. 88-97. Trois hymnes de Babaï l’Archimandriteont été éditées dans le Bréviaire chaldéen publiéà Mossoul, en 1866, par les soins de Ms r Ébedjésu Chayat, p. 39, 42, 47. — Cet auteur est aussi désigné sous le nomde Babaï l’Ancien, pour le distinguer de Babaï de Nisibe.Ce dernier exerça également une grande influence aucommencement du vme siècle, vers 720. Il fonda différentesécoles importantes; mais il n’a rien laissé dans sesécrits, que nous sachions, qui se rapporte directementà la Bible. Cf. Assemani, Bibliotheca orienlalis, t. iii, 1,

p. 177 à 181.

R. Graffin.

mmÈSÊM

[[File: [Image à insérer]|300px]]
401. — État actuel des ruines de Birs-Nimrcrad.

histoire ecclésiastique de la Suède, en 1642, qu’il se fitsurtout connaître. Comme œuvres scripturaires il avaitdéjà composé: Tabula chronologica sacrorum Bibliorum, in-4°, Halmstad, 1618; un commentaire sur l’Apocalypseen suédois, in-8°, Kalmar, 1629. — Voir Chaudonet Delandine, Dictionnaire universel historique, 9e édit., Paris, 1810, t. ii; J. Le Long, Bibliotheca sacra, in-f", Paris, 1723, t. ii, p. 621. E. Levesque.

BABÂi l’Archimandrite, écrivain nestorien, abbé dugrand couvent du mont Izla; il exerça comme tel unegrande influence, de l’année 568 à l’année 627 environ.C’est lui notamment qui gouverna l’Église nestoriennedurant! a persécution qui suivit la mort du catholiqueGrégoire de Kaskhar, eri 607. — Suivant le catalogued’Ébedjésu, il ne composa pas moins de quatre-vingt-troisouvrages, parmi lesquels un Commentaire sur le texteentier des Saintes Écritures; malheureusem*nt, à l’heure

    1. BABEL##

BABEL (TOUR DE). — 1° Histoire. — La Genèse, xi, 1-9, rapporte qu’après le déluge les hommes parlaientune langue unique et vivaient groupés dans la terre deSennaar, en Babylonie, «et ils s’entre-dirent: Allons, faisons des briques et les cuisons au feu,» et ils se servirentde brique en guise de pierre, et de bitume enguise de ciment. Car ils s’étaient dit: «Allons, bâtissonsune ville, avec une tour dont le faîte aille jusqu’auxcieux: ainsi nous ferons - nous un nom, de crainte quenous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre.» Cette entreprise ayant déplu à Jéhovah, il «descenditpour considérer la ville et la tour que bâtissaient les filsde l’homme, et il se dit: Voici, c’est f encore] un peupleunique, avec une seule langue pour eux tous; allons, descendons, confondons leur langage, de sorte qu’ilsn’entendent plus la langue l’un de l’autre». Et Jéhovahles dispersa de là sur la face de toute la terre, et ilscessèrent de bâtir la ville. Aussi appela-t-on son nom

I. — 45 «confusion (Babel), car Jéhovah avait là confondu leangage de toute la terre». — Bérose, prêtre chaldéen del’époque des premiers Séleucides, avait laissé un récitanalogue dont il nous reste deux versions fort peu divergentes, l’une transmise par Abydène, l’autre par AlexandrePolyhistor, Historié, grsscor. Fragm., édit. Didot, t. ii, p. 502; t. iv. p. 282; Eusèbe, Chron., i, 18, t. xix, col. 123; Preep. Ev., ix, 14. t. xxi, col. 701. La comparaisonentre les fragments de Bérose et les textescunéiformes, partout où elle a été possible, a toujoursmontré que celui-ci avait puisé réellement ses récits auxsources babyloniennes, et non pas dans les textes hébreux, comme on l’avait prétendu pour infirmer la valeur de sestémoignages corroborant les récits bibliques. — À la vérité, le récit babylonien de la construction de la tour de Babeln’a pas encore été découvert, et l’on n’en a pas non plusretrouvé de trace certaine sur les cylindres babyloniens.George Smith, dans sa Genèse chaldèenne, a bien publiéun texte qu’il croyait, comme Chad Boscawen et Saycele croient encore, avoir trait à cet événement; mais letexte est si fruste, que la traduction n’offre qu’un mincedegré de probabilité; en outre, il s’y rencontre des motsde sens peu connu, et précisément celui de tammasle [?] rqui est traduit par «langage». Frd. Delitzsch fait remarquerque la traduction des mots les plus décisifs pour lesens du morceau est ce qui laisse le plus à désirer. Smith-Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1876, p. 120-124, etAnmerk., p. 310.

Un texte de Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar, estallégué avec plus de succès, soit pour le fait lui-même, soitpour la localisation de la tour de Babel et son identificationavec le Birs-Nimroud actuel (fig. 401), à Borsippa, àdouzekilomètres des ruines de la ville proprement dite, à dix-huitde celles de la cité royale de Babylone. Ce texte mentionneprincipalement deux temples, l’un nommé E-sakila(maison au sommet élevé), au nord de Babylone, surla rive gauche de l’Euphrate, et dont les ruines formentle Babil actuel; l’autre sur la rive droite, nommé E-zida(maison stable), à Borsippa, localité peut-être autrefoiscomprise dans l’agglomération de Babylone, dont les ruinesforment le Birs-Nimroud. Nabuchodonosor les fit réparertous les deux et, orner d’une manière somptueuse. Le dernier, en particulier, n’avait jamais été achevé: un roi antérieur(niahru) (cf. The cuneiform Inscriptions of WesternAsia, t. i, pi. xxxviii, col. ii, 1. 62) l’avait commencé, ditNabuchodonosor, mais l’avait laissé inachevé à la hauteurde quarante - deux coudées; les eaux pluviales, pénétrantles briques d’argile crue, l’avaient même fait tomberen ruines. Nabuchodonosor le répara entièrement, puisl’acheva. Cette traduction, qui est certaine, ne laisseaucune place à la confusion des langues, à laquelle lesavant M. Oppert avait cru y voir une allusion; ni à là datereculée «depuis les jours du déluge», que le mêmesavant croyait voir attribuée à la pyramide: la formule «après le déluge» n’est pas inconnue à la langue assyrienne, où elle se lit arki abubi; ultu umi rukuti, employépar Nabuchodonosor, est une formule d’usage fréquent, signifiant «depuis des jours éloignés». Ces jourséloignés, et l’absence de désignation du sarru mahru, du «roi antérieur», sont les seuls traits qui permettentd’attribuer à cette inscription quelque relation avec latour de Babel Cf. Cuneif. Inscript, of West. Asia, t. i, pi. 41, col. i, 1. 27; col. ii, 1. 15.

2° Site de la tour de Babel. — Le récit biblique nousapprend, comme Bérose, que la tour de Babel s’élevaità Babylone. C’est pourquoi H. Rawlinson la place auxruines de Tell-Amram (Smith-Sayce, Chaldxan Accountof the Genesis, 1880, p. 74, 171), dont M. Oppert fait lesruines des jardins suspendus; Eb. Schrader, dansBiehm, Handwôrterbuch des biblischen Allertums, t. i, p. 138, incline plus visiblement, suivant l’opinion de Pietrodélia Valle au siècle passé, pour l’amoncellement de ruinesappelé le Babil, tandis que dans The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 108, il laisse lechoix entre le Babil et le temple de Borsippa ou Birs-Nimroud.Le nom de Babil semble être un souvenir traditionnel, et la situation du Babil dans Babylone mêmeparaît aussi convenir aux exigences du texte biblique. —M. Oppert s’arrête au Birs-Nimroud, Expédition en Mésopotamie, 1. 1, p. 200-216; Id-., Études assyriennes, p. 91-132, après Ker Porter et Rich, ainsi que A. H. Sayce, Lectureson the religion of the ancient Babylonians, p. 112, 113, 405-407. La tradition talmudique est en faveur de Borsippa: «Un homme à qui l’on demandait de quel payses tu? ayant répondu: de Borsoph (Borsippa). — Ne répondspas ainsi, mais dis que tu es de Bolsoph, parce quec’est là que Dieu a confondu la langue de toute la terre

[[File: [Image à insérer]|300px]]
402. — Tour a étages.

Bas-relief assyrien. D’après G. Smith.

(b’ial s’pha).» Cependant entre l’époque de la compositiondu Pentateuque et celle de la compilation des légendesqui remplissent le Talmud de Babylone, d’où Buxtorf atiré ce récit, Lexicon talmudicum, col. 313, il seraitdésirable d’établir quelques étapes: or la Bible n’a plusaucune allusion à la tour de Babel, même dans les oraclesdes prophètes contre Babylone. Il faut aussi avouer quebeaucoup des localisations proposées par le Talmudpour la Babylonie sont fausses. De plus, Borsippa est àdouze kilomètres au sud-ouest de l’ancienne Babylone: la Bible ne paraît pas supposer une telle distance. Il estvrai que Borsippa est enfermée dans l’enceinte extérieure, telle que la représente M. Oppert; mais outre quecette immense étendue de Babylone paraît suspecle àbeaucoup de savants (cf. G. Rawlinson, The five greatmonarchies, t. ii, p. 534-535), il n’est guère probableque ces limites extrêmes fussent atteintes au temps oùnous reporte la Genèse;

3° Forme de la tour. — Bien qu’on ne connaisse doncpas avec certitude l’emplacement de la tour, il est facile des’en faire une idée, car elle devait être bâtie suivantle plan unique adopté en Babylonie pour les constructionsde ce genre (fig. 402), et dont on retrouve les vestigesdans les plus anciennes des pyramides d’Egypte, tellesque celles de Saqqarah et de Meydoum. Ce sont de véritablescubes de maçonnerie, carrés ou rectangulaires, empilés par ordre de dimensions décroissantes: un planincliné ou un escalier mène d’un étage à l’autre. Le nombredes étages varie; les plus anciennes tours, celles d’Ur desChaldéens et d’Arach, par exemple, n’en ont que deuxou trois; le Birs-Nimroud en comptait sept, outre lahaute terrasse sur laquelle se dressait le monument. Cf.Hérodote, i, 181; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 547; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 381-407. Chaque étage était peint d’une

couleur différente, suivant la planète à laquelle il étaitconsacré. Généralement les angles de l’édifice, et nonpoint, comme pour les pyramides d’Egypte, les faces, étaient exactement orientés aux quatre points cardinaux.Ces pyramides étagées, au haut desquelles il y avait unsanctuaire, servaient à la fois de temple et d’observatoire; des gradins ou une sorte de rampe faisaient communiquerextérieurement un étage avec l’autre, peut-êtrey avait-il aussi un. escalier intérieur., Ces pyramides étaient bien, comme le dit la Bible, construites en briques; l’intérieur était formé de briquesséchées au soleil, mais il était protégé par un revêtementde briques cuites, où le bitume, tort abondant en Baby-Jonie, servait de ciment. La remarque qu’en fait la Genèse

403. — Tour à étages de Khorsabad. La partie la plus noire estencore subsistante; la partie supérieure plus claire est unessai de restauration. D’après T. Place.

est d’autant plus digne d’attention, que l’auteur hébreun’avait pu, ni en Egypte ni en Palestine, être familiariséavec cet usage du bitume. — Les tours à étages senommaient en Assyrie zikurat ou zigurat, soit de laracine dekro, en syriaque «être pointu», comme veutSchrader; soit d’une racine zakaru, «être élevé,» d’aprèsHaupt; soit, suivant une étymologie très intéressante, proposée par M. "Vigoureux, de la racine zakaru, «sesouvenir,» par allusion à la parole que la Bible met dansla bouche des constructeurs: «Allons, bâtissons une villeet une tour et faisons-nous un nom.» Quant au nomparticulier de la tour des Langues, voir, à l’article Babylone, l’étymologie de Babilu. Voir aussi, à l’article spécial, la Confusion des langues. — Aucune de ces toursétagées n’a été conservée d’une manière complète; maisles basreliefs assyriens où l’on en voit la représentation, ainsi que les restes relativement bien conservés de la tourde Khorsabad, au nord de Ninive, ont permis les restaurationsqu’on voit dans Place, Ninive et l’Assyrie, t. i, p. 137-148 et pi. 30 et 33 (Qg. 403). Des tours deBabylone et de Borsippa, le Babil n’offre plus qu’une sortede quadrilatère irrégulier et raviné par endroits, de centquatre-vingts à deux cents mètres de côté, d’environ quarantemètres de hauteur; au nord et à l’est se découvrentles traces d’une vaste enceinte. Le Birs-Nimroud a encorequarante-six mètres de hauteur, bâti sur un plan rectangulaireet surmonté d’un énorme pan de mur dont la hauteurest de onze mètres et demi et qui provient de Nabuchodonosor, comme l’indiquent les inscriptions des briques: tous ces débris portent les traces d’un violent incendiequi les a vitrifiés. Suivant Hormuzd Rassam, une éruptionvolcanique aurait même fendu l’édifice, vitrifiant ainsi les

briques au contact des flammes et de la lave. On comprendaisément que les Juifs de l’époque talmudique aient vudans ces ruines à la fois si anciennes, si imposantes, etportant des marques si étonnantes de la colère céleste, les restes de la Tour de Babel. — Voir, outre les auteurscités, Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5° -édit., t. i, p. 333-368; Schrader -Whitehouse, TheCuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 106-114; Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient,

9e édit., t. i, p. 115-118.

E. Pannier.

    1. BABER Henry Hervey##

BABER Henry Hervey, philologue anglais, né en 1775, et mort le 28 mars 1869. En 1812, il fut nommé conservateurdes livres imprimés au British Muséum. Cetteannée même, il publia Psalterium grxcume Codicems. Alexandrino, in-f", Londres. Son principal ouvrageest une édition du Vêtus Testamentum grsecume Codicems. Alexandrino, typis ad similitudinem ipsius codicisscripturx fideliter descriptum, 4 in-f», Londres, 1816-1828. Les trois premiers volumes contiennent letexte; le quatrième, les prolégomènes et les notes. —Voir Cowtan’s Memories of the British Muséum, Londres, 1872; L. Stephen, Dictionary of national Biography, in-8°, Londres, t. ii, p 307. E. Levesque.

    1. BABINGTON Gervase##

BABINGTON Gervase, évêque anglican, né à Nottinghamen 1551, mort le 17 mai 1610. Il étudia à Cambridge, entra dans les ordres et devint chapelain ducomte de Pembroke. Il fut nommé évêque de Landaffen 1591, d’Exeter en 159Ï, et de Worcester en 1597.Dans la collection de ses œuvres publiées après sa mort, Works of G. Babington, in-f», Londres, 1622, on remarque: Certaine, plaine, briefe and comfortable notesupon everie chapter of Genesis; — Comfortable notesupon everie chapter of Exodus; …of Leviticus; … uponNumbers; … upon Deuteronomy. — Voir Jones, Christian

Biography, p. 16.

B. Heurtebize.

    1. BABION Pierre##

BABION Pierre, théologien anglais, qui florissait vers1317, selon J. Pits (ou vers 1366, d’après le témoignagede J. Boston, moine augustin de Bury-Saint-Edmonds, en 1410, consigné dans le catalogue de J. Baie). Poète, orateur et écrivain distingué, ses compositions furent trèsestimées de ses contemporains. Ses qualités sont résuméesdans ces deux vers de Pits i

Ingenium felix, inventio, lucidus ordo, Gratia, majestas, ad rem bene congrua verba.

Il s’adonna aux sciences sacrées, où il se fit égalementun nom. Son principal ouvrage en ce genre est un commentairesur l’Évangile de saint Matthieu, selon le senshistorique, moral et allégorique. Ce commentaire avaitété imprimé dans les anciennes éditions des œuvres desaint Anselme de Cantorbéry jusqu’à l’édition de Lyon, en 1630, où Théophile Raynaud prouva qu’il n’appartenaitpas à ce saint docteur. On le trouve aussi dans lesœuvres d’Anselme de Laon (col. 657), Patr. lat., t. clxii, col. 1227-1499, mais tronqué de plusieurs pages en tête, et d’une page au moins à la fin. Le commentaire completse trouve dans un manuscrit très ancien, conservé à laBibliothèque nationale, fonds latin, in-f°, n° 624. Il estsur parchemin, en belle écriture, et compte 165 feuilles; chaque page est partagée en deux colonnes. En tête del’ouvrage se lit le nom de l’auteur: Expositio Babkmissuper Matthxum; et le commentaire débute par cesmots: Dominus ac redemptor noster… — Voir J. Baie, Scriptorum illustrium Majoris Britanniæ catalogus, 2 t. en 1 vol. in-f», Bâle, 1557-1559, p. 467; John Pits, De illustribus Anglise scriptoribus, in-4°, Paris, 1619, p. 406; Th. Tanner, Bibliotheca britannico-hibernica, in-f», Londres, 1748, p. 59; C. Oudin, Commentarius descriptoribus Ecclesise antiquis, 3 in-f°, Leipzig, 1722, t. iii, p. 799; P. Michel de Saint-Joseph, Bibliographia

critica sacra et profana, 4 in-f°, Madrid, 1740, 1. 1, p. 430; L. Stephen, Dictionary of national biography, t. ii, p. 317. E. Levesque.

1. BABYLONE (hébreu: Bâbél; Septante: BaëuXûv; Vulgate: Babylon; textes cunéiformes: forme non sémitique:

Tin-tir (Bois de vie);

formes sémitiques:

(idéographique).(phonétique)

Bab ili (porte des dieux) Ba-bi-l(u).

I. Nom. — L’étymologie du nom de la ville nous estdonnée par la Genèse, XI, 9: à la suite de la confusion

404. — Plan fragmentaire de Babyîone, traversée par l’Euphrate.D’après une tablette ounétforme.

des langues, on nomma la ville inachevée Babel, c’est-à-dire «confusion». Tous les rationalistes et beaucoupd’assyriologues, comme Eb. Schrader -Whitehouse, Thecuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 113-114; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 213, combattent l’étymologie biblique pour y substituer cellequ’indiquent les textes babyloniens, Bab-ili, «porte deDieu ou des dieux;» mais rien ne prouve que l’étymologiedonnée par Moïse ne soit pas la plus ancienne, et parconséquent la vraie: les Orientaux, pour bien des raisonsdifférentes, changent facilement les étymologies des nomspropres, souvent même au risque de les déformer un peu.Cf. Journal asiatique, janvier 1893, p. 88. En outre, siun auteur hébreu avait fourni cette étymologie, il nous l’eûtdonnée, d’après les principes de sa propre langue, sousla tormepilpel des verbes yy comme bâlal, «confondre,» et non pas sous la forme contractée assyro-babylonienneBabel, pour Balbel. Vigoureux, La Bible et les découvertesmodernes, 5e édit., t. i, p. 360-362. On peut ajouter quesi l’étymologie Bab - ili ( porte de Dieu) n’eût pas étéfactice, et par conséquent la moins ancienne, les Babyloniensn’auraient pas coupé le mot en trois syllabes, aumépris de la division des deux mots constitutifs, Ba-bi-lu; c’est ainsi que dans le nom de ville Dur-ili (forteresse de

Dieu) les textes respectent toujours la coupure, et n’écriventjamais Du-ri-li.

II. Histoire. — Laissée inachevée après la dispersion desconstructeurs de la tour, Babyîone fut terminée plus tard - relle apparaît déjà comme faisant partie de la tétrapole méridionalede Nemrod, Gen., x, 10; cependant la dominationbabylonienne ne paraît établie sur la partie intérieure de laMésopotamie que sous la dynastie pal-Tintir (dynastie deBabyîone), qui régna d’environ 2409 à 2146 avant J.-C, et dont le roi le plus célèbre fut îlammourabi. Épargnéepar l’invasion élamite des Koudourides, la monarchiebabylonienne contribua à expulser les envahisseurs de laChaldée et de tout le Sennaar, en y établissant sa propreautorité. Voir encore sur les origines de Babyîone les-Proceedingsof the Society of Biblical Archœology, 10 janvier 1893, p. 108. Dès lors l’histoire de Babyîone se

-L-ThuiiLLei-.aiïlV

[[File: [Image à insérer]|300px]]
405. — Plan des ruines de Babyîone. D’après M. Oppert

confond avec celle de l’empire babylonien. La Bible nes’occupe plus de Babyîone avant la ruine du royaumed’Israël; elle.nous apprend alors que le vainqueur assyrientransplanta en Samarie des colons babyloniens, quijoignirent au culte du vrai Dieu celui de leurs idoles, ets’y firent des Sochothbenoth (voir ce mot), IV Reg., xvii, 24, 30. Plus tard un roi de Babyîone, Mérodach-Baladan, cherche à faire alliance avec Ezéchias contreles Assyriens, et l’envoie féliciter de sa guérison; c’estalors qu’Isaïe annonce à Ezéchias la captivité de Babyîone.IV Reg., xx, 12-19; Is., xxxix, 1-8. C’est dans la capitalechaldéenne que Manassé est jeté en prison par le roid’Assyrie. II Par., xxxiii, 11-13. Enfin la destruction duroyaume de Juda, par Nabuchodonosor, y amène à plusieursreprises des convois de Juifs prisonniers, queJérémie console et fortifie dans la foi par la lettre inséréedans Baruch, VI, 1-72 et par celle de Jérémie, xxix.C’est surtout la captivité de Babyîone qui a rendu cetteville célèbre dans l’histoire sainte. Jer., xx, 4, 12; Matth., i, 11, 17; Act., vii, 43. Ezéchiel habita la Babylonie; Daniel y exerça même une charge élevée à la cour; c’està Babyîone ou dans les environs que se placent l’érectionde la statue de Nabuchodonosor et la délivrance des enfantsde la fournaise, Dan., in; l’histoire de Susanne?

Dan., xm; le récit des fourberies des prêtres de Bel, etla mort du dragon, Dan., xiv; enfin le double épisodede la fosse aux lious, vi et xiv, 27-42. Après la prise deBabylone par Cyrus, une portion des captifs rentrèrenten Palestine aux différentes migrations mentionnées dansles livres d’Esdras et de Néhémië; mais celui d’Esthernous montre que beaucoup aussi préférèrent continuerà vivre dans l’empiré perse. Le gouvernement des Séleucides, puis des Parthes, ne leur y fut généralement pasdéfavorable (voir cependant Joséphe, Ant: Jud., XVIII, JX, 9, et G. Rawlinson, The sixth great oriental monarchy, Londres, 1873, p. 240-244), de sorte que la Babyloniedevint plus tard pour eux un refuge et un centre d’études.

Babylone une étendue égale au département de la Seine, ce savant y comprend les localités environnantes, particulièrementBorsippa; mais un texte de Bérose, corroborépar Strabon, XVI, i, 6 et 7, édit. Didot, p. 629, etsurtout par les inscriptions cunéiformes elles-mêmes, distingue soigneusem*nt les deux villes. Bérose nousapprend que Cyrus, après la prise de Babylone, s’en allafaire le siège de Borsippa. Histor. grxc. Fragm., t. ii, p. 508.

L’Euphrate, endigué entre deux quais de brique bitumée, et coulant entre deux hauts murs percés de vingt-cinqportes, traversait la ville (fig. 404); un immerisepont, et, s’il faut en croire Diodore de Sicile, un tunnel

406, — Ruines de Balil.

III. Description. — Si la situation de Babylone sur lebas Euphrate a toujours été connue, il n’en est pas de mêmede l’étendue de la cité. Le x point de départ est donnépar quelques ruines remarquables, le Babil, le Kasr oupalais; mais où étaient les limites, les murs de la ville? SuivantHérodote, ces murs auraient eu 480 stades de circuitou 88 800 mètres, 200 coudées de hauteur et 50 d’épaisseur, ou 92 et 23 mètres; d’après Ctésias, duquel se rapprochentStrabon et Diodore de Sicile, le circuit n’était<rae de 360 stades (66 600 mètres); mais les hauteurs sontextraordinairement différentes: Ctésias donne 200 coudées(92 mètres), Pline 200 pieds (61 mètres), et Strabon75 (23 mètres); ils étaient, comme toutes les constructionsbabyloniennes, de briques séchées au soleil, avecrevêtement de brique cuite, du bitume en guise de ciment, et des lits de roseaux pour donner de la cohésion etdrainer l’humidité de l’argile crue. Il y avait cent portesd’airain. Cf. Jer., L, 15; li, 53, 58. M. Oppert, Expéditionen Mésopotamie, t. i, p. 234, croit avoir retrouvéles traces d’une double enceinte enfermant l’une 513 kilomètrescarrés, l’autre 290. Gomme ces traces ne sont pasévidentes, la plupart des savants anglais révoquent endoute le plan proposé par M. Oppert. Pour donner à

voûté, rejoignait les deux quartiers. Entre beaucoup demonuments remarquables, généralement assez bas etd’une architecture très massive, rehaussés d’enduit peintet de briques émaillées, ou couverts de plaques métalliques, bronze, argent et or, on admirait le grand templeou tombeau de Bel et plusieurs palais.

La divinité particulièrement adorée à Babylone étaitMardouk, le Mérodach de la Bible, la planète de Jupiter, qu’on appelait couramment Bel, «seigneur», le Belosou Belus des écrivains classiques, le Bel des prophètes, Is., XL vi, 1, etc., distinct d’une autre divinité nomméeBel l’ancien, et mentionnée aussi dans Jérémie, L, 2. Letemple de Bel, consacré au seigneur Mardouk ou Mérodach, était surtout remarquable par sa tour à étages oupyramide, décrite par Hérodote, i, 183, édit. Didot, p. 60, et Strabon, xvi, 1, 5, édit. Didot, p. 628, qui lui prêtedes dimensions fort extraordinaires. Dans la chapelle quicouronnait la pyramide, Diodore place trois statues colossalesen or, de Jupiter, Juuon et Rhéa, sans doute cellesde Mardouk, Mylitta-Zirbanit, son épouse, et peut-êtreIStar; deux serpents d’argent, deux lions, trois coupes et unelarge table d’or massif. Tout cela fut pillé par les Perseslors de la conquête de Babylone, ainsi que le sanctuaire du

bas de la pyramide. On croit généralement que ses rainesforment le Babil actuel (fig. 406). Néanmoins M. Oppertidentifie la tour de Bélus avec le Birs-Nimroud (fig. 401).Le grand palais était situé également sur la rive gauchede l’Euphrate, au sud du tombeau de Bel: ses ruinesforment le kasr actuel, rectangle long de 400 mètres etlarge de 350; mais le plan du palais est absolument méconnaissable.Du milieu de ces amas de décombres on aretiré l’inscription suivante: «Palais de Nabuchodonosor, roi de Babylone, restaurateur du temple E-sak-ila et dutemple E-zida, qui marche dans l’adoration de Nébo etMérodach, ses maîtres, fils de Nabopolassar, roi de BabyBabylone. À l’est de ces palais on croit voir les tracesd’un vaste réservoir mentionné par Nabuchodonosor sousle nom de Iabur-sabu. Cet ensemble, qui formait la citéroyale, était entouré d’un côté par l’Euphrate, de l’autrepar deux lignes de remparts se rencontrant presque àangle droit du côté est, et dont la partie nord aboutissaitau Babil. Autour, et, semble-t- ii, principalement au sud, se groupait l’immense population dé Babylone. Hérodote, i, 180, édit. Didot, p. 59, a remarqué leurs maisons àtrois ou quatre étages, alignées en rues parallèles et perpendiculairesau cours de l’Euphrate. À Djumjumah, prèsdeHillah, on a retrouvé, en 1876, les tablettes commer407. — Tell-Amran-Ibn Ali. D’après Rien.

lone.» Des éclats de briques couvertes d’enduit peint oud’émail, quelques fragments de pierre sculptée, un lioncolossal en basalte d’un très mauvais dessin (si toutefoisce lion est d’origine babylonienne): tels sont lesrestes de la gloire de Nabuchodonosor. Un tamarisquepoussé au sommet de ces ruines est, aux yeux des indigènes, le reste des jardins suspendus: M. Oppert les placeau sud du kasr, au Tell-Amran-Ibn-Ali, autre ruine de formegrossièrement triangulaire, d’environ 500 mètres de baseet de 400 de hauteur (fig; 407). On peut voir par les basreliefsassyriens ce qu’étaient ces jardins, espèces de terrassessupportées par des arches et des piliers massifs, ets’étageant les uns au-dessus des autres (fig. 408), de façonà rappeler les montagnes couvertes de forêts que désiraitrevoir l’une des épouses de Nabuchodonosor. Mais G. Rawlinson, qui n’admet pas que 4 acres (moins d’un demi-hectare) de jardins suspendus aient pu donner 37 acres deruines, voit dans le Tell-Amran le palais des prédécesseursde Nabuchodonosor, déjà mentionné par Bérose. Si l’on n’ya trouvé ni maçonnerie ni statue, on en a retiré desbriques estampillées au nom de différents anciens rois de

ciales des Egibi, commerçants babyloniens, dont on peutsuivre les transactions pendant environ deux siècles. Surla rive droite de l’Euphrate, en face du Tell-Amran, des ruines encore bien visibles dessinent les contoursd’un palais où les briques sont estampillées au nom deNériglissor (Nergal-Sar-usur). Englobant Borsippa dansBabylone, M. Oppert place à cet endroit, au Birs-Nimroud, le temple et la tour de Bel dont parle Hérodote, et lesidentifie avec les restes de la tour de Babel (voir cemot), tandis que H. et G. Rawlinson la confondent avec letemple de Bel -Mérodach décrit parStrabon, et la placentau Babil.

Malgré sa force et sa puissance, malgré le luxe de seshabitants, Is., xiv, 8 et suiv.; XL vii, 1-2; Jer., li, 39; Dan., .VI, 1, malgré la vitalité dont elle fit preuve, réparantbien des fois les désastres des longs sièges qu’elle eut àsubir, elle finit par succomber, et par voir se réaliser à lalettre les menaces des prophètes juifs: Is., xiii, 19-23; xiv, 4-12; xlvii; Jer., li, 58. Voir le reste de son histoireàl’article Babylonib; voir aussi Tour de Babel.

Dans le Nouveau Testament, le nom de Babylone esL 1357

BABYLONE — BABYLONE D’EGYPTE

1358

encore employé dans la salutation finale de la I™ épltrede saint Pierre, v, 13, vraisemblablement pour désignerRome et non la Babylone mésopotamienne; moins encoreSéleucie, ou. la Babylone d’Egypte, ou même Jérusalem.Voir Pierre (première épître de Saint).

L’Apocalypse désigne Rome sous le nom allégorique de «la grande Babylone.» xiv, 8; xvi, 19; xvii, 5; xviii, 2, 10, 21: au chap. xvii, 9, sont mentionnées les septcollines sur lesquelles elle est bâtie; au ꝟ. 18, sa dominationsur les rois de la terre. L’idolâtrie, la corruption etla puissance matérielle assimilaient ces deux villes; ceque Babylone fut pour Jérusalem, la Rome persécutricel’était poui l’Église. E. Pajsnier.

breux dans la basse Egypte après les conquêtes de la xvin"et de la XIXe dynastie; mais son origine est plus ancienne.H. Brugsch, Dictionnaire géographique, p. 625, et J. deRougé, Géographie de la basse Egypte, p. 87, l’avaientassimilée à une localité du midi de On, qu’ils appelaientKherau. Mais elle pourrait peut-être mieux s’identifieravec SàbenboUj souvent mentionnée dans les textes hiéroglyphiques, une des localités, plus ou moins distantesentre elles, dont la réunion formait la cité de On (Héliopolis) ou en dépendait. La ressemblance de son, surtoutsous la forme de la variante Béber ou Bébel, avec le nomde Babel, a vraisemblablement donné lieu à la légenderelative à l’origine de cette ville; une transformation

[[File: [Image à insérer]|300px]]
408. — Jardins suspendus de Babylrne. Essat de restitution.

2. BABYLONE d’Egypte, localité de la basse Egypteque les Coptes et quelques rares interprètes modernesregardent comme le lieu d’où saint Pierre data sa premièreÉpître: t èv Baëv>â>vi nwiiXtt.z, I Petr., v, 13.

— Près du vieux Caire se voit une ancienne forteresse, connue des Européens sous le nom de «citadelle de Babylone». Un des six couvents enclavés dans son enceinte, nommé Deir - Babloun, rappelle l’ancien nom de cetteforteresse, auquel a succédé le nom arabe de Kasressemma, c< Château de la lumière.» D’autre part, une liste gréco - copto - arabe des sièges épiscopaux del’Egypte, conservée à Oxford, identifie Babloun et El-Fostat, c’est-à-dire le vieux Caire. De Rougé, Géographiede la basse Egypte, in-8°, Paris, 1891, p. 155. La positionde Babylone est donc déterminée. Sur l’origine deson nom se sont formées plusieurs légendes grecques: Des Babyloniens emmenés captifs par Sésostris, ou desguerriers entrés en Egypte avec Sémiramis, Diodore deSicile, i, 56; Ctésias, Fragm., édit. Dindorꝟ. 1. ii, 13, ou avec Cambyse, Josèphe, Ant. jud., i, xv, 1, auraientfondé cette ville et l’auraient appelée Babylone, du nomde leur patrie. Il est possible qu’à une certaine époqueelle ait été habitée par des prisonniers étrangers, si nomsemblable s’est opérée pour une cité voisine, ïourou, chaugée en Troja par les Grecs. G. Maspero, Histoireancienne des peuples d’Orient, 4e édit., p. 24, 261; V. Loret, dans La grande encyclopédie, t. iv, p. 1050. Hâbenbonétait une. enceinte fortifiée, protégeant son templecélèbre et ses habitations et dominant le Nil, dont le litétait alors plus rapproché. Les Romains comprirent l’importancede cette position à la tête du Delta; ils la fortifièrentet y placèrent une des trois légions chargées de lagarde de l’Egypte; c’était la xiii" gemina, selon la Notiliaimperii. En 640, elle fut prise par les musulmans; et àl’ouest de Babylone, à l’endroit où Amrou, durant le siège, avait dressé sa tente, ils bâtirent une ville, El-Fostat, «la Tente,» qui fut la capitale de l’Egypte jusqu’à laconstruction, du Caire actuel. Ce n’est qu’au Ve siècle qu’onvoit un évêché à Babylone. Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 556. Cette Église n’a donc pas une origine apostolique, et peut encore moins attribuer sa fondation à saintPierre, qui n’a jamais prêché l’Évangile en Egypte. Ce.n’est donc pas de ce lieu que le prince des Apôtres écrivitsa première Épître: d’après l’opinion la plus commune, Babylonen’est pas autre que Rome. Voir Pierre (PremièreÉpître de Saint). Cf. dans la Description de l’Egypte, 359

BABYLONE D’EGYPTE — BABYLONIE

1360

t. ii, Paris, 1818, ch. xix, p. 1-4, la description de Babylone.E. Levesque.

    1. BABYLONICUS PETROPOLITANUS##

BABYLONICUS PETROPOLITANUS (CODEX),

manuscrit des derniers prophètes ( c’est-à-dire Isaïe, Jéréraie, Ézéchiel et les douze petit* prophètes), écrit selonle système de ponctuation dit babylonien. Trouvé en 1839, dans la synagogue de Tsehufutkale, en Crimée, par leCaraïte Abr. S. Firkowitsch, il fut présenté à la Sociétéhistorique et archéologique d’Odessa (d’où le nom Odessenus, qui lui a été quelquefois donné); en 1862, la Bibliothèquede Saint-Pétersbourg en fit l’acquisition. C’estun petit in-folio en parchemin de deux cent vingt-quatrefeuillets; chaque page a deux colonnes; chaque colonnevingt et une lignes ordinairement, et chaque ligne, lorsqu’elleest complète, de quatorze à dix-huit lettres. Ladivision des sections est nettement marquée au moyendes alinéas. L’écriture, très ferme, de belle apparence, aux lettres de six à sept millimètres de hauteur, est unpeu penchée sur la gauche. Quelques lettres ont une formeparticulière: ainsi le zaïn est plus court, le yod pluslong que dans nos manuscrits occidentaux; dans le hé, le jambage de gauche, placé au-dessous de la barre transversale, la rejoint complètement, en sorte qu’il ressembleà notre heth; ce qui différencie alors le heth, c’est queses deux jambages enserrent la. ligne transversale et ladominent. (Voir le fac-similé, fig. 409.) La différence est plusconsidérable pour les voyelles: ce n’est plus le système doTibériade ou de Palestine, usité dans les manuscritsjusque-là connus. Ce système, moins parfait, ne comprendque six voyelles, d’une forme particulière, et toutes placéesau-dessus des consonnes. (Voir Points-voyelles.)Il est à remarquer qu’on ne voit pas de voyelles au nomde Jëhovah, mn>; il est seulement accentué. Le pronomMin, hû’, se rencontre très souvent pour le féminin N>n,

hV, des manuscrits de recension palestinienne, etc. Lesmarges à droite et à gauche, en haut de la page et entreles deux colonnes, contiennent la petite Massore; la marged’en bas est réservée’à la grande Massore. L’écriture deces notes est de dimension bien moindre que celle dutexte.

Ce manuscrit porte sa date. Le copiste a signé la fin deson travail à la page 224 a. Il dit l’avoir terminé au moisde Tischri de l’an 1228 (ère des Séleucides), ce qui correspondà l’automne de l’an 916 de notre ère. C’est doncl’un des plus anciens manuscrits datés d’un texte hébreuponctué de l’Ancien Testament. Ifermann Strack a donnéla photolithographie de ce précieux manuscrit: Prophetarumposteriorum Codex Babylonicus Petropolitanus, in-f°, Saint-Pétersbourg, 1876.

Les variantes apportées par ce manuscrit ne font passans doute subir de nombreux’et surtout d’importantschangements au texte reçu; cependant elles pourraientêtre utilisées avec profit en plus d’un endroit. On remarqueque parfois ses leçons s’accordent avec les Septante et laYulgate contre le texte actuel.

Voir la préface de Strack, dans l’édition du Codex citéeplus haut; Eph. Pinner, Prospectus der der Odessàer Gesellschaftfur Geschichte und Alterthûrner gehôrendenaltesten hebrâischen und rabbinischen Manuscripte, einBeitrag zur biblischen Exégèse, in-4°, Odessa, 1845, p. 18-28; Ginsburg, Transactions of the Society of biblicalArchseology, in-8°, Londres, 1876, t. v, part. 1, p. 129-176. E. Levêsque.

BABYLONIE. Hébreu: Bâbél ou’érês Bâbél; Septante: BaëuXfcma, ou simplement BaêuXtov; Vulgate: Babyloràa, dans Baruch et les deux livres des Machabées, I Mach., vi, 4; II Mach., viii, 20; ailleurs simplementBabylon, Dan., ii, 48, ou regio, provincia Babylonis, Dan., iii, 1, 12, 97, dans un sens plus restreint; d’autres fois elle est désignée par des appellations géographiques qui n’en indiquaient à l’origine qu’une portion, terra Chaldseorum, Sennaar; inscriptions cunéiformes:

£rT

-TV

Sumer Akkad;

(période archaïque)

mat Sunieri u Akkadii;

(époque de Cyrus)

V B=fTÎ <fêf.

mat Kaldi;

mat Babili.

I. Géographie. — Akkad paraît avoir désigné à l’originele nord de la Babylonie, Sumer ou Sennaar le sud; la Chaldée semble avoir désigné le centre. Les limitesde la Babylonie, c’est-à-dire du territoire dépendant deBabylone, ont varié dans la suite des siècles. Strabon yenglobe l’Assyrie elle-même; mais à l’époque biblique, et à l’époque où nous reportent les textes assyrobabyloniens, la Babylonie proprement dite ne s’étend pas audelà de l’endroit où le Tigre et l’Euphrate, après s’êtrerapprochés, commencent à se séparer de nouveau, entrele 33° et 34° de latitude. Elle est donc bornée au nordpar l’Assyrie, à l’est par l’Élam et la Susiane, au sud parle golfe Persique, à l’ouest et au sud-ouest par le désertd’Arabie. Ce pays étant un terrain d’alluvion formé parles dépôts du Tigre, de l’Euphrate et des autres coursd’eau tributaires du golfe Persique, il était naturellementd’étendue beaucoup plus restreinte à l’époque où nousreportent les premières inscriptions: le Tigre et l’Euphrate, au lieu de se confondre comme aujourd’hui où ils formentle Schatt-el-Arab, avaient chacun une embouchure spéciale, et le golfe persique pénétrait beaucoup plus hautvers le nord-ouest dans les terres. La Babjlonie étaitarrosée par l’Euphrate, dont elle possédait les deux rives; le Tigre, dont elle possédait les deux rives à sa sortied’Assyrie, et seulement la rive droite dans sa portion méridionale, l’autre appartenant à l’Élam. Dans ces limites, l’Euphrate ne reçoit aucun affluent, le Tigre en reçoitsur’la rive gauche un bon nombre: les plus considérablessont le Schirvan et le Holvan, qui, avant de se jeter dansle Tigre, se réunissent pour former le Tornadotus desanciens, le Gyndès d’Hérodote, le Turnat des inscriptionscunéiformes, actuellement Diyaléh; les plus méridionaux, le Kerkhan et le Karoun, appartiennent à l’Elam.Voir la carte, fig. 410. Ce système hydrographique estcomplété par les bras de l’Euphrate qui s’échappent versle Tigre dans la partie septentrionale, tandis que dans laBabylonie méridionale ce sont les bras du Tigre quiviennent rendre à l’Euphrate ce qu’il en avait reçu. Làoù les deux fleuves n’arrivent pas à se rencontrer, cesbras perdus forment des marais d’eau stagnante, principalementvers le sud. La fonte des neiges sur les montagnesde l’Arménie ou de la Perse amène une forte crue: des deux fleuves depuis mare jusqu’à juin; de juin à lami - septembre, les eaux décroissent. Dans l’intervalle, labasse Babylonie, l’ancien Sennaar, est un véritable marécage.De nombreux canaux, dont on rencontre encoreaujourd’hui fréquemment les restes, ménageaient et utilisaientcette surabondance d’eau et la conduisaient dansles parties naturellement arides. Le Nahar-malka et lePallakopas étaient les deux plus célèbres, le premier joignantl’Euphrate au Tigre, l’autre rejetant à la mer le tropplein de l’Euphrate par la rive droite. Maintenant le soleilde l’été dessèche seul une partie de ces lagunes malsaines, et brûle en même temps la végétation herbacée qui s’y [Image à reprendre]

développe au printemps avec une rapidité prodigieuse. Lethermomètre, qui ne tombe guère au delà de 5 degrésau-dessous de zéro en hiver, remonte rapidement et setient à plus de 40 degrés au-dessus le reste de l’année; il atteint même souvent 50 degrés, ce qui, joint à l’humidité provenant des marais, rend le climat très malsain, surtout pour les Européens. En novembre et décembre, il tombe des pluies continuelles; les autres saisons neconnaissent que des orages passagère, mais d’une violenceinouïe, principalement de mai en novembre. le vent soulève alors le sable du désert, qui vient recouvrir le terenvirons de Hit sur l’Euphrate, le naphte et le bitume, qui servaient de ciment pour les anciennes constructionsbabyloniennes, comme le fait remarquer l'Écriture, dontles vieux monuments confirment pleinement le témoignage. Au lieu de la pierre et du marbre qui leur manquaient, les Babyloniens utilisaient l’argile, dont ils faisaient des briques soit cuites au feu, soit seulement séchéesau soleil, Gen., xi, 3; dans ce dernier cas, des lits deroseaux mêlés au bitume ou à l’argile et de nombreusesouvertures en forme de meurtrières, des aéroducs, laissaient une issue à l’humidité; et le revêtement de l'édifice

La noms modernes sont écrits est caractèrest /ili/brmes l et mis entre parenthèsesLes noms anciens sont en caractères oras,

leprentzer est celuidelà, Vufcate, l’autre,

eekai des textes cunéiforme*

i.Thnillier, délV

[[File: [Image à insérer]|300px]]
410. — Carte de la Babylonie.

rain abandonné par les eaux stagnantes. Ce pays, qui, laissé de la sorte à lui-même, ne produit guère qued'énormes roseaux, souvent reproduits sur les bas-reliefsassyriens, était autrefois d’une fertilité extraordinaire: agertotius Orientas fertilissimus. Pline, H. N.j vi, 30; xviii, 45.Hérodote, i, 193, remarque qu’au lieu du figuier, de lavigne et de l’olivier, qui lui font totalement défaut, ila en surabondance les céréales et le froment, ainsi queles dattes et le sésame. Actuellement on trouve sur lesberges du fleuve le tamarisque, le grenadier et l’acacia; et dans les jardins on cultive les arbres fruitiers, orangers, grenadiers, etc. Quant aux arbres mentionnésdans le psaume Super flumina Babylonis, il paraît que cesont des saules pleureurs (Salix babylonica des botanistes, gharab des Arabes). Karl Koch, Dendrologie, Erlangen, 1872, ne part., p. 507. La faune comprend le lion, leléopard, l’hyène, le chacal, le buffle, la gazelle, nombred’espèces de poissons et d’oiseaux aquatiques, etc.

Le sol, tout d’alluvion, ne contient guère de richessesminérales} le nord offre cependant, principalement aux

était fait en briques cuites et muni de puissants contreforts. De la sorte, les constructions étaient fort massiveset les murs fort épais; cette épaisseur avait pour résultat de maintenir dans les habitations un peu de fraîcheur, comme on en trouve dans les serdabs, espècesde caves où les habitants se réfugient maintenant. Cesconstructions massives, aujourd’hui tombées en ruines, forment des tells ou véritables monticules, qui seuls interrompent la monotonie de ces plaines marécageuses. L’absence de calcaire faisait remplacer les bas-reliefs d’albâtre, si souvent employés dans les palais assyriens, par uneornementation plus simple: des dessins géométriquescomposés de saillies et de rainures, ou encore formés parde petit* cônes d’argile encastrés dans le revêtement desmurs, enfin des briques émaillées ou un simple enduitqu’on décorait de peintures aux vives couleurs, mentionnées dans Ézéchiel, xxiii, 5-16. G. Perrot, Histoire del’art dans l’antiquité, t. ii, p. 250-263; 272-324.

Ces tells marquent le site des villes les plus célèbres dela Babylonie; les plus importantes étaient au sud, dans

le pays de Sumer eu Scnnaar proprement dit: Eridu, actuellement Abu-Sharein, au milieu des marais du basEuphrate, sur la rive gauche; Vru, Y’Ur-Kasdim, Urdes Chaldéens de la Bible (Gen., xi, 28), la Mugheiractuelle, sur la rive droite de l’Euphrate, la patrie d’Abraham; Uruk, l’Arach biblique, la Warka actuelle, plushaut, sur la rive gauche, et l’une des villes de la tétrapoleméridionale de Nemrod; Larsa, l’EUasar de l’histoired’Abraham (hébreu, Gen., xiv, 1), actuellement Senkéréh, sur la rive gauche; puis au nord, dans le paysd’Akkad, à cheval sur l’Euphrate, Babilu, la Babel biblique, Babylone; en remontant encore et non loin de larive gauche de l’Euphrate, sur un canal, Akkad et Sippar, sorte de ville double, mentionnée dans la Bible sous lesnoms d’Achad et Sépharvaïm.

On trouve encore des ruines considérables à Nipour, entre les deux fleuves, actuellement Niffer et Kutù, laCutha biblique (?), actuellement Tell - Ibrahim, d’aprèsSmith et H. Rawlinson. Il faut y ajouter le site considérablede Tell-Loh, dont le nom ancien, écrit en idéogrammes, est lu par les uns Sir-pur-la, parles autresLagas.

Voir El. Reclus, Géographie universelle, t. ix, p. 398-411, 432, 450460; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, 169-196, 196-232; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, p. 1-42; Lenormant - Babelon, Histoire ancienne del’Orient, t. iv, p. 1-18; Perrot, Histoire de l’art dansl’antiquité, t. ii, p. 1-14; Layard, Discoveries in theruins of Nineveh and Sabylon, in-8°, Londres, 1853.

II. Ethnographie, langage. — Comme l’Assyrie étaitune colonie babylonienne, il suffira de se reporter auxtitres correspondants de l’article Assyrie, en les complétantpour ce qui regarde spécialement la Babylonie à l’aidedes quelques observations suivantes. Bérose, Historicorumgrœcorum Fragmenta, édit. Didot, t. ii, p. 496, nousreprésente la Babylonie comme peuplée par dès racesdiverses: son témoignage est pleinement confirmé par laBible, qui nous y montre à la fois des Chamites, Gen., x, 6-13, . ou plus exactement des Couschites comme Nemrod, et des Sémites tels que Tharé et Abraham. Gen., x, 22-25j et xi, 11-32. Les noms royaux et les inscriptionscunéiforme? anciennes nous montrent que la prépondérancepassa peu à peu à l’élément sémitique de la population, et assez tardivement. On trouve, en effet, en Babyloniedeux sortes d’inscriptions différentes, et qui, d’aprèspresque tous les assyriologues, appartiennent à deuxidiomes différents, l’un à flexion, du groupe sémitiqueou à racines tdlittères, le babylonien proprement dit; l’autre agglutinant, qu’on nomme akkadien, sumérien, ouencore proto-chaldéen. Les plus anciens textes sont rédigésen ce second idiome, par exemple, ceux de la collectionde Sarzec, au Louvre: les modernes sont en babylonienproprement dit; il y a aussi dés textes bilingues, historiques, religieux, etc., rédigés dans l’un des deux idiomes, puis traduits dans l’autre.

L’idiome sémitique babylonien différant à peine de lalangue assyrienne, l’un et l’autre ont été étudiés simultanémentau mot Assyrienne (langue). Quant à l’autreidiome, sumérien, akkadien ou proto-chaldéen, il appartient, comme les langues altaïques, au groupe agglutinant.Les racines, généralement monosyllabiques, deviennentsubstantif, adjectif ou verbe, suivant la placequ’elles occupent et suivant les préfixes ou affixes qui lesaccompagnent: «vivre,» ti; «vie,» nam-ti; «il a vécu,» in-ti. — La déclinaison est remplacée par un mécanismede postpositions, rejetées ainsi que les pronoms suffixes, et une terminaison plurielle, ra, de très rare emploi, nonseulement après le substantif, mais après son qualificatifou même après tout le membre de phrase qui s’y rapporte: «à Bau enfant du ciel,» Bau dumu Ana-ra; «auxgrands dieux,» dingir galgalene-ra. La conjugaisonse forme en plaçant le pronom soit avant, soit après laracine verbale, mais sans adhérence absolument parfaite;

le pronom régime se place même régulièrement entre lepronom sujet et la racine verbale: «il t’a bâti,» in-nan~ru; «il a bâti,» inru. Les pronoms personnels ou possessifsappartiennent au thème «ta pour la première personne, za pour la deuxième, na pour la troisième, mais avecvoyelle variable; la troisième personne a aussi des formesdérivées en plus grand nombre que les deux autres. Lanégation est nu, placée avant le verbe et souvent contractéeen une seule syllabe avec le pronom sujet. Ona même constaté des variations dialectales, que les unscroient représenter le sumérien langue du sud et l’akkadienlangue du nord, et que d’autres croient représenterle même idiome, sous une forme primitive et sous uneforme plus récente. Plusieurs noms suméroakkadienssont passés, par l’intermédiaire des Assyriens, jusquedans la langue hébraïque: par exemple, tur-tan, le Tharthande Sennachérib. IV Reg., xviii, 17.

L’écriture est la même au fond que l’assyrienne; toutefois, dans les inscriptions les plus anciennes, les caractèresn’ont pas encore la forme du coin ou clou; ce sontdes lignes qui dessinent plus ou moins exactement l’objetdont on veut, soit suggérer l’idée, soit reproduire la prononciation, par idéographie ou par phonétisme. Quand laforme du clou apparaît, les caractères sont généralementun peu plus complexes que dans l’écriture assyrienne; cette forme archaïque et compliquée est même reproduitede préférence dans des inscriptions de la dernière période: par exemple, dans celle de Nabuchodonosor dite «de laCompagnie des Indes», The Cuneiform Inscriptions ofWestern Asia, 1. 1, pi. 53. — Voir Fr. Lenormant, Lettresassyriologiques, deuxième série, études accadiennes, 1873-1880; J. Oppert, Éludes sumériennes, sumérien, ou accadien, dans le Journal asiatique, 1875, t. v, p. 267318; 442-500; P. Haupt, Die akkadische Sprache (tirédu 5e congrès des orientalistes), Berlin, 1883; Fr. Hommel, Die sumeroakkadische Sprache und ihre Verwandtschaftsverhàltnisse, 1884.

III. Religion. — La religion" babylonienne ne différaitguère de celle de l’Assyrie, seulement le caractère localdu polythéisme régnant dans les deux pays paraît avoirété beaucoup plus accusé en Babylonie qu’en Assyrie.A. H. Sayce, Lectures on the origin and growth of religionas illustrated by the religion of the ancient Babylonians, 1887, p. 89, 91, 125, 142, etc. Assur, la divinitééponyme de l’empire assyrien, n’était naturellement pasle dieu des Babyloniens; mais, dès les temps des plusanciennes inscriptions, nous voyons que les autres dieuxvénérés en Assyrie avaient en Babylonie l’origine premièrede leur culte: Eridu était consacrée au dieu Ea, l’esprit de l’abîme; Ur au dieu lunaire Sin; Larsa ausoleil Samas; Arach à Istar (la planète Vénus) et à ladéesse Nana, II Mach., i, 13, 15; Nippour au dieu Bel; Cutha à Nergal, dieu lion, IV Reg., xvii, 30, seigneurdes tombeaux; Borsippa à Nabo; Sippar et Achad àSamas et Anunit (voir Anammélech et Adrammélech); Babylone à Marduk, désigné communément sous le simpletitre de bel, «seigneur,» Hérodote, i, 181, fils du dieuEa et époux de la déesse Zirbanit ou Zarpanit. Audessusde tout ce panthéon, il semble planer une sorte dedivinité commune à tous les Sémites, Ihi, V’El hébreu, phénicien, himyarite, etc., dont la personnalité paraîttellement effacée, que plusieurs auteurs, à rencontre, ilest vrai, de la généralité des assyriologues, le regardentcomme une simple abstraction, l’expression de l’idée dedieu en général, et non pas un nom propre, tandis qued’autres croient y voir un dieu distinct, correspondant àpeu près à l’Assur des Assyriens. Du reste la qualité dedieu suprême, «maître du ciel et de la terre, roi de tousles autres dieux,» passe facilement de l’un à l’autre dieudu panthéon babylonien, chaque dieu local étant généralementconsidéré par ses adorateurs comme le maître desdieux. Diodore de Sicile, ii, 30, 3; Phiîoa de Byblos, dans Uistoncarum grœcorum Fragmenta, t. iii, p. 507,

568, 570-571; Eb. Sehrader, dans Riehm, Handwôrterbuchdes biblischen AUertums, 1884, t. i, p 109-110, 135; et Schrader-Whitehouse, The cuneiforni Inscriptionsand the Old Testament, 1885, t. i, p. Il; Fr. Delitzsch, Wo lag das’Parodies, p 164 et 165; Fr. Lenormant, Les Origines de l’histoire, t. i, appendice, p. 525-526.

Ainsi qu’en Assyrie, le culte se pratiquait dans lestemples proprement dits et sur des tours ou pyramidesà étages. Daniel, xiv, 2-25, et Baruch (lettre de Jérémie, VI, 9-42) ont exactement décrit les cérémonies, les processionset les offrandes en aliments et en parfums. Hérodote, i, 183. La littérature religieuse et les légendes, lesdifférents récits de la création, celui de Cutha, analogueà celui de Bérose, Historicorum grsecorum. Fragmenta, t. ii, p. 497, et celui d’Assurbanipal, analogue à celui deDamascius; la légende d’Izdubar-Gilgamès avec le récitdu Déluge; la lutte de Mardouk et Tiarnat: tous ces textes, que nous ont conservés les scribes ninivites, étaientoriginaires de la Babylonie. Sayce, Lectures on thereligion of the ancient Babylonians, p. 367^412; Recordsof the past, new ser., t. i, p. 122-153; t. vi, p. 107-114; Smith-Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1876, p. 252-255.

IV. Histoire. — L’histoire de la Babylonie est moinsbien documentée et moins suivie que celle de l’Assyrie; néanmoins nous avons sur l’empire babylonien un grandnombre de données certaines.

1° Données bibliques. — La Genèse nous montre lafondation de Babylone et les commencements de sonempire, ainsi que la colonisation de l’Assyrie par lestribus du Sennaar, Gen., xi, 2-9; x, 8-13; elle nousreprésente également Abraham sortante la Chaldée, dela ville d’Ur, Gen., xi, 31; puis bientôt nous apprenons quece pays tombe sous le joug élamite à l’époque de Chodorlahom*or.Gen., xiv, 1-2. À cette époque les relations cessenttotalement entre les deux peuples, et l’Écriture, à partl’allusion au manteau de Sennaar, Jos., vii, 21 (hébreu), ne nous parle plus de Babylone qu’après la destructionde Samarie: c’était l’époque où la Babylonie était tombéesous le joug de son ancienne colonie, et nous apprenonsque Sargon transféra en Samarie des captifs babyloniens, originaires de Babylone, Cutha, Avah et Sépharvaïm.IV Reg-, xvii, 24. Sous Ézéchias, les envoyés du roi deBabylone viennent faire alliance avec lui contre l’Assyrieet Sennachérib, toujours menaçants: Isaïe nous apprendavec quelles attentions Ézéchias reçut ces envoyés deMérodach-Baladan, IV Reg., xx, 12-18; Is., xxxix, 1-7; c’est alors qu’il prédit la captivité à Babylone, au momentmême où le royaume babylonien était dans la situationla plus critique par le fait de l’Assyrie, qui semblait aussiêtre l’ennemi le plus redoutable de Jérusalem. Dès lerègne de Joram (?), Abdias avait annoncé la ruine d’Édom, qui fut accomplie, en partie du moins, par Nabuchodonosor; Abdias, 1-9, ne nous dit pas qui se chargera d’exécuterles châtiments qu’il annonce. On peut en dire autantdes deux premiers chapitres d’Amos, quoique ces deuxprophètes paraissent s’occuper plutôt des conquêtes assyriennes.Michée, qui prophétisait du règne de Joatham àcelui d’Ézéchias, annonce sans plus d’explication que Jérusalemsera détruite, iii, 12; vii, 13; mais, iv, 10, il déclareque c’est à Babylone que la fille de Sion sera captive, et quelà cependant Dieu la rachètera des mains de ses ennemis; Jérusalem sera même rebâtie, vii, 11. Isaïe, qui commençaà prophétiser vers la même époque, est plus explicite. Ilannonce, outre la captivité à Babylone, xxxix, 1-7, la finde cette captivité et la délivrance par Cyrus, xi.iv, 26-28, xlv, 1-15; la reconstruction de Jérusalem et du temple, xliv, 26-28; la destruction de Babylone,-xlvi, xlvii, etc.; xm, 1-xiv, 23; xxi, 1-10. De plus il annonce la ruinedes Philistins, de l’Egypte, de Tyr, xxiii, à laquelle lesBabyloniens contribuèrent pour leur part. Nahum, quiprophétisa sous Manassé et sous Assurbanipal, peu après

la prise de Thébes, en Egypte, au temps de l’apogée dela puissance ninivite, prédit la chute de Ninive, sansajouter toutefois que Babylone y aura la grande part.Sophonie, sous Josias, fait la même menace, ii, 13, annonçantaussi en termes généraux la désolation de Jérusalemet de Juda, i, 1-18. Vers la même époque ou unpeu plus tard, Habacuc, dans sa première partie, s’occupeexclusivement de Babylone et de l’empire chaldéen, dontil décrit en termes généraux les succès, 1, 1-11, et la chute, r, 12-n, 20. Jérémie, au contraire, s’occupe en détail desBabyloniens; il assistait du reste à l’agonie du royaumede Juda, rappelant vainement à ses compatriotes la soumissionaux décrets de Dieu et à ses châtiments, et cherchantà les prémunir contre la politique désastreuse, ettoujours en faveur à Jérusalem, qui consistait à s’appuyersur l’Egypte pour lutter contre Babylone, comme, au tempsd’isaïe, on croyait aussi devoir s’appuyer sur l’Egypte pourlutter contre Ninive. Il annonce donc la prise de Jérusalempar les Chaldéens, iv, 5-vi, 30; xxi, 1-10, etc., et lacaptivité, x, 13; xx, 3-6, etc; il ajoute que cette captiviténe durera que soixante-dix ans, xxv, 8-14; xxix, 10-14; xxx, 1-xxxi, 40; xxxii-xxxin; il annonce aussi lachute de Babylone, l-li, avec le secours des Mèdes, Li, 11, et leurs alliés les rois d’Ararat, de Menni et d’Ascénez, li, 27.Comme dans Isaïe, les peuples circonvoisins sont égalementmenacés, principalement l’Egypte, xliii, 8-13; xliv, 29-30; xlvi, 13-28, où les Juifs se réfugiaient, etdont le prophète annonce la conquête par Nabuchodonosor.La partie historique de Jérémie constate l’accomplissem*ntde la partie prophétique relative au royaumejuif, xxviii, xxta, xxxiv, 6-7; xxxix, 1-xli, 13; lu. —Baruch répète les idées de Jérémie: les captifs juifs sontchâtiés, i-m; mais bientôt ce sera le tour de leurs ennemis, iv-v. Le chapitre vi est une lettre de Jérémie décrivantfort exactement l’idolâtrie babylonienne. — Ézéchielest le prophète de la période babylonienne par la formecomme par le fond: sa vision des chérubins rappelle unmotif des plus fréquemment répétés dans l’art assyrobabylonien; la vision des ossem*nts desséchés nous transportedans un de ces cimetières chaldéens, comme il s’entrouvait, avec des proportions tout à fait extraordinaires, autour des grandes villes de la basse Babylonie, Arach(Warka), Ur, etc. Quant au fond, de i-xxiv, il ne fuitguère qu’annoncer la prise et la destruction finale deJérusalem par Nabuchodonosor, avec ses diverses circonstances: famine, iv, 9-17; incendie, x; fuite du roiSédécias, xii, 3-16, etc.; de xxv-xxxii, il annonce lesconquêtes étrangères de Nabuchodonosor, principalementcelle des villes phéniciennes et de Tyr, xxvi-xxviii, etcelle dé l’Egypte, xxix. Toute la suite est consacrée àannoncer la fin de la captivité, le retour de Babylone etle rétablissem*nt du royaume juif. — Daniel fut à la foisle prophète et l’historien de la chute de la monarchiebabylonienne. Lés quatre premiers chapitres ont trait aurègne de Nabuchodonosor, à sa gloire, ses superstitions, ses cruautés, l’orgueil avec lequel il contemple cet empireet cette capitale magnifique, dont l’étendue et l’éclat sontl’œuvre de ses mains; le chapitre v nous transporte brusquementau règne de Nabonide, avec Balthasar pour viceroi, et nous fait assister à la prise de Babylone par Dariusle Mède (voir ce nom); puis Cyrus monte personnellementsur le trône de Babylone. Les prophéties qui suivent, vii-xii, annoncent les dominations perse, grecque, romaine et messianique, qui succéderont à l’empire babylonien.

2° Renseignements de sources profanes. — Les textescunéiformes complètent où expliquent ces renseignementsfournis par la Bible. Les auteurs classiques, Hérodote, Ctésias, Diodore de Sicile, etc., sont peu utiles pour l’histoirebabylonienne. Les renseignements fournis par Bérosele sont beaucoup plus; malheureusem*nt son ouvrage est engrande partie perdu. Historicorum grsecorum fragmenta, t. ii, p. 496-509. Les textes cunéiformes, provenant soit de

Babylonie, soit d’Assyrie, les ont heureusem*nt complétéset éclaircis; toutefois les documents babyloniens le cèdenten deux points aux documents assyriens: la plupart desinscriptions royales s’occupent plus à relater les constructionsde chaque souverain que les faits politiques; deplus, elles sont datées souvent par un événement remarquable, ouverture d’un canal, construction d’un temple, cérémonie religieuse, etc., qui ne nous apprennent rienau point de vue chronologique, tandis que la chronologieassyrienne est exactement fixée par la liste des limu ouéponymes. À la vérité, les Babyloniens ont dressé deslistes des événements employés comme date, année parannée, mais jusqu’ici on n’en possède que quelques petit*fragments peu utilisables. Y. Scheil, Les formules dechronologie en Chaldée et en Assyrie, dans la" Revuebiblique, avril 1893, p. 216. Plusieurs listes royales ontpermis cependant d’arrêter les grandes lignes de l’histoirebabylonienne jusqu’au xxv siècle avant J. - G. Lepoint fixe de cette histoire est l’ère de Nabonassar, en 747, qui sert de point de départ au canon chronologique del’astronome alexandrin Ptolémoe, et qui est au contrairepresque le point d’arrivée de nos listes babyloniennes.

Des inscriptions babyloniennes, utilisées par les Assyriens, rapportaient l’origine du monde, l’histoire du déluge, la colonisation de l’Assyrie; puis on entrait dansla période historique proprement dite, lzdubarGilgamès, le héros de la légende du déluge, paraît correspondre auNemrod biblique. Nous voyons par les inscriptions qu’àl’origine la Babylonie formait un réseau de petites principautésplus ou moins indépendantes les unes des autres.Vers l’an 3800 régnaient à Akkad, l’Achad biblique, Sargon l’ancien et Naram-Sin son fils; des inscriptionsastrologiques nous montrent que dès lors ils firent desconquêtes assez lointaines, en Syrie et jusqu’à la péninsulesinaïtique (?). À une époque également fort ancienne, peut-être même plus ancienne encore, Tell-Loh( Si-pur-la[?]) était la capitale d’un petit royaume où l’on aretrouvé beaucoup d’inscriptions et de ruines curieuses, avec une série royale dont le nom le plus connu est celuide Gudéa. En même temps la ville d’Ur, la patrie deTharé, possédait une dynastie puissante, à laquelleTell-Loh finit même par appartenir. Les souverains d’Urprennent le titre de roi de Sumer et d’Akkad, qui paraîtindiquer une domination ou du moins une suzerainetésur la Babylonie entière, du nord au sud. Ur-Bagas (?)et Dun-gi (?), son fils, ont, en effet, laissé des constructionsà Ur, à Arach, à Larsa, à Nippour, à Cutha, etc., ainsi que leurs successeurs; mais les grandes villes babyloniennesconservaient souvent leur roi, qui devenait simplementvassal de celui d’Ur; il arrivait même de tempsen temps que les rapports étaient renversés, et que desprinces comme ceux de’Isin prenaient le titre de roi d’Uret de toute la Babylonie.

La Babylonie eut ensuite à subir, vers 4e xxme siècle, une invasion élamite, conduite par des princes Koudourides, ainsi nommés du premier élément de leur nomroyal ( Koudour-Lagamar, Koudour-Nankounta, etc.). Uneinscription d’Assurbanipal nous apprend que KoudourNankounta envahit la Chaldée et pilla Arach vers 2245; plusieurs inscriptions de Koudour -Maboug et Rim-Akou, son fils, nous apprennent qu’ils maintinrent leur dominationau moins sur la partie méridionale de la Babylonie etla Syrie: la Bible, corroborant de son témoignage ces donnéeshistoriques, nous les montre s’étendant jusqu’auxrégions transjordaniennes. Larsa, l’EUasar biblique, suivantl’hébreu, Gen., xiv, 1 (voir Amraphel et Arioch), fut la capitale babylonienne de ces conquérants, qui delà exercèrent leur suprématie ou leur suzeraineté sur lesautres villes chaldéennes, Arach, Ur, Éridou, Lagas; ilsallèrent jusqu’à prendre le titre de roi de Sumer et d’Akkad, quoiqu’ils ne paraissent pas avoir occupé la Babyloniemême. Une dynastie nationale dont nous avons tous lesnoms se maintint de 2419 à 2115 avant J.-C. C’est à

cette dynastie, et probablement à Hammourabi, qu’ondoit l’expulsion des envahisseurs. Hammourabi a laisséde nombreuses inscriptions qui nous apprennent que sousson règne la Babylonie fut florissante, qu’il s’appliqua àconstruire des temples, à creuser des canaux, des forteresses, etc. C’est durant cette période que les enfants deTharé, ancêtres des Hébreux, quittèrent la Chaldée et la villed’Ur, pour se diriger, par la Mésopotamie septentrionale, vers la Palestine. À cette même époque, le triomphe dela partie sémitique de la population chaldéenne sur lapartie chamitique ou couschite devint définitif: la languesuméro-akkadienne cessa d’être d’usage vulgaire et passaà l’état de langue morte et savante.

Une seconde invasion vint bientôt interrompre la prospéritéde Babylone, celle des Kassi, les Cosséens ou Cissiensde la géographie classique, descendus de montagnesà l’est du Tigre. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 31, 124, 128; Die Sprache der Kossâer, p. 62-63; Pognon, dans le Journal asiatique, 1883, t. ii, p. 422-425; Id., Inscription de Bavian, p. 122-124; Records of thePast, new ser., t. i, p. 16; t. v, p. rai, 107 et suiv.; TheAcademy, 13 août 1892, p. 133. Leur domination sur laBabylonie dura près de six siècles (1747-1170), durantlesquels leurs inscriptions montrent qu’ils s’assimilèrentla langue, la civilisation et la religion de leurs sujets; mais elles sont muettes sur le côté politique, et ce sontles inscriptions assyriennes dites synchroniques qui nousapprennent que dès lors l’Assyrie commença la luttecontre la Babylonie, son ancienne métropole. C’est durantcette même période que la Babylonie entra en relationsavec l’Egypte. Les conquêtes des pharaons de la xviii 8 dynastie, principalement Tothmès 1Il et Aménophis II, dansle Boutennou, le Naharanna ou la Syrie, jusqu’à Cadès etCharcamis, leur permirent de soumettre passagèrementau tribut quelques princes babylonieus ou du moins assyriens, et de mentionner comme vassaux les princes d’Assur, Singar ou’Senkéréh, et peut - être Arach. Maspero, Histoire ancienne, 1886, p. 198-204; G. Rawlinson, Historyofancient Egypt., t. ii, p. 234-235, 255; Records of the Past, Annals of Tothmes III, t. ii, p. 46, 49, 61, new ser., t. v, p. 25-42. Mais les tablettes de Tell el-Amarna, tout en confirmantle fait de rapports suivis entre l’Egypte et la Babylonie, nous montrent que les monarques kassites de Babylonetraitaient avec les pharaons sur le pied d’égalité; elles nouspermettent aussi de constater qu’à cette époque la civilisation, et probablement l’autorité de Babylone, s’étendaientsur toute la partie occidentale de l’Asie: la langue babylonienne, plus ou moins modifiée, était alors la languede chancellerie de toute la Syrie et de la Palestine, y comprisJérusalem, dont les Hébreux n’avaient pas encorefait la conquête. Mais comme les inscriptions historiqueschaldéennes de cette époque font, pour ainsi dire, totalementdéfaut, nous ignorons la marche de ces agrandissem*ntssuccessifs de l’influence ou de la dominationbabylonienne; toutefois les inscriptions de Tell el-Amarna, émanées un peu de partout, ne laissent aucun doute surle fait lui-même. Records of the Past, new ser., t. ii, p. 57-71; t. iii, p. 55-90; t. v, p. 54-101; t. vi, p. 46-75; P. Delattre, Proceedings of the Society of Biblical Archseology, décembre 1890, p. 127 et suiv.; H. Winckler, Der Thontafelfund von El-Amarna; Halévy, dans leJournal asiatique, 1890, t. xvi, p. 298 et tomes suiv.

En tout cas, l’autorité de l’Egypte cessa d’être réelle enBabylonie, si elle l’y fut jamais, dès la XIXe dynastie, surtoutvers la fin de cette dynastie, qui marque pour l’Egypteune période d’abaissem*nt. Alors l’Assyrie, qui n’étaitdans l’origine qu’une colonie babylonienne, commenceavec Babylone une série de luttes qui finit par l’extinctionde la monarchie assyrienne. Ces luttes, interrompuespar des traités de paix peu durables, commencent dès lexive siècle ou la fin du xve. — Babylone secoue le jougdes KaSSites vers 1170; peu après, de 1055 à 1049, nousvoyons roi de Babylonie un Élamite dont le nom nous est

inconnu, non moins que les circonstances qui le portèrentau trône. — En 1049, la Babylonie ressaisit son indépendance; mais les renseignements historiques nousfont à peu près défaut, si l’on en excepte ce qui a traitaux luttes avec l’Assyrie, qui se poursuivent jusqu’à l’èrede Nabonassar. C’est en 747 que ce roi, en babylonienNabunaçir, monta sur le trône; toutefois aucun texten’indique que les Babyloniens eux-mêmes aient réellementpris cette époque comme point de départ de leurcomput chronologique. — L’Assyrie était alors une formidablepuissance, dont les conquêtes avaient déjà entaméla Syrie et la Palestine. Théglathphalasar, qui y régnait, envahit la Babylonie, dont il se déclara d’abord suzerain; bientôt il en prit même le titre de roi, et la gouvernadeux ans (728-726). Les textes babyloniens le désignentquelquefois sous le nom de Pulu, le Phul de l’Écriture, le Ilwpo «du canon de Ptolémée. Salmanasar, aussinommé en Babylonie Ulula ( 726-721), régna égalementsur l’Assyrie et la Babylonie; mais dès les premièresannées de Sargon, son successeur, Mérodach-Baladan, appuyé par l’Élam, secoua le joug assyrien et remontasur" le trône de Babylone (721-709). Sargon finit par ledétrôner, et prit comme ses prédécesseurs le titre de roid’Assyrie et de Babylone (709-704). Sennachérib, son fils, ne régna personnellement sur Babylone que deux ans(704-70.2); puis (702 à 688) plusieurs monarques nationauxy prirent le titre de roi, les uns comme vassaux del’Assyrie, les autres tout à fait indépendants; parmi cesderniers, il faut noter Mérodach-Baladan (702), le même quienvoya une ambassade à Ézéchias, adversaire, comme Mérodach-Baladanlui-même, de Sennachérib. Les Élamites, ennemis des Assyriens, entretinrent à Babylone toutes cesagitations, auxquelles Sennachérib mit fin en s’emparant denouveau de la Babylonie, en jetant en prison le roi nationalMusézib-Mardouk, en battant l’Élam, et en reprenantlui-même le gouvernement de la Babylonie (688-680).Asarhaddon, son fils (680-667), régna sur les deux paysjusqu’en 668, époque où il abandonna l’Assyrie à Assurbanipal, continuant lui-même jusqu’à sa mort, survenueun an plus tard, de gouverner Babylone. Assurbanipaldonna comme roi aux Babyloniens son propre frère, Samas-sum-ukin, le EaoaSouxi’vo; de Ptolémée (667-647).Celui-ci ayant suscité contre son aîné une formidablecoalition de tous les tributaires de l’Assyrie, y comprisManassé, roi de Juda, vit ses alliés battus tour à tour, puis son propre royaume ravagé, enfin fut pris et brûlévif. Assurbanipal réunit encore une fois entre ses mainsles deux monarchies (647-625). C’est à Babylone, où ilrésida lui-même assez longtemps, que Manassé de Judalui fut amené prisonnier.

Tandis, que vers cette époque et sous les faibles successeursd’Assurbanipal l’Assyrie eut beaucoup à souffrird’une invasion des Cimmériens et d’une révolte des Mèdes, Babylone, au contraire, prospéra entre les mains de sonroi Nabopolassar, Nabu-abal-usur (625-604), au pointque, quand Ninive fut de nouveau assiégée par Cyaxarele Mède, Nabopolassar se joignit à lui pour en finir avecla suzeraineté de l’Assyrie. Ensemble ils prirent et pillèrentNinive, mirent fin à la monarchie assyrienne et s’enpartagèrent les dépouilles (606 [?]). Babylone hérita del’Élam, de la vallée de TEuphrate, de sa suzeraineté oudu moins de ses prétentions sur la Syrie, la Palestineet l’Egypte. Ce dernier pays était alors aux mainsd’un prince national, Néchao II ( XXVIe dynastie), quivoulut aussi profiter de la chute de Ninive pour serendre maître de la Syrie, afin de n’être plus exposé àvoir pénétrer jusqu’au cœur de l’Egypte les invasionsmésopotamiennes. U envahit donc la Palestine, battit ettua Josias de Juda à Mageddo, IVReg., xxiii, 29; II Par., xxxv, 20, conquit le pays jusqu’à TEuphrate, et commençaà assiéger Charcamis, Nabopolassar envoya contreNéchao son fils Nabuchodonosor, qui battit les troupeségyptiennes à Charcamis (606[ ?j), reprit possession de la

Syrie, occupée par Néchao, et de la Palestine, où il reçutla soumission de Joakim, et poursuivit le roi d’Egyptejusqu’à Péluse. C’est là que Nabuchodonosor apprit lamort de son père; il traita donc avec Néchao, se réservantde reparaître plus tard dans la vallée du Nil, etrevint en toute hâte à Babylone prendre possession dutrône.

Nabuchodonosor (604-561) eut l’un des règnes les plusglorieux et les plus longs de la monarchie babylonienne, et son souvenir éclipsa celui de ses faibles successeurs.Les circonstances l’obligeaient à reprendre pour sonpropre compte le plan des monarques assyriens Asarhaddonet Assurbanipal: assurer sa domination sur toutel’Asie occidentale, et dans ce but soumettre l’Egypte.Malheureusem*nt les Phéniciens et les Juifs, excités parl’Egypte sans doute, supportaient impatiemment le jougbabylonien et négociaient avec Néchao. Instruit de cesintrigues, Nabuchodonosor (602) revint en Palestine, battit Joakim, lui imposa un fort tribut et en exigeades otages. Joakim s’étant révolté de nouveau, comptantsur l’appui de l’Egypte et des Phéniciens de Tyr, attiraune seconde fois contre lui l’armée babylonienne: Jéchonias, qui venait de remplacer son père sur le trône (599), futdétrôné, envoyé prisonnier avec dix mille hommes à Babylone, et remplacé par Sédécias. Ce dernier, profitant dequelques embarras survenus à Nabuchodonosor sur lesfrontières de l’est, renouvela la tentative de ses prédécesseurs, sans plus de succès. Nabuchodonosor revint mettrele siège devant Jérusalem (588), détruisit la ville et letemple. Ce prince fit de nombreuses campagnes, maisil se signala surtout comme infatigable bâtisseur. L’orgueilqu’il en conçut et le châtiment qui le suivit sontracontés dans les Livres Saints, et aussi, fragmentairement, dans les auteurs anciens.

Nous savons peu de chose des successeurs de ce prince; Evilmérodach (561-559), fils de Nabuchodonosor, fut détrônéet mis à mort par son beau-frère, gendre du mêmemonarque, Nériglissor, Nergal - Sar - icçur (559-556), qui travailla aussi activement à l’embellissem*nt de la capitale; mais comme à sa mort il ne laissait pour héritier qu’unenfant, le Labosorrakos de Bérose, on pronostiqua que cetenfant régnerait en tyran, et on le mit à mort. Sans douteque sous ces pronostics des astrologues chaldéens se cachaitla crainte de n’avoir pour défenseur qu’un enfant, au moment où, sur la frontière de l’est, Mèdes ou Persesdonnaient déjà des sujets d’inquiétude. Le chef de laconspiration, Nabonide ou Rabu-nahid, fils d’un granddignitaire sacerdotal de l’empire, monta sur le trône(555-538); mais il s’occupa beaucoup de restaurer lestemples anciens de la Chaldée, et trop peu, semble-t-il, de la puissance croissante des Perses; de plus, le bonaccord cessa vite entre lui et ceux qui l’avaient portéà l’empire. Cyrus, qui venait de joindre à son royaumede Perse celui du Mède Astyage profita de cet accroissem*ntde puissance pour déboucher par le nord dela Mésopotamie. Au lieu de marcher à sa rencontre, Nabonideenvoya pour protéger la frontière babylonienne sonfils Baltassar, Bel-Sar-ufur, qui paraît avoir été associéà l’empire même avant cette époque. Mais Cyrus n’envahitla Babylonie proprement dite que huit ans plustard, en 538. Nabonide, s’étant porté à sa rencontre, futbattu à Rutu, et se replia sur Babylone. Cyrus l’y suivit, l’y assiégea, et s’empara de la ville un jour de fête, en ypénétrant par le lit de TEuphrate desséché, et sans douteaussi aidé des intelligences qu’il avait dans la place etavec le concours des ennemis de Nabonide. Baltassarfut tué; quant à Nabonide, Cyrus le fit prisonnier etl’envoya gouverner la Carmanie en qualité de satrape.Gubaru, le Gobryas d’Hérodote, vraisemblablement Dariusle Mède de Daniel, fut nommé satrape de Babylone: telle fut la fin de l’empire chaldéen restauré par Nabopolassar, illustré par le long règne de Nabuchodonosor.

Les principales villes chaldéennes gardèrent néanmoins

leur importance jusque sous les Séleucides et les Parthes: Babylone resta même une des capitales de l’empire desPerses. À plusieurs reprises elle tenta de reconquérir sonindépendance: Cambyse dut réduire Bardés et un prétenduNabuchodonosor; Darius, Nidintabel, puis Arahou, qui se donnèrent comme fils de Nabonide; en 508, encoresous Darius, Babylone secoua le joug pour vingt ans, mais fut reconquise et démantelée. Une nouvelle révoltela fit saccager par Xerxès. Alexandre voulait la reconstruireet en taire sa capitale; mais la mort l’en empêcha.Séleucus Nicator reprit son projet, mais après un cour! séjour dans cette ville, il bâtit non loin de là et surle Tigre une nouvelle capitale, Séleucie. Plus tard, les Parthes en construisirent une troisième en tace deSéleucie et sur l’autre rive du Tigre, Ctésiphon. Bienque ruinée, saccagée, abandonnée par les nouveauxsouverains, Babylone conserva encore les restes de sestemples, de sa religion, de. son antique civilisation, salangue et jusqu’à son écriture cunéiforme, au delà mêmede l’ère chrétienne: on possède une inscription datéede l’an m de Pacorus, 81 ans après J. -C. Mais peuà peu la ville se dépeupla, elle tomba en ruines, et cesruines, comme celles de toutes les vieilles cités chaldéennesqui l’entouraient, servirent de carrières et de matériauxde construction pour toutes les cités arabes qu’onéleva depuis dans ces régions. Le reste du pays demeuraà l’abandon: les canaux se comblèrent, de sorteque le sable et les eaux stagnantes des marais couvrentmaintenant en grande partie le territoire de l’empirechaldéen.

Soit directement, soit par l’intermédiaire de ses colonies, cet empire contribua-pour sa bonne part à la civilisationdu monde occidental. Une famille de Chaldéens, sous la conduite de Tharé, vint se fixer en Palestine; onsait quelle place à part tient dans l’histoire de l’humanitécette famille chaldéenne, qui devint le peuple juif. Dèscette époque du reste, la langue, l’écriture, et sans douteaussi les arts babyloniens, étaient déjà plus ou moins répandusdans l’Asie occidentale, Syrie, Palestine et Cappadoce.Les Assyriens, — autre colonie chaldéenne, —s’étaient chargés de les propager dans les contrées plusà l’est et au nord. Au point de vue scientifique, les bibliothèquesde textes cunéiformes récemment exhuméesmontrent que les anciens n’avaient point exagéré enattribuant aux Chaldéens l’invention des sciences, mathématiques, astronomie et astrologie: c’est d’eux que nousviennent les anciennes mesures, la division actuelle dutemps et de l’espace d’après le système sexagésimal.

L’emplacement de Babylone n’a jamais été ignoré, comme l’a été celui de Ninive: le Babil, le Birs-Nimroud, indiquent par leur nom seul que l’on a toujoursreconnu dans ces gigantesques amas de décombres lesrestes de la vieille capitale. Au sud de Babylone, Niffar(Nippour), Warka (Arach), Senkeréh (Larsa), Mughéii(Ur), furent explorés dès 1849-1855, par les Anglais Loftuset Taylor. En 1851-1854, une expédition y fut envoyéepar le gouvernement français, sous la conduite deM. J. Oppert, qui releva le plan de l’ancienne Babylone: la plupart des antiquités découvertes sombrèrent malheureusem*ntdans le Tigre. En 1876, George Smith achetapour le musée Britannique de Londres environ trois milletablettes, les Egibi-tablets, provenant de Babylone, et fortutiles pour la chronologie. De 1879-1882, Hormuzd Rassamexplora Abou-Habba (Sippara), la Sépharvaïm biblique, où il trouva le temple du Soleil et ses inestimables archives; le palais de Nabonide, à Borsippa; Tell -Ibrahim(Gutha). De 1875 à 1880, M. E. de Sarzec fouilla avecgrand succès le site nommé actuellement Tell-Loh, l’ancienneSirpourla ou LagaS, où il découvrit un palais, desstatues, des inscriptions, etc., remontant à la plus hauteantiquité. De 1884 à 1885, l’expédition américaine deWolfe fouilla aussi la Chaldée; et la ville de Niflar-Nippourfut explorée par Peters.

Voir, outre les auteurs cités col. 1109, W. K. Loftus, TraveU and Researches in Chaldma and Susiana, 1857; H. "Winckler, Geschichte Assyriens und Babyloniens, 1892; J. Menant, Babylone et la Chaldée, 1875; J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, 1862; E. de Sarzec, Découvertesen Chaldée, Paris, 1884 et suiv.; A. Amiaud, TheInscriptions of Telloh, dans les Records of the Past, newser., t. ietil; Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek,

t. iii, Berlin, 1800.

E. Pannier.

    1. BABYLONIEN##

BABYLONIEN (hébreu: bén Babel, «fils de Babylone», Ezech., xxiii, 15, 17, 23; ’aniëBâbél, «hommesde Babylone», 11 (IV) Reg., xvii, 30; Bablaï, I Esdr., iv, 9; BaéuXtovto; , Baruch, vi, 1; Dan., Bel, xiv, 2, 22, 27), habitant de Babylone ou de la Babylonie, oubien originaire de cette ville et de ce pays. La Vulgatea traduit par Babylonien le nom de Babil ou Babjloneque porte le texte original, IV Reg., xx, 12.

BACA (Vallée de) (hébreu: ’Êméq habbâkâ’; Septante: r» |v xot^âSa toû xXau9|j.ûvoc; Vulgate: Vallis lacrymarum), vallée par laquelle le poète sacré voit en espritpasser les pèlerins qui se rendent à la sainte montagnede Sion. Ps. lxxxiii (hébreu, lxxxiv), 7. Ce texte est assezobscur, et l’on se demande s’il faut faire de Bâkâ’unnom propre ou un nom commun. Gesenius, Thésauruslingux hebr., p. 205, rattache ce mot à la racine inusitées «3, bâkâ’, identique à nss, bâkâh, «pleurer,» et traduit’Êméq habbâkâ’par «vallée des pleurs». Il n’admet pascependant le sentiment des interprètes qui voient ici unevallée de deuil en général: l’article défini placé devantBâkâ’indique une vallée spéciale, et donne à l’expression’Êméq habbâkâ’le caractère d’un nom propre. À cettesignification première de «pleurer» pourrait se joindrecelle de l’arbre appelé baka. Certains auteurs, en effet, disent que >03, bâkâ’, a le sens de «dégoutter» ( comme

des larmes); d’où le nom pluriel d’nss, bekd’îm, employé

II Reg., v, 23, 24; I Par., xiv, 14, pour désigner un arbusted’où découle un suc résineux semblable au baume..

Cet arbuste, appelé en arabe Sj, bakâ, aurait donnéson nom à la vallée. Cf. F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ûber das Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 109; Fr. Delitzsch, Biblical commentaryon the Psalms, trad. F. Bolton, 3 in-8°, Edimbourg, 1881, t. iii, p. 6; G. B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 128, au mot Bâcha. Delitzsch, ouvr.cité, p. 5, refuse à’Êméq habbâkâ’la signification de «vallée de larmes», parce qu’en hébreu «pleurs» se dit>33, bekî, nsa, békéh, msa, bâkût, et non pas nds,

bâkâ’. D’un autre côté cependant il faut remarquer quetoutes les anciennes versions, Septante, Vulgate, paraphrasechaldaïque, syriaque, arabe, ont rendu bâkâ’parun nom commun, et ont vu ici l’idée de pleurs, de deuil. «La Massore, ajoute Rosenmiiller, note que ce mot estécrit une fois avec aleph, lorsqu’il aurait dû être écritavec hé final. On sait que ces deux lettres permutentsouvent; ainsi nsn, râfâh, II Reg., xxi, 16, 22, avec hé,

est écrit avec aleph, nst, râfâ’, dans le passage parallèle, I Par., xx, 4, 6, 8.» Scholia in Vêtus Testamentum, Psalmi, Leipzig, 1823, t. iii, p. 1467.

Si maintenant nous étudions le contexte, voici commentla strophe du Ps. lxxxiv doit se traduire d’après l’hébreu:

ꝟ. 6. Bienheureux l’homme (ou ceux) dont la force est en toi;

Des routes ( sont) dans leur cœur.% 7. Passant par la vallée de Baka,

Ils la changent en un lieu de sources; ꝟ. 8. La pluie ( la) couvre aussi de bénédictions*

Ils vont de force en force;

Ils apparaissent devant Dieu dans Sion.

D’après plusieurs auteurs récents et autorisés, l’idéedéveloppée dans cette strophe est celle d’un pieux pèlerinagedont le sanctuaire de Sion est le terme; nombreuxsont les obstacles, mais avec l’aide de Dieu on est surde les surmonter. Ces «routes» que les Israélites fidèles «ont au cœur», c’est-à-dire qui sont l’objet constant deleurs pensées et de leurs affectueux désirs, ne représententpas une marche morale ou mystique; les «sentiers» toutcourt ne désignent pas ordinairement les «voies de Dieu».Elles indiquent plutôt l’ensemble des chemins qui, de tousles points de la Palestine, conduisent à Jérusalem. Aumoment venu, c’est-à-dire aux principales fêtes de l’année, les pieux pèlerins les parcourent avec courage, sans selaisser arrêter par les difficultés. Leur foi et leur saintenthousiasme transforment, pour ainsi dire, en fraîcheset délicieuses oasis les endroits les plus arides qu’ilsdoivent traverser, — comme la vallée de Baka, — et produisentsur ces ciéserts le même effet qu’une pluie bienfaisanteou une source d’eaux vives., Cf. L. Cl. Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1892, t. iv, p. 259-260; H. Lesétre, La Sainte Bible, le livre des Psaumes, Paris, 1883, p. 401; .J. A. van Steenkiste, Liber Psalmontm, Bruges, 1886, t. n„ p. 746-747.

En somme, on peut prendre Baka pour un nom propreavec un sens symbolique. Mais où se trouvait cette vallée?on n’en sait rien. L’Ouadi el-Bakd, *LCJ! ^àlj, «valléedes pleurs,» signalé par Burckhardt dans l’a contrée duSinaï, doit son nom à une circonstance toute particulièreet n’a aucun rapport avec le cantique sacré. Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 619. E. Renan, dans sa Vie de Jésus, Paris, 1863, p. 69, place cette localité à Ain él-Haramiyéh, à peu prèsà mi-chemin entre Nâplouse et Jérusalem, et, d’après lui, dernière étape des. pèlerins qui venaient du nord à la villesainte. «La vallée est étroite et sombre; une eau noiresort des rochers percés de tombeaux qui en forment lesparois. C’est, je crois, la «vallée des pleurs», ou deseaux suintantes, chantée comme une des stations du chemindans le délicieux psaume lxxxiv, et devenue, pourle mysticisme doux et triste du moyen âge, l’emblème dela vie. Le lendemain, de bonne heure, on sera, à Jérusalem; une telle attente, aujourd’hui encore, soutient lacaravane, rend la soirée courte et le sommeil léger.» Renan donne à baka" le sens de «suinter»; mais Delitzsch, ouvv. cité, p. 6, fait justement remarquer quecette idée est rendue dans Job, xxym, 11, par >sa, behî,

et non par >oa, bâkâ’. Ensuite cette application ne concordepas avec le texte sacré, qui nous représente la valléede Baka comme une contrée aride, ce que n’est pas Aïn, élrHaramiyéh, dont l’auteur assombrit un peu le tableau.

A. Legendre.

    1. BACBACAR##

BACBACAR (hébreu: Baqbaqqar; Septante: Bux6ax6p), lévite de la descendance d’Asaph, un des premiershabitants de Jérusalem après la captivité. I Par., ix, 15.Selon la Vulgate, il aurait été charpentier: carpentarius.Mais le texte hébreu porte hérés, dont la signification estsans doute «ouvrage d’artisan», mais qui ici est plus probablementun nom propre. Pour donner à ce mot lesens d’artisan, il faut changer les points-voyelles et lire «JjtârâS».

    1. BACBUC##

BACBUC (hébreu: Baqbûq, abrégé de Baqbuqyâh(cf. H Esdr., xi, 17; xii, 9, 25, hébreu), «Jéhovahdévaste, dépeuple,» allusion à la captivité de Babylone; Septante: Baxêoûx), Nathinéen dont les fils revinrentde la captivité avec Zorobabel. I Esdr., ii, 51; II Esdr., vu, 53 (hébr., 35).

    1. BACCHIDE##

BACCHIDE (Septante: Baxx’8°/1?> «fils deBacchus» ), un des généraux de l’armée syrienne sous AntiochusEpiphane, qui avec Timothée fut défait par Judas Machabée.II Mach., viii, 30. II devint gouverneur de Mésopotamie,

I Mach., vii, 8, et fut honoré du titre d’ami du roi(col. 480) à la cour de Démétrius Soter. Ce prince l’envoyaà trois reprises différentes en Palestine à la têted’une nombreuse armée. La première fois, ce fut pourmettre le traître Alcime en possession du souverain pontificat(col. 339). Après s’être emparé de Jérusalem, ilfit mettre à mort une foule de zélateurs de la loi, et, laissant au nouveau pontife un corps de troupes syriennescapable de le défendre contre les entreprises des Machabées, il retourna à Antioche. I Mach., vii, 8-20. Mais, quelques mois après, Alcime était expulsé, et Nicanor, battu à Capharsalama, trouvait la mort dans un secondcombat près de Béthoron. I Mach., vii, 25-47. Bacchidedut revenir avec de nouvelles forces. Il rencontra dansla haute Galilée l’armée des Juifs, réduite à 800 hommes.Judas par sa valeur qui suppléait au nombre allait encorel’emporter, lorsqu’il se vit tourné par l’ennemi et tombaglorieusem*nt sur le champ de bataille de Laïsa. I Mach., ix, 18. Délivré de ce redoutable ennemi, Bacchide putrétablir la domination syrienne dans le pays malgré Jonathas, qui continuait à tenir les montagnes du Sud. Celui-cimême n’échappa que grâce à son audace. I Mach., ix, 15.Maître de presque toute la Palestine, le général de Démétriusfortifia plusieurs places, y laissa des garnisons, pritdes otages et s’en retourna près de son maître, qui devaitavoir reçu la lettre écrite par le sénat romain en faveurdes Juifs. I Mach., ix, 52-57. Deux années à peine écoulées, la faction syrienne le rappela. Le succès ne répondantpas à l’espérance, dont il s’était flatté, d’anéantirl’insurrection, il tourna sa colère contre les Juifs infidèlesqui l’avaient appelé. Jonathas, voyant qu’il voulait la paix, lui envoya des ambassadeurs: les conditions furent acceptées, et Bacchide s’en revint dans son pays. I Mach., ix, 72. E. Levesque.

    1. BACCHUS##

BACCHUS (grec: AkStoito; ; Vulgate: Liber), II Mach., VI, 7; XIV, 33, fils de Jupiter et de Sémélé, d’après la

[[File: [Image à insérer]|300px]]
411. — Bacchus. Peinture de Pompéi.

Real Museo Borlxiiieo, Naples, 1830, t. vi, pL 5Î.

fable (fig. 411). Bacchus (Ba’xx «Ç> de pâîw, «bavarder» )est un surnom sous lequel fut adoré à Rome le dieugrec du viii, Dionysos. Le culte de ce dieu, étroitementlié à celui de Déméter, la terre mère ou nourrice, eutd’abord pour objet de glorifier la force génératrice quele soleil communique à la terre, et qui fait naître de sonsein les deux principaux aliments de l’homme, le fromentet le fruit de la vigne, le pain et le vin. Ce culte paraît 137E

BACCHUS

1376

s’être maintenu pendant de longs siècles, à Eleusis, danssa pureté primitive; mais partout ailleurs, et dans Athènesmême, aux fêtes de Dionysos, il fut l’apothéose de l’ivresseet de ses plus déplorables conséquences, le transportfurieux et les excès du libertinage. Plusieurs des surnomsde Dionysos font allusion aux effets du vin pris outremesure: Bpi<rafo; , de ppiSm, «être appesanti;» ’Iocxxo; , ’Ijjtoç, d’ià-^ti), «crier j» tri, «clameur, s C’était honorer

cives, telles que la cordace et la sicinnis, Lucien, Desait., xxii, exécutées au son des flûtes, des syrinx, descrotales, des cymbales et des tambours, mêlaient auxaccents de la voix le fracas d’une délirante musique. Cessons pressés, bruyants, et cette danse voluptueuse, netardaient pas à exciter l’enthousiasme déjà préparé parl’ivresse, puis la stupeur et l’extase. Dans cet état, lesfemmes, qui ne s’appartenaient plus, devenaient capables

412. — Bacchantes. Peinture de vase, fabrique d’Hiéron.D’après Gerhard, Trlnkschalen und Ge/dsse Ses TsSnigl. Muséum za Berlin. Taf. rv et v.

le dieu que de s’enivrer, ou au moins de simuler l’ivressependant les Lénéennes et les Dionysiaques (fig. 412).

Les noms des compagnes du dieu ne sont pas moinssignificatifs; ce sont les Ménades, (iouvocSei; , «femmes endélire,» et les Thyades, 6ucî8sç, «celles qui bondissent avecfureur,» de ôûto, «se précipiter.» Tout se réunissait pourles mettre hors d’elles-mêmes, le chant, la musique, ladanse et jusqu’à l’heure de la fête. À l’entrée de la nuit, un dithyrambe chanté sur un mode phrygien violent etpassionné pressait les femmes d’aller errer jusqu’au jourdans les solitudes des montagnes voisines. Des danses lasdes actes les plus sauvages. Écoutez les Bacchantes d’Euripide: «Oh! quelle joie, dans les montagnes, portant lasainte peau de cerf, ou de suivre le chœur rapide, ou des’en séparer, pour se jeter sur la terre et y déchirer deses mains les chairs saignantes des boucs!» Euripide, Bacchantes, p. 135. Voir la traduction dans Patin, Tragiquesgrecs, t. iii, p. 420. C’étaient les malheureusesbêtes amenées pour le sacrifice qu’elles dépeçaient toutesvivantes. Plus de six siècles après Euripide, Arnobe, t. v, col. 1118, reprochait les mêmes fureurs aux Ménadesses contemporaines. «Dans ces bacchanales, dit-il r

auxquelles vous donnez le nom d’Omophagies, vous enroulezdes serpents autour de vous, et pour faire voir quevous êtes remplies de la majesté d’un dieu, vous mettezen pièces, de vos dents ensanglantées, malgré les cris desvictimes, les viscères de quelques boucs.»

On célébrait les Omophagies (repas de chair crue) enl’honneur de Dionysos Omestès (mangeur de chair crue); or il fallait à ce dieu, même chez les Grecs, des victimeshumaines. La veille de la bataille de Salamine, pendantque Thémistocle offrait sur sa trirème un sacrifice auxdieux, on lui amena trois jeunes prisonniers d’une beautéremarquable, qu’on disait neveux de Xerxès. Aussitôt ledevin Euphrantide prit l’amiral par la main et lui ordonnad’immoler ces jeunes gens à Bacchus Omestès. Thémistocleobéit. Plutarque, Themist., xm.

Si le dieu de l’ivresse inspire la cruauté, il excite plus

[[File: [Image à insérer]|300px]]
418. — Bacchus sur une monnaie de Maronée (Thrace).

Tête, de Bacchns, couronné do pampres. — Sj. AI0NT2OTSQTHPOS MAPONITQN. Bacchus, debout, tenant unraisin de la main droite.

directement encore au libertinage. Les poètes grecs l’ontbien compris; on le voit par le langage qu’ils prêtent àleurs Ménades (Euripide, Bacch., 400 et suiv.; Aristophane, Acharn., 1085), et aussi par les processions qu’oncélébrait en l’honneur du dieu dans la fête des Dyonisiaquesou Bacchanales. Dans les Acharniens, Aristophanedécrit une de ces fêtes. Un personnage de la pièce, Dicéopolis, organise, au début de la comédie, une processionbachique en miniature; sa tille marche la première, faisant fonctions de canéphore; un esclave la suit, portantun emblème obscène, et Dicéopolis ferme la marche, en chantant un hymne digne du dieu qu’on honore.Acharn., 260. Les processions véritables (6îac701) étaientencore plus scandaleuses: des silènes ouvraient la marche, des satyres étaient disséminés sur les flancs de la colonnepour y maintenir l’ordre, distingués les uns et les autrespar leurs honteux attributs; et vers les derniers rangs de lapompe mystique, l’impur symbole, de dimensions colossales, apparaissait, porté en triomphe sur un char splendide.Athénée, V, 27-32, édit. Teubner, 1887, t. i, p. 438-449; Hérodote, ii, 48, 49. Les hommes et les femmes, quijouaient le rôle de Ménades, portaient le tbyrse et étaientcouronnés de lierre, la plante consacrée â Bacchus, surnomméxMjsoSéto; , «ceint de lierre.» Hedera gralissimaBaccho, «le lierre est très agréable à Bacchus,» ditOvide, Fast., iii, 767. Cf. Longus, Past., iii, 7; Nonnus, Dionys., viii, 8; Plutarque, De Isid. et Osir., 37. Ledieu lui-même était figuré comme un jeune homme efféminé(9r)Xû(iop<poî, Euripide, Bacch., 353; Eusèbe, Chronic., il, t. xix, col. 397-398), avec une guirlande de lierreautour de ses cheveux. Strabon, xv, p. 1038. Une médaillede Maronée représente une tête de Bacchus couronnéde lierre (fig. 413). Voir J. Nicolai, De rilu antiquo Bacchanal., dans Gronovius, Thésaurus antiquitatum grœcarum, t. vii, p. 173-220.

Ce culte sensuel et sanguinaire fut introduit en Asiepar les Séleucides. À cause de son caractère licencieux, il devait particulièrement répugner aux Juifs fidèles; aussi

D1CT. DE LA BIBLE

leur persécuteur, Antiochus IV Épiphane (175-164 avantJ.-C.), ne trouva-t-il rien de mieux, pour les initier auxmœurs païennes, que de les forcer à prendre part auxprocessions dionysiaques (Sioviioia), la tête couronnée delierre. II Macb., vi, 1. La participation forcée à ce culteimpie inspira aux Juifs une telle horreur j que, quelquesannées plus tard (161-160 avant J.-C), Nicanor les menaçait, comme dune des choses qui pouvaient leur êtrele plus pénibles, de consacrer à Bacchus le temple deJérusalem. II Mach., xiv, 33. Le troisième livre des Machabées, xi, 29, dans la Bible grecque, raconte que PtoléméeIV Philopator (222-204 avant J.-C.) avait auparavant, à Alexandrie, fait marquer des Juifs au fer rouge «d’une feuille de lierre, insigne de Bacchus», nxçxa^ifAcovucrou xtaToçuXXti»

Malgré cette antipathie si marquée des Juifs pour leculte de Bacchus, les Grecs et les Romains s’imaginèrentnéanmoins que c’était ce dieu que les descendants de

414.— Bacchus sur une monnaie d’^Elia Capitonna (Jérusalem).1MP ANTONINO AVG P P P ( Pio Patrl Palrtœ). Buste d’Antoninle Pieux, à droite, couronné de laurier, avec le paludamentum.— fy COL AE[I<]IA CAP. Bacchus, debout, tenantun raisin de la main droite et une lance de la main gauche; à ses pieds une panthère.

Jacob honoraient dans la fête des Tabernacles, parcequ’ils habitaient alors dans des tentes de feuillage, etc.Plutarque, Sympos., IV, 6, 2. Tacite avait mieux jugé, malgré les erreurs dans lesquelles il est tombé au sujetdes Juifs, lorsqu’il avait dit, Hist., v, 5, qu’on ne pouvaitassimiler les rites judaïques aux cérémonies dionysiaques: «nequaquam congruentibus institutis.» Cf. J. Nicolai, De phyllobolia, XIV, dans Ugolini, Thésaurus, t. xxx, col. mcclxv. Les païens n’en voulurent pas moins considérerJérusalem comme l’un des sièges du culte de Dyonisos, et les monnaies d’^Elia Capitolina représentent cedieu avec la panthère (fig. 414). Voir F. Madden, Coinsof the Jews, 1881, p. 252-253. C. Desroziers.,

    1. BACCI André##

BACCI André, médecin et philosophe, mort en 1587, surnommé Elpidianus, du lieu de sa naissance, Sant’Elpidio, dans la marche d’Ancône; il professa la bota*nique à Rome, et fut le médecin de Sixte - Quint. Aprèsla mort de ce pontife, le cardinal Ascanio Colonna l’attachaà sa personne. Parmi ses écrits, qui lui valurentune grande réputation, nous citerons seulement: Discorsodell’Alicorno, délia natura dell’Alicorno et délie sueexcellentissime virtu, in-4° Rome, 1573, 1587; in-8°, 1582; — Délie 42 Piètre preziose che risplendevanonella veste del somma sacerdote, in-4°, Rome, 1581. —Voir Saxius, Onom. Htter., t. iii, p. 462, 654.

B. Heurtebize.

    1. BACELAR Antoine##

BACELAR Antoine, appelé aussi Barcellos, mineurobservant portugais, a publié: Evangelium apologeticumpro consanguinitale S, Jacobi cum Christo Domino, in-4°, Coïmbre, 1631. P. Apollinaire.

    1. BACÉNOR##

BACÉNOR (Grec: Baxrjvwp), officier de cavaleriedans l’armée de Judas Machabée. II Mach., xii, 35.Quelques exégètes ont entendu la locution grecque: «tûvtoû Bax-fjvopoç,» du nom de la compagnie à laquelleappartenait Dosithée, le cavalier qui poursuivit Gorgias.

    1. BACHIÈNE Guillaume Albert##

BACHIÈNE Guillaume Albert, ministre protestant et

I. — 46

géographe, hollandais, né à Leerdam en 1712, mort en1783. En 1733, il était nommé prédicateur de la garnisonde Namur, et, en 1737, ministre à Eulenburg, où il restajusqu’en 1759. Appelé à Mæstricht, il y professa l’astronomieet la géographie. Il a laissé une importante descriptionde la Terre Sainte, sous le titre de AardrijkskundigeBeschrijving van het Joodsche Land, 1765,

9 cah. et 12 cartes.

B. Heurtebize.

1. BACMEISTER Lucas, ministre luthérien, né àLunebourg, en Saxe, le 18 octobre 1530, mort le 9 juillet1608. Il étudia la théologie* à Wittenberg, et fut précepteurdes fils de Christian III, roi de Danemark. Il futensuite professeur et ministre à Rostock, où il mourutâgé de soixante-dixhuit ans. Nous citerons de lui: Disputatiocomplectens summam et ordinem doctrinse in epistolaad Bebrseos traditse, de sacerdotio et sacrificioChristi, instituta, ut sludiosi ad leclionem ejus epistoUeinvitentur, in-8°, Rostock, 1569; Brevis explicatïo inhistoriam passionis, mortis et resurrectionis Christi,

, in-8°, Rostock, 1572, 1577; Explicatio Threnorum, in-8°, Rostock, 1603. Ce dernier ouvrage est quelquefoisattribué à son fils. — Voir P. Tarnovius, Oratio de vitaet obitu L. Bacmeisteri, in-4°, Rostock, 1C08; Dupin, Bibl. des auteurs séparés de l’Eglise romaine duxrn" siècle, Paris, 1719, t. ii, p. 34; Krey, RostockerGelehrten, t. iv, p. 33, Appendix, p. 26.

B. Heurtebize.

2. BACMEISTER Lucas, fils du précédent, théologien etministre luthérien, né à Rostock en 1570, mort en 1638.Il étudia d’abord le droit, puis la théologie, et en 1600 illut admis à professer à Rostock. En 1604, il était surintendantde cette ville, et l’année suivante était reçu docteuren théologie. Il fut ensuite surintendant des églisesde Gustrow. Ses ouvrages ont souvent été confondus avecceux de son père. Parmi ses écrits, nous mentionnerons: Explicatio. septem Psalmorum pœnitentialium et Psalmorumxvi, xvii, xxi, xxii, in-8°, Rostock, 1603; Explicatiotyporum Veteris Testamenti adwmbrantium Christumejusque personam, sacerdotiwn et bénéficia, in-8, Rostock, 1604. — Voir Jdcher, Attgemeines Gelehrten-Lexicon, Rostock, 1608, art. Bacmeister; J. Custerus, Memoria L. Bacmeisteri oratione parèntali posteritati

consecratse, in-4°, Rostock, 1639.

B. Heurtebize.

1. BACON Jean. Voir Jean de Baconthorp.

2. BACON Roger, frère mineur, docteur d’Oxford, futun des savants les plus merveilleux du xme siècle, où onlui donna le surnom de Docteur admirable. Toutes lessciences lui étaient familières; mais il paraissait se livreravec plus d’inclination à l’étude des mathématiques etde la chimie, au point qu’il s’est trouvé en mesure deprévoir les progrès qu’elles feraient jusqu’au siècle présent.Par suite, il fut, dit-on, accusé de magie, et eut àse rendre à Rome pour se justifier, ce à quoi il réussit.H est mort, croiton, en 1284, laissant des œuvres extrêmementnombreuses, parmi lesquelles on distingue: 1° Super Psalterium, dont le manuscrit est indiqué aucatalogue de la bibliothèque Bodléienne, folio 148, cod.2764, n. 7. — 2° De Vulgala editione SS. Bibliorum adClementem papam. Ibid., folio 88, cod. 1819, n. 218.

— 3° De Sacrée Scripturse profundis mysteriis. Cataloguede la bibliothèque Gray, à Londres, t. ii, fol. 42, cod. 22. Les écrits de Bacon contiennent aussi de précieuxrenseignements pour l’histoire de la Vulgate latine. VoirE. Charles, Roger Bacon, sa vie, ses ouvrages, in-8°, Paris, 1861; L. Schneider, Roger Bacon, in-8°, Augsbourg, 1873; P. Martin, La Vulgate latine au xiw siècle, d’après Roger Bacon, in-8°, Paris, 1888.

P. Apollinaire.

    1. BACUEZ Nicolas Louis##

BACUEZ Nicolas Louis, né à Loison (Pas-de-Calais)le 3 février 1820, mort au séminaire de Saint -Sulpice,

à Issy, le 31 août 1892. Il fit de solides études au petit*éminaire d’Arras, et, en 1842, vint au séminaire de Saint-Sulpiceachever son éducation ecclésiastique. Entré dansla compagnie de Saint -Sulpice, il fut envoyé à Rodez, puis à Lyon, pour y enseigner successivement la philosophieet la théologie morale. Il devint ensuite supérieurdu séminaire de philosophie à Angers et à Nantes. Appeléà Paris, en 1864, pour un cours d’Écriture Sainte, il lefit jusqu’à la fin de l’année scolaire 1891-1892. Il a publiéplusieurs ouvrages de piété remarquables, et de plus desQuestions sur l’Écriture Sainte, ou Programme détaillépour servir de guide dans l’étude des Saints Livres, avec indication des difficultés à résoudre, des recherchesà faire et des ouvrages à consulter, à l’usage des jeunesecclésiastiques et des prêtres du ministère, par un directeurdu séminaire de SaintSulpice, 2 in-8°, Paris, 1874.Les solutions ne sont pas données, mais l’ensemble desquestions met sur la voie. Son but était d’éveiller l’esprit, de lui faire trouver la vérité, selon la méthode de Socrate.Mais on attendait la réponse à ces questions; il ladonna sous forme de Manuel pour le Nouveau Testament: Manuel biblique, Nouveau Testament, 2 in-12, Paris, ouvrage devenu classique dans les séminaires de Franceet de l’étranger. La première édition est de l’année 1878, et depuis, jusqu’à la mort de l’auteur, sept éditions toujoursaméliorées ont paru. Érudition et modération, précisionet piété: telles sont les qualités de ce Manuel, fruit de longues réflexions et de patientes recherches. Ilprocède par questions et par réponses, estimant quecette méthode, malgré ses inconvénients, est plusavantageuse pour l’enseignement. Voir C. Le Gentil, M. Bacuez, directeur au séminaire Saint-Sulpice, in-12, Arras, 1892. E. Levesque.

    1. BADACER##

BADACER (hébreu: Bidqar, pour Ben deqar, «perforant;» Septante: BaSexip), salis (voir col. 979) de Jéhu, roi d’Israël. Il reçut l’ordre de jeter le corps de Joram, fils d’Achab, dans le champ de Naboth de Jezraël. IV Reg., ix, 25, 26.

    1. BADAD##

BADAD (hébreu: Bedad; Septante: Bapiô), pèred’Adad, un des rois de l’idumée. Gen., xxxvi, 35; I Par., i, 46.

    1. BADAÏAS##

BADAÏAS (hébreu: Bêdeyâh, probablement abréviationde’âbêdeyâh, «serviteur de Jéhovah;» Septante: BaSi’ta), un des fils de Bani qui, au retour de la captivité, se séparèrent des femmes qu’ils avaient prises contreles prescriptions de la loi. I Esdr., x, 35.

BADAN. Hébreu: Bedân, peut-être abrégé de’Abdân, comme en phénicien: Bodostor, pour Abdastor; d’autrespréfèrent l’étymologie Bén-Dân, «fils de Dan, Danite.» Nom de personnes.

1. BADAN (Septante: Bapetx), personnage mentionnécomme juge d’Israël dans un discours de Samuelau peuple. I Reg., xii, 11. On croit que ce nomde Badan ne désigne pas un juge distinct de ceux quenous connaissons par le livre qui porte leur nom; car on ne saurait guère admettre que la Bible, en racontantleur histoire, ait gardé un silence absolu surun homme que Samuel place à côté des plus illustreslibérateurs; et cette omission serait encore plus invraisemblablesi l’on admet, comme le font plusieurs, queSamuel est l’auteur du livre des Juges. Aussi les interprètess’accordent-ils généralement à dire qu’il faut reconnaîtredans le nom de Badan quelqu’un des jugesdont les Livres Sai..ts nous ont conservé le souvenir.Mais l’accord cesse quand il faut décider lequel d’entreeux est désigné par ce nom de Badan.

Quelques-uns veulent que ce soit Abdon, Jud., xii, 13-15, parce qu’on trouve dans les deux mots Abdon et

Badan les mêmes consonnes b, d, n. Certains autres identifientBadan avec Jaïr, Jud., x, 3, qu’on aurait appeléBadan, I Par., vii, 17, peut-être afin de le distinguer(si toutefois ce sont deux individus différents) d’un autreJaïr, descendant comme lui de Manassé. Num., xxxii, 41.Mais la solennité des circonstances dans lesquelles Samuelparle au peuple, et l’importance du rôle qu’il attribueaux héros dont il parle, ne permettent guère decroire qu’il soit question ici soit d’Abdon, soit de Jaïr, deux juges dont l’Écriture ne nous raconte aucun exploitparticulier.

BeaueoujTd’exégètes, adoptant la leçon de la paraphrasechaldaïque, voient dans Badan un surnom de Samson.Le fléau des Philistins étant de la tribu de Dan, Badanéquivaudrait à Ben-Dan ou Be-Dan, et signifierait «filsde Dan», c’est-à-dire Danite. Mais, comme le fait observerdom Galmet, In I Reg., xii, 11, «il est sans exempleet contraire à toute l’analogie de la langue sainte denommer vin Danite Bé-Dan, non plus qu’un homme deJuda Bé-Juda, ou un homme d’Ephraïm Bé-Éphraïm.» Ce sentiment ne paraît pas d’ailleurs pouvoir se concilieravec Hebr, , xi, 32; voir ci-dessous.

D’autres enfin pensent que Badan a été écrit pourBarac, par suite d’une erreur de copiste, à cause de lasimilitude des lettres d, T, et r, n; n final, , et qopk, p.Cette explication offre bien quelques difficultés chronologiques, puisque d’abord, d’après I Reg., xii, 10°, Badanserait postérieur à la servitude des Chananéens, et que, en second lieu, il serait venu après Gédéon. I Reg., xii, 11. Mais ces difficultés n’ont pas ici l’importancequ’elles pourraient avoir ailleurs, parce que Samuel, dans son discours, ne s’astreint nullement à suivre l’ordrechronologique. Ainsi l’oppression des Moabites y vientaprès celle des Chananéens, I Reg., xii, 9, qu’elle a précédéed’après Jud., iii, 12-30; iv. De même le prophètene fait pas correspondre exactement les noms des peuplesennemis d’Israël avec les noms des libérateurs qui les ontvaincus. I Reg., xii, 9, 11. De plus, tandis qu’il mentionneGédéon et Jephté, il passe sous silence les Madianites etles Ammonites, battus par eux. Rien d’étonnant par conséquentsi Badan vient après l’oppression chananéenne, et si, dans l’énumération des Juges, il est placé aprèsGédéon. Saint Paul, Hebr., xi, 32, qui répète avec unelégère modification le passage de I Reg., xii, 11, nommeaussi Barac après Gédéon, qui lui est certainement postérieur; de même qu’il nomme Samuel après David, sansdoute pour le rattacher aux «prophètes», dont il ouvrela série.

Ce passage de saint Paul offre un argument sérieux, quoique indirect, pour l’identification de Badan et deBàrac; car, selon toute apparence, c’est un emprunt faità I Reg., xii, 11; or, à l’endroit même où Samuel placeBadan, saint Paul met Barac. À cette preuve indirectes’en ajoute une autre directe, tirée des Septante, dusyriaque et de l’arabe, qui lisent Barac, I Reg., xii, 11; et c’est d’après les Septante sans doute que saint Paula mis Barac dans son énumération. Enfin certaines Bibleshébraïques portent aussi le nom de Barac; c’est doncprobablement le nom qu’il faut lire au lieu de Badan.L’omission de Barac serait d’ailleurs bien surprenantedans un texte où le seul général ennemi nommémentdésigné est précisément Sisara, celui auquel Barac infligeaune défaite si mémorable, tandis que la mentionde son nom dans ce passage est au contraire toute naturelle.E. Palis.

2. BADAN (Septante: BaSin; Codex Alexandrinus: BaSàv), fils d’Ulam, le fils de Galaad dans la descendancede Manassé. I Par., vii, 17.

    1. BADEHORN Sigismond##

BADEHORN Sigismond, théologien luthérien, né àGrossenhayn le 21 mai 1585, mort à Grimma le 6 juillet1626. Il fit ses études à Leipzig, où il devint professeur de langue hébraïque. On a de cet auteur: ArmaturaDavidica, in-4°, Leipzig, 1620; Explicatio psalmi xxv rin-4°, Leipzig, 1622. — Voir Adelung, Suppl. à Joche*, Allgem. GelehrtenLexicon; Diettmann, Chursâcksische

Priesterschaft, t. ii, p. 1071.

B. Heurtebize.

BADER Car], bénédictin d’Ettal, en Bavière, vivaitdans la première moitié du XVIIIe siècle. Il reste de lui: Saul, Israélitarum ex-rex, 1708; Samson Philistxorumflagéllum, 1709; Patientia calamitatum victrix in Job, Hussxo principe, 1711. — Voir Ziegelbauer, Hist. rei litterariseordinis S. Benedicti, t. iv (1754), p. 622; Adelung, Suppl. à Jdcher, Allgem. Gelehrten -Lexicon.

B. Heurtebize.

    1. BADET Arnaud##

BADET Arnaud, dominicain français de la provinced’Aquitaine, mort après 1534. Théologien renommé, ilremplit divers emplois importants dans son ordre, eten 1531 fut nommé inquisiteur général. Nous avons decet auteur: Margarita Sacrai Scripturse, in-4°, Lyon, 1529. — Voir Échard, Scriptores ord. Prxdicatorum,

t. n (1721), p. 96, 332.

B. Heurtebize.

    1. BADUEL Claude##

BADUEL Claude, théologien calviniste, mort en 1561.Né à Nîmes, il dut son éducation à la reine de Navarre, sœur de François I er. Jeune encore, il obtint une chaireà Paris, qu’il conserva jusqu’à ce qu’il revînt dans sa villenatale, comme recteur Tl’un collège qui venait d’y êtrefondé. En 1555, il se retira à Genève, afin d’y professerlibrement les erreurs calvinistes qu’il avait embrasséesavec ardeur. Il devint même ministre de cette secte, etenseigna dans cette ville la philosophie et les mathématiques.C’est à ce théologien que sont dues les annotationsqui accompagnent les livres deutérocaniques dansla Bible publiée, en 1557, par Robert Estienne: Bibliautriusque Testamenti ( latine Vêtus juxta edilionem Vulgatam... additis quoque notii Claudii Baduelliin librosVeteris Testamenti quos protestantes vacant apocryphos).On cite encore de lui: Orationes quatuor natalitisede ortu Jesu Christi, Lyon, 1552.

B. Heurtebize.

    1. BAENG Pierre ou Bsengius##

BAENG Pierre ou Bsengius, théologien suédois, néà Helsinborg en 1633, mort évêque luthérien de Wiborgen 1696. Il fut professeur à l’université d’Abo. On a delui un commentaire latin assez estimé: Commentariusin epistolam ad Hebrœos, in-4°, Abo, 1671.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BAËR Frédéric Charles##

BAËR Frédéric Charles, théologien protestant, né àStrasbourg le 15 novembre 1719, et mort dans cette villele 23 avril 1797. Parmi ses ouvrages, nous mentionnerons: Dissertation philologique et critique sur le vœude Jephté, in-8°, Paris et Strasbourg, 1765. — Voir Quérard, La France littéraire, t. i, p. 150.

B. Heurtebize.

    1. BAEZA##

BAEZA (Diego de), commentateur espagnol, né âPonferrada en 1600, mort à Valladolid le 15 août 1647.Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Salamanque, en 1618. H enseigna la philosophie à Palenciaet à Valladolid. Appliqué ensuite à la prédication, il yacquit une grande réputation. Il a publié: Commentariamoralia in Evangelicam historiam, 4 in-f°, Valladolid, 1623-1630; réimprimé à Venise, Paris, Lyon, Cologne.Le premier volume contient «Divi Josephi, B. Marias etChristi magnalia»; le deuxième, «Vocationes et conversionesa Domino Jesu peractæ omnia illius miracula etnobiliores prophetias adimpletas;» le troisième, «Prophefeea Jesu dicta? et nondum adimpletee, ejus sermoneset in illis apertiores similitudines;» le quatrième, «Parabolaeet historiae adductse a Jesu.» — Commentaria allegoricaet moralia de Christo figurato in Veteri Testamento, 7 in-f°, Valladolid, 1632 et suiv.; réimprimé àLyon, Paris et Venise. Le premier volume comprendAdam, Jacob, Isaac et Daniel; le deuxième, Moïse; letroisième, Abraham et Josué; le quatrième, David; le

cinquième, Salomon, Absalom et Caïn; le sixième, Esther, Joseph, Susanne, Michée et Naboth; le septième, qui estposthume, Jérémie. — Ces ouvrages du P. Bæza eurentune grande vogue, surtout parmi les prédicateurs.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BAGATHA##

BAGATHA (hébreu: Bigfâ’; en persan: Bagâta, «fortuné;» Septante: BapaCî), un des sept eunuques àla cour d’Assuérus. Esth., i, 10.

    1. BAGATHAN##

BAGATHAN (hébreu: Bigfân et Bigfdnâ’; en perse: Bagadâna, «don de Dieu»; Septante, Txêatàa [avant lechap. I; ailleurs ils omettent ce nom ]), un des deux eunuquesde la cour d’Assuérus, qui formèrent le desseind’assassiner le roi (voir col. 1143). Mardochée eut connaissancedu complot, qu’il découvrit au roi par l’intermédiaired’Esther; et les deux eunuques fuient pendus. Ilsétaient «gardiens du seuil» du palais; les Septante, quiomettent leur nom, lés appellent àp-/io-<<)jj.aT091lXaxe; , «chefs des gardes du corps.» Ils prétendirent que lemotif de leur mécontentement était la préférence que leroi montrait pour Mardochée. Mais il n’est pas probableque ce dernier fût déjà connu d’Assuérus; car, après ladécouverte du complot, il ne reçoit aucune récompense; il ne paraît pas avoir attiré l’attention du roi. Esth., ii, 21; "vi, 2; xii, 1. E. Levesque.

    1. BAGOAS##

BAGOAS, forme grecque* du nom de l’eunuqued’Holopherne, dont le nom est écrit Vagao dans la Vulgate, Judith, xii, 11, 13, 15, etc. Voir Vagao.

BAGUE) anneau que l’on porte au doigt. Voir Anneau, 2°, col. 633.

BAGUETTE. Voir Bâton et Verge.

    1. BAHEM##

BAHEM (variantes: baken, bæn), mot employé parla Vulgate, I Mach., xiii, 37: «Nous avons reçu la couronned’or et le bahem que vous nous avez envoyés.» C’est ainsi qu’elle rend le grec faîvrp, ou mieux fiàïv.(Grotius fait de patvrj un dérivé de piïj; mais gafvrjvdu Codex Vaticanus vient plutôt de la répétition fautivedu relatif fy: pafvr]v î]v, pour Bae’v îjv.) BàV; signifie «palme»; les auteurs classiques l’emploient en ce sens.Cf. A. Sophocles, Greek lexicon of Bonian and Byzantineperiods, in-8°, Boston, 1870, p. 295. C’est un mot d’origineégyptienne: les nervures médianes des frondes dupalmierdattier s’appelaient en ancien égyptien bai,

J 1 1 4, en copte baï. V. Loret, La flore pharaonique,

in-8°, 2e édit., 1892, p. 35. La palme se nommait 60 etban. — Les commentateurs ont très diversem*nt expliquéle mot bahem de la Vulgate. Pour les uns, ce serait unornement composé d’anneaux d’or et de perles en formede collier. Cf. du Cange, Glossarium médise et infimselatinitatis, 1733, 1. 1, col. 925. Pour d’autres, c’est un vêtement’, une robe baie; c’est ainsi du reste que le mot greca été rendu par le syriaque: P, i-r**Yi> Selahiufo’, «robe,» C. A. Trommius, Concordantiss grsecse, p. 239.Sous la forme de la variante bæn, le mot de la Vulgatene semble qu’une transcription du grec pâïv. Le mieuxest donc de lui donner le même sens. D’ailleurs, au ꝟ. 51du même chapitre, la Vulgate traduit le mot paiov, synonymede fia?; , par «rameau de palmier». Enfin ce quirend certaine cette traduction, c’est le passage parallèleH Mach., xiv, 4. On offre à Alcime «une couronne d’oret une branche de palmier» (grec: çûtvixet).

E. Levesque.

    1. BÀHR Cari Christian Wilhelm Félix##

BÀHR Cari Christian Wilhelm Félix, théologien protestantné à Heidelberg le 25 juin 1801, mort à Offenburg le15 mai 1874. Il fit ses études à Heidelberg et à Berlin de1818 à 1822, devint en 1824 diacre à Pforzheim et en 1829pasteur à Eichstetten. En 1838, il fut choisi comme membredu conseil ecclésiastique de’Carlsruhe et prit une part

active à toutes les affaires ecclésiastiques du duché deBade jusqu’au 1 er mars 1861, où il prit sa retraite. Il afait le commentaire de III et IV Rois, Die Bûcher derKônige, in-8°, Bielefeld, 1868, dans le TheotogischhomiletùchesBibelwerk de J. P. Lange. On a de plus delui Commentar zum Kolosserbrief, in-8°, Bâle, 1833; Symbolik des mosaischen Cultus, 2 in-8°, Heidelberg, 1837-1839; 2e édit., 1874, ouvrage qui a valu une granderéputation à son auteur; Der salomonische Tempel mitBerûcksichtigung seines Verhâltnisses zur heiligen Architekturûberhaupt, in-8°, Karlsruhe, 1848.

    1. BAHR Joseph Friedrich##

BAHR Joseph Friedrich, théologien protestant, néen 1713, mort en 1775. Il étudia à Leipzig, et fut successivementdiacre à Bischofswerda (1739), pasteur à Schœnfeld(1741), et enfin surintendant. On à de lui, entre autresouvrages: De sapientissimo legis et Evangeîii nexii, Leipzig, 1749; Lebensgeschichte Jesu Christi, m%; ParaphrasticheErklârung des Bûches Hiob, in-4°, Leipzig, 1764, ouvrage qui contient des notes savantes et expliqueavec succès plusieurs passages difficiles.

L. Guilloreau.

    1. BAHRDT Karl Friedrich##

BAHRDT Karl Friedrich, théologien protestant, né le25 août 1741 à Bischofswerda, dans la haute Saxe, mortà Halle le 23 avril 1792. Sa conduite déréglée l’empêchatoujours d’acquérir une instruction sérieuse; il cachait cedéfaut de science solide par l’abondance et la facilité desa parole, de l’esprit et une grande assurance et hardiessed’opinion. Adversaire déclaré de la théologie orthodoxeprotestante, il niait le surnaturel et professait le déismepur. Professeur successivement à Leipzig, à Erfurth, àGiessen, etc., il ne put se maintenir nulle part, à causede la singularité et de l’impiété de ses doctrines et desdésordres de sa conduite. Il lui fut enfin permis de sefixer à Halle (1779): c’est là qu’une mort prématuréevint mettre un terme à ses scandales. Parmi ses nombreusesproductions, qui ne lui ont guère survécu, onpeut citer comme œuvres scripturaires: Commentariusin Malachiam cum examine critico, in-8°, Leipzig, 1768; Hexaplorum Origenis quæ supersunt, u tomi, in-8°, Lubeck, 1769-1770; Die neuesten OffenbarungenGottes verteutsch, 4 in-8°, Riga, 1773 (col. 380); Apparatuscriticus ad formand. interpret. Vet. Testamenti, in-8°, Leipzig, 1775; Die kleine Bibel, 2 in-8°, Berlin, 1780; Briefe uber die Bibel in Volkston, 6 part, in-8°, Berlin, 1782-1783; Das Neues Testament qder BelehrungGottes des Jesu und seiner Apostel., 2 in-8°, Berlin, 1783; Ausfûhrung der Plans und Zweckes Jesu in Briefen, 12 part. in-8°, Berlin, 1784-1793; Griechisch-deutschesLexicon uber das Neue Testament, in-8°, Berlin, 1786; Fata et res gestse Jesu Christi grsece ex iv Evangeliisordine chronologico, in-8°, Berlin, 1787; DieletztenOffenbarungen Gottes, 2 t. in-8 3, Francfort, 1791. VoitF. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., t. ii, j>. 401-402; Prutz, K. Fr. Bahrdt, dans Raumer’s Historisches Taschenbuch, année 1850.

E. Levesque.

    1. BAHURIM##

BAHURIM (hébreu: Bahurim; Septante: Bapaxîp.et Bao>pi|j.), petite localité à l’est de Jérusalem. Abnery passa en conduisant Michol, fille de Saûl, de Gallimà Hébron; c’est de là qu’il renvoya son mari, Phaltiel, II Reg., iii, 16, peut-être parce que la localité se trouvaitsur les frontières de la tribu de Benjamin, et qu’il n’osaitpas l’emmener sur le territoire de Juda, qui reconnaissaitdéjà l’autorité de David. — C’est du même endroit quesortit Séméï, à l’époque de la révolte d’Absalom, lors dela fuite de David, pour lui jeter des pierres et des malédictions, en marchant à côté de lui sur les hauteurs quidominaient le chemin. II Reg., xvi, 5-13. La circonstanceque Séméï était un Benjamite semble indiquer denouveau le territoire de Benjamin. — Peu après, nous yrencontrons les deux messagers fidèles de David, Achimaaset Jonathan;-ceux-ci, étant poursuivis par les satei

lites d’Absalom, se cachent à Bahurim, dans une citerne.II Reg., xvii, 18. — On croit encore avec vraisemblancequ’il faut tenir Bahurim pour la patrie d’Azmavefh leBaharumite, un des vaillants guerriers de David. I Par., si, 33; cf. II Reg., xxiii, 31. Voir Azmaveth 1.

Le chemin que suivit David en descendant du montdes Oliviers, II Reg., xv, 32; xvi, 1, ne saurait être quel’ancien chemin de Jérusalem à Jéricho, qui traversecette montagne, et sur laquelle on trouve encore destraces d’une voie romaine. Cette route, après avoir traversél’ouadi el - Laftljâm, passe près d’une ruine, Khirbetbouquei’dân, sur le versant septentrional de l’ouadi er-Rawâbi, et, après avoir traversé aussi ce torrent, elle lesuit du côté du midi, sur une distance d’environ vingtminutes. Sur tout ce trajet^le chemin, en longeant l’ouadi, est dominé du côté méridional par un massif de hautescollines, aux flancs assez raides. Les six sommets qu’onremarque, séparés par de larges cols, portent (de l’ouestà l’est), lés noms suivants: Ràs zaiyin, Djebel el-azouar, Râs ez-zambî, Ed-dahr, El-mountàr, Râs’arqoubes-saffà. Sur le versant méridional du Râs ez-zambî etdu col suivant, on trouve les traces d’une ancienne localité; la ruine s’appelle Khirbet ez-zambi.

Il n’y a pas de doute que ce ne soit sur ces hauteurs qu’ilfaille placer la scène des violences de Séméï: plus loin, dans la direction de Jéricho, la route reste constammentsur un plateau, jusqu’au point où elle s’unit à la routeactuelle; aussi le chemin suivi par Abner, II Reg., iii, 16, ne saurait se trouver plus loin vers l’est. Bahurim parconséquent devra s’identifier avec l’une des deux ruinesindiquées, les seules que nous avons pu trouver dans cesenvirons. Mais le choix entre les deux est difficile. SiBarclay, dans Smith’s Dictionary of the Bible, 1. 1, p. 162, semble se prononcer pour Khirbet bouqei’dan, c’estqu’il ne devait pas connaître l’autre ruine. L’endroitnommé, étant plus loin vers l’ouest, semble plutôt devoirêtre sur le chemin de Gallim à Hébron, — quoique l’autreendroit aussi soit traversé par un sentier venantdu nord.

— Ensuite si l’ouadi er-Rawûbi, comme il y a lieu de lecroire, formait ici la limite des deux tribus, le Khirbetez-zambî n’aurait plus appartenu à la tribu de Benjamin.D’autres circonstances néanmoins sont en faveur de cetautre lieu. Le texte de II Reg., xvi, 5 et 13, ne laissepas supposer que Séméï, en sortant de Bahurim, devaittraverser un ouadi pour monter à la hauteur où il pouvaitsuivre le roi son ennemi. Aussi le Khirbet ez-zambî, se trouvant sur le col et sur le versant méridional de lacolline, répond mieux à un renseignement donné parJosèphe, Ant. jud., VII, IX, 7, d’après lequel les deuxmessagers de David, pour se cacher à Bahurim, devaients’écarter de leur chemin ( iy.Tpaitévreç-tr); 660û).

D’autres hypothèses, émises par divers savants, ne noussemblent aucunement répondre aux données du textesacré. Abou-dls, suggéré par Schubert, Guérin, Liévinde Hamme, est au sud-est d’El’Azarîyéh (Béthanie), etne pouvait par conséquent appartenir à la tribu de Benjamin; cette opinion encore supposerait que David, aussibien que ses deux messagers, aurait fait un immensedétour, peu compatible avec les circonstances de leurfuite précipitée, — Cette dernière remarque s’appliqueégalement à Khirbet’Almît, qui est à six kilomètres environau nord-est de Jérusalem, au delà de’Anàta. Aussiy cherche-t-on en vain la hauteur dominant le chemin ausortir de Bahurim, — détail topographique exigé par II Reg., xvi, 5 et 13. — Il est vrai que cette hypothèse ( défenduepar Schwarz, Marti, Conder, von Ilummelauer) a en safaveur l’autorité du Targum de Jonathan, qui dans letexte des livres de Samuel remplace constamment Bahurimpar Alémeth. Cf. I Par., vii, 60 (hébr., vi, 45); cf. Ahnon, Jos., xxi, 18. Mais, pour les raisons déjà données, nous ne saurions voir dans cette assertion du Targumqu’une simple erreur, due à la circonstance que lesdeux mots Bahurim et Alémeth peuvent l’un et l’autre

se traduire par «jeunesse». Nous ne croyons pas dureste que ce soit là la vraie signification de ces noms.Il est préférable de traduire, avec Fûrst, Alémeth par «lieu caché» et Bahurim par «lieu profond, enfoncementde terrain». Et l’on peut remarquer en passantque d’après cette explication le nom de Bahurimconvient mieux au site du Khirbet bouqei’dân qu’àcelui du Khirbet ez-zambl; les deux noms sont même àpeu près synonymes: bouqei’dân signifiant «vallon desmoutons.»

Les renseignements des auteurs du moyen âge manquenttrop de précision et d’autorité pour les discuter ici. Cf. Tobler, Topographie, t. ii, p. 767. — Pour plus de détails, on peut consulter notre article Aus der Umgegend vonJérusalem, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. xiii, 1893, p. 93-107, 114-118.

J. P. VAN KASTEREN.

BAIE. Les lexicographes hébreux expliquent par baiele mot gargerlm, pluriel de gargar, qui ne se lit qu’unefois dans la Bible hébraïque, Is., xvii, 6. Il désigne dans

  1. ce passage le fruit de l’olivier. L’olive est ainsi appelée

par le prophète, à cause de sa forme ronde, de la racinegârar, qui a, entre autre sens, celui de «rouler». LaVulgate a traduit gargerlm par «olives».

    1. BAIER Johann Jakob##

BAIER Johann Jakob, médecin et naturaliste, né à Iéna le14 juin 1677, mort à Altdorf le 14 juillet 1735. Il étudia lamédecine dans sa vdle natale, et, après avoir visité le nordde l’Allemagne, fut reçu docteur à Iéna. Il fit partie du collègedes médecins de Nuremberg. En 1703, il fut nomméprofesseur de physiologie et de chirurgie à Altdorf, etdirecteur du jardin botanique de cette ville. Un an aprèssa mort parurent ses Animadversiones physico-medicsein Novum Testamentum, in-4°, Altdorꝟ. 1736. — VoîrAdelung, Suppl. à Jôcher, AUgem. GelehrtenLexicon.

B. Heurtebjze.

BAÏF (Jean Antoine de), poète français, né en 1530à Venise, où son père était ambassadeur, mort en 1592.Ami de Ronsard, il voulut introduire dans les vers françaisla cadence et la mesure des vers grecs et latins, enparticulier dans son Psaultier commencé en intention deservir aux bons catholiques contre les Psalmes des hérétiques( Jean Antoine de Baïfs Psaultier, metrische Bearbeitungder Psalmen zum erstcn Mal herausgegeben vonD r E. J. Groth, dans la Sammlung franzôsischer Neudrucke, n» 9), in-12, Heilbronn, 1888.

BAIKTILAITH. Voir Bectileth.

    1. BAILEY Anselme##

BAILEY Anselme, théologien et musicographe anglais, mort en 1794, publia une édition de l’Ancien Testamenten anglais et en hébreu: Tlie Old Testament Englishand Hebrew, ivith remarks critical and grammaticalon the Hebrew and corrections of the English, 4 in-8°,

Londres, 1774.

B. Heurtebize.

    1. BAINES Ralph##

BAINES Ralph, philologue anglais, né dans le Yorkshire, mort en 1560. Il fut professeur royal d’hébreu àParis, et devint plus tard évêque de Coventry et de Lichtfield, sous la reine Marie; mais pendant le règne d’Elisabethil perdit cet évêché. Il a laissé: Libri très commentariorumin Proverbia Salomonis ex ipsis Hebreeorumfontibus manantes, in-f°, Paris, 1555; Prima rudimentain linguam hébrxam, in-4°, Paris, 1550. — Voir Biblioth.Gesneriana, p. 752. L. Guiixoheau.

BAIN. Les bains sont plusieurs fois mentionnés dansl’Écriture, et ils sont même prescrits dans certains caspar Moïse, qui avait attaché à ces purifications un caractèrereligieux. Lev., xiv, 8-9; xv, 5-8, etc.; xvii, 16; xxii, 6; Num., xix, 7, 19; Deut., xxiii, 11. Le grand prêtredevait se baigner ( hébreu: râhas) avant sa consécrationet avant et après le sacrifice d’expiation. Exod., xxix, 4;

Lev., viii, 6; xvi, 4, 24. Cf. Hérodote, ii, 37. La chaleurdu climat de l’Orient et la grande quantité de poussièrequi en est la suite rendent les bains nécessairespour conserver la santé et pour éviter en particulier lesmaladies de peau. Ézéchiel, xvi, 4, parle du bain desenfants nouveau-nés; il est question des bains de toilettedans Ruth, iii, 3; dans le second livre des Rois, xi, 2; dans Judith, x, 3; cf. Ezech., xxiii, 40; ils étaient complétéspar des onctions de parfums, comme nous levoyons dans tous ces passages et Dan., xiii, 17. Néhémieraconte que, pendant que les Juifs de son temps reconstruisaientles murs de Jérusalem, ils ne quittaient leursvêtements que pour se baigner. II Esdr., iv, 23. Plusieurscommentateurs entendent, Marc, vii, 4, en ce sens que lesPharisiens se baignaient, quand ils revenaient de la placepublique. Cf. Luc, xi, 38.

1° Lorsqu’on le pouvait, on se baignait dans l’eau couJosèphe parle d’un château d’IIyrcan à l’est du Jourdain, où il y avait, dans la cour, des eaux jaillissantes, et d’unpalais d’Hérode à Jéricho, auprès duquel étaient de vastespiscines destinées à procurer le plaisir du bain et de lanatation aux hôtes du roi. Ant.jud., XII, iv, 11; XV, m, 3, t. i, p. 456, 578. Cf. J. Harmburger, Real-Encyclopâdiedes Judenthums, Neustrelitz, 1874, p. 146. Il yavait des bains dans le dernier temple, pour l’usage desprêtres, au-dessus des chambres appelées Abtines etHapparvah. Voir Yoma, m; Lightfoot, The Temple in Ihedays of our Saviour, xxiv, Works, Londres, 1684, t. i, p. 2013. Des allusions à l’art de nager se lisent dans Isaïe, xxv, 11, et dans Ézéchiel, xlvii, 5. Cf. Act, xxvii, 42. 2° Quant aux bains minéraux, quelques commentateursont cru qu’il y était déjà fait allusion dans la Genèse, xxxvi, 24, où il est parlé de la découverte d]une sourced’eaux chaudes, d’après la traduction généralement admise

[[File: [Image à insérer]|300px]]
415. — Bain en Egypte. Thèbes. D’après Prisse d’Avesne, Monuments égyptiens, pi. xlv.

rante, comme les Égyptiens le faisaient dans le Nil, Exod., il, 5; comme le font aujourd’hui les habitants de Jérusalemà la fontaine de la Vierge. Moïse prescrit de se laver «dans des eaux vives», pour certaines purifications. Lev., XV, 13. Elisée ordonne à Naaman de se baigner sept foisdans le Jourdain pour se guérir de la lèpre. IV Reg., v, 10. Saint Jean-Baptiste, prenant le bain comme symbolede la purification des péchés et de la pénitence, baptise dans le Jourdain ceux qui suivent sa prédication.Matth., iii, 6-11; Marc, i, 5, Voir Baptême.

Cependant, comme les rivières sont très rares en Palestine, on prenait plus communément les bains dans les maisons.A Jérusalem, Bethsabée se baignait dans sa maison, II Reg., xi, 2, Susanne, à Babylone, dans son jardin, Dan., xiii, 15; Hérode, dans son palais, Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 13, édit. Didot, t. i, p. 570. On se lavait aussisans doute quelquefois par de simples affusions d’eau, comme on le voit sur une peinture égyptienne (fig. 415).Ce n’est que dans les derniers temps qu’il y eut des bainspublics proprement dits en Judée, à l’imitation des Grecset des Romains. Ils durent être établis, du temps d’AntiochusIV Épiphane, en même temps que les gymnaseset les éphébies. Cf. I Mach., i, 15; II Mach., iv, 9-13; Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1, t. i, p. 457. Cf. Mischna, Nedar., v, 5. Toutefois il est probable que les piscines mentionnéesdès le temps d’Isaïe servaient à cet usage. Is., xxii, 9, 11; IV Reg., xx, 20; n Esdr., iii, 15-16; Joa., v, 2; lî, 7 (xoXvu, ërj8pa, nalatoria, «lieu où l’on se baigne» ).

de la Vulgate, celles de Callirhoé, dans l’ouadi Zerka-Maïn, ou de l’ouadi el-Ahsor, au sud-est de la mer Morte, ou de l’ouadi Hamad, entre Kérek et la mer Morte. Lenom d’Émath (Blammat), Hammoth-Dor, Jos., XIX, 35; xxi, 32, doit tirer aussi son origine d’eaux thermales: onidentifie cette localité avec les sources chaudes de Tibériade, appelées Emmaùs. Josèphe, Bell, jud., II, xxi, 6, t. ii, p. 140; Ant. jud, , XVIII, ii, 3, t. i, p. 696. Cessources, comme celles de Gadara, capitale de la Pérée, et de Callirhoé, à l’est d.e la mer Morte, Bell, jud., i, xxxiii, 5, t. ii, p. 80, étaient bien connues et utilisées dutemps des Hérodes. Cf. Pline, H. N., v, 15, édit. Lemairc, t. ii, p. 475; Ammien Marcellin, xiv, 8, 11, édit. Teubner, p. 29.

3° Les bains de pieds étaient d’un usage très fréquenten Palestine, où la coutume de porter des sandales, quilaissaient à nu la partie supérieure du pied, et la naturedu sol, très poussiéreux, les rendaient indispensables.Us sont déjà mentionnés plusieurs fois dans la Genèse, xviii, 4; XIX, 2; xxiv, 32; XLm, 24.Voir aussi Exod., xxx, 19; Jud., xix, 21; IReg., xxv, 41; II Reg., xi, 8; Tob., vi, 2; Cant., v, 3; I Tim., v, 10. Cf. Luc, vii, 44; Joa., xiii, 5, De même que c’étaient des serviteurs ou des esclaves quiversaient l’eau pour se laver les mains, IV Reg., iii, Il, c’étaient des inférieurs qui essuyaient ordinairement lespieds. I Reg., xxv, 41; Joa., xiii, 5, 6; I Tim., v, 10.

    1. BAISER##

BAISER, signe naturel d’affection. En hébreu, neëîqâh

(Septante et Nouveau Testament: çOuina; Vulgate: osculum), mais le substantif est d’un usage rare, Cant., i, 2; Prov., xxvii, 6, dans l’Ancien Testament; on y emploiepresque toujours le verbe nâSaq ( çtXéo), xataipiXÉw; osculor, deosculor).

I. À toutes les époques, le baiser a été en Orient unemarque de respect aussi bien que de tendresse et unmode de salutation. L’Écriture le mentionne souvent.

— 1° Entre les parents et leurs enfants. Gen., xxvii, 26, 27; xxxi, 28, 55; xlvj, 29; xlviii, 10; l, 1; Exod., xviii, 7; Ruth, i, 9, 14; II Reg., xiv, 33; III Reg., xix, 20; Tob., vii, 6; x, 12; xi, 7, 11; Luc, xv, 20.— 2° Entre frères, prochesparents, époux ou amis intimes, soit à l’arrivée, Gen., xxix, 11, 13; xxxiil, 4, xlv, 14, 15; Exod., iv, 27; jud., xix 4; I Reg., xx, 41; Cant., i, 1, 10; vra, 1; Tob., ix, 8; Esth., xv, 15, soit au départ et à la séparation, III Reg., xrx, 20; Tob., x, 12. Cf. Prov., vii, 13. — 3° Le baiser comme salutation, tantôt sincère, tantôt perfide, entre personnes de mêmerang, quoique non parentes, est indiqué II Reg., xx, 9; Matth., xxvi, 49; Marc, xiv, 45; Luc, vii, 45; xxii, 47-48; Act., xx, 37. Cf. Prov., xxvii, 6. — Il est aussi une marquede condescendance, réelle, II Reg., xix, 39, ou affectée, comme dans le cas d’Absalom embrassant ceux qui viennentà lui pour se rendre populaire. Il Reg., xv, 5.Cf. II Mach., xiii, 24. — 4° Il est un signe de respectde la part d’un inférieur envers son supérieur. Luc, vii, 38, 45. L’Ancien Testament parle du baiser commed’une marque^ de vénération et d’adoration envers lesidoles. I (III) Reg., xix, 18 (hébreu); Ose., xiii, 2(hébreu). On rendait également hommage aux faux dieuxen se baisant la main en leur honneur. Job, xxxi, 27.Cf. Lucien, De sait., 17, édit. Didot, p. 348; Hérodien, iy, 15, édit. Teubner, p. 123; Pline, H. N., xxviii, 5 (25), édit. Teubner, t. IV, p. 166. Les vaincus baisaient la poussière, Ps. lxxi (hébreu: lxxii), 9; Is., xlix, 23, des pasde leurs vainqueurs (si toutefois l’on ne doit pas prendreces expressions dans un sens métaphorique). Cf. Mich., vu, 17; Xénophon, Cyrop., vii, 5, 32. Un certain nombred’interprètes considèrent comme un acte de respect lebaiser donné par Samuel à David, lorsqu’il le sacre roi, I Reg-, x, 1; plusieurs traduisent aussi dans ce sens l’hébreu: nasku bar, «embrassez le fils,» Ps, II, 12, etmême, Gen., xli, 40, les paroles obscures du Pharaonà Joseph: «Que tout mon peuple baise sur ta bouche» Ces interprétations, surtout pour le dernier passage, nesont pas généralement admises; la traduction de la Vulgate, Gen., xli, /.0: «Tout le peuple obéira au commandementde ta bouche,» est préférable. — Métaphoriquement, le baiser est l’image de l’attachement à une chose, Prov., iv, 8; Tit., i, 9, de l’entente et de la concorde.Ps. lxxxiv (hébreu, lxxxv), 11.

II. Dans le Nouveau Testament, plusieurs épîtres desaint Paul se terminent par ces mots: «Saluez - vous lesuns les autres par un saint baiser.» Rom., xvi, 16; l Cor., Xvi, 20; II Cor., xiii, 12; I Thess., v, 26. Voir aussi I Petr., v, 14. Ce baiser n’était pas seulement une salutation amicale, c’était aussi un acte symbolique de charité chrétienne.Voir S. Jean Chrysostome, Hom. xxx in II Cor., xm, 12, t. lxi, col. 606. À ce titre, il a été conservé dansla liturgie chrétienne, et «le baiser de paix» se donneencore dans les messes solennelles.

III. L’Écriture ne nous dit pas ordinairement si l’ondonnait le baiser sur la bouche, la joue, le front, le cou, cf. Act., xx, 37, ou la main. Elle mentionne le baisem*ntde la barbe, Il Reg., xx, 9, qui est encore aujourd’huicommun chez les Arabes, où les femmes et les enfantsembrassent la barbe de leur mari ou de leur père. LesProverbes, xxiv, 26, parlent du baiser sur la bouche.L’Ecclésiastique, xxix, 5, fait allusion au baisem*nt dela main, comme saint Luc, vii, 38, 45, au baisem*nt despieds. Cf. Matth., xxviii, 9.

IV. On ne baisait pas seulement les personnes, on baisaitaussi les choses. Esth., v, 2. C’est une coutume orientale de

baiser par respect les décrets royaux. Wilkinson, PopularAccount of the ancient Egijptians, t. ii, p. 203. L’AncienTestament mentionne le baisem*nt de la terre commemarque d’obéissance envers un supérieur. I Reg., xxiv, 9; Ps. lxxi (hébreu, lxxii), 9; Is., xlix, 23; Mich., vii, 17.

— Voir G. Gœzius, Philologema de oscufo.et J. Lomejerus, Dissertatip de osculis, dans Bl. Ugolini, Thésaurusantiquitatum sacrarum, t. xxx, col. mcljx-mccxviii.

    1. BAKE Reinhard##

BAKE Reinhard (en latin Bakius ou Backius), théologienprotestant, né à Magdebourg le 4 mai 1587, mortdans cette ville le 19 février 1657. Il se distingua commeprédicateur. On a de lui: Evangeliorum dominicalium expositio, en quatre parties. Ouvrage souvent réédité: in-4°, Schleusingen, 1640; in-4°, Lubeck, 1651, 1659; Francfort, 1677, 1689; in-4°, Leipzig, 1697. — Commentarius exegetico-practicusposthumus inPsalteriumDavidis, édité parson fils, Ernest Bake, in-f°, Francfort, 1664, 1666, 1683.L’auteur y a entassé beaucoup de matières prises chezd’autres commentateurs, mais il manque d’ordre et dejugement. — Reinhard Bake est mentionné dans l’Indicedes livres prohibés par l’Inquisition espagnole, publié àMadrid, en 1790. L. Guilloreau.

1. BALA (hébreu: Bilhâh; Septante: BaXXâ), servanteque Rachel avait reçue de son père Laban, lors de sonmariage avec Jacob, Gen., xxix, 29, et que Rachel elle~même, désolée de rester stérile, se substitua près de sonmari pour avoir des enfants par cette voie indirecte, comme avait fait autrefois Sara se substituant Agar prèsd’Abraham. Gen., xvi, 2. Bâla devint en réalité pour Jacobune épouse de second rang, comme le dit expressémentle texte: «Elle (Rachel) lui donna Bala pour femme, s>polygamie qui fut tolérée jusqu’à Jésus-Christ. Il fautremarquer l’expression employée par Rachel: «Allez àelle, afin que je reçoive entre mes bras le fruit de sonsein, et que j’aie des enfants par elle,» ou, selon l’hébreu: «afin que j’aie une maison (une postérité) par elle.» Gen., xxx, 3. Bala eut de ce mariage deux enfants, queRachel reçut, comme elle l’avait dit, et auxquels elleimposa les noms de Dan et Nephthali. Gen., xxx, 6, 8; cf. Gen., xxxv, 25; xlvi, 25; I Par., vii, 13. Dans la suite, et alors que Jacob habitait en Chanaan, Bala déshonoraison époux par des relations criminelles avec Ruben, filsaîné de Jacob. Gen., xxxv, 22. Il semble que, malgré cettefaute, Jacob lui laissa sa confiance, car elle paraît avoirété chargée par lui de l’éducation de Joseph, après quecelui-ci eut perdu sa mère. Gen., xxxvii, 2. Sur son litde mort, Jacob prononça des paroles de malédictioncontre son séducteur. Gen., xlix, 3-4. Quelques exégètesdoutent, maissans fondement, que Bala, la complicede Ruben, ait été la même que Bala mère de Dan et deNephthali. P. Renard.

2. BALA (hébreu: Bêla’, voir aussi Bêla; Septante: BïXéx), fils d’Azaz, de la tribu de Ruben, et habitantd’Aroer. I Par., v, 8. Voir Aroer 1, col, 1024.

3. BALA (hébreu: Bêla’; Septante: BaXân), ville situéesur les bords de la mer Morte, appelée depuis Ségor(hébreu: $ôar). Gen., xiv, 2. Voir Ségor.

4. BALA (hébreu: Bâlàh; Septante: BwXdt), ville deJuda, donnée plus tard à Siméon. Jos., xix, 3. C’est lamême que Baala, Jos., xv, 29, et I Par., iv, 29. VoirBaala 3.

    1. BALAAM##

BALAAM (hébreu: BU’dm; Septante: BaXaâu.), filsde Béor, que saint Pierre appelle Bosor, II Petr., ii, 15.Il habitait en Mésopotamie, Num., xxiii, 7; Deut., xxiii, 4, ~et non au pays des Ammonites, comme le porte la Vulgate, Num., xxii, 5, sans doute par une fausse interprétationdu mot’ammô, «son peuple.» La ville de Péthor, ,

sa patrie, Num., xxii, 5, et Deut., xxiii, 4, selon l’hébreu, ( la Pitru des inscriptions cunéiformes), était situéeau confluent de l’Euphrate et du Sagur (lign. 38-40 del’obélisque de Salmanasar). Voir Pethor.

I. Balaam est appelé par Baiac, roi de Moab. —Balaam passait pour un homme doué d’un pouvoir surhumainet capable d’opérer les plus grands prodiges: onattribuait une efficacité absolue à ses malédictions commeà ses bénédictions. Num., xxii, 6. Sa réputation s’étendaitfort’loin, par delà les frontières de la Mésopotamie et jusqu’auxrivages de la mer Morte. Aussi Balac, roi de Moab, pensa- 1- il devoir recourir à lui lorsqu’il se crut menacépar les Israélites, déjà vainqueurs de Séhon, roi des Amorrhéens, et d’Og, roi de Basan. Il lui envoya une ambassadecomposée d’anciens de Moab et de Madian, Num., xxii, 7, pour le prier de venir maudire ce peuple, qu’ilse sentait impuissant à repousser par la seule force desarmes. Les anciens croyaient pouvoir triompher de leursennemis par la vertu de certaines formules de malédiction.Cf. Macrobe, Satura., iii, 9. Balaam ne voulut passe rendre à cette invitation sans avoir consulté le Seigneur, la nuit suivante. On ne saurait dire si c’est Moïse qui metici le nom’de Jéhovah sur les lèvres de Balaam, ou si.celui-ci entendit, en effet, consulter le vrai Dieu et non defausses divinités; cf. plus loin, § v, col. 1392, et § viii, col. 1398. Quoi qu’il en soit, ce fut Jéhovah qui, personnellementou par l’intermédiaire d’un ange, vint versBalaam, — l’Écriture ne dit pas de quelle manière, — etlui défendit de partir. Celte défense arrêta Balaam, et lesenvoyés de Balac revinrent seuls vers leur maître. Le roide Moab ne se laissa pas décourager par l’insuccès de sonambassade; il en fit partir une seconde, plus imposanteque la première: les députés, plus nombreux, étaient aussides personnages plus considérables, «des princes,» Num., xxii, 35; à la place du prix ordinaire de la divinationapporté par les premiers, Num., xxii, 7, ils étaient chargésd’offrir à Balaam telle récompense qu’il voudrait. Num., xxii, 15-17. Le fils de Béor protesta bien que tout l’or dumonde ne pourrait rien contre les ordres de Dieu, enréalité l’appât des richesses l’avait séduit; au lieu de renvoyerles messagers sur-le-champ, puisqu’il connaissaitla volonté de Dieu, il les fit rester pour attendre qu’ilconsultât encore le Seigneur pendant la nuit, selon 3acoutume. Dieu lui donna alors la permission de partir, mais à la condition de ne faire que ce qu’il lui commanderait.C’était lui interdire de maudire Israël, cf. Num., xxii, 12; mais, aveuglé par la cupidité, il s’autorisa decette permission, extorquée par son importunité, ditOrigène, Homil. xm in Num., t. XII, col. 674-675, pour aller agir contre la volonté de celui qui la luidonnait; et il partit décidé à obtempérer aux désirs deBalac, comme le prouvent la colère de Dieu provoquéepar son départ (Num., xxii, 22, selon l’hébreu) et laréprimande de l’ange, ꝟ. 32.

II. L’anesse de Balaam. — Son colloque avec sonmaître. — Le Seigneur fit sentir sans retard cette colèreà Balaam par un des plus merveilleux prodiges dont laBible nous ait conservé le souvenir. Un ange se tint, une épée nue à la main, dans le chemin par où Balaam, monté sur son ânesse, passait avec deux de ses serviteurs.A la vue de l’ange, l’animal s’effraya, et il s’en alla à traverschamps, malgré les coups que lui donnait Balaam; mais l’esprit céleste se transporta plus loin et vint l’attendredans un chemin resserré entre deux murs depierre qui bordaient les vignes; l’anesse, en le voyantencore, se jeta contre un mur et meurtrit le pied de sonmaître, qui se mit de nouveau à la frapper. Enfin l’angese plaça dans un défilé où l’espace manquait pour s’écarterà droite ou à gauche, et cette fois l’anesse s’abattit.Balaam la frappa plus fort que jamais, c Et le Seigneurouvrit la bouche de l’anesse et elle parla: Que t’ai-jeFait? Pourquoi m’as-tu frappée déjà trois fois? Et Balaamrépondit: C’est parce que tu l’as mérité et que tu t’es

moquée de moi; que n’ai-je une êpde pour te tuer 1L’anesse lui dit: Ne suisje pas ta bête, sur laquelle tuas toujours eu coutume de monter jusqu’à ce jour? Dismoisi je t’ai jamais fait quelque chose de pareil. Et il dit: Jamais.» Num., xxii, 28-30.

Ce récit a donné lieu à des objections de tout genre.Les uns l’ont rejeté comme inacceptable; mais, dès lorsqu’on admet le surnaturel et le miracle, pourquoi refuserde croire que Dieu a employé ce moyen pour forcer Balaamà exécuter ses volontés? D’autres ont supposé quece passage est interpolé, sans toutefois en apporter d’autrepreuve que son caractère extraordinaire. Il en est quiadmettent l’authenticité du texte, mais dénaturent lefait raconté, dans lequel ils veulent voir un mythe, uneallégorie, une fiction poétique ou bien un songe. D’aprèsces derniers, tout se serait passé en vision, soit sur lechemin, soit peut-être même dans la maison de Balaamet avant son départ. De telles interprétations sont en contradictionavec le sens naturel du texte, qui porte toutesles marques d’un récit historique. Cf. II Petr., ii, 15-16.

III. L’ange du Seigneur et Balaam. — L’amour del’argent avait aveuglé Balaam au point de l’empêcher devoir la main de Dieu dans ce qui se passait; l’ange dutlui ouvrir les yeux comme il avait ouvert les yeux del’anesse, et se dévoiler à ses regards. À la vue de l’angeet de l’épée qui brillait dans sa main, il se prosterna lefront dans la poussière. L’envoyé de Dieu lui déclara qu’ilétait venu pour s’opposer à son voyage, à cause des mauvaisesintentions qui le lui avaient fait entreprendre, etpour être son adversaire. L’ange ajouta qu’il l’aurait tué, si l’anesse ne se fût détournée. Balaam confessa ouvertementsa faute à celui qui l’avait déjà lue dans le secretde son cœur, et se déclara prêt à retourner sur ses pas; mais l’ange lui ordonna, au contraire, de continuer sonchemin avec les princes de Moab, et il joignit à cet ordrela défense de prophétiser autre chose que ce qui lui seraitprescrit: la langue de Balaam va désormais ne se mouvoirque selon la volonté de celui qui a fait mouvoir lalangue de sa monture. Num., xxii, 31-35, 38; xxrn, 12, -20, etc. Cf. Jos., xxiv, 9.

IV. Balaam auprès de Balac. — Aussitôt que Balacapprit l’arrivée de Balaam, il s’avança à sa rencontre jusqu’àune ville «située sur les dernières limites de l’Arnoni> ( Ar - Moab, d’après les commentateurs modernes) fd’où il l’amena ensuite dans une autre «ville à l’extrémitéde son royaume» (hébreu: dans la ville de ffiiçôf), dont on n’a pu établir le site avec certitude. Num., xxii, 36, 39. Balaam paraissait être toujours dans lesdispositions où l’avaient mis les événements accomplispendant son voyage: «Pourrais-je dire autre chose quece que Dieu me mettra dans la bouche?» Num., xxii, 38, dit-il au roi, qui lui reprochait son retard à venir, et luiparlait de la récompense à attendre. Le lendemain de sonarrivée, Balac le conduisit dès le matin sur les hauteursde Baal (hébreu: Bâmôt-Bâ’al), au nord de Dibon, afin qu’il pût voir de là l’extrémité du camp des Israéliteset les maudire. Num., xxii, 41.

V. La prophétie de Balaam. — C’est sur cette montagneque Balaam commença de prononcer cette prophétietouchant les glorieuses destinées d’Israël qui arendu son nom si célèbre. Elle se compose de quatreoracles, encadrés dans autant de récits dont l’agencement, sauf pour le dernier, est identique: d’abord lespréparatifs, consistant dans le choix du lieu, l’offranded’un sacrifice et la consultation de Dieu, omise cependantavant le troisième oracle; ensuite l’oracle proprementdit; enfin un dialogue entre Balac et Balaam. Ces.oracles sont quatre petit* poèmes admirables par la constructionde la période poétique, la force et la concisiondu style, l’éclat et la variété des images, l’élévation et lamagnificencede la pensée.

1° Premier oracle. — Balaam fit dresser par Balac septautels, et ils mirent ensemble un veau et un bélier sur

chaque autel; puis, laissant auprès des victimes Balac etles princes de Moab, il s’en alla à l’écart, pour recevoirles ordres de Dieu. Num., xxiii, 1-3. On s’est demandéà qui était offert ce sacrifice; la réponse n’est pas douteuseen ce qui regarde Balac; il n’entendait pas évidemmentsacrifier à Jéhovah, le Dieu de ses ennemis; maisà Baal, probablement le même que Chamos. Num., xxt, 29. Quant à Balaam, il semble dire à Jéhovah quec’est à lui que les victimes ont été immolées, Num., xxii, 4, et cela paraît bien plausible après la leçon qu’ilavait reçue sur le chemin du pays de Moab. Sa consciencede païen lui permettait du reste d’honorer à la fois deuxdieux différents, ou bien peut-être son désir de plaireà Balac lui suggéra-til l’idée d’un sacrifice qui seraitoffert à Baal par ce prince, tandis que lui, Balaam, l’offriraiten son cœur au Dieu d’Israël, dont il était, bon grémal gré, le serviteur et l’organe dans cette circonstance.Il voulait d’ailleurs essayer, ajoute Théodoret, Quœst. xliiin Num., t. lxxx, col. 391, d’amener Jéhovah à changerde dessein, comme s’il avait affaire à ses fausses divinités.Jéhovah avait bien révoqué la défense qu’il lui avait faitede suivre les envoyés de Balac, Num., xxii, 12, 20; pourquoine révoquerait-il pas maintenant la défense de maudireIsraël? C’est peut-être ce dont Balaam veut s’assureren allant consulter le Seigneur au moyen «des présages».Num., xxiii, 3, 15; xxiv, 1. Cette pratique superstitieusede «chercher des présages», Num., xxiv, 1, a fait penserà beaucoup d’interprètes que Balaam allait consulter ledémon, et que ce n’est pas lui, mais Moïse, qui parle icide Jéhovah. Mais d’autres croient que c’est bien au vraiDieu qu’il allait s’adresser, quoiqu’il le fit à la manièredes devins; car il savait qu’il ne devait parler qu’an nomet d’après les instructions du Dieu d’Israël. Num., xxii, 20, 35, 38; xxiii, 12, 26. Ce qui est hors de discussion, c’estque la réponse attendue fut dictée et imposée par Jéhovah.

De retour auprès de Balac, Balaam la lui transmit dansla forme solennelle qui convenait à un oracle. Il ne pouvaitpas, disait-il, maudire celui que Dieu n’avait pointmaudit. Vainement on l’avait dans ce but fait monter surles hauteurs; il ne s’y tiendra que pour admirer ce peupleunique entre tous les peuples; nation choisie que labénédiction divine fait innombrable comme la poussière.Cf. Gen, xiil, 16. «Puissé-je, ajoute Balaam, mourir dela mort de ces justes! puisse la fin de ma vie ressemblerà la leur!» Num., xxiii, 10. Ce souhait du fils de Béorse rapporte-t-il à la vie future, comme le Veulent quelques-uns1? À en juger par l’ensemble du Pentateuque et parl’économie de l’Ancien Testament, on peut croire queBalaam exprime ici le désir d’une fin paisible, couronnantune vie longue et prospère. Cf. Gen., xxv, 8. Ce désirdevait être cruellement frustré, Num., xxxi, 8, parce queBalaam, dit saint Bernard, Serin, xxi in Cantic, 2, t. clxxxiii, col. 873, «souhaitait la fin des justes, mais iln’en voulait pas les commencements,» c’est-à-dire la vievertueuse qui conduit à cette fin. Pour le moment cependantil était fidèle à la mission que Dieu lui avait donnée, et il déclara à Balac qu’il ne pouvait y manquer, lorsque leroi s’indigna de ce que, appelé pour maudire, il bénissait.

2° Deuxième oracle. — Pénétré, comme on l’était communémentchez les païens, de l’importance du site en faitde prestige, Balac pensa qu’un changement de lieu amèneraitun changement dans les réponses de la divinité.Il conduisit donc Balaam sur une hauteur des montsAbarim, le mont Phasga, et le fit monter au sommet, en un endroit d’où il ne put voir qu’une partie du campd’Israël, ou bien, au contraire, d’où il pût voir toute l’arméeennemie: deux sens opposés du ꝟ. 13, dont chacuna ses partisans parmi les exégètes. «Mais Dieu n’est pas, comme l’homme, sujet à changer ses desseins,» Num., xxm, 19, dit Balaam en revenant de consulter le Seigneur, après avoir offert un sacrifice semblable au premier. LeDieu qui a fait sortir Israël de l’Egypte est toujours aveclui. Il n’y a point d’enchantement ni de charme contre ce

j peuple, ou, selon une autre interprétation à laquelleon peut ramener ce que dit Théodoret, Qusest. xliii inNum., t. lxxx, col. 394, il n’a pas besoin de cet*rt, cf.Deut., xviii, 10-22; il saura en son temps (par ses prophètes)ce que Dieu doit accomplir, disent les Septante, ce Dieudont la protection le rend invincible. Num., xxiii, 21-24.

3° Troisième oracle. — Ce second échec ne décourageapas Balac; il voulut faire une troisième tentative. Il fit doncdescendre Balaam du Phasga et le mena à l’ouest, plus prèsdu camp d’Israël, sur le mont Phogor, qui regarde le désert, Yesimôn, Num., xxi, 20; xxiii, 28, c’est-à-dire unerégiondésolée, située au nord-est de la mer Morte. Cetterépétition des sacrifices pour obtenir une réponse favorableest encore un trait commun au paganisme oriental et à celuide la Grèce et de Rome. Le jour où il fut tué, Jules Césaravait offert successivement cent animaux sans arriver aulitamen désiré (Florus, Hist. rom, , iv, 2); Paul-Émile ne.l’obtint qu’au vingtième sacrifice. Sept autels furent dresséssur le Phogor et reçurent les victimes; mais cette foisBalaam n’alla plus «chercher des présages»; ses deuxinsuccès précédents lui avaient assez prouvé que Jéhovahne cesserait pas de vouloir qu’il bénît Israël. Num., xxm, 27-xxiv, 1. Saisi de l’esprit de Dieu, il bénit doncpourla troisième fois son peuple, mais d’une manièreplus solennelle et dans le langage le plus magnifique: «Qu’ils sont beaux tes pavillons, ô Jacob! qu’elles sontbelles tes tentes, ô Israël!» Num., xxiv, 5. Balaamdécrit ensuite la prospérité d’Israël, sa puissance, sesvictoires, les bénédictions qu’il a héritées des patriarchesses pères; «son roi sera plus grand qu’Agag, et sonroyaume sera exalté.» Num., xxiv, 7, selon l’hébreu.

Quelques interprètes ont vu dans les deux parties duꝟ. 7 une prophétie messianique, et les Septante semblentleur donner raison; au lieu de traduire la première partiecomme la Vulgate: «L’eau coulera de son seau ( hébreu: de ses deux seaux), et sa postérité se répandra commeles eaux abondantes,» ils lisent: «Un homme sortira desa race, et il commandera à de nombreuses nations.» Ce sens est conforme à celui du chaldéen et du syriaque.Les paroles de la seconde partie: «Son roi sera rejeté àcause d’Agag, et son royaume lui sera enlevé,» pourraients’appliquer à Saül; mais le sens n’est pas le même dansl’hébreu actuel, qui porte: «Son roi sera plus grandqu’Agag, et son royaume sera exalté.» Ce passage assezobscur, diversem*nt lu et interprété, a été entendu duMessie par le chaldéen: «Leur roi… sera plus fort queSaùl…, et le royaume du roi Messie grandira.» On peutdire du moins que le Messie et son royaume sont indirectementdésignés ici dans la prophétie de la prospérité duroyaume d’Israël, qui figurait et préparait le royaumespirituel du Christ. Agag est, d’après plusieurs interprètes, le titre des rois d’Amalec. Voir col. 259.

Ce troisième oracle, qui renchérissait sur les deux premiers, mit le comble au mécontentement de Balac. Carnon seulement Balaam bénissait de plus en plus ses ennemis, mais il venait encore d’appeler sur Moab les malédictionscélestes par ces dernières paroles de son discours: «Maudit sera, [ô Israël, ] celui qui te maudira!» Le roiordonna donc à Balaam de s’en retourner dans son pays, non sans lui avoir fait remarquer qu’en écoutant Jéhovahil avait perdu la magnifique récompense qui lui était destinée; mais Balaam rappela à Balac qu’il ne pouvait parlerque conforménient aux ordres du Seigneur, comme ill’avait tout d’abord déclaré à ses envoyés. «Cependant, ajouta- 1- ii, je donnerai, en retournant vers mon peuple, un conseil concernant ce que votre peuple fera à celui-cià la fin.» Num., xxiv, 14. L’hébreu porte: «Je vousdounerai avis de ce que ce peuple fera contre le vôtredans les derniers temps,» ce qui ne permettrait pas devoir déjà dans ce verset l’intention de Balaam de donnerun conseil qui pût être nuisible aux Israélites; ces paroleaseraient plutôt une transition au dernier oracle. Cf. Num.^xxiv, 17. 1395

BALAAM

J390

4° Quatrième oracle. — Balaam reprit aussitôt son discours sans aucun préliminaire. Ce dernier oracle est leplus beau de tous; il a une portée bien plus haute etplus étendue que les précédents. On dirait que le souffleprophétique attendait ce moment, où Balaam, libre detoute préoccupation du côté de Balac, se livrerait sansréserve à l’inspiration divine, pour le soulever et l’emporterdans une région nouvelle. Quatre visions successivespassent sous ses yeux, et divisent ainsi cet oracleen quatre sections, comprises dans les fꝟ. 17-19, 20, 21-22, 23-24, du chapitre xxiv, et précédées d’un courtpréambule, fꝟ. 15-16, dans lequel Balaam rappelle samission en un langage assez obscur. Cf. fꝟ. 3-4.

1. «Je le verrai (hébreu: je le vois), mais pas maintenant; je le contemplerai (hébreu: je le contemple), mais pas de près. Une étoile sortira de Jacob, et un sceptres’élèvera du milieu d’Israël; et il frappera les chefs (hébreu: les deux côtés) de MOab, et il dévastera tous lesenfants de Seth (set, c’est-à-dire «confusion, tumulte» ).Et l’Idumée sera en sa possession, et l’héritage de Séirpassera à ses ennemis; mais Israël agira vaillamment(prévaudra en richesse et en force, d’après les Targums).De T acob viendra le dominateur ( appelérplus haut «étoile» et «sceptre» ); il perdra les restes de la ville.» Num., xxiv, 17-19.

2. Balaam, après avoir annoncé le Dominateur à venir, se tourna vers le pays des Amalécites, les première desGentils qui avaient attaqué Israël, Exod., xvii, 8, etil prophétisa leur ruine, qui arriva sous Saûl. I Reg., xv, 2-33 Ils furent presque exterminés sous ce prince, et si plus tard ils reparaissent quelquefois encore, c’estsous forme de tribus isolées ou de bandes de pillards; mais jamais plus comme constitués en corps de nation.I Reg., xxvii, 8; xxx, 1.

3. Balaam porte ensuite les yeux du côté des Cinéenset leur prédit qu’ils seront emmenés en captivité par lesAssyriens. Quels étaient ces Cinéens? Il est impossiblede rien préciser, faute de données suffisantes, sur lespeuples qui portent ce nom dans la Bible, voir Cinéens; mais on peut du moins penser qu’ils étaient de mêmerace que ceux dont Balaam voyait en ce moment le «nid» {qên, allusion à Qêni, «Cinéen» ). Le nom de la villed’Accaïn (hébreu: Haqqaïn), Jos., xv, 57, au sud-estd’Hébron, cf Jud., i, 16, identifiée par les explorateursanglais de VOrdnance Survey avec le village moderne deYoukin ou Yakin, rappelle le nom des Cinéens, et, duhaut du mont Phogor, Balaam voyait très bien le rochersur lequel était construite cette ville. Voir Accaïn, col. 105.La prophétie fut probablement accomplie contre les Cinéenstlela Galilée par Théglathphalasar, IV Reg., xv, 29, et contre ceux de la Judée par Nabuchodonosor; car lemot «Assyriens» doit se prendre dans un sens large, comme on le voit par I Esdr., vi, 22, et ici même, ꝟ. 21.

4. En effet, étendant cette fois le regard de son espritbien au delà de l’horizon visible dans lequel il s’étaitrenfermé jusque-là, Balaam annonce, dans le ꝟ. 24, laruine des Assyriens par des conquérants venus de l’Italie, c’est-à-dire de l’Occident (hébreu: Kittirn). Or les Grecset les Romains n’ont pas détruit la puissance assyrienne, mais les empires qui s’étaient élevés sur le territoire oùelle dominait autrefois. Ces nouveaux conquérants devaientaussi, d’après le voyant, ruiner les Hébreux. Paree mot, il faut entendre les peuples d’au delà de l’Euphrate, d’après l’étymologie. Keil est d’avis, avec Hofmann, que ces deux noms, Assuret Héber, s’appliquentici à l’ensemble des enfants de Sem: ceux des régionsorientales (y compris les Élamites), représentés par Assur; ceux des contrées occidentales, désignés sous la dénominationd’Héber. Keil, The Pentateuch (traduction anglaise), t. iii, p. 198-199. À leur tour ces derniers vainqueurspériront, «et pour toujours,» ajoule l’hébreu. C’est parcette prédiction que se termine toute la prophétie deBalaam.

VI. DU CARACTÈRE MESSIANIQUE DU QUATRIÈME ORACLE.

— Si l’on veut bien comprendre ce quatrième oracle, quiest là partie de beaucoup la plus importante de la prophétieet en constitue le point culminant, il faut ne pasperdre de vue les dernières paroles de Balaam à Balac, ꝟ. 14, par lesquelles il lui avait promis de lui découvrirce qu’Israël ferait à son peuple «dans les dernière jours» (hébreu), expression qui dans le langage de la Bible serapporte d’ordinaire au règne du Messie, déjà réalisé oupréparé par les événements de l’histoire d’Israël. Gen., xlix, 1; Is., ii, 2; Jer., xxx, 24; Ezech., xxxviii, 8, 16; Hebr., r, 2 (grec). Aussitôt après avoir prononcé cesparoles, Balaam rappelle, ꝟ. 15-16, d’une manière plussolennelle encore que précédemment, ꝟ. 3-4, l’espritprophétique qui le remplit et la sagesse divine qui le faitparler. Alors son regard, plongeant dans l’avenir le pluslointain, y découvre une étoile qui sort de Jacob, cf. Apoc, xxii, 16, un sceptre qui s’élève d’Israël, un Dominateurdont l’origine céleste est symbolisée par l’étoile, commele sceptre indique sa dignité royale et sa puissance.Cf. Gen., xlix, 10. Ce Dominateur est le terme extrêmevers lequel toutes les parties de l’oracle convergent; etses victoires successives ne sont que la préparation graduellede son triomphe final et de son règne éternel. Dusommet du Phogor, Balaam voit tour à tour tombersous les coups du Dominateur tous ses ennemis, et lecercle de sa vision s’élargit à mesure, jusqu’à embrasserles plus grands empires du monde, s’écroulant les unssur les autres pour faire place enfin à l’empire de celuique le voyant appelle l’Étoile de Jacob. De ce point devue, la prophétie de Balaam apparaît dans une grandioseunité, et son accomplissem*nt total est manifeste, tandisqu’il se montre imparfait ou difficile à reconnaître, si l’onse renferme dans l’histoire nationale des peuples, mentionnés.Si l’on veut, par exemple, avec certains interprètes, voir David dans le dominateur du ꝟ. 19, on nepeut lui attribuer toutes les victoires prophétisées. Carc’est à Saül et non à David qu’est due principalement laruine des Amalécites; les Moabites eux-mêmes, vaincuset soumis par David, II Reg., viii, 2, secouèrent plus tardle joug d’Israël, IV Reg., i, 1; iii, 4-5, et purent encorelui nuire, IV Reg, , xiii, 20-21, etc.; et, quant aux Iduméens, l’accomplissem*nt de la prophétie, commencé parDavid, II Reg., viii, 14; III Reg., xi, , 15-16, ne fut achevéqu’un peu avant l’avènement du vrai Dominateur, parJean Hyrcan, qui soumit définitivement les Iduméens etleur imposa la religion mosaïque. Il ne peut donc êtrequestion de David, dans la prophétie de Balaam, que pourune partie des événements prédits, et sans doute en tantque ce prince est considéré comme le type du vrai «Boides siècles», qui abat successivement tous ses ennemiset assied son trône sur les débris de leurs empires.Cf. Ps. cix, 2, et Apoc, xxii, 16.

Le passage relatif aux Cinéens semblerait toutefoisrompre l’unité de celle vision prophétique. En effet, queviennent faire ici, parmi les ennemis d’Israël vaincuspar son roi, les Cinéens, amis du peuple de Dieu ?I Reg., xv, 6; xxvii, 10; xxx, 29. Mais l’hébreu permet de résoudrecette difficulté. Balaam, après avoir prédit la ruinedes Amalécites, dit que le Cinéen, au contraire, a unehabitation stable et qu’il ne sera pas détruit, jusqu’autemps où Assur l’emmènera captif. C’est un constraste quirappelle, en en montrant les effets différents, la conduitetout opposée qu’avaient tenue quarante ans auparavant, envers Israël, les Amalécites, d’une part, et les Cinéensen la personne de Jéthro, de l’autre. Exod., xvii, 8-14; xviii; Jud., i, 16; iv, 17-22. Voir Keil, The Pentateuch^t. iii, p. 196. C’est donc toujours la puissance du Dominateurqui s’exerce vis-à-vis des Cinéens comme desautres, mais en les protégeant comme amis de son peuple.

Le ꝟ. 24, où Balaam voit la puissance de l’Occidentasservissant l’Orient, et détruite à son tour pour toujours, donne en deux mots comme une esquisse des tableaux

plus vastes dans lesquels Daniel dépeindra les grandsempires et le royaume messianique qui doit leur succéder.Seulement Balaam ne dit pas, comme Daniel, par quisera ruiné le dernier de ces empires. Est-ce que sa vueprophétique ne s’est pas étendue jusque-là, comme ledisent certains critiques modernes? Nous ne le croyonspas. D’abord ces mots «pour toujours» prouvent qu’àses yeux cette dernière ruine est due à une cause irrésistible, toute-puissante; et ensuite comment supposer queBalaam n’a pas vu ce destructeur, lui qui a débuté parces paroles: «Je le vois, mais pas maintenant; je le contemple, mais pas de près 1° La ruine du dernier conquérantn’est que le coup final de Celui qu’il n’a pas cesséde voir triompher de tous ses ennemis les uns après lesautres. Mais il importe peu du reste que Balaam ait saisiou non la portée de ses prédictions; leur caractère messianiqueest indépendant de l’idée qu’il pouvait s’en faire.

Si ce caractère messianique, que les Pères reconnaissentgénéralement à l’ensemble du quatrième oracle, n’est pasadmis de tous, il n’est du moins contesté de nos jourspar aucun des commentateurs chrétiens en ce qui regardeI’ «étoile de Jacob» et le «sceptre» du ꝟ. 17. Les anciennestraditions juives étaient constantes sur ce point; on le voitpar les Targums d’Onkélos et du Pseudo-Jonathan et parla paraphrase dite de Jérusalem. L’histoire nous fournit, deson côté, une preuve de cette tradition dans le crédit que, sous le règne d’Adrien, l’imposteur Simon trouva auprèsdes Juifs ses compatriotes; il prit le nom de Bar-Chochébas, «le fils de l’Étoile,» et le succès qu’il obtint montre bienqu’à cette époque l’Étoile annoncée par Balaam n’étaitautre pour les Juifs que le Messie même. Nous avons untémoignage historique encore plus frappant de cette traditiondans l’Évangile de saint Matthieu, ri, 2-4. Lorsqueles mages, arrivés à Jérusalem, demandèrent où était néJe roi des Juifs dont ils avaient vu l’étoile en Orient, Hérode ne fut nullement étonné; il ne demanda pas dequel roi et de quelle étoile ces étrangers voulaient parler; il le savait, puisqu’il s’informa seulement du lieu où devaitnaître le Christ. C’est que le Christ était pour lui, commepour les Juifs, le roi annoncé par l’étoile, ou plutôtl’étoile même, aussi bien que le sceptre, Num., xxiv, 17; c’était le Messie désigné ou rappelé ailleurs en destermes analogues, qui font ressortir la signification deceux-ci. Cf. Gen., xlix, 10; Mal., iv, 2; Zach., iii, 8; vi, 12; Is., ix, 2, etc.

La tradition chrétienne a continué celle de la synagogue, et si quelques-uns ont pensé autrement, au direde Théodoret, Qussst. xir in Num., t. lxxx, col. 394, lesentiment commun des Pères tient le ꝟ. 17 pour une prophétiede l’avènement du Messie. Cf. S. Jérôme, Epist.ad Oceanum, t. xxii, col. 695; Kilber, Analysis biblica, Paris, 1856, t. i, p. 97. Une tradition analogue devaitexister chez les nations de l’Orient qui connaissaient laprophétie de Balaam, comme l’indiquent les paroles desMages, Matth., ii, 2, mais adaptée aux idées régnantesdans le paganisme. Les Mages, «qui connaissaient d’avancel’apparition de l’étoile par l’oracle de Balaam, dont ilsétaient les successeurs,» dit saint Jérôme, In Matth, ii, t. xxvi, col. 26, les Mages paraissent avoir cru que l’étoileapparue en Orient était l’objet direct de la prophétie deBalaam, et qu’à son tour elle annonçait, conformémentaux croyances superstitieuses de l’antiquité, la naissancedu «roi des Juifs», de même que d’autres astres annonçaientla naissance des grands hommes. Justin, Hist.xxxvii, 2; Suétone, Jul. Csesar, 78. Préparés par cetteantique tradition, ils reçurent docilement la révélationqui leur fut faite de la naissance de ce roi. Voir Maldonat, In Matth., ii, 2.

VII. Funeste conseil donné par Balaam. — Sa mort.

— Sa prophétie terminée, Balaam reprit le chemin dePéthor. Dieu ne lui avait donc pas permis de maudireson peuple: il ne fallait pas que plus tard les Israélites, coupables et châtiés par le Seigneur, puss*nt attribuer

leurs malheurs à la malédiction d’un sorcier, dit Théodoret, Qusest. xuiin Num., t. lxxx, col. 390. Mais’Dieupermit qu’il leur nuisît d’une autre manière. Balaam, s’étant mis en route pour revenir dans son pays, s’arrêtachez les Madianites, voisins et alliés des Moabites. LesMadianites s’étaient joints aux Moabites pour solliciterson intervention contre Israël; c’est sans doute ce quidétermina Balaam à séjourner chez eux en quittant lepays de Moab: il pouvait compter qu’ils écouteraientdocilement ses avis, et l’événement justifia ses prévisions.Soit par un sentiment de haine contre le peuple de Dieu, soit plutôt dans l’espoir de recevoir de l’argent pour prixde ses services, il donna aux Madianites un conseil dontles effets devaient être, dans sa pensée, plus funestes auxHébreux que n’auraient pu l’être ses malédictions; car, s’ils avaient le malheur de tomber dans le piège qu’onallait leur tendre, ils seraient aussitôt privés du secoursde Dieu, et attireraient sur eux ses vengeances. Num., xxxi, 16; cf. Apoc, ii, 14. À son instigation, les femmesde Moab et celles de Madian, dont certaines appartenaientaux plus grandes familles, Num., xxv, 2, 15; xxxi, 16, vinrent au camp des Israélites, sous le prétexte peut-êtrede leur offrir les marchandises dont faisaient commerceles caravanes madianites, et elles séduisirent le peupleet même un grand nombre d’entre les chefs, les faisanttomber dans le désordre, et par là ensuite dans le culteidolâtrique de Béelphégor. Num., xxv, 2-3. Le châtimentdes coupables fut terrible: vingt-quatre mille d’entreeux furent passés au fil de l’épée. Num., xxv, 9.

Balaam ne jouit pas longtemps du succès de son mauvaisconseil, lui-même en fut bientôt victime: par l’ordrede Dieu, les Israélites attaquèrent les Madianites et lesexterminèrent, hommes et femmes, n’épargnant que lesjeunes filles et les petit* enfants. Leurs cinq princes furentaussi massacrés, et avec eux Balaam; il périt ainsi sousles coups de ceux à qui il avait tant voulu nuire. Num., xxxi, 7-8, 17-18.

VIII. Ce qu’était Balaam. — - On s’est demandé siBalaam était un prophète ou un devin. Il fut certainementprophète le jour où il parla et annonça l’avenir aunom et par l’ordre de Dieu. Cf. Mich., vi, 5. Mais, selonle sentiment le plus commun, il ne fut pas un prophèteau sens propre du mot. On n’est pas compté parmi les prophètes, dit saint Augustin, De diversis qusest. ad Simplvcianum, n, 1, n. 2, t. XL, col. 130, pour avoir prophétiséune fois. Tel est aussi le sentiment d’Origène, Hom. xininNum., t. xii, col. 671; de saintBasile, en plusieurs endroits, entre autres Epist. 189 ad Eusthatium, t xxxii, col. 691, et de beaucoup d’autres, dont saint Thomas, 2°, 2*, q. 172, a. 6, ad 1°™, résume les doctrines d’un seul mot: Balaamfut «prophète des démons». Cf. Tertullien, Adv. Marcion., iv, 28, t. ii, col. 430; S. Jérôme, Qusest. hebraic.in Gènes., xxii, 20, t. xxilt, col. 971; In Job, xxxii, 2; Expositio interlinearis libri Job, t. xxvi, col. 1450; Epist. ad Fabiolam de 43 mans. in deserto, XL, t. xxiii, col. 722; Epist. Lxxrn, Epitaph. Fabiolse, t. xxii, col. 695; Estius, Annotât, in Num., xxii, 5.L’opinion commune peut invoquer en sa faveur l’Écritureelle-même. En effet, l’écrivain sacré ne donne pasà Balaam le nom de «prophète», nâbV ou hôzéh; maisde «devin», haq-qôsêm, Jos., xiii, 22, mot toujours prisen mauvaise part. Deut., xviii, 10-12; I Reg., xv, 23, etc.Saint Pierre, il est vrai, l’appelle prophète, II Petr., ii, 16, mais c’est à l’occasion de l’événement dans lequel il lefut en effet. Ce nom d’ailleurs est quelquefois appliqué, dans la Bible, à des hommes qui ne sont point réellementprophètes. Deut., xiii, 1, 3, 5. — Voir A. Tholuck, Die Geschichte Bileam’s, dans ses Vermischte Schriften, 2 in-8% Hambourg, 1839, t. i, p. 406-432; "W. Hengstenberg, Die Geschichte Bileams und seine Weissagungen, in-8°, Berlin, 1842. E. Palis.

2. BALAAM (hébreu: BU’dm; Septante: Ie|j16Xâav),

ville de la demi-tribu occidentale de Mariasse, nomméeseulement sous cette forme, I Par., vi, 70. C’est probablement la ville qui est appelée Jéblaam, Jos., xvii, 11; xxi, 24. Voir Jéblaam.

    1. BALAAN##

BALAAN (hébreu: Bilhân, «modeste [?];» voiraussi Balan; Septante: BaXaâji), prince horréen, filsd'Éser et descendant de Séir. Il habitait le mont Séiravant la conquête d'Ésaû. Gen., xxxvi, 27; I Par., i, 42.

BALAATH. La Vulgate appelle ainsi, Jos., xix, 44, etII Par., viii, 6, la ville dont elle écrit plus exactement lenom Baalath, III Reg., ix, 18. Voir Baalath.

    1. BALAC##

BALAC (hébreu: Bâlâq, «dévastateur (?); Septante: BaXix,» ), fils de Séphor, roi des Moabites. Ilrégnait au moment où le peuple d’Israël, après les quarante ans de séjour au désert, arrivait dans la contréed’au delà du Jourdain pour passer ce fleuve et entrerdans la Terre Promise. La ruine complète des royaumesde Séhon et d’Og fit craindre à Balac le même sort pourle sien: «Ce peuple, ditil aux anciens de Madian, vadétruire tous les habitants du pays comme le bœufbroute l’herbe jusqu'à la racine.» Num., xxii, 4. Dece que Balac s’adressa ainsi aux anciens de Madian, plusieurs ont conclu qu’il était lui-même Madianite, etqu’il avait profité de l’affaiblissem*nt des Moabiles, parsuite des conquêtes de Séhon, pour usurper le trône deMoab. Les derniers Targums font aussi de Balac unMadianite, et il est possible qu’il le fût en effet; maisle contenu du ꝟ. 4 ne saurait en fournir une preuve suffisante; car il était assez naturel que, dans un dangerqui menaçait Madian aussi bien que Moab, cf. Num., xxv, 17; xxxi, 2-19, le roi de Moab cherchât à se concerter avec les Madianites, ses voisins, et d’ailleurs descendants de Tharé comme les Moabites. Il n’est doncpas besoin, pour expliquer cette démarche, de recourirà l’hypothèse d’une commune nationalité. Il paraîtraitnéanmoins qu’il y eut à cette époque un changement dedynastie, ou peut-être même que la monarchie moabitefut établie et fondée en la personne de Balac ou de sonprédécesseur-: le texte hébreu de Num., xxi, 26, appellepremier roi de Moab le prince auquel Séhou enleva Ilésébon, sa capitale, et tout le territoire jusqu'à PArnon. Cepremier roi étaitil le prédécesseur de Balac ou Balaclui-même? C’est ce qu’on ne saurait dire.

Les Moabites avaient dû cependant conserver quelquespoints du territoire conquis par Séhon au nord de l’Avnoh, ou bien ils en reprirent possession aussitôt après ladéfaite des Âmorrhéens par Moïse, puisque nous les voyonsalors établis dans ce pays et y agir en maîtres. Num., xxii, 41; xxiii, 14, 28; xxv, 1. Mais les succès des Hébreuxrendaient cette possession précaire aux yeux de Balac, aussi bien que celle du reste de son royaume; si les armesde Séhon avaient été funestes aux Moabites, que ne fallait-ilpas craindre des vainqueurs de Séhon? Balac ne savaitpas que Dieu avait défendu à son peuple de rien entreprendre contre les Moabites, enfants de Lot. Deut., ii, 9.Se croyant donc impuissant contre un peuple qui avaitpu s’affranchir du joug des Égyptiens et venait de détruiredeux royaumes âmorrhéens, il pensa devoir recourir àun pouvoir surhumain. Il envoya des anciens de Moabet de Madian, peut-être aussi d’Ammoii, Dëut., xxiii, 4; II Esdr., xiii, 1, à un fameux devin de Péthor, en Mésopotamie, Balaam, fils de Béor, afin qu’il vînt maudireles Israélites et l’aider par ses maléfices à les repousser.Balaam vint en effet, mais il fut contraint par Dieu debénir, au contraire, Israël, au grand mécontentement deBalac, qui dut se retirer sans avoir rien obtenu de ce qu’ildésirait. Num., xxiv, 25. Quoique le nom de Balac neparaisse pas dans les événements qui suivirent les oraclesde Balaam, on peut croire qu’il ne resta pas étranger auxembûches qui, sur les conseils du devin de Péthor, furent

dressées par les Madianites contre les Israélites, pour lescorrompre et les faire tomber dans l’idolâtrie. Num., xxv.Il est fait mention de Balac, dans la suite, en divers endroits des Livres Saints; mais ces passages n’ajoutent rienà ce que Moïse nous apprend de lui dans le livre desNombres. Jud., xi, 24-25; Mich., vi, 5; Apoc, ii, 14. VoieBalaam. E. Palis.

BALADAN. Voir Mérobach-Baladan.

    1. BALAGNI ou BALLAINI Jean##

BALAGNI ou BALLAINI Jean, mineur conventuelde la province de SaintNicolas, c’est-à-dire de laPouille, et docteur en théologie, vivait au xvp siècle. Ila donné au public: 1° In Acta Apostolorum poenxataqusedam pergitam elegantissima, juxta doctissimasJoannis Feri in eadem enarrationes. Jean Feri étaitaussi un mineur conventuel; l’ouvrage de Jean Balagnifut imprimé à la suite du sien, à Venise, chez Piceniniet Leni, 1568, in-8°. 2° Expositio S. Bonaventurse inlibrum Sapientise et Lamentationes Jeremise. D’aprèsJean de Saint -Antoine, qui affirme avoir examiné ce volume, Balagni l’aurait fait imprimer à Venise, en 1574, in-8° (chez Salvioni, au dire de Sbaraglia), pour protester contre les fautes d’une autre édition, imprimée lamême année et au même lieu, chez Pierre dei Francisci.Sbaraglia dit, au contraire, que l'édition de Balagni futla première que l’on ait jamais imprimée île cet ouvragedu Docteur séraphique. P. Apollinaire.

    1. BALAI##

BALAI (hébreu: mat'âtë'; Vulgate: scopa). Cet ustensile de ménage, fait de menues tiges résistantes, étaitconnu des Hébreux. Il y est fait allusion dans l'Écriture. —1° Dans une prophétie, Is., xiv, 23, le balai est pris commesymbole d’une entière destruction. «Je la balayerai, ditDieu en parlant de Babylone, avec le balai de la destruction,» c’est-à-dire qui ne laissera rien de reste. LesSeptante ont rendu le mot hébreu par «fosse», pàpa6pov; mais le chaldéen, le syriaque et la Vulgate ont traduitpar le mot «balai», plus conforme à l'étymologie. —2° La femme qui a perdu la drachme balaye (<r «poï) samaison pour la retrouver. Luc, xv, 8. Dans une demeuresans autre ouverture que la porte, à la lueur d’une faiblelampe, elle n’avait pas de moyen plus facile pour trouverun si petit objet. — 3° Notre -Seigneur parle <le l’espritimpur qui, revenant dans le cœur de l’homme d’où ilétait sorti, retrouve sa demeure soigneusem*nt balayée.Matth., xii, 44; Luc, xi, 25. E. Levesque.

    1. BALAN##

BALAN (hébreu: Bilhân, «modeste [?];» voir aussiBalaan; Septante: BnXaiv), fils de Jadihel, dans la descendance de Benjamin. Ses sept fils furent chefs de familles puissantes. I Par., vii, 10, 11.

    1. BALANAN##

BALANAN, hébreu: Ba’al hânàn, «Baal fait grâce».Cf. Ba’al Ifannon des inscriptions de Carthage, et Ba’all.ianunu des inscriptions cunéiformes.

1. BALANAN (Septante: BaXXeMcâv, BaXaEwtip), filsd’Achobor, succéda à Saùl de Rehoboth sur le trôned'Édom, et fut le septième des rois qui régnèrent sur cepays, avant l'établissem*nt de la royauté en Israël. Gen., xxxvi, 38, 39; I Par., i, 49.

2. BALANAN (Septante: BaXXavàv), officier de David roriginaire de Beth-Gader, ville de Juda, intendant desoliviers et des sycomores de la Séphéla. I Par., xxvii, 28.Son nom semble indiquer un Chananéen.

    1. BALANCE##

BALANCE (hébreu: nw’zenaïm, pelés et qânéh, Septante: ïvy<5v, (rra6|i<Sç, ti^oktti’y! ; , po^'ô; Vulgate: statera, pondus). L'Écriture ne décrit pas la balance dontse servaient les Hébreux; mais les noms usités pour ladésigner nous montrent qu’elle devait être à peu près

semblable à notre balance ordinaire, connue du reste desÉgyptiens et des Assyriens (fig. 416), et figurée sur lesmonuments. Elle se composait de deux plateaux (mô’zeWVVVr& v( r

n

.s:

[[File: [Image à insérer]|300px]]
416. — Balance assyrienne.

D’après Botta, Monuments de Ninive, pi. 140. Cf. H. Gosse,

Assyria, In -12, Londres, 1852, p. 608-609.

naïtn, iikaGfzt<[) attachés par des cordes ou des chaînettesaux deux extrémités d’un fléau (qânéh, Çvifiiv) muni en «on milieu d’un anneau qu’on suspendait au crochet del’arbre de la balance ou qu’on tenait à la main. Une petite

E=Z

Y

O

[[File: [Image à insérer]|300px]]
417. — Balance égyptienne.

Tombeaux de BenlHassan. D’après Champollion, Monument]

de l’Egypte et de la Nubie, pi. 357.

>tige ou languette (pelés), fixée au fléau, indiquait l’équilibredes poids par sa position verticale (fig. 417). Souventun fil à plomb remplissait l’office de languette. Il partait<de l’angle inférieur formé par la jonction de deux cordes,

attachées, par l’autre extrémité, à droite et â gauche dâl’axe du fléau. Celui-ci, en s’abaissant d’un côté, faisaitdévier le fil à plomb du côté opposé. Quand le fléau étaithorizontal, le fil à plomb était juste en face de la lignemédiate de l’arbre de la balance, et indiquait par là l’équilibredes poids. Sur les monuments, le défaut de perspectivene permet pas de voir ordinairement les points

[[File: [Image à insérer]|300px]]
418. — Balanoe à poids mobile, trouvée h. Pompét.

D’après Rien, Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, ln-12, 1873, p. 361.

d’attache des deux cordes qui tenaient suspendu le fil àplomb; on n’en distingue qu’un seul (col. 469). Celtebalance devait être très juste. Celle dont parle Ézéchiel, v, 1, mô’zenê misqâl, «balance à poids, à fil à plomb» (cf. misqélét, «fil à plomb» ), pourrait bien être unebalance de ce genre. Pour s’assurer de l’équilibre, lesÉgyptiens employaient encore un système très ingénieux: le fléau passait dans un anneau attaché à une petite tigeparallèle et muni dans sa partie inférieure d’un contrepoids; en constatant avec la main que l’anneau jouaitlibrement, on pouvait, sans avoir besoin de regarder, re419. — Balanoe romaine trouvée à Pompéi.D’après Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 601.

connaître l’égalité des plateaux. Des exégètes ont vouluvoir dans le pelés une balance spéciale, une sorte depeson ou de balance romaine, Gesenius, Thésaurus, p. 1106; mais ce mot paraît désigner plutôt une desparties de la balance ordinaire, soit la languette quisert à constater l’équilibre, E. Rosenmiiller, Scholia inVelusTestant., Tn 1s., XL, 12, t. iii, p. 23, soit même le fléau.Kimchi, dans son commentaire sur Isaïe, xxvi, 7. Dansles deux endroits où il est employé, Prov., xvi, 11; Is.,

XL, 12, pelés semble bien être joint à mô’zenaïm, «lesdeux bassins,» pour exprimer, par ses deux parties essentielles, une seule et même balance. Le mot qânéh, «roseau, canne, s généralement usité pour les mesures delongueur, comme le grec xavùv, serait pour quelqueséxégètes le nom de la balance dite «romaine». Mais celle-ciest d’invention plus récente; selon Isidore de Séville, Etymolog., xvi, 25, t. lxxxii, col. 159, elle auraitété inventée en Campanie, d’où son nom de campana

[[File: [Image à insérer]|300px]]
420. — Balance égyptienne.

Pcséo des outen. Thèbes. Abd-el-Qourna, xviii» dynastie. D’aprèsLepsios, Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 39.

(statera). Et de fait on en a trouvé un grand nombredans les ruines d’Herculanum et de Pompéi. Elle ne futconnue en Egypte, et probablement aussi en Palestine, qu’à l’époque romaine. J. G. Wilkinson, The mannersand customs of the ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 246 et 247, note. Il est donc préférable d’expliquerpar fléau le qânéh d’Isaie, xlvi, 6. Quand les Grecs et

[[File: [Image à insérer]|300px]]
421. — Balance égyptienne pour la pesée de l’or.

Tombeaux de Boni -Hassan. D’après Champollion, Monuments

de l’Egypte, pi. 338.

les Romains dominèrent sur l’Egypte et l’Asie antérieure, ils y introduisirent leurs diverses sortes de balances: labalance ordinaire (libra), dans laquelle le fléau est munid’une aiguille ou languette (examen) marquant par soninclinaison les variations de poids; la balance (libra) dontle fléau est divisé en fractions et est muni d’un poidsmobile qui permet de varier la longueur du levier et deconstater facilement la différence de poids des deux objetsplacés dans les bassins (fig. 418), et enfin la romaine proprementdite (statera), ou balance à bras inégaux et àpoids unique mobile (fig. 419).

En Orient, les balances servaient non seulement pourdiviser une chose en parties déterminées, Ezech., vi, 1;

Is., xlvi, 6, et pour peser les diverses marchandisesdans les achats et les ventes, mais aussi pour peserles métaux qui servaient à en payer le prix. Car aalieu de faire toujours des échanges en nature, on envint, pour plus de facilité dans les transactions, à payeren lingots d’or, d’argent ou de cuivre. Ces lingots, souvent coupés en anneaux de différente grosseur, pouvaientbien avoir quelque marque indiquant le poids etla valeur; mais comme ils n’avaient pas encore l’empreinteet la garantie de l’autorité publique, on ne peutles considérer comme de la vraie monnaie, laquelle estd’invention grecque ou lydienne au vne siècle avant J.-C. Ilfallait donc vérifier le poids des lingots à chaque marchénouveau. Aussi les marchands portaient-ils suspendus à laceinture une petite balance et un sachet renfermant despierres d’un poids déterminé. Les Orientaux n’ont pas

[[File: [Image à insérer]|300px]]
422. — La pesée des âmes.

D’après une peinture de vase antique. — La peinture de ce vasereprésente le combat d’Achille et de Memnon et cette espèce deconsultation des destinées dont Il est question dans les écrits desplus anciens poètes grecs et qu’ils appelaient psychostasie ou «pesée des âmes a, Acbille va percer de sa lance Memnon quiest tombé sur son genou droit. Au-dessus des combattants unebalance est fixé&par un clou à un arbre desséché; Mercure, coifféd’un large pétase, regarde cette balance où sont pesés les destinsd’Achille et de Memnon, figurés par deux petit* génies ailésplacés dans les plateaux; il montre du doigt le plateau qui descend.Le bassin qui contient la destinée d’Achille s’élève, selonl’expression d’Homère, jusqu’aux cieux, tandis que l’autre descendavec la destinée de Memnon. À gauche, Thétis, la mèred’Achille, étend la main sur son fils; à droite, l’Aurore, mèrede Memnon, s’arrache les cheveux. Voir Millin, Peintures desvases antiques, 2 in-f°, Paris, 1808, t. i, pi. XIX, et p. 39-42.

complètement abandonné cet usage. Cf. Chardin, Voyagesen Perse et autres lieux de l’Orient, édit. Langlès, Paris, 1811, t. vi, p. 120. Abraham «pesa» les quatre cents siclesd’argent pour la caverne de Macpélah, qu’il avait achetéeaux Benê-Heth. Gen., xxiii, 16. Cf. II Reg., xviii, 12; Job., xxviii, 15; Jer., xxxii, 9; I Esdr., viii, 26, 33. EnEgypte, on voit souvent figurée sur les monuments, dansles peintures d’hypogées funéraires, la pesée des outenou anneaux d’or, d’argent ou de cuivre, servant aux payements(Qg. 420). Ils employaient aussi, pour la pesée del’or, une balance un peu différente; les cordes des plateauxétaient remplacées par deux bras faisant coude avecle fléau; ces bras étaient terminés par des crochets auxquelsse suspendaient les sacs d’or (fig. 421). Wilkinson, Mannersand customs, t. ii, p. 234, 246; G. Maspero, Lectureshistoriques, in-12, Paris, 1892, p. 22-23; Lenormant, Histoire ancienne, t. iii, p. 58. Chez les Assyriens, onpesait de même les lingots non monnayés; le verbe saqals’employait également pour dire «peser» et «payer».Lenormant, Histoire ancienne, t. v, p. 113. (Voir Monnaie.)

— Quand on les vérifiait à la balance, on reconnaissaitque les lingots n’avaient pas toujours le poids marqué; on les rejetait. Des éxégètes, Cornélius a Lapide, dans

son commentaire sur Daniel, v, 26 (Vulg., 27); Fabred’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. ii, l rs partie, p. 449, etc., voient une allusion à cet usage dans la célèbresentence portée contre Baltassar. Ce prince a étépesé dans la balance de la justice divine, et il est rejetécomme le lingot qui n’a pas le poids voulu. Cf. Job, xxxi, 6. Les poètes grecs et les monuments helléniquesnous montrent aussi les dieux pesant les destinées deshommes (fig. 422).

En l’absence de contrôle légal pour les poids et lesmesures, il était aisé de tromper en employant des poidsfalsifiés ou des balances fausses. On sait d’ailleurs quela fourberie et la tromperie sont des vices très communs enOrient. Aussi l’Écriture rappelle-t-elle souvent aux Israé423. — La pesée de l’âme devant le tribunal d’CMrls.Anibê. xxe dynastie. D’après Lepslus, Denbmaler, AMh. iii, El. 232.

lites, enclins à ce défaut, l’honnêteté dans les relationscommerciales. Moïse avait posé la loi: «Que votre balancesoit juste.» Lev., xix, 36. Cf. Deut., xxv, 13. À causedes infractions nombreuses qui étaient commises contrecotte loi, les prophètes en réitérèrent les prescriptions.Ose., xii, 8 (Vulg., 7); Amos, viii, 5; Mich., vi, 11; Ezech., xlv, 10. Même insistance dans les livres sapientiaux. Ilne faut point se départir de la stricte équité «dans l’usagede la balance et des poids.» Eccli., xlii, 4. s La balancetrompeuse est en abomination devant Jéhovah.» Prov., XI, 1; xx, 23. «La languette et les plateaux justes sontde Jéhovah.» Prov., xvi, 11. C’est-à-dire quand la balanceest juste, c’est comme si Dieu avait prononcé.

L’usage si fréquent de la balance devait naturellementamener à la prendre comme terme de comparaison etcomme symbole. L’Ecclésiastique recommande de peserses paroles dans la balance, xxi, 28; xxviii, 29; nousavons la même métaphore pour exprimer la circonspectiondans les paroles, le soin d’en examiner le pour et lecontre, d’en apprécier les conséquences. La balance s’emploieau figuré-pour l’appréciation des choses morales: comme nous disons «le poids de la douleur», ainsi pourJob les afflictions pèsent dans la balance plus que lesable des mers. Job, vi, 2. «Les hommes qui s’élèventcontre Dieu, dit le psalmiste, lxi (hébreu, lxu), 10, sontmoins qu’un souffle placé dans la balance; ils sont enlevés par le moindre contrepoids.» Elle sert à peindre lapuissance et la sagesse de Dieu: «Il a pesé dans la balanceles montagnes.» Is., XL, 12; II Mach., IX, 8. «Lemonde, les nations, sont devant lui comme le plus petitpoids, comme un grain de poussière dans la balance.» Is., XL, 15; Sap., xi, 23. Dans l’Apocalypse, vi, 5, la-balancesymbolise la disette; après l’ouverture du troisièmesceau, saint Jean voit sur un cheval sombre un cavaliertenant à la main une balance, et il entend une voix quicrie: «Un chénix de blé pour un denier (c’est-à-dire pourune journée d’ouvrier), trois chénix d’orge pour un denier;» en d’autres termes, chacun n’aura alors qu’unemaigre et insuffisante ration, mesurée et pesée. Cf. Lev., xxvi, 26; Ezech., iv, 16, 17. Ce n’est pas précisément la famine, comme dans le sceau suivant; mais la rareté et lacherté des vivres, c’est-à-dire la disette. Enfin la balance estle symbole du jugement de Dieu et de sa rigoureuseéquité: «Que Dieu me pèse dans la balance de la justice, s’écrie Job, xxxi, 6, et il reconnaîtra mon innocence.» Dansce symbole, Job se rencontre avec l’Egypte; on sait queles rapprochements entre le livre de Job et les documentségyptiens sont nombreux et étroits. Ou voit souvent représentéesdans la vallée du Nil les balances divines, quisont dressées devant le tribunal d’Osiris (fig. 423). Lecœur du défunt est placé dans un des plateaux, , et dansl’autre une petite statue de la Justice et de la "Vérité ouleur symbole. Anubis avec Horus surveillent les oscillationsdu fléau, et quand les plateaux sont en équilibre, ilprononce la formule sacramentelle: «Le cœur fait équilibre; la divine balance est satisfaite parl’osiris JV…» EtThot, une tablette à la main, écrit la sentence (col. 469, fig. 115). Les siècles chrétiens ont exprimé le jugementde Dieu par le même symbole, si naturel. Au moyenâge, les artistes représentaient fréquemment la peséedes âmes; on peut en voir un exemple dans le tympandu grand portail de Notre-Dame de Paris. Martigny, Dictionnairedes antiquités chrétiennes, in-8°, Paris, 1877, p. 78. E. Levesque.

BALANITE. I. Description. — Plante qui, selonplusieurs botanistes et exégètes, produirait la substanceappelée en hébreu sôri. C’est un arbre muni d’épinesrobustes, droites, longues de quatre à cinq centimètres, et généralement situées à la base des rameaux; ceux-cisont effilés, assez grêles, allongés, à écorce amère; lesfeuilles sont divisées en deux folioles ovales ou oblongues, arrondies ou échancrées en cœur à leur base, aminciesdans la partie supérieure, habituellement larges de uncentimètre et demi; elles sont coriaces, couvertes d’unduvet fin; les fleurs, verdàtres, à odeur suave, sont disposéesen petites grappes espacées, placées à l’aisselledes feuilles; ces grappes sont glabres et ne renfermentpas plus de trois à cinq fleurs; la corolle est petite, parfoisblanchâtre, formée de cinq pétales linéaires et oblongs, pourvue à la base d’un calice également à cinq divisionspubescentes; le fruit est charnu, huileux, de forme ovale, légèrement aminci aux deux extrémités, portant au dehorsquatre angles arrondis et peu saillants; à l’intérieur, il renferme un noyau osseux (fig. 424). Cet arbuste a éténommé Balanites ssgyptiaca par A. R. Delile, DescriptiondeVÊgyple, in-.f», Paris, 1813, p. 221, pi. 28, fig. 1; A. P. de Candolle, Prodromus syslematis regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, t. i, p. 708. Il croît enArabie, dans les déserts de l’Egypte supérieure, en Nubieet en Abyssinie; il ne se rencontre plus actuellement, dans toute la Palestine, qu’aux environs de Jéricho, dansla vallée chaude du Jourdain, d’après E. Boissier, Floraùrientalis, 5 in-8°, Bàle et Genève, 1867-1884, 1. 1, p. 944.Le fruit du balanite s’appelle myrobalan d’Egypte oudatte du désert; il a presque la forme et la figure d’unedatte; sa chair, qui est d’abord acre, très amère et purgative, devient douce et mangeable en mûrissant. Sonnoyau fournit de l’huile; sa pulpe mûre sert à préparer

une boisson fermentée. Voir N. J. Guibourt, Histoire naturelledes drogues simples, 4 in-8°, Paris, 1849-1851, 4e édit., t. iii, p. 265; H. Bâillon, Histoire des plantes, Il in-8°, Paris, 1869-1892, t. iv, p. 403; Ascherson etSchweinfurth, Illustration de la flore d’Egypte, dans lesMémoires de l’institut égyptien, t. ii, p. 58; A. Schnizlein, Iconographia familiarium naturalium regni vegetabilis, 4 in-4°, Bonn; 1843-1870, t. iii, p. 223.

M. GâNIlOGER.

II. Exégèse. — Le balanite était certainement connuen Egypte: son fruit a été souvent trouvé dans les tombeaux, parmi les offrandes funéraires. G. Schweinfurth, Sur les dernières découvertes botaniques dans les ancienstombeaux de l’Egypte, dans le Bulletin de l’institutégyptien, 1885, p. 260 et 268; V. Loret, La flore pharao42é. — Balanltes œgyptlaca.

Rameau avec feuilles, fleurs et épines. — 1. Fleur. — 2. Fruit. —

8. Coupe du fruit.

nique d’après les documents hiéroglyphiques et les spécimensdécouverts dans les tombes, in-8°, Paris, 1892, p. 102. D’après M. Maspero, dans les Proceedings of theSociety of Biblical archœology, juin 1891, t. xiii, p. 498-501, le balanite serait l’arbre appelé dans les textes hiéroglyphiquesI l -^ J I, aSdu, aSed, et souvent représenté

sur les monuments (fig. 425). Le port de l’arbre, sonfeuillage, son fruit, tout rappelle assez bien le balanite; etles propriétés médicinales que le papyrus Ebers donne aufruit de VaSed répondent aussi à celles de son fruit. LesArabes, près de Jéricho, connaissent le balanite sous lenom de zaqqûm ou zukkûm: de son fruit ils tirent unehuile qu’ils vendent comme baume ( moderne) de Galaad.H. B. Tristram, The natural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 336. Elle a le goût de l’huile d’amandesdouces; elle est un peu plus épaisse, et la couleur en estplus foncée. «Entre les productions de ce lieu-là, raconteH. Maundrell, Voyage d’Alep à Jérusalem, en 169T, traduit de l’anglais, in-12, Utrecht, 1705, p. 144, je visun fruit fort remarquable, que les Arabes nommentzacchone. Il croît sur un arbrisseau rempli d’épines… Ila la forme et la couleur d’une petite noix qui n’est pasmûre. Les Arabes pilent l’amande de ce fruit dans unmortier, en suite de quoi ils la mettent dans de l’eau bouillante, et en tirent une huile dont ils se servent pour lesmeurtrissures internes. Ils l’appliquent aussi extérieurement sur les blessures ouvertes et la préfèrent au baumede Gilead.»

C’est de ce balanite, connu et estimé des Egyptiens etdes Arabes pour son fruit et l’huile qu’on en extrayait, que viendrait, selon une opinion assez suivie, le sortbiblique. Le sort était un des meilleurs produits de laPalestine, Gen., xliii, 11, produit assez précieux pourqu’une petite quantité fut un présent digne d’être offert

[[File: [Image à insérer]|300px]]
425. — L’arbre asdu.

rhèbes. Médmet Habou. Temple de Tothmès III. xviii» dynastie.D’après Lepsius, DenlcmaUr, Abth. iii, Bl. 37. — En haut, à gauche; fruit de l’arbre, servant de cartouche pour le nom deRamsès II.

au premier ministre du Pharaon. C’est du pays de Galaadsurtout qu’on tirait cette substance, Gen., xxxviii, 25; Jer., vm, 22; XL vi, 11; elle y était très abondante, car l’épuisersemblait chose impossible. Jer., viii, 22. Le sôri figureparmi les articles précieux que les caravanes marchandesportaient en Egypte à dos de chameaux, Gen., xxxvii, 25; le pays de Juda et la terre d’Israël en faisaient égalementle trafic avec la Phénicie sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 17. Il avait de remarquables propriétés médicinales: en particulier, on s’en servait pour guérir les blessureset les plaies, Jer., viii, 22; li, 8; c’était un remède trèsefficace, puisque, selon une image du prophète, il pourraitpeut-être guérir même Babylone, brisée dans sachute, Jer., li, 8; mais, malgré son application, l’Egyptene saurait espérer de guérison pour ses blessures. Jer., XLVI, 11.

Ce sôri que l’Écriture nous présente, non tant comme

un parfum que comme une substance précieuse, propreà guérir les plaies, peut à ce titre s’identifier avec l’huiledu balanite, regardée encore par les Arabes comme unexcellent médicament. Mais il paraît difficile d’appelercette huile une résine, comme l’ont fait les Septante(p» )t{vï|) et la Vulgate (résina) dans tous les endroits oùse rencontre ce mot hébreu. D’ailleurs, d’après l’étymologie(sârâh), le sôrî semble être un suc tombant goutteà goutte du tronc de l’arbre ou des branches après une

incision. Cf. l’arabe y J^, dara’ «couler;» VLà, diroun «larme d’arbre,» et le sabéen ny. J. Halévy, Étudessabéennes, dans le Journal asiatique, décembre 1874, p. 499. Enfin, si l’on considère l’invitation que Jérémieait à l’Egypte de monter en Galaad pour y chercher cepuissant remède, et la présence de cette substance parmiles dons précieux portés par les fils de Jacob à Joseph, onpeut en conclure que l’arbre producteur du sôrî nedevait pas croître en Egypte, ou du moins n’y être pasrépandu comme l’était le balanite. Aussi l’identificationreste-t-élle très incertaine. Plusieurs autres substancesont été proposées comme les représentants probables dusôrî, le mastic du lentisque, la résine du térébinthe, levrai baume de Galaad, tiré du Balsamodendron opobalsamum.Voir Lentisque, Térébinthe, Baumier, Résine.D’un autre côté, on a identifié le balanite avec le’essémén ou «arbre à huile» de l’Écriture. W. Houghton, dans W. Smith, Dictionary of the Bible, t. ii, p. 590.Mais le’es Sémén était répandu dans toute la Palestine; on le trouvait aux portes de Jérusalem, II Esdr., viii, 15(Vulgate: lignum pulcherrimum). Le balanite, au contraire, n’était pas aussi commun; il paraît avoir été confinéà la vallée du Jourdain. Voir Huile (Arbre a).

E. Levesque.

BALAS. Voir Alexandre I er Balas, roi de Syrie, col. 348.

    1. BALBI Jean##

BALBI Jean, dominicain, appelé de Janua ou de Gênes, du lieu de sa naissance, mourut vers l’an 1298. Il se recommandaità tous ses contemporains par la sainteté desa vie, sa connaissance des Écritures et des saints Pères.Dans l’église de Pavie, son image avait été peinte entrecelles des saints. Son principal ouvrage, qui a pour titreCatholicon ou Summa grammalicalis, est une sorted’encyclopédie de médiocre importance. Dans la préface, il avertit ses lecteurs qu’il traitera, entre autres choses, De origine et significatione quarumdam dictionumqum ssepe inveniuntur in Biblia. Cet ouvrage fut un despremiers livres imprimés. La première édition que nousen connaissons fut publiée grand in-f°, à Mayence, en’1460, et ce n’est pas sans raison qu’elle est attribuée à Gutenberg.Les Posiillse super Evangelia de Jean Balbi sontconservés manuscrits dans la bibliothèque des dominicainsde Gênes. — Voir Brunet, Manuel du libraire (1862), t. iii, p. 501, au mot Janua; Échard, Scriptores ordinisPrsedicatorum (1719), t. i, p. 462; Fabricius, Bibliothecamédias lotinilatis (1734), t. i, p. 437.

B. Heurtebize.

    1. BALBUZARD##

BALBUZARD, Pandion, Falco haliseetus, oiseau deproie diurne, de la famille des falconidés (fig. 426). Il asoixante centimètres de long, le bec noir et grand, lemanteau brun, le dessous du corps blanc, la tête blancheavec des taches brunes, les ongles forts, très crochus; lesailes, au repos, dépassent l’extrémité de la queue. C’est detous les oiseaux carnassiers le plus intrépide pêcheur. Ilse nourrit de poissons, qu’il saisit avec ses serres à la surfacede l’eau ou même en plongeant. On le trouve sur lebord des rivières, des lacs et des étangs. Cf. Pline, x, 3.Plusieurs savants croient que cet ichtyophage est le’oznîyâh, que le Lévitique, xi, 13, et le Deutéronome, xiv, 12, rangent parmi les animaux impurs dont il estdéfendu aux Israélites de manger. (Voir col. 305.) L’oiseaumentionné par Moïse est plus probablement, comme

DICT. DE LA BIBLE

l’ont entendu les anciens traducteurs, l’aigle de mer oupygargue. (Voir col. 305.) Le balbuzard, se nourrissantexclusivement de poissons, ne se rencontre pas ou du’*fsf

426, — Le balbuzard.

mains est fort rare en Palestine, à cause du petit nombrede cours d’eau; le Jourdain, la seule rivière de la Palestine, n’est pas fréquenté par cet oiseau de proie, non plusque le lac de Tibériade.

    1. BALDAD##

BALDAD (hébreu: Bildad, peut-être contraction debén lédad, «fils de contention (?)»; Septante: BaiSiS), un des trois amis de Job qui vinrent pour le consoler dansson malheur. Job, II, 11. La Bible l’appelle Baldad leSuhite. Voir Suhite. Les Septante donnent à Éliphaz età Sophar, les deux autres amis de Job, le titre de roi, et à Baldad celui de Eau^éwv-uOpavvoç. Les amis d’unhomme aussi riche et puissant que l’était Job, i, 3, devaientêtre, en effet, des personnages considérables, occupant dans leur pays un rang analogue à celui desscheiks ou même des émirs parmi les Arabes modernes.

Baldad prend part à chacune des trois discussions queJob soutient avec ses amis. Dans son premier discours, pour appuyer la thèse exagérée d’Éliphaz, que toute souffranceest le châtiment d’un péché personnel, il décritsuccessivement le sort du pécheur repentant qui recouvresa prospérité passée, et même quelquefois une prospéritéplus grande encore, Job, viii, 4-7; la destinée malheureusedu pécheur obstiné, qui se desséche et périt commeun roseau privé d’eau ou une herbe germant parmi lespierres, Job, viii, 11-15, et enfin l’état de l’homme justeet innocent à qui Dieu fait une existence heureuse, àl’abri des attaques de ses ennemis. Job, viii, 20-22. II y adans ce premier discours beaucoup d’affirmations et pointde preuves.

Le second n’est pas plus riche en arguments, maisBaldad y donne plus libre carrière à son imagination.Dans un style brillant et fortement imagé, il montrel’éclat de la félicité du méchant s’éteignant dans la tristesselugubre d’une fin que des fléaux nombreux précédent, que l’isolement accompagne, et que suit un honteuxoubli, aggravé par l’absence de toute postérité. Job,

XVIII.

Le troisième discours, — si l’on peut donner ce nomà quelques sentences solennelles qui tiennent en cinçj

I. — 47 versets, Job, xxv, 2-6, — rappelle la puissance de Dieuet le néant de l’homme, ce qui n’a aucun rapport directavec la thèse en débat. Lé magnifique langage de Baldadne sert qu’à mettre en évidence la force probante desfaits invoqués par Job, contre lesquels Baldad ne peutrien alléguer, et à rendre plus éclatante la victoire de Job.Aussi aucun des trois amis ne prendra-t-il plus la paroleaprès ces quelques mots de Baldad; ils la céderont à Éliu, dont l’intervention préparera celle de Jéhovah et la conclusiondu livre.

Baldad parle toujours après Éliphaz, et il reproduit aufond les idées de son ami, en les appuyant sur l’autoritédes anciens sages, Job, viii, 8-10, comme Éliphaz enappelle aux visions. Job, iv, 12-16. Il affirme et il peintplus qu’il ne raisonne. Toutefois, s’il suit le sentimentd’Éliphaz, il n’imite pas la modération dont celui-ci faitpreuve, au moins au commencement. Dès ses premièresparoles, Baldad s’adresse à Job d’un ton acerbe, Job, viii, 2-3, plus accentué encore dans le second discours, xviir, 3-4. Il pousse la dureté jusqu’au point de donner à entendreà ce père affligé que ses fils, Job, I, 19, avaientbien mérité leur sort, viii, 4. Sa colère contre Job s’exaltepar le succès croissant avec lequel le saint patriarcherépond à ses amis; aussi son second discours n’est-il aufond qu’un portrait de Job et un tableau de son tristeétat, sans aucun trait qui vienne, comme dans le premierdiscours, Job, viii, 5-7, adoucir un peu l’amertume de celangage. Ces invectives ne reparaissent pas dans le troisièmediscours; vaincu par Job, il ne convenait plus àBaldad de le prendre de si haut avec lui; il devait mêmelui rendre déjà dans son cœur cette justice que bientôt, par l’ordre de Dieu, il lui rendra publiquement, avecÉliphaz et Sophar. Job, xlii, 7-9. 1^. Palis.

    1. BALDI D’URBIN Bernardin##

BALDI D’URBIN Bernardin, orientaliste et érudititalien, né à TJrbin le 6 juin 1553, et mort dans cette villele 12 octobre 1617. Il s’appliqua d’abord aux mathématiques, puis, afin de se procurer des moyens d’existence, étudia la médecine à Padoue. Il fut très lié avec saintCharles Borromée, et, en 1586, fut pourvu de l’abbaye deGuastalla, qu’il garda pendant vingtcinq ans. Très versédans la connaissance de la littérature grecque, il voulutencore, afin de mieux pénétrer le sens des Écritures, étudierles langues orientales, et son ardeur infatigable pourl’étude ne se laissa arrêter par aucun obstacle. De ses nombreuxouvrages la plupart sont restés manuscrits. En 1594, il traduisit du chaldéen et commenta le Targum d’OnkélosOutre cet important travail, qu’il put achever en uneannée, il avait composé une description du temple d’Ézéchiel, une histoire de Job et un commentaire sur saintMatthieu. Parmi ses poésies imprimées, nous mentionnerons: II diluvio universale cantato con nuova manièrediverti, in —4°, Pavie, 1604. — Voir Tiraboschi, Storiadélia litt. ital. (1824), t. vii, p. iii, p. 1769.

B. Heurtebize.

    1. BALDUIN Friedrich##

BALDUIN Friedrich, théologien protestant, né àDresde le 17 novembre 1575, mort à Wittenberg le1° mai 1627. Il étudia d’abord à l’école de Meissen, etensuite à Wittenberg, où il devint professeur de théologieet assesseur au consistoire. Il a laissé de nombreuxouvrages, parmi lesquels on peut citer les suivants: Commentarius in Haggseum, Zachariam et Malachiam, in —8°, Wittenberg, 1610; Passio Christi typica, complectenspersonas, res, historias Veteris Testamenti inquibus mors et passio Jesu Christi prsefigurabatur, Wittenberg, 1614; in-8°, 1616; Adventus Christi typicus, in-8°, Wittenberg, 1620; Commentarius in omnes Epistolasapostoli Pauli, in quo prœter analysin, explicationemet paraphrasin textus, multipliées commonefactionesex textu eruuntur, tum variis questionibuscontroverse fundamenta sanse doctrinx monstrantur.Les éditions de cet ouvrage sont nombreuses; il parut àFrancfort, en 1644, in-4°; in-f», Wittenberg, 1655; in-f°,

Francfort, 1664; in-4°, ibid., 1680; in-f°, 1691, 1700, 1710.Ce commentaire a été aussi publié partiellement sousdivers titres à Wittenberg, de 1608 à 1630. L’auteur, d’après Walch, s’étend davantage sur les matières moraleset les récits de controverse que sur les points decritique et de philologie. Idea dispositionum biblicarumqua ratio tractandi textus biblicos in coheionibusad populum prseceptis et exemplis monstratur, in —8°, Wittenberg, 1623; Explicatio libri Josue, soixante-huitsermons en allemand, in-4°, Wittenberg, 1610, 1613, 1621; Explicatio libri Judicum, recueil de quatre-vingt-huitsermons en allemand, in-4°, Wittenberg, 1617, 1646; Hausbûchlein Ruth, vor dieser Zeit in zwey und zwanzigPredigten nach der Richtschnur heiliger gôltlicherSchrift schlecht und recht erklàret und geprediget, in-4°, Wittenberg, 1608, 1611, 1620; Psalmi graduum, in-4°, Wittenberg, 1608, 1611, 1625, 1667; Evangelien poslill., in —4°, Wittenberg, 1624; 1625, en trois parties; Hypomnemotahomiliarum in Evangelia dominicalia et festivalia, Wittenberg, 1612, ouvrage traduit en allemandpar André Richard, et qui parut à Wittenberg, in-4°, 1631, 1644; Commentarii in psalmos pœnitentiales cutntextu hébr., grseco et latino, in —8°, Wittenberg, 1599, 1609, 1621. — Balduin est mentionné dans V Indice deslivres proscrits par l’Inquisition espagnole, publié à Madrid, en 1790. L. Guilloreau.

BALÉ, hébreu: Bêla’. Nom de deux personnages,

1. BALÉ, fils de Béor, roi d’Édom. I Par., i, 43. Il estappelé Bêla, Gen., xxxvi, 32. Voir Bêla 1.

2. BALÉ, fils de Benjamin, I Par., viii, 1, que la Vulgateappelle ailleurs plus justement Bêla, Gen., xlvi, 21, comme le texte hébreu. Voir Bêla 2.

BALEINE. La baleine n’a point de nom spécifiquedans la Bible; mais elle est comprise, avec d’autresgrands animaux aquatiques, sous la dénomination de (anet fannin (Septante: xîjtoç), mot qui désigne en généralles animaux qui s’étendent en longueur, tels que les serpents, les crocodiles, les grands cétacés, parmi lesquelsla baleine (fig. 427). Dans la Genèse, i, 21, Moïse rapporteau cinquième jour la création des animaux qui viventdans les eaux, et particulièrement des «grands fannpnim». Il est encore fait mention des cétacés en généraldans le cantique des trois jeunes hommes de la fournaise: «Bénissez le Seigneur, xtjtt) et tout ce qui se remue dansles eaux.» Dan., iii, 79.

La baleine paraît nommée spécialement par Isaïe, xxvii, 1: «Le Seigneur visitera avec son épée ce léviathanvigoureux, ce léviathan tortueux, et il tuera le tanninqui est dans la mer.» Il s’agit bien ici d’un monstremarin, et non du crocodile, que le prophète appelle Léviathan, ni du serpent, qui n’est pas dans la mer. Dans lePsaume ciii, 26, il est encore probablement question dela baleine. Le psalmiste dit, en parlant de la mer: «Surelle se meuvent les navires, et le léviathan que tu as faitpour s’y jouer.» Le mot léviathan signifie «animal quise recourbe», et peut s’appliquer aussi bien que tanninà un grand cétacé. Il ne saurait être question ici du crocodile.Delitzsch, Die Psalmen, t. ii, p. 166, pense avecraison que le psalmiste fait allusion à la baleine. Ce sontdu reste les cétacés, et non les crocodiles, qui se jouentsur les Ilots de la mer et y font des bonds merveilleux.Dans un dernier passage, l’auteur de Job écrit: «Suis-jela mer ou un tannin, pour que tu m’aies environnéd’une barrière?» Job, vii, 12. Il est possible qu’ici lepoète ait voulu parler de la mer et de la baleine; maisparfois le Nil est appelé «mer», et le parallélisme demanderaitqu’alors, dans ce verset, l’idée du fleuve appelâtcelle de son dangereux habitant, le crocodile. C’est à cedernier sens qu’inclinent les commentateurs, parce que

si une barrière peut cerner le crocodile quand il est surle rivage, il ne faut point penser à environner la baleinequi plonge dans les profondeurs.

Il est certain toutefois que les auteurs sacrés ont connules grands cétacés. Parmi les mysticètes, ou cétacés àfanons, la baleine franche se trouvait autrefois dans laMéditerranée en assez grand nombre. Elle s’y aventureparfois encore, et, en 1877, on en a pris une dans le golfede Tarente. Une autre espèce, la Balsenoptera roslrata, se trouve dans toutes les mers, et l’on en a capturé dans laMéditerranée. La Balsenoptera musculus fréquente aussicette dernière mer. Enfin la mégaptère, ou baleine àbosse, est cosmopolite. Revue des questions scientifiques, t. xvii, p. 435; t. xxiii, p. 332. Ces différents animaux, chassés aujourd’hui de nos mers, étaient bien faits pourémerveiller les anciens par leur taille gigantesque, l’agilitéde leurs mouvements, et les jets de vapeur mêlésd’eau que lancent leurs évents, quand ils remontent à lasurface pour respirer. La baleine franche atteint jusqu’àvingt-trois mètres de longueur. De plus, ces gros cétacéséchouent parfois sur le rivage, et il leur est presque imdilater le pharynx de la baleine. Mais il est de principequ’on ne doit pas supposer le surnaturel sans nécessité.Laissant donc de côté l’opinion vulgaire, les interprètesde la Sainte Écriture ont cherché le «grand poisson» dansla classe des pristis ou scies, et dans celle des squales.Dans cette dernière se trouve le Squalus carcharias, quia existé de tout temps dans la Méditerranée comme dansle golfe Persique, et qui n’est pas embarrassé pour engloutirun homme tout entier. Du reste les anciens ne s’y sontpas trompés, et dans les peintures des premiers sièclesqui représentent le miracle de Jonas, le monstre qui engloutitet rejette le prophète ne ressemble à rien moinsqu’à une baleine. Martigny, Dictionnaire des antiquités

chrétiennes, p. 398.

H. Lesêtre.

    1. BALINGHEM##

BALINGHEM (Antoine de), né à Saint -Orner le25 juin 1571, mort à Lille le 24 janvier 1630. Il entra dansla Compagnie de Jésus le 4 octobre 1588. Il fut envoyé àNovellara (Italie) pour faire son noviciat. Après avoirterminé ses études de philosophie à Brescia, il revint enBelgique, professa la philosophie à Douai et fut ensuite

[[File: [Image à insérer]|300px]]
427. — La baleine.

possible de se remettre à flot. Le cas a dû se produirede temps en temps sur les côtes de Palestine.

Dans l’autre espèce de cétacés, les cétodontes, ou cétacésà dents, il faut encore compter le dauphin, le marsouin, le cachalot, qui sont si nombreux dans la Méditerranée, comme dans toutes les mers, et que les anciensont fort bien pu confondre avec les baleines sous le nomgénérique de tannin. On ne peut donc douter que la baleinen’ait été connue des écrivains bibliques, mais il n’estpas possible de savoir à quelle espèce précise de cétacésils font allusion quand ils parlent de monstres marins.

Il est certain du moins que, contrairement à l’opinionpopulaire, ce n’est pas une baleine qui a englouti le prophèteJonas. Le texte sacré parle d’un dâg gâdôl, «grandpoisson,» et dans saint Matthieu, xii, 40, Notre-Seigneurdit que Jonas a été trois jours dans le ventre toO xrjtouî.Le xt)toç est en général un monstre marin, mammifèreou poisson; le dâg, au contraire, désigne toujours un poisson, et le tannin ne le désigne en aucun cas. D’aprèsl’étymologie même, dâg est l’animal «qui se multipliebeaucoup»; la baleine ne porte jamais qu’un seul baleineau, et sa gestation est de plus d’une année. Il est vraique les anciens auraient pu confondre poissons et cétacés, sans qu’on eut à incriminer la Bible, qui parle habituellementselon les apparences. Mais ici son langage estrigoureusem*nt scientifique. La baleine a la bouche largede deux ou trois mètres, et haute de quatre ou cinq, quandelle est béante. Un homme y tiendrait donc, mais l’animalne pourrait l’avaler, parce qu’il a le pharynx trèsétroit et se nourrit seulement de petit* poissons, que sabouche engloutit et retient avec ses fanons comme dansun filet. Sans doute le cas de Jonas est éminemmentmiraculeux, et rien n’empêchait la puissance divine de

appliqué à la prédication. Outre un bon nombre d’ouvragesascétiques empreints d’une certaine originalité etdes traductions de relations des missions étrangères, il apublié: Scriptura sacra in locos communes morwn etexemplorum novo ordine distributa, 2 in-f°, Douai, 1621; Cologne, 1659; Trévoux, 1705; Lyon, 1711. L’auteur y ainséré un ouvrage publié dès 1617: Thésaurus orationumjaculatoriarum ex sacris litteris utriusque Testanienti.

C. SOMMERVOGEL.

BALISTE. Machine de guerre employée dans lessièges pour lancer des pierres ou de grosses poutrescontre l’ennemi, ainsi nommée du grec (3âXXeiv, en latinballista, balista. Ce mot se trouve dans la Vulgate, I Mach., vi, 20 et 51. Les Grecs la désignaient sous leiTnoms de rceTpoédXoç, XiôéëoXoç, XïôoêéXov, mots tinsde la nature du projectile lancé par cette machine. Enhébreu, le terme général de hiSSebônôt est seul employé, II Par., xxvi, 15. Ce mot signiûe «machines deguerre» en général, et il est traduit dans les Septantepar |XT)xavà?, et dans la Vulgate. par machinas; maisparmi ces machines les unes sont certainement des batistes, puisque le texte sacré nous dit qu’elles sont destinéesà lancer de grosses pierres. Voir Catapulte, Machine.

Pline, H. N., vii, 56, dit que les Grecs empruntèrentaux Syrophéniciens les balistes de guerre. Elles apparaissentdans l’Écriture sous le règne d’Ozias, qui en litconstruire et déposer un certain nombre sur les tours etdans les angles des remparts de Jérusalem. II Par., xxvi, 15.Les Machabées se servirent de balistes dans les guerresde l’indépendance. I Mach., vi, 20 et 51; cf. xi, 20. Dansles deux premiers de ces passages, la Vulgate traduit parbalistas le mot grec $tlotniae.KCette traduction estinexacte. Le mot psX<i<n; «<n; désigne non les machines 1M5

BALISTE — BALLART

1416

de guerre, mais tout emplacement destiné à les recevoir.Revue de philologie, nouv. sér., t. iii, 1879, p. 129. Le mêmemot grec est employé à tort par les Septante, Ezech., iv, 2, pour traduire le mot hébreu karim, que la Vulgate traduitexactement par arietes. Voir Bélier. Dans I Mach., VI, 51, le texte grec emploie le mot propre >iôoëô>a, quela Vulgate traduit par la périphrase: tormenta ad lapidesjactandos.

Nous n’avons aucun renseignement sur la manière dontétaient construites les balistes des Juifs. Elles devaientressembler à celles des Grecs et des Romains. Celles-cine sont représentées sur aucun monument figuré, maisles anciens nous en ont laissé plusieurs descriptions; enparticulier: Héron, BeXonouxâ, 30; Vitruve, x, 10-12;

Ammien Marcellin, xxiii, 4, 1. Quoique plusieurs de cesdescriptions datent du bas empire, tout nous porte àcroire que les formes des machines n’avaient pas changé.D’après ces descriptions, les savants modernes ont tentéplusieurs restitutions, dont voici la plus probable. Labaliste se composait essentiellement d’un fort ressort oubande élastique en nerf, corde, bois ou fer. Cette bandeétait large et en forme de sangle, de façon à pouvoir biensaisir les projectiles. Une rainure a b servait de guide au projectile, et un curseur mobile c d était ramené en arrièreavec la bande au moyen d’un treuil. On lâchait le curseur, et le projectile était lancé avec une grande force (fîg. 428).La machine reposait donc sur le principe de l’arbalète.D’autres machines, destinées également à lancer despierres, étaient construites d’après les principes de lafronde. On les appelait «onagres», ovafpo; , onager.L’onagre consistait dans une tige de bois dresséecomme un timon et fixée à terre par une barre rondetransversale, engagée dans les deux côtés d’une caisseformée de grosses pièces de bois. La tige était terminéepar une fronde. Cette tige, fortement ramenée en arrièreà l’aide d’un treuil, et subitement relâchée, allait frappersur un coussin de matières molles destiné à amortir lecoup. La pierre, détachée de la fronde par ie choc, étaitprojetée au loin avec violence (fig. 429). Ammien Marcellin, Réf. gest., xxiii, 4. Certaines de ces balistes étaientd’une grande puissance et pouvaient lancer des blocsénormes. Selon Josèphe, Rell. jud., V, ii, 3, les balistes

qu’employèrent les Romains au siège de Jérusalem, sousTitus, envoyaient des projectiles pesant deux talents(environ soixante kilos) à plus de deux stades ou quatrecentsmètres. On transportait les balistes et les onagressur des chariots. La figure 430 représente un onagretransportéde la sorte.

Voir A. de Rochas d’Aiglon, L’artillerie chez les anus. — Onagre.

Musée de Saint -Germain. D’après un essai de restaurationdu général de Reflye.

tiens, dans le Bulletin monumental, 1882, n os 2 et 3, etin-8°, Tours, 1882; Id., Coup d’œilsur la balistique etla fortification dans l’antiquité, dans l’Annuaire del’association pour l’encouragement des études grecques, 1877, p. 272-285: K.ochly et Rùstow, Geschichte desgriechischen Kriegswesens, in-8°, Argovie, 1852; Grie480. — Onagre porté sur un chariot.

Colonne de Marc-Aurèle. D’après Bartoll, Golwnna CochlisM. Aurélia Antonlno dlcata, ln-fo, Rome, 1704, pi. 14, n° 2.

chische Kriegschriftsteller, griechisch und deutsch, mitkritischen und erklârenden Anmerkungen von Kbchlyund Rûstow, part, i, in-8°, Leipzig, 1853; C. Wescher, Poliorcétique des Grecs, Paris, 1867, in-4°; H. Droysen, Heerwesen und Kriegfûhrung der Griechen, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1889, p. 199 et suiv.; Th. Mommsenet Joach. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, trad. franc., t. xi, p. 257 et suiv. E. Beurlier.

    1. BALLART d’Inville##

BALLART d’Inville (Charles-François), né à Besançonvers 1711, mort au monastère de Notre-Dame de Nogentle 21 avril 1771. Il entra de bonne heure dans la congrégationdes Bénédictins de Saint -Maur, et fit profession àSaint-Remy de Reims, le 15 juin 1729. Ses études terminées, il fut, avec dom Vincent de la Rue, donné commecollaborateur à dom Pierre Sabbatier, qui préparait depuisde longues années l’édition de la version italique. Déjàavancé en âge, Sabbatier put croire que l’activité de sesjeunes compagnons lui permettrait de mener à bonne finson entreprise; mais il mourut au cours de l’impressiondu deuxième volume. Ses deux disciples, aidés de domClémencet, achevèrent le travail, Ballart et de la Rue

gardant le soin de l’impression, Clémencet se chargeantdes préfaces et de l’épître dédicatoire. L’ouvrage fut publiésous ce titre, un peu différent de celui qu’avait projetéSabbatier: Bibliorum sacrorum versiones latins, antiquse, seu Vêtus Italica, et ceteræ quœcumque in codicibusmss. et antiquorum librïs reperiri potuerunt: quse cumVulgata latina et cum textu grseco comparantur. Accedunt prxfationes, observationes ac notée, indexque novusad Vulgatarne regione éditant, idemque locupletissîmtis.Opéra et studio D. Pétri Sabbatier, ordinis sanctiBenedicti, e congregalione sancti Mauri, 31n-f°, Reims, -1743-1749. L’ouvrage reparut chez François Didot, Paris, 1751. J. Pahisot.

1. BALLE (hébreu: môs, de la racine mû$, «presser, séparer» ), enveloppe du grain des graminées, blé, orge, etc., composée de deux écailles ovales ou glumelles s’emboîtaritl’une dans l’autre, de façon à former une sortede capsule. Après le battage destiné â broyer les épispour en détacher le grain, on enlevait la grosse paille;

tombeaux. Wilkinson en a reproduit une en cuir dont lacouture est visible, et une autre en terre cuite peinte, de

[[File: [Image à insérer]|300px]]
431. — Balles égyptiennes.

D’après’WllklnsoE, Jlfonners and Oustoms o/the aneient Egyptians,

2° édit, t. ii, p. 67..

la collection de Sait (fig. 431). Sur les peintures des tombeauxde Béni -Hassan, on voit représentés divers jeu*

[[File: [Image à insérer]|300px]]
432. — Joueuses de balle égyptiennes. Tombeaux de Béni -Hassan. D’après Champolllon, Monuments de l’Egypte, pi. 367.

il restait alors sur l’aire, mélangés au grain, des débrisde paille triturée, pn, tébén, et la balle, yta, môs.

La séparation s’effectuait par l’opération du vannage.Quand le vent soufflait (et en Palestine la brise s’élèvechaque soir), on projetait en l’air ce mélange, à l’aidede larges. pelles à manche très court (cf. col. 325, fig. 72).Le bon grain,-o, bâr, plus pesant, retombait à terre

à la même place, tandis que les corps légers, commeles débris de paille et la balle, étaient emportés par levent à une certaine distance. Is., xli, 15. Cette fragileenveloppe ainsi portée loin de l’aire où demeure le bongrain est souvent prise, dans l’Écriture, comme imagedu sort des méchants devant la justice de Dieu. Ps. i, 4; xxxiv, 5; Ose., xiii, 3; Job, xxi, 18; 1s., xxix, 5; xli, 15.Les nations elles-mêmes, dispersées par la menace divine, sont comparées à la balle des montagnes, c’est-à-direà la balle d’une aire bien exposée au vent. Is., xvii, 13. Le jour de la justice divine viendra avec autantde facilité et de promptitude que la balle qui passe. Soph., il, 2. Le chaldéen, Dan., ii, 35, pour désigner la balle, emploie le mot "w, ’ûr, «pellicule» qui recouvre le grain{cf. iW, ’ôr, «peau» ). Les Septante traduisent le mothébreu môs tantôt par x v0 °îj <I u i a Ie sens de «paillelégère, balle», aussi bien que celui de «poussière»; tantôt par -^oûç, «poussière;» tantôt par xoviopiôç, «poussière,» Job, xxi, 18, ou av601, «fleur.» Soph., ii, 2.L’espérance de l’impie, Sap., v, 15, est comme x°û?, <(’apoussière,» que le vent emporte; mais les meilleursexemplaires ont x v <>ùç, «la balle.» La Vulgate, à la suitedes Septante, rend le mot hébreu par pulvis ou favilla.Dans Sap., v, 15, elle approche davantage du sens exact: ianugo, «duvet, bourre.» E. Levesque.

2. BALLE à jouer (hébreu: dur; Vulgate: pila). Elleétait connue des Égyptiens, et l’on en a retrouvé dans leurs

de balles (fig. 432 et 433). Isaïe, xxii, 18, prophétisantcontre Sobna, préposé au temple de Jérusalem, dit que

433. — Autres joueuses de balle égyptiennes.Tombeaux de Beni-Hassan. D’après Champollion, pi. 367.

Dieu le fera rouler comme une balle dans un vaste espace.C’est le seul passage de l’Écriture où il soit fait allusionà la balle à jouer.

    1. BALLESTER Louis##

BALLESTER Louis, théologien espagnol, né à Valenceen 1544, mort dans cette ville le 1° mai 1624. Il entra aunoviciat de la Compagnie de Jésus le 1 er septembre 1562.Il expliqua longtemps l’Écriture Sainte à Valence, et enseignal’hébreu. Il fit des missions dans l’île de Sardaigne, et fut supérieur de la maison de Tarragone. On a de lui: Onomatographia, sivè Descriptio nominum varii elperegriniidiomatis, quse alicubi in latina Vulgata editioneoccurrunt, in-4°, Lyon, 1617. La première partie contient, par ordre alphabétique, les noms des principalesmatières des deux Testaments; la seconde, les noms desprincipaux personnages, avec l’indication des temps oùils vivaient. — Hierologia, sive De sacre sermone, conti*nens summam atque compendium porilivse théologies,

fere omnia quse in Sacra Scripturâ tractantur attingens, innumera ejus loca lingux hebraicx prxsidio explicans, in-4°, Lyon, 1617. C. Sommervogel.

    1. BALOTH##

BALOTH, hébreu: Be’âlôt, féminin pluriel de Ba’al.

1. BALOTH (Septante: BaXjjiaivâv), ville de la tribu deJuda. Jos., xv, 24. Elle fait partie du premier groupe, comprenantles villes de l’extrémité méridionale de la Palestine, et elle est citée entre Télem et Asor la neuve. Il est impossibled’en déterminer la position, la plupart des nomsqui la précèdent et qui la suivent étant rebelles à touteidentification. Peut-être cependant est-elle identique àBaalath Béer Bamath, ville située sur la frontière méridionalede Siméon, Jos., xix, 8. Voir Baalath Béer

RAMATH. A. LEGENDRE.

2. BALOTH (Septante: BaaXtie), une des circonscriptionsterritoriales. qui, sous Salomon, devaient tourà tour, pendant l’année, subvenir à l’entretien de latable royale, III Reg., iv, 16. L’officier chargé d’y leverles impôts s’appelait Baana, fils d’Husi. Le texte portequ’il gouvernait be’âsêr ûbe’âlôf; Septante: èv’Aoripxa Iv BocaMiô; Vulgate: in Aser et in Baloth. Laquestion est de savoir si dans be’âlôt le beth appartientau mot ou s’il indique la préposition. Reland, Palsestina, 1714, t. ii, p. 617, croit qu’il est ici préfixe commeau ꝟ. 9, dans be-Mâqas ube-Sa’albîm, «à Maccès et àSalébim;» et qu’il faut lire Aloth, Keil dit de son côtéque si le beth fait partie du mot, Be’âlôt indique unecontrée comme Aser, car, pour unir un nom de pays à unnom de ville, il faudrait répéter la préposition, DieBûcher der Kônige, Leipzig, 1876, p. 40. Les versionsgrecque, latine et syriaque ont répété cette préposition; mais qu’on adopte l’une ou l’autre lecture, il est impossiblede savoir quelle est la région ou la ville dont il estici question. Une chose certaine cependant, c’est quecette seconde Baloth ne saurait être confondue avec laprécédente, celle-ci appartenant au sud, celle-là au nordde la Palestine. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 402, rapproche Aloth de Alia, ville de la tribud’Aser, à l’est d’Ez-zib (Achzib). Voir Aser, tribu et

carte. C’est une simple conjecture.

A. Legendre.

1. BALSAMIER. Voir Baumier.

2. BALSAMIER À MYRRHE. Voir MYRRHE.

1. BALTASSAR. Hébreu: Bêltesa’ssar; versiongrecque: Boùxitmp; Vulgate: Baltassar; babylonien: Balatsu-ussur, avec ellipse d’un nom divin: «[Bel ouNébo] protégera sa vie.» Nom donné à Daniel par Asphenez, chef des eunuques de Nabuchodonosor suivant laVulgate, chef des princes suivant une interprétation assyriennedu terme hébreu rab sarîsîm (voir col. 1124). Dan., I, 7. L’usage de changer les noms des villes conquises oudes sujets élevés sur le trône par leur vainqueur étaitfréquent: Nabuchodonosor changea en Sédécias le nomde Mathanias; peu auparavant, Néchao II avait changé enJoakim le nom d’Éliacim, successeur de Josias. Quant aunom de Baltassar porté par Daniel, il diffère dans l’orthographehébraïque du nom porté par le fils de Nabonide, le dernier prince de Babylone; l’un s’écrit BêlteSa’ssaravec un teth, to, l’autre simplement Bêlsa’ssar. Le premier, celui de Daniel, est même un nom abrégé, dontla forme pleine était Nebo ou Bel-balatsu-ussur. Ce nomse retrouve, avec très peu de changement dans la listecunéiforme (des noms propres, The Cuneiform Inscriptionsof Western Asia, t. ii, pi. 64, col. i, 1. 14; col. iii, 1. 15, sous les formes Nabu-balatsu-ikbi, «Nébo décrètesa vie», Nabu-napsat-ussur, «Nébo protège sa vie», etc.C’est à une forme semblable que Nabuchodonosor faitallusion, Dan., iv, 5, lorsqu’il dit de Daniel qu’il a été

désigné «suivant le nom de son dieu». Quant à l’abréviationpar suppression du nom divin, elle était dansl’usage courant non seulement en hébreu, comme on lereconnaît généralement; mais aussi en babylonien, oùl’on trouve pour le même personnage les formes Nabunadin-ziraet Nadinu, Nabu-sum-ukin et Sumukin, dans les différentes listes ou annales des rois de Babylone.— Strassmaier, dans Knabenbauer, Commentariusin Danielem, 1891, p. 70, donne une autre étymologie: Belit-Sar-ussur, «[la déesse] Belit protégera le roi;» mais cette explication paraît moins bien s’accorder avecle texte cité de Dan., iv, 5. Voir aussi Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 125; Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 5e édit., t. iv, p. 447; Delitzsch, dans Bær, Lïbri Danielis, Ezrx et Nehemix text. mass., 1882,

p. ix et x. Voir Daniel.

E. Pannier.

2. baltassar. Chaldéen: Bêlsa’ssar (Dan., v, 1: nîmwbs, et vii, 1: nsràNba); version grecque: BaXxàaa.p;

textes cunéiformes: J *~ tr^TJ fcfe>» iï-£, Bel-sarussur, «[le dieu] Bel protégera le roi.» Fils de Nabonide, roi de Babylone, et lui - même le dernier princebabylonien (?-538), suivant le récit de Daniel, v, 30-31.Tous les auteurs anciens nous disent que Babylone futprise par Cyrus sous le règne de Nabonide; que celui - cin’était même pas alors dans sa capitale, et qu’il survécutà la chute de son empire, réduit par son vainqueur aurôle de satrape de Carmanie. En conséquence, les unsniaient ouvertement l’existence du Baltassar biblique, etse servaient de ce fait pour combattre l’authenticité dulivre de Daniel, comme Hitzig, Kurzgefasstes exegetischesHandbuch, Daniel, 1850, p. 72-78; Kuenen, Histoirecritique de l’Ancien Testament, t. ii, p. 556, etc.; les autres identifiaient ce prince avec Nabonide, à la suitede Josèphe, Ant. jud., X, ii, 2, et de saint Jérôme, t. xxv, col. 518, avec Évilmérodach, ou bien avec Labosoarchod, comme Keil, Daniel, 1869, p. 138, et encorerécemment M. l’abbé Fabre d’Envieu, Daniel, 1888, t. i, p. 358-409. Mais aucun de ces princes ne satisfait auxconditions exigées par le texte sacré, outre que les identificationsproposées ne reposent sur aucun fondementréel. — Depuis lors des textes cunéiformes récemmentdécouverts ont sinon jeté une pleine lumière, du moinsgrandement éclairci cette question et justifié Daniel. Grâceà une inscription dédicatoire de Nabonide, provenant dutemple de Sin, à Ur-Kasdim, et à une tablette de Cyruscontenant un abrégé du règne du dernier roi de Babylone(voir les textes dans The Cuneiform Inscriptionsof Western Asia, t. i, pi. 68, col. 2; t. v, pi. 35 et 64, etla traduction dans Records of the past, new ser., t. v, p. 144; first ser., t. v, p. 143; Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek, t. i, p. ii, 88, T28), nous savons que le Bisaîné de celui-ci se nommait précisément Baltassar; quece prince, tandis que son père se tenait perpétuellementenfermé dans son palais de Téma, protégeait le pays à latête des grands et de l’armée, dès la septième année etdurant les suivantes du règne de son père. Au contraire, , la dix-septième année, Nabonide prend lui-même l&commandement de l’armée, quitte Babylone, est battu parCyrus, prend la fuite et est fait prisonnier; comme letexte ne dit plus rien du fils du roi, il est croyable quelui était rentré à Babylone et y commandait à la place deson père. Le rôle joué par Baltassar est donc analogueà celui de Nabuchodonosor du vivant de son père Nabopolassar; aussi Jérémie donne à ce dernier le titre de roi, .xl vi, 2, comme Daniel, v, 1, le donne à Baltassar. Il est; probable que cette sorte d’association au trône eut une proclamationofficielle quelques années avant la fin de Nabonide, comme cela se fit pour Assurbanipal du vivant deson père Asarhaddon, et c’est de cette époque que Danieldate quelques-unes de ses prophéties, vii, 1 j toi, 1; cette

association au trône est admise par la plupart des assyrio-Iogues(Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, p. 168; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne, t. iv, p. 438, note, et Lenorraant, Manuel d’histoire ancienne, t. ir, p. 242; Delattre, Salomon, Assurbanipal, Ballhasar, 1883, p. 7; Menant, Babylone et la Clialdée, p. 258). Eb. Schraderreconnaît que Baltassar «occupait une position exceptionnelledu vivant de son père», dans SchraderWhitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. i’Sl, et dans Riehm, ffandwôrterbuch desBiblischen Àltertutns, t. i, p. 163, qu’ «il a même peut-êtreporté [dès lors] le titre de roi». Dans ce cas, l’Écritureemploie le même terme pour le père et pour le fils, commeelle le fait pour David et Salomon, ITI Reg., i, 39, 43, 47; mais le contexte laisse entendre que Baltassar n’était pasencore monarque indépendant; il n’occupe que la secondeplace du royaume, et Daniel, dont il veut faire son ministre, n’en tiendra que la troisième, Dan., v, 7, 16 (cf. Josephrecevant dans une circonstance analogue la secondeplace, Gen., xli, 40). De plus, dans le texte chaldéen, querendent mal la version grecque et la Vulgate, on lit bernaikoufâ, «dans le royaume,» et non bemalkoufi, «dansmon royaume,» v, 7. Voir Vigoureux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 5 9 édit., t. iv, p. 523-515; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and theOld Testament, t. ii, p. 130-135. À plusieurs reprises, ilest vrai, Baltassar est donné comme fils de Nabuchodonosor.Il peut y avoir là une simple faute de transcription, Nabonide son père étant beaucoup moins connu, et les deux noms commençant par le même élément, lenom du dieu Nébo. Mais il est plus probable que le texteest exact; les mots «père, fils», ont ici le sens large fréquenten babylonien, en assyrien et dans toutes les languessémitiques, d’ «ancêtre ou prédécesseur, descendant ousuccesseur»: rien ne s’oppose à ce que Nabonide ait véritablementépousé une fille de Nabuchodonosor même avantde monter sur le trône, car il était alors grand dignitairereligieux de l’empire. Quant à une descendance de Nabuchodonosorpar Nabonide, les textes cunéiformes et lesrécits des historiens ne la rendent pas admissible.

Les inscriptions de Cyrus représentent Baltassar commeun prince actif et belliqueux, et aimé des grands duroyaume, à la différence de son père; l’Écriture nous donneseule des renseignements sur sa fin tragique. Son célèbrefestin doit se placer après la fuite de Nabonide; abritéederrière les hautes murailles de la capitale, la cour secroyait en sûreté, quand au milieu d’un festin, au momentoù l’on buvait dans les vases sacrés du temple deJérusalem, apparut une main traçant sur l’enduit de lamuraille des caractères menaçants, Dan., v, 1-31; lesmurs des palais babyloniens étaient, en effet, non pas généralementrevêtus de plaques d’albâtre sculptées, commeceux des palais ninivites, mais rehaussés de peinturessur enduit. Baltassar ayant vainement consulté les devinsde sa cour, la reine, probablement la reine mère de larace de Nabuchodonosor, l’engagea à interroger Daniel; Nabonide, usurpateur, avait sans doute tenu à l’écart leprophète juif, ce qui explique la façon dont le texte parlede lui, v, 11, 13, et qui ne se concevrait pas si Baltassareût été le propre fils de Nabuchodonosor. Suivant lesanciens, la phrase mystérieuse était rédigée en hébreu oueh araméen, non en babylonien. Mais nous savons, par assez bon nombre de documents bilingues, que l’araméenétait compris à Babylone. Les rabbins croient quede plus les caractères étaient disposés ou bien suivantl’ordre de l’alphabet cryptographique athbasch (voir cemot), ou bien en colonnes longitudinales à lire de hauten bas, ou bien en forme d’anagramme, et que Danielseul découvrit la clef de cette lecture. Toutes ces hypothèsessubtiles ne sont pas nécessaires: l’inscription a puêtre en langue babylonienne; en cette langue comme entoute autre, trois mots isolés peuvent très bien présenterune interprétation énigmatique; de plus, à côté des caractères phonétiques, les Babyloniens se servaient aussi decaractères idéographiques, et chaque idéogramme a desvaleurs multiples que le contexte seul peut d’ordinairepréciser: ainsi le caractère f", composé de deux clousreprésentant à peu près une balance dite romaine, signifie: sakalu, «peser» (Thécel); taratsu, «affermir;» rakasu, «lier;» tsimdu, «attelage,» etc. Daniel lut doncl’inscription, l’interpréta et reçut sur-le-champ la récompensepromise, la pourpre, le collier d’or et la dignitéde premier ministre. L’inscription est transcrite par Théodotion, suivi par la Vulgate: Mane, Thecel, Phares, Mivr), ©exèX, «Êâpe; . Le texte chaldéen porte un peu différemment: Mené’Mené’Tekêl u Pharsin, ce qui cadremoins bien avec l’interprétation de chaque mot donnéepar Daniel, et qui a suggéré à M. Glermont-Ganneaul’idée d’y chercher non des mots isolés, mais une sortede phrase proverbiale appliquée à Baltassar, dans laquelleles noms des poids babyloniens sont employés, la mine, le sicle et le plieras, comme dans ce proverbe rabbinique, appliqué à un fils indigne de son père: «C’est unpheras, fils d’un mane, une demi-mine, enfant d’unemine.» Glermont-Ganneau, Manê, Thécel, Phares et lefestin de Balthasar, dans le Journal asiatique quilletaoût1886), t. viii, p. 36-67. — L’interprétation de Daniel: «Mane (de la racine mena’, «compter» ), Dieu a comptéton règne et y a mis fin; Thecel (de la racine tekal, «peser» ), tu as été pesé dans la balance ( car c’est ainsiqu’on vérifiait alors la valeur des monnaies ou des cerclesde métal précieux en tenant lieu), et tu as été trouvétrop léger; Phares (de la racine peras, «séparer, diviser» ), ton royaume est séparé [de toi], et il est donnéau Mède et au Perse (allusion au verbe peras),» reçutun prompt accomplissem*nt: la nuit même les Perses deCyrus entrèrent à Babylone, et Baltassar fut tué (538).Voir Cyrus. ë. Pannier.

3. BALTASSAR. Nom d’un fils de Nabuchodonosordans la lettre des Juifs captifs en Babylonie à leurs frèresde Palestine. Bar., i, 11, 12. Cette lettre est datée de lacinquième année après la prise de Jérusalem sous Sédécias, en 583. Par conséquent le Baltassar qui y est mentionné, «à l’ombre de qui» les Juifs désirent mener enexil une vie tranquille, et pour lequel ils offrent leursprières et leurs sacrifices sur les restes de l’autel desholocaustes, est absolument distinct du Baltassar de Daniel, v, 1, le fils de Nabonide: ce dernier, n’ayant jamaiseu de droit au trône babylonien, n’y était arrivé que parusurpation violente, et beaucoup plus tard. — On peutadmettre que ce Baltassar, fils et héritier présomptif deNabuchodonosor, est Évilmérodach, mentionné dans Jérémie, m, 31, et dans IV Reg., xxv, 27, qui succéda eneffet à Nabuchodonosor son père, soit, comme pense Niebuhr, ’Geschichte Assur und Babel, 1857, p. 92, que ceprince ait porté deux noms, ce qui est assez peu probabledans la circonstance; soit qu’il y ait eu dans Baruch, dont le texte hébreu s’est perdu, une erreur de transcription.On peut croire aussi que ce Baltassar, héritierprésomptif, mourut avant son père. C’est peut-êtremême lui que nous trouvons mentionné comme fils deNabuchodonosor dans un texte babylonien publié parStrassmaier et traduit par Sayce, dans les Becords ofthe past, new ser., t. v, p. 141. Le prince y porte le nomde Marduksuma-ussur, «[Que le dieu] Marduk protègeson nom:» or Marduk s’appelait aussi ordinairementbel, «le seigneur,» ce qui donne la forme Belsuma-ussur, analogue à l’hébreu Bel-sassar.

E. Pannier.

BALTHASAR. Voir Baltassar.

    1. BAMIDBAR RABBA##

BAMIDBAR RABBA (MIDRASCH), explicationrabbinique du livre des Nombres. Voir Midrasch.

1. BAMOTH (bâmôt). Mot hébreu, que la Vulgate a

traduit par excélsa et qui désigne les «hauts lieux», oùl’on offrait des sacrifices aux fausses divinités et quelquefoisaussi au vrai Dieu. Voir Hauts lieux.

2. BAMOTH (hébreu: Bàmôt, «lieux élevés»; Septante: Bajjuiô), station des Israélites, se rendant au paysde Chanaan. Num., xxi, 19. C’est probablement uneabréviation de Bamothbaal. Voir Bamothbaal.

    1. BAMOTHBAAL##

BAMOTHBAAL (hébreu: Bâtnôp Ba’al, «hautslieux de Baal,» Jos., xiii, 17; Num., xxii, 41; Bàmôt, Num., xxi, 19, 20; Septante: Battuùv BaaX, Jos., xm, 17; Bajuiô, Num., xxi, 19, 20; tt]v a-rijXïiv toO BaâX, Num., xxii, 41; Vulgate: Bamothbaal, Jos., xiii, 17; Bamôth, Num, , xxi, 19, .20; excelsa Baal, Num., xxii, 41), ville de Moab, assignée, après la conquête, à la tribu de Ruben, Jos., xiii, 17. Comme le nom signifie «les hauts lieux de Baal», on peut se demander s’ilindique ici d’une façon générale les endroits consacrésau culte du dieu, ou s’il représente une ville en particulier.Les versions grecque et latine en ont fait un nompropre, excepté dans un seul passage, Num., xxii, 41, et cette traduction semble ressortir naturellement ducontexte. Josué, xiii, 17, mentionne Bamothbaal au mêmetitre que Baalmaon, Dibon, Bethphogor et les autres.Dans les Nombres, xxi, 19, 20, sous la forme abrégéeBamoth, elle désigne, comme Matthana etNahaliel, unestation des Israélites avant leur arrivée près du Jourdain.Bien ne nous empêche aussi, malgré l’autorité des Septanteet de la Vulgate, d’y voir un des points d’où Balaamcontempla les tentes d’Israël. Num., xxii, 41. Mais ilnous paraît fort douteux que l’habbâmôf d’Isaïe, xv, 2, soit une ville; l’article montre plutôt qu’il s’agit là deshauts lieux sur lesquels iront pleurer les Moabites.

Il reste à savoir où se trouvait Bamothbaal. Dans Josué, xiii, 17, elle est citée après Hésébon, aujourd’hui Hesbân, Dibon, et avant Baalmaon, Ma’în. Dans les Nombres, xxi, 19, 20, elle marque la station qui suit Nahaliel: or Nahaliel, le «torrent de Dieu», est, pour les uns, l’Ouadi Enkheiléh, qui se joint au Seil Saidéh pour formerl’Ouadi Modjib; pour d’autres, c’est l’Ouadi ZerqaMa’în, un peu plus haut. L’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 101, 231, place «Bamoth, BafitiÔ, ville des Amorrhéens, au delà du Jourdain, sur l’Arnon». D’aprèsl’ensemble de ces renseignements, elle devait se trouverau delà, c’est-à-dire au nord du torrent. «À deux millesimmédiatement au nord de Dibon, au milieu de lavallée de Ouadi Ouâléh, tributaire septentrional de l’Arnon, s’élève une colline isolée assez peu élevée. Ausommet sont les restes d’une grande plate-forme carrée, construite en grosses pierres jointes sans ciment. Irby etMangles ont pensé que c’étaient les restes de ce haut lieu.D’autres auteurs n’admettent pas l’identification, parceque les plaines de Moab ne peuvent pas être vues de cetendroit.» Trochon, Les Nombres, Paris, 1887, p. 121°. Aussi, d’après plusieurs exégètes, Bamothbaal serait plutôt surle Djebel Attarus, au nord-ouest de Dibon, au-dessousde Zerqa Ma’în; de là la vue est assez étendue. Cf.C. F. Keil, Leviticus, Numeri und Deuteronomium, Leipzig, 1870, p. 303. Suivant un calcul de C. R. Conder, basé sur le nombre des campements indiqué Num., xxi, 13-20, il faudrait la chercher plus haut, à El-Maslûbiyéh, au sud de l’Ouadi Djideid et du mont Nébo; onrencontre là un groupe assez considérable de monumentsmégalithiques. Cf. Palestine Exploration Fund, QuarterlyStatement, 1882, p. 85-89; Conder, Heth andMoab, in-8°, Londres, 1889, p. 144, 145. Le roi Mésa, dans sa stèle, parle d’une Beth Bamoth, riD3 iii, qu’ilbâtit «parce qu’elle était en ruines», dévastée peut-êtrepar les guerres qui avaient eu lieu entre les tribus d’Israëlet les Moabites. Cf. A. de Villefosse, Notice des monumentsprovenant de la Palestine et conservés au muséedu Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4; Vigouroux, La Bible

et les découvertes modernes, 4 in-8°, Paris, 1889, 5e édit., t. iv, p. 62. Serait-ce la même que Bamothbaal? C’est

fort possible.

A. Legendre.

BANA (hébreu: Ba’ânâ’, «fils de l’affliction;» voiraussi Baana 3 et 6; Septante: Bavet), fils d’Ahilud et l’undes douze intendants de Salomon. Son district comprenaitThanac, Mageddo et le pays de Bethsan. III Reg., iv, 12.

    1. BANAA##

BANAA (hébreu: Bin’âh et Bin’â'; Septante: Baavdc), fils de Mosa et père de Rapha, dans la descendancede Saùl. I Par., viii, 37; ix, 43. Les manuscritshébraïques, qui ne sont pas d’accord sur la lecture dela dernière consonne de ce nom, ne le sont pas non plussur la première. Plusieurs ont un s, caph, à la. place dua, beth; et c’est la leçon du syriaque et de l’arabe.

    1. BANAÏA##

BANAÏA, BANAIAS. Hébreu: Benâyâh, Benâyâhû, «Jéhovah a bâti,» c’est-à-dire [lui] a fait un établissem*ntprospère; Septante: Bavafaç. Nom de dix Israélitesdans la Vulgate; le texte hébreu en compte deuxautres, appelés Banéa, I Esdr., x, 25, Êanéas, I Esdr., x, 35, dans notre traduction latine. Voir Banéa 1 et 2.

1. BANAIAS (hébreu: Benâyâhû), de race sacerdotale, fils du prêtre Joïada, originaire de Cabséel, ville situéedans le sud du territoire de Juda. II Reg., xxiii, 20;

I Par., xxvii, 5. Placé par David à la tête de la garderoyale, composée des Céréthites, des Phélétites et desGéthéens, II Reg., viii, 18; xv, 18, il reçut en outre dece prince le commandement de la troisième des douzedivisions de vingt-quatre mille hommes qui devaient àtour de rôle servir chacune un mois par an. Il occupaces deux postes en même temps, au moins jusqu’à la findu règne de David, III Reg., i, 38, et c’est peut-être pourlui faciliter l’exercice de ce double commandement qu’onlui donna comme lieutenant, à la troisième division, sonfils Amizabad. I Par., xxvii, 5-6.

Un des titres de Banaïas à ces postes élevés était assurémentsa bravoure extraordinaire. L’Écriture dit quec’était un homme très vaillant ( car c’est à lui, et non àson père, que le texte original applique ces mots), et ellerapporte trois de ses exploits: il avait tué d’abord deuxlions de Moab; il en tua plus tard un autre, qu’il allaattaquer dans une caverne; enfin il mit à mort un Égyptiend’une taille de cinq coudées, armé d’une lance dontle bois était comme une ensouple de tisserand. Banaïas, ayant pour toute arme un bâton, s’avança vers ce géantet lui arracha sa lance, dont il le perça. II Reg., xxiii, 20-22; I Par., xi, 22-23. Plusieurs ont pensé que parles deux lions du premier exploit il fallait entendre deuxguerriers renommés pour leur force. Ce sentiment a pourlui le syriaque et le chaldéen: au lieu de «lions», le syriaquea lu «des géants», et le chaldéen a traduit «desprinces». Les Septante portent: «les deux fils d’Arielde Moab,» II Reg., xxiii, 20; mais ils traduisent, I Par., xi, 22, comme la Vulgate: «les deux Ariel de Moab.» Voir àriel 2. Un soldat de cette valeur avait sa place toutindiquée parmi les «vaillants de David»; il occupa, eneffet, un rang distingué à côté d’Abisaï, et il fut l’un destrois de la seconde triade de ces vaillants. Il est aussimentionné comme étant un des officiers désignés par letitre de salUîm, ceux que la Vulgate appelle les «trente».Voir col. 978. II Reg., xxiii, 23; I Par., xi, 24-25. Cf.F. de Hummelauer, Commentarius in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 436.

David avait donné à Banaïas une grande marque deconfiance en le faisant entrer dans son conseil secret,

II Reg., xxiii, 23; il lui en donna une plus grande encoreà l’occasion de la tentative d’usurpation d’Adonias. Aussitôtqu’il eut connaissance du complot, il fit appelerBanaïas et lui ordonna d’aller à Gihon, avec la garde

royale dont il avait le commandement, pour y assurer laproclamation de Salomon comme roi d’Israël, et protégerla cérémonie du sacre du jeune prince, qui allaitêtre accomplie par le prophète Nathan et le grand prêtreSadoc. Banaïas ne put, en recevant cette mission, contenirl’expression de son dévouement pour David et pourSalomon. III Reg., r, 32-38. Ce dévouement était du restebien connu des ennemis mêmes de David, III Reg., i, 10, qui ne tardèrent pas de fournir au nouveau roi une occasiond’en témoigner à Banaïas sa reconnaissance: lesmenées ambitieuses d’Adonias, toujours soutenu par Joab, le déterminèrent à se débarrasser de l’un et de l’autre.Par son ordre, Adonias et Joab périrent successivementde la main de Banaïas, et celui-ci reçut alors de Salomonla plus haute charge du royaume, le commandementen chef de l’armée d’Israël, vacant par la mort deJoab. III Reg., ii, 17, 23-25, 29-35. E. Palis.

2. BANAÏA (hébreu: Benâyâh et Benâyâhû), un desgibborîm (col. 973) de David, originaire de Pharaton, dans la tribu d’Éphraïm. Il commandait la brigade devingt-quatre mille hommes qui, le onzième mois, fournissaitle contingent de la garde royale. II Reg., xxiii, 30; I Par., xi, 31; xxvii, 14.

3. BANAÏA (hébreu: Benâyâh), un des treize chefsde famille dans la tribu de Siméon qui, à cause de lamultiplication rapide de leurs maisons, se trouvant tropà l’étroit dans le territoire de la tribu, firent une expéditiondans le pays de Gador aux riches pâturages, et s’yétablirent au temps d’Ézéchias, après en avoir massacréles habitants, qui étaient Chananéens. I Par., IV, 36-41.

4. BANAÏAS (hébreu: Benâyâhû), un des quatorzelévites, musiciens du second ordre, choisis par Davidpour la cérémonie de la translation de l’arche. Ils chantaientsur le nébel des «choses mystérieuses», arcana, selon laVulgate; mais l’hébreu a l’expression K al-’âlâmôt, «avec une voix de soprano.» I Par., xv, 18, 20; xvi, 5.

5. BANAÏAS (hébreu: Benâyâhû), prêtre du tempsde David, un des sept qui sonnaient de la trompettedevant l’arche pendant sa translation. I Par., xv, 25; xvi, 6.

6. BANAÏAS (hébreu: Benâyâh), lévite, descendantd’Asaph, aïeul de Jahaziel, qui prophétisa à l’époque deJosaphat. II Par., xx, 14.

7. BANAÏAS (hébreu: Benâyâhû), un des lévites préposéspar Ézéchias à la garde des magasins où l’on conservaitles revenus sacrés. II Par., xxxi, 13.

8. BANAÏAS (hébreu: ^Benâyâh), un des descendantsde Phahath-Moab, qui sur l’avertissem*nt d’Esdras renvoyala femme étrangère, prise contre les prescriptionsde la loi. I Esdr., x, 30.

9. BANAÏA (hébreu: Benâyâh), un des fils de Nébo, -qui, ayant épousé une femme étrangère, promit de larenvoyer sur l’invitation d’Esdras. I Esdr., x, 43.

10. BANAÏAS (hébreu: Benâyâhû), père de Pheltias, -qui était un des princes du peuple à l’époque d’Ézéchiel.-Ezech., xi, 1, 13.

    1. BANANIER##

BANANIER (Musa paradisiaca, Linné), plante de lafamille des Musacées, dont il est le type (fig. 434). La tige, herbacée, et seulement formée par les pétioles des feuilless’engainant les unes dans les autres, est haute de trois àquatre mètres; les feuilles, longues souvent de plus de deuxmètres et larges de cinquante centimètres, au nombre deihuit à douze, couronnent la tige et protègent les trois

ou quatre grappes de fruits ou régimes, donnant chacunprès de cinquante fruits; les Heurs, très nombreuses, setrouvent groupées autour d’un régime, espèce de pignonterminal, et protégées chacune par une spathe membraneuse; leur périanthe est à deux lèvres irrégulières; ellesont six étamines et un style unique. Le fruit, connu sousle nom de banane, est une baie un peu triangulaire, arquée, de douze à quinze centimètres de long, surmontéede la fleur. Cette baie, jaunâtre et noirâtre, est toute

[[File: [Image à insérer]|300px]]
484. — Le bananier,

remplie d’une pulpe sucrée dont le goût ressemble assezà celui d’une poire qui commence à mollir. La tige péritaprès avoir donné son fruit; mais les nombreux rejetonsqui la remplacent et s’élèvent successivement étalent àleur tour la. même fécondité. On désigne aussi le bananiersous le nom de «pommier du Paradis», de «figuierd’Adam», parce qu’on a supposé, sur la seule raison dela largeur de ses feuilles, que c’était avec elles qu’Adamet Eve avaient fait les ceintures dont ils se couvrirentaprès leur péché, Gen., iii, 7; mais les feuilles dont ilsse servirent étaient celles du figuier ordinaire, fe’ênâh; attachées plusieurs ensemble, elles pouvaient former uneceinture suffisante. Le bananier, quoi qu’aient pu dire certainssavants, n’est donc pas mentionné dans l’Écriture.

M. Gandoger.

    1. BANDEAU##

BANDEAU, morceau d’étoffe longue et étroite pourceindre la tête. On le voit fréquemment représenté enEgypte, spécialement comme servant à la coiffure desfemmes. Voir fig. 115, 232, 242, 293, 415, col. 469, 906, 915, 1083, 1387. R est aussi porté par des peuples étrangers, fig. 123, 124, 145, 220, 286, 439, 445, col. 510, 511, 571, 900, 1061, 1449, 1451. Sur les monuments assyriensdes hommes portent également un bandeau autourde la tête (fig. 435; cf. fig. 35, 222, 312, 314, 368, col. 227,

901, 1145, 1151, 1263). C’est probablement ce bandeau,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
435. — Bandeau assyrien.

Gland officier de Sargon, roi de Ninive. Bas-relief’du Musée

du Louvre.

qui ne diffère du diadème que par la matière et la valeur, qui est appelé «couronne» dans Ézéchiel, xxii, 17, 23 (hébreu: pe’êr); cf. Fûrst, HebràischesHandwôrterbuch, 1863, t. ii, p. 201. Certainshébraïsants pensent cependantque le mot pe’êr désigne unecoiffure, une tiare, dans cespassages d’Ézéchiel, commeExod., xxxix, 28; Is., iii, 20, etc. Gesenius, Thésaurus lingualhebrsese, p. 1089. Cf.A. Racinet, Le Costume historique, 6 in-8°, Paris, 18771886, t. ii, pi. 3 (bibliographie, t.i, p. 143-145); F. Hottenroth, Le Costume des peuplesanciens et modernes, in-4°, Paris (1885), p. 3.

    1. BANDELETTES##

BANDELETTES, petitesbandes de linge dont on seservait pour envelopper lesmorts (xeipi’oc, instita, Joa., XI, 44; ô8dvia, linteamina, Luc, xxiy, 12; Joa., xix, 40[lintea]; xx, 5, 6, 7). Lesbandelettes dont on enveloppaitles momies égyptiennes(fig. 436) avaient une longueurconsidérable; nous ignoronsce qu’elles étaient chez lesHébreux. Saint Jean, xi, 44, nous apprend seulementque lorsque Lazare sortit dutombeau, à l’appel de Notre-Seigneur, il avait les pieds etles mains liés de bandelettes.Le même évangéliste raconte, xix, 40, comment le corpsdu Sauveur fut embaumé avecdes aromates qu’on lia avecdes bandelettes, selon la cou-Résurrection, saint Pierre et

136.— Momie deRamsès H (Sésostris) enveloppée de bandelettes.Musée de Ghizéh.D’après une photographie.

tume des Juifs. Après la

saint Jean trouvèrent ces bandelettes posées à part dansle tombeau. Luc, xxiv, 12; Joa., xx, 5, 6, 7.

BANÉ, BANÉ-BARACH (hébreu: Benê-Beraq; Septante: Bavai|3axàr; Vulgate: Bane et Barach), villede la tribu de Dan, mentionnée une seule fois, dansJosué, xix, 45. Après le texte original, qui porte: Benê-Beraq, «les fils de Barach, s toutes les versions anciennes, excepté la Vulgate, ont reconnu ici un nom composé: BavaifiaxaT des Septante est une corruption évidentepour Bavatpapax; on trouve du reste Bavrjpapâx dansle Codex Alexandrinus. La leçon du syriaque, Ba’aldebak, ne se comprend pas et n’est autorisée par auc*ntexte. La Vulgate a séparé les deux noms par la conjonctionet, comme s’il s’agissait de deux localités différentes, Bane et Barach. De même Eusèbe, dans V Onomasticon, Gettingue, 1870, p. 236, 237, distingue Bdcvri de Bapor/, toutes deux de la tribu de Dan. La lecture Benê-Beraqest confirmée par les inscriptions assyriennes, qui, sousla forme Ba-na-ai-bar-qa, respectent même le qof.Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 172, 289.

M. V. Guérin identifie cette ville avec le village deBarka U-j, situé un peu au nord-est d’Esdoûd (Azot),

bâti sur une faible éminence et renfermant encore plusieurstronçons de colonnes de marbre gris-blanc, quiaccusent un travail antique. «Le village de Barka, dit-il, à cause de son nom et de sa position, doit être identifiéavec la localité qui est mentionnée dans V Onomasticond’Eusèbe, au mot Bapoc); , et qui, du temps de cet écrivain, existait encore, à l’état de village, non loin d’Azot…Le village actuel de Barka ne reproduit que la secondepartie du nom hébreu Benê-Berak. Cette désignationsemble indiquer que les premiers fondateurs de la villeainsi appelée auraient été les fils d’un nommé Berak(l’Éclair). Chose singulière et qui prouve l’extrême persistancedes traditions primitives en Orient et surtout enPalestine, les habitants du village de Barka vénèrentencore, en ce même endroit, la mémoire d’un santonmusulman sous le titre de Neby Berak (le prophètel’Éclair).» Description de la Palestine: Judée, t. ii, p. 68-70.

Malgré ces raisons et l’autorité du savant explorateur, nous préférons l’emplacement d’Ibn-Ibrdk, à l’est deJaffa. Cf. Memoirs of the survey of Western Palestine, Londres, 1882, t. ii, p. 251; G. Armstrong, "W. Wilsonet Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 26. D’abord il y a correspondanceexacte entre les deux noms, excepté pour la dernièrelettre, caph au lieu de qof; hébreu: p"l3°>33, benêBeraq, les «fils de Beraq»; arabe: ^’t^j. {$V, ibn

Ibrâk, le «fils d’ibràk». Ensuite cette position correspondmieux à la place qu’occupe Benê-Beraq dans l’énumérationde Josué, xix, 41-46, où, citée après Jud (hébreu: Yhud), aujourd’hui El - Yahoudiéh, et avant Arécon(hébreu: Hâraqqôn), probablement Tell er-Bekkeit, Joppé (Jaffa), elle appartient au nord de la tribu de Dan, tandis que Barka la ferait descendre jusqu’au sud, sinonmême en dehors des limites de la tribu. Voir DaN. Lamême preuve ressort de l’inscription de Sennachérib, ouelle est mentionnée entre Bît-Da-gan-na, Beth-Dagon(aujourd’hui Beit-Dedjan), Jos., xv, 41; Ja-ap-pu-u, Joppé et A-zu-ru, Asor, Yazour. Cf. Prisme de Taylor, col. ii, 65, 66; E. Schrader, Die Keilinschriften, p. 289; Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 207.

L’Éeriture Sainte garde le silence sur l’histoire de cetteville. Nous savons par les monuments assyriens quiviennent d’être cités que Sennachérib, dans sa campagnecontre Ezéchias, roi de Juda, s’en empara et en emmenales habitants prisonniers. Elle est également mentionnée

dans le Talmud de Babylone, Sanhédrin, 32 6, commel’endroit où R. Akibah tenait son école, et comme renfermantun établissem*nt de bains, Tosiftha, Sabbat ii, ch. 4. Cf. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°,

Paris, 1868, p. 82.

A. Legendre.

    1. BANÉA##

BANÉA, BANÉAS. Hébreu: Benâyâh, «Jéhovah abâti;» Septante: Bavaia. Voir Banaia.

1. BANÉA, un des descendants de Pharos, qui obéità Esdras ordonnant le renvoi des femmes étrangères, prises par transgression de la loi de Moïse sur le mariage.

1 Esdr., x, 25.

2. BANÉAS, un des fils de Bani, qui renvoya la femmeétrangère qu’il avait épousée pendant la captivité. I Esdr., x, 35.

1. BANG Jean Othon, théologien danois, professeurà l’université de Copenhague, né le 19 septembre 1712à Ilillerdd, mort en 1764. Il a donné: Rationes cur Jeremiasloco Zacharim, Matlh. xxrn, 9, citatur, in-4°, Copenhague, 1734; Introduclio in explicationem EpislolseApostoli Judse, part. I et II, in-4°, Copenhague, 1752-1757. — Voir Chr. V. Brunn, Bïbliotheca danica,

2 in-8°, Copenhague, 1872; Busching, Nachrichten vonden Wissensch. in Danemark, 2° part., p. 275.,

2. BANG Thomas, célèbre philologue luthérien, né en 1600dans l’île de Fionie, mort à Copenhague le 27 octobre 1661.Après de brillantes études dans les universités allemandes, il étudia l’hébreu, l’arabe et le syriaque à Paris, sous le savant Gabriel Sionite. Docteur de la faculté deCopenhague, il y enseigna l’hébreu, puis la théologie, pendant trente ans. Il était bibliothécaire de l’académiede cette ville. Il a laissé de nombreux ouvrages, dont ildonne le catalogue à la fin de son Oliva sacres pacis repurgata, in-f°, Copenhague, 1654. Vingt-cinq ont été publiés, quatorze n’ont jamais vu le jour. Voici la liste de ceuxqui ont rapport à l’Écriture Sainte: Expositio Jeremiee, in-4°, Copenhague, 1627; dissertation sur le ꝟ. 24 duchap. xxiii; Vindicise locorum Geneseos xiviii, 16; vi, 1; Ps. xix, i, in-4°, Copenhague, 1630; FontiumIsrælis trias Jona, Mlchea et Ruth, in-8°, Copenhague, 1631; Trophseum protevangelium, in-4°, Copenhague, 1649, traité où il veut prouver que le «Ipse conteret caputtuum», Gen., iii, 15, ne peut être expliqué que du Christ; Exercitatio de Nephilimis, in-4°, Copenhague, 1652. —Voir Bayle, Dictionnaire, 1737, t. i, p. 637.

G. Thomasson de Gournay.

BANI. Hébreu: Bânî, «édifié,» c’est-à-dire établi.Nom de cinq Israélites dans la Vulgate; le texte hébreuen compte quatre autres du même nom, appelés par notreversion Benni, Boni et Bonni. Voir ces mots.

1. BANI (Septante: Bavovî, Bave’), chef d’une famillequi revint de la captivité avec Zorobabel, au nombre desix cent quarante - deux membres. I Esdr., H, 10. Aupassage parallèle, II Esdr., vii, 15, il est appelé Bannui, etle nombre de ses descendants est porté à six cent quarante-huit, par une altération de chiffres. Il est mentionnéparmi les chefs du peuple qui signèrent le renouvellementde l’alliance, II Esdr., x, 14; les Septante, en cet endroit, traduisent ce nom par uloî, «fils», et l’unissent au motsuivant. Plusieurs de ses enfants sont signalés parmi lestransgresseurs de la loi de Moïse sur le mariage. I Esdr., x, 29 et 34. Cependant, dans ce dernier verset (34), cepourrait bien être un autre chef de famille du même nom.Les Septante ont au ꝟ. 29, Bavoui, et au ^- 34, Bavi.Voir Bannui.

2. BANI (Septante: ol «loi; ils ont lu benê, «fils de,» et uni ce mot au suivant), descendant du chef de famille

du même nom. Il consentit, au retour de la captivité, à renvoyer la femme étrangère qu’il avait prise contre laloi de Moïse. I Esdr., x, 38.

3. BANI (Septante: Bavaiaç), un des lévites à quiEsdras fit lire et expliquer le texte de la loi devant lepeuple assemblé. II Esdr., viii, 7. Il fut également un deceux qui firent la confession et la prière au nom d’Israël.II Esdr., ix, 4. C’est probablement le même qui signaavec Néhémie le renouvellement de l’alliance théocratique.II Esdr., x, 13. En ce dernier endroit, les Septante ontrendu ce nom par uïoi.

4. BANI (Septante: Aol; ils ont dû lire benê, «filsde» ), lévite du même nom que le précédent, chargé luiaussi de faire au nom du peuple l’aveu des péchés et laprière. II Esdr., ix, 4.

5. BANI (Septante: Bavé), père d’Azzi; le chef deslévites qui habitaient Jérusalem au retour de Babylone.II Esdr., xi, 22.

    1. BANIAS##

BANIAS, nom moderne de Panéas ou Césarée de Philippe.Voir Césarée de Philippe.

    1. BANINU##

BANINU (hébreu: Benînû, «notre fils [?];» Septante: Bavouai), lévite qui, au retour de la captivité, signa le renouvellementde l’alliance à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 13 (hébreu, 14).

BANNIÈRES. Voir Étendards.

    1. BANNISsem*nT##

BANNISsem*nT, peine qui consiste dans l’expulsiondu condamné hors du territoire; elle diffère de1’ «excommunication» juive, qui privait le condamné, non pas du droit d’habiter le territoire, mais de celui departiciper, dans certains cas, aux assemblées religieuses; elle diffère aussi du «refuge», que les homicides pouvaientaller chercher, moyennant les conditions légales, dans certaines villes déterminées, mais dans l’étendue duterritoire. Quoique ces «réfugiés» soient appelés «exilés», soit par la Vulgate, Num., xxxv, 26, 32, soit par laMischna, traité Maccôth, ii, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1700, part. IV, p. 276-281, cependant il est évident qu’ilne s’agit que d un exil improprement dit, puisque ces réfugiésne quittaient pas le territoire. — La peine du bannissem*ntou de l’exil proprement dit existait-elle cheiles Juifs?

1° De Moïse à la captivité. — Deux auteurs, Jean Leclerc, In Genesim, xvii, 14, Amsterdam, 1710, p. 148-149, et Michælis, Deutsche Vebersetzung des Alten Testaments, Gœttingue, 1775, Gen., xvii, 14, p. 38 et 87 (voir, du même auteur, Mosaisches Recht, § 237, Francfortsur-le-Mein, 1780, t. v, p. 37-43), ont cru voir désignéela peine du bannissem*nt dans le mot hébreu kârat, employé, Gen., xvii, 14| pour désigner la peine portéecontre le Juif non circoncis. Ce mot kârat (Septante: è£o)io6pe0w; Vulgate: delere, exterminare, et, au passif, perire, interire, de populo), employé dans le Pentateuquetrente-six ou trente-sept fois comme pénalitésanctionnant différentes lois, signifie «retrancher, extirper», et est souvent accompagné, dans les passages enquestion, des mots: «du milieu du peuple,» ou d’autreséquivalents. C’est là, d’après les deux auteurs cités, lapeine de l’exil ou du bannissem*nt, au moins dans pi*sieursde ces passages, notamment dans la Genèse, xvii, 14.

Cette explication est contraire à l’interprétation traditionnelle, juive et chrétienne. Les écrivains juifs, soittâlmudistes, soit karaïtes, entendent le mot kârat de lapeine d’une mort pr<m iturée, infligée ou plutôt ménagéepar Dieu lui-même, par les voies secrètes de sa providence.Voir Peine. Cf. Selden, De Synedriis, Amsterdam, 1679, I, vi, p. 44-55; Abarbanel, Dmertatio do

Karath seu Excidii pœna, traduction latine de Buxtorf, dans Ugolini, Thésaurus antiquit. sacr., "Venise, 1765, t. xxx., p. 157-182; Hottinger, Juris Hebrseorum leges, Zurich, 1655, p. 340-343; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, talmudicum, Bâle, 1639, p. 1100-1101. Les interprètescatholiques entendent communément le mot kârafsoit de la peine de mort infligée par le juge humain, soit de l’excommunication. Cf. Pererius, In Genesim, Lyon, 1614, t. iii, p. 385-392; Cornélius a Lapide, InGenesim, xvii, 14. Cette interprétation a été généralementsuivie par les commentateurs protestants. Cf. Rosenmùller, Scholia in Vêtus Test., In Gen., xvii, 14, Leipzig, 1821, t. i, p. 315-317; Gesenius, Thésaurus linguêehebrsese, p. 718; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 60, p. 476, note 595; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1838, au mot Strafen, t. ii, p. 622, note 2. Leclerc et Michælis sont restés seuls, et même cedernier, après une étude plus approfondie des textes, arétracté expressément son opinion, pour se ranger à l’explicationcommune des interprètes chrétiens. MosaischesRecht, loc. cit. Il est donc impossible de voir le bannissem*ntdans la peine du kârat; d’autre part, il n’existe, dans les livres sacrés qui se rapportent à cette période, aucun texte ni aucun fait qui puissent faire soupçonnerl’existence de cette peine; nous voyons seulement, III Reg., Il, 36-37, Salomon ordonner à Séméi d’habiter Jérusalem{au lieu de Bahurim, son domicile ordinaire), et lui défendre, sous peine de mort, d’en sortir; ce n’est pas là, comme on le voit, la peine du bannissem*nt, mais unesimple «relégation», ou habitation forcée dans une villedu territoire; encore Salomon agissait-il, dans ce cas, envertu, non pas de la loi, mais de son autorité arbitraire.

Il semble étrange, au premier abord, que la peine dubannissem*nt, que Dieu lui-même a portée contre Caïn, Gen., iv, 11, 12, 14, 16, et qui était si connue chez lespeuples anciens, en particulier chez les Égyptiens ( cf. Thonissen, Organisation judiciaire de l’ancienne Egypte, Bruxelles, 1864, p. 48), n’ait pas fait partie du système derépression de la loi mosaïque. En voici, croyons - nous, ia raison, bien digne du législateur hébreu. Le but principalqu’il s’était proposé dans ses lois était de maintenirle monothéisme parmi les Juifs, et par conséquentde les détourner de l’idolâtrie; c’est à cela que se rapportentun grand nombre de ses lois; c’est là ce quiexplique beaucoup de prescriptions, qui sans cela seraientinintelligibles. Or, à l’époque de Moïse et dans les tempsqui suivirent, jusqu’à la venue de Jésus-Christ, tous lespeuples voisins de la nation juive étaient livrés au polythéisme; condamner quelqu’un à l’exil, c’était donc leforcer à vivre parmi ces païens, et, par suite, l’exposerau danger prochain de tomber dans l’idolâtrie. Cf. Deut, IV, 27-28; xxviii, 36. Aussi David lui-même disait-il àSaùl, I Reg., xxvi, 19, que ses ennemis personnels, en leforçant à fuir hors du royaume d’Israël, l’obligeaient, pour ainsi dire, à servir les dieux étrangers. Cf. Michælis, Mosaisches Recht, t. v, p. 41-42; Saalschûtz, Das MosaischeRecht, k. 58, p. 466; k. 60, p. 476, note 595; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, t. ii, p. 622.

2° Après la captivité. — À cette époque, d’après plusieursinterprètes, nous trouvons la peine du bannissem*ntportée contre les violateurs des lois juives: «Quiconque, dit le roi Artaxerxès à Ksdras, n’observera pasexactement la loi de votre Dieu et cette ordonnance duroi, il sera condamné à la mort, ou à l’exil, ou à la confiscation, ou à la prison.» I Esdr., vii, 26. Tel est le sensde la Vulgate, qui traduit par exïlium le mot chaldaïqueëerôsû. La Vulgate a été suivie par beaucoup de commentateurs, qui interprètent aussi ce mot de la peine del’exil ou du bannissem*nt. Cf. Vatable, In Esdram, vii, 26, dans Migne, Scripturss Sacrx cursus completus, t. xii, col. 111. Il n’y a rien d’étonnant dans l’apparition de cettepénalité chez les Juifs à cette époque, car l’exil n’offraitplus alors, au moins au même degré, les inconvénients

que nous avons signalés; le Juif chassé de son payspouvait se réfugier soit en Egypte, soit en Assyrie ou enPerse, où il aurait trouvé, dans un grand nombre devilles, des quartiers peuplés de ses coreligionnaires, dontla compagnie l’aurait soustrait aux dangers de l’idolâtrie.

Toutefois nous devons ajouter que le sens de la Vulgaten’est pas certain, ou au moins qu’il ne faut pas interpréterson mot exiliurn dans le sens strict de la peinedu bannissem*nt. Le mot chaldaïque Serôsû ( radicalSàràë, «extirper, déraciner.» ) signifie simplement, d’unemanière générale, eradicatio, «action de déraciner, extirpation.» C’est ainsi que le traduisent Gesenius, Thésaurus, p. 1484; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 2533-2534.Les Septante et la version arabe (dans la Polyglotte deWalton, In Esdr., vii, 26) traduisent par «châtiment».U pourrait donc s’agir d’une simple expulsion, d’une deces espèces d’excommunications si fréquentes chez lesJuifs. L’auteur du livre d’Esdras semble s’expliquer lui-mêmedans ce sens; dans le passage cité, vii, 26, le roiArtaxerxès emploie le mot chaldéen serôsû, qui signifie «extirpation»; un peu plus loin, x, 8, Esdras lui-même, usant des pouvoirs à lui conférés par le roi, et appliquantdeux des peines signalées, s’explique ainsi, parlant enlangue hébraïque: «Quiconque n’obéira pas, suivantl’ordre des princes et des anciens, perdra tout son bien, et lui-même sera expulsé de l’assemblée [revenue] de lacaptivité: vehû’ibbâdêl miqqehal haggôlâh.» Ces dernièresexpressions, qui expliquent et commentent le motserôsû, employé vii, 26, ne signifient pas nécessairementle bannissem*nt hors du territoire, mais plutôt uneespèce d’excommunication, d’autant plus que le motqâhâl, «assemblée,» s’emploie ordinairement dans lesens d’assemblée religieuse; Gesenius, Thésaurus, p. 1199.Cf. dom Calmet, In Esdram, vii, 26; Drusius, dansCriliei Hacrï, In Esdram, vii, 26.

3° Sous la monarchie d’Hérode. — Hérode porta lapeine du bannissem*nt proprement dit contre les voleurs, ordonnant qu’ils fussent vendus comme esclaves «horsdu territoire». Josèphe, Ant. jud., XVI, i, 1. L’historienjuif apprécie très sévèrement cette loi d’Hérode; d’aprèslui, elle était de nature à détruire les mœurs traditionnellesde la nation, elle constituait une injure envers lareligion, elle était l’œuvre non d’un roi, mais d’un tyran, qui n’avait aucun égard pour les usages du pays. Aussi, ajoute-t-il, cette loi excita contre son auteur les récriminationset la haine du peuple. Ce jugement de Josèphesur la loi d’Hérode peut confirmer ce que nous avons dit, que probablement la peine judiciaire du bannissem*ntn’était pas appliquée jusque-là chez les Juifs.

S. Many.

    1. BANNUI##

BANNUI (hébreu: Rinnûï, «édifice;» Septante: Bayou’i), chef de famille dont les enfants revinrent deBabylone au nombre de six cent quarante-huit. II Esdr., vu, 15. Il est appelé Bani au passage parallèle, I Esdr., u, 10. Voir Bani 1.

BANQUE. Voir Changeur de monnaie.

BANQUETS. Voir Festins.

BANQUIER. Voir Changeur de monnaie.

    1. BAOUR-LORMIAN PierreMarie -François -Louis##

BAOUR-LORMIAN PierreMarie -François -Louis, de l’Académie française, poète, né à Toulouse le 24 mars1770, mort à Paris le 18 décembre 1854. Dans sa vieillesse, presque octogénaire, pauvre, aveugle, infirme, pour seconsoler, il traduisit en vers français le livre de Job. Saversion, quoique en général assez fidèle, est souvent uneparaphrase où la couleur biblique est heureusem*nt reproduite; elle n’est pas sans mérite, surtout au point de vuelittéraire. Un ami de l’auteur, le baron de Lamothe-Langon, édita l’ouvrage, qu’il fit précéder d’une Préfacé

historique remplie de détails intéressants sur Baour-Lormian et sur la composition de cet écrit. En voici le titre: Le livre de Job traduit en vers français, in-8°, Paris, 1847. — Voir Discours du 4 déc. 1856 de F. Ponsard, et réponse de Nisard dans Recueil des discours de l’Académie française, 1860, 233-280.

O. Rey.

1. BAPTÊME. Le mot «baptême» vient du substantifgrec βάπτισμα ou βαπτισμός, qui dérive lui-même du verbe βάπτω, «plonger,» d’où l’on a fait βαπτίζω. βαπτίζω est souvent employé dans le Nouveau Testament. Il ne s’y rencontre pas avec le sens de «plonger dans l’eau», qui lui est donné souvent dans les Septante et dans lesauteurs profanes; mais il signifie tantôt «laver» et «purifier», Marc, vii, 4; Luc, xi, 38; tantôt, au passif, «êtreaccablé de maux,» Matth., xx, 22; Marc, x, 38, 39; Luc, xii, 50; tantôt «baptiser», c’est-à-dire pratiquer le ritereligieux du baptême. Matth., xxviii, 19; Joa., iv, 2; Act., ii, 41; viii, 12, 13, 16, 36, 38; ix, 18; x, 47, 48; xix, 5; xxii, 16; Rom., vi, 3; Gal., iii, 27; Les substantifs βάπτισμα ou βαπτισμός; ont tous les sens correspondants. Ilsexpriment tantôt une «lotion» et une «purification», Marc, vii, 8; Hebr., vi, 2, et ix, 10; tantôt «un accablementde maux», Matth., xx, 22, 23; Marc, x, 38, 39; Luc, xii, 50; tantôt le rite religieux du baptême soit desaint Jean-Baptiste, Matth., iii, 7; Marc, i, 4; Luc, iii, 3; vii, 29; Act., xiii, 24; xix, 4; soit de Jésus-Christ, Rom., vi, 4; Eph., iv, 5; Col., ii, 12; I Petr., iii, 21. C’est cedernier sens qu’ont pris dans la religion chrétienne, eten particulier en français, les mots baptiser et baptême.On appelle baptême le sacrement par lequel nous sommesfaits chrétiens. C’est de ce baptême chrétien qu’il seraquestion dans cet article.

Suivant un plan adopté depuis longtemps par les théologiens, nous nous occuperons successivement:
1° desfigures et des allégories du baptême;
2° du baptême desaint Jean;
3° de l’institution du sacrement de baptême;
4° de ses rites constitutifs;
5° de ses effets;
6° de ceux quile donnent ou de son ministre;
7° de ceux qui le reçoiventou de son sujet.

I. Figures et allégories du baptême.

L’AncienTestament nous offre plusieurs figures du baptême. Voici les principales:
Les eaux de la création sur lesquellesétait porté l’Esprit de Dieu et d’où est sorti l’univers, Gen., i, 2. Au témoignage de Tertullien, De baptismo, iii, t. i, col. 1202; de saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iii, 5, t. xxxiii, col. 434, elles étaient l’image des eauxdu baptême fécondées par la grâce du Saint-Esprit, pourengendrer les chrétiens à la vie surnaturelle;
les eaux du déluge, d’après saint Pierre, I Petr., iii, 20, 21, etd’après les prières de la liturgie romaine à la bénédictiondes fonts, le Samedi saint;
la circoncision judaïque, suivant saint Augustin, lib. i, Contra Cresconium, xxxi, t. xliii, col. 464; saint Chrysostome, In Genes., hom. xl, t. liii, col. 374; saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., iii, q. 70, a. 1;
le passage de la mer Rouge, comme lefait entendre saint Paul, I Cor., x, 1; 2, ainsi que le passagedu Jourdain par les Hébreux;
l’eau que Moïsefit jaillir au désert du rocher qui représentait Jésus-Christ, I Cor., x, 3;
— les nombreuses purifications par l’eauprescrites par la loi mosaïque;
— la guérison de Naamanle lépreux par les eaux du Jourdain. S. Ambroise, De myster., iv, t. xvi, col. 394. Le Nouveau Testament nousprésente d’autres images du baptême, dans la piscineprobatique, dans la piscine de Siloé, dans le baptême desaint Jean dont nous allons parler, et, d’après saint Paul, Rom., vi, 4, dans l’ensevelissem*nt du Sauveur avant sarésurrection. Enfin les monuments des premiers sièclessymbolisent le baptême, tantôt par les figures et les imagesde l’Écriture que nous venons d’étudier, tantôt par lesymbole du cerf ou du poisson. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, article Baptême, p. 78 et 79.

II. Baptême de saint Jean-Baptiste.

Il le donnaitpar immersion dans le fleuve du Jourdain. Matth., iii, 6, 15; Marc, i, 5; Luc, iii, 3; Joa., i, 28. Ceux qui lerecevaient confessaient leurs péchés. Aussi ce baptêmeest-il appelé le baptême de pénitence. Il était destinéà préparer le baptême de Jésus-Christ; car toute lamission du précurseur était une mission de préparationà la venue et à l’œuvre du Messie. Notre-Seigneur voulutlui-même recevoir ce baptême des mains de saint Jean, malgré les résistances de ce dernier. Si le Sauveur sesoumit à ce rite de pénitence, ce ne fut point pour confesseret expier ses péchés, car il était la sainteté même; mais il voulut ainsi sanctifier l’eau et en faire la matièrede son propre baptême; il voulut encore reconnaître parcette démarche solennelle la mission divine de son précurseur; il donna enfin à ce dernier l’occasion de luirendre témoignage à lui-même, en même temps que lePère et le Saint-Esprit manifestaient sa divinité. En effet, Jésus étant sorti de l’eau aussitôt après son baptême, lescieux s’ouvrirent à ses yeux, et il vit l’Esprit de Dieu descendresur lui sous la figure d’une colombe, et une voixse fit entendre du ciel, qui dit: «C’est là mon Fils bienaimé, en qui je trouve mes délices.» Matth., iii, 16, 17; Marc, i, 10, 11; Luc, iii, 21, 22; Joa., i, 32; II Petr., i, 17.

Le baptême de saint Jean était inférieur à celui qui futinstitué par Jésus-Christ. Saint Jean le déclara aux Juifs, Matth, , iii, 11; Marc, i, 8; Luc, iii, 16, et le concile deTrente l’a défini solennellement, sess. 7, can. i, De baptismo, contre Zwingle et Calvin, qui assimilaient les deux rites, et attribuaient toute l’efficacité du baptêmeaux dispositions de ceux qui le reçoivent. La plupart desthéologiens catholiques enseignent même, à la suite desaint Thomas d’Aquin, 3, q. 38, a. 2 et 3, que le baptêmede saint Jean n’avait par lui-même aucune efficacité pourremettre les péchés et donner la grâce sanctifiante. Ilsenseignent aussi que c’était par ordre de Dieu que saintJean baptisait, puisqu’il avait reçu sa mission du ciel.Néanmoins le baptême n’était pas une chose complètementnouvelle pour les Juifs. La loi de Moïse leur prescrivaitdans diverses circonstances des immersions semblables.Lev., vi, 27, 28; xi, 25, 28; xiii, 6, 34; xvi, 6, 7; xxii, 6; Num., viii, 6, 7, 8; xix, 7, 8, 21; xix, 14; xxxi, 24.Nous savons aussi que, dans les temps postérieurs à Jésus-Christ, les Juifs imposaient à tout Gentil qui se convertissaitau judaïsme, un baptême par immersion, qui étaitsupposé lui donner comme une nouvelle naissance. Maisnous ignorons si ce baptême juif existait avant celui desaint Jean et des chrétiens. Beaucoup de rabbins le prétendent.On a même cru que Jésus-Christ faisait allusionà ce baptême des prosélytes, lorsqu’il dit à Nicodème, quidoutait qu’un homme pût renaître par l’eau: «Vous êtesmaître en Israël et vous ignorez ces choses?» Joa., iii, 10.Mais comme il n’est question de ce baptême des prosélytesni dans les livres de l’Ancien Testament, ni dansl’historien Josèphe, lorsqu’ils parlent de Gentils convertisau judaïsme, on a sujet de penser que cette cérémonies’est introduite parmi les Juifs à une époque postérieure, et peut-être à l’imitation du baptême des chrétiens. Voir Calmet, Dissertations qui peuvent servir de prolégomènesde l’Écriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, Dissertation sur le baptême des Juifs, p. 323. Quoi qu’il en soit, il n’y apas de raison de croire avec M. Renan, Vie de Jésus, ch. vi, 2e édit., p. 99, et d’autres auteurs, que le précurseuremprunta son baptême à des pratiques religieusesusitées en Chaldée; car des pratiques semblables étaientprescrites par la loi de Moïse.

Le baptême de saint Jean ne devait point subsister aprèsla fondation de l’Église, puisqu’il était destiné à préparerles voies au Messie. Aussi saint Jean envoyait-il ses disciplesà Jésus-Christ. Joa., iii, 27-36; Matth., xi, 1, 2, 3.Néanmoins, plus de vingt ans plus tard, Apollon d’Alexandrie, qui prêchait le Christianisme à Éphèse, ne donnaitencore que le baptême de saint Jean. Act., xviii, 25. Il fallut que saint Paul fit connaître le baptême de Jésus- Christ, Act., xix, 1-5, à ceux qu’Apollon avait évangélisés.Il existe même encore aujourd’hui dans l’ancienneMésopotamie et dans la Syrie méridionale une secte quine veut admettre que le baptême de saint Jean-Baptiste, et qui prétend suivre la religion prêchée par le précurseur.C’est la secte des Mandaïtes ou Chrétiens de saintJean. Cette secte paraît être la même que la secte gnostiquedes Elcésaïtes, mentionnée par saint Épiphane, Hær. xix, 5, t. xli, col. 268, et par l’auteur des Philosophumena, ix, 13; x, 29, Patr. gr. t. xvi, col. 3387, 3442.Voir Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 114-117.

III. Institution du baptême chrétien.

Le baptêmechrétien n’est point le même que celui de saint Jean. Leprécurseur lui-même avait dit: «Pour moi, je vous baptisedans l’eau; mais il en viendra un autre après moi, qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de délierla courroie de ses chaussures. Lui vous baptisera dans leSaint-Esprit et le feu.» Luc, iii, 16; Matth., iii, 11; Marc, i, 8. Les Actes des Apôtres nous apprennent en outre quesaint Paul donnait le baptême chrétien à ceux qui parignorance n’avaient reçu que le baptême de pénitence de saint Jean. Act., xix, 4, 5.

Quel est l’auteur de ce baptême chrétien? Sans aucundoute, c’est Jésus-Christ. À l’ablution par l’eau employéedans les purifications judaïques et dans le baptême duprécurseur, il a ajouté l’invocation des trois personnesde l’adorable Trinité. Il a en outre fait de son baptêmeun sacrement de la Nouvelle Loi, en y attachant les effetsque nous indiquerons plus loin.

En effet, après avoir reçu le baptême de saint Jean, Jésus manifesta à Nicodème la nécessité d’une régénérationpar son propre baptême, le baptême dans l’eau etle Saint-Esprit. Joa., iii, 1-8. Il fit ensuite administrerson baptême par ses disciples, à la grande joie de Jean, qui baptisait toujours et n’avait point encore été jeté enprison. Joa., iii, 22-36, et IV, 1, 2. Enfin, après sa résurrection, Jésus envoya ses disciples baptiser toutes lesnations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et cela jusqu’à la fin des temps. Matth., xxviii, 19; Marc, xvi, 15. C’est donc sans aucun doute Jésus-Christ lui-mêmequi a institué notre baptême. Mais, on n’est pointd’accord sur le moment de cette institution. Saint Thomas, iii, q. 66, a. 2, le catéchisme du concile de Trente, § xx, et la plupart des théologiens pensent que Jésus-Christinstitua notre sacrement de baptême, lorsqu’ilreçut lui-même Je baptême dans le Jourdain, parce quec’est à ce moment qu’il mit dans l’eau du baptême lavertu de nous donner la vie surnaturelle, vertu qui faitle caractère essentiel du sacrement.

IV. Rites constitutifs du baptême.

Les théologiensdistinguent dans les rites constitutifs des sacrements cequ’ils appellent la matière (prochaine ou éloignée) et laforme. Nous n’avons pas à exposer ici leur théorie surce point. Disons seulement que, suivant la doctrine catholique, la matière employée pour le baptême (matièreéloignée) est l’eau naturelle; que l’application de cettematière (matière prochaine) est une ablution qui peuts’accomplir par trois modes différents: l’immersion, l’infusion, l’aspersion; que la formule qui doit accompagnercette ablution (forme) consiste dans ces paroles: Je tebaptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.Nous allons parcourir successivement ces trois élémentsconstitutifs du baptême et résoudre les difficultés scripturairesqui s’y rattachent. Nous ne dirons rien des cérémoniesajoutées par l’Eglise, parce que ces cérémoniesne sont point les rites constitutifs du sacrement.

La matière employée pour le baptême (matière éloignée) est l’eau naturelle.

Saint Jean baptisait dansl’eau du Jourdain. Les disciples de Jésus-Christ avaientégalement baptisé avec de l’eau, du vivant de leur Maître.Joa., iii, 22, 23. Quand il leur prescrivit de baptiser toutesles nations, il entendait donc parler d’un baptême d’eau.

Du reste, en exposant la nécessité de son baptême, il dità Nicodème que c’est de l’eau et du Saint-Esprit qu’ilfaut renaître. Joa., iii, 5. Ajoutons qu’après la résurrection, les Apôtres ne baptisaient qu’avec de l’eau. Celane résulte pas seulement des textes nombreux de la tradition, mais des témoignages mêmes de la Sainte Écriture.Lorsque le Saint-Esprit fut descendu sur le centurionCorneille, Pierre s’écria: «Peut-on refuser l’eaudu baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit commenous?» Act., x, 47. Un peu auparavant, l’eunuque de lareine Candace, qui cheminait avec le diacre Philippe etrecevait ses instructions, ayant vu de l’eau, lui dit: «Voilàde l’eau; qui empêche que je sois baptisé? Et ils descendirenttous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque.» Act., viii, 36, 38. C’est donc avec de l’eau quedoit se donner le baptême.

Comment donc entendre les textes des Évangiles oùle baptême de Jésus-Christ est appelé «baptême dans leSaint-Esprit», Joa., iii, 5, et «baptême de feu»? Matth., iii, 11; Luc, iii, 16. On en a proposé diverses explications.Voici celle qui est la plus communément adoptée. Lebaptême de Jean, n’ayant point d’efficacité pour conférerla grâce sanctifiante directement et par lui-même, n’étaitqu’un baptême d’eau. Au contraire, le baptême de Jésus-Christproduit dans les âmes la grâce sanctifiante, et yfait habiter le Saint-Esprit, qui descendit sur les Apôtressous la forme du feu, symbole de la charité. Par le baptêmede Jésus-Christ, on renaît donc, suivant les parolesdu Sauveur à Nicodème, de l’eau qui atteint le corps etdu Saint-Esprit qui est répandu dans l’âme. Or, quandon compare le baptême de Jésus-Christ à celui de saintJean, on est naturellement amené à caractériser chacund’eux par ce qui lui est particulièrement propre, et onexprime ce qui leur est propre en déclarant que Jean baptisaitdans l’eau, c’est-à-dire dans l’eau seule, tandis queJésus-Christ devait baptiser dans le Saint-Esprit et le feu.

Voici une autre interprétation de ces textes qui n’exclutpas la première, mais la suppose. Les passages de laSainte Écriture où il est parlé du baptême de Jésus-Christpeuvent presque tous se rapporter aussi à la confirmation, sacrement qui complète le baptême en nous rendantparfaits chrétiens et en nous donnant l’abondance desdons du Saint-Esprit. Cette union des deux sacrementsdans les textes scripturaires ne doit pas nous surprendre, car les Apôtres donnaient ordinairement la confirmationaussitôt après le baptême; cet usage s’est continué pendantde longs siècles dans l’Église latine, et il existe encoredans l’Église grecque. Mais alors même que nous ignorerionscette coutume antique, il nous suffirait d’examinerles paroles de l’Écriture qui se rapportent au sacrementde baptême, pour remarquer qu’elles contiennent des allusionsau sacrement de confirmation. Nous laissons laparole à dom Janssens, qui a très bien mis ce point enlumière dans son excellent opuscule sur la Confirmation, Lille, 1888, p. 47: «Voici d’abord la scène du Jourdain.Jean baptise dans l’eau, prêchant la pénitence et la venuedu Christ. «Pour moi, s’écrie le précurseur dans son «admirable humilité, je vous baptise dans l’eau pour «vous porter à la pénitence; mais un autre plus fort que «moi et dont je ne suis pas digne de porter la chaussureviendra; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit-Saintet le feu.» Matth., iii, 11. Que signifie cette parolerapportée à la fois par saint Matthieu et saint Luc, iii, 6: «Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu,» sinonque le baptême du Sauveur trouve son parfait achèvementdans le baptême de feu? Et ce baptême de feu, commentn’y pas voir la descente du Saint-Esprit sous la forme delangues de feu au jour de la Pentecôte, qui est le grandjour de la confirmation? C’est dans ce sens que Notre-Seigneur, au moment de s’en aller à son Père, le jourmême de son ascension glorieuse, dit à ses Apôtres dansson discours d’adieu, Act., i, 5: «Jean vous a baptisés «dans l’eau, mais vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint «après peu de jours.» Ici évidemment il s’agissait d’unautre baptême que celui de la régénération première; ilne pouvait donc être question que de l’effusion du Saint-Espritpar la confirmation, effusion si abondante, que leSauveur lui donne le nom générique de baptême. Aussisaint Pierre, rendant compte à Jérusalem de la missionqu’il venait de remplir auprès du centurion Corneille, rapproche dans sa pensée cette promesse du Seigneuret la descente du Saint-Esprit sur le soldat romainet sa famille, avant même qu’ils eussent été baptisés; et il dit aux Apôtres émerveillés que c’est le souvenirde ces paroles du Maître qui l’a déterminé à conférerle baptême à ceux qui avaient reçu le même don qu’euxau cénacle. Act., xi, 16. Si nous réunissons ces diverstémoignages, nous arrivons naturellement à trouver unetrace de la confirmation dans les paroles de Jean-Baptisteau Jourdain, et surtout dans celles du Sauveur le jourde l’Ascension. Seulement les premières ont le caractèrevague d’une prophétie lointaine; les secondes équivalentà une promesse précise et immédiate, et forment le traitd’union entre l’Ascension et la Pentecôte. Mais ce n’estpas tout. La scène du Jourdain nous met sous les yeuxl’action symbolique du baptême du Sauveur. Ici encorela confirmation nous apparaît au second plan. De mêmeque l’action du Christ sanctifiant les eaux du fleuve aucontact de son corps divin équivaut ou du moins préludeéloquemment à l’institution du baptême; de même aussila colombe descendant sur le chef sacré du Messie, aprèsqu’il fut sorti des eaux, exprime, au témoignage de saintThomas, Summ. theol., iii, q. 72, a. i, ad 4, la plénitudede la grâce, et partant préfigure le sacrement qui la confère, la confirmation. C’est pourquoi la colombe ne descenditsur le Messie qu’à la sortie du Jourdain, pour marquerque la plénitude de la grâce, conférée par la confirmation, vient se surajouter au baptême, en vertu d’unsacrement qui ne peut être administré qu’après celui dela régénération. Matth., iii, 16; Marc, i, 10; Luc, iii, 21.»

Cette doctrine a été développée par les saints Pères, et en particulier par saint Cyrille de Jérusalem, dansla Catéchèse qu’il consacra à la confirmation. Catech. mystag., iii, 2, Patr. gr., t. xxxiii, col. 1087, 1890, etpar saint Optat de Miléve, Contra Donat., vers la fin dulivre IV, Patr. lat., t. xi, col. 1039 et suiv.

Dom Janssens voit aussi un rapprochement entre lebaptême et la confirmation dans le discours à Nicodème.Joa., iii. «Ici encore, dit-il (La confirmation, p. 50), nous trouvons dans le même ordre d’abord un endroitqui parle ouvertement du baptême: «Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu;» et puis, à trois versetsd’intervalle, un autre passage où l’on peut voir une allusionà la Pentecôte, et partant à la confirmation. Le Christveut faire comprendre à Nicodème que la naissance spirituelleest tout autre que la naissance corporelle. «L’Esprit, dit le Sauveur, souffle où il veut, et vous entendezsa voix; mais vous ne savez ni d’où il vient ni où il va, ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit.» Si le baptême de feu dont parlait Jean-Baptiste nous reportaitnaturellement à la pluie de feu qui eut lieu auCénacle, comment ne pas songer ici à cette tempête quifondit sur la même enceinte, «lorsque soudain on entenditun son comme d’un vent violent qui s’abat et qui remplit toute la demeure?» Act., ii, 2. La foule, qui l’entenditdu dehors, accourut, ne sachant d’où ce soufflevenait ni où il allait, et elle contempla le groupe desApôtres et des disciples débordant de la plénitude duSaint-Esprit.»

L’eau du baptême doit être appliquée (matière prochaine) par ablution, c’est-à-dire soit par immersion, soit par infusion, soit par aspersion.

«La plupart desliturgistes, dit l’abbé Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 223, admettent d’une manièregénérale:
En cours 1° qu’il y eut immersion totale depuis lestemps évangéliques jusqu’au xrve siècle environ;
2° quedu xme au xve siècle on employa l’immersion partielledu corps (dont la partie inférieure séjourna seule dansl’eau), avec infusion sur la tête;
3° qu"à partir du XVe sièclel’infusion seule remplaça l’infusion accompagnée d’immersion.» Mais le savant auteur, se fondant sur l’étudedes anciens baptistères et des représentations de baptêmes, trouve cette classification trop absolue, et il établit pardes preuves qui paraissent très solides les conclusions suivantes(ibid., p. 248): «En Orient, dans les premierssiècles, submersion totale dans les fleuves et probablementdans les baptistères, sans exclusion toutefois del’immersion mêlée d’infusion, qui a été conservée jusqu’ànos jours dans presque toutes les contrées orientales. —En Occident, du IVe au vin 6 siècle, immersion partielledans les baptistères, avec addition d’infusion. — Duvine au XIe siècle, immersion verticale et complète desenfants dans les cuves. À cette époque et dans tout lecours du moyen âge, procédés divers pour le baptêmedes adultes, qu’il n’était pas possible d’immerger dansle bassin des fonts..— Du xie au xm" siècle, immersionhorizontale et complète dans les cuves. — Aux xme etXIVe siècles, tantôt immersion complète, tantôt immersionpartielle accompagnée d’infusion; rarement infusionseule. — xve et xvie siècles: rarement immersion complète; parfois immersion avec infusion; le plus souventinfusion seule. — XVIIe et xviiie siècles: règne de l’infusionseule; immersion conservée jusqu’à nos jours dansles rites mozarabe et ambrosien; rétablissem*nt de l’immersiondans quelques sectes religieuses. — xixe siècle, progrès rapide de l’immersion dans diverses communionsreligieuses, surtout en Amérique et en Angleterre.»

Pour l’aspersion, qui ne diffère de l’infusion que parcequ’elle se fait en jetant le liquide au lieu de le laissercouler, elle n’est valide qu’autant que l’eau jetée atteintle baptisé, et elle n’a jamais été pratiquée que dans descirconstances exceptionnelles.

Le passage de l’Écriture Sainte qui nous donne les indicationsles plus précises sur le mode baptismal des tempsévangéliques est le récit du baptême de l’eunuque de lareine Candace par le diacre Philippe. Le livre des Actesdes Apôtres, viii, 38, 39, porte: «Tous deux, Philippeet l’eunuque, descendirent dans l’eau, et il le baptisa; etaprès qu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneurenleva Philippe.» On a prétendu que l’eunuque baptisén’avait pu être immergé dans l’eau, à cause du peu deprofondeur de la fontaine de Philippe; mais cette inductionest sans fondement, car on ne sait point avec certitudel’emplacement de cette fontaine, et alors mêmequ’elle aurait aujourd’hui peu de profondeur, il ne s’ensuivraitpas qu’il en était de même au I er siècle. Le textedes Actes dit expressément que le baptisant et le baptisédescendirent tous deux dans l’eau, et qu’ils en remontèrentaprès le baptême. Cela prouve que le baptême fut donnépar immersion. Les manières de parler de l’Écriture etdes premiers Pères laissent entendre d’ailleurs que cesacrement se conférait alors habituellement par immersioncomplète. Ce n’est, en effet, que par une immersioncomplète qu’on est enseveli dans l’eau et qu’on en renaît.Or saint Paul, Rom., vi, 4, rappelle aux chrétiens qu’ilsont été ensevelis par le baptême, et Jésus-Christ enseigneà Nicodème, Joa., iii, 5, qu’il faut renaître de l’eau etdu Saint-Esprit pour entrer dans le royaume des cieux.Du reste, un grand nombre de témoignages des premierssiècles établissent que le baptisé était alors plongé toutentier dans l’eau.

Cependant il y a lieu de penser que dès les originesdu Christianisme on pratiqua le baptême par immersionaccompagnée d’infusion. Le baptisé était plongé dansl’eau jusqu’à mi-corps ou jusqu’à mi-jambes, et le baptisantlui versait de l’eau sur la tête. Il reste de trèsanciennes représentations du baptême de Jésus-Christ parsaint Jean; or toutes nous montrent le Sauveur la tête et

même la partie supérieure du corps hors de l’eau. Tantôtsaint Jean-Baptiste lui met la main sur la tête, ce quisuppose qu’il la plonge dans l’eau et qu’il y a immersioncomplète; mais tantôt aussi l’eau est versée sur la tête deJésus soit par le précurseur, soit par la colombe qui estau-dessus de lui, ce qui suppose que la tête n’a pas étéplongée dans le fleuve. Voir Corblet, Histoire du baptême, Paris, 1881, t. i, p. 232, et Martigny, Dictionnairedes antiquités chrétiennes, article Baptême, 2e édit., Paris, 1877, p. 80. Nous possédons aussi des peinturesantiques du baptême où le baptisant verse de l’eau surla tête du baptisé, tandis que celui-ci se tient deboutdans l’eau. Signalons une peinture du IIe ou du me siècletrouvée à Rome, au cimetière de Saint-Callixte. Près d’unpêcheur qui tire de l’eau un poisson, symbole du chrétienrégénéré, est représenté le baptême d’un enfant d’environdix ans. L’enfant et celui qui le baptise sont debout dansl’eau, qui a un décimètre et demi de profondeur, ets’élève par conséquent jusqu’aux genoux de l’enfant. Le

437. — Le baptême dans les catacombes. Fresque du otmatlèrede Saint-Callixte.

baptisant pose sa main sur la tête de l’enfant, autour delaquelle l’eau coule de tous côtés (fig. 437).

Non seulement on donna le baptême par infusionajoutée à une immersion partielle; on le pratiqua encorepar simple infusion dès les temps apostoliques. Beaucoupde malades alités ne pouvaient être baptisés que de cettefaçon. Du reste, l’Écriture Sainte nous rapporte des baptêmesqui ne semblent pas avoir été donnés autrement.Comment comprendre, en effet, que quelqu’un soit baptisépar immersion debout dans une maison? Or il estdit à deux reprises, Act., ix, 18, et xxii, 16, de saint Paulqu’il se leva debout pour être baptisé par Ananie, dansla maison où il était. Le même apôtre, détenu en prison, Act., xvi, 33, convertit son geôlier avec les membres desa famille, et les baptisa aussitôt. Or on ne voit pas qu’ill’ait pu faire par immersion. D’ailleurs la Aiâi^» ) t&vâûSexa’AtcootoXwv récemment découverte, ’que la plupartdes critiques regardent comme ayant été composéedans la première moitié du n «siècle, si ce n’est à la findu I er, et qui nous fait certainement connaître les pratiquesdes temps apostoliques, prescrit formellement deconférer le baptême par infusion, lorsqu’on n’a point uneassez grande quantité d’eau pour le donner autrement. «Pour ce qui est du baptême, dit-elle, baptisez de lafaçon suivante: Après avoir dit tout ce qui précède, baptisezau nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, dans une eau vive. Si tu n’as pas d’eau vive, baptisedans une autre eau; si tu ne peux te servir d’eau froide, prends-en de la chaude. Si tu n’en as ni de l’une ni del’autre, verse sur la tête trois fois de l’eau au nom duPère, et du Fils, et du Saint-Esprit.» On a pensé quesaint Pierre avait baptisé par aspersion d’abord les troismille et ensuite les cinq mille convertis dont parlent lesActes des Apôtres, ii, 41, et iv, 4; mais c’est là une simpleconjecture.

3° La formule du baptême (forme) consiste en cesparoles: «Je te baptise au nom du Père, et du Fils, etdu Saint-Esprit.» C’est la formule même employée dansl’Eglise latine. Les Grecs emploient cette autre formule

équivalente: Le serviteur de Dieu, N…, est baptisé(pmixi’Cexïi) au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.C’est par erreur qu’on leur a attribué de baptiserpar la formule déprécatoire: Que le serviteur de Dieu, N…, soit baptisé ( (ianTÎÇea-Oo))… Cette formule déprécatoirene se trouve dans aucun exemplaire de leurs livresliturgiques. Le concile de Florence a reconnu la validitéde la formule employée par les Grecs. Seulement les édi-’tions du concile ne sont pas d’accord sur la formule queles Pères de Florence leur attribuaient. Le Bullaire deChérubini donne la formule déprécatoire: Baptizetur.VEnchiridion de Denzinger donne la formule affirmative: Baplizatur.

Tous les théologiens s’accordent à regarder l’invocationexpresse des trois personnes de la sainte Trinité commenécessaire, et comme ayant été employée constammentdepuis la mort des Apôtres. Notre-Seigneur leur ordonna, en effet, de baptiser au nom du Père, et du Fils, et duSaint-Esprit. Matth., xxviii, 19.

On s’est demandé néanmoins si les Apôtres n’avaientpas substitué l’invocation du nom de Jésus à l’invocationdes trois personnes de la sainte Trinité pour la collationdu baptême. L’Écriture nous dit, en effet, à plusieursreprises, des premiers chrétiens qu’ils étaient baptisés aunom du Seigneur Jésus. Act., ii, 38; viii, 16; xix, 5. Certainsthéologiens ont cru qu’ils avaient fait réellement cettesubstitution, et cela en vertu d’une dispense spéciale, etafin de glorifier davantage le nom de Jésus, qui était alorsodieux aux Juifs et aux Gentils. C’est le sentiment qu’adoptesaint Thomas, iii, q. 66, a. 6, ad 1. Mais cette opinionest généralement rejetée aujourd’hui; car il est peuvraisemblable que les Apôtres, qui avaient reçu personnellementl’ordre de baptiser en invoquant les trois personnesdivines, Matth., xxviii, 19, aient négligé cetteinvocation. Par conséquent, les textes de l’Écriture quinous les représentent baptisant au nom du Sauveur nesignifient point qu’ils invoquaient le nom du Fils à l’exclusiondu nom du Père et du Saint-Esprit. Si ces textesparlent du baptême conféré au nom de Jésus, c’est pourmarquer qu’il s’agit du baptême chrétien et non du baptêmede Jean-Baptiste. Cette opposition est clairementindiquée dans le discours de saint Pierre, au second chapitredes Actes, ii, 38, où il est fait allusion au baptêmede pénitence que Jean-Baptiste avait donné, et au baptêmedaus le Saint-Esprit, qu’il avait annoncé: «Faitespénitence, dit saint Pierre, et que chacun de vous soitbaptisé au nom de Jésus-Christ (ïiù tw ôv<5jjiaTi’IriuoSXpio-ToO, c’est-à-dire sur le fondement du nom de Jésus-Christ) pour la rémission de vos péchés, et vous recevrezle don du Saint-Esprit.» La même opposition est marquéeplus clairement encore au chapitre xix des Actes, 3-5. Paul, étant venu à Éphèse, y trouva des disciplesqui n’avaient pas même entendu dire qu’il y a un Saint-Esprit. «Il leur dit: De quel baptême avez-vous été baptisés?Ils dirent: Du baptême de Jean. Et Paul dit: Jeana baptisé le peuplé du baptême de pénitence, disant decroire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire er» Jésus. Lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furentbaptisés au nom du Seigneur Jésus (eî «to ôvbijia, c’est-à-direpour prendre le nom de Jésus et lui appartenir), et après que Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit-Saintvint en eux.» On voit que dans ces passages le baptême «au nom de Jésus t> s’oppose à celui de Jean-Baptiste, etque rien n’oblige de penser qu’on invoquait dans ce baptêmele nom du Sauveur, à l’exclusion de celui du Pèreet de celui du Saint-Esprit.

V. Effets du baptême. — 1° Manière dont le baptêmeagit. — Le baptême est un sacrement, et agit par conséquentex opère operato, c’est-à-dire par sa vertu propre-Auxtemps apostoliques, le mot sacrement n’avait pasencorele sens précis et arrêté que les théologiens lui ontdonné, et le terme ex opère operato n’était pas employé.C’est donc par d’autres formules que l’Écriture Sainte 1441

BAPTEME

BARABBAS

iUl

nous enseigne qu’en vertu de l’institution de Jésus-Christ, le rite du baptême possède par lui-même la puissance deproduire la grâce dans les âmes. Jésus-Christ attribue, en effet, à l’eau même du baptême la vertu de nous donnerla vie surnaturelle, lorsqu’il dit à Nicodème que, pourentrer dans le royaume de Dieu, il faut renaître de l’eauet du Saint-Esprit, Joa., iii, 5; de son côté, saint Paulaffirme que l’eau reçoit cette vertu des paroles prononcéesau baptême, lorsqu’il dit, Eph., v, 26, que Jésus-Christsanctifie l’Eglise en la purifiant par le bain de l’eaudans la parole de vie.

2° Effets produits par le baptême. — Ces effets sontexprimés dans les textes où l’Écriture enseigne que lebaptême nous donne une nouvelle vie, la vie surnaturelle, Joa., iii, 5; qu’il remet tous les péchés, Act., ii, 38; xxii, 16; Eph., v, 26; qu’il assure le salut. Marc, xvi, 16.Le sacrement de baptême produit la grâce, sanctifianteavec un cachet particulier, celui d’une nouvelle naissance, la naissance à la vie surnaturelle de la grâce, quiest la vie de Jésus-Christ et de Dieu en nous, qui nousrend enfants de Dieu à la suite de Jésus-Christ, quinous constitue les cohéritiers de son royaume. Aussi lebaptême est-il appelé le «bain de la régénération», Tit., m, 5; «l’eau qui nous donne une nouvelle naissance,» Joa., iii, 5, et il est présenté comme nous rendant «filsde Dieu», et «nous revêtant de Jésus-Christ». Gal., m, 26, 27.

VI. Ministre du baptême. — L’Écriture nous raconteplusieurs baptêmes. Il ressort de ses récits qu’au siècleapostolique le sacrement de la régénération était conférépar diverses classes de personnes. Jésus-Christ ne baptisaitpoint lui-même, mais faisairbaptiser par ses Apôtres.Joa., iv, 2. Après la Pentecôte, les Apôtres laissaient d’ordinaireà des ministres inférieurs le soin de baptiser, afinde pouvoir se livrer tout entiers à la prédication. SaintPierre fit baptiser le centurion Corneille et sa maison.Act., x, 48. Saint Paul disait qu’il n’avait pas été envoyépar Jésus-Christ pour baptiser, , mais pour évangéliser.I Cor., i, 17. Le diacre Philippe baptisa Simon le Magicienavec un grand nombre de personnes de Samarie.Act., viii, 12, 13. Il baptisa aussi l’eunuque de la reineCandace. Act., viii, 38. Saint Paul fut baptisé à Damas parAnanie, Act., ix, 18, qui paraît avoir été un simple laïque.Voir Ananie 7.

VII. Sujet du baptême. — On appelle sujets du baptêmeles personnes qui peuvent recevoir ce sacrement.Parmi les premiers chrétiens, il s’en trouva d’abord quicrurent que le baptême devait être réservé aux Juifs.Aussi, lorsque fut venu le moment de baptiser le centurionCorneille, le premier des Gentils qui se fit chrétien, Dieu envoya-t-il une vision à saint Pierre et fit-il descendremiraculeusem*nt le Saint-Esprit sur Corneille et sa famille, pour montrer que l’Église était ouverte aux païensaussi bien qu’aux Juifs. Act., x. De son côté, Pierrejustifia devant ses frères la conduite qu’il avait tenue encette circonstance. Act., xi, 1-18. Mais sauf les judaïsants, que saint Paul combattait, tous les fidèles comprirentbientôt que l’Évangile devait être prêché à tous leshommes, et que tous aussi avaient droit au baptême, suivantla parole du Sauveur: «Allez enseigner toutes lesnations, et baptisez-les.» Matth., xxviii, 19. —VoirChardon, Histoire des sacrements, dans Migne, Cursuscompletus théologies, t. xx, col. 1-159; duch*esne, Originesdu culte chrétien, ch. ix, Paris, 1889, p. 281-329; Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archéologiquedu sacrement de baptême, 2 in-8°, Paris, 1881-1882.

A. Vacant.

2. BAPTÊME DES MORTS. Le baptême ne peut êtrereçu par procureur. À plus forte raison ne peut-on lerecevoir pour ceux qui sont morts. Cependant, pourprouver la résurrection des morts, saint Paul dit, I Cor., XV, 29: «Que feront ceux qui seront baptisés pour lesmorts (Û7tèp twv vexpwv, c’est-à-dire à la place ou en

faveur des morts), si certainement les morts ne ressuscitentpas? Pourquoi sont-ils baptisés pour eux?» Cepassage est un de ceux qui ont le plus exercé les exégètes, et on l’a interprété d’un grand nombre de manières.On admet d’ordinaire que saint Paul s’y sert d’unargument ad hominem, fondé sur une pratique qu’iln’entend pas approuver, celle de se faire baptiser pourceux qui étaient morts sans recevoir le baptême. Il estsûr que les fidèles qui suivaient les enseignements desaint Paul ne se conformaient pas à cette pratique; car, après la phrase que nous venons de citer, l’Apôtre ajoute, I Cor., xv, 30: «Et pourquoi nous-mêmes (il xaî ïineïï)nous exposons-nous au danger à toute heure?» Manièrede parler qui montre. que ni saint Paul, ni les disciplesauxquels il s’adressait, ne se faisaient baptiser pour lesmorts. Ceux qui tenaient cette conduite appartenaientdonc à une secte séparée. Nous savons par Tertullien, Contra Marcionem, v, 10, t. ii, col. 495, et saint JeanChrysostome, In I Cor., nom. XL, t. lxi, col. 347, queles Marcionites avaient cette coutume, et il y a lieu depenser qu’ils la tenaient de la secte à laquelle saint Paullait ici allusion. Saint Épiphane croit, Hmres., xxviii, 6, t. xli, col. 383, que cette secte était celle des Cérinthiens.

On trouvera dans Calmet, Dissertation sur le baptêmepour les morts, dans les Dissertations qui peuvent servirde prolégomènes de-l’Ecriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, p. 338-355, les diverses interprétations qu’on a donnéesdu passage de saint Paul que nous venons d’expliquer.Celle que nous avons adoptée., à la suite du plus grandnombre des Pères et des exégètes, est j croyons - nous, laseule qui respecte le sens naturel des paroles de l’Apôtre.

A. Vacant.

    1. BAPTISTA Gregorio##

BAPTISTA Gregorio, bénédictin, théologien portugais, né à Funchal, dans l’île de Madère, vivait dansla première moitié du xvif siècle. Il devint prédicateurgénéral de son ordre en Portugal, et passa à l’ordre desFranciscains.. Il a composé des Annotationes in caputxiii Evangelii secundum Joannem, divisées en troisparties. La première partie seule a été publiée, in-f», Coïmbre, 1621. — Voir B. Machado, Bibliotheca lusitana, t. H (1747), p. 410; Ziegelbauer, Historia rei literariœordinis sancti Benedicti, Vienne, 1754, t. iv, p. 49.

B. Heurtebize.

    1. BAPTISTE##

BAPTISTE, surnom donné à Jean, le précurseur duMessie, parce qu’il baptisait dans le Jourdain. Voir Jean-Baptiste.

BAR (Jean de), bénédictin de la congrégation deSaintMaur, né à Reims vers 1700, mort à Paris, aumonastère des Blancs - Manteaux, le 25 novembre 1767.Ami et compagnon d’études de dom Maur d’Antine, ilrecueillit son héritage littéraire et prépara une éditionremaniée des Pseaumes traduits sur l’hébreu (voir Antine); mais la mort le prévint avant qu’il eût pu livrerà l’impression ce Psautier, dont le manuscrit passa auxmains de dom Clémencet, et ne fut jamais publié.

J. Parisot.

BARA. Nom de deux personnages dans la Vulgate.

1. BARA (hébreu: Béra’; Septante: BaXXâ), roi deSodome, un des cinq rois de la Pentapole assujettis àChodorlahom*or, et révoltés contre lui après douze ansde soumission. Bara fut défait par le roi d’Élam; dans safuite, il tomba dans les puits de bitume de la vallée deSiddim et y périt. Gen., xiv, 2-10.

2. BARA (hébreu: Ba’arâ’, «embrasem*nt;» Septante: y] BaaSâ; Codex Alexandrinus; Baapâ), une desfemmes de Saharaïm, descendant de Benjamin, qu’il répudia.I Par., vui, 8.

BARABBAS. Les manuscrits grecs écrivent ce motde quatre manières différentes: Bapdcëoa; , liapàga; , BapI. - 48 1443

BARABBAS — BARAC

au

pctêaç et Bappocêâv. Aussi en donne-t-on des étymologiestrès diverses: bar-rabba, u. fils du docteur» (Langen), ou bar-rabban, «fils de notre docteur» (Ewald); barabba, «fils du père» ( saint Jérôme, saint Hilaire, Théophylacte, Lightfoot, Wûnsche, Sieffert, Grimm, Bisping), ou bar-abban, «fils de notre père,» et enfin bar-Abba, «fils d’Abba.» Ce nom se rencontre souvent chez lestalmudistes. Quelques manuscrits cursifs grecs (1, 118, 209, 299), la version syriaque hiérosolymitaine et la versionarménienne appellent Barabbas Jésus Barabbas. Origènementionne déjà cette variante; de nos jours elle est rejetéepar les critiques les plus compétents, Tischendorf, Westcotf et Hort, Griesbach, Tregelles. Voir sur cette variante: Tischendorf, Novum Testamentum grssce, t. i, p. 195, et Vestcott-Hort, The New Testament in original greek, t. ii, Appendice, p. 19.

Barabbas était un voleur fameux, Joa., xviii, 40, jetéen prison pour avoir commis un meurtre dans uneémeute. Matth., xxvii, 16; Marc., xv, 7; Luc, xxiii, 19; Act., iii, 14. Il devait donc subir la peine capitale, commemeurtrier, d’après la loi juive, et comme rebelle, d’aprèsla loi romaine. Pilate, dans son désir de sauver Jésus, dont il avait reconnu l’innocence, proposa aux Juifs deleur accorder selon la coutume, à l’occasion des fêtes dePâques, la délivrance d’un prisonnier. Matth., xxvii, 17; Marc, xv, 6; Luc, xxiii, 17; Joa., xviii, 39. Et il leuroffrit de délivrer Jésus ou bien Barabbas, parce que lecrime de ce dernier ne lui semblant mériter aucune compassion, il pensait que le peuple n’hésiterait pas à se prononcer en faveur de Jésus. Mais les Juifs, à l’instigationdes princes des prêtres et des anciens, demandèrent ladélivrance de Barabbas, qui fut accordée. Matth., xxvii, 21; Marc, xv, 11, 15; Luc, xxiii, 18; Joa., xviii, 40; Act., ni, 14. On ne sait rien de plus sur ce personnage.

Cette coutume de mettre en liberté un prisonnier àl’occasion des fêtes de Pâques n’est mentionnée nullepart ailleurs dans les Saintes Écritures, ni dans le Talmud. L'Évangile de saint Jean dit cependant assez clairement, xviii, 39, que c'était une coutume juive. En toutcas, des usages similaires existaient chez les Romains lejour des Lectisternes, et chez les Grecs aux solennités deBacchus Éleuthéréus. Quelques exégètes (Rosenmùller, Friedlieb, Fouard) ont cru qu’il s’agissait non seulementd’une coutume, mais d’un privilège spécial, accordé auxJuifs par les Romains; saint Luc, xxiii, 17, semble l’insinuer. E. Jacquier.

    1. BARAC##

BARAC (hébreu: Bârâq, «l'éclair;» Septante: Bapàx), fils d’Abinoem, de la tribu de Nephthali, et trèsprobablement le même que Badan de I Reg., xii, ll.VoirBadan. On le range assez communément parmi les Jugesd’Israël, quoique l'Écriture ne dise pas formellement qu’ilait «jugé» le peuple de Dieu; il fut, en effet, libérateur d’Israël comme ceux qui portent le titre de Juge(sôfêt), et il fut appelé expressément par Dieu à la missiond’affranchir les Hébreux du joug des Chananéens.

I. Les Chananéens du nord. — Les ennemis dont ilfallait, du temps de Barac, délivrer les Israélites étaientles Chananéens du nord de la Palestine qui habitaientsurtout les plaines sur les rives du Jourdain, au bord dela mer, dans la riche plaine de Jezraël ou d’Esdrelon, etdans le pays assigné àZabulon et à Nephthali. Num., xiii, 30; Jud, , i, 27-33. Écrasés par Josué avec tous les autres peuples leurs alliés, Jos., XI, 1-14, ils auraient dû disparaître àjamais; mais les Israélites, désobéissant aux ordres réitérésde Dieu, Exod., xxiii, 32-33; Deut., vii, 1-4, n’achevèrentpas l'œuvre de destruction si bien commencée par lesuccesseur de Moïse. Les Israélites furent d’autant moinsexcusables en cela, que Dieu avait permis la résistancede leurs ennemis, coupables des plus grands crimes, afinde les rendre tout à fait indignes de pitié et contraindreson peuple à les exterminer. Jos., xi, 20. Mais ils ne voulurent pas le faire, quoiqu’ils fussent devenus assez forts,

et ils habitèrent dans les mêmes villes avec les Chananéens, aimant mieux tirer d’eux un tribut que de lesdétruire. Jos., xvii, 11-13; Jud., i, 27-33. Cette conduite, dans laquelle leur cupidité trouvait son compte aussi bienque leur lâcheté et leur mollesse, cl. Jos., xviii, 3, irritale Seigneur contre eux; il les en punit en laissant prospérer les habitants du pays, Jud., ii, 21-23, dont il seservit ensuite comme d’un fléau pour châtier son peuple, quand le moment fut venu, lorsque, se laissant séduirepar l’exemple des idolâtres chananéens, ils se furentlivrés au culte de Baal et d’Astarté. Ils devinrent euxmêmes les tributaires de ceux qui jusqu’alors leur avaientpayé le tribut. Celte servitude dura vingt ans. La terreurrégnait partout; on ne pouvait aller en sûreté d’une villeà l’autre, Jud., v, 6; cf. Lament., i, 4; les Chananéensparaissent même avoir été aux Israélites une partie deleurs armes. Jud., v, 8; cf. I Reg., xiii, 19-22. Alorscomme au temps de Josué, Jos., xi, 10, les divers rois dupays formaient une sorte de confédération, sous l’hégémonie ou la suzeraineté de Jabin, roi d’Asor, comme leprince du même nom vaincu par Josué. Jud., v, 19. Cetteville avait dû être relevée de ses ruines. Voir Asor 1.Les contingents de troupes fournis par les rois chananéensétaient placés sous le commandement de Sisara, que l'Écriture appelle le général en chef de Jabin. Sisara pouvaitmettre en ligne jusqu'à neuf cents de ces chars bardés defer (texte hébreu), si redoutés des Israélites, Jos., xvii, 16, qui n’en avaient point et ne devaient point en avoir. Deut., xvii, 16; Jos., xi, 6; II Reg., viii, 4. Ce nombre n’a riend'étonnant, comme on le voit par les documents égyptiens: les Khétas, battus par Ramsès II, au nord du paysde Chanaan, possédaient, d’après le poème de Pentaour, deux mille cinq cents chars; Thotmès III en avait prisautrefois neuf cent vingt-quatre dans cette même plainede Jezraël, où Sisara va conduire les siens contre Barac.Voir F. Ghabas, Études sur l’antiquité historique, 1873, p. 442.

Vingt ans de souffrance firent enfin rentrer les Israélites dans le devoir; ils se souvinrent du Seigneur, ilscrièrent vers lui pour implorer son secours, et il eut pitiéd’eux. Il y avait alors dans les montagnes d'Éphraïm, entre Rama et Béthel, une prophétesse du nom de Débora, à qui sa sagesse avait gagné la confiance de toutle peuple; elle jugeait, assise sous un palmier, les différends qu’on venait lui soumettre. C’est à elle qu’une inspiration divine fit connaître le libérateur que Dieu allaitsusciter à son peuple, Barac, le fils d’Abinoem, de Cédésde Nephthali. Elle le manda auprès d’elle et lui communiqua les ordres de Dieu. Jud., iv, 6-7. Malgré cette assurance du concours céleste, Barac ne voulut rien entreprendre, à moins que Débora ne consentit à l’accompagner. Débora partit donc avec lui, mais en lui prédisantqu’il n’aurait pas tout l’honneur de la victoire, parce queSisara, au lieu de tomber sous ses coups, périrait de lamain d’une femme. Jud., iv, 18-22; v, 24-27. De Cédés, où ils se rendirent d’abord, Débora et Barac firent appelau patriotisme des diverses tribus, sauf apparemment cellesde Juda et de Siméon, qui ne sont pas mentionnées dans lecantique de Débora; plusieurs ont conclu de cette abstention que la distinction, si souvent rappelée depuis, entreJuda et le reste d’Israël existait déjà à l'époque qui nousoccupe. Ruben, Dan, Aser et la demi-tribu orientale deManassé restèrent étrangères, sinon indifférentes à l’entreprise; Éphraïm et Benjamin envoyèrent des secours, ainsi que Manassé occidental; Issachar, qui devait avoirsenti plus que les autres le joug écrasant des Chananéens, parait aussi avoir apporté un concours plus efficace àNephthali et à Zabulon, les deux tribus dans lesquellesDieu voulait que Barac prit principalement ses troupes.Jud., iv, 6; v, 14-18.

II. La bataille et la défaite de Sisara. — Les préparatifs se firent avec la plus grande prudence et dansle plus profond secret; les Israélites purent, sans donner

l’éveil à leurs ennemis, se rendre sur les confins de Zabulonet d’Issachar, et se ranger autour de Débora et deBarac au sommet du mont Thabor, le Djebel et -Touractuel. C’est seulement lorsqu’ils jurent à l’abri de sescoups, dans cette position élevée de quatre cents mètresau-dessus du niveau de la plaine, que Sisara eut connaissancede ce soulèvement. Il réunit aussitôt ses neufcents chars, c’est-à-dire tous ses chars, d’après l’hébreu, et, partant d’Haroseth avec les troupes de pied qui accompagnaientles chars, il vint là où le conduisait la mainde Dieu, Jud., iv, 7, 13, sur les bords du Cison, le moderneNahr el-Mouqatta, «la rivière du massacre.»

Ne pouvant songer à aller attaquer avec ses chars Baracet Débora sur les hauteurs inexpugnables et au milieu desbois du Thabor, il s’établit au pied de la montagne. Ilsemblerait, à la vérité, d’après Jud., v, 19, qu’il auraitcampé beaucoup plus bas, à Thanach, près de Mageddo.Mais la locution «les eaux de Mageddo» est probablementune périphrase poétique pour désigner le Cison, quipasse près de la ville de ce nom, et, d’autre part, rienne prouve que Thanach soit le nom d’une ville plutôtque celui d’un district s’étendant plus ou moins vers lenord-est, du côté du Thabor. Nous avons donc ici uneindication topographique trop vague pour l’emportersur une autre donnée de l’Écriture qui précise nettementle théâtre de la bataille et le place à Endor. Ps. lxxxii, 10-11. Thanach étant d’ailleurs sur la rive gauche duCison, les Hébreux auraient dû, si le combat s’était livrésous ses murs, traverser deux fois cette rivière, qui estsans doute à sec à cet endroit pendant l’été, mais quidevait couler à cette époque, un orage soudain ne paraissantpas suffire à lui donner le volume d’eau que supposeJud., v, 21. Or l’examen du récit ne permet pasd’admettre lhypothèse de ce double passage de la rivière.

Du reste on ne s’explique pas pourquoi Sisara, maîtrede ta plaine de Jezraël, ne se serait pas rapproché autantque possible du Thabor, conformément à ce que le plantracé par Dieu même semblait indiquer, Jud., iv, 6-7; ilavait trop de confiance dans ses chars manœuvrant enrase campagne, Jud., v, 30, pour sentir le besoin de s’appuyersur les places fortes du bas Cison; il devait plutôtsonger à se tenir à portée des ennemis, pour les poursuivredans le cas où ils auraient voulu se débander et luiéchapper sans combattre. C’est donc à Endor qu’eut lieule choc, un peu au nord-est du point où, le 16 avril 1799, le général Bonaparte, débouchant de la montagne, fonditsur les Turcs aux prises avec Kléber, près d’El-Fouléh, à deux petites lieues au sud de Nazareth, et remportasur eux la victoire du mont Thabor. Voir A. Thiers, Histoirede la Révolution française, 13e édit., t. x, p. 294-296; J. Hoche, Le pays des Croisades, Paris (sans date), p. 471.

C’était une tactique fort usitée parmi les Orientauxd’attaquer leurs ennemis de nuit et par surprise. Gen., xiv, 15; Jud., vii, 8, 19. Barac avait tout intérêt à y recourir, afin de lutter avec plus d’avantage contre unennemi beaucoup plus fort que lui. C’est ce qu’indiqueassez l’intervention des étoiles, Jud., v, 20, dont la faibleclarté le dirigeait sans découvrir au loin la marche de sestroupes. Sur l’ordre donné par Débora, Barac descenditles pentes du Thabor, probablement vis-à-vis de Naïm, , et il tomba à l’improviste au milieu du camp ennemi. Auxcris poussés par ces dix mille guerriers, cf. Jud., vii, 20, se joignirent alors, pour mettre le comble à la terreurdes Chananéens surpris dans leur sommeil, le grondementdu tonnerre et le bruit d’un ouragan envoyé parDieu, comme le croient généralement les commentateurs, d’après Jud., v, 20, et iv, 15. Eh même temps une pluietorrentielle ajoutait à leur désarroi, tout en leur préparantune sépulture dans les eaux gonflées du Cison etdans les mares qui l’avoisinent. Jud., iv, 15; v, 20-21.Au milieu des ténèbres à la faveur desquelles l’attaque

commença, beaucoup durent s’entre-tuer, cf. Jud., vii, 22, pendant que les autres tombaient sous les coups des Israélitesqui avançaient toujours, tuant les hommes, coupantles jarrets des chevaux, selon le sens que comportentla Vulgate et les Septante, Jud., v, 22; cf. Jos., xi, 9; II Reg., viii, 4, rendant ainsi la fuite plus difficile et l’encombrementtoujours plus grand. Dans ce danger pressant, Sisara saute à bas de son char et s’enfuit à pied, abandonnant ses soldats, dont une partie est jetée dansle Cison. Hommes, chars; chevaux roulent pêle-mêledans les eaux du torrent rapidement grossi par l’orage.Jud., v, 21. Voir Cison, t. ii, col. 781.

En poursuivant les chars et les fantassins qui fuyaientdevant lui vers Haroseth, Barac arriva-à la tente du CinéenHaber, Jud., iv, 6, 22, qui s’était établi prés de Cédésde Nephlhali. Jud., iv, 11. Pendant qu’une partie des Chananéensétait allée périr noyée dans le Cison et les fondrièresou enlisée dans les sables mouvants, une autrepartie avait pris la fuite vers le nord. Mais ces dernierssuccombèrent tous sous les coups des soldats de Barac, peut-être aussi des Israélites habitant les villes situéessur leur passage, comme semble le donner à entendre lamalédiction de Débora contre ceux de Méroz. Jud., v, 23; cf. vii, 23.

Dieu, qui avait tracé lui-même le plan de campagne, rendit la victoire aussi complète que possible: toutecette puissante armée fut anéantie, Jud., iv, 16 (hébreu); son général Sisara partagea le sort commun, il fut mis à mort par la Cinéenne Jahel, dans la tentede laquelle il avait cherché un refuge. Jud., iv, 17-21.Voir Jahel. La puissance de Jabin, si rudement atteintece jour-là, alla toujours déclinant, et ne tarda pas àêtre complètement détruite; les Chananéens ne comptentplus dans l’histoire du peuple de Dieu à partir dela victoire de Barac, et ce ne furent pas certainementleurs attaques qui mirent fin à la période paisible dequarante ans, fruit de cette victoire. Jud., iv, 24; v, 32.Aussi ce triomphe fut-il célébré par Débora dans un cantique, qu’elle chantait sans doute avec les femmes d’Israël, tandis que Barac chantait de son côté à la tête deses guerriers. Jud., v, 1; cf. Exod., xv, 1-2, 20-21. Le filsd’Abinoem avait bien le droit de se réjouir et de se glorifierd’une délivrance dans laquelle il avait été le digneinstrument de Dieu. Il eut le tort sans doute de se délierde la protection de Dieu, et d’exiger, pour exécuter sesordres, la présence de Débora auprès de lui: ce fut, sinonune grave désobéissance, du moins un acte de faiblesse etun excès de prudence humaine; mais la fidélité et l’intrépidecourage qu’il montra ensuite, Jud., v, 15, réparèrentpromptement et noblement cette faute, moins graved’ailleurs qu’elle ne paraît d’abord; car probablementBarac croyait nécessaire la présence de Débora, pourdonner aux yeux du peuple de l’autorité à son entreprise, et l’assister lui - même de ses sages conseils. Quelquesexemplaires des Septante mettent, en effet, dans sa bouchela phrase suivante, par laquelle il justifie son refus deinarcher seul: «Je ne connais pas le jour que Dieu achoisi pour m’envoyer l’ange qui doit rendre ma voieprospère.» Cf. S. Augustin, Quæslio xxvi in Judices, t. xxiv, col. 801. Du reste l’Écriture ne blâme nulle partBarac, et saint Paul exalte sa foi comme celle de tous lessaints personnages qu’il nomme avant et après lui. Hebr., xi, 32. E. Palis.

BARACH. Jos., xix, 25. Voir Bané, col. 1426.

    1. BARACHA##

BARACHA (hébreu: BerâMh, «bénédiction;» Septante; Bepx’ «)i un des guerriers qui quittèrent le partide Saùl et vinrent rejoindre David à Siceleg. Il était dela tribu de Benjamin. I Par., xii, 3. L’expression «frèresde Saül», appliquée à ces guerriers, doit se rendre parcompatriotes de Saûl, et est expliquée par l’épithète quisuit: «Benjamite.»

1447

BARACHEL — BARASA

1448

    1. BARACHEL##

BARACHEL (hébreu: Barak’ël, «Dieu bénit;» Septante: Bapax’iiH père d’Éliu, le dernier interlocuteurde Job. Job, xxxii, -2, 6.

    1. BARACHIE##

BARACHIE (hébreu: Bérékyâh ou Bérékyâhû, abréviation de yebérékyâhû, «Jéhovah hénit.» Septante: Bapa^i’a). Nom de plusieurs Israélites.

1. BARACHIE, un des ûls de Zorobabel. I Par., in, 20.

2. BARACHIE (hébreu: Bérékyâhû), lévite, pèred’Asaph, le célèbre maître de chœur du temps de David.I Par., vi, 39 (hébreu, 24); I Par., xv, 17.

3. BARACHIE, fils d’Asa, lévite de la lignée d’Elcana, habitait les hameaux qui dépendaient de Nétophah. I Par., IX, 16.

4. BARACHIE, lévite qui, dans la fête de la translation, sous le règne de David, remplissait les fonctions deportier de l’arche. Quatre lévites portaient ce titre; ilsétaient chargés de veiller sur l’arche: deux marchaientdevant et deux derrière. Barachias faisait partie des premiers.I Par., xv, 23.

5. BARACHIE (hébreu: Bérékyâhû), fils de Mosollamoth, un des principaux chefs de la tribu d’Éphraïm, sous Phacée, roi d’Israël. II Par., xxviii, 12-15. Suivantle conseil d’Obed, prophète d’Israël, Barachias et troisautres chefs firent rendre la liberté aux sujets d’Achaz, roi de Juda, faits prisonniers. Ils reconduisirent ces cap—tifs jusqu’à Jéricho, en les traitant avec bonté.

6. BARACHIE, fils de Mésézabel et père de Mosollam, qui, au retour de Babylone, bâtit une partie des muraillesde Jérusalem. II Esdr., iii, 4, 30; vi, 18.

7. BARACHIE (hébreu: yebérékyâhû), père d’un certainZacharie, qu’Isaïe prit pour témoin dans Hne de sesprophéties. Is., viii, 2.

8. BARACHIE (hébreu: Bérékyâh et Bérékyâhû), père de Zacharie, un des douze petit* prophètes. Zach., I, 1, 7.

9. BARACHIE (Bap-^iaç), père de Zacharie, qui, ditNotre-Seigneur, fut tué entre le temple et l’autel. Matth., xxiii, 35. Ce Barachie est probablement le même personnageque Joïada, le grand prêtre dont le fils fut tué dansle temple, par ordre de Joas. II Par., xxiv, 21. Le copistea pu lire Barachias au lieu de Joïada (l’Évangile des Nazaréensportait Zacharie, fils de Joïada), ou peut-être Joïadas’appelait-il aussi Barachias. Il y eut cependant un Barachie, père de Zacharie, qui prophétisa dix-huit ans aprèsla captivité de Babylone. Zach., i, 1. Mais son fils ne putêtre tué entre le temple et l’autel, puisque à cette époquel’un et l’autre étaient détruits. Reste encore un Baruch, dont le fils Zacharie fut tué par les Zélotes; mais l’événementse passa peu avant la prise de Jérusalem parles Romains. Josèphe, Bell, jud., IV, v, 4. D’ailleursl’identification de Barachie dépend de l’hypothèse qu’onadopte au sujet de Zacharie. Voir Zacharie, fils deBarachie. Cf. S. Jérôme, In Matth., xxiii, 35, t. xxvi, col. 173. E. Jacquier.

    1. BARAD##

BARAD (hébreu: Béréd; à la pause: Bâréd; Septante: BapiS), localité située au sud de la Palestine; elle est citée avec Cadès comme un des deux points entrelesquels se trouvait le «Puits du Vivant qui me voit», hébreu: Be’êr Lahai Bô’î, près duquel l’ange du Seigneurapparut à Agar, Gen., xvi, 14. Pendant que lesmanuscrits du texte original ne présentent aucune variante pour ce mot, les versions anciennes diffèrent toutesles unes des autres; syriaque: * «^, Gadar; arabe: «>->>Yared, corruption possible de fia, Bâréd; Targum

d’Onkelos, >r, 3n, Hagrâ’, employé ailleurs, ꝟ. 7, pour

Sur; PseudoJonathan, Nxibn, lfâlûsâ’. Cette dernière

traduction fait croire à certains auteurs que Barad estidentique à l’ancienhe Élusa, l’"EXoucra de Ptolémée etdes écrivains ecclésiastiques, aujourd’hui Khalasah, dansl’Ouadi Asludj, au sud de Bir es-Seba ou Bersabée. Cf.G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and placesin the Old and New Testament, 1889, p. 27. Tout cequ’on peut dire, c’est qu’Élusa se trouve bien, en effet, sur l’ancienne route qui d’Hébron conduisait en Egyptepar Bersabée. La servante d’Abraham, en quittant lamaison du patriarche, s’enfuit immédiatement vers sapropre patrie, la terre des Pharaons, et prit «le cheminde Sur, dans le désert», .Gen., xvi, 7, c’est-à-dire ladirection du sud-ouest. Cadès est actuellement identifiéepar un certain nombre d’auteurs avec Aïn Qadis; et aunord-ouest de cette localité existe une source appeléeAïn Mouéiléh, dans laquelle plusieurs voyageurs ont crureconnaître le «Puits du Vivant qui me voit». VoirBE’ÊR

Lahai Rô’i.

A. Legendre.

    1. BARAD A##

BARAD A, fleuve de Damas. Voir Abana.

    1. BARAHONA Pierre##

BARAHONA Pierre, dit Valdivieso, né à Villahermosa, reçut l’habit de Saint-François dans le couvent desObservantins de Saint-Jean-dés-Rois, en 1575. Il professa

! a théologie morale dans la province de Castille. La chronique

de l’ordre le nomme «un prédicateur habile etzélé». Il vivait encore en 1609. Il a laissé plusieurs écritsen latin, entre autres: Expositio litteralis mysiica etmoralis Psalmi lxxxvi. Il l’explique de l’ImmaculéeConception. In-4°, Salamanque, 1590. — Expositio epistolseB. Pauli ad Hebreeos, in-4°, Salamanque, vers 1590.Dans cette glose, il" suit la Vulgate et la version syriaque.

— Expositio epistolas ad Galalas, Salamanque; Declarationessuper titulos Psalmorum. Ce sont des sermonspour les dimanches de Carême. — Super Missus est.Explication de cet évangile, qui ressemble beaucoup autraité édité en même temps par Barahona, sous ce titre: Tratado sobre et Ave Maria, in-4, Salamanque, 1596. —De arcano Verbo, m-4°, Salamanque, 1606. Il y en avaiteu une édition assez incorrecte à Madrid, 1595. C’est uneglose sur ce texte: «Vivus est sermo Dei.» — Voir Wading, Scriptores ordinis Minorum, 1650, p. 276; Antonio, Bibliotheca hispana nova, 1788, t. ii, p. 173; Pierre deSalazar, Historia provincise Castillæ ordinis Minorum, Annales Minorum, années 1579 et 1609.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BARAÏA##

BARAÏA (hébreu: Berâ’yâh, «Jéhovah a créé;» Septante: Bapaiot), un des neuf fils de Séméi, un deschefs de famille de la tribu de Benjamin qui se fixèrentà Jérusalem. I Par., viii, 21.

    1. BARASA##

BARASA ( Botrffopa; Codex Vaticanus et CodexSinailicus: Botropâ; dans d’autres: Btfo-oppa), ville fortede Galaad, qui, comme Bosor, Alimes, et d’autres citésdu même pays, renfermait un certain nombre de Juifs, au secours desquels marcha Judas Machabée. I Mach., v, 26. La leçon de la Vulgate, Barasa, s’explique parune simple métathèse ou transposition entre le <y et le pde BoCTopct. Le mot grec se retrouve dans d’autres endroitsde la Bible, mais pour rendre deux noms hébreux différents: Jos., xxi, 27, Bo<ropâ traduit mswys, Be’ésperâh;

Gen., xxxvi, 33 et I Par., i, 44, Bo<rôpp «répond à msa,

Bosrâh. B<Suoppa représente une ville d’Idumée; Bo<yopà, une ville de la demi-tribu de Manassê oriental. Barasa, située en Galaad, ne pourrait ainsi correspondre qu’à

cette dernière; mais la difficulté est de savoir si Be’ésferàhest identique à Astaroth ou à Bosra. Voir Bosra.

Dans la Peschito, au lieu de Barasa, on lit |Lu, Busero’, et le même mot se rencontre au ꝟ. 28 pour Bosor.De même Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 3, racontant laprise de cette ville à peu près dans les mêmes termesque l’Écriture, l’appelle Boo-oppâ (et non pas Belhsura, comme porte la traduction latine de l’édition G. Dindorf, 2 in-8°, Paris, 1865, t. i, p. 466). Barasa serait-il doncidentique à Bosor du ꝟ. 28? Voir Bosor. La plupart des.auteurs modernes reconnaissent Barasa dans la Bostra

romaine, la Bosra, i&j&l, mentionnée comme métropole

du Hauran dans Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kcehler, Leipzig, 1706, p. 99, et qui, située au sud du DjebelHauran, présente encore aujourd’hui de belles ruines.

Voir Bosra.

A. Legendre.

    1. BARAT Nicolas##

BARAT Nicolas, orientaliste, membre de l’Académiedes inscriptions et belles-lettres, né à Bourges au milieudu xviie siècle, mort en 1706. Après avoir étudié à Sens, il vint à Paris, où il fut élève de Richard Simon. Il collaboraau Glossarium universale hébraicum du P. Thomassin.C’est par se9 soins et ceux du P. Bordes que cetouvrage parut deux ans après la mort de l’auteur, in-f°, Paris, 1697. Il se chargea aussi’, pour la Biblia sacra deJ. B. du Hamel, in-f°, Paris, 1705, de comparer la Vulgateavec le texte hébreu et d’expliquer les passagesobscurs et difficiles. Amateur de livres rares et curieux, il en réunit un bon nombre sur les sciences qu’il étudiait, et en tira des remarques critiques publiées aprèssa mort, sous ce titre: Nouvelle bibliothèque choisie, oùl’on fait connaître les bons livres en divers genres delittérature, et l’usage qu’on doit en faire, 2 in-12, Amsterdam (Paris), 1714. Cet ouvrage forme suite à laBibliothèque critique de Richard Simon. Sur soixante-neufdissertations, la sixième partie environ concerne lessciences bibliques. On le dit aussi l’auteur de deux dissertationspubliées dans le tome I er de la Bibliothèque critiquede Richard Simon, sous le nom de Sainjore: l’une, sur les Bibliothèques rabbiniques qui ont été impriméeset sur le livre du rabbin Menahem de Lonzano; l’autre, sur la Bibliothèque rabbinique de Bartolocci. Voir l’élogede Barat par Tallemant, dans VHistoire de l’Académie desinscriptions et belles-lettres, t. i, p. 345; Cl. Gros deBoze, Histoire de l’Académie des inscriptions et belleslettres, 3 in-8°, Paris, 1740, t. l, Éloges, p. 41.

E. Levesque.

BARBARE. Ce mot nous vient des Grecs, et il estemployé par l’Écriture, comme par les Grecs eux-mêmes, dans trois acceptions différentes. — 1° Il paraît être unesorte d’onomatopée et désigna primitivement ceux que lesGrecs ne comprenaient pas, et dont le langage étrangerleur paraissait grossier et inintelligible, comme une sortede balbutiement, fiapêâp. C’est ainsi que l’explique Strabon, xiv, 28, édit. Didot, p. 565. Cf. Homère, qui appelleles Cariens papëapô^uvoi, Iliad., II, 867; Hérodote, ii, 158; Ovide, qui dans les Tristes, V, x, 37, dit:

Barbarus hic ego sum, qiiia non intelligor ulli.

Ce terme est employé dans ce sens par notre versionlatine (et par les Septante) dans le Ps. cxin (hébreu, cxiv), 1: «le peuple barbare,» hébreu iyS, lô’êz, «balbutiant, parlant une langue étrangère, s c’est-à-direle peuple égyptien, dont la langue était inintelligiblepour les Hébreux. Saint Paul s’est servi de la même expression, dans le même sens, I Cor., xiv, 11, lorsqu’il dit: «Si j’ignore la valeur des mots, je serai pour celui àqui je parle un barbare, et celui qui me parle sera aussipour moi un barbare.» Dans les Actes, xxviii, 1, 4, leshabitants de l’île de Malte, qui parlaient la langue punique,

non le grée, sont appelés pour la même raison «barbares», sans aucune intention de mépris.

2° Par suite de ce premier sens du mot barbare, «celuiqui ne parle pas grec, i> ce terme prit une nouvelle acceptionet signifia simplement, chez les Grecs, un étranger: Ilàç|iïl "ËX>r)v pipêapo; , dit Servius, JEn., Il, 504, Comnientariiin Virgilium, 2 in-8°, Gœttingue, 1826, t. i, p. 157.De même, chez les Romains, barbarus désigna celui quin’était ni Grec ni Latin. La locution "EM^ves xai pâp6apoi(Polybe, Bist., V, xxxiii, 5, édit. Didot, p. 284; Pline, H. N., xxix, 7, édit. Lemaire, t. x, p. 196, etc.) embrassaainsi tous les hommes. Thucydide, i, 3, remarqueque cette division est postérieure à l’époque d’Homère.Chez les Hébreux, il y avait une distinction analogue: tous ceux qui n’appartenaient pas au peuple de Dieuétaient appelés D>11, gôïm, mot que les Septante ont traduitpar ta’éSv-r), et la Vulgate par gentes, d’où nous estvenu le mot «Gentils». Nous retrouvons dans le NouveauTestament toutes ces manières de parler. «Je medois aux Grecs et aux barbares,» c’est-à-dire à tous lespeuples, écrit saint Paul aux Romains, i, 14. L’Apôtreemploie cependant ordinairement, pour désigner tous lespeuples en général, la locution hébraïque: «les Juifs et lesGentils,» Rom., iii, 29; ix, 24, etc., ou bien «le peuple(de Dieu) et les Gentils,» Rom., xv, 10, comme le font lesÉvangélistes. Luc, ii, 32; cf. Matth., vi, 32; Act., xxvi, 17, 23, etc. Saint Paul appelle qûelquelois d’une manière *analogue ceux qui ne faisaient pas partie de l’Église: «ceux du dehors,» oî s’Çto. I Cor., v, 12; Col., iy, 5;

I Thess., iv, 11; 1 Tim., iii, 7. Dans l’Épître aux Colossiens, m, 11, il réunit ensemble, pour exprimer plus fortementsa pensée, la locution hébraïque et la locutiongrecque: «(Dans l’Église), il n’y a ni Gentil ni Juif, nibarbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre, mais leChrist est tout en tous.»

3° À la suite des.guerres des Perses contre les Grecs, le mot «barbare» prit une nouvelle acception, celle de «cruel». (’H fiapSàpoç [yîj], la Perse, dans Démosthène, Philipp., iii, 31, édit. Didot, p. 62.) L’auteur du secondlivre des Machabées, qui a écrit en grec, a fait plusieursfois usage du mot dans ce sens. Il emploie fiâpëapoç,

II Mach., ii, 22, et iv, 25; SapSaputepoç, au comparatif, v, 22; le participe pEêotpëapto^voç, xiii, 9, et l’adverbefjapëâpwç, xv, 2, toujours pour exprimer la cruauté desSyriens. Le cruel pontife Ménélas est appelé, iv, 25, G-ripàçpâpëapou, «une bête féroce.» Les Septante ont employéune fois dans le même sens les mots avSpsç pocp6âpoi dansleur traduction d’Ézéchiel, xxi, 31 (Vulgate: hominesinsipientes; hébreu: ’ânâUm bô’ârîm, «hommes emportés, violents» ).

4° Plus tard, on a réservé pour les peuples sauvagesou non civilisés le nom de barbares; mais cette acceptionest postérieure à l’époque de la composition des LivresSaints. Cf. Gibbon, Histoire de la décadence de l’empireromain, trad. J. C. A. Buchon (Panthéon littéraire), c. 41, Paris, 1843, t. ii, p. 481; F. Roth, Ueber Sinn undGebrauch des Wortes Barbar, Nuremberg, 1814.

F. Vigouroux.

    1. BARBE##

BARBE (hébreu: zâqân; le mot sâfâm, Lev., xiii, 45; II Sam. (Reg.), xix, 25; Ezech., xxiv, 17^ 22; Mich., iii, 7, désigne spécialement «la moustache» ), marque de lavirilité (toû âvêpdç zb o-’Jv8ri[ia tô fiiziov, dit Clémentd’Alexandrie, Psed., iii, 3, t. viii, col. 581) qui a toujoursété tenue en haute estime parmi les Sémites, et en généralparmi les habitants de l’Asie occidentale (fig. 438). «LesArabes, dit d’Arvieux, ont tant de respect pour la barbe, qu’ils la considèrent comme un ornement sacré… Ilsdisent que la barbe est la perfection de la face humaine, et qu’elle serait moins défigurée si, au lieu d’avoir coupéla barbe, on avait coupé le nez.» Voyage dans la Palestine, in-12, Paris, 1717, p. 173, 177. Cf. Lucien, Cynic, 1 ï, édit. Didot, p. 769; J. B. Tavernier, Voyages, 2 in-4°, Paris, 1676, t. i, p. 629. Sur les monuments égyptiens, tm

BARBE

1452

comme sur les monuments assyriens, les Asiatiques sont’toujours représentés avec la barbe ( fig. 439), tandisque les habitants de la vallée du Nil se rasaient communémentla barbe (fig. 440) et même la tête. AussiJoseph doit-il se faire couper la barbe avant de se présenterau pharaon. Gen., xii, 14. Mais même en Egypte, tout en se rasant le menton, on portait souvent des barbespostiches. La reine Hatasou elle-même, à cause de sa dignité, s’est fait représenter avec une barbe sur ses monuments(fig. 441). Les rois avaient une barbe assez longue, carrée à l’extrémité (fig. 442), tandis que celle de leurssujets était courte (fig. 443); celle qu’on donnait aux statuesdes dieux était plus longue et à pointe recourbée (fig. 444).Les Hébreux avaient apporté de Chaldée l’usage de labarbe. Dans leur pays d’origine, tout le monde la portait, comme l’attestent les monuments indigènes, sur lesquelsles femmes et les eunuques seuls sont représentés

[[File: [Image à insérer]|300px]]
438. — Schelk fellah ( Syrie). D’après une photographie.

imberbes. (Voir fig. 217, col. 890, le roi chaldéen Mardukahé-iddin; fig. 222, col. 901, les Assyriens barbus etl’eunuque imberbe qui chasse avec eux.) Dans la terrede Gessen, les descendants de Jacob conservèrent fidèlementun usage qui les distinguait du peuple au milieuduquel ils vivaient. Encore aujourd’hui les signes distincti/s des nationalités diverses sont gardés avec un soin

439. — Asiatiques sur les monuments égyptiens. Thèbes. Celuide droite est figuré sur un monument de la XVIII’dynastie; celui de gauche sur un monument de la XIX* dynastie. Lepsius, Denhmaler, Abth. iii, Bl. 116 et 136.

jaloux en Orient, où les races et les religions se coudoientsans se confondre.

I. Forme de la barbe chez les Hébreux. — Nous nesavons pas bien exactement de quelle manière les Hébreuxportaient la barbe. Deux textes du Lévitique, xix, 27;

xxi, 5, sont relatifs aux «coins de la barbe»; malheureusem*ntla signification de ces passages est obscure.Ils défendent de «détruire», (ashi(, ou «raser», yegallêhû, le pe’a( zâkân. Mais qu’est-ce que le pe’af zâhân?Le mot pê l dh signifie «coin, angle, extrémité». L’opinionla plus probable est que cette défense interdit de raserl’extrémité de la barbe entre les tempes et les oreilles*

[[File: [Image à insérer]|300px]]
440. — Égyptien rasé.

rv «dynastie. Ghizéh. Lepsius,

Denlcmaler, Abth. ii, Bl. 29.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
441. — La reine Hatasou.

Lepsius, Denkmàler, Abth, iii,

Bl. 292.

Pline, H. N., VI, 32, dit qu’une partie des Arabes nese rase point, mais qu’une autre partie se rase la barbe, excepté à la lèvre supérieure, et plusieurs exégètes,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
412. — Pharaon

avec barbe postiche.

XIX’dynastie. Thèbes. Lepslus,

Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 123.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
443. — "Égyptien

ayec barbe postiche.

V’dynastie. LepsiuB.Denfanâto",

Abth. ii, Bl. 59.

comme Knobel, Exodus und Leviticus, 1858, p. 513, pensent que la loi mosaïque défend de se raser d’unemanière semblable. Il est néanmoins fort douteux que lesanciens Arabes eussent à l’époque de Moïse la coutumedont parle l’écrivain latin; nousne voyons pas du moins d’exemplesde cet usage sur les monumentsanciens de l’Egypte et del’Assyrie, et les Arabes modernes, tout en portant la moustache, gardent aussi une partiede leur barbe sur les côtés.E. W. Lane, M anners andCusloms of modem Egxjptians, 1836, t. i, p. 39. Parmi les peuplesétrangers, figurés par l’artégyptien, on remarque desAmou, c’est-à-dire des Sémites, qui portent Ja barbe, maisrasée dans la partie supérieure(fig. 445). Il est très possible que ce soit l’imitation decet usage, auquel on attachait sans doute une significationsuperstitieuse, que Moïse défend à ses frères. Hérodote, m, 8, mentionne une coutume arabe qui consistait à offrirau dieu Orotal les cheveux entre les tempes et les oreilles.Cf. Jer., ix, 26; xxv, 23; xlix, 32. Ce qui est certain,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
444. — Dieu égyptien avec

barbe à pointe recourbée.

XIXe dynastie.

Thèbes. Lepsius, Den&maÊer,

Abth. iii, Bl. 123. -4

c’est que les anciens Hébreux portaient toute leur barbe, comrælefont encore aujourd’hui les Juifs d’Orient (fig. 446; . «Les Juifs, en Turquie, en Arabie et en Perse, conserventleur barbe dès la jeunesse, et elle diffère toujours de celledes chrétiens et des mahométans en ce qu’ils ne la rasentni aux oreilles ni aux tempes, au lieu que ces derniers larétrécissent en haut.» C. Niebuhr, Description de l’Arabie, in-4°, Amsterdam, 1774, p. 59.On ne peut se rendre parfaitement compte de la coupe

445. — Amou ( Sémites) portant la barbe rasée dans la partiesupérieure. — Celui de droite est représenté sur un tombeaude Benl-Hassan. XIIe dynastie. Lepsius, Denkmaler, Abth. il.Bl. 133. Celui de gauche est figuré a Biban el-Moloufc. XX’dynastie.Champollion, . Monuments de l’Egypte, t. iii, pi. 257.

de la barbe que par les monuments figurés. Heureusem*ntnous en possédons trois sur le sujet qui nous occupe: les murs de Karnak nous ont conservé le profil d’un Juif(fig. 447); l’obélisque de Nimroud, aujourd’hui au BritishMuséum, nous montre des Israélites, ambassadeurs

[[File: [Image à insérer]|300px]]
446. — Juif de Jérusalem, d’après une photographie.

du roi Jéhu, offrant leur tribut au roi d’Assyrie Salmanasar(fig. 448); enfin les bas-reliefs de Sennachérib, retrouvés dans le palais de ce roi, à Ninive, et aujourd’huià Londres, nous font voir des Juifs de Lachis(fig. 449), vaincus par ce prince, et se soumettant à sonpouvoir. Le type juif de Karnak (fig. 447) est représentéd’une manière trop sommaire pour qu’on puisse en tirerdes renseignements précis et circonstanciés; mais lesmonuments assyriens ont reproduit avec soin les nationsétrangères, et nous n’avons pas de raison de les suspecter; or nous y voyons les enfants de Jacob portant touteleur barbe, mais d’une forme différente de celle de leurs

vainqueurs: tandis que ceux-ci ont tous une barbe friséeavec beaucoup d’artifice, et coupée horizontalement à lapartie inférieure (fig. 136, col. 553), les enfants de Jacobse distinguent d’eux par une barbe qu’ils laissent poussernaturellement et sans frisure.

II. Usages particuliers relatifs à la barbe parmi lesIsraélites. — 1° On la cultivait avec soin, quoiqu’on n’yapportât pas autant de raffinement qu’en Assyrie, et on laparfumait abondamment, au moins dans certaines circons/

447. — Le tributaire juif. Temple de Karnak.D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 305.

tances. Ps. cxxxii (hébreu, cxxxiii), 2. L’usage de se parfumerla barbe existe toujours chez les Arabes: «Une des principalescérémonies dans les visites sérieuses, dit d’Arvieux, est de jeter de l’eau de senteur sur la barbe et de la parfumerensuite avec la fumée du bois d’aloès.» Voyagedans la Palestine, p. 180. Une barbe inculte et négligéeest un signe de folie. I Reg., xxi, 13-14. L’importance qu’on

448. — Juif apportant le tribut a Salmanasar.Obélisque de Nimroud. Musée britannique.

y attachait nous explique l’usage oriental de baiser labarbe en signe de respect ou d’amitié. II Reg., xx, 9.

2° Couper la barbe de quelqu’un, en tout ou en partie, était lui faire l’affront le plus sanglant. Cf. II Esdr., xiii, 25.David considère comme un cruel outrage l’injure que lesAmmonites avaient faite aux ambassadeurs qu’il leur avaitenvoyés, en leur coupant la moitié de la barbe; cesambassadeurs restent cachés à Jéricho, sans oser se montrer, jusqu’à ce que leur barbe soit repoussée. II Reg., x, 2-5; I Par., xrx, 2-5. Une guerre entre les Israéliteset les Ammonites fut la conséquence de cette insulte.Au siècle dernier, un traitement pareil infligé à des Perses

par un chef arabe fut également vengé par le sang: en1764, Khérim Khan, un des trois prétendants qui se disputaientalors. l’empire de la Perse, ayant demandé avecmenaces un tribut considérable à l’émir Mahehna, quiétait à la tête d’une peuplade indépendante sur les bordsdu golfe Persique, celui-ci reçut fort mal les envoyés etleur fit couper la barbe; il paya cher cet outrage: KérimKhan envoya contre lui une armée qui s’empara de presquetout le pays. Th. Home, Introduction to the HolyScriptures, 11e édit., Londres, 1860, t. III, p. 432;

449. — Juif rendant hommage à Sennachérib, a Laohis.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 23.

E. F. K. ftosenmùller, ûas dite und neue Morgenland, t. m (1818), p. 136. Les idées à ce sujet sont donc lesmêmes maintenant qu’autrefois en Orient. Aujourd’huiencore, chez les Maronites, si un prêtre est dégradé, une des parties du châtiment consiste à lui couper labarbe. Chez les Arabes, «c’est une plus grande marqued’infamie de couper la barbe à quelqu’un que parminous de donner le fouet… Il y a beaucoup de gens ence pays-là qui préféreraient la mort à ce genre de supplice.» D’Arviéux, Voyage dans la Palestine, p. 175. Cesusages nous expliquent pourquoi Isaïe, vii, 20, comparele roi d’Assyrie à un rasoir qui rasera la tête et la barbedu peuple de Juda, et pourquoi Ézéchiel, v, 1-5, afind’exprimer la gloire antique de Jérusalem et ensuite sonhumiliation profonde, compare cette ville à une barbeque l’on coupe, parce que cette action est le symbole dela dégradation et de la ruine.

3° Il n’était permis de négliger ou de couper la barbequ’en signe de deuil ou comme marque d’une grandedouleur et d’une extrême désolation. Is., xv, 2; Jer., xli, 5; xlviii, 37; Baruch, VI, 30; I Esdr., ix, 3. Cf. II Sam.(II Reg.), xix, 24 (.hébreu, 25). Cf. Hérodote, ii, 36, édit.Didot, p. 83; Théocrite, xiv, 3, édit. Didot, p. 27; Suétone, Caligula, b, édit. Lemaire, t. ii, p. 8. On rasait cependantaussi la barbe pour des raisons d’hygiène, en cas delèpre, d’après les prescriptions de la loi. Lev., xiv, 9. C’étaitaussi, au moins en partie, pour cause de santé qu’on serasait tout le corps en Egypte. Hérodote, ii, 36; Plutarque, De Isid., 4, édit.Parthey, p. 5. Cf. Num., viii, 7. Celuiqui était atteint de la lèpre devait cacher ou voiler sabarbe. Lev., xiii, 45. Au lieu de se raser, on se contentaitaussi quelquefois de couvrir sa barbe d’un voile en signede douleur. Mich., iii, 7; cf. Ezech., xxiv, 17, 22. En Egypte, au contraire, on laissait pousser la barbe pendant le deuil.Hérodote, ii, 36. Les Romains faisaient de même. TiteLive, xxvii, 31.

III. Dans le Nouveau Testament, nous ne trouvonsaucune allusion à la barbe; mais, d’après la traditiongénérale, attestée par les monuments figurés, Notre-Seigneuret ses Apôtres portaient toute leur barbe, à lamanière juive; saint Jean seul est représenté imberbe, parce qu’il avait été appelé encore jeune à l’apostolat. Leclergé, dans l’Église d’Orient, conservant cet usage, atoujours porté la barbe. Les Constitutions Apostoliques, , i, 3, 1. 1, col. 565-566, défendent de se raser et «de changercontre nature la forme de l’homme». Cf. Clémentd’Alexandrie, De pxdag., iii, 3 et 11, t. viii, col. 580-592, 636; S. Épiphane, Hser., lxxx, 7, t. xliii, col. 768. Encoreaujourd’hui, dans l’Église maronite, un homme imberbe; est irrégulier et ne peut être ordonné prêtre. L’Églis&latine n’a pas attaché la même importance à la barbe, etla coutume de se raser y est aujourd’hui presque universelle.Cf. J. Bingham, Origines ecclesiasticse, 1. vi, c. IV, § 14, édit. de Halle, 1725, t. ii, p. 413-415.

F. VlGOUROUX.

    1. BARBERINI Antoine##

BARBERINI Antoine, de Florence, capucin, étaitfrère du cardinal Maffei Barberini. Celui-ci, élevé sur letrône pontifical sous le nom d’Urbain VIII, lui donna laipourpre. Antoine Barberini, dit cardinal de Saint-Onufremême après qu’il eut résigné ce titre, fut le principalpromoteur et protecteur de la Propagande, à laquelle illaissa son palais. Il mourut à Rome en 1646. L’auteur dela Bïbliotheca purpurata lui attribue un commentairesur le psaume L, dont il n’indique pas l’édition. Sbaragliadit que ce commentaire est celui de Savonarole, et qu’ilfut imprimé à Rome en 1646. P. Apollinaire.

    1. BARBIE DU BOCAGE Alexandre-Frédéric##

BARBIE DU BOCAGE Alexandre-Frédéric, professeurde géographie à la Faculté des lettres de Paris, né en 1798, mort à Pau en février 1834. Fils du célèbregéographe Jean -Denis Barbie du Bocage, il dirigea sesétudes dans le même sens que son père. Il composa unDictionnaire géographique de la Bible, rédigé avec précisionet exactitude. Il se trouve imprimé dans plusieurs, ouvrages: à la fin de l’édition de la Bible en 13 vol. in-8°, publiée chez Lefèvre, 1828-1834; dans Migne, CursusScripturse Sacræ, t. m (1842), col. 1261-1492; dans l’Encyclopédiethéologique de Migne, en tête du Dictionnaire degéographiesacrée de Benoist, 3 in-4°, Paris, . 1848-1854, t. i, col. 9-240. Il a été aussi publié à part, in-4° d&191 pages à deux colonnes, Paris, 1834 (Extrait du t. xmde la Bible de Lefèvre). E. Levesque.

    1. BARBIER##

BARBIER (hébreu: gallâb; Septante: xoupeijç; Vulgâte: tonsor). Le nom du barbier n’apparaît qu’une fois» dans le texte original de l’Ancien Testament: Ézéchiel 3.

450. — Barbiers égyptiens. Tombeaux de Bent -Hassan.D’après Champollion, Monument» de l’Egypte, pi. 366,

v, 1, parle du «rasoir des barbiers». Mais il est questiondans la Genèse, sans les nommer expressément, de barbierségyptiens (fig. 450) qui rasèrent Joseph avant qu’ilfut présenté au pharaon. Gen., xli, 14. Le livre des Juges, 1457

BARBIER — BARDANE

M58

m, 19, raconte aussi comment Dalila fit raser la tête deSamson par un Philistin qu’elle appela pour remplir cetoffice; l’hébreu l’appelle simplement «un homme», ’îS; les Septante et la Vulgate le désignent par le nom de saprofession, xoupeuç, tonsor. On voit souvent de nos jours, dans les villes d’Orient, des barbiers rasant la tête commele raconte le livre des Juges. Une terre cuite de Tanagrareprésente cette opération (fig. 451). Elle se pratiquait

451. — Barbier grec. Terre cuite de Tanagra.Musée de Berlin. D’après une photographie.

aussi en Egypte, où le barbier, fyaku, était un des hommesles plus occupés du pays. On lit dans le traité d’un scribe, décrivant à son fils les misères des différents états: «Lebarbier rase jusqu’à la nuit. Lorsqu’il se met à manger, [alors seulement] il se met sur son coude [pour se reposer).Il va de pâté de maisons eii pâté de maisons pouremplir son ventre, comme les abeilles qui mangent [leproduit] de leurs labeurs.» Papyrus Sallier, il; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 3e édit., p. 312. Les prêtres en Egypte se rasaient non seulementla barbe et la tête, mais tout le corps. Hérodote, ii, 36.Moïse avait prescrit la même chose pour la consécrationdes Lévites. Num., viii, 7. C’est peut-être à cause d’unepratique analogue qu’il y avait des barbiers, gallabim, attachés au service du temple d’Astarthé, à Larnaca, enCypre, comme nous l’apprend une inscription de l’an 450à 350 avant J.-C, et dans laquelle il est dit que ces «barbierstravaillent pour leur ministère». Corpus inscriptionumsemiticarum, part, i, 1. 1, fasc. i, 86 A., lig. 12, p. 93.

F. Vigourohx.

    1. BARBIERI##

BARBIERI (Barthélémy de), en religion Barthélémyde Modène, théologien italien, capucin de la province deLombardie (et non de Bologne, comme l’ont dit quelquesbibliographes), né à Castelvetro, dans le territoire de Modène(et non à Castelvecchio, comme dit Mazzuchelli), le1 er janvier 1615, mort à Modène le 24 août 1697. À l’âgede seize ans, il entra dans l’ordre des Capucins, où il fitpreuve des plus grands talents pour la prédication et pourl’enseignement II consacra sa vie entière à l’étude desœuvres de saint Bonaventure, et en tira des cours entiersde philosophie et de théologie fort appréciés. Ce travailne lui eût pas paru complet s’il n’y eût joint un commentairedes Saintes Écritures exclusivement emprunté à lamême source. H nous a donc laissé: Glossa, sive summaex omnibus S. Bonaventuræ expositionibus in SacramScripturam exacte collecta, 4 in-f°, Lyon, 1681-1685.

P. APOLLmAIIŒ.

    1. BARBURIM##

BARBURIM, mot hébreu, I (III) Reg., v, 3 (iv, 23>, traduit dans la Vulgate par aves, «oiseaux,» mais dontla signification est très controversée. Les versions syriaqueset arabes et le Targum de Jonathan traduisentaussi par «oiseaux». Kimchi croit que ce sont des coqsengraissés, des chapons; le Targum de Jérusalem etGesenius, des oies. Thésaurus lingues hebrsese, p. 246, Bochart, Hierozoicon, i, 19, Liège, 1692, col. 127-135, , prétend que ce sont des animaux engraissés, pecudessaginatee. Voir d’autres significations dans Mûhlau etVolk, Gesenius’Lexicon, 9e édit., 1890, p. 128. La traductionde la Vulgate paraît encore la mieux établie.

    1. BARCELLONA Antonin##

BARCELLONA Antonin, commentateur italien, néà Palerme le 22 novembre 1726, mort dans cette ville le5 mai 1805. Il entra jeune à l’Oratoire de sa ville natale, et y passa toute sa longue vie dans les travaux du saintministère. Outre d’importants ouvrages de théologie, on.a de lui: 1° La parafrasi de’libri de’Profeti, in-8°Venise, 1810. Le P. Barcellona y a joint un résumé del’histoire du temps des prophètes et de l’histoire généraledes Hébreux, depuis la fin de la captivité jusqu’à leurdispersion. — 2° Parafrasi dei quattro Evangeli postiin armonia, 2 in-8°, Palerme, 1831-1839. D’intéressantesdissertations sur les questions les plus difficiles complètentce dernier ouvrage, et donnent à leur auteur un desmeilleurs rangs parmi les exégètes italiens —Voir D. Scinà, Prospetto délia storia letteraria di Sicilia nel secolo xrlii, t. iii, p. 392; A. Narbone, Bïbliogra fia sicola, t. rv(1855),

p. 392.

A. Ingold.

    1. BARDANE##

BARDANE (Vulgate: Jappa). Désigne, en général, une sorte de fruit muni de pointes en hameçon, se prenantaux habils de l’homme, s’accrochant aux toisons, et

K f//T

  • ’i

i I

J

-*x

[[File: [Image à insérer]|300px]]
452. — Bardane.

quelquefois se mêlant aux cheveux de telle façon, qu’on a.peine à s’en débarrasser. C’est le cas pour les involucresou fleurs de la bardane, qui sont entourés d’écaillés nombreuses, terminées en crochet. Cette plante appartient àla famille des Composées, tribu des Cynarocéphalées..

1459

BARDANE — BARIA

1460

D’après J. Gærtner, De fmctïbus et seminibus plantarum, 3 in-4°, Stuttgart, 1788-1807, t. ii, p. 379, elle est, parmi les herbes, une des plus élevées et des plus robustes, puisqu’elle atteint d’un mètre à un mètre trente centimètres.Sa racine est en forme de pivot, longue, grosse, charnue, noire en dehors, blanche en dedans, d’unesaveur douceâtre, nauséeuse, et d’une odeur désagréable, qui devient encore plus caractérisée par la dessiccation.Il est peu de plantes dont les feuilles, surtout les inférieures, soient si larges: ce sont elles qui lui ont valule nom à’Oreille-de -Géant; elles ont un support long, et sont en forme de cœur ou arrondies -échancrées à labase, d’un vert brun en dessus, blanchâtres et un peucotonneuses en dessous, à côtes proéminentes; celles dela tige sont successivement moins grandes et de formeovale. Sa tige, épaisse, robuste, souvent purpurine, garnied’un duvet frisé et rugueux, est terminée par des rameauxportant des grappes de fleurs rougeàtres. Les fleurs sontréunies en petit* globules entourés eux-mêmes d’écaillésaccrochantes, d’où la plante tire son nom. Les grainessont légèrement aplaties, grisâtres et surmontées d’unecourte aigrette blanche. On fait grand usage de la bardaneen médecine. Deux espèces principales sont à citer: la petite bardane ou Lappa minor, si commune enEurope, mais qui ne vient pas en Palestine. On y trouveseulement là grande bardane ou Lappa major (fig. 452), <mi, d’après E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. iii, p. 457, vient dans le Liban. C’estl’espèce qui a les feuilles d’une ampleur si extraordinaire.

— La bardane n’est d’ailleurs nommée que dans la Vulgate, Ose., IX, 6; x, 8; le texte original n’en fait pas mention.Dans le premier passage, Ose., IX, 6, l’hébreu porte: «le hôah poussera dans leurs tentes [des Israélites emmenésen captivité].» Le mot hôah est un terme génériquequi désigne toute espèce d’épines et de ronces(Septante: axavôai); la Vulgate elle-même l’a traduit.ailleurs par «épine». Prov., xxvi, 9; Cant. ii, 2. — Dansle second passage, Ose., x, 8, le mot lappa est la traductionde l’hébreu qôs, qui a aussi le sens génériqued’épines (Septante: àxavOai). Saint Jérôme a rendu lui-mêmeqôs par «épines». Gen., iii, 18; Is., xxxii, 13, etc.

M. Gandoger.

    1. BARDIN Pierre##

BARDIN Pierre, né à Rouen en 1590, mort en 1637.Mathématicien et théologien, il fut membre de l’Académiefrançaise. Il se noya en portant secours à d’Humières, son ancien élève, devenu son bienfaiteur. Il aiaissé plusieurs ouvrages d’un style assez incorrect; nousne mentionnerons que les deux suivants: Essai surl’Ecclésiaste de Salomon, in-8°, Paris, 1626; Penséesmorales sur l’Ecclésiaste, in-8°, Paris, 1629. — VoirU. Maynard, L’Académie française, dans la Bibliographiecatholique, année 1864., t. xxxii, p. 497.

B. Heurtebize.

    1. BARED##

BARED (hébreu: Beréd, «grêle»; Septante: Bapâ8), iils de Suthala et descendant d’Éphraïm. I Par., vii, 20.

    1. BARELTA##

BARELTA, né à Padoue, professa la théologie à Venise.Il vivait encore en 1542. On a de lui: ConciliumIPauli, seu selectiones contradictionum occurrentium in

Epistolis Pauli, in-8°, Venise, 1544.

B. Heurtebize.

BAR-HÉBR/EUS, écrivain syriaque, jacobite, néen 1226 à Mélitène (aujourd’hui Malatia, en Asie Mineure), mort à Maragha en 1286. Son véritable nométait Grégoire Abou’l Faradj; le surnom de Bar-Hébræusou «fils de l’Hébreu s, par lequel on le désignegénéralement, lui vient de ce que son père Aaron, quiexerçait la médecine à Mélitène, était un Juif converti.De bonne heure il étudia la théologie, la philosophie etla médecine, en même temps que le grec et l’arabe. En1244, il émigra avec ses parents à Antioche, où il complétases études et débuta dans la vie monastique. Il alla-ensuite à Tripoli, pour se perfectionner dans la rhétorique et la médecine; il y était, à peine installé, que lepatriarche syrien Ignace II le rappela pour le faire évêquede Gubas, près de Mélitène, son pays natal. Il avait alorsvingt ans. En 1253, il fut promu au siège importantd’Alep, et en 1264 le patriarche Ignace III l’éleva à ladignité de rnaphrien ou primat. Il mourut à Maragha, dans l’Aderbaïdjan, en 1286. Son corps fut transporté etenseveli au couvent de Saint -Matthieu (Mâr Mattaï, surle mont Makloub, près de Mossoul), où l’on voit encoreson tombeau. Voir Badger, The Nestorians and theirrituals, Londres, 1852, t. i, p. 97.

Les nombreux écrits de Bar-Hébrseus se rapportentaux sujets les plus divers: à la philosophie, aux mathématiques, à l’astronomie, à la médecine, à la grammaire, à l’histoire et à la théologie. On n’a de lui qu’un seulouvrage sur l’Écriture Sainte; il est intitulé Ausar Râzê, «Grenier des mystères» (Horremn mysleriorurn). C’estun commentaire de l’Ancien et du Nouveau Testament.Après des remarques préliminaires sur la valeur relativede la Peschito et de la version des Septante, l’auteuraborde l’interprétation des diiférentes parties de l’ÉcritureSainte dans l’ordre suivant: le Pentateuque, Josué, les Juges, le premier et le second livre de Samuel, lesPsaumes, le premier et le second livre des Bois, lesProverbes, l’Ecclésiastique, l’Ecclésiaste, le Cantique descantiques, la Sagesse, Ruth, l’histoire de Susaiine, Job, Isaïe, les douze petit* Prophètes, Jérémie avec les Lamentations, Ézécbiel, Daniel avec les histoires de Bel et duDragon, les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, lesÉpîtres de saint Jacques, de saint Pierre et de saint Jean, et enfin les quatorze Épitres de saint Paul. Avant de donnerl’exposé doctrinal de chaque passage, l’auteur en faitla critique textuelle, prenant pour base le texte de laPeschito, qu’il discute et corrige d’après le texte hébreu, les Septante et d’autres versions grecques ( Symmaque, Théodotion, Aquila, les Hexaples d’Origène) ou orientales( héracléenne, arménienne, copte); il fait mêmeappel à la version, samaritaine pour le chapitre iv de laGenèse. Il note scrupuleusem*nt les variantes des éditionsmonophysites et nestoriennes. L’exposé doctrinal n’accusepas moins d’érudition. Bar-Hébræus montre qu’il étaitfamilier avec les plus grands écrivains ecclésiastiques desdifférentes écoles. Parmi les Grecs, il cite Origène, saintÉpiphane, saint Basile, saint Athanase, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille d’Alexandrie, Sévère d’Antioche, Théodore de Mopsueste; parmi les auteurs syriaques: saint Éphrem, Jacques deSarug, Moïse BarCéphas, Jacques d’Édesse, Philoxènede Mabug et d’autres moins connus. — L’ouvrage estaccompagné de dix tableaux qui se rapportent pour laplupart aux questions généalogiques et chronologiques.En chronologie, Bar-Hébrseus se rallie aux Septante, etcompte comme eux quatre mille huit cent quatre-vingt-deuxans d’Adam à Moïse. — Nous n’avons pas encore uneédition complète de V Ausar Râzë. On trouvera dans laLitteratura de la Brevis linguss syriacse grammatica, Carlsruhe et Leipzig, 1881, p. 31-32, l’indication des partiesou plutôt des parcelles qui en ont été publiées. Lesmanuscrits connus de cet ouvrage sont: Cod. Vat. clxxet cclxxxii; Palat. Medic. xxvi; Bodl. Hunt. 1; Brit.Mus. Add. 7186, 21580, 23596; Berlin, Alt. Best, U, Sachau134; Gôttingen, Orient 18 a; Cambridge, coll. ofS. P. C. K. — Voir Wright, dans la Cyclopedia Britannica, 9e édit., article Syriac Literature, t. xxii (1887), p. 853; Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 1412, 1500, 1510; Assemani, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 278-284.

P. Hyvernat.

BARIA. Hébreu: Berî’âh, «fils du malheur» (3, b, pour p, 6e» ); Septante: Bepiâ. Nom de quatreIsraélites.

1. BARIA, quatrième fils d’Aser. I Par., vil, 30, 31. LaVulgate le nomme Béria, Gen., xlvi, 17, et Brié, Num.,

xxvi, 44. À ces deux derniers endroits, les Septante l’appellentBopià.

2. BARIA (Septante: Bepp^), troisième fils de Séméia, un des descendants de Zorobabël. I Par., iii, 22.

3. BARIA, chef de famille benjamite. Il eut neuf fils.Baria et Sama furent chefs des familles qui s’établirentà Aïalon; ils en chassèrent les Géthéens, qui y avaientfixé leur demeure. I Par., viii, 13, 16. On a voulu, maisà tort, identifier cette expédition avec celle dont il estquestion I Par., vii, 21-24. Voir Béria 2. Les descendantsde Béria de Benjamin firent partie des branches de cettetribu qui s’établirent plus tard à Jérusalem. I Par., viii, 13, 16, 28.

4. BARIA, quatrième fils de Séméi, lévite de la branchede Gerson. I Par., xxiii, 10. On remarque, au verset suivant, que Baria et son frère Jaûs n’eurent pas beaucoupde fils. Aussi les comprit-on sous une seule famille etune seule maison.

    1. BARJÉSU##

BARJÉSU (Bap’.Y)<700ç, «fils de Jésus» ), appelé aussiÉlymas, ’EXûjia; , était un Juif magicien, probablement

d’origine arabe, comme l’indique son nom d’Élymas, aaA&, ’élytnôn, qui signifie, ainsi que le disent les Actes, xiii, 8, «magicien (sage).» C’était un de ces faux prophètes, sinombreux aux premiers siècles, qui exploitaient la crédulitépublique. Il vivait à Paphos, chez le proconsul del’Ile de Chypre, Sergius Paulus. C’est là que le rencontrèrentPaul et Barnabe. Le proconsul voulut entendrela parole de Bieu de la bouche des Apôtres; il les écoutaavec faveur. Mais Élymas, persuadé que la conversionde Sergius Paulus serait la ruine de son influence, voulutle détourner de la foi. Il résistait donc à Paul et à Barnabe, probablement par des intrigues et des discoursmensongers. Paul, le regardant en face, lui adressa defoudroyantes paroles, l’appelant «homme tout rempli defraude et de tromperie, fils d u diable», et lui annonçantqu’il serait aveugle et ne verrait pas le soleil pendantquelque temps. La prédiction se réalisa sur-le-champet ce miracle convertit le proeonsul. C’est tout ce quel’on sait de certain sut Élymas Barjésu. Act., xiii, 6-12.Saint Jean Chrysostome, Hom. in Act., xxviii, 2, t. lx, col. 211, remarque que le châtiment infligé à Barjésu, n’étant que temporaire, avait moins pour but de le punirque de l’amener à la vraie foi. Origène, In Exod., t. xii, col. 276, dit que le magicien crut en effet en Jésus-Christ.

E. Jacquier.

    1. BAR-JONA##

BAR-JONA (Bàp’Imvà), Matth., xvi, 17, nom patronymiquede Simon Pierre, formé du mot araméen-n, bar, «fils,» et du nom propre naV, yônâh, qui probablement

signifie colombe, «Fils de Jonas.» Cf. Joa., i, 43 (ùiôç’Iojvî); xxi, 16 (Si’tjuflv’IùjvS), Le mot «fils», suivi dunom du père, remplaçait le nom de famille chez les Hébreux.E. Levesque.

1. BARNABE ou BARNABAS (Bapvdtëa; ) est le surnomdonné par les Apôtres, Act., iv, 36, au lévite Joseph, un des personnages les plus marquants de l’histoire apostolique; en araméen: Bar Nebûâh. Ces deux mots, quel’on traduit en grec par uiô; îtapocxX^ae»; , signifient ou «fils de consolation», ou s fils de prédication», Josephayant été, pour l’Église naissante, tout à la fois consolateuret prophète, nâbî, c’est-à-dire prédicateur inspiré. Cedernier sens nous semble le plus probable. Comp. Exod., vu, 1, où Dieu déclare qu’Aaron sera le prophète, oule porte-voix de Moïse. Voir aussi I Cor., xiv, 3, et Act., xv, 32. Joseph, ayant été un des plus vaillants prédicateursde l’Évangile, mérita pleinement cette qualification. Toutefois, ainsi que le suppose saint Chrysostome, In Act..

Apost., Hom. xxi, t. lx, col. 161, il ne serait pas impossiblequ’on eût voulu désigner par là ce qu’il y avaitde conciliant, de bon, de sympathique et de dévoué, dansle caractère de cet homme de Dieu. Originaire de l’Ilede Chypre, Joseph Barnabe était issu de parents appartenantà l’ordre lévitique. Il est nommé pour la premièrefois au livre des Actes, iv, 36, — rien, en effet, n’autoriseà le confondre avec Joseph Barsabas dit Justus, proposé avec Mathias pour succéder à Judas, — et il setrouve cité comme exemple de charité, d’abnégation etde générosité. Il vend un champ, qu’il possédait à Jérusalemsans doute, puisqu’il avait là une sœur, ou dumoins une proche parente, Marie, mère de Jean Marc, Col., iv, 10; cf. Act., xii, 12, et il en offre le prix auxApôtres, pour subvenir aux besoins de la jeune communautéchrétienne. Cette détermination généreuse, tellequ’elle est mentionnée au livre des Actes, semblerait avoircoïncidé avec la conversion de Barnabe et mis ainsi toutà coup en relief sa foi et son prosélytisme; mais Clémentd’Alexandrie, Strom., Il, 20, t. viii, col. 1060, et Eusèbe, H. E., i, 12, t. xx, col. 117, disent que Barnabeavait été un des soixante-dix disciples. Quoi qu’il en soitde cette affirmation, le rôle qu’il joue dans l’histoire del’Église naissante est des plus considérables et des plusédifiants. Saint Luc, Act., xi, 24, a raison de lui rendrecet hommage qu’il fut «un homme bon, plein de foi etdu Saint-Esprit». Quand Paul converti, mais encoresuspect aux chrétiens, arrive à Jérusalem, Act, ix, 27, c’est Barnabe qui le tire d’embarras et le présente lui-mêmeaux Apôtres, en se portant garant de la sincérité desa conversion. Peut-être y avait-il eu entre ces deuxhommes d’élite des relations antécédentes, soit à Tarsevoisine de Chypre, soit à Jérusalem à l’école de Gamaliel.En tout cas, la haute situation que ses vertus devaientfaire à Barnabe dans l’Église ne tarda pas à s’accentuer.Lorsque’les disciples, qui avaient quitté Jérusalem aulendemain du meurtre d’Etienne, . et s’étaient mis à évangéliserla Syrie, se déterminèrent, après le baptême ducenturion Corneille, à recevoir dans l’Église d’Antiocheles païens convertis à l’Évangile, c’est lui qui fut envoyépour juger des conditions où se produisait la menaçanteinnovation. Avec son esprit large et sa charité ardente, ilapprouva aussitôt le mouvement universaliste, et se disposaà l’accentuer en allant lui-même à Tarse convierPaul à lui prêter son concours. Ainsi il amena, commepar la main’, sur le champ de bataille où il avait sa placesi providentiellement marquée, Act., xi, 19-26, et xxvi, 17, l’illustre champion de l’Évangile s’adressant aux Gentils.Dans les démarches qu’il fait et les missions qu’ilaccepte, Barnabe se révèle toujours comme un hommemodeste, malgré sa très réelle valeur. Sa seule préoccupationest de faire le bien. Il ne craint pas de se donner enla personne de Paul un collègue qu’il sait devoir, par sonesprit d’initiative, sa vivacité de parole, son éloquence, leréduire bientôt au second rang. Ce qu’il veut avant tout, c’est la gloire de Jésus-Christ et le triomphe de l’Évangile.L’Église apprécie cette modestie généreuse et la récompenseen ne lui ménageant pas les témoignages de sa confianceet de sa vénération. C’est Barnabe qui, à l’époque dela grande famine de Jérusalem, est désigné pour aller avecPaul porter aux frères malheureux les aumônes des chrétiensd’Antioche. Act., xi, 30. Il revient à peine et l’Esprit-Saintinspire aux chefs de la communauté de le choisir officiellementen même temps que Paul, pour aller évangéliserles Gentils, en dehors de la Syrie et dans des pays inconnus.Act., xiii, 2. Tout le monde applaudit à ce choix. Dès cemoment, Barnabe, aussi bien que son compagnon, est qualifiéd’Apôtre. Leur action s’exerce d’ailleurs en commun; ils partagent les mêmes périls et les mêmes joies. Leur premièremission, racontée dans les chapitres xm et xiv desActes, les amène en Chypre d’abord, probablement parceque Barnabe avait là de nombreuses relations; puis enPamphylie, en Pisidie, en Lycaonie, avec des péripéties 1463

BARNABE — BARNABE (ÉPITRE DE SAINT)

diverses de persécutions et de succès. À Lystres, on lesprend pour des dieux, et comme c’est Jupiter qu’on voitdans Barnabe, les exégètes se sont hâtés d’en conclureque, par sa taille, sa physionomie, sa majesté, il devaitêtre supérieur à son collègue. Revenu à Antioche aprèscette première mission, il y prêche avec Paul, et se trouvemêlé à la grave discussion soulevée par des chrétiens hiérosolymitainssur la nécessité de la circoncision. Act., xv, 2.Aussi fait-il partie de l’ambassade envoyée à Jérusalemà cette occasion. Son influence dut même être grandedans la conduite du débat, car il était très estimé de tous.Heureux d’avoir fait prévaloir ses principes, qui étaientceux de Paul, Gal., ii, 9, il revint avec celui-ci etquelques délégués de l’Église de Jérusalem à Antioche, où, pour quelque temps encore, il reprit ses prédicationsdans la métropole de la Syrie. Act., xv, 35. Quand il futquestion d’entreprendre un second voyage apostoliqueparmi les Gentils, Barnabe se déclara prêt à suivre encorePaul dans cette nouvelle campagne. Toutefois il voulutabsolument emmener avec lui Marc, son neveu ou soncousin, qui, après les avoir suivis dans leur premièreexpédition en Chypre, les avait subitement délaissés enPamphylie. Paul se refusa impitoyablement à reprendrecet ancien compagnon, coupable d’une défaillance audébut de leur apostolat. Barnabe, par un sentiment demiséricorde qui était la note dominante de son âme, etaussi en raison des liens de parenté qui l’attachaient àMarc, préféra se séparer de Paul que renoncer à cejeune et intéressant ouvrier de l’Évangile. Avec celui-ci, il se dirigea vers l’Ile de Chypre, tandis que Paul, s’adjoignantSilas, allait vers le nord par la Cilicie. Act., xv, 36-41.

A partir de ce moment, nous manquons d’indicationssuivies sur le compte de Barnabe. Dans sa premièreépître aux Corinthiens, îx, 5-6, saint Paul observe que, comme lui, ce compagnon de ses premiers travaux apostoliquesn’était pas marié. Dans celle aux Galates, endehors de ce que nous avons déjà dit, il signale l’attitudetrop complaisante de Barnabe aussi bien que de Pierrepour les judaïsants d’Antioche. Gal., Il, 13. Il les blâmetous les deux, sans nous autoriser cependant à croire queles dissentiments les divisant sur des questions de disciplineou de la vie pratique aient réellement altéré lesrelations de charité qui devaient unir leurs âmes d’apôtres.Ces réprimandes publiques étaient l’expression francheet loyale de la vivacité de leurs convictions, mais non lecri de leur orgueil ou de leurs rancunes. Ainsi voyons-nousque Paul, après s’être séparé de Barnabe plutôt que dene pas infliger à Marc une leçon méritée par sa défaillance, reprend plus tard Marc pour son compagnon, sans doutequand Barnabe était déjà mort ou du moins avait renoncéaux courses apostoliques. Col., iv, 10; Phil., 24. À unedate plus reculée encore, II Tim., iv, 11, il reconnaîthautement les services que lui a rendus cet auxiliaire, et il prie Timothée de le lui amener à Rome. Chez Marc, ilTetrouvait sans doute, sur ses vieux jours, les sympathiquessouvenirs de Barnabe, cet ami de sa jeunesse.

Quant à Barnabe lui-même, l’histoire apostolique nenous en dit plus rien. La légende tardive a essayé decombler cette lacune. Un écrit, probablement du ve siècle, intitulé Les actes et le martyre de Barnabe en Chypre, et se donnant comme l’œuvre de Jean Marc, racontela seconde mission et la mort glorieuse du saint danscette île. Acta sanctorwm, junii t. iii, p. 420. Il n’estpas improbable que Barnabe soit mort avant l’an 60, etpeut-être le faussaire appuyait-il son récit sur des traditionssérieuses, qui s’étaient Conservées dans l’île deChypre, où le livre fit son apparition. Un moine cypriote, Alexandre, plus panégyriste qu’historien, et Théodore deConstantinople, dit le Lecteur, ont réédité plus tard cesrécits apocryphes, ne supprimant qu’en partie les fableset les extravagances qui lui enlèvent tout crédit. Actasanctorum, junii t. iii, p. 436. Eux-mêmes ne craignent

pas de s’y mettre en contradiction avec le livre des Actes, D’après Alexandre, Barnabe, dès sa venue de Jérusalemà Antioche, serait allé prêcher à Rome et à Alexandrieavant de se rendre à Tarse pour s’associer Paul, qu’il avaitconnu et apprécié à l’école de Gamaliel. lis supposent queBarnabe avait vu la guérison miraculeuse du paralytiquede trente-huit ans, et dès lors s’était attaché à Jésus, lemettant en relations avec sa sœur ou sa tante Marie, mèrede Jean Marc. Plus tard, il aurait été le premier choisi pourfaire partie du groupe des soixante-dix disciples. Enfin, après avoir résumé ce qui est dit sur son compte au livredes Actes, Alexandre raconte comment il fut saisi par desJuifs venus de Syrie à Salamine, où il opérait de nombreusesconversions, lapidé et brûlé. Son tombeau auraitété miraculeusem*nt retrouvé à un quart de lieue decette ville, du temps de l’empereur Zenon (488). L’hommede Dieu avait encore sur sa poitrine l’Évangile de saintMatthieu, écrit de sa propre main. L’évêque de Salamine, Anthelme, à qui cette découverte fut très utile pour défendreles droits de l’Église de Chypre contre Pierre leFoulon, envoya le précieux manuscrit à l’empereur, et ony lisait solennellement à Constantinople les leçons dujeudi saint. C’est à cause de la découverte de ce manuscritdans le tombeau de saint Barnabe que l’art chrétienle représente ordinairement avec un livre, parfois avecdes flammes ou un bûcher, avec des pierres ou mêmenne croix, rarement avec une hache. Ch. Cahier, Caractéristiquesdes Saints, t. i, 1867, p. 52.

D’après les inscriptions consignées dans Alciat, et portantle nom de l’évêque Miracle, que Baronius supposeêtre celui de Milan, présent au concile de Rome en 313, Barnabe aurait évangélisé la Gaule cisalpine. Corpus Inscript, latin., lxvii, 15, t. v (1877), p. 623. Mais commentexpliquer, si cette tradition avait été fondée, quesaint Ambroise eût négligé de citer un si illustre prédécesseursur le siège de Milan, quand il se déclare fièrement, Epist. xxi, Sermo cont. Auxent., 18, t. xvi, col. 1012, le défenseur de la foi que lui ont léguée comme-undépôt Denys, Eustorge, Myrocle et ses glorieux prédécesseurs?Plusieurs veulent que Barnabe ait prêché àAlexandrie. La raison principale en serait dans la lettrequi lui est attribuée, et dont l’origine alexandrine n’estpas douteuse; mais cette lettre n’est pas de lui.

Voir W. Cave, Lives of the mosî eminent Fathers ofthe Church, Oxford, 1840, t. i, p. 90-105; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, t. i, p. 408 et suiv.; "W. J. Conybeare and J. S. Howson, TheLife and Epistles of St. Paul, édit. de 1875, p. 85, 98, etc.; L’Œuvre des Apôtres, t. i, p. 265; Braunsberger, , Der Apostel Barnabas, in-8°, Mayence, 1874; A. Lipsius, Die apokryphen Apostelgeschichten, t. ii, part, ii, p. 270-320; L. duch*esne, Saint Barnabe. Extrait desMélanges G. B. de Rossi, Supplément aux Mélangesd’archéologie et d’histoire publiés par l’Ecole françaisede Rome, t. xii, 1892. E. Le Camus.

2. BARNABE (ÉPÎTRE DE SAINT). Il existe SOUS cetitre un écrit publié pour la première fois à Paris, en.grec et en latin, par Ménard et d’Achery en 1645, maisd’une manière incomplète. Le texte grec complet n’a étéretrouvé qu’en 1859, par Tischendorf, dans le Codex Sirnaiticus, qui date du IVe siècle. Depuis, le métropolitePhilothée Bryennios en a découvert un autre manuscritcomplet (Codex Conslantinopolitanus), mais datant seulementde l’an 1056.

I. Clément d’Alexandrie est le premier auteur ecclésiastiquequi cite nommément l’Épître de saint Barnabe, etil lui attribue une autorité apostolique. Strom., ii, 6, .7, 18; v, 8, 10, etc., t. viii, col. 965, 969, 1021; t. rx, col. 81, 96. Origène fait de même, Deprinc, III, ii, 4?Cont. Cels., i, 63, t. xi, col. 309, 637. C’est probablementparce que cette lettre était regardée comme inspirée à.la fin du ne siècle et au commencement du me, dans. 1465 BARNABE (ÉPITRE DE SAINT) — BARNABE (ÉVANGILE DE SAINT) 1466

l’Église d’Alexandrie, qu’on la trouve à la suite des livresdu Nouveau Testament dans le Codex Sinaiticus. Maisle sentiment de Clément et d’Origène ne leur survécutguère, même à Alexandrie. Saint Athanase et saint Cyrillene mentionnent jamais l’Épître de saint Barnabe; enOrient, elle ne fut pas lue dans les églises; Eusèbe la rangeparmi les œuvres apocryphes, H. E., iii, 25, t. xx, col. 269, quoiqu’il constate ailleurs, H. E., vi, 14, t. xx, col. 549, l’usage qu’en faisait Clément d’Alexandrie. Nil’auteur des Canons apostoliques, 85, t. cxxxvii, col. 212, ni saint Cyrille de Jérusalem, ni saint Jean Chrysostome, ni saint Épiphane n’en disent mot. Saint Jérôme, touten croyant qu’elle a saint Barnabe pour auteur, ne veutpas qu’elle soit mise parmi les écrits canoniques, De Vir.illust., 6, t. xxiii, col. 619. L’Église d’Occident, à Romeet en Afrique, semble en avoir longtemps ignoré le texteet même l’existence; il n’en est pas question dans le Canonde Muratori. Tertullien, qui a entendu parler d’une lettrede saint Barnabe, croit qu’il s’agit de l’Épître aux Hébreux, De Pudicit., 20, t. ii, col. 1020. Saint Philastre, Bser., 89, t. xii, col. 1200, partage ce sentiment. Le conciled’Hippone, tenu en 393, can. 36; ceux de Carthage en 397, can. 47, et en 419, can. 29 (Mansi, Conc, , t. iii, p. 891; t. iv, p. 430); Rufln, Expos. Symb. apost., 37, t. xxi, col. 1200; Innocent I er, Epist. ri ad Exup. Tolos., 7, t. lxxxiv, col. 652; saint Augustin, Cassiodore, Inst. div.litt., 14, t. lxx, col. 1125; saint Isidore de Séville, Etymol., vi, 2, t. lxxxii, col. 230, n’ont rien dit de salettre. L’opinion de Clément d’Alexandrie et d’Origèneresta donc un fait isolé, et l’Église n’admit jamais nil’inspiration ni l’authenticité de l’Épître attribuée à saintBarnabe.

II. Lé contenu de cette Épltre montre d’ailleurs qu’ellen’est pas l’œuvre du compagnon de saint Paul. — 1° L’auteura été païen et parle à des païens: «Avant de croireen Dieu, dit-il, xvi, 7, t. ii, col. 772, notre cœur étaitplein d’idolâtrie.» Cf. ch. v, col. 734. — 2° Il appréciedes cérémonies de la loi ancienne comme ne l’aurait pasfait un Juif, ch. m; ix, 4, col. 729, 749; il est mêmepeu au courant des rites du temple, quand il parle, vii, 4, col. 744, des prêtres qui devaient seuls manger les entraillesdu bouc offert pour le péché; la plupart des chosesqu’il raconte sur le bouc émissaire sont en contradictionavec le texte même du Lévitique, xvi. — 3° Au momentoù il écrit, saint Barnabe ne vivait plus: le parti juif està peu près mort dans l’Église; les armées romaines ontdéjà exercé la vengeance du ciel sur le peuple déicide, comme l’indique IV, 14, col. 731, où. les lecteurs sontinvités à considérer comment Dieu a traité Israël, et xvi, 4, col. 772, où il est parlé du temple détruit pendant laguerre. Il est donc certain que la lettre est postérieure àl’an 71, Or à cette époque saint Barnabe était mort: iln’avait pas vu la ruine du temple; la dernière fois qu’ilest mentionné, et encore très probablement dans un regardvers le passé, c’est I Cor., ix, 5-6 (an 57), et noussavons que, dès l’an 62, Marc, ce parent tant aimé, à l’occasionduquel il s’était séparé de saint Paul, n’était plusavec lui, mais qu’il suivait l’Apôtre des nations, Col., iv, 10, ou même saint Pierre, I Petr., v, 3, ce qui seraittrès étonnant si Barnabe avait vécu encore. — 5°. La datede l’Épître reste néanmoins incertaine. Les traits de ressemblancequ’on remarque entre cette lettre et la Doctrinedes douze apôtres ne peuvent servir à résoudre le pro Tblême, car il n’est pas facile de décider lequel de ces deuxécrits est le plus ancien. On conjecture que l’auteur de laDoctrine a connu l’Épître de saint Barnabe, mais queJ’auteur de l’Épître a connu les Duse viee, source juivede la Doctrine. Certains critiques font remonter l’Épîtreau temps de Vespasien (70-79), d’autres la font descendrejusqu’au temps d’Adrien (117-138). L’opinion despremiers paraît la mieux fondée.

III. Quoi qu’il en soit, l’Épître de saint Barnabe n’estni sans valeur ni sans importance. Elle est d’abord d’une

assez belle ordonnance logique et d’une élévation d’idéesincontestable. L’auteur, quel qu’il soit, touchait à la générationapostolique et vivait au plus tard vers le commencementdu second siècle. Or il rend témoignage auxprincipaux faits de l’histoire évangélique; il cite saintMatthieu, xxii, 14, comme Écriture; il fait des empruntsaux Évangiles et aussi aux Épltres de saint Paul et desaint Pierre. Le défaut principal de l’auteur de cet écritest son goût exagéré pour l’allégorie. Son ardeur pour lesymbolisme l’emporte jusqu’à oublier que le grec n’étaitpas la langue d’Abraham, et il voit une prophétie deJésus-Christ et de son crucifiement dans le nombre desserviteurs d’Abraham, qui était de 318: «Car, dit-il, lalettre I signifie dix, la lettre H signifie huit, et enfin lalettre ï trois cents; or, de ces trois lettres, les deux premièresindiquent le nom de Jésus, et la dernière, sa croix.» Epist. Barn., 9, t. ii, col. 751. Mais cet allégorisme outréfut lui-même une des causes du succès de la lettre àAlexandrie, où la méthode allégorique était en si grandefaveur. Voir col. 361.

Voir Hefele, Das Sendschreiben des Apostels Barnabas, Tubingue, 1840; Hilgenfeld, Die apostolisckenWâter, Halle, 1863; Kayser, Ueber den sogenanntenBarnabasbrief, Paderborn, 1866; Weizâcher, Zur Krilikdes Barnabasbriefes aus dem Codex Sinaiticus, Tubingue, 1863; J. G. Mûller, Erhlârung des Barnabasbriefes, Leipzig, 1869; "W. Cunningham, À Dissertationof the Epistle of saint Bamabas, in-8°, Londres, 1877; Westcott, Canon of the New Testament, t. ï, rv; de Gebhardt et Harnack, Bamabse Epistula, dans lesPatrum Apostolicorum Opéra, Leipzig, 1875, t. ï, p. xiii-xlvi; Funk, Opéra Patrum apostolicorum, in-8°, Tubingue, 1881, t. i, p. i-xvii; Harnack, Eeal-Encyklopâdie, 2e édit., t. ii, 1878, p. 104; Id., Geschichteder altchristliehen Literatur, Leipzig, 1893, t. ï, p. 58-62; Salmon, Historical Introduction to the Booksof New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 565-572.

E. Le Camus.

3. BARNABE (ÉVANGILE DE SAINT). L’article APO-CRYPHES, col. 768, signale dans le catalogue gélasienun «Évangile au nom de Barnabe, apocryphe», et cemême évangile est aussi mentionné par le cataloguegrec publié par le cardinal Pitra. Au vi° siècle, à Romeet dans l’Église grecque, on avait donc gardé le souvenird’un évangile mis sous le nom de saint Barnabe, évangilehérétique, probablement gnostique. D’autre part, l’auteur grec de VInventio reliquiarum S. Barnabse, lequel écrivait à la fin du Ve siècle ou au commencementdu vie, rapporte que, lors de l’invention du corps de saintBarnabe, en Chypre, sous l’empereur Zenon, on trouvadans le tombeau de l’apôtre un exemplaire écrit de samain de l’Évangile de saint Matthieu, Évangile que l’empereurfit déposer à Constantinople, dans le trésor de lachapelle palatine. Bolland, Acla sanctorum, junii t. ii, (1698), p. 450-451. Cet Évangile n’a rien à voir avec notreévangile apocryphe de Barnabe. Enfin on trouve dansFabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, Hambourg, 1719, t. iii, p. 378-384, quelques échantillons d’unÉvangile de saint Barnabe, traduction italienne, reproduitsd’après Bernard de la Monnoye, Animadversionesad Menagiana, Amsterdam, 1716, t. IV, p. 321, qui lesavait extraits d’un manuscrit italien du xv» siècle, dit- ii, appartenant au prince Eugène de Savoie. La Monnoyeconjecture que ce texte italien est une traduction del’arabe. Mais, à notre connaissance, cet original arabe n’apas été trouvé: en toute hypothèse, il ne serait qu’uneœuvre mahométane de basse époque et sans relation avecl’évangile grec apocryphe mentionné par le catalogue gélasien.Grabe, Spicilegium sanctorum Patrum, Oxford, 1698, t. i, p. 302, a recueilli dans un manuscrit grec dela bibliothèque Bodléienne, Baroccianus 39, un fragmentgrec de deux lignes attribué à saint Barnabe: «Dans lesmauvais combats, celui-là est le plus malheureux qui est

le vainqueur, car il se retire avec plus de péchés.» Iln’est pas possible de déterminer l’origine de cette sentence, non plus que de la rattacher à l’évangile apocryphede Barnabe. Voir Évangiles apocryphes.

P. Batiffol.

    1. BARNES Albert##

BARNES Albert, exégète protestant américain, néen 1798 à Rome, dans l’état de NewYork, mort en 1870.Ses études achevées, il prit ses grades (1820), prêcha endivers endroits, et, en 1830, fut mis à la tête de l’églisepresbytérienne de Philadelphie. On a de lui: Notes, critical, illuslrative and practical, on the book of Job; ivitha new translation and an introductory dissertation, carefully revised by the Rev. John Gumming, 2 in-8°, Londres, 1850; Notes, critical, explanatory and practical, on the book of the prophet Isaiah, with a newtranslation, revised by the Rev. J. Gumming, 3 in-8°, Londres, 1850; Notes explanatory and practical on theNew Testament revised and compared with the lastAmerican édition, by the Rev. J. Gumming, Il in-8°, Londres, 1850-1852; Scènes and incidents in the Lifeof the Apostle Paul, in-8°, Londres, 1869.

E. Levesque.

    1. BARNEVILLE##

BARNEVILLE (Matthieu de), né à Dublin vers 1659, fit ses études à Paris, entra dans la congrégation del’Oratoire en 1688, et mourut à l’âge de 80 ans environ.Il publia sous le voile de l’anonyme: Le Nouveau Testamenttraduit en françois selon la Vulgate, in-12, Paris, 1719. Son but, exposé dans l’avertissem*nt, était dedonner une édition à très bas prix, qui put être achetéeen nombre par les personnes riches pour la répandredans le peuple. Un bon nombre d’éditions, douze environ, se succédèrent jusqu’en 1753. Dans les approbationsde quelques-unes d’entre elles, se lit le nom de l’auteur.Plusieurs éditions ont une table alphabétique des véritéscontenues dans le Nouveau Testament sur les différentsétats et professions. — Voir Ant.-Alex. Barbier, Dictionnairedes ouvrages anonymes, in-8°, Paris. 1823, t. ii, p. 452. E. Levesque.

    1. BARON Pierre##

BARON Pierre, protestant français, né à Étampes etpour cette raison surnommé Stempanus, obtint une chaireà l’université de Cambridge vers 1575. Les doctrines qu’ily professa lui suscitèrent de nombreux adversaires, et aprèsun procès qui lui fut intenté devant la reine Elisabeth ell’archevêque de Gantorbéry, il dut renoncer à l’enseignement.Il mourut vers l’an 1599. Nous avons de cet auteur: Prsslectiones in Psalmos xv et xxxiii, in-8°, Londres, 1560) Prsdectiones xxxix in Jonarn, in-f°, Londres, 1579. — Voir Haug, La France protestante,

t. i, 1846, p. 261.

B. Heurtebize.

BARQUE. Voir Navigation.

    1. BARRADAS Sébastien##

BARRADAS Sébastien, commentateur portugais, néà Lisbonne en 1543, mort à Coimbre le 14 avril 1615. Ilentra dans la Compagnie de Jésus le 27 septembre 1558.Il enseigna la rhétorique, la philosophie et l’ÉcritureSainte, à Coimbre et à Évora, avec une grande réputation.Il s’appliqua aussi, avec non moins de succès, à laprédication; on le nommait Y Apôtre ou le Paul du Portugal.Il mourut en odeur de sainteté; Suarez avait l’habitudede le nommer sanctus. On a de lui Commentariain concordiam et historiam evangelicam, 4 in-f°, Coimbre, 1599-1611; Mayence, 1601-1612; Brescia, Lyon, Anvers, Venise, Augsbourg. Ces commentaires jouissentd’une juste estime. Cornélius a Lapide dit de l’auteur: «Il excelle dans les observations morales qui peuventservir également à la méditation et aux prédications.» DomCalmet est du même sentiment, et ses commentairessont en effet une mine où ceux qui sont chargés d’expliquerla parole de Dieu peuvent trouver les plus précieuxtrésors. — Après sa mort, on publia Ilinerarium ftliorumIsraël ex Mgypto in terram repromissionis, in-f°, Lyon,

1620; Anvers, 1631. Ce dernier ouvrage, dit le P. Michelde SaintJoseph dans sa bibliographie critique, est unesorte de commentaire de l’Exode, écrit avec élégance.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BARRAL Pierre##

BARRAL Pierre, savant ecclésiastique français, néà Grenoble dans les premières années du xviiie siècle, mort à Paris le 21 juin 1772, janséniste militant, a laissé, entre autres ouvrages, un Dictionnaire portatif, historique, théologique, géographique, critique et moral dela Bible, pour servir d’introduction à la science del’Écriture Sainte, 2 in-8°, Paris, 1756; 2 «édït., Paris, 1758.Dans la pensée de l’auteur, ce livre, destiné aux jeunesclercs, devait être une sorte de Manuel biblique oùseraient résumés et condensés tous les renseignementsfournis par les grands dictionnaires de la Bible, en vuede faciliter la lecture et l’intelligence des Saints Livres, mais son œuvre est une compilation superficielle et remplied’inexactitudes. O. Rey.

    1. BARRE##

BARRE (Vulgate: vectis). 1° Pièce de bois longueet étroite, servant à porter l’arche et divers meubles dutabernacle, Exod., xxv, 13, 27, 28, etc. (hébreu: baddim);

nw

453. — Porte égyptienne fermée avec deux petites barres ouverrous. Tbèbes. D’après Wilkinson, Manners and Customsof the Ancient Egyptians, 2e édit-, t. ii, p. 135.

Exod., xxvi, 26, etc. (hébreu: beriah). (Voir fig. 243, col. 917.) — 2° Pièce transversale de bois ou de métal, employée comme une sorte de verrou pour fermer lesportes des maisons et des villes (hébreu: beriah), Deut., m, 5; Jud., xvi, 3 (hébreu: Vulgate: sera); I Sam.(I Reg.), xxiii, 7 (Vulgate: sera); II Par., viii, 5; IIEsdr., m, 6, 13, 14, 15; Jer., xlix, 31; li, 30; Ezech., xxxviii, 11; Prov., xviii. 19. Il y en avait en bois, Nah., iii, 13; en bronze, III Reg., iv, 13 (Vulgate: sera); en fer, Ps cvi(cvn), 16; Is., xlv, 2 (fig. 453). — 3° Le mot «barre» (hébreu: berial}) est employé aussi métaphoriquementpour exprimer ce qui fait la lorce d’une ville. Amos, i, 5.Cf. Is., xliii, 14; Lament., ii, 9. Il signifie dans Job leslimites ou la barrière que Dieu a imposée à la mer, Job, xxxviii, 10; le séjour des morts (se’ôl) est égalementreprésenté fermé par des barres ou verrous qu’il est impossibled’ouvrir, Job, xvii, 16 (hébreu: baddim; la Vulgaterend seulement le nom d’une manière générale i in profundissimuminfernum). Cf. Jouas, ii, 7. Dans Osée, xi, 6, baddim, vectes, «barres,» doit être pris, d’après lesuns, au figuré, pour désigner ce qui est fort, les princes, les chefs d’Israël; d’après d’autres, au propre, pour désignerles barres des portes des villes. — Certains commentateursvoient aussi une expression figurée dans Isaîe, xv, 5, où ils prennent le pluriel berîhîm dans le sens de «barres», comme l’a fait la Vulgate (vectes), et tra1469

BARRE — BARTHÉLÉMY, APOTRE

1470

duisent: «les princes [de Moab s’enfuient] jusqu’à Ségor;» mais on admet communément que le mot berîfyîm signifiedans ce passage «fuyards», et non pas «barres».

F. Vigouroux.BARRE Joseph, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, chancelier de l’Université de Paris, distingué par sa vertuautant que par sa science, né vers 1692, mort à Paris le23 juin 1764. — On a de lui: Vindiciae librorum deuterocanonicorumVeteris Testamentt, in-12, Paris, 1730, ouvrage rempli d’érudition. — Voir Journal des savants, année 1731, p. 195. 0. Rey.

    1. BARREIRA Isidore##

BARREIRA Isidore, moine portugais de l’ordre duChrist, né à Lisbonne d’après les uns, à Barreira, d’oùlui viendrait son nom, selon d’autres, fit professionle 7 mars 1606 au monastère de Thomar, où il mouruten 1634 ou 1648. Il a laissé un traité sur les plantes dela Bible: Tractado das signiftcaçôes das plantas, florese fructos que se referem na Sagrada Escriptura, tiradasdas divinase humanas letras, com brèves consideraçôes, in-4°, Lisbonne, 1622 et 1698. Cet ouvrage, écriten portugais, devait avoir un tome second qui n’a jamaisété imprimé, quoique l’auteur l’eût composé. Le traité deBarreira est instructif, curieux et rempli d’érudition biblique.La première édition de ce livre est la meilleure.

— Voir Silva, Diccionario bibliographico portuguez, t. iii, (1859), p. 234. 0. Rey.

    1. BARREIRO ou de Barreiros##

BARREIRO ou de Barreiros, Gaspar, en religionFrançois de la Mère de Dieu, Portugais, d’abord chanoined’Évora, puis frère mineur de la Régulière Observance, professeur de théologie, mort à un âge avancéle 6 aflût 1574. Il a laissé, entre autres ouvrages: Commentariusde regione Ophir apud sacram paginantcommemorata, qui fut d’abord imprimé à Coïmbre, en1561, in-4°, par Alvarez, à la suite delà Cosmographiahispanica, gallica et italica, du même auteur. Ce commentairefut réimprimé séparément à Anvers, en 1600, in-8°, par Jean Bellère. — Voir Fr. da Silva, Diccionariobibliographico portuguez, t. m (1859), p. 123.

P. Apollinaire.

    1. BARRETT John##

BARRETT John, savant anglais, né en 1753, mort le15 novembre 1821, vice-proviseur du collège de la Trinitéà Dublin. Il fut professeur de langues orientales; sa mémoireprodigieuse n’oubliait presque rien; son originalitén’était pas moindre. Il a publié le manuscrit grec duNouveau Testament connu sous le nom de Codex Z Dublinensisrescriptus; il l’assigna au vie siècle, et cette datea été adoptée depuis. Evangelium secundum Matlhxumex codice rescripto in Bibliotheca collegiiSS. Trinitatis, juxta Dublin, cui adjungitur appendix collationem codicisMontfortiani complectens, in-4°, Dublin, 1801.Le texte de ce manuscrit palimpseste y est exactementgravé en lxiv tables. — Voir Dublin University Magazine, t. xviii, p. 3c0; L. Stephen, Dictionary of nationalBiography, t. iii, p. 282. E. Levesque.

    1. BARRINGTON##

BARRINGTON (John Shute, vicomte), né en 1678à Theobalds, dans le Hertfordshire, mort à Becket le14 décembre 1734. Son père, Benjamin Shute, était simplenégociant de la province de Leicester. Après avoir étudiéà Utrecht pendant quatre ans, John Shute revint à Londressuivre des cours de droit. Créé vicomte Barrington en1720, il fut député de Berwick au parlement. Locke futson maître et son ami. Très versé dans les sciences sacrées, Barrington publia des Miscellanea sacra, 2 in-8°, Londres, 1725. Une seconde édition en fut donnée àLondres, 3 in-8°, 1770, par les soins de son fils. Enfinses œuvres ont été publiées sous-ce titre: TheologicalWorks, 3 in-8°, Londres, 1828. On trouve dans cet ouvragedes dissertations sur l’histoire des apôtres; — sur les donsmerveilleux du Saint-Esprit à l’âge apostolique; — surl’époque où Paul et Barnabe devinrent apôtres; — des

notes sur la tentation et la chute; — sur Lévitique, xvii; sur I Petr., iii, 17, 22; Gal., iii, 16; Hebr., xii, 22, 25.Voir L. Stephen, Dictionary of national biography, t. iii, p. 291. E. Levesque.

    1. BARSABAS##

BARSABAS (Bapaaêâi, «fils de Sabas» ), surnom1° du Joseph qui fut proposé pour remplacer Judas dansle collège apostolique, Act., i, 23, et 2° de Jude, qui futenvoyé à Antioche avec Paul, Barnabe et Silas. Act., XV, 22. Ce surnom, tiré de la désignation du père, distinguaitces deux personnages d’autres Joseph et d’autresJude ou Judas. Quelques-uns ont supposé, à cause del’identité du nom de leur père, que Joseph et Jude Barsabasétaient frères. Voir Joseph Barsabas et Jude Barsabas.

    1. BARSAÏTH##

BARSAÏTH (hébreu, au ketib: Binât, «trous, blessures;» au keri: Birzâit, «source de l’olivier;» Septante: Bep6a16; Codex Alexandrinus: BepÇaié), nomdans la généalogie des descendants d’Aser. I Par., vii, 31. «Il (Melchiel) est le père de Barsaïth.» Barsaïth peutêtre ou un nom de femme ou un nom de lieu. Dans cedernier cas, «père de Barsaïth» signifierait «fondateur deBarsaïth». C’est en ce sens que l’on dit: «père de Cariathiarim, père de Bethléhem,» etc. I Par., ii, 50, 51. Maison n’a nulle trace d’un lieu de ce nom. E. Levesque.

    1. BARTH Paul##

BARTH Paul, orientaliste allemand, né à Nurembergle 20 décembre 1635, fit ses études à Altdorf. Après avoirrempli diverses fonctions ecclésiastiques, il devint diacrede Saint-Sebald à Nuremberg, en 1675. Il mourut danscette ville, le 4 août 1688. Il était très versé dans leslangues orientales. La bibliothèque de Nuremberg conserveun ouvrage écrit de sa propre main: Versio EvangeliorumActorumque apostolicorum arabica, cum latinaejusdem translations junctim apposita. — Voir Jocher-Adelung, Allgem. GelehrtenLexicon, t. i, col. 1460.

É. Levesque.

1. BARTHÉLÉMY (Bap80Xo(iaïoç, c’est-à-dire Bar*Tolmaï, «fils de Tolmaï» ), un des douze Apôtres. Bienque les Juifs aient pu quelquefois identifier le nom deUoXojiaïo; avec celui de IrroXe(iato?, Josèphe, Ant. jud., XIV, viii, 1> et Bell, jud., i, ix, 3, il est certain queTolmaï fut un nom absolument juif. Dans la Bible hébraïque, nous trouvons, en effet, Jos., xv, 14 et II Reg., xiii, 37, J’aimai (Septante: ®oXa^.£ et ©o^i), qui devien.nent Tholmaï et Tholomaï dans la Vulgate. Le Talmud parled’un Bar-Thalmia et d’un Bar-Thalmon qui étaient Juifsd’origine. V. Schottgen, Horæ hebraicx (in Matth., x, 3).Celui qui porta ce nom et qui fut le père de l’apôtre futcertainement Israélite de race et d’éducation, et non pasun personnage se rattachant de quelque façon que ce soità la famille des Ptolémées. On s’est demandé pourquoiles synoptiques, dans leur catalogue apostolique, Matth., x, 3; Marc, iii, 18; Luc, vi, 14, ont toujours désigné parle nom ds son père le collègue de Philippe, inscrit régulièmentle sixième, sauf au livre des Actes, i, 13, où ildescend d’un rang. Plusieurs supposent que si Barthélémyn’est autre que Nathanaël, les écrivains sacrés ont vouluéviter le rapprochement de deux noms, Nathanaël etMatthieu, qui présentent la même signification étymologique, et peuvent se traduire l’un et l’autre par Théodoreou «don de Dieu». Le Camus, Vie de Notre-Seigneur, t. r, p. 124. Mais cette explication est insuffisante, au moins dansla liste de saint Matthieu et des Actes, où ces deux nomsse trouvent séparés. C’est donc une singularité qu’il fautaccepter, sans parvenir à nous l’expliquer, nous souvenantque bien d’autres étaient couramment désignés parle nom de leur père: ainsi Bar-Jona, Bar-Timée, Bar-Saba.En dehors du nom, les synoptiques ne nous apprennentplus rien de cet apôtre. Dans cette absence detout document, on s’est mis à examiner de plus près leslistes apostoliques, pour essayer d’eu faire sortir quelque 1471

    1. BARTHÉLÉMY##

BARTHÉLÉMY, APOTRE — BARTHÉLÉMY DE 0RAGANCE

1472

indication; et il semble que la perspicacité des exégètess’est exercée ici avec quelque succès.

On a d’abord observé que, sauf dans le livre des Actes, Barthélémy est toujours associé avec Philippe. Quel lienpouvait unir ces deux hommes? Une vieille amitié, peut-êtreune fraternité de vocation. Or nous lisons dans saintJean, l, 45, que Philippe, ayant entendu pour son proprecompte l’appel de Jésus, courut annoncer à son ami Nathanaëlla grande nouvelle, et l’inviter à venir voir de sespropres yeux le jeune Messie des Juifs. Ainsi il préparasa vocation à la foi et à l’apostolat. Il est remarquable, en effet, que, d’après saint Jean, ce Nathanaël, dont neparlent jamais lès synoptiques, fut, jusqu’à la fin, dugroupe apostolique. Au chap. xxi, 2, il se trouve en effetclassé parmi les disciples à qui Jésus apparaît pour la troisièmefois, ꝟ. 14; or nous savons que ces disciples sont legroupe des Douze. À n’en point douter, Jean a vu dansNathanaël un des Apôtres. C’est pourquoi il le nommeen l’intercalant parmi les apôtres Simon Pierre, Thomaset les fils de Zébédée. Si peu qu’on veuille bien pesertoutes ces choses, ne trouve-t-on pas naturel qu’ayantété appelé des premiers à voir de près le Maître qui lesalua sympathiquement comme un caractère loyal et vraifils des croyants, Nathanaël soit devenu l’un des Douze?Cependant il n’est jamais nommé dans les synoptiques, pas plus que Barthélémy n’est nommé dans saint Jean.On a donc été amené à supposer pour tous ces motifs, et plusparticulièrement en raison de son association perpétuelleavec Philippe, que, sous deux noms différents, le nompatronymique et le nom propre, Barthélémy et Nathanaëlne sont qu’un seul et même personnage? La plupart desexégètes modernes le pensent, et malgré le sentimentcontraire de saint Augustin, Ira Joa. tract, vii, 17, t. xxxv, col. 1445, et de saint Grégoire, Mor. in Job, xxxi, 24, t. lxxvi, col. 693, nous partageons leur avis.

Nathanaël, fils de Tholmaï, était de Cana. On nous y amontré le site traditionnel de sa maison. Quelle physionomieintéressante que celle de ce disciple de la premièreheure! Il est regrettable que saint Jean, après l’avoir siheureusem*nt ébauchée dès le début de son Évangile, nel’ait pas achevée plus tard. On sait avec quel calme réfléchiet par quelle objection il accueillit l’enthousiastePhilippe, qui accourait pour lui annoncer l’apparition duMessie. Joa., i, 45-46. Sa nature paraît avoir été méditativeet réservée. Quand Jésus l’avait vu sous le figuier, ilpriait, ou du moins était préoccupé de graves pensées.Quand il s’entend louer, loin de se livrer aussitôt, il ditfroidement: «D’où me connaissez-vous?» Jésus donnealors le signe que sa foi demande. Il l’a vii, non pas seulementà distance et à travers les obstacles, sous le figuier, mais surtout il l’a pénétré jusque dans le fond de son àme, et l’honnête homme, si rude soit-il au premier abord, vaincu par cette révélation dont nous soupçonnons l’importance, sans toutefois en lire le dernier mot dans l’Évangile, s’écrie: «Maître, vous êtes le Fils de Dieu, le roid’Israël!» Joa., i, 49. Avec énergie le vrai Israélite rendhommage à son véritable roi. Après cette belle professionde foi, qui, dès le premier jour, atteint presque celleque Jésus arrachera seulement trois ans après au collègeapostolique, dans la personne de Pierre, il n’est plusquestion de Nathanaël, sinon au dernier chapitre de saintJean, où nous le trouvons prenant part à une pêche, etfavorisé, comme les autres, d’une des plus consolantesapparitions du Sauveur. Joa., xxi, 2. Sous le nom deBarthélémy, il figure encore à la Pentecôte, Act., i, 13; puis le silence le plus complet se fait sur lui dans nossaints Livres.

D’après Eusèbe, H. E., v, 10, t. xx, col. 456, lorsque, vers la fin du ir 3 siècle, saint Pantène, ce philosophe fondateurde l’école des catéchètes, à Alexandrie, pénétradans les Indes pour y annoncer Jésus-Christ, il y trouval’Évangile de saint Matthieu en hébreu ou syro-chaldaique, et on lui dit qu’il avait été apporté là par l’apôtre

Barthélémy. Saint Jérôme reprend, comme cela lui arrivesouvent, pour son propre compte, le récit d’Eusèbe, enajoutant que Pantène rapporta à Alexandrie un exemplairede cet évangile de saint Matthieu. De Vir. illust., 36, t. xxiii, col. 651. Que faut - il entendre par lesIndes? Ce n’est pas facile à dire, car les anciens désignaientvaguement par ce nom tous les pays de l’Orientinconnu, au delà de l’empire des Romains et des Parthes.D’après Rufin, H. E., i, 9, t. xxi, col. 478, et Socrate, H. E., i, 19, t. lxvii, col. 125, Barthélémy serait alléévangéliser l’Inde qui touchait à l’Ethiopie. Sophrone, ou du moins l’auteur qui a ajouté les Apôtres aux Hommesillustres de saint Jérôme, suppose, au chap. vii, Pair, lat., t. xxiii, col. 722, que ces Indes furent l’Arabie heureuse.Œcumenius, Duodecim Apostolorum nomina, dans sesCommentaria, in-f», Paris, 1631, p.e v b, et Nicétas, t. cv, col. 208, affirment à peu près la même chose. Dans l’homéliesur les Douze, qui se trouve parmi les œuvres de saintChrysostome, t. lix, col. 495, il est dit que Barthélémy enseignala tempérance aux Lycaoniens, ce qui supposeraitune mission de cet apôtre en Asie Mineure. Il se seraittrouvé à Hiérapolis avec saint Philippe, et y aurait courageusem*ntsouffert pour la foi. De là il se serait dirigévers l’Orient, à travers le pajs des Parthes et l’Arménie.C’est à Albanopolis, ville de ces contrées, qu’il aurait étéselon les uns décapité, et selon les autres, dont l’opinionest consignée dans le Bréviaire romain, écorché vifet crucifié par l’ordre d’Astyage, dont il avait converti lefrère, Polymius, roi d’Arménie. Mais, outre que les témoignagessur lesquels on voudrait s’appuyer pour dégagerquelque chose de probable sur la vie apostolique et lemartyre de Barthélémy sont peu autorisés, ce qui demeureévident, quand on les compare, c’est qu’ils se contredisent.L’art chrétien représente l’apôtre tantôt écorché, tantôtavec le couteau qui servit d’instrument pour son supplice, Ch. Cahier, Caractéristiques des Saints, p. 52, 673; cf.p. 288. Théodore le Lecteur, Hist., . ii, t. lxxxvi, l re part., col. 212, affirme qu’en 508 l’empereur Anastase fit éleverun temple magnifique à Daras, en Mésopotamie, pour yrecevoir les restes de saint Barthélémy, et Procope, JEdif., lib. ii, c. ii, édit. de Bonn, t. iii, p. 214, parle, en effet, d’une église qui y était dédiée à ce saint. Après avoir ététransportées dans l’île de Lipari et puis à Bénévent, lesreliques de l’apôtre sont aujourd’hui vénérées à Rome, dans l’église de Saint-Barthélemy-en-1’Ile. Voir notre Viede Notre - Seigneur Jésus-Christ, t. i, p. 424 et 267; Tillemont, Mémoires, t. i, p. 387-; Cave, Lives of theApostles, p. 387-392. E. Le Camds.

2. BARTHÉLÉMY (ÉVANGILE DE SAINT). Le cataloguegélasien des livres apocryphes mentionne un s évangileapocryphe au nom de l’apôtre Barthélémy».: les cataloguesgrecs d’apocryphes ne le mentionnent point. C’était, conjecture-t-on, un évangile gnostique. Il n’a rien de communavec «l’évangile de Matthieu «.Voir col. 1469. Bède, Exposit. in Luc, i, proœm., t. xcii, col. 307, commentantles premiers mots de l’Évangile de saint Luc, rappelleque plusieurs se sont efforcés de narrer les faits évangéliques, et que quelques-uns ont mis en tête de leurs récitsles noms de Thomas, de Barthélémy, de Mathias, des «Douze apôtres», de Basilide, d’Apelle. Ce texte de Bèden’est qu’une adaptation d’un texte de saint Jérôme, Comment, in Matth., prolog., t. xxvi, col. 17, qui, lui aussi, commentant le même verset de saint Luc, rappelle lesévangiles apocryphes «selon les Égyptiens»,-et deThomas, de Mathias, de Barthélémy, des «Douze apôtres», de Basilide, d’Apelle, etd’autres qu’il seraittrop long d’énumérer.On pense que saint Jérôme a pu emprunter cette informationà Origène. L’évangile apocryphe de saint Barthélémyn’a pas laissé d’autre trace dans l’ancienne littératurechrétienne. Voir Apocryphes et Évangiles apocryphes.

P. Batiffol.

3. BARTHÉLÉMY DE BRAGANCE, aussi nommé

de Vicence, religieux de l’ordre de Saint-Dominique, naquit à Vicence d’une ancienne et noble famille de l’Italie.Cette famille portait le nom de Bragance, qui lui étaitvenu d’un de ses fiefs, le bourg et la forteresse de Breganzeho.Le jeune Barthélémy étudia à Padoue, où il pritï’habit des Frères Prêcheurs, si ce n’est peut-être à Bologne.Il aurait reçu l’habit religieux des mains de saintDominique lui - même. On ignore, dit Échard, à quel âgeil fit profession; mais ce fut certainement avant l’an 1230.Vers l’an 1250, ses travaux et ses mérites appelèrentsur lui l’attention du pape Innocent IV, qui le nommaévêque de Némosie, suffragant de Nicosie, dans l’Ile deChypre. Le même pontife l’envoya en Syrie, comme légatauprès du roi de France, saint Louis, dont il fut bientôtle confident. En 1256, il fut nommé évêque de Vicence, sa patrie, par le pape Alexandre IV. Successivement légaten Angleterre et à la cour de France, le prélat, aprèsavoir joué un rôle considérable, mourut à Vicence en 1270.

— 1° D a commenté: la Genèse, le Lévitique, Isaïe, Ézéchiel, Jérémie, Daniel, les Machabées, le livre de laSagesse, saint Matthieu, saint Marc, saint Jean, les Actesdes Apôtres, les Épîtres canoniques. La bibliothèque desFrères Prêcheurs de Vicence possédait ces livres de laBible, annotés et commentés de la main même de Barthélémy.— 2° Il a encore écrit un commentaire des Cantiquesde la Bible, et un abrégé de ce même commentaire.— 3° Enfin il a commenté le Cantique des cantiques, ouvrage distinct du précédent, et dont voici le titre: Expositio in Cantica canticorum F. Bartholomeei Bregantiiepiscopi Nimonicensis ad illustrissimum regemGalliarum Ludovicum. Cette œuvre figure au cataloguedes bibliothèques publiques et particulières de Venise, dressé par Tomasini. Ce commentaire, d’après ce catalogue, était dans la bibliothèque du monastère deSanFrancescodélia Vigna. — P. Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum, t. i, Paris, 1719, p. 254; Fabricius, Biblio^theca latina, Florence, 1858, t. i, p. 169. 0. Rey.

4. BARTHÉLÉMY DE GLANVILLE. Voir GLANVILLE.

5. BARTHÉLÉMY DE MODÈNE. Voir BARBIERI.

    1. BARTHOLIN Thomas##

BARTHOLIN Thomas, célèbre médecin danois, néà Copenhague le 20 octobre 1616, et mort le 4 décembre1680. En 1648, il fut chargé de la chaire d’anatomieà Copenhague et de la direction du musée anatomique.Ayant renoncé à l’enseignement en 1661, il fut nommébibliothécaire et recteur de l’Université. Il était versédans presque toutes les sciences. On a de lui: De latereChristi aperto, accédant Salmasii et aliorum de Cruceepistolse, in-8°, Leyde, 1646; Leipzig, 1685; De cruceChristi hypomnemata iv: 1° De sedili medio, 2° Devino myrrhato, 3° De corona spmea, 4° De sudore sanguineo, in-8°, Copenhague, 1651; in-12, Amsterdam, 1670; Bistoria paralytici primi ex quinto JoannisEvangelii, in-4°, Copenhague, 1647; Bistoria paralyticisecundi ex Matth. nu et Duc. ru, în-4°, Copenhague, 1649; Historia paralytici tertii, in-4°, Copenhague, 1653; Chronolaxis Scriptorurn Veteris et Novi Testamentisacrorum et prophetarum, in-f°, Copenhague, 1674; Paralytici Novi Testamenti medico et philologico commentarioïllustrati, in-4°, Copenhague, 1653; Bâle, 1662; Leipzig, 1685; De Morbis biblicis miscellanea medica, in-4°, Francfort, 1672, 4e édit., 1705. Cet opuscule et leprécédent se trouvent dans Th. Crenii Opusciilorum qusead historiam ac philologiam sacram spectant fasciculusV, in-12, Rotterdam, 1695. — VoirHannseus Georg, Oratio in obitum Th. Bartkolini, in-4°, Copenhague, 1680; Jacobæus Oliger, Oratio in Th. Bartkolini obitum, in-4°, Copenhague, 1681; Chr. V. Brunn, Bibliothecadanica, 2 in-8°, Copenhague, 1872, t. i, p. 94 et 134; Journal des savants, année 1695, t. xxiii, p. C22.

E. Levesqtie.

DICT, DE LA BIBLE.

    1. BARTIMÉE##

BARTIMÉE (BapTf(t «ioi; , «fils de Timaî» ), nomd’un des deux aveugles que Jésus, montant pour la dernièrefois à Jérusalem, guérit à Jéricho. Marc, x, 46-52.C’est celui qui se mit à crier: «Seigneur Jésus, fils deDavid, ayez pitié de moi!» et son compagnon d’infortuneen fit autant. Quand la foule, qui avait voulu d’abordleur imposer silence, eut dit que Jésus consentait àles guérir, et leur eut donné bon courage, puisqu’il lesappelait, Bartimée jeta le manteau dans lequel il étaitaccroupi et courut au-devant de Jésus, comme si déjà iln’était plus aveugle. Ils furent guéris tous deux. C’estprobablement à la vivacité de sa foi, et peut-être au rôlequ’il joua plus tard dans l’Église naissante, que Bartiméea dû de voir son nom passer à la postérité. E. Le Camus.

BARTOLOCCI Julius(a Sanctavnastasia), né en 1613à Celanno, dans les Abruzzes, mort à. Rome le 20 octobre1687. Il fit profession à Rome, dans la congrégationdes réformés de saint Bernard, de l’ordre de Clteaux.Envoyé en Piémont, il étudia la théologie à Mondovi età Turin. Dès lors il laissa voir son goût pour les antiquitéshébraïques. Il parcourut la plupart des bibliothèquesd’Italie, et revint à Rome, où il enseigna l’hébreuau collège des néophytes, et fut nommé scriptorhébraicus à la Vaticane. Il profita des ressources que luioffrait la ville, si riche en bibliothèques, et des relationsqu’il s’y créa, pour rassembler les matériaux de ses ouvrages.L’estime dont il jouissait dans sa congrégationl’arracha plusieurs fois à ses études et lui fit confierdiverses charges. Il fut supérieur de Saint-Bernard deBrisighella et du monastère de même nom aux thermesde Dioclétien, plusieurs fois supérieur de la provinceromaine, enfin abbé de Saint-Sébastien ad Catacumbas.Il jouit de l’estime d’Inuocent XI, auquel il dédia ledeuxième volume de sa Bibliothèque rabbinique. Il mourutd’apoplexie. — Son principal ouvrage est la Bibliothecamagna rabbinica de scriptoribus et scriptis hebraicisordine alphabetico, hebraice et latine digestis, 4 in-f°, 1675-1694. Le quatrième volume, auquel il travaillait aumoment de sa mort, fut publié par son disciple Imbonati, qui y joignit plus tard un cinquième volume, intituléBibliotheca latino-hebrœa. On a aussi de Bartolocci: Liber Tobise, filii Tobielis, en hébreu, avec versionlatine interlinéaire, indication des racines les plus difficiles, et commentaires d’après les rabbins. Cet ouvragen’a pas été imprimé. Sa Bibliothèque rabbinique surpassade beaucoup ce qu’avaient fait avant lui les Buxtorf, Jean Plantavit de la Pause et Hottinger. Wolf la prit pourbase de sa Bibliotheca hébrma, et c’est grâce à Bartolocciqu’il a pu donner une aussi grande perfeetion à sonœuvre. Richard Simon la critiqua vivement à son apparition, tout en reconnaissant sa valeur et son utilité.Il reproche à l’auteur de manquer de jugement dans lechoix de ses matériaux, de eroire trop facilement auxfables des rabbins sur les origines de leurs livres, etmême de né pas les avoir toujours compris. Ce jugementa été généralement ratifié par les auteurs qui se sontoccupés de cet ouvrage. L’érudition de Bartolocci est endéfaut sur certains points importants. Il a inséré danssa collection des auteurs qui sont loin d’être Juifs, soitqu’il les ait crus tels, comme Moïse Amirauld et Nicolasde Lyre; soit à cause de leurs écrits, comme Aristote etsaint Thomas d’Aquin. Ce qui prouve néanmoins la valeurde cet ouvrage, ce sont les nombreuses dissertationsque lui a empruntées Biaise Ugolini pour son Çàe§£fârus antiquitatum, les citations qu’en fait Calmet IflfMaBibliothèque sacrée, Paris, 1728, et le profit qu’en atiré Chérubin de Saint-Joseph pour sa Bibliotheca critiosesacrse, Louvain et Bruxelles, 1704-1706.

On trouve dans l’Histoire des Juifs depuis Jésus-Christjusqu’à présent, pour servir de supplément à l’histoirede Josèphe (par J. Basnage, revue par Ellies Dupin), in-12, Paris, 1710, t. vil, p. 155-310, un catalogue alphaI. — 49

bétique des principaux rabbins et de leurs ouvrages, tiréde Bartolocci. — Voir Richard Simon, Bibliothèque critique, in-12, Paris, 1708, 1. 1, c. xxv; Jean Le Clerc, Bibliothèqueancienne et moderne, Amsterdam, 1821, t. xvi, ne part., p. 323; Morozzo, Cistercii reflorescentis chronologicahistoria, Turin, 1690; J. Petzholdt, Bibliothecabibliographica, 1866, p. 429. J. Olivieri.’BARUCH. Hébreu: Bârûk, «béni;» Septante: BapoûxNom de quatre personnages bibliques.

1. BARUCH, prophète, disciple et secrétaire de Jérémie.I. Notice sur Baruch. — Baruch, fils de Nérias, étaitfrère de Saraïas, un haut personnage de la cour de Sédécias.Jer., Ll, 59. On ne sait ni quand ni comment il selia avec Jérémie. Il apparaît soudain comme son discipleet son secrétaire. Il écrivit sous sa dictée un volume deprophéties, qu’il lut un jour d’une des cellse du templeau peuple assemblé. Joakim, dont le livre traversait lessecrets desseins, se le fit apporter, en lut trois ou quatrepages, et le jeta au feu. Il ordonna même d’arrêter l’auteuret l’écrivain, mais Dieu les cacha et les sauva. La mêmeannée, peu après, Jérémie prit un autre parchemin, etBaruch y écrivit, outre les prophéties déchirées, d’autresprophéties que son maître lui dicta. Jer., xxxvi, 4-32; xlv. Il eut un instant de découragement, mais Dieu relevason courage, en lui promettant la vie sauve, quandviendrait «le jour de Jérusalem». Ce jour vint, en effet, et le prophète échappa. Il fut même traité avec faveur parNabuzardan, qui le laissa libre, ainsi que Jérémie, derester en Judée ou de partir. Il se retira avec son maîtreà Maspha, où Godolias avait rassemblé les tristes restesdes Juifs laissés dans leur pays. Godolias ayant été tué partrahison, la petite colonie voulut fuir en Egypte. Jérémie, consulté, s’y opposa. On rejeta sur Baruch l’opposition duprophète. On passa outre, et on les emmena tous deux àTaphnis, à l’entrée de l’Egypte. Jer., xliii. — Cinq ansaprès, en 583, Baruch se retrouve à Babylone, où Jérémiesans doute l’avait envoyé. II y lisait, au jour anniversairede la prise de Jérusalem, un écrit composé parlui, et dont la lecture fit sur les captifs présents un grandeffet. Il fut renvoyé avec ce livre, une lettre et quelquesoffrandes, à Jérusalem, aux frères restés au milieu desruines. Puis il rejoignit son maître en Egypte. Là s’arrêtel’histoire. — La tradition et la légende ajoutent plusieurstraits. ^Voici ce qu’elles disent. Tradition chrétienne: Tous deux, le maître et le disciple, seraient morts enEgypte, lapidés par leurs ingrats concitoyens. Légendesjuives: Tous deux auraient été ramenés d’Egypte enChaldée, en 578, par Nabuchodonosor, et seraient mortsà Babylone. Autre légende: Baruch s’y serait réfugiéaprès la mort de Jéfémie, et y serait mort en 576, etmême beaucoup plus tard. Autre légende: Il aurait étéle maître d’Esdras, lequel ne serait monté en Judéequ’après la mort du vieux prophète. Tout cela est incertain, et même en partie incroyable. Voir Kneucker, BasBuch Baruch, p. 2-4. — Le livre dit de Baruch estformé d’un écrit dont il est l’auteur, et d’une épltre quiest de Jérémie.

IL Analyse et division du livre. — Il s’ouvre parune courte notice historique, suivie d’une lettre. La noticeest de l’auteur lui-même, qui rapporte comment il alu son livre aux captifs réunis autour de lui, nommémentàJéchonias, et comment ils en ont été très émus. LajpHgb0t des exilés eux-mêmes, qui l’envoient par Baruch^iPlëjïrs frères de Jérusalem; ils les invitent à offrir àDieu, dans le temple, un sacrifice ((livva; hébreu: minhah) avec le peu d’argent qu’on leur remettra; àprier «pour la vie de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et pour la vie de Baltassar son fils»; à lire entre eux, aux jours de fêtes, le livre qui leur sera apporté parBaruch, son auteur (i, 1-14). — D. y a dans ce livre, selonl’opinion commune et ancienne, deux parties distinctes.

La première (i, 15-m, 8) est une prière et une humbleconfession du peuple repentant. À Jéhovah notre Dieula justice, à nous et à nos pères la honte et la confusion; car du jour où nous fûmes tirés de l’Egypte, nous n’avonsguère cessé d’être inattentifs, incrédules, insoumis auxprophètes. Nous avons péché par désobéissance. AussiDieu a-t-il amené sur nous les maux dont il nous menaçaitpar ses serviteurs les prophètes; nous avons été livrésà tous les rois d’alentour, dispersés parmi les peuples; «mis au-dessous et non pas au-dessus» ( ii, 5). — Nous leconfessons, nous avons péché, nous avons agi en impies, ô Jéhovah notre Dieu. Mais arrêtez votre colère, écouteznotre prière, et délivrez-nous à cause de vous et de votrenom, à cause de notre pénitence et des maux extrêmesque nous souffrons dans cette servitude, à cause enfindes promesses que vous avez faites de nous ramener dansle pays de nos pères, pour n’en plus sortir. — Et maintenant, ô Dieu tout-puissant, exaucez-nous. Ayez pitié denous, parce que vous êtes bon et que nous avouons noscrimes. Oubliez les iniquités de nos pères; car vous êtesnotre Dieu, loué par nous, dispersés et captifs. — Toutporte à croire que cette prière touchante devint très vitefamilière au peuple affligé. On la répéta partout, et c’estce qui explique qu’on en retrouve des traces dans Daniel, ix, 6, 15. — La seconde partie (m, 9-v, 9) est uneexhortation du prophète au peuple. Le peuple se flétrit(bâlâh) en terre étrangère. Pourquoi? C’est parce qu’il aabandonné la sagesse. Mais où est-elle, cette sagesse? quila connaît? qui peut la révéler? Ce ne sont ni les roiset les grands, ni les sages de Théman, ni les peuples quise livrent au négoce: ils n’ont pas connu la sagesse, ilsne sauraient la révéler. Dieu seul, omniscient, créateuret modérateur du monde, sait où elle repose. Il l’a révéléeà Jacob son fils, à Israël son bien-aimé. Puis il l’a faitapparaître sur la terre et converser avec les hommes; c’est la Loi, c’est le livre des préceptes de Dieu. Soyezsans crainte, ô Israël! Vous êtes livré au malheur. Jérusalem, que le prophète fait parler, s’en plaint, et auxnations voisines, et à ses fils eux-mêmes, qu’elle dit nepouvoir pas secourir: ils ont péché, c’est pourquoi Dieufait tomber sur eux tous les maux. Mais tout cela changera.Les dispersés reviendront d’orient et d’occident, pleins de joie et d’honneur. Jérusalem ensuite est invitéeà se revêtir de gloire et de magnificence. Ses fils, qu’ellea vus partir captifs, lui reviendront portés comme sur destrônes. Ils reviendront par des chemins aplanis, ombreuxet pleins de lumière: l’allégresse, la miséricorde et lajustice de Dieu seront avec eux. Tel est le sujet du livrede Baruch.

III. Unité du livre. — L’analyse qui précède metcette unité hors de doute. Une même pensée domine, en effet, dans les deux parties, et l’une appelle l’autre» l’humiliation et l’aveu de la justice du châtiment selient naturellement au relèvement et à la gloire. C’estlà l’opinion catholique. Plusieurs écrivains affirment lecontraire et distinguent dans le livre deux (et mêmetrois) écrits séparés; mais les raisons sur lesquelles ilss’appuient sont très faibles. Ils disent 1° que la langueet le style sont bien différents dans les deux parties: la première en général ne vaut pas la seconde à cetégard. Soit, mais cette différence admise s’explique autrementque par la diversité d’origine; on l’expliquemieux par la diversité du sujet, ce qui en outre est plusnaturel. Ils disent 2° que les références scripturaires nesont pas les mêmes dans les deux parties: Isaïe est citédans la première, et Jérémie surtout dans la seconde.Soit, mais cela ne prouve rien. D’ailleurs ce n’est pas absolumentexact. Ils disent enfin 3° que l’on constate dansla seconde partie des traces de philosophie grecque et destermes alexandrins qui ne se trouvent pas dans la première.Il n’en est rien, car la philosophie de ce livre estempruntée, non pas aux écrits alexandrins, mais à l’Écritureelle - même, à Job nommément. Quant aux mots un

BARUCH

1478

censés alexandrins, 0. Fritzsche, qui a trouvé cette preuve, n’en cite que trois: iii, 23 ((luSôXo’yoi); iii, 24 (4 ofxoçtoO 6soû = l’univers); iv, 7 (gaipiôvia = idoles). Un deces trois mots, le second, est biblique, car on le voit déjàGen., xxviii, 17; les deux autres sont très probablementdu traducteur, qui, imitant en cela les Septante, a renduen style grec l’idée plutôt que le terme hébreu. Knabenbauer, Comment, m Danielem, p. 444. Il n’y a doncaucune bonne raison pour s’écarter du sentiment communet croire avec quelques rationalistes, contredits d’ailleurspar d’autres, que le livre est formé de deux ou trois écritsjuxtaposés.

IV. Auteur du livre. — Il n’est pas douteux que Baruchne soit cet auteur. Il n’aurait fait, dit-on, qu’ «écrire», i, 1, ce que dictait Jérémie; mais c’est faux. Il a composé lui-mêmeson livre. On le prouve par la tradition tout entière, qui n’a jamais varié. On peut aussi le prouver parle livre lui-même. On y lit, i, 1: «Ces paroles sont cellesdu livre qu’écrivit Baruch.» On doit croire à cette assertion, à moins qu’elle ne soit montrée fausse. Or tant s’enfaut qu’elle soit fausse, que tout, au contraire, en établitla vérité. Les données du livre coïncident, en effet, avecce que l’on sait par ailleurs de Baruch et des temps oùil vécut. Comme disciple et scribe de Jérémie, il doita priori imiter le mode de penser, le style et les procédésde son maître. C’est ce qui a lieu. Les grands traitsde son livre: — que Dieu punit justement les Juifs coupables; qu’ils ont violé ses préceptes dès l’origine, malgréles avertissem*nts des propriétés; que Dieu, qui veille, a amené sur eux les maux dont ils souffrent; qu’ils nedoivent pas, malgré cela, désespérer, car un temps derestauration et de gloire va venir, — sont aussi la trame desprophéties de Jérémie. Quelques-unes de ses expressions, les caractères de son hébreu, autant qu’on en peut jugerpar une version, rappellent Jérémie. Il n’y a pas jusqu’àses citations d’écrivains sacrés, Moïse, Isaïe, qui ne fassentsouvenir de Jérémie, si coutumier de ce fait. Puis, tout ceque dit le livre, de la date où il fut écrit, de l’incendiede la ville et du temple, i, 1, 2, des vases d’argent faitspar Sédécias, 1, 8; des prières pour Nabuchodonosor etson fils, car dans la paix de leur régne est la paix desexilés, I, 11, 12; Jer., xxix, 7; des péchés commis, del’exil encouru par eux et qui sera très long, i, 12; Jer., xxix, 10, etc.: tout cela fait penser au début de l’exil; c’est l’expression de sentiments éprouvés par l’auteur. Lelivre en lui-même est donc une preuve, sinon péremptoire, du moins très probable, de la vérité de l’attributiondont il s’agit.

Les rationalistes, en général, ne sont pas de cet avis. Ilscroient que ce livre n’est ni de Baruch ni de son temps, car il contient des erreurs et des invraisemblances qu’onne s’explique pas autrement. Il y est dit que Baruch a luson livre à Babylone, qu’il l’a lu devant Jéchonias (i, 3), ce qui ne saurait être, car, à cette date, Baruch était enEgypte, et Jéchonias vivait dans une étroite prison; — qu’ildoit remporter les vases d’argent faits par Sédécias (i, 8): ces vases, qu’avait pillés le Chaldéen, ne sont mentionnésnulle part; — qu’il remettra au grand prêtre Joakim dequoi offrir des sacrifices sur l’autel, dans le temple (i, 10); mais il n’y avait plus ni autel ni temple, et le grandprêtre d’alors, Josédek, était en exil; — que le peupleépargné et resté en Judée priera pour Nabuchodonosor etpour son fils Baltassar (i, 11), ce qui est une invraisemblance: on ne prie pas pour ses tyrans, et une erreur: le fils de Nabuchodonosor était Évilmérodach et non Baltassar; — que le peuple exilé et captif a vieilli (iitoCkoutâ^i; )en terre étrangère (m, 10), ce qui est faux, puisque la plupartn’étaient à Babel que depuis cinq ans. Enfin, ajoute-t-on, ce livre porte des traces certaines d’emprunts faits àDaniel et à Néhémie, ce qui en abaisse la date aprèseux et en enlève la composition à Baruch. — Tout celaest spécieux, mais cependant sans valeur. En effet, rienne s’oppose à ce que Baruch, qui vivait avec Jérémie,

soit allé d’Egypte à Babylone, la cinquième année del’exil, et qu’il y ait lu le livre en question. Il a trèsbien pu le lire’aussi devant Jéchonias, car ce roi, quis’était rendu volontairement aux Chaldéens, paraît avoirjoui en exil d’une certaine liberté, si bien que plus tardil put même s’asseoir à la table royale. IV Reg., xxv, 27-30. Nulle part ailleurs, c’est vrai, il n’est question desvases de Sédécias; mais qu’importe? le fait est des pluscroyables, et en outre il est attesté ici. Puis, s’il est parléde sacrifices à offrir au temple, ce n’est pas à dire quecelui-ci fût encore debout: l’emplacement, les gros mursépargnés par le feu, une certaine et hâtive constructionou réparation, peuvent bien être appelés la maison deDieu; Jérémie, xii, 5, atteste du reste que les Sichémitesy ont offert des présents, en hébreu, minhah, lemême mot que dans notre texte. De plus, Joakim, àqui ces offrandes sont adressées, n’est pas traité de grandprêtre; il est appelé simplement prêtre (ô îepeùç), sansdoute le chef des lévites assemblés et vivant autour desruines; mettons qu’il était peut-être un vice-grand prêtre.Que s’il est dit ensuite que l’on priera pour les rois babyloniens, il n’y a rien en cela que de naturel; car Jérémiedit absolument la même chose, quoique la captivité fûtencore loin, et elle devait durer longtemps. Quant à Baltassardonné comme étant fils du conquérant babylonien, c’est une assertion de notre auteur, et je crois qu’on nepeut s’en écarter sans raison. Connaît-on bien par ledétail toute l’histoire de ces temps? Il y a quelque dix ansà peine que l’on ignorait l’existence d’un frère plus jeunede Nabuchodonosor, nommé Nabusulisia. Qui oserait nierdécidément que le grand roi n’ait eu un fils du nom deBaltassar, mort avant lui et ayant laissé ses droits à Évilmérodachson frère? N’insistons pas sur la difficulté faiteavec le grec 17taXai(66ï); : tout hébraïsant sait que les Septanterendent par là le verbe bdlâh, qui signifie «êtreflétri», sans annotation de durée. — Enfin l’imitation deDaniel, qui se voit, dit-on, dans la première partie dulivre, n’est rien moins que constatée. Baruch et Danielse ressemblent, c’est très vrai. Mais lequel des deux aimité ou copié l’autre? Les deux textes collationnés nepermettent pas de trancher la question. Nous croyonsque c’est Daniel, parce que la prière de Baruch a été luetrès certainement en Israël dès la captivité, et qu’elle acontinué de l’être plus tard, de sorte que Daniel, lecteurassidu de Jérémie, l’aura connue et s’en sera inspiré. Lesrationalistes en définitive sont donc mal venus à rejeterpour cela l’authenticité du livre. Il est certainement deBaruch. Cornely, Introduct., ii, 2, p. 420 et suiv.; Knabenbauer, Daniel, Baruch, p. 436 et suiv.

Du reste, assez unanimes pour nier, ils se divisentétrangement s’il s’agit de fixer la date et de nommerl’auteur: ils ont là-dessus les hypothèses les plus personnelles; les uns en font une œuvre indivise; d’autresy voient la réunion de deux ou trois écrits ayant chacunson auteur, auteurs d’ailleurs inconnus. La date du livrevarie presque avec chaque critique: Dillmann l’attribue auIVe siècle; Grûneberg, au temps des deux premiers Ptolémées; Hàvernick, au temps des Machabées. H. Ewalddiscerne deux écrits, qu’il place, le premier, à la fin de ladomination persane, l’autre, vers l’an 320. Mais ailleursil exprime une opinion différente. E. Reuss date le premierécrit des Ptolémées, et renvoie l’autre après lesguerres machabéennes. Plusieurs enfin rejettent le toutaprès l’an 70. J. Kneucker, qui a beaucoup étudié ce livre, est de ce nombre. Il met d’abord en doute l’historicité ttSferécit (i, 1-14); bien à tort, nous l’avons vu. Puis il rapporteen détail tout le livre à la ruine de Jérusalem parTitus, en l’an 70. Le prouve-t-il? Très certainement non.Impossible d’admettre son système. En deux mots, il croittrouver, dans le livre, la ville et le temple incendiés, détruits par Vespasien et Titus; les Juifs tués pu venduscomme esclaves, servant de gladiateurs aux jeux ducirque, appliqués à la construction de l’amphithéâtre fia

vien, puis des thermes de Titus; la Judée représentéeen vaincue et en captive; les tremblements de terre etmême l’éruption du Vésuve (! ), qui désolèrent la Campanieen 79. Et il voit sérieusem*nt tout cela dans Baruch, H, 31-35, et surtout iii, 16-18. Une opinion qui se réclamed’une pareille preuve est jugée. Les autres, celles deGrûneberg, de Hàvernick, d’Ewald, de Reuss, ne sont pasmieux fondées. Inutile de les discuter.

V. Inspiration et canonicité du livre. — Le livre estinspiré. On le prouve par les raisons ordinaires: il estprobablement connu de Daniel, qui s’en sert; fait partiede la Bible hébraïque après l’exil; est traduit en grecet passe comme les autres dans les Septante; les anciennesversions le possèdent, mêlé aux autres indistinctement, comme on le voit par les vieux manuscrits; ilest lii, par conséquent, dans les offices liturgiques; il estmême lu officiellement par les Juifs, tous les ans, à unjour marqué. D’autre part, il est, — à certaines exceptionsprès, — sur toutes les listes ou canons. Il est citéenfin par les Pères, très souvent depuis saint Irénée, comme un écrit inspiré. Voici toutes ces citations, d’aprèsH. Reusch (Erklàrung des Buchs Baruch, p. 1-21), leP. Tailhan (dans Kilber, Analysis biblica, 1. 1, p. 428) et desrecherches personnelles: Athénagore, Légat, pro chr., 9, t. vi, col. 908; S. Irénée, Adv. hser., v, t. vi, col. 1034, 1219 ( Bar., iv, 36, 37, et v tout entier); Clément d’Alexandrie, Psedag., i, 10; ii, 3, t. viii, col. 357, 360, 433, 436: xaYx.i.u>t £) (ÎEta XéyEt yça^-rj, cf. S. Davidson, The Canonof the Bible, p. 101, 102; Origène, Hom. ri in Escod., t. xiii, col. 581; xiv, 254, 1000; S. Denys d’Alexandrie, De martyr, ad Orig., c. il (éd. romana, 1796, p. 18); S. Hippolyte, Cont. Noet., ii, 5, t. x, col. 805, 809; Tertullien, Scorp. cont. gnost., 8, t. ii, col. 137; S. Cyprien, De orat. dom., t. iv, col. 522; Firmicus Maternus, Deerrore, 29, t. xii, col. 1044, 1045; Commodien, Carm.apol., v, 371, t. xv Corp. script, eccles., Vienne, 1887, p. 139; S. Hilaire, t. ix, col. 482; t. x, col. 127, 155; S. Phébade d’Agen, t. XX, col. 44; Zenon de Vérone, t. XI, col. 410; S. Philastre, t. XII, col. 1265 (note c); S: Ambroise, t. xv, col. 181, 327, 1005; S. Athanase, Epist. fest., t. xxvi, col. 1176, 1436; t. xxv, col. 443; cꝟ. 450; t. xxvi, col. 35, 318, 50, 235, 251, 298, 547, 1023, 1214, 350; Didyme, t. xxxix, col. 399 ( Jeremias vero etiamaut Baruch), 467, 555, 1358, 1752; S. Cyrille de Jérusalem, ’Catech., iv, 31, t. xxxiii, col. 500; S. Méthode, t. xviil, col. 143, 374; Eusèbe de Césarée, t. xxii, col. 467(taïç ÔEiatç tpwvaic), H37; t. xix, col. 461; t. xxiv, col. 947; S. Basile, t. xxix, col. 706; S. Grégoire de Nazianze, t. xxxv, col. 950; t. xxxvi, col. 122; S. Éphrem, Serm.adv. jud. (Op. syr., iii, p. 213); S. Basile de Séleucie, t. lxxxv, col. 439; Théodoret, t. lxxx, col. 1374; t. lxxxi, col. 759-779 (commentaire sur Baruch: AdmirandusBaruch); S. Jean Chrysostome (édit. Gaume, 1. 1, p. 695; t. iv, p. 793, 794; t. v, p. 234, 274; t. vi, p. 14); S. Épiphane, t. xl, col. 998 [ut Scriptura dicit), 1007; t. xlii, col. 251, 286, 378, 814, 822; t. xliii, col. 166; Rufin, Patr.lai., xxi, 344; S. Augustin (édit. Gaume, t. viii, p. 405, 1136; t. vii, p. 652 [alius propheta], S’il; t. x, p. 1384, 1421, 1433); Anonyme, De voc. Gent., Patr. lat., t. ii, col. 861; Paul Orose, t. xxxi, col. 1198. — Remarque: Entre toutes ces citations, il en est une qui revient incessamment, c’est celle de Bar., iii, 36-38; on a constaté quependant les cinq premiers siècles plus de trente Pèresavaient usé de ce texte, l’attribuant ou à Baruch ou àJérémie, en tout cas le regardant comme inspiré. — Lelivre n’a pas toujours été regardé partout comme canonique.Vers le IV 8 siècle, il n’était pas inséré au canonunanimement; on doutait; on niait même qu’il fut inspiré; c’était le fait de quelques Pères, même de quelquesÉglises. Mais cette hésitation ne persista pas: au VIe siècle, elle avait presque complètement cessé. Le concile deTrente, après d’autres, rangea Baruch parmi les livresinspirés, sans distinction; il en. a toute l’autorité sacrée

et canonique, car, comme ceux-ci, il a été proposé parl’Église comme ayant Dieu pour auteur.

VI. Texte et versions du livre. — Le texte primitifa été écrit en hébreu. Le seul fait d’avoir Baruch pourauteur suffirait à le montrer. Mais il y a d’autres preuves.Il fit partie du canon juif; il fut lu officiellement dans lessynagogues, ce qui indique certainement un texte hébreu.Origène d’ailleurs, nous l’avons dit, l’a marqué de ses signesdiacritiques, ce qu’il ne faisait que pour les livres qu’il avaiten hébreu. Du reste, un manuscrit syro-hexaplaire porteà la marge ces mots significatifs: «Ceci ne se trouve pasen hébreu,» et cela en trois endroits. Théodotion enfina traduit l’écrit de l’hébreu. L’hébreu est donc bien letexte original. — Mais n’auraiton pas ces preuves, quele grec actuel le prouverait assez. Il est, en effet, si remplid’hébraïsmes, qu’on ne saurait douter qu’il provient del’hébreu. Quelques-uns pourraient à la rigueur venir d’unJuif helléniste, sachant le grec des Septante; mais plusieursautres ne s’expliquent que par l’hypothèse d’un hébreu original.Les voici: u.âvva (i, 10), de minhâh (Vulgate: manna); èpyâCs<j6cu (i, 22), de’âbad;» v’^âpto^vi (i, 17), de’aSér; wç i r|[iipa ocO’tï) (i, 20), de kayôm hazzéh; $6>.&-i]mç(n, 29), de hâmôn; ou… èxeï (n, 4, 13, 29), de’asér…sâm; xocMo-Ôoci (v, 4), de niqrâ’; cMpwiroç (n, 3), de’îs; àizoatokf] (il, 25), de dâbâr pour débér, etc. VoirJ. Kneucker, Baruch, p. 23-29; cf. Reusch, Baruch, p. 72-78. La plupart des protestants, du reste, ne fontpas difficulté pour admettre un original hébraïque. Que siplusieurs défendent le grec, ils sont en petit nombre, etles raisons qu’ils invoquent ne convainquent pas. Toutaussi peu croyables sont ceux qui, comme O. Fritzsche, veulent que la première partie ait été écrite en hébreu, et la seconde en grec. Quoi qu’il en soit, le texte hébreuest perdu. Origène le posséda certainement; mais peuaprès lui il avait déjà disparu, car S. Jérôme ne l’avaitplus. On a tenté depuis de le restituer. Un de ces essais, le meilleur, je crois, est celui de J. Kneucker. Ce n’estpas que tout y soit absolument certain, non; il indiquelui-même par des signes les glossèmes et les leçons ouadditions textuelles qu’il conjecture, mais le choix de sesmots, la forme de son texte est justifiée par les notestrès riches de son commentaire. Baruch, p. 351 et suiv.La version grecque a été faite sur l’hébreu; c’est laseule version immédiate que nous ayons. On ne sait quelen fut l’auteur. Il se pourrait que ce soit le traducteur deJérémie, ce qui porte à le croire, c’est la ressemblanceconstatée entre les deux traductions, même dans leursdéfauts. Cornely, Introduct., t. ii, part. ii, p. 424; Knabenbauer, Daniel, p. 444. Ce n’est pas l’opinion de J. Kneucker, qui exige deux traducteurs, appuyé sur les différences deversion qu’il croit remarquer entre les deux parties dulivre (Baruch, p. 76 et suiv.); mais sa conclusion n’estpas rigoureuse. Knabenbauer, Daniel, p, 444, 445. Laversion grecque est représentée actuellement par plusieursmanuscrits, que Fritzsche divise en trois classes, l’unecomprenanlles mss. 22, 48, 51, 231, 62, 96, auxquels onpeut ajouter les mss. 36, 49, 26, 198 (en partie) et 229; l’autre, les mss. iii, 33, 70, 86, 87, 88, 90, 91, 228, 233, 239; la troisième, les mss. mixtes xii, 23, 106. On peut avoirpar là en somme un texte grec très pur, notamment avec lems. À Vaticanus et les mss. iii, xii, 22, 233, 239. J. Kneucker, Baruch, p. 92, 93 et 97. — La version latine vientdu grec, c’est l’ancienne Itala avec ses défauts et ses.qualités. S. Jérôme n’a pas touché à ce livre, on lesait. On peut dire qu’elle rend le grec servilement: onle voit à la latinisation de mots grecs, aux provincialismes; qui s’y trouvent, et à l’usage des pronoms ille, ipse, quitiennent lieu de l’article grec. Knabenbauer, Daniel, p. 445. On a deux recensions de ce texte: l’une que l’on, -appelle Vêtus latina a, l’autre Vêtus latina b; celle-cidiffère de la première par plus d’élégance, de brièvetéen général, par quelques additions et des sens divers. Lapremière donne le texte grec vulgaire, l’autre le textuz

receptus, lorsqu’elle s'écarte de sa voisine. Du reste, onn’est pas encore fixé sur le rapport exact de ces deuxrecensions. On les trouve dans Sabatier, Bibl. sacr. lat.Vers, ant., Paris, 1751, t. ii, p. 773 et suiv., et dans Bibl.Cassinens., i, 284-287. Cf. J. Kneucker, Baruch, p. 141-163.les autres versions anciennes médiates, syriaques (deux), copte, . éthiopienne, arabe, arménienne, ont moins d’importance. Voir J. Kneucker, qui en fait la critique, Baruch, p. 163 et suiv.

VII. Prophéties messianiques du livre. — On regarde.comme prophéties messianiques Bar., ii, 34, 35; iv, 37-v, 9, et surtout iii, 36-38. On en prouve la messianité par les raisons connues: raisons d’autorité et raisons tirées du sujet.Ne parlons pas des deux premières, ce sont des prophéties très générales, comme on en trouve plusieurs; ellesrenferment trois grandes idées; 1° le retour d’Israël et

le sujet logique du ꝟ. 37 est le Messie. Le syriaque estcomme la Vulgate, il rapporte ces verbes au Messie, laSagesse personnelle, témoignant ainsi que ce texte estmessianique. La tradition du reste est explicite à cetendroit. Voir Knabenbauer, Baruch, p. 488, 489, donnantles noms de vingt-cinq Pères ou écrivains grecs et latinsqui entendent ce passage du Messie. Cf. H. Reusch, Baruch, Anhang, p. 268-275. À vrai dire, on l’interpréterait difficilement en un autre sens; c’est pour cela peutêtre que quelques rationalistes en nient l’authenticité.J. Kneucker, Baruch, p. 311-313. Voir, pour l’interprétation de ces prophéties, L. Reinke, Beitràge zur Erklârungdes Alten Testament, t. iv, Munster, 1855, xii.

VIII. Épître de Jérémie, Bar., vi. — Les manuscritsgrecs, en général, séparent cette lettre du livre même deBaruch; c’est un écrit distinct, qui vient après les Lamen454. — Procession des dieux. D’après Laj-ard, Monuments of Nineveh, t. i, pi. 65.

son expansion par tout l’univers; 2° la paix et le bonheurau sein duquel il vivra éternellement; 3° l’action proprede Dieu, cause de ce retour et de cette félicité. Voir spécialement Bar., v, 1-5: c’est une très poétique description de la Jérusalem du retour, ou mieux de l'Église. —^Expliquons la troisième prophétie. En voici le texte:

Tel est notre Dieu,

Et nul autre ne lui est comparable.

C’est lui qui sait et possede’toute sagesse:

Et il l’a donnée à Jacob, son serviteur,

Et à Israël, son bien-aimé.

Après cela on l’a vue sur la terre,

Et elle a conversé parmi les hommes. Bar., iii, 36-38.

Il s’agit dans tout ce chapitre de la sagesse. L’auteur encherche les origines. Ayant dît qu’elle ne s’acquiert ni paror et argent, ni par force et pouvoir, ni par échange, il.affirme enfin qu’elle est en Dieu; c’est lui, le Dieu uniqueet vivant, qui la possède toute; c’est lui qui l’a donnée àIsraël en lui donnant la Loi: la Loi est cette sagesse.Après cela (nz-à toûto), on l’a vue sur la terre, et elle-est entrée en rapport avec l’homme..Grammaticalementparlant, le sujet des deux verbes ù'ç6r| et o-uvav «rrpâ(pr|(ꝟ. 37) est la sagesse, c’est certain. La sagesse de Dieu, est-il donc dit, s’est manifestée en Israël par la Loi et laRévélation, au Sinaï, dans le désert, dans Sion, au temple, par les prophètes. Sa suprême manifestation s’est faitedans le Messie, la Sagesse personnifiée et incarnée, quis’est préparé les voies en Israël par la Loi et les prophètes. Voir Knabenbauer, Baruch, p. 489. C’est pourquoi

tations. Il n’est pas douteux qu’il ne soit de Jérémie. L’entête, en effet ( vi, 1), le donne comme étant de lui, et iln’y a aucune espèce de raison pour révoquer en doutecette attribution. On objecte bien que la lettre a été écrite engrec, et qu’elle recule le temps et la durée de l’exil aprèssept générations, tittâ y ev - a c> contrairement à ce qui estdit Jer., xxv, 11. Objections sans valeur, car le grec dela lettre, quoique meilleur que celui du livre, trahit cependant la version; c’est l’hébreu qui est le texte original. Puis le chiffre de sept générations ne contredit pasles soixante-dix ans de Jérémie; car, sans recourir auxtrois ou quatre solutions possibles de cette difficulté, on doit admettre que le mot ysvsa répond à l’hébreu dôr; or, en soi,-dôr signifie simplement «durée», sans détermination. Les sept générations n’exprimeraient donc pasautre chose qu’une «longue durée». Outre ces deuxpreuves d’authenticité, il en est une autre, consistantdans la parfaite convenance des choses dites avec letemps et la science de Jérémie. C’est- à- dire que les détails si précis, si multiples, donnés par la lettre, répondentsi bien à l’histoire connue, que seul un contemporaincomme Jérémie, lequel pouvait les avoir appris dansses voyages en Chaldée, a pu les exprimer avec tantde vérité. Voir, pour cette preuve, Knabenbauer, Bai~uch, p. 447 et suiv., avec références à M. Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 3e édit., t. IV, p. 308 et suiv., et au P. G. Brunengo, L’Impero di Babilonia, etc., t. i, p. 71; t. ii, p. 330. Tout cela établit que la lettreest vraiment authentique. — Affirmons par conséquent

qu’elle est inspirée et canonique. D’abord" on n’a aucunécrit de Jérémie qui ne le soit; puis les Juifs l’ont toujoursregardée comme telle. Les Pères en outre la citentcomme Écriture, et quelques-uns même, comme F. Matemus, De errore, 29, Patr. lat., t. xii, col. 1044, abondamment.On la trouve nommée dans plusieurs listesgrecques. Si des catalogues latins ne la mentionnent pasexpressément, c’est qu’ils la comprennent dans le livrede Baruch. Elle est alléguée II Mach., ii, 2. — Elle a pourobjet de prémunir contre le péril d’idolâtrie les Juifsvaincus, que Nabuchodonosor allait transporter à Babylone.Le péril était grand, en effet. Us allaient voir enAssyrie des dieux, des temples, un culte, des théories ouprocessions d’un éclat étrange, inouï (fig. 454). Ils s’entendraientdire par les Chaldéens: «Voici nos dieux; ils ontvaincu le vôtre, eux seuls sont dieux.» Ils allaient vivre, et longtemps, en pleine idolâtrie. Vigouroux, loc. cit.Quel péril, quelle séduction pour eux, si enclins par natureà adorer les dieux des nations! Jérémie eut la clairevue de ce pressant danger, et il voulut le conjurer enécrivant cette lettre. Il y développe cette idée: «Ce nesont pas des dieux; ne les craignez pas, ne les adorezpas,» qu’il répète jusqu’à douze fois dans les soixante-douzeversets de ce petit écrit (14 et 15, 22, 28, 39, 46, 49, 51, 55, 63, 64, 68, 71). Il l’établit par les raisonnementsles plus simples. Son style d’ailleurs est très ordinaire.Tout cela, style et choix des preuves, tient augenre de lecteurs qu’il devait avoir. Il écrivait pour lepauvre peuple, inaccessible en général aux raisons abstraiteset raffinées. — Il y a dans sa lettre quatre penséesprincipales. Il y prouve la vanité des dieux babyloniens: 1° par la matière dont ils sont faits: c’est de l’or, de l’argent, du bois, de la pierre, et ils ne valent pas mieux queles carrières et les forêts d’où ils sont tirés; 2° par la turpitudedu culte qu’on leur rend: c’est par la prostitutiondes vierges qu’on les honore (Voir J. Menant, Babyloneet la Chaldée, Paris, 1875, p. 230 et suiv.); 3° par l’inutilitédes honneurs dont on les entoure; 4° et par leurtotale et absolue impuissance: ils ne sauraient se défendreeux-mêmes contre le feu, les voleurs, la rouilleou les vers; s’ils tombent, ils ne se relèvent pas; ils nepeuvent même pas marcher, il faut qu’on les porte; leshiboux, les hirondelles, les corbeaux et les chats se promènentimpunément sur eux. Non, ils n’ont aucunevertu; ils ne valent même pas le soleil et les astres quinous éclairent, les bêtes vulgaires qui servent à l’homme.Il est donc évident que ce ne sont pas des dieux, et qu’il nefaut pas les craindre. Toute cette exhortation est précédéed’une notice très brève (1 et 2), où l’auteur donne la causede la captivité, annonce qu’elle durera de «longs temps», après quoi toutefois Dieu ramènera les exilés en paix.

IX. Auteurs principaux ayant spécialement écrit surBaruch. — Théodoret, Patr. gr., t. lxxxi, col. 760-780; Olympiotfore, Patr. gr., t. xciii, col. 761-780; M. Ghislerius, In Jerem. comment., Lyon, 1623, t. m; Albertus M., Oper., édit. Jammy, t. vin; J. Maldonat, Comment, inJerem., Baruch, etc., Lyon, 1609 (œuvre posthume); Christ, de Castro, Commenlarior. in Jet-., Bdruch librisex, Paris; 1609; Gasp. Sanchez (Sanctius), Comment, in Baruch, Lyon, 1621; Lœl. Bisciola, Discursus trèssuper epist. ad captivas, Côme, 1621; P. Lanssellius, Comment, in Baruch, Anvers, 1624 (dans Biblia sacracum notationibus Emm. Sa et scholiis J. Menochii, etc., et dans Bibl. Veneta, vol. xix); * L. Cappel, Notse criticsein libr. Baruchi apocryph., Amsterdam, 1689; L. de Foix, Les prophéties de Baruch, Paris, 1788; * R. Arnald, A critical Commentary on such Books of the Apocrypha, Londres, 1780 et 1820; * B. Bendtsen, Spécimen exercitationunxcriticarum in Veteris Testamenti librosapocryphos, Gœttingue, 1789; * Grûneberg, Exercitatiode libro Baruchi apocrypho, Gœttingue, 1797; * J. Frânkel, Hagiographa posteriora denominata apocrypha inling. hebr. conversa, Leipzig, 1830; * O. F. Fritzsche,

Kruzgefasstes exegetisches Handbuch zu den Apocryphendes Alten Test., erste Lieferung, Leipzig, 1851, p. 167220; C. A. Wahl, Clavis libror. V. T. apocryph. philologica, sect. i, Leipzig, 1853; H. Reusch, Erklârung desBuchs Baruch, Fribourg - en-Bade, 1853; Trochon, LaSainte Bible, les Prophètes Jérémie, Baruch, Paris, 1878; * J. Kneucker, Dos Buch Baruch (histoire, critique, version et commentaire, restitution du texte hébreu, ouvrage classique rationaliste), Leipzig, 1879; R. Cornely, Introduct., t. ii, part. 2, p. 4Il et suiv., Paris, 1887; J. Knabenbauer, Commentarius in Daniel, prophetam, Lamentationes et Baruch, Paris, 1891. E. Philippe.

2. BARUCH, lévite, fils de Zachaï. Après le retour dela captivité, il se montra plein de zèle, mnn, héfyêrâh,

pour reconstruire sa part des murailles de Jérusalem.II Esdr., iii, 20. La Vulgate a dû lire mnn, héhârâh;

car elle traduit «sur la montagne», indiquant ainsil’endroit où il travailla: ce pourrait bien être la vraie leçon.

3. BARUCH, un des prêtres qui, à la suite de Néhémie, signèrent le renouvellement de l’alliance théocratique.II Esdr., x, 6.

4. BARUCH, fils de Cholhoza et père de Maasia, de iatribu de Juda, un des descendants de Phares qui s’établirentà Jérusalem après la captivité. II Esdr., xi, 5.

5. BARUCH (APOCALYPSE DE), livre apocryphe. VoirApocalypses Apocryphes, col. 762.

6. BARUCH BEN BARUCH, commentateur juif de lafin du xvi s siècle, à Salonique, a laissé un commentairesur PEcclésiaste, intitulé: ’Êléh tôledôt’âdàm, «Voicil’histoire de l’homme.» Gen., v, 1. La première partie, QehiUat Ye’âgôb, «L’assemblée de Jacob,» Deut., xxxiii, 4, explique le sens littéral; la seconde, QôdésIsraël, «Le saint d’Israël,» est une interprétation allégorique.In-f°, Venise, 1599. E. Levesque.

7. BARUCH BEN ISAAC, commentateur juif, mort àConstantinople en 1664. Il est l’auteur du Zéra’bêrak, Cracovie, 1646, commentaire hagadique et homilétiquedu Pentateuque et des megilloth, c’est-à-dire desPsaumes, des Proverbes, des Lamentations, du Cantiquedes cantiques et de l’Ecclésiaste.

    1. BARUH Raphaël##

BARUH Raphaël, professeur d’hébreu en Angleterre, au xviiie siècle. On a de lui Critica sacra examined oran attempt to show that a new Method may be foundto reconcile the seemingly glaring variations in ParallelPassages, and that such variations consequently are noproofs of corruption or mistakes of transcribers, in-8°, Londres, 1775. Cet ouvrage est une réponse à la Criticasacra de Henry Owen. Baruh résout avec succès quelques-unesdes difficultés d’Owen contre les livres des Paralipomènes; mais il va trop loin quand il nie l’existence defautes de copistes dans le texte sacré. Owen lui a répondudans son Supplément to the Critica sacra, in-8°, Londres, 1775. — Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 18.

BAS. Les bas étaient inconnus aux anciens Hébreux.Ils avaient, comme généralement les Orientaux, les piedsnus dans leurs sandales, de sorte qu’ils se couvraientde poussière dans la marche, et qu’il était nécessaire deles laver en arrivant à la maison. Gen., xviii, 4, etc. Voircol. 1388. Les femmes portaient des bijoux aux chevillesnues, Is., iii, 16, et les pieds de l’épouse des Cantiques, vil, 1, étaient visibles entre les courroies de sessandales. Les Juifs faits prisonniers à Lachis par Sennachéribsont nu-jambes et nu-pieds, hommes et femmes

(fig. 455). Les envoyés israélites de Jéhu, représentéssur l’obélisque de Salmanasar, portent des sandales, maissans bas (fig. 37, col. 235).

    1. BASAÏA##

BASAÏA ( hébreu: Ba’ààêyâh, peut - être pourMa’àiéyâh, «œuvre de Jéhovah;» Septante: Baaat’ae), lévite de la branche de Gerson, ancêtre d’Àsaph, lefameux chantre du temps de David. I Par., vi, 40 (hébreu, 25).

    1. BASALTE##

BASALTE, roche noire volcanique, très compacte, composée essentiellement de feldspath, de pyroxèneaugite, d’oxyde de fer magnétique et, comme élémentcaractéristique, de péridot: c’est la forte proportion defer oxydulé qu’il renferme qui lui donne sa couleur et sadensité. Autrefois ce mot n’avait pas une attribution aussirestreinte; il s’appliquait à d’autres roches de nature à peuprès semblable, qui de nos jours ont reçu de nouveauxnoms; et même, chez les anciens, on comprenait souscette dénomination jusqu’à une syénite à grains fins,

quelques parties du" Liban. Mais le basalte, qui contientune très forte proportion de fer, était abondant en Galilée, et surtout à l’est du Jourdain. La fameuse stèle de Mésa(voir Mésa) est en basalte. E. Levesquë.

    1. BASAN##

BASAN (hébreu: Bâsân, Deut., xxxii, 14; Ps. xxii[Vulgate, xxi ], 13; lxviii [Vulgate, lxvii], 16; Is., xxxiii, ’9; Ezech., xxxrx, 18; Mich., vii, 14; Nah., i, 4; Zach., xi, 2; partout ailleurs, hab-BâSân, avec l’articledéfini; Septante: Bamiv, Num., xxi, 33; Deut., iii, 4, 11; xxix, 7; Jos., xii, 4; xiii, 30; I Par., v, 11, 12, 16, 23; Ps. lxvii [hébreu, lxviii], 22; Is., ii, 13; avec l’articleféminin, t| Boctov, Num., xxi, 33; xxxii, 33; Deut., i, 4; m, 1, 3, 10, 13, 14; iv, 47; Jos., ix, 10; xiii, 30; xxi, 6; III Reg., iv, 13; IV Reg., x, 33; I Par., vi, 62, 71; Ps. cxxxiv[hébreu, cxxxv], 11; cxxxv [hébreu, cxxxvi], 20; Jer., xxii, 20; avec l’article masculin, 5 Bauâv, Deut., xxxiii, 22; III Reg., IV, 19; II Esdr., ix, 22; t| Bauavmç, Jos., xiii, 11, 12, 30, 31; xvii, 1; xx, 8; xxi, 27; xxii, 7; Ezech., xxvii, 6; Am., iv, 1; Mich., vii, 14; Nah., i, 4; Zach.,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
458. — Juifs prisonniers, de LacMs. D’après Layard, Monuments of Nlneveh, t. ii, pi. 23.

appelée aussi granit noir antique. Pline, H. N., xxxvi, 11, 4, désigne par ce mot de basalte une pierre noire queles Égyptiens tiraient de l’Ethiopie, et qui a la couleur etla dureté du fer. Le nom lui-même, sous la forme basai, serait d’origine éthiopienne, au dire des auteurs grecs etlatins. Mais les Grecs ont changé basalte en panaviT^ç, parce qu’ils s’en servaient comme pierre de touche ( pi<7avoç, «pierre de touche» ). Forcellini, Totius latinitatisleocicon, édit. Vincent DeVit, t. i, p. 534-535. Le nomhébreu du fer, barzél, pourrait bien rappeler ce mot étranger, si, avec Fûrst, Concordantiæ hebraicm, p. 161, ondérive barzél, bna, de bazal, St3, avec n inséré, comme

  • » DnD, korsê’, pour ndd, kissê’, «trône.» Buttmann, Muséum

der AUerthumswissenschaft, t. ii, p. 56, le rattache à laracine orientale vas, qui veut dire «fer». Quoi qu’il en soit, barzél, en hébreu, est non seulement le fer pur, mais lapierre qui contient du fer, qui en a la densité et la couleur.Ainsi l’énorme lit de fer du roi Og, qu’on montraità Rabbath, Deut., iii, 11, semble être en réalité un sar--cophageou un tombeau en basalte. G. Ritter, Die Erdkunde, 1851, t. xv, part, ii, p. 964. D’ailleurs d’immensessarcophages en basalte ont été trouvés par les voyageursdans les régions à l’est du Jourdain. G. Ritter, ouvr. cité, p. 879. Le basalte y est très abondant. Cf. col. 952-953, 1256. C’est de là probablement que Salomon fit venir cespierres noires, c’est-à-dire de basalte, qui servirent à paverles routes de Jérusalem. Josèphe, Ant.jud., VIII, vil, 4, édit. Didot, t. i, p. 301. Il est dit, Deut., viii, 9, que laPalestine est «une terre dont les pierres sont de fer».Par ces pierres il faut probablement entendre le basalte, car on ne trouve de trace de mines de fer que dans

xi, 2; t| TaXiXaîa, Is., xxxiii, 9), partie septentrionale des

pays situés à l’est du Jourdain, royaume d’Og l’Amorrhéen.

I. Nom. — Ce nom vient de la racine inusitée jtfa,

AjUj>

basan, correspondant à l’arabe £j^j, uuuwm., jj^jjj

butéinah, «plaine au terrain meuble et fertile.» Cf. Gesenius, Thésaurus lingual heb., p. 250; J. G. Wetzstein, Dos Hiobskloster in Hauran und dos Land Uz, dansFr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, Anhang, p. 557, note 1. L’idée qu’il renferme a fait que, dans plusieurspassages, les anciennes versions, au lieu de le traduirepar un nom propre, l’ont rendu par un adjectif: «gras, fertile.» Ainsi dans le Ps. xxi (hébreu: xxii), 13, pour’abbîrê BdSân, «les forts» taureaux «de Basan», les Septante donnent Taûpoi mioveç; la Vulgate, tauri pingues, k les taureaux gras;» Ps. lxvii (hébreu, lxviii), 16, au lieu de har-Bâsân, «montagne de Basan,» on trouvedans les Septante ô’poç m’ov; dans la "Vulgate, nions pinguis, «montagne fertile.» De même Ezech., xxxix, 18, hébreu: pârîrn meri’ê BâSân, «taureaux engraissés deBasan;» Septante: oî [lôV/oi È^ea-nouivoi; Vulgate: taurorumet allilium et pinguium; Am., iv, 1, hébreu: pârôf hab-Bâsàn, «vaches de Basan; «"Vulgate: vaccsepingues, «vaches grasses.» On peut s’étonner de voir cenom, tant de fois cité dans l’Écriture, diversem*nt rendupar les versions orientales. La paraphrase chaldaïqueporte partout prra, Ma{nan, excepté Ps. lxvii, 23, où il

y a iotd, Bûtnan; on lit également ^jjoo, Matnîn, dans la version syriaque, partout, excepté Jos., xil, 4;

Ps. xxi, 13; lxvii, 16; cxxxiv, 11; cxxxv, 20; Is., ii, 13; xxxiii, 9; Jer., xxii, 20; Ezech., xxvii, 6; Zach., xi, 2, où

l’on trouve. ^ «.-%, BaiSon. L’arabe a traduit par âIàÎaJ! >

el-Batniyéh, excepté Ps. cxxxiv, 11; cxxxv, 20; Is., ii, 13; Jer., xxii, 20; Ezech., xxvii, 6, où l’on voit yLwjo, Beuân(nom actuel de l’ancienne ville de Bethsan), et Mich.,

vu, 14; Nah., i, 4; Zach., xi, 2, où il y a ji^iLwjykJS, el-Beisâniyéh.Le changement du schin hébreu en thavaraméen et en ta arabe se comprend très bien; mais lechangement du beth en mîm doit-il être attribué à unepermutation semblable ou à une faute primitive de copiste?La constante régularité de la transcription et l’accordqui existe entre la paraphrase chaldaïque et lesyriaque nous empêchent d’admettre la dernière hypothèse; la première nous semble plus plausible. Cependantc’est de l’araméen Bâfan, jna, qu’est venu le nom

de la province grecque de Batanée, Bocravaia, Josèphe, Ant. jud., IX, viii, 1; XV, x, 1; XVII, ii, 1, 2, etc.; Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 232, etc. L’arabe El-Batniyéhse retrouve dans la préfecture de même nomdont parle Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 97, et est rappelée par un canton actuel duHauran, YArd el-Beteniyeh.

II. Géographie. — Dans un sens général, Basan indiqueavec Galaad les possessions transjordaniennes des Israélites, dont il formait la partie septentrionale. Jos., xvii, 1, 5; IV Reg., x, 33; Mich., vii, 14. Dans un sens strict, ce pays s’étendait depuis le grand Hermon au nord jusqu’auxvilles d’Édraï et de Salécha au sud. Deut., iii, 10; Jos., xii, 4; xiii, 11; I Par., v, 23. De ce dernier côté, il.était borné par «la moitié de Galaad», c’est-à-dire leterritoire compris entre le Jaboc (Nahr Zerqa) et le Yarmouk(Schérial él-Mandûr ou el-Menâdiréh), Deut., m, 13; Jos., xii, 5; xiii, 11, 31. L’Écriture lui donne égalementpour limites, probablement vers l’ouest et le nordouest, les districts de Gessur et de Machati, Deut., iii, 14; Jos-, xii, 5; xiii, 11. Il renfermait comme partie importantel’Argob avec les soixante villes fortes appeléesHavoth Jaïr, Deut., iii, 4, 5, 14; Jos., xiii, 30, c’est-à-direle Ledjah actuel et une certaine étendue de laplaine En Nouqmt elHauran. Voir Argob. Ses villesprincipales étaient Astaroth (Tell’AMarâ ou Tell el-AS’ari) et Édraï (Der’ât), Deut., i, 4; Jos., ix, 10; xii, 4; Xm, 12, 31; Salécha (Salkhad) en formait la pointeextrême au sud-est, Deut, iii, 10; Jos., xii, 4; xiii, 11, et vers l’ouest il possédait Golan, Deut., iv, 43, ou Gaulon, Jos., xx, 8; xxi, 27; I Par., vi, 71, identifiée parG. Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1886, p. 19, 91, avec Sahem el-Djaulân, un peu à l’ouest de Tell el-As’arï.D’après Num., xxxii, 42, Chanath (El-Qanaouàt)appartenait aussi à cette contrée.

Basan comprenait en somme cet ensemble de pays dontla limite au sud est marquée par le Schériat el-Menâdiréh(Yarmouk), le Djebel ez-Zoumléh et le désert deSyrie; à l’est, par les pentes occidentales du Djebel Hauranet le Ledjah; au nord, par la plaine de Damas et leDjebel esch-Scheikh (Hermon), et à l’ouest, parle DjebelHeïsch et les confins du lac de Tibériade. On voit dèslors que, tout en donnant son nom au royaume d’Og, ilne le renfermait pas complètement, puisque le territoiredu roi amorrhéen s’étendait jusqu’au Jaboc (Nahr Zerqa), qui le séparait de celui de Séhon. Num., xxi, 24; Deut., n, 37; Jos., xii, 2-5. À part la région septentrionale, dontles eaux se dirigent vers les lacs des environs de Damas, le haut plateau de Basan appartient au bassin du Yarmouk, le plus considérable du pays transjordanien, etdont les branches principales, le Nahr er-Ruqqâd, leNahr el’Allân, descendent du nord, tandis que les ouadisEl^Qanaouât, El-Ghar, Zeidï, viennent des montagnesdu Hauran, où ils naissent à douze ou treize cents mètres.

Non loin de la berge qui plonge sur les lacs Houléh etde Tibériade s’alignent en chapelet, du nord au sud, desmonts isolés, les tells El-Ahmar (1238 mètres), Abouen-Néda (1257 mètres), Abou Yousef ( 1 029 mètres), El-Faras (948 mètres). Au milieu de’toute cette contrées’étend la grande plaine En Nouqrat el-Hauran.

Ce pays a toujours été renommé pour son extrême fertilité, et les prophètes aiment à le citer sous ce rapportavec Galaad, le Carmel et la plaine de Saron. Is., xxxiii, 9; Jer., l, 19; Mich., vii, 14; Nah., i, 4. Ses gras pâturagesnourrissaient de nombreux troupeaux, Deut., xxxii, 14, qui, dans le langage des poètes sacrés, devinrent le type

B*g£» t fcrfrcia

L Thumier.dd’456. — Carte du pays de Basan.

des ennemis cruels et insensibles, Ps. xxi (hébreu: xxii), 13, et des puissants de la terre, Ezech., xxxrx, 18, ou le symbole d’une vie sensuelle. Am., iv, 1. Ses forêtsde chênes étaient pour les Israélites un sujet d’admirationcomme les cèdres du Liban, Is., ii, 13; Zach., xi, 2, et fournissaient même aux peuples voisins un bois deconstruction très estimé. Ezech., xxvii, 6. Elles devaientcouvrir les pentes de ces montagnes que David, dans unpassage plein de beauté, Ps. lxvii (hébreu, lxviii), 16-17, nous représente comme regardant avec mépris et jalousiela petite colline de Sion, aux formes modestes, mais demeureprivilégiée de Dieu:

ꝟ. 16. Montagne de Dieu, mont de Basan,

Montagne aux cimes nombreuses, mont de Basan,

ꝟ. 17. Pourquoi regardez-vous avec envie, montagnes aux cimes

[nombreuses,

La montagne que Dieu a choisie pour son habitation?Jéhovah y habitera à jamais.

Ces masses de rochers sont appelées hârîm gabnunnîm, littéralement «montagnes à bosses», à cause de leurspointes et de leurs dents aiguës, ce qui peut s’appliquerau Djebel Hauran avec ses cônes volcaniques ou au DjebelHéïsch avec ses chaînons isolés. Rochers et forêtsétaient le repaire des animaux sauvages, surtout des lions, Deut., xxxiii, 22, et pouvaient servir de retraite aux ennemisd’Israël, Ps. lxvii, 23.

Aujourd’hui encore cette contrée est très fertile, surtoutdans la plaine du Hauran. Le sol, composé de lave, de dolérite granulée et de scories rouge-brun ou vertnoirâtre, produit un froment aux grains à demi transparents, de beaucoup supérieur à celui des autres régions.Le blé et l’orge y viennent en abondance quand la sécheresseou les sauterelles n’exercent pas leurs ravages, etils sont l’objet d’une exportation considérable. Au rapportde Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1866, p. 23, la quantité de céréales transportées du Hauran à AkkaetKhaïfa à destination de l’Europe, principalement de laFrance et de l’Italie, n’a pas été pendant plusieurs annéesmoindre de 100000 à 120 000 tonnes par an. Le prix du blésur place n’est pas élevé, mais il augmente beaucoup enraison des difficultés de transport. Ces difficultés serontdésormais aplanies par la voie ferrée qu’on établit en cemoment entre le Hauran et Damas, et qui se joindra plustard à d’autres lignes actuellement en projet. Dans lescontrées, comme le nord et le centre du Djaulan, où lesol pierreux est moins propre à la culture, les nombreuxtroupeaux des Bédouins trouvent encore d’excellents pâturages.Partout où, entre les blocs de basalte, s’étend laterre végétale, l’herbe pousse d’une façon luxuriante, hiver comme printemps; sur ce sol bien arrosé les chaleursde l’été ne brûlent jamais toute végétation. Les «chênes de Basan» ont, hélas! disparu comme les cèdresdu Liban. Tombés sous la hache des Bédouins, souventpour servir de bois de chauffa*ge, ils meurent, à peinerepoussés, sous la dent des troupeaux. Cependant. lespentes du Djebel Hauran présentent encore certains massifsd’arbres, très rares dans la plaine, et l’on rencontreçà et là quelques restes de forêts. Il y a peu d’années, leDjaulan septentrional devait être couvert de bois assezépais, comme l’indiquent quelques noms, en particulierScha’fat es-Sindiànéh, «la cime du chêne.» Les chênesque l’on voit ou isolés ou groupés au pied et sur les pentesdes tells el-Ahmar, Abou en-Neda, Abou el-Khanziret ailleurs, appartiennent à deux espèces principales, leQuercus pseudo-coccifera et le Quercus segilops. VoirChêne. Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, p. 4-5, 13, 24-25; Der Dscholan, dans la Zeitschrift des DeutschenPalastina-Vereins, Leipzig, 1886, p. 205; traductionanglaise, The Jaulàn, Londres, 1888, p. 15. Nousn’exposons ici que les caractères généraux du pays deBasan, suivant les données de l’Écriture. Pour la physionomiespéciale de ses différentes parties, voir Auran, Argob, Iturée, Gaulanitide. Pour la bibliographie, voir Auran.

Cette contrée, à l’époque gréco-romaine, fut divisée enplusieurs provinces: la Gaulanitide, le Djaulan actuel ouJe plateau occidental qui domine le lac de Tibériade et lelac Houléh; la Trachonitide, comprenant plus particulièrementle Ledjah; l’Auranitide, c’est-à-dire les pentesoccidentales du Djebel Hauran et la partie de la grandeplaine qui l’avoisine à l’ouest; la Batanée, dont le nomfait évidemment revivre celui de Basan. Il est très difficilede savoir quelle est la position géographique de cettedernière, et les auteurs sont loin de s’entendre sur ce sujet.Josèphe, dans certains passages, comprend sous le nomde Batanée tout le pays de Basan, qu’il distingue, commel’Écriture, de celui de Galaad; cf. Ant. jud., IV, vii, 4; IX, viii, 1. Dans d’autres, il distingue cette province desdistricts voisins, mais sans en indiquer nettement la situation; il se contente de dire qu’ «elle confinait à la Trachonitide», Ant. jud., XVII, ii, 1; Bell, jud., i, xx, 4; était-ce à l’est ou à l’ouest? Là est la difficulté. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 52-54, 264-267, et plusieurs auteurs à sa suite placentla Batanée à l’est du Ledjah et au nord du Djebel Hauran, dans la contrée appelée actuellement Ard el-Beteniyéh: ce nom et celui de la ville d’El - Buteina (ouBataniyéh, dans certaines cartes) appuient suffisamment, selon eux, cette opinion. Ce sentiment est vivement combattupar J. G. Wetzslein, Reisebericht ûber Hauran und

die Trachonen, in-8°, Berlin, 1860, p. 82-86; Dos Eiobskloster, dans Fr. Delitzsch, Dos Buch lob, p. 553-558.M. W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latimsde la Syrie, in-4°, Paris, 1870, p. 500, dit également: «Les ruines de Btheiné se composent d’une vingtainede maisons et de deux grandes tours; l’endroit n’a jamaisété qu’un petit village sans importance, et dans notreinscription (n» 2127) il est appelé x(i|n); il n’y a jamaiseu là une ville, comme Porter le croit… Quant à moi, jedoute que la Batanée des historiens et des géographesgrecs soit identique avec le Basan de la Bible.» Elle n’encomprenait évidemment qu’une partie, et si, suivantcette dernière opinion, elle était située à l’ouest du Ledjah, elle devait occuper à peu près le centre du pays dont elleconservait le nom, ayant l’Auranitide au sud, la Gaulanitideà l’ouest et la Trachonitide à l’est.

III. Histoire. — Dans les temps les plus reculés, Basanétait habité par les Raphaïm ou race de géants que Chodorlahom*orvainquit à Astaroth-Carnaïm. Gen., xiv, 5.Og lui-même était le dernier représentant de cette race, Deut., iii, 11; et «tout Basan. était appelé la terre desgéants». Deut., iii, 13. Les Israélites, après avoir soumisles Amorrhéens du sud, montèrent vers le nord, et le rois’avança vers eux avec tout son peuple pour leur livrerbataille à Édraï; ils le frappèrent jusqu’à l’exterminationet s’emparèrent de son royaume. Num., xxi, 33, 35; Deut., i, 4; iii, 1, 3, 4, 5; iv, 47; xxix, 7; Jos., ix, 10; II Esdr., ix, 22; Ps. cxxxrv (hébreu, cxxxv), 11; Ps. cxxxv (hébreu, cxxxvi), 20. Voir Amorrhéens. Cette importanterégion fut alors donnée à la demi-tribu de Manassé.Num., xxxii, 33; Deut., iii, 13; Jos., xiii, 29-31; xvii, 1, 5; xxii, 7. Gaulon et Astaroth furent assignés auxLévites de la famille de Gerson, . la première étant enmême temps ville de refuge. Jos., xxi, 27; 1 Par., vi, 71.Cette contrée rentrait avec Galaad et la terre de Séhon, roi amorrhéen du sud, dans une des circonscriptions territorialesqui, sous Salomon, devaient payer un impôten nature pour la table royale; l’officier à qui elle étaitconfiée s’appelait Gaber, fils d’Uri. III Keg., iv, 19. Sousle règne de Jéhu, elle fut dévastée par Hazaël, roi deSyrie, IV Régi, x, 32, 33. L’histoire n’en dit plus rienensuite: seuls les poètes sacrés et les prophètes mentionnentles chênes de ses forêts, ses gras pâturages etleurs nombreux troupeaux. Ps. xxi (hébreu, xxii), 13; Is., ii, 13; xxxiii, 9; Jer., L, 19; Ezech., xxvii, 6; xxxix, 18; Am., iv, 1; Mich., vii, 14; Nah., i, 4; Zach., xi, 2.Plus tard, la province de Batanée fut donnée par Augusteà Hérode le Grand, avec la Trachonitide et l’Auranitide, pour les soustraire aux brigandages de Zénodore. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 1; Bell, jud-, I, xx, 4. Hérode lui-mêmeen confia certaines terres à un Juif babyloniennommé Zamaris, qui devait en retour défendre ses Étatscontre les incursions des Trachonites. Ant. jud., XVII, n, 1, 2. Elle entra ensuite dans la létrarchie de Philippe, Ant. jud., XVII, xi, 4; Bell, jud., II, vi, 3. EnfinAgrippa II envoya à Jérusalem trois mille cavaliers auranites, batanéens et trachonites, pour réprimer une révoltesoulevée contre le pouvoir romain. Bell, jud., II, xvii, 4.

A. Legendre.

    1. BASCAMA##

BASCAMA, Ba<7xa[iâ, ville où Tryphon mit à mortJonathas Machabée et ses fils. I Mach., xiii, 23. Josèphel’appelle Batrxâ, Ant. jud., XIII, vi, 5. D’après le textegrec du livre sacré, aussi bien que d’après l’historienjuif, elle devait se trouver dans le pays de Galaad. LaVulgate, en effet, présente, au verset précédent, une lacuneheureusem*nt comblée par le grec. La phrase: «mais ily avait beaucoup de neige, et il ne vint pas au pays deGalaad,» se lit ainsi dans les Septante: xoù?, v ^iwv tcoXXtj<r<p<58pa, xec’i oïix rjX8e Sià tt|v X’ôva, xoù àjcf|ps-xai yjXôsv eïçtï|v TaXaacSiTtv, «et il y avait beaucoup de neige, et il nevint pas [à Jérusalem] à cause de la neige, et il partit etil vint en Galaad.» Il est probable que le mot î, X9s, répétédeux fois, aura trompé le traducteur ou un copiste quel

conque; d’où, avec l’omission du membre de phrase, lesens opposé dans le latin: «il ne vint pas en Galaad.» Le récit de Josèphe, plus détaillé, nous dit égalementque la nuit même où Tryphon devait envoyer sa cavalerieravitailler la garnison syrienne, la neige qui tombarendit les chemins méconnaissables et impraticablesaux chevaux. «C’est pourquoi Tryphon, partant de là, s’en alla vers la Cœlésyrie, se jetant avec précipitationsur le pays de Galaad, et, après avoir tué et fait enterrerlà Jonathas, il revint à Antioche.» La marchedu général syrien est aussi facile à comprendre. Il partde Ptolémaïde (voir Accho) pour venir dans la terre deJuda, suivant la plaine de Saron, et traînant à sa suiteJonathas prisonnier. I Mach., xiii, 12. Mais comme Simonvient lui barrer le passage à Addus, ꝟ. 13 (voir Adiada), il fait un détour vers le sud et cherche à gagner la villesainte «par la voie qui mène à Ador», ꝟ. 20 (voir Aduram1), à l’ouest d’Hébron. Empêché par la neige d’allerau secours de la garnison syrienne de Jérusalem, et sachantd’ailleurs la route bien défendue par les Juifs, ildescend vers l’est, dans la.plaine du Jourdain, où le climatest plus doux; puis, à travers le pays de. Galaad, ouen le longeant, il gagne la Cœlésyrie et Antioche.

Si nous avons réussi à prouver que Bascama appartenaità la terre de Galaad, nous n’avons aucun moyen dedécouvrir son emplacement, qui est resté jusqu’ici inconnu.Nous ne saurions accepter les identifications proposéespar Calmet, Commentaire littéral sur les livresdes Machabées, Paris, 1722, p. 206: «Bascaman, dit-il, est peut-être la même que Béséch, Jud., i, 4, 5, 6, ouBaschat, dans la tribu de Juda, Jos., xv, 39. Béséch devaitêtre assez près de Bethsan et de l’endroit où l’on passaitordinairement le Jourdain pour aller au pays de Galaad, puisque Saûl, I Beg., xi, 8, y marque le rendez -vousgénéral de l’armée qui devait aller au secours de Jabèsde Galaad. Cette situation s’accorde assez avec ce quenous lisons ici du dessein de Tryphon de passer le Jourdainpour aller dans ce pays.» Aucune de ces villes, quele savant commentateur semble d’ailleurs confondre, nese rapporte à celle dont nous parlons. Bézéc (hébreu: Bézéq) du livre des Juges, i, 4, 5, est distincte deBascath (hébreu: Bosqaf), Jos., xv, 39, et celle-ci, parsa situation dans la Séphéla, entre Lachis et Églon, setrouvait en dehors de la route suivie par Tryphon. Grotius, Opéra onmia theologica, 2 in-f", Londres, 1679, 1. 1, p. 755, a eu tort aussi de l’assimiler à Bascama, D’unautre côté, qu’on place Bézéc, Jud., i, 4, 5, dans la tribude Juda, ou qu’on l’identifie avec Bézech de I Beg., xi, 8, voisine de la vallée du Jourdain, au nord-est de Sichem, on s’éloigne toujours de l’itinéraire du général syrien,

tel que nous l’avons exposé plus haut.

A. Legendre.

    1. BASCATH##

BASCATH (hébreu: Bosqaf; Septante: Bmar|8(19, Jos., xv, 39; BauouptiS, IV Reg., xxii, 1; Vulgate: Bascath, Jos., xv, 39; Bésécath, IV Reg., xxii, 1), villede la tribu de Juda, située dans la Séphéla et mentionnéeentre Lachis et Églon. Jos., xv, 39. C’était le lieu d’origined’Idida, mère du roi Josias, IV Reg., xxii, 1. Josèphe, Ant.jud., X, iv, 1, l’appelle Booxeôi, et Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1887, p. 248, Bacrx(49. Le mot npss, Bosqaf,

a pour correspondant en arabe gjj£, basqah, «terrainpierreux, qui se soulève,» ou «contrée parsemée depierres volcaniques». Cf. G. W. Freytag, Lexicon arabico-latinum, Halle, 1830-1837, t. i, p. 127; F. Mûhlauet W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ùber dasAlte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 124. La positionde cette ville est bien indiquée par celle de Lachis(’Umm el-Lakîs) et d’Églon (Khirbet’Adjlân). VoirJuda, tribu et carte. Mais aucune identification précisen’a encore été trouvée. Quelques auteurs, après Knobel(cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 131), ont proposéTubuqah (écrit ainsi par Robinson, Biblical Researches

in Palestine, 3 in-8°, Londres, 1841, t. III, Appendix, p. 233; Tabakâ ou Takabà d’après Guérin, Descriptionde la Palestine, Judée, t. ii, p. 294), localité située ausud et non loin de Lachis et d’Églon. On ne voit pas bien

sur quoi s’appuie cette opinion.

A. Legendre.

    1. BASCH Siegmund##

BASCH Siegmund, théologien protestant allemand, né le 3 septembre 1700 à Juliusburg, en Silésie, mort àWeimar le 2 avril 1771. Il fit ses études à Iéna, à Breslauet à Leipzig. Eu 1730, il devint pasteur à Christianstadt; en 1734, archidiacre du consistoire de Sorau; en1751, surintendant général de Hildburghausen. À sa mort, il était prédicateur de la cour, membre du consistoire etsurintendant général du duché de Weimar. Parmi sesouvrages, on remarque: Disputatio de interpretationeNovi Testamenti ex Patribus apostolicis, in-4°, Leipzig, 1726; Epistola de ultimis Elise, in-4°, Leipzig, 1726; Deutliclier Beiveis von der Glaubwùrbdigkeit der heiligenSchrift; Pastorale Christi ex ru Epistolis ad EcclesiasAsianas, in-4°, 1752. — Voir Adelung, Fortsetzung zuJôcher’s Gelehrten-Lexico, t. i, col. 1485.

    1. BASELLI François##

BASELLI François, né à Gradiska (Frioul), le 22 octobre1604, mort à Goritz le 15 septembre 1678, entra aunoviciat de la Compagnie de Jésus, à Leoben, en 1622.Après avoir enseigné les belles-lettres, il se livra à laprédication et au saint ministère, fut recteur du noviciatde Vienne et du collège de Goritz. On a de lui: PsalteriumDavidicam concordatum, 4 in-4°, Udine, 1662. Cetouvrage est divisé en quatre parties; l’auteur y établit laconcordance des Psaumes, et les explique surtout dansleur rapport avec Notre - Seigneur et avec l’Église.

C. SOMMERVOGEL.

BASEMATH. Hébreu: Bâsemaf, «parfumée, odoriférante;» Septante: Baseras. Nom de trois femmes.

1. BASEMATH, fille d’Élon l’Héthéen, seconde femmed’Ésaù et mère d’Éliphaz, Gen., xxvi, 34. Elle est appeléeAda, Gen., xxxvi, 2, 4. Voir Ada 2, col. 165. Il n’est pasrare, en Orient, de voir deux noms portés successivementpar la même personne. À l’occasion de quelque événementimportant de la vie, ainsi au moment du mariagepour les femmes, on prenait un autre nom. D’autresfois un surnom devenait peu à peu le nom propre.Cf. Hengstenberg, Beitràge zur Einleitung iris A. T., 1831-1839, t. iii, p. 277. Le chapitre xxxvi de la Genèse, concernant l’Idumée, paraît être un document nationalinséré sans changement par Moïse. Nous avons là lesnoms sous lesquels les femmes d’Ésaù étaient connuesdans le pays de Séir. E. Levesque.

2. BASEMATH, fille d’Ismaël, troisième femme d’Ésaùet mère de Rahuel. Gen., xxxvi, 3, 4. On la nommeMahéleth, Gen., xxviii, 9. Sur ce changement de nom, voir Basemath 1.

3. BASEMATH (Septante: Ba<r£! *, uâ6), fille de Salomon, épousa Achimaas, intendant royal dans la tribu de Nephthali.III Reg., iv, 15.

    1. BASHUYSEN##

BASHUYSEN (Henri Jacques Van), né à Hanau (provincede HesseNassau, Prusse) en 1679, mort en 1758.Il devint professeur de langues orientales dans sa villenatale, puis à Zerbst (duché d’Anhalt). Il établit une imprimeriedans sa maison, pour éditer les meilleurs commentairesdes docteurs juifs sur l’Écriture: AbarbanelisCommentarii in Pentateuchum, in-f", Hanau, 1710 (ilrestitue les endroits supprimés par les inquisiteurs dansl’édition de Venise). — Psalterium Bavidicum, cumnotis rabbinicis, in-12, Hanau, 1710. — Ses Commentariascripturaria, contenant les vingt et un premierschapitres de la Genèse, avec notes tirées des rabbins,

publiés dès 1707, n’étaient qu’un essai d’une Bible hébraïco- rabbinique qu’il n’a pas mise au jour.

G. Rigault.

    1. BASILA Raphaël Chayim##

BASILA Raphaël Chayim, savant israélite italien, filsdu rabbin Abiad Basila (-ꝟ. 1743), vivait à Mantoue pendantla première moitié du xvine siècle. Il publia uneédition de la Bible hébraïque avec le commentaire critiquede Salomon Norzi, enrichi de notes nouvelles, 2 in-4°, Mantoue, 1742. À la fin est une liste de neuf cents leçonset variantes, avec une appréciation critique de leur valeur.Cette Bible a été plusieurs fois réimprimée! La meilleureédition est celle de George Holzinger, 4 in-4°, Vienne, 1816. Elle a été aussi reproduite dans la Bible rabbiniquede Varsovie, 1860-1866. Bær et Delitzsch en font bonusage dans leur nouvelle édition de la Bible hébraïque.

— Voir Dresde, Programma quo commendanturR. Ch. Basila, Judœi recentioris, exercitationes criticeein diversitatem lectionis codicis Ebreei ah Everardo vander Rooght observalam, Wittenberg, 1774.

    1. BASILE##

BASILE (Saint), Baa-iXEioç, archevêque de Césarée, en Cappadoce, né en cette même ville vers 330, mort le1 er janvier 379. Il fut grand cénobite, grand orateur etgrand évêque. Issu d’une famille très distinguée, Basileétait le second de dix enfants. Son père, qui résidaithabituellement dans la province du Pont, à Néocésarée, où l’on croit qu’il enseignait la rhétorique et la philosophie, voulut être lui-même son premier maître dans leslettres sacrées et profanes. À la mort de son père, quiarriva peu de temps après la naissance de saint Pierrede Sébaste, Basile alla poursuivre ses études à Césaréede Cappadoce, puis à Constantinople et enfin à Athènes.Il y arriva en 352, et y retrouva son ami Grégoire deNazianze, qu’il avait connu à Césarée. En 357, il partitpour visiter les monastères d’Orient et d’Egypte. De retourà Césarée en 358, il se retira dans le Pont, sur unemontagne, au bord de la rivière d’Iris. L’archevêque deCésarée étant venu à mourir vers le milieu de 370, Basilefut élu pour lui succéder. Après dix ans d’épiscopat etde grands travaux soutenus pour la défense du dogmechrétien contre les ariens et la liberté de l’Église contrel’empereur, saint Basile rendit son âme à Dieu, le 1 er janvier379.

Les œuvres exégétiques de saint Basile sont: 1° Lesneuf homélies sur l’Hexaméron, ou Œuvre des sixjours, t. xxix, col. 4-208. Les anciens estimaient beaucoupcet ouvrage, explication scientifique et morale, malheureusem*ntinachevée, du premier chapitre de la Genèse.

— 2° Les treize homélies sur les Psaumes i, ru, xiv, xxrni, xxix, xxxii, xxxiii, xur, xlv, < xlviii, lix, lxi, cxir et cxr, t. xxix, col. 210-493. «Si l’on compareentre elles, dit dom Garnier, les homélies sur l’Hexaméronavec les homélies sur les Psaumes, je serai obligé d’avouerque les premières ont été, chez les anciens, beaucoupplus célèbres que les dernières; je n’accorderai pas sifacilement qu’elles soient plus utiles. Et, pour dire nettementce que je pense, je veux bien que l’on préfèrel’Hexaméron, si l’on ne considère que l’éloquence et lavariété du sujet; mais, si l’on a égard au fruit et à l’utilité, il n’en sera plus de même.» — 3° Le commentairesur Isaïe, i-xvi, t. xxx, col. 117-668. Prudent Marantrouve que cet ouvrage est digne de saint Basile, et qu’iln’y a aucune raison de le lui contester. À la fin d’unavantpropos sur la prophétie, saint Basile indique àgrands traits le contenu de tout le livre, ce qui feraitsupposer qu’il avait l’intention de l’expliquer tout entier.Proœm., 7, t. xxx, col. 129. Il commence par une discussionexacte et pénétrante du titre de la prophétie, 1, 1, en le comparant avec les titres des douze petit*prophètes. Il insiste sur l’importance qu’il y a de fixerla date des prophéties, «afin qu’il soit clair pour tousqu’elles ont été faites longtemps d’avance, qu’elles n’ontété accomplies que longtemps après, et que par conséquent l’action de Dieu était d’autant plus nécessaire, quel’impuissance de l’homme était plus grande. La plupartdes prophètes ont vécu à peu près dans le même temps.» Proœm., 10, col. 136. Dans le commentaire du livre lui-même, «où ce qui se rapporte au Messie se trouve partoutdisséminé, parce que l’histoire s’y mêle partout avecle mystère,» Proœm., 7, col. 129, le sens caché de l’Écritureest souvent recherché et mis au jour, et l’auteur lui donneà peu près la même importance qu’au sens littéral. Pourles cas dans lesquels saint Basile reconnaît comme objetdirect de la prophétie, non pas le Messie lui-même, maisdes événements prochains, par exemple, la captivité deBabylone, ils sont traités à part. Proœm., 169, col. 397et suiv.

Voilà ce qui nous reste de l’œuvre exégétique de saintBasile, laquelle était probablement beaucoup plus considérable.Cassiodore, In prsefat. lib. institut, divin, lecti; Baronius, Annal, ad ann. 378, édit. de Bar-le-Duc, t. v, p. 410. Cela suffit pour justifier l’éloge qu’en a fait saintGrégoire: «Quand je lis les explications qu’il a composéespour des intelligences moins relevées, les partageant dansles trois sens (littéral, moral et allégorique), je ne m’arrêtepas à l’écorce de la lettre; je vais plus avant; j’entrede profondeur en profondeur; d’un abîme, j’invoque unautre abîme, jusqu’à ce que je sois enfin parvenu là oùréside et rayonne la vérité.»

Voir Gius. del Pozo, Dilucidazioni crilico - istorichedélia vita di santo Basilio Magno, in-4°, Rome, 1746; Klose, Ein Beitrag zur Kirchengeschichte: Basiliusder Grosse nach seinem Leben und seiner Lehre dargestellt, Stralsund, 1835; Eug. Fialon, Étude historiqueet littéraire sur saint Basile, suivie de l’Hexaméron, in-8°, Paris, 1867; Weiss, Die drei grossen Cappadocierals Exegeten, Braunsberg, 1872. J. B. Jeannin.

    1. BASILEENSIS##

BASILEENSIS (CODEX). Ce manuscrit grec appartientà la bibliothèque de l’université de Bâle, où il estcoté A. N. III. 12. Il porte le n° 6 au Catalogue des manuscritsgrecs des bibliothèques de Suisse, Leipzig, 1886, de M. Omont. L’écriture est onciale, accentuée, ponctuée.Le manuscrit est de parchemin, compte 318 feuillets de230 millimètres sur 162; chaque page compte 24 lignes.Le volume contient les quatre Évangiles dans l’ordreMatthieu - MarcxLuc - Jean, mais non sans quelques lacunesaccidentelles, Luc, iii, 4-15; xxiv, 47-53. Lesfeuillets 160, 207, 214, sont palimpsestes: le texte évangélique, récrit par une seconde main, est en cursive; letexte premier a été publié, mais n’a point encore été identifié.On le trouvera dans les prolégomènes cités plus loindu Novum Testamentum greece de Tischendorf, p. 373.On pense que le Codex Basileensis a dû être écrit versle milieu du vine siècle. Il fut apporté au xve siècle aircouvent des Frères Prêcheurs de Bâle, dont il porte Vexlibris au bas du folio 1, et l’on croit qu’il faisait partiedes manuscrits grecs rapportés d’Orient par le cardinalJean de Raguse, légat du concile de Bâle (1431) auprèsdes Grecs. Il a été collationné par Mill (1707), qui lequalifie de «probatse fidei et bonae notse», puis parWetstein (1735); décrit par Rod, De antiquo basileensisbibliothecse codice grxco IV Evangeliorum observationesquœdam criticee, Gœttingue, 1750; collationné par Tischendorf(1843), par Tregelles (1846). Dans l’appareil critiquedu Nouveau Testament, il est désigné par la lettre E, et compte parmi les manuscrits importants. Il est tenu, en effet, pour un des meilleurs représentants de la famillede textes que l’on appelle syrienne, par opposition à lafamille dite occidentale et à la famille dite alexandrine, ainsi qu’on les appelle à la suite de MM. Hort et Westcott: c’est-à-dire qu’il est un des meilleurs représentants dutexte commun et l’un des plus anciens. On trouvera unfac-similé, d’ailleurs insuffisant, dans Scrivener, À plainintroduction to the crilicism of the New Testament, Cambridge, 1883, pi. xi, n» 27. Voir C. R. Gregory, Pro U95 BASILEENSIS (CODEX) — BASQUES (VERSIONS) DE. LA BIBLE 4496

legomena ad Novum Testamentum grxce de Tischendorf, Leipzig, 1884, p. 372-374. P. Batiffol.

    1. BASILIC##

BASILIC (Septante: 0c «hX(<7Xoc; Vulgate: basiliscus, regulus, «[serpent] royal,» de (HamXe-j; et de rex, «roi.» Cf. S. Isidore de Séville, Etym., xii, i, 6, t. lxxxii, col. 443), serpent très venimeux d’après la croyance populaire, sortede dragon dont la morsure était mortelle et dont le regardsuffisait pour tuer. Il habitait les déserts de la Cyrénaïque.Si l’homme avait vu le premier le basilic, il échappaità la mort; mais il était perdu dans le cas contraire. Pourfaire périr ce dangereux reptile, on lui présentait unmiroir, et son regard terrible, réfléchi sur la glace, luidonnait la mort. On attachait d’ailleurs le plus grand prixà sa possession, parce qu’on s’en servait, disait-on, pourpréparer les médicaments les plus puissants. Pline, H. N., «iii, 78 (33), édit. Tauchnitz, 1870, t. ii, p. 74. Cf. Élien, H, 5-7; Galien, De theriaca ad Pison., vui, Opéra, édit.Kûhn, t. xiv, 18’27, p. 232; cf. t. xii, p. 250; Solin, Polyhistor, 28, édit. Pankoucke, 1847, p. 222-224; Lucain, Pharsal., va, 725. Pendant longtemps des charlatans ontvendu aux gens crédules, sous le nom de basilics, depetites raies façonnées en forme de dragons. On reconnaîtaujourd’hui que ce serpent n’a jamais existé, et queJes propriétés qu’on lui a attribuées sont purement fabu-Seuses.Voir D. Macri, Hierolexicon, 6e édit., 2 iiî-4°, Bologne, 1765-1767, t. i, p. 117. L’espèce de lézard que lesnaturalistes contemporains appellent basilic n’a rien decommun que le nom avec le reptile ainsi désigné parles anciens.

Le texte original de l’Écriture ne parle jamais du basilic; mais les Septante et la Vulgate se sont servis de sonnom pour traduire le nom de serpents réels mentionnésdans l’hébreu. On lit deux fois pamXwxo; dans la versiondes Septante, Ps. xc, 13, et Is., Ltx, 5. La Vulgate emploieune fois le mot basiliscus, Ps. xc, 13 ( notre version latinedes Psaumes ayant été faite sur le grec, le traducteur latina conservé le mot des Septante). L’hébreu porte dans cepassage pélén, c’est-à-dire l’aspic. Voir col. 1125. SaintJérôme s’est servi six fois du mot regulus, pour rendre.divers noms sémitiques de serpents. Il a ainsi traduittrois fois taiysst, sif’ônî, Prov., xxiii, 32 (Septante: %ep<x<jri) «); Is., xi, 8 (Septante: àinrfç); Jer., vni, 17(Septante: [ô’pssç] Oœvcitoûvteç); . une fois jbs, séfa’(dérivé de la même racine que sifônî), Is., xiv, 29 (Septante: àrfjrc’c); une autre fois psr, sârâf, Is.; xxx, 6(Septante; àiraiç), et enfin une fois aussi nysx, ’éf’éh, Is., Lix, 5 (Septante: pa<ri)a<Txo; ). Le texte original parledonc de serpents divers, existant en Palestine, là où notreversion latine porte uniformément «basilic». Pour l’identificationdes reptiles mentionnés dans ces six passages, voir Serpents. Cf. S. Jérôme, In Is., xiv, 29, t. xxiv, col. 166; Bochart, Hierozoicon, IV, édit. Leusden, Opéra, 1692, t. i, col. 22. Orban.

    1. BASMURIQUE##

BASMURIQUE (VERSION) DE LA BIBLE. VoirCoptes (versions).

    1. BASNAGE DE BEAUVAL Jacques##

BASNAGE DE BEAUVAL Jacques, protestant, néà Rouen le 8 août 1653, mort le 22 décembre 1723. Ilétudia à Saumur, sous Tanneguy le Fèvre, et, voulantdevenir ministre, alla commencer à Genève ses étudesthéologiques, qu’il termina à Sedan, sous Jurieu et Beaulieu.En 1676, il fut reçu ministre à Rouen, et, en 1685, .obtint la permission de se retirer en Hollande, où il devintle favori du grand pensionnaire Heinsius. Il fut ministreà Rotterdam, puis à la Haye, et usa toujours de soninfluence pour rendre service à la France. Il a publié uneHistoire des Juifs depuis Jésus-Christ jusqu’à présent, pour servir de supplément à l’histoire de Josèphe, 5 in-12, Rotterdam, 1706. Cette histoire, d’une réellevaleur et d’une grande impartialité, a eu plusieurs éditions; la meilleure est celle publiée en 1717, 15 in-12. I

En 1710, l’abbé Dupin en avait publié à Paris une édition(7 in-12) sans nom d’auteur, et dans laquelle il avaitfait les changements et les suppressions qu’il jugeaitnécessaires. Basnage écrivit alors YHisloire des Juifsréclamée et rétablie par son véritable auteur contrel’édition anonyme et tronquée faite à Paris, in-12, Paris, 1711. De ce même auteur, nous avons encore: Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, représentéeen taille s-douces par Rornein de Hoogue, avecune explication, in-f°, Amsterdam, 1705; in-4°, Amsterdam, 1706; elle fut réimprimée, en 1714, sous le titre deGrand tableau de l’univers. Antiquités judaïques, ouremarques critiques sur la république des Hébreux, 2 in-8°, Amtersdam, 1713. — Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 58, 74; t. ii, p. 886; Sax, Onomast. Un., t. v, p. 300, 362. B. Hedrtebize.

    1. BASQUES##

BASQUES (VERSIONS) DE LA BIBLE. — La

langue basque, qui ne se rattache ni à la famille indoeuropéenneni à la famille sémitique, est parlée, enFrance, dans l’arrondissem*nt de Mauléon et dans laplus grande partie de celui de Bayonne (Basses-Pyrénées), et, en Espagne, dans les provinces de Navarre, deGuipuzcoa, d’Alava et de Biscaye. Elle forme trois principauxdialectes, le labourdin, le souletin et le biscayen, sans parler de quelques dialectes moins importants. LesBasques appellent leur langue euscara.

On ne connaît aucune version des Livres Saints encette langue avant le xvie siècle. À cette époque, la reinede Navarre, Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, fit traduirele Nouveau Testament en basque par le pasteur del’Église réformée de La Bastide Clairence, Jean Liçarrague; il fut imprimé à la Rochelle: Jésus Christ gureiaunaren Testamenlu berria. In -8°, Rochellan, 1571.( Bibliothèque nationale. À 6455 bis. Réserve.) Il ne portepas sur le titre le nom du traducteur, mais «Jeande Liçarrague de Briscous» se nomme lui-même dansla Dédicace ( en français) placée en tête de sa version etadressée à la reine de Navarre. Il dit lui-même de sonœuvre: «Me souvenant tousiours de l’exprès commandementde Dieu, qui est de ne rien oster ni adiouster à saparole, ie l’ay fait le plus fidèlement qu’il m’a esté possible» (p. iiii). Elle est, en effet, exacte; mais on reconnaîtle calviniste à certaines expressions: sacrificadore, «sacrificateur,» au lieu de «prêtre»; emendamendu, «amendement,» Marc, I, 4, 15, etc., au lieu de «pénitence», etc. Le dialecte est le labourdin. L’auteur sembleavoir fait sa version sur la traduction française en usagede son temps parmi les calvinistes. C’est un des premierslivres qui aient été imprimés en basque.

La traduction de Liçarrague, dont les exemplairesétaient devenus extrêmement rares, a été réimprimée, enentier: Jesus-Christo gure jaunaren Testament berria.Lapurdico escuararal itçulia, in-8°, Bayonne, 1828, eten partie, Jésus-Chnstoren Evangelio saindua, S. Mathiurenarabera (Évangile de S. Matthieu), in-4°, Bayonne, 1825 (publié par le pasteur Pyt aux frais de laSociété biblique); autre édition, in-8°, Bayonne, 1828; Jesus-Christo gure jaunaren laur ebanyelioac… etaapostolu suainduen eguintcen liburua ( les quatre Évangileset les Actes des Apôtres), in-8°, Bayonne, 1828.Fleury de Lécluse a publié séparément Sermon sur lamontagne en grec et en basque, in-8°, Toulouse, 1831.M. J. Vinson a fait aussi réimprimer la traduction del’Évangile de saint Marc par Liçarrague, dans le premierfascicule de ses Documents pour servir à l’étude historiquede la langue basque, avec index, notes et vocabulaires, in-8°, Bayonne, 1874. W. J. Van Eys a égalementréédité Y Évangile selon saint Matthieu, in-8°, Paris, 1877.Liçarrague n’avait traduit que le Nouveau Testament.A la fin du XVIIe siècle ou au commencement du xviil", Pierre d’Urte, ministre du Saint Évangile, natif de Saint-Jean-deLuz, qui vivait encore en 1715, entreprit une

traduction de l’Ancien Testament; mais il s’arrêta dès ledébut de son œuvre. Son manuscrit contient seulementla Genèse et les vingt-deux premiers chapitres de l’Exode(l-xxii, 6). Il est conservé dans la bibliothèque de lordMacclesfield, à Shirburn, dans le comté d’Oxford. Il commencepar ces mots: Biblia saindua Testament çaharraeta berria iduquitçen dituena bertçéla alientcia çaharraeta berria: edo iscritura saindua guera. Le dialecteest celui de SaintJean-deLuz et diffère du dialecte archaïquede Liçarrague. La version paraît faite sur la Biblefrançaise de Genève. Voir Academy, 13 septembre et8 novembre 1884, t. xxvi, p. 168, 306; 21 janvier 1893, t. xliii, p. 60.

Jusqu’au XIXe siècle, il n’avait encore paru de traductioncatholique d’aucune partie des Livres Saints. Comme l’évêquede Bayonne désirait opposer une version orthodoxeà celle de Liçarrague, un prêtre de son diocèse, Jean deHaraneder, de Saint-Jean-de-Luz, avait traduit tout le NouveauTestament; mais son travail n’avait pas été imprimé.Une copie manuscrite de son œuvre se trouve entre lesmains de M. l’abbé Harriet; elle porte pour titre: lesu ChristorenEvangelio saindua, Iean Haraneder aphez DonibaneLohitzucoac escoararat itçulia. M.DCG.XL. (Lesaint Évangile de Jésus-Christ, traduit en basque parJean Haraneder, prêtre de Saint-Jean-de-Luz.) La copie, faite par Jean Robin, prêtre, est datée de 1770.

A l’aide de cette traduction et en se servant aussi deLiçarrague, M. Harriet a publié Jesu - Christo gure jaunarenTestament berria lehenago I. N. Haraneder doneloane Lohitsuco iaxm aphez batec escuarrat itçulia; orai, àrtha bereci batequin, garbiquiago, lehembicoaldicotçat aguer - aracia, laphurtar bi iaun aphecec.In-12, Bayonne, 1855. (Le Nouveau Testament de Jésus-Christ, traduit primitivement en basquepar un seigneurprêtre de Saint-Jean-de-Luz, J. N. Haraneder; publiémaintenant pour la première fois, plus purement, avecun soin particulier, par deux prêtres labourdins.) Lesdeux prêtres labourdins sont M. M. Harriet et M. Dassance; Je concours de ce dernier a été seulement pécuniaire.Cette version ne contient que les quatre Évangiles, accompagnésd’un vocabulaire basque et précédés de prières.

Les traductions basques des Livres Saints ont été nombreusespendant le xix c siècle. Un médecin nommé Oteizaa traduit en guipuzcoan l’Évangile de saint Luc: EvangelioaSan Lucasen guissan. El Evangelio segun S. Lucastraducido al vascuence. In-8°, Madrid, 1838. Cette versiona été publiée par G. Borrow, avec le concours de laSociété biblique. Voir G. Borrow, The Bible in Spain, 2\{\{e\}\} édit., 3 in-12, Londres, 1843, t. ii, ch. xix, p. 391; trad. franc., 2 in-8°, Paris, 1845, t. ii, ch. iii, p. 44. C’estsurtout au prince Louis-Lucien Bonaparte que les Basquesdoivent de nombreuses publications des Écritures en leurlangue; il a fait traduire la Bible entière en labourdin, et plusieurs parties de l’Ancien et du Nouveau Testamenten divers dialectes. Voici ces publications, selon l’ordredes livres de l’Écriture: Bible saindua edo Testamentzahar eta berria Duvoisin kapitainak latinezko Bulgatatiklehembiziko aldizko laphurdiko eskarara itzuliaLuis Luziano Bonaparte Printzeak argitara émana. Grandin-8° à deux colonnes, publié en cinq livraisons, Londres, 1859-1865. (La Bible ou le Testament ancien et nouveau, traduit pour la première fois du latin de la Vulgateau basque du Labourd.) — Biblia edo Testamentu zareta berria Aita Fray José Antonio de Uriarte latinezeoVulgatatic lembicico aldiz Guipuzcoaco euscarara itzulia, Luis Luciano Bonaparte principeac eta don José Antoniode Apiazu guipuzcoatarrac lagunduric. In-8°, Londres, 1859. (La Bible ou l’Ancien et le Nouveau Testament, traduitpour la première fois du latin de la Vulgate aubasque de Guipuzcoa.) Il n’a paru que la Genèse, l’Exodeet le Lévitique (251 exemplaires). — Le livre de Buth, traduit en basque labourdin par le cap. Duvoisin. In-12, Londres, 1860 (250 exemplaires. Société biblique). — El

salmo quincuagêsimo traducido al vascuence del vallede Salazar, de la version castellana de don Felipe Scio, por don Pedro José Samper, abad de Jaurieta. In - 4%Londres, 1867. — El salmo quincuagêsimo traducido alvascuence aezcoano, salaceno y roncalés de la versioncastellana del padre Felipe Scio, por don Martin Elizondode Aribe, don Pedro Samper, y don Mariano Mendigacha, de Vidangoz. In-4°, Londres, 1869. — Canticum canticorumSalomonis tribus vasconiese linguse dialectis inHispania vigentibus versum, opéra et studio JosephiA. de Uriarte et Ludovici L. Bonaparte. In-4°, Londres, 1858. Tiré à 250 exemplaires. — Canticum trium puerorumin septem prsecipuas vasconiese Ungux dialectosversum. In -4°, Londres, 1858. — Le Cantique des cantiquesde Salomon, traduit en basque labourdin, parM. le cap. Duvoisin. In-8°, Londres, 1859. Tiré à 250 exemplaires.— Le même, traduit en basque biscayen central, tel qu’il est communément parlé aux environs de Bilbao, par le P. J. A. de Uriarte. In -8°, Londres, 1862. — Canticumtrium puerorum in undecim vasconiese lingusedialectos versum, collegit L. L. Bonaparte. In-4°, Londres, 1858. Autre édition, même lieu et même date. Cestrois éditions ont été tirées chacune à 250 exemplaires.Ce cantique a été publié aussi en quelques autres dialectes, Londres, 1869. — La profecia de Jonâs traducidaal vascuence, dialecto navarro del valle de Bastan, segunahora comunmente se habla en la villa de Elizondo, por don Bruno Etchenique. In - 16, Londres, 1862(250 exemplaires). — La prophétie de Jonas traduite endialectebasque de la Basse -Navarre, tel qu’il est communémentparlé dans la ville de Cize, par M. l’abbéCasenave. In-16, Londres, 1862 (250 exemplaires). — Laprophétie de Jonas traduite en basque labourdin par lecap. Duvoisin. In-16, Londres, 1863 (250 exemplaires). —L’Évangile selon saint Matthieu, sur la version de M. leMaistre de Sacy, traduite en langue basque, dialectebas-navarrais, par M. Salaberry ( d’Ibarrole), pour leprince Louis-Lucien Bonaparte. In-8°, Bayonne, 1856.Il n’en a été tiré que douze exemplaires. — Le SaintÉvangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, traduiten basque souletin, par l’abbé Inchauspe, pour le princeLouis -Lucien Bonaparte. In -8°, Bayonne, 1856. Tiré àdouze exemplaires. — El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialecto vizeaino, por et P. Fr.José Antonio de Uriarte, para et principe Luis LucianoBonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à douze exemplaires.

— El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialeeto navarro, por don Bruno Etchenique deElizondo, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à dix exemplaires. — El Evangeliosegun san Mateo, traducido al vascuence, dialecto guipuzcoano.In-8°, Londres, 1857. Tiré à dix exemplaires.Autre édition, Londres, 1858 (de 26 exemplaires). — Leprince Lucien a fait aussi publier: San Lucasen ebanjelioarenparteac (Parties de l’Évangile de saint Luc)(sans lieu ni date), (nous ne parlons pas de quelques autresfragments sans importance). — Jesu-Cristoren Evangeliosandua Juanec dacarran guisara. Don Joaquin Lizarragaceuscaran itzulia itzes itz, daiguen dina, eguiaren amorez, ta L. L. Bonaparte arguitara émana. In-4°, Londres, 1868. (Le Saint Évangile selon saint Jean, traduit enbasquepar don J. Lizarraga, mot pour mot, autant qu’onle peut.) — El Apocalipsis del apôstol san Juan, traducidoal vascuence, dialecto vizeaino, por et P. Fr.José Antonio de Uriarte, para et principe Luis LucianoBonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à 51 exemplaires.

— L’Apocalypse de l’apôtre saint Jean, traduit enbasque souletin par l’abbé Inschauspe, pour le princeLouis -Lucien Bonaparte. In -8°, Londres, 1858. Tiré à50 exemplaires. — El Apocalipsis del apôstol san Juan, traducido al vascuence, dialecto guipuzcoano, por elP. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe L. L. Bo-’naparte. In -8°, Londres, 1858. Tiré à 50 exemplaires.

1499

    1. BASQUES##

BASQUES (VERSIONS) DE LA BIBLE — BASTONNADE

1500

Outre les publications du prince Bonaparte, il fautmentionner: Perliasco colierbat. Un collier de perles, ou Passages extraits du Nouveau Testament de Notre-SeigneurJésus-Christ. Petit in-8°, Bayonne (-1864). —Miss Alice Probyn (devenue plus tard M me Hill) en a faitfaire en 1879, à Paris, une nouvelle édition in-8°, dansun but de propagande protestante. — Ebanjelio saintiaJésus - Kristena jondane Johaneren arabera. In - 8°, Bayonne, 1873; 2e édition, Orthez, 1888. Traduction faitepar M lle Anna Urruthy, ainsi que celle des Épîtres desaint Pierre: Jondane Phetiriren Epitriac, in-18, Bayonne, 1873; 2° édit, 1887.

La Société biblique de Londres a édité les versions suivantes: Ebangelio saindua san Marken arabera, lapurdicoescuararat itçulia. In-8°, Londres, 1887. — Ebangeliosaindua san Joanesen arabera, lapurdico escuararatitçulia. In-8°, Londres, 1887. Ces deux Évangilessont simplement réimprimés de la Bible de M. Duvoisin; seulement dans saint Marc, i, 4, 15; vi, 12, on a substituéau mot penitencia, «pénitence,» l’expression emendamendu, «repentance, amélioration.» La Société biblique

fit emprisonner au Temple. Après une longue détention, Bassinet se retira à Chaillol, où il finit ses jours à 90 ans.

— On a de lui: Histoire sacrée de l’Ancien et du NouveauTestament, représentée par figures accompagnéesd’un texte historique, 8 in-8°, Paris, 1804-1806. Le huitièmevolume de cet ouvrage, contenant les Actes desApôtres et l’Apocalypse, est de L’Écu, ancien abbé dePrémontré. En 1802, il avait publié sous les initialesJ. B. B. une Histoire sacrée du Nouveau Testament, contenant la vie de Jésus-Christ; elle forme le t. vude l’x>uvrage cité plus haut. O. Rëy.

    1. BASTONNADE##

BASTONNADE, application d’un certain nombre decoups de bâton, la plus commune des peines corporellesétablies par la loi mosaïque pour les délits d’ordre secondaire.Deut., xxv, 2-3; Ps. lxxxix, 33; Prov., xvii, 26; Mischna, Maccoth, iii, 1-7; Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21, 23. C’était du reste et c’est encore le châtiment le plusfréquent en Orient, spécialement en Egypte, où le bâton, «ce don du ciel,» a toujours joué un grand rôle. F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
457. — Préparatifs de la bastonnade. Tombeaux de Saqqara. Musée G-niniet.

a donné aussi plusieurs éditions de V Ebangelio sainduasan Luken arabera. Lapurdico escuarrat itçulia, petitin-8°, Londres, 1868, 1871, 1878, 1886, 1887. — Jesu Cristorenevanjelioa Lucasen araura (en dialecte guipuzcoan), in-8°, Londres, 1870; autre édition, Buenosvyres, 1877. — Jesu - Cristoren Evangelioa Juanen araura, in-8°, Londres, 1879. — Voir J. Vinson, Essai d’une bibliographiede la langue basque, in-8°, Paris, 1891, p. 5 etsuiv. F. Vigouroux.

    1. BASS Sabbathai##

BASS Sabbathai, exégète juif, Hollandais, né à Kalischen 1641, mort à Krotoschin en 1718. Il établit, en 1689, une imprimerie hébraïque à Dyrenfurt. Il est l’auteur: 1° des èiffê hâkâmim, commentaire du commentairede Raschi sur le Pentateuque et les cinq Megilloth, Amsterdam, 1680; — 2° des Èiftê yesênim, catalogue de lalittérature hébraïque comprenant 2368 numéros, dont2200 d’écrivains juifs et 160 d’écrivains chrétiens, Amsterdam, 1680; Zolkiew, 1806. Voir J. A. Benjacob, Ozar hasepharim, Thésaurus librorum hebraicorum, in-4°, Wilna, 1880, part, iii, n°* 1236 et 1238, p. 609.

BASSIN D’AIRAIN. Voir Mer d’airain. — Pour lesautres bassins ou cuves employés dans le service du templede Jérusalem, voir Vases dd temple.

    1. BASSINET##

BASSINET (Alexandre -Joseph de), prêtre français, né à Avignon le 22 janvier 1723, mort à Chaillot le 16 novembre1813, prédicateur brillant à la cour, chanoine etgrand vicaire de Verdun, refusa le serment à la constitutioncivile du clergé, resta caché et oublié pendant laRévolution, mais eut des démêlés avec Bonaparte, qui le

p. 254; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. iii, p. 47. Le condamné à qui on l’infligeaitétait couché sur le ventre, Deut., xxv, 2, les pieds et lesmains retenus par les exécuteurs ou attachés à des piquets.On le frappait sur le dos avec un bâton, Prov., x, 13; xxii, 15, en présence du juge et immédiatementaprès le jugement, Deut., xxv, 2. Moïse, qui inscrivit labastonnade dans le code pénal israélite, l’avait vu souventpratiquée en Egypte de la même façon: les monumentsreprésentent fréquemment la préparation de cettepeine (fig..457) et son administration (fig. 458). D’aprèsla loi mosaïque, le nombre des coups était proportionnéà la gravité de la faute, mais ne pouvait dépasser quarante.Deut., xxv, 3. Après le retour de l’exil de Babylone, les Juifs, par scrupule pharisaïque, ne donnèrentplus que trente - neuf coups, de peur de dépasser le nombremaximum prescrit par la loi, II Cor., xi, 24; Mischna, Maccoth, iii, 10, ou bien sous l’influence grecque ouromaine, la bastonnade proprement dite fut-elle remplacéepar la flagellation (Matth., x, 17; Act., v, 40. VoirFlagellation). Or, comme elle était administrée au moyend’un fouet à trois lanières de cuir, on ne donnait quetreize coups en tout, ce qui équivalait à trenteneuf, Josèphe, Ant. jud., TV, viii, 21, note de Ed. Bernard, édit. Havercamp, in-f°, Amsterdam, 1726, p. 237; oubien l’on donnait treize coups sur la poitrine et treizesur chaque épaule. Mischna, Maccoth, iii, 12, et note deMaimonide, Surenhusius, Mischna, part, iv, p. 289. Nullefonction, nulle dignité n’exemptait de la bastonnade, quidu reste n’avait rien d’humiliant aux yeux des Juifs, malgré le dire de Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21, troppréoccupé des mceurs romaines et de la façon de penser de

son temps. Le grand prêtre lui-même pouvait la subir, pour une transgression des lois cérémonielles; aussitôtaprès, il reprenait ses fonctions sans déshonneur. Selden, De Synedriis, in-8°, Amsterdam, 1679, p. 334 et 347.

La peine du bâton, non plus administrée en règle et devantle juge, mais considérée comme moyen de correctionou comme stimulant dans la main du père ou du maîtreà l’égard de ses enfants, Prov., xiii, 24; xxiii, 13, 14, oude ses serviteurs, Luc, xii, 45-48, était connue en Palestinecomme en Egypte. Les monuments de la vallée duNil nous montrent souvent des serviteurs menacés du

aux verges l’homme libre: la loi Porcia en exempta lescitoyens romains. Act., xvi, 22. La verge, plus flexibleque le bâton, était une des baguettes de coudrier ou d’ormequi composaient les faisceaux des licteurs. Chez les Juifs, les maîtres cruels remplaçaient le simple bâton par lescorpion. III Reg., xii, 11. Quelques auteurs y voient unbâton noueux ou armé de pointes. S. Isidore de Séville, Etymolog., V, xxvii, 18, t. lxxxii, col. 212. Mais lescorpion est plutôt un fouet armé de pointes de fer, une sorte de flagellum. — Voir J. D. Michælis, MosaUsches Recht, in-12, Francfort, 1780, 5e partie, p. 48-53;

[[File: [Image à insérer]|300px]]
458. — Bastonnade infligée à un berger qni a perdu une partie de son troupeau.

Tombeau de Beni-Hassan. — Dans le registre snpérienr, le chef de famille, reconnaissable & la canne qu’il tient à la main, demandele compte de ses troupeaux. Un scribe, qui n’est pas reproduit dans notre gravure, le lui indique d’après ses tablettes: il s’élèveà deux cent cinquante têtes; le berger n’en ramène que deux cent quarante; U est condamné à la bastonnade, qui lui est administréedans le registre Inférieur. La légende hiéroglyphique qu’on lit dans le registre inférieur signifie: «Mets-le par terre surle ventre.» Celle qui est dans le registre supérieur Indique le chiffre total du troupeau (350). D’après Champollion, Monumentsde l’Egypte, pi. 390 et 391.

bâton, ou debout les mains derrière le dos subissant cettepeine; on y voit des surveillants stimulant du bâton letravail des esclaves. Voir Briques. Sur les monumentsassyriens, les convois de captifs sont toujours conduitspar des soldats armés de bâtons pour frapper les récalcitrants.Voir fig. 261, col. 983 et Captifs. L’auteur desProverbes, xiii, 24; xxiii, 13, 14, juge excellente la correctioncorporelle pour les enfants rebelles aux voies dela raison et de la douceur; mais il faut en user avecmodération, xix, 18.

Dans le monde grec, la bastonnade était usitée sousune forme spéciale. Ainsi Antiochus condamne Éléazarau supplice du tvimtoivov. II Mach., vi, 19, 28, 30 (textegrec). Saint Paul y fait allusion, Hebr., xi, 35 (grec).Le tympanum était un instrument de supplice en formede roue, où le corps du condamné était fortement tenducomme la peau d’un tambour, et on le frappait de coupsde bâton jusqu’à la mort. — Chez les Romains, tandisque le fouet était réservé aux esclaves, on condamnait

J. Selden, De Synedriis, in-4°, Amsterdam, 1679, 1. II, c. xiii, 6, p. 333-348. E. Levesqub.

BATAILLE. Voir Guerre.

    1. BATANÉE##

BATANÉE (BaTavaîa, dans Josèphe et Ptolémée), forme grécisée du nom de Basan, par l’intermédiaire del’araméen, qui avait durci la sifflante en t. Voir BaSan, col. 1487, 1489-1490.

    1. BÂTARD##

BÂTARD, enfant de naissance illégitime, c’est-à-direné hors mariage. Chez les Hébreux, on ne regardaitcomme bâtards ni les enfants des esclaves, ni les enfantsdes femmes du second ordre, appelées «concubines» dans l’Écriture (voir Concubine); comme le mariage desesclaves et le «concubinat» étaient de véritables unionsmatrimoniales, quoique d’ordre inférieur, le fruit de cesunions était légitime. Il est difficile de définir quelle était, dans la loi de Moïse, la situation des bâtards. Nous n’avons

de texte précis que pour une catégorie d’entre eux, ceuxà qui l’Écriture donne le nom de mamzêr, Deut., xxiii, 2, mot que la Vulgate a conservé et qui a passé dans lalangue du droit canonique.

1° À qui s’appliquait, ^ chez les Hébreux, la qualificationde «mamzêr». — Quoiqu’on ne puisse pas déterminerd’une manière certaine toutes les espèces d’enfantsillégitimes comprises par les Hébreux sous cettedénomination, on peut cependant signaler les principales.On regardait comme mamzêr: 1. L’enfant né d’une unionincestueuse, au moins dans les cas d’inceste les plusgraves; ces cas d’inceste sont ceux que la loi punit soitde la peine de mort, soit de la peine du «retranchement», kârat. Telle est l’opinion traditionnelle des Juifs, consignée dans la Mischna, traité Yebâmoth, iii, 13, édit.Surenhusius, Amsterdam, 1700, t. iii, p. 17-18. Cf. Bartenoraet Maimonide, dans lears Commentaires sur cetendroit de la Mischna, loc. cit.; Selden, De Jure naturseet gentiùm, v, 16, VVittenberg, 1770, p. 655, et Desuccessionibus in bona defuncti, iii, Francfort-sur-1’Oder, 1673, p. 12; Saalschûtz, Dos Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 100, p. 693; Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 781. — 2. L’enfant né d’une relation adultérine; ilétait placé sur le même pied que le fruit de l’inceste.Cf. Selden, De successionibus, loc. cit. — 3. L’enfant néd’un mariage défendu entre Juifs et étrangers; la loi nedéfendait pas aux Juifs le mariage avec toute espèced’étrangers, mais seulement avec certains étrangers, parexemple, les Chananéens, Exod., xxxiv, 16; Deut., vii, 2-4; or l’enfant né d’une de ces unions défendues était regardéet traité comme mamzêr; on en voit une application rigoureusedans Esdras, x, 3, 44. — 4. Probablement aussi, l’enfant né d’une fille prostituée; telle est, en effet, pour lemot hébreu mamzêr, Deut., xxiii, 2, la traduction des Septante, Sx îcipvv]; , et de la Vulgate, de scorto natus; cettesévérité vient de la rigueur avec laquelle Moïse avait défenduce crime, ne voulant pas le tolérer en Israël. Deut., xxm, 17. — En dehors de ces cas, il est difficile de diresi la qualification de mamzêr s’applique encore à d’autrescatégories d’enfants illégitimes; ce qui est certain, c’estqu’il ne suffisait pas qu’une union ou relation fût défendue, ou même annulée, pour que le fruit en fût déclarémamzêr; voir le commentaire de Bartenora sur la Mischna, traité Yebâmoth, iii, 13, dans Surenhusius, toc. cit.; Selden, De successionibus, etc., p. 12-13. La simple violationdu sixième précepte du Décalogue est punie d’une peinerelativement légère, Exod., xxii, 16-17; il n’est aucunementprobable que le fruit de cette relation coupable soitréduit à la triste situation du mamzêr.

2° Quelle était la situation du «mamzêr» chez lesHébreux. — D’une manière générale, on peut dire qu’ilétait frappé d’une espèce d’excommunication à la foiscivile et religieuse; tel est, en effet, le sens du passagerapporté du Deutéronome, xxiii, 2: «Que le mamzêrn’entre pas dans l’assemblée du Seigneur, biqehal Yehôvâh, pas même sa postérité jusqu’à la dixième génération;» l’expression qàhàl Yehôvâh signifie «l’assemblée», et, par suite, la société des Israélites, peuple choisi deJéhovah, avec tous les droits civils et religieux qui appartiennentà ses membres. Le mamzêr était donc plus oumoins privé de ces droits. Voici quelques applications decette peine, signalées par l’Ecriture ou les interprètes: 1. Le mamzêr n’a pas le droit d’épouser une fille d’Israël; cela découle du texte du Deutéronome. Ce droitétait un des plus précieux des enfants de Jacob, parcequ’il avait pour but immédiat de recruter le peuple deDieu, d’où devait sortir le Messie. Cf. Maimonide, MoreNebochim, iii, 49, traduction latine de Buxtorf, Bâle, 1629, p. 507; Selden, De jure naturse, v, 16, p. 656-660.Le mamzêr ne pouvait épouser qu’une étrangère, uneaffranchie, une esclave. — 2. Le mamzêr n’était pasinscrit sur les listes généalogiques; il. était comme s’iln’existait pas; il n’était pas réputé comme «fils». C’est

encore une conséquence du texte cité. Rosenmûller, Scholiain Vêtus Testamentum, In Deut., xxiii, Leipzig, 1824, p. 566. Toutefois cette sanction ne date que de la loimosaïque; avant Moïse il n’en est pas question: le nomde Phares, dont la naissance lui méritait la situation demamzêr, setrouve dans toutes les généalogies contenuesdans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. —3. Le mamzêr n’avait aucun droit sur la succession deson père, et en conséquence n’avait, de ce côté, aucunepart d’héritage. Telle est l’opinion commune des interprètes, qui la déduisent du même texte; ce texte nousmontre le mamzêr séparé de la société juive, et par conséquentprivé des droits civils, dont un des principauxest le droit de succéder. Voilà pourquoi Jephté, qui étaitmamzêr, comme ayant pour mère une fille publique, zônâh, Jud., xi, 1, put être légitimement privé par sesfrères de toute part dans la succession de leur père, Jud., xi, 2, traitement qui paraît avoir été ratifié par unesentence des anciens de la ville. Jud., xi, 5-7. Si, dansce dernier passage, Jephté se plaint, ce n’est pas d’avoirété privé de sa part d’héritage, mais d’avoir été chassé dela maison paternelle, ce qui est bien différent. Cf. Serarius, In Judices, xi, 9, 4, Paris, 1611, p. 336-337; Ménochius, De republica Hebrseorum, v, 9, Paris, 1648, p. 478; Rosenmûller, In Judices, xi, 1-2, Leipzig, 1835, p. 264-265.C’est ainsi que, chez les Romains, le droit pour les bâtardsde succéder et d’hériter était extrêmement restreint; etchez les Grecs, particulièrement chez les Athéniens, ilétait nul. Cf. Ubbo Emmius, De Republica attica, dansGronovius, Thésaurus grxcarum antiquitatum, Venise, 1732, t. iv, p. 613; Hotman, De spuriis et legitimatione, dans Grasvius, Thésaurus rornanarum antiquitatum, Venise, 1732-1737, t. viii, p. 1204-1205. Le mamzêr, chezles Hébreux, n’était pourtant pas abandonné; ses parents luidevaient le vivre et le couvert; et Josèphe nous apprendque, quand les parents coupables étaient punis de lapeine de mort, par exemple, en cas d’adultère, la communautéjuive se chargeait de l’enfant né de ces relations, Contr. Apion., ii, 24. — Remarquons, sur le pointqui nous occupe, un grand relâchement chez le peuplejuif; dans les siècles qui suivirent le commencement del’ère chrétienne, le mamzêr hérita comme ses frèreslégitimes; c’est ce que nous apprend Maimonide, traitéNechaloth, i, dans Selden, De successionibus, etc., p. 11.

— 4. Le mamzêr était exclu de toute fonction publique, et même du droit de voter dans les assemblées; nouvelleconséquence du texte du Deutéronome, xxiii, 2. Cf. Leydekker, De republica Hebrseorum, vi, 5, Amsterdam, 1704, p. 361. Que si Jephté fut choisi pour être le «juge» ou chef de sa tribu, ce fut dans un de ces cas de nécessitéoù le salut public est la loi suprême, et par une sorted’inspiration divine, comme l’insinue saint Paul. Hebr., xi, 32. Cf. Serarius, loc. cit., q. 5, p. 338-339; Leydekker, loc. cit., p. 362. — 5. À plus forte raison, le mamzêr étaitexclu des fonctions sacerdotales; ici les prescriptionsétaient plus sévères: le sacerdoce était interdit, non seulementau mamzêr tel que nous l’avons défini, maisencore à plusieurs autres catégories d’enfants illégitimes; si un prêtre, malgré la prohibition de la loi, épousaitune femme drvorcée, une fille publique, une veuve, uneétrangère, les enfants qui naissaient de ces mariagesétaient réputés illégitimes, au point de vue du sacerdoce.Leydekker, De republica Hebrseorum, x, 3, p. 589, Selden, De successione in pontificaturft, Francfort-surl’Oder, 1673, ii, 2, p. 196-197; Cnr’pzov n Apparatus antiquitatumS. codicis, Leipzig, 1748, p. 89. — 6. Cettesituation du mamzêr non seulement durait toute sa vie, mais encore s’étendait à sa postérité, «jusqu’à la dixièmegénération,» dit le texte, Deut., xxiii, 2, expression queles interprètes entendent, les uns (par exemple, Rosenmûller, In Deut., xxiii, 3, p. 569), d’un temps indéfini, les autres (par exemple, Cornélius a Lapide, In Deut, , xxiii, 2) dans le sens strict, c’est-à-dire jus

qu’au dixième descendant, à l’exclusion des suivants. Lesrabbins, par leurs traditions, ont détruit en partie cetteloi du Seigneur, en rendant possible l’extinction de lapeine, même à la seconde génération: nouvelle manifestationdu relâchement déjà signalé. Mischna, traitéKiddouschîn, iii, 13, édit. Surenhusius, t. iii, p. 378.Cf. Selden, De jure naturali, v, 16, p. 659-660; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, k. 100, p. 694, note 892.

Quant à l’enfant illégitime qui n’était pas mamzêr, onne peut que faire des conjectures, car aucun texte nifait précis ne nous éclaire sur sa situation. Ce qu’on peutdire, c’est que cette situation était bien moins pénibleque celle du mamzêr, et que, sauf pour la successiondes biens, il jouissait probablement de tous les droitscivils: c’est ce que laisse à entendre le texte du Deutéronome, xxm, 2, qui, traitant spécialement du mamzêr, ne peut pas et ne doit pas s’appliquer aux autres enfantsillégitimes. Du reste, cette catégorie d’enfants devait êtrepeu nombreuse; car, comme dans ce cas la mère de l’enfantn’était ni mariée ni parente de son complice, celui-cipouvait et devait l’épouser, Exod., xxii, 16; Deut., xxii, 28-29; même quand le complice était marié, les mœursjuives sur la polygamie lui permettaient de prendre uneseconde femme. Dès lors l’enfant entrait dans la catégoriedes enfants légitimes. S. Many.

    1. BATE Julius##

BATE Julius, hébraïsant anglais, né en 1711, mortà Arundel le 20 janvier 1771. Il fut le disciple de Jeaniïutchinson, hébraïsant, naturaliste et commentateur mystiqueet cabalistique de la Bible. Il écrivit plusieurs ouvragesen faveur de la doctrine de son maître. Nous citeronsde lui: An enquiry into the occasional and standing similitudesoftheLord God in the OldandNew Testaments; or the forms mode use of by Jehova Aleim to representthemselves to true believers before and since the Law byMoses. With a dissertation on the supposed confusion oftangues at Babel, in-8°, Londres, 1756. — The inlegrity ofthe Hebrew text and many passpges of Scripture, vindicatedfrom the objections ofKennicott, in-8°, Londres, 1755.

— À neiv and literal translation of the Pentateuch andhistorical books of the Old Testament to the end of2 Kings. With notes critical and explanatory, in-4°, Londres, 1773. — An Essay towards explaining thethird chapler of Genesis and the spiritual sensé of theLaw. In which the third proposition of the divineLégation, and what the author hath brought to supportit, are considered, in-8°, Londres, 1741. — Remarksupon Mr Warburton’s Remarks, tending to show thaïthe Ancients kneiv there was a future state; and thatthe Jews were not under an equal Providence. With anexplication of some passages in Job, which relate toChristianity, in-8°, Londres, 1745. — The faith of theancient Jews in the law of Moses, and the évidence ofthe types vindicated. In a letter to the Rev. Dr. Stebbing, in-8°, Londres, 1747. — Micah v, 2, and Matth. ii, 6, reconciled; with some remarks cm Dr. Runfs latinoration at Oxford, 11U8, and Dr. Grey’s last wordsof David, and David numbering the people, in-8°, Londres, 1749. — An Hebrew grammar: formed on theusage of the words by the inspired writers; being anattempt to make the learning of Hebrew easy, in-8°, Londres, 1751. — Critica Hebrœa, or a Hebrew-EnglishDictionary without points. — Voir Darling, Cyclopscdia

bibliogr., p. 197, 198.

B. Heurtebize.

BATEAU. Voir Navigation.

1. BATH, mot hébreu, bat, qui signifie «fille y>, etqui entre comme élément dans la composition des nomspropres de femmes, de même que bén, «fils,» sert àformer des noms propres d’hommes. Voir Bethsabée(hébreu: Baf-Sëba’; Bat-su’a, I Par., iii, 5); Béthia{ hébreu: Bifyâh). — Le mot bat, K fi’lej B s’emploie

aussi en hébreu pour désigner: 1° soit les femmes, «fillesd’Israël,» signifiant simplement «les femmes israélites»; 2° soit les habitants en général d’une ville ou d’un pays: «fille de Sion,» c’est-à-dire les habitants de Sion; «fillede Tyr,» habitants de Tyr; «fille de Misraïm,» habitantsde l’Egypte. — 3° Les «filles» d’une ville sont ses faubourgset ses dépendances, etc.

2. BATH (hébreu: bat, mot qui signifie probablement «mesure» ), mesure hébraïque de capacité pour lesliquides. Ce mot a été latinisé en plusieurs endroits parla Vulgate sous la forme batus. III Reg., vii, 26, 38;

I Esdr., vii, 22; Ezech., xlv, 10, 11, 14. Les Septanterendent une fois bat par pett’O, I Reg., v, 11; une autrefois par petto; , I Esdr., vii, 22; ailleurs ils emploient desnoms de mesures grecques. Les autres traducteurs grecs, Aquila, III Reg., vii, 38; Is., v, 10; Ezech., xlv, 14; Symmaque, III Reg., v, 11; vil, 38; Is., v, 10; Théodotion, Is., v, 10; Ezech., lxv, 14; les Pères grecs, comme Théodoret, In Is., v, 10, t. i, p. 466, se serventdu mot gâxoç ou piSoç. La forme piSoç se lit dans^certainsmanuscrits de I Esdr., vii, 22, ainsi que dans Josèphe, A nt. jud., VIII, H, 9. Saint Luc a employé unefois le mot porco; dans son Évangile, XVI, 6. La Vulgatetraduit, dans ce dernier passage, par cadus; ce mot, quivient de l’hébreu kad, désigne proprement, non pas unemesure de capacité, comme le bat ou pàToç de saint Luc, mais un vase d’argile, une urne.

Le bath n’est pas nommé dans l’Ecriture avant l’époquedes Rois. Il était la dixième partie du chômer ou cor, Ezech., xlv, 11, 14, et avait la même capacité queYéphah ou éphi / comme le dit expressément Ézéchiel, xlv, 11. Le bath et Yéphah ne différaient que par l’usagequ’on en faisait, le premier servant pour les solides et lesecond pour les liquides, c’est-à-dire pour le vin et l’huile.Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 9, édit. Didot, t. i, p. 288, dit que le bath contenait soixante-douze léoro» (sextarii), c’est-à-dire un metrète attique ([actpï]t^{, metreta) ouenviron 38 litres 88. Voir Mesures.

La Vulgate n’a pas rendu uniformément bath par batus; elle l’a traduit par laguncula, Is., v, 10; par metreta,

II Par., ii, 10; IV, 5, et par cadus, Luc, xvi, 6. Dansl’histoire de Bel et du dragon, dont nous ne possédonsplus l’original sémitique, le bath est appelé, en grec, (ieTpï)Triç, et en latin amphora. Dan., xiv, 2. Les urnesdes noces de Cana, dont le Sauveur changea l’eau envin, contenaient chacune de deux à t r ois baths (^expr^â; ; Vulgate: metretas), c’est-à-dire de 67 à 76 litres environ.Joa., ii, 6. F. Vigouroux.

    1. BATH KOL##

BATH KOL (bip ris, bat oM, «fille de la voix» ). Les

Targums, le Talmud et les écrivains rabbiniques désignentpar ce nom une sorte de voix surnaturelle quirévèle la volonté de Dieu et constitue le quatrième et dernierdegré de la révélation. (Le premier est le don deprophétie, le second le don du Saint-Esprit, le troisièmel’oracle de Yurim et du thummim). D’après les Targums, Dieu se servit de la. Bath kol pour manifester sa volontéà Abraham, à Moïse, à Samuel, à David, etc. Voir lesTargums de Jonathan et de Jérusalem, Gen., xxxviii, 26; Num., xxi, 6. (Cf. Reland, Antiquitates veterum Hebreeorum, 4, dansUgoljni, Thésaurus, t. ii, part, ii, c. ix, col. dccxxxv.) Elle devint l’unique moyen de communicationentre Dieu et son peuple pendant la période dusecond temple. «Depuis la mort d’Aggée, de Zacharie etde Malachie, l’Esprit-Saint (Ruah hagqôdés) fut retiréà Israël; mais il jouit néanmoins de l’usage de la Bathkol.» Sofa, ꝟ. 42. Cf. Vitringa, Observalionum Sacrarumlibri seæ, Franeker, ii, p. 338. Cf. p. 341-363..

Le sens des mots Bath kol est controversé. Il est probablequ’ils signifient «écho». Cf. Midrasch sur Exod., f. m b, et Cant., I. La nature elle-même de cette sortede révélation est très diversem*nt expliquée par les rabbins.

I. — 50

L’opinion prédominante paraît être que la Bath kol n’étaitpas une voix directe du ciel, mais une sorte d’écho, d’où son nom de «fille de la voix». Voir Buxtorf, Lexicon talmudicum,; au mot Bat, édit. Fischer, t. i, p. 168. «La BatK kol est quand un homme a une forteimpression qu’il croit entendre une voix hors de lui-même,» dit Maimonide, More Nebuchim, 2e part., c. 42, édit. L. Munk, t. ii, 1861, p. ï.

Cette voix, d’après les rabbins, était une voix céleste, Sota, ꝟ. 486, col. 2; Baba metsiah, î. 59 b; Sanhédrin, f. ii, col. 1. Ce n’était pas cependant la voix de Dieu, mais celle des anges ou du prophète Élie. Elle se fitentendre aux hommes sages et pieux depuis l’an 450avant Jésus-Christ jusqu’à l’an 220 de notre ère. Son existence, qui a été un grand sujet de discussion entre lesrabbins eux-mêmes, n’est nullement établie. Il est néanmoinsnécessaire de savoir-ce qu’on entend par ces motspour l’intelligence des Targums et aussi de la Peschito, version syriaque du Nouveau Testament, qui a quelquefoisrendu le mot grec çwviî, «voix,» par jyLo &-L3, benof qolé, «filles des voix,» Act., xii, 22; I Tim., vi, 20; Hebr., iii, 15 (bat qoléh). — Voir Hàner, De Bath kol, Iéna, 1673; Metzler, De vocis filia, léna, 1673; Danz, De filia, vocis, Iéna, 1716, et dans J. G. Meuschen, Novum Testamentume Talmude illustratum, in-4°, Leipzig, 1736, p. 350-378; Proceedings of the Society ofBiblical 4rcftœofogry, avril 1886, p. 117. F. Vigctoroux.

    1. BATH-RABBIM##

BATH-RABBIM (hébreu: Bat-rabbim; les Septanteet la Vulgate ont traduit ce mot comme nom commun, QvytxTpbs itoXXwv, filial multitudinis, «la fille de beaucoup, de la multitude» ). Dans le Cantique des cantiques, vu, 4, les yeux de l’épouse sont comparés aux «piscinesd’Hésébon, qui sont devant la porte de Bath-rabbim».C’est le seul endroit de l’Écriture où l’on rencontre cenom. Il résulte du contexte, en prenant Bath-rabbim, avec la plupart des commentateurs modernes, comme nompropre, que ce mot désigne une des portes d’Hésébon, et que cette porte était située près des piscines decette ville. D’après les usages de l’Orient, la porte d’Hésébonnommée Bath-rabbim devait être ainsi appeléeparce qu’elle conduisait à Bath-rabbim. Or la seule villeconnue de cette région dont le nom se rapproche de celuique nous lisons dans le Cantique est Babbath (hébreu: Rabbâh; aujourd’hui Amman), ville principale des Ammonites.Mais Rabbath est au nord d’Hésébon, et la seulepiscine qui se trouve à Hésébon est du côté opposé de laville, c’est-à-dire au sud. Voir Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 511. Il faut donc admettre ou queles anciennes piscines du nord ont disparu sans laisserde traces, ou que Bath-rabbim désigne une ville inconnue, différente de Rabbath, ou enfin que Bath-rabbim est unnom commun, synonyme poétique d’Hésébon et signifiant «la porte de [ la cité ] populeuse, renfermant beaucoupd’habitants», ainsi que l’explique H. Weser, dans Biehm’sHandwôrterbuch des biblischen Altertums, 1893, t. i, p. 620. J. Ayre, Treasury of Bible Knowledge, 1879, p. 95, suppose avec moins de vraisemblance que «portede la fille du grand nombre» signifie «une porte parlaquelle il passe beaucoup de monde». D’après M. R. Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1883, p. 125, laporte de Bath-rabbim était un passage taillé dans lesrochers au sommet de la montagne et qui conduit de lavallée où coule au nord YAïn Besban actuel, au plateausur lequel était bâti Hésébon. "- F. Vigouroux.

1. BATH-SCHOUA (hébreu: Bat-sû’a, «fille deSua ou Sué,» comme traduisent les Septante et la Vulgate), Ghananéenne, femme de Juda, fils de Jacob. Elleest ainsi appelée Gen., xxxviii, 12, et I Par., ii, 3, dansle texte original, et c’était sans doute son nom propre, quoique Gen., xxxviii, 2, semble indiquer par la séparationdes mots bat et Sû’a, seulement son origine. Voir Sué.

2. BATH-SCHOUA, forme du nom de Bethsabée, épouse de David, dans I Par., iii, 5. Voir Bethsabée.

1. BATHUEL (hébreu: Bepû’êl, peut-être pourMetû’êl, «homme de Dieu (?); Septante: BaBovrjX), fils deNachor et de Melcha et père de Rébecca. Gen., xxii, 20-23.Il habitait Haran, en Mésopotamie, où son grand-pèreTharé et son père Nachor étaient venus s’établir. Gen., xi, 31; xxix, 4. Il ne paraît personnellement qu’une foisdans l’histoire sainte, lors de la demande en mariage deRébecca pour Isaac; encore quelques interprètes ont-ilsnié qu’il s’agisse de lui dans le passage où se trouveson nom, Gen., xxiv, 50, parce qu’il n’y joue pas le rôleprincipal qui conviendrait à un chef de famille. Il n’y estquestion de Bathuel que pour faire connaître son consentementau_mariage de Rébecca; hors de là, c’est Labanqui se montre et agit partout où l’on devrait s’attendre àtrouver Bathuel: c’est Laban qui vient recevoir Éliézeret exerce envers lui tous les devoirs de l’hospitalité, ꝟ. 29-33; c’est lui seul qui donne la parole au serviteurd’Abraham, ^.33, et il la prend ensuite avant Bathuelpour accorder à Isaac la main de la jeune fille, jK 50.Éliézer offre des présents à son frère (de Bébecca), disentl’hébreu et les Septante (et non pas: à ses frères); maisil n’est pas question du père, ꝟ. 53, de même que c’estle frère (encore le singulier dans l’hébreu) et la mère quiveulent retarder le départ de Rébecca, sans aucune interventiondu père, ꝟ. 55, On a fait enfin remarquer quece ne fut pas chez son père, mais «à la maison, c’est-à-direà la tente de sa mère», que Rébecca courut raconterson entretien avec Eliézer, ꝟ. 28, ce qui contraste avecla conduite de Rachel allant droit chez son père annoncerl’arrivée de Jacob. Gen., xxix, 12.

On a proposé différentes explications de cet effacementde Bathuel, que semble encore rappeler Gen., xxix, 5.Cf. cependant Gen., xxviii, 2. Quelques-uns ont penséque le Bathuel dont il est parlé ici n’est pas le pèrede Rébecca, qui d’après.eux serait mort avant l’arrivéed’Éliézer, comme le dit Josèphe, Ant. jud., i, xvi, 2; mais un fils de Bathuel portant le même nom que sonpère. Cependant, à s’en tenir au sens ^bvie de Gen, , xxi v, 50, le Bathuel nommé là est le même que celui detien., xxii, 23; xxiv, 15. D’ailleurs le mot «frère» au singulier, employé dans l’hébreu de Genèse, xxiv, 53, 55, s’appliquant évidemment à Laban, il n’y a point de placedans le texte pour un autre frère de Rébecca.

D’après d’autres, la direction des affaires et le gouvernementde la famille auraient incombé à Laban, par suitede l’incapacité à laquelle Bathuel aurait été réduit, soitpar la débilité physique provenant de son grand âge, soitpar l’affaiblissem*nt de ses facultés mentales. Blunt, VndesignedCoincidences, 14e édit., p. 33, suggère l’une etl’autre de ces deux hypothèses; mais le langage pieux etsensé que tient Bathuel, et l’acte d’autorité qu’il accomplit, Gen., xxiv, 51, ne s’accordent guère avec la seconde, ni même avec la première, si on veut l’entendre d’uneincapacité absolue. Mieux vaut donc s’en tenir à l’explicationadoptée par la plupart des commentateurs, et quiparait bien suffisante: Bathuel, affaibli par l’âge, se contented’intervenir dans le point essentiel en donnant sonagrément au mariage de sa fille, et il se décharge de toutle reste sur son fils. Un homme de notre temps et de nospays n’agirait pas autrement; à plus forte raison peut-onpenser que les choses devaient se passer ainsi dans l’antiqueOrient, où le soin des intérêts, et, au besoin, del’honneur même des jeunes filles, regardait leurs frèresautant et plus que leur père. On trouve de cela un exemplefrappant quelques chapitres plus loin, dans l’histoire del’enlèvement de Dina. Gen., xxxiv, 5, 7-8, 14, 31. Cf.Ammon, col. 501. E. Palis.

2. BATHUEL (hébreu: Befû’êl, «maison, demeurede Dieu»; Septante, Ba90u7J>.). C’est ainsi qu’est appelée,

I Par., IV, 30, la ville de la tribu de Siméon qui estnommée ailleurs Béthul. Jos., xix, 4. Voir Béthul.

BATHURIM. Certains exemplaires de la Vulgateportent, III Reg., ii, 8, Bathurim au lieu de Bahurim, qui est la véritable leçon. Voir Bahurim.

    1. BÂTIMENT##

BÂTIMENT, BÂTIR. Voir Maison.

    1. BATLAN##

BATLAN, mot chaldéen qui signifie «oisif, inoccupé, ayant du loisir», et qui désigne un homme chargé d’assisterà toutes les réunions de la synagogue. Il y avait dixbatlanîm choisis pour former le noyau de l’assistance, afin qu’on eût toujours dans les synagogues un nombresuffisant de personnes pour constituer une assemblée.Voir Synagogue.

    1. BATMANSON Jean##

BATMANSON Jean, chartreux anglais, mort le16 novembre 1531. Il étudia à Oxford et fut’prieur successivementdes Chartreuses de Hinton et de Londres.

II écrivit contre Erasme et contre Luther. Nous pouvonsciter de lui: Animadversiones in annotationes Erasmiin Novum Testamentum. (Il rétracta plus tard cet ouvrage.) Commentaria in Proverbia Salômonis; in Canticacanticorum; De unica Magdalena contra FabrumHlapulensern; De Christo duodenni; Super Mîssus est.— Voir Th. Petreius, Bibl. Carthus. (1699), p. 157; domDoreau, Henri VIII et les Martyrs de la Chartreuse deLondres (1890), p. 54, 230; Le Long, Bibl. sacra, p. 629.

B. Heurtebize.

    1. BATON##

BATON (hébreu: sêbét, proprement «rejeton, poussed’arbre»; matték, synonyme; ntaqqêl, «branche;» tnis’énét, proprement «appui»; mehôqêq, pélék [ Il Reg., m, 29]; Septante: pâ680ç, (Saxrripta, dxuTaXr), a-xrjuTpov; Vulgate: baculus, virga, sceptrum), morceau de boispris d’une branche d’arbre ou d’une tige mince, variantde longueur et de forme suivant sa destination.

1° Bâton de marche, bâton sur lequel on s’appuiepour marcher. Dans leurs voyages, les Israélites, commeles Orientaux en général, avaient toujours avec eux unlong bâton. Gen., xxxii, 10; Jud., vi, 21. C’est dans l’attitudede voyageurs, le bâton à la main, qu’ils devaientmanger la pàque. Exod., xii, 11. Voulant marquer que lesApôtres ne devaient rien avoir de superflu, Notre-Seigneur

459. — Pommes de cannes égyptiennes.Celle de droite est en bois et porte gravé le cartouche de Sétl I".Celle de gauche est en terre émaillée, avec le cartouche deEamsèfl II. — Grandeur naturelle. Musée du Louvre.

les invite à se contenter du bâton qu’ils ont en main, età ne pas chercher à en acquérir, s’ils n’en ont pas. Matth., x, 10; Marc, vi, 8; Luc, ix, 3. En Egypte, ces bâtonsde voyage variaient de longueur, depuis la canne ordinaired’un mètre environ jusqu’au long bâton de deux mètres; ces derniers marquaient en même temps la dignité (voir2°).On en a trouvé à pomme ou à tête plus ou moins ornée(fig. 459). Au lieu d’une pomme l’extrémité supérieure portequelquefois une sorte de crochet pour donner plus d’assuranceà la main (fig. 462). Ces cannes sont pour la pluparten bois de cerisier ou d’acacia. Souvent l’écorce en est découpée symétriquement, d’autres fois ils sont lisses. Wilkinson, The ancient Egyptians, t. ii, p. 351. — Ce bâton, sert d’appui au blessé.Exod., xxi, 19. Quantau pélék, II Reg., iii, 29, que la Vulgate rendpar «fuseau», c’est probablementun bâton deforme spéciale, une béquille.Le bâton de marcheest nécessaire auvieillard, Zach., viii, 4: de là l’expression «bâtonde vieillesse», pourdésigner la personnequi assiste un vieillarddans ses besoins. Tob., v, 23; x, 4. — Partantde cette idée de soutien, les Hébreux emploientla locution «bâton dupain», pour dire que lepain est le bâton, c’est-à-direle soutien de la vie.Dieu, menaçant Israëlde la famine, annoncequ’il brisera le bâtondu pain. Lev., xxvi, 26; Ezech., iv, 16; v, 16; xiv, 13; Ps. cv, 16. —On bâton de roseau estun appui fragile, un bâtonqui se brise quandon s’y appuie et blessela main. C’est ainsi queles prophètes caractérisentl’appui qu’Israëlpense trouver dans l’Egypte.Is., xxxvi, 6; Ezech., xxix, 6, 7.

2° Bâton, insigne dedignité ou d’autorité.— Chez les Égyptiens, tous les hommes d’unecertaine dignité avaientle privilège de porterun long bâton à la main(fig. 460). Il fallait pour en jouir appartenir à une classe

460. — Ra-emké, connu sous le nomde Scheikh el - béled. vi" dynastie.Le bâton primitif n’a pas été retrouvé, mais il a été reconstituéd’après les modèles authentiques.Musée de Ghlzéh.

461. — Grands personnages égyptiens marchant avec leur bâtonde dignité. Thèbes. D’après Wilkinson, Ancient Egyptians, 2° édit, t. ii, p. 352.

de fonctionnaires assez relevée. G. Maspero, La carrièreadministrative de deux hauts fonctionnaires égyptiens,

dans le Journal asiatique, avril 1890, t. xv, p. 322. Salongueur, de 1 mètre 20 à 2 mètres, donnait un. air d’importanceaux personnes qui le portaient. Il leur servaitsans doute de bâton de marche (fig. 461), mais en mêmetemps il marquait leur rang élevé etleursfonctions(fig.464), si bien que, dans les hiéroglyphes, l’homme avec le longbâton à la main, iv, est un déterminatif exprimant l’idée

de supériorité, de souveraineté. On a trouvé de ces bâtonsornés d’inscriptions (fig.'462), de couleurs et de dorures, avec tête sculptée en forme de fleur; le nom du propriétairey est inscrit en caractères hiéroglyphiques. Wilkinson, The ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 352.

&

L? t > v ^

462. — Bâtons égyptiens en bols dur.A gauche, fragment de canne, avec images divines et inscriptionshiéroglyphiques. — Au milieu, canne entière, .avec miepetite saillie dans la partie supérieure pour servir d’appui aupouce. L’inscription hiéroglyphique gravée sur le bâton estreproduite à droite en plus gros caractères. — À droite, bâton, avec inscription, en bois d’acacia, recourbé dans la partie supérieureet servant de casse-tête. Cette sorte de massue était unodes principales armes de l’infanterie dans l’ancienne Egypte.D’après Prisse d’Avenues, Monuments égyptiens, pi. xlvi.

Cf. Num., xvii, 2. D’après Champollion, Monuments del’Egypte et de la Nubie, t. ii, p. 376, une scène dutombeau de Menhotep à Béni -Hassan, représenterait lafabrication de ces bâtons. On voit un ouvrier enlevant lesaspérités d’un bâton et taillant l'écorce; un autre le durcitau feu. un autre le polit. D’autres égyptologues prétendentqu’il s’agit plutôt de la fabrication des bois de lances.Cependant rien n’indique ici qu’il s’agisse d’armes commeon le voit dans d’autres scènes analogues. Les chefs arabesportaient également un long bâton, mais ordinairementplus simple. Le bâton donné en gage à Thamar par Juda, Gen., xxxviii, 18, 25, devait être un insigne de dignitéet d’autorité. De même le bâton avec lequel Moïse accomplitses prodiges, Exod., iv, 2; le bâton d’Aaron qui refleuritdans le tabernacle, Num., xvii (voir Verge), lebâton d’Elisée, qu’il confia à son serviteur pour ressusciter

le fils de la Sunamite. IV Reg., IV, 29, 31. Voir aussiNum., xxi, 18; Jud., v, 14 (hébreu); I Reg., xiv, 27, etc.Quand Joseph eut promis à son père de l’ensevelir dansla Terre Promise, Jacob, d’après les Septante et le syriaque, Gen., xlvii, 31, s’inclina sur la tête du bâtonde son fils, voulant par là honorer en lui le maître del’Egypte. Cette marque d’honneur rappelle un usage égyptien.L’accusé, pour prononcer le serment ordinaire: «Parla vie du Seigneur (du pharaon),» venait se placer debout, la tété inclinée et les mains appuyées sur ie sommet dubâton du magistrat. Chabas, Vols dans les hypogées, dansles Mélanges égyptologiques, me série, t. î, p. 91-92; R. S. Poole, Ancient Egypt, dans la Contemporary, Review, mars 1879, p. 752-753. Saint Paul, Hebr., xi, 21, suit la version des Septante. Ces interprètes ont lu maltèh, «bâton,» au lieu de mittâh, «lit,» selon la ponctuationsuivie par les Targums, Aquila, Symmaque et le texte massorétique.Cette dernière lecture paraît préférable. Jacob,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
463. — Bâton de berger.

Bas-relief du temple de Derri en Nubie. XIX" dynastie.

D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. xl.

trop faible pour se lever et se prosterner contre terre afind’adorer Dieu et de le remercier, s’incline la face tournéevers le chevet de son lit. Cf. III Reg., i, 47. — Le Sébét, «bâton de commandement,» et son synonyme le niefyôqêh, «bâton de justice, i> jouent un rôle important dans laprophétie de Juda. Ce sont les symboles de l’autorité civileet judiciaire, qui constitue la tribu de Juda en sociétéautonome et qui s’y perpétuera jusqu'à l’arrivée du Messie.Gen., xlix, 10. Le sceptre royal avec toutes ses variétésde longueur, de forme et d’ornementation, tire son originede ce long bâton, insigne de dignité et d’autorité.Voir Sceptre.

3° Le bâton de correction (sêbét mûsdr), Prov., xxii, 15, est plus court que les deux précédents. On le voit souventreprésenté sur les monuments égyptiens, dans la maindes surveillants qui suivent de l'œil le travail des ouvrierset frappent ceux qui se relâchent (fig. 457, col. 1499). «Monbâton est dans ma main, dit l’un d’eux, tu ne dois pasêtre paresseux.» H. Brugsch, Zeitschrift fur âgyptischeSprache, 1876, p. 77. Les Hébreux, opprimés dans la terrede Gessen, ont connu la dureté de ces chefs de corvée, toujours prêts à frapper. Exod., i, 1?; Is., x, 24. De même, à la chute de Jérusalem, lorsqu’ils furent traînés en captivitédans la Babylonie, ils connurent le terrible bâtondes soldats chargés de les emmener. Voir Captifs. Is., x, 24; Mich., iv, 14. La loi d’Israël autorisait l’usage dubâton pour les esclaves et les enfants, mais avec certaines

restrictions. Exod., xxi, 20; Prov., xiii, 24; xix, 18, eic.Voir Bastonnade. — Le bâton de correction est pris aufiguré dans l’Écriture pour désigner les châtiments dontDieu se sert pour punir les hommes. II Reg., vii, 14; Is., ix, 13; x, 24; xiv, 5; xxx, 31.

4° Le bâton de berger, ordinairement plus long que lebâton de voyage et souvent recourbé en forme de crosse(fig. 463), sert au pasteur pour guider son troupeau dansles pâturages et le défendre contre les ennemis, hommesou animaux. Lev., xxvii, 32; I Reg., xvii, 40, 43; Zach., xi, 7.Ce bâton symbolise la protection divine. Mich., vii, 14;

464. —Égyptien inspectant ses troupeaux, appuyé sur son bâton.

Pyramides de Ghizéh, IV" dynastie. D’après Lepslus, Denkmâter,

Abth. ii, Bl. 9.

Ps xxii, 4. Dans ce dernier passage, le psalmiste emploiedeux expressions qui sont regardées ordinairement commesynonymes. Ton sêbét et ton mis’énét me rassurent: c Tonbâton et ta houlette,» par redondance poétique, pour tonbâton de berger. Mais ces deux mots ont paru à plusieursdésigner deux objets différents: le long bâton sur lequelle pasteur s’appuie (mis’énét) pendant qu’il surveille sontroupeau (fig. 463), bâton droit ou recourbé, qui est levrai bâton pastoral, et le bâton plus court, désigné icipar sêbét, une sorte de gourdin ou de massue que portentles bergers en Syrie. Voir J. Neil, The Shepherd’s cluband staff, dans Palestine explored, in-12, Londres, 1882, p. 255-278. Il rappellerait le bâton de main (voir 5°).

5° Bâton de main (maqqêl yâd), rangé parmi lesarmes des soldats de Gog, Ezech., xxxix, 9, à côté deslances et des javelots, armes que le peuple de Dieu brûleraaprès la défaite des ennemis. On y voit généralementune sorte de lance, la hasta pura, ou l’épieu; mais neserait-ce pas plutôt la massue, reçue parmi les armes deguerre chez les Égyptiens (fig. 462), Wilkinson, TheancientEgyptians, t. i, p. 217-218, et chez plusieurs peuplesde l’antiquité? A. Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 164, au mot Claviger. La lance a déjà été mentionnée, et la massue répond mieux à l’expression «bâton demain». Voir Massue. Le bâton a d’ailleurs, partout ettoujours, servi naturellement d’arme offensive et défensive.

6° Bâton, longue perche ou gaule servant à battreune petite quantité de blé, Jud., vi, 11; Rutlr, ii, 17, lecumin et la nigelle, Is., xxviii, 27, col. 327. — Pour lesbâtons ou branches d’arbre dont se servait Jacob afin

d’obtenir des agneaux de la couleur qu’il voulait. VoirJacob.

7° Bâton magique, bâton qui était employé dans ladivination. Ose., iv, 12. Ce mode de divination était appelépar les Grecs paëSojmvTefo, ou art de connaître l’avenirau moyen de bâtons jetés à terre, en considérant la manièredont ils tombaient. Voir Divination.

Voir F. Chabas, Sur l’usage des bâtons de main chezles Hébreux et dans l’ancienne Egypte, in-8°, Lyon, 1875, et dans les Annales du musée Guimet, t. i, p. 37; Cooper, History of the Rod in ail countries and âges, 2e édit., Londres, 1877. E. Levesque.

    1. BATTA##

BATTA (VERSION) des Écritures. Le batta est unelangue parlée par une partie considérable des habitantsde l’île de Sumatra. Il se subdivise en trois dialectes, letoba, le mandailing et le daire. Le Nouveau Testamenta été traduit en toba par J. Nommensen et imprimé àElberfeld, en 1878. Il l’a été aussi presque en entier enmandailing par Schreiber, dont le travail a été revu parLeipoldt. Cette traduction a été également imprimée àElberfeld, en 1878, aux frais de la Société biblique de laGrande-Bretagne, comme la précédente.

    1. BATTISTA Giovanni Giuda Giona##

BATTISTA Giovanni Giuda Giona, rabbin converti, qui s’appelait primitivement Jehuda Jona Ben Isaac, néà Safed, en Galilée, le 28 octobre 1588, mort à Rome le26 mai 1668. Ses parents étaient des Juifs d’origine espagnole.Il voyagea en Europe, visita l’Italie, Amsterdam, Hambourg et la Pologne, où il se convertit au catholicisme.Après sa conversion, le roi de Pologne l’envoyaà Constantinople pour acheter des pierres précieuses; mais il fut pris par les Cosaques, qui le traitèrent d’espion, et il aurait perdu la vie, s’il n’avait été racheté parl’ambassadeur de Venise. Envoyé en Italie, il fut quelquetemps professeur d’hébreu et de chaldéen à l’académiede Pise, et occupa ensuite les mêmes fonctions au collègede la Propagande, à Rome, où il fut en même tempsemployé à la Bibliothèque. Il eut pour élève le célèbreBartolocci. Parmi ses ouvrages, on remarque Berîf hâdàsâh, «le Nouveau Testament,» traduction des quatreÉvangiles du latin en hébreu, avec une préface de ClémentIX, in-f», Rome, 1668.

    1. BAUDRIER##

BAUDRIER (hébreu: ’êzôr, hâgôrâh; Vulgate: balteus), bande de cuir ou d’étoffe servant à soutenir un

[[File: [Image à insérer]|300px]]
465. — Ceinturon servant à porter une arme.

A droite, guerrier égyptien, d’après Prisse d’Avennes, Monumentsde l’Egypte, pi. xi; à gauche, guerrier assyrien, d’après -Layard, Monuments of Slneveh, t. ii, pi. vi.

glaive ou un poignard. Chez les Hébreux, le baudrier nedescendait pas de dessus l’épaule, comme chez les Grecs;

c’était une véritable ceinture, plus ou moins ornée, qu’onportait autour des reins, Ps. xviii, 40; IV Reg., iii, 21; Ezech., xxiii, 15; II Esdr., iv, 18, comme souvent enAssyrie et en Egypte (fig. 465), et qui ne différait pointpar la forme des ceintures ordinaires. Voir Ceinture.

    1. BAUDUER Armand Gilles##

BAUDUER Armand Gilles, prêtre et théologien français, naquit à PeyrusseMassas, diocèse d’Auch, en 1744, et après avoir été successivement professeur de théologieau séminaire d’Auch, puis curé de sa paroissenatale, mourut jeune, en 1787. — Il a laissé: Les Psaumesde David traduits sur le texte hébreu, accompagnés deréflexions qui en développent le sens, et de notes quien éclairassent les principales difficultés; auxquels ona joint le texte latin de la Vulgate et la traduction deM. de Sacy, 2 in-12, Paris, 1785. 0. Rey.

1. BAUER Bruno, philosophe et critique allemand, néà Eisenberg, dans le duché de Saxe-Altenbourg, le 6 septembrel809, mort à Rixdorf, près de Berlin, le 13 avril 1882.Fils d’un peintre sur porcelaine, il fit de fortes études àBerlin, fut reçu docteur en théologie en 1834, et se rattachad’abord à la droite de l’école hégélienne. Il fit alorsune critique de la Vie de Jésus de Strauss, dans lesJahrbûcher fur Mvissenschaftliche Kritik de Berlin, 1835-1836. Dans sa Kritische Darstellung der Religiondes Alten Testaments, 2 in-8°, Berlin, 1838, il défendencore l’autorité de la Révélation. Mais lorsqu’il fut appelé àl’université de Bonn, en qualité de professeur extraordinaire(1839), il se jeta dans les rangs de l’extrême gauche hégélienne, ruinant la Tradition et les Livres Saints. Kritik derevangelischen Geschichte des Johannes, in-8°, Brème, 1840; Kritik der evangelisclien Synoptiker, in-8°, Leipzig, 1840; 2\{\{e\}\} édit.on, 1841. Destitué en 1842, par le gouvernementprussien, il se fixa à Berlin, où il se consacratout entier à des travaux de critique et d’histoire. Il publiaalors Kritik der Evangelien und Geschichte ihresVrsprungs, 2 in-8°, Berlin, 1850-1855; Die Apostelgeschichte, in-8°, 1850; Kritik der Paulinischen Briefe, in-8°, Berlin, 1850; 2= édit., 1852. Il prétend que lesÉpltres de saint Paul sont apocryphes et une œuvre duil" siècle. E. Levesque.

2. BAUER Christian Friedrich, théologien protestant, néà Hopfgarten enThuringe le 27 octobre 1696, fit ses étudesà Leipzig, où il fut reçu docteur en théologie en 1720*devint doyen de Rammelsburg en 1739, puis professeur dethéologie àWittenberg, oùil mourut le 28 septembre 1752.Il a publié: Disputatio de Melchisedeco et Hebr. ru, 2, in-4°, Leipzig, 1720; Vernûnftige Gewissheit der hebrâischenAccentuation, in-8°. Leipzig, 1730; ErlaûterterGrunil-Text des Preâigers Salomo, in-4°, Leipzig, 1732; Die Weissagungen von Jesu dem wahren Messias in denfûnf Bûehern Mosis enthalten. Stûck 1, in-4°, Leipzig, 1737; Trostvolle Erwartungs-Lehre des Messia oder dos2 le Stûck des vorigen, in-4°, Leipzig, 1739; Einleitungzur hebrâischen Accentuation, in-8°, Leipzig, 1742; Introductioin prophetiam Joelis, ac expositio ejusdemprophétise, in-4°, Leipzig, 1747; Décades m disputationumTheologix ad vindicandos textus V. T. proChristo in N. T. citatos, in-4°, Wittenberg, 1747; RegiaDavidis theologia quam liber Psalmorum tradit, envin disput., in-4°, Wittenberg, 1749-1750; Çollectio novadisputât, ad vindicandos textus V. T., etc., in-4°, Wittenberg, 1752. — Voir Adelung, Fortsetzung zuAllgem. GelehrtenLexico, in-4°, Leipzig, 1784, t. i, col. 1519-1520; Journal des savants, année 1745, p. 437et suiv.; G. F. Bærmann, Programma academicumde vita C. F. Baueri, in-f°, Wittenberg, 1752.

E. Levesque.

3. BAUER Georg Lorenz, exégète allemand, né à Hippolstein, près de Nuremberg le 14 août 1755, mort àHeidelberg le 12 janvier 1806. Après avoir étudié les

langues orientales à Altdorf, il fut professeur à l’écoleSaintSebald (1786); en 1805, il fut appelé à Heidelbergpour professer la littérature orientale et l’exégèse biblique.On a de lui plusieurs ouvrages: Vntersuchungen derkleinen Propheten mit Commentar, 2 in-8°, Leipzig, 1786-1790; Lehrbuch der hebrâischen Alterthûmerdes alten und neuen Testaments, in-8°, Leipzig, 1797; Hermeneutica sacra Veteris Testamenti, in-8°, Leipzig, 1797; Dicta classica Veteris Testamenti, notisperpetuis illustrata, 2 in-8°, Leipzig, 1798-1799; Entwurfeiner Rermeneutik des Alten und Neuen Testaments, in - 8°, Leipzig, 1799; Handbuch der Geschichte derhebrâischen Nation, in-8°, Leipzig, 1800-1804; HebrâischeMythologie des Alten und Neuen Testaments mit Parallelenaus der Mythologie anderer Vôlker, in-8°, Leipzig, 1802; Breviarium théologies biblicse, in-8°, Leipzig, 1803; Archâologie der Gottesdienstlichen Gebraûche, 2 in-8, Leipzig, 1805; Entwurf einer historisch-kritischenEinleitung in die Schriften der altenTestaments, in-8°, Nuremberg, 1794; Leipzig, 1806.Comme il fut l’un des premiers à appliquer l’interprétationmythique à l’Ancien Testament, ses ouvrages, quoiquesuperficiels et diffus, eurent une assez grande influence.Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., 1890, t. ii, p. 486-487. E. Levesque.

4. BAUER Johann Jakob, théologien luthérien allemand, né à Genkingen, dans le Wurtemberg, le 20 juin1729, mort le 29 janvier 1772 à Tubingue, où il avait faitses études et où il était devenu professeur de théologie.Parmi ses publications, les suivantes ont trait à l’ÉcritureSainte: Tentamen exegeseos Psalmi xri, in-8°, Leyde, 1759; Disputatio inauguralis de regendis limitibus crilicestextus hebraici, in - 4°, Tubingue, 1760; Strictursequxdam ex philosophia Hebrseorum, in-4°, Tubingue, 1766; Accentus hebraici, institutum plane incomparabile, in-4’, Tubingue, 1768; Dissertatio 1, II inauguralisde inscriptione sepulcrali, quam Hiobus, moribundussibi ipsi visus, poni voluit, fide in Goelen Messiarnplenissima, cap. xix, 23-27, in-4°, Tubingue, 1772; Disputatio philologico-hermeneutica in oraculum Rom., i, ii, in-4°, Tubingue, 1774; Disputatio quse annotationesad Psalmum lxyiij sistit, in-4°, Tubingue, 1775.

— Voir J. Chr. Adelung, Fortsetzung zujôchers Gelehrten-Lexico, t. i, 1784, col. 1526-1527.

5. BAUER KarlLudwig, philologue protestant allemand, né le 18 juillet 1730 à Leipzig, mort à Hirschberg le3 septembre 1799. Il fut élève d’Emesti à Leipzig, professala littérature grecque et latine à l’université de cetteville, devint recteur de l’école de Lauban, et enfin dulycée de Hirschberg, où il mourut. Parmi ses œuvres, on remarque deux ouvrages importants pour l’exégèse desÉpltres de saint Paul: Philologia Thucydeo-Paulhna, in-8°, Halle, 1773; Logica Paullina seu notatio rationisqua utitur Paulus in verbis adhibendis, interpretando, enuntiando, argumentando et methodo universa, in-8°, Halle, 1774. Citons aussi de lui: Rhetorica Paullina, velquid oratorium sit in oratione Pauli, 3 parties in-8°yHalle, 1782; Examen conjecturée de métro Hebrseorumantiquo V. C. Const. Gotll. Antonii, in-4°, Hirschberg, 1771. Réimprimé avec la Vertheidigung d’Anton, in-8°, Leipzig, 1771. — Voir J. D. Hensel, Cari Ludwig Bauer, einer der grôssten Philologen unserer Zeit, Hirschberg, 1801.

    1. BAUMANN Michel##

BAUMANN Michel, luthérien du xvii» siècle. Il étaitde Creilsheim, en Franconie. On a de lui: Adamus protoplastus, Historié Adams und der Patriarchen in achtund fûnfzig Predigten, in-4°, Nuremberg, 1668; Predigtenuber die Passion nach dem Marco, in-f°, Francfort, 16C8; Evangelische Gewissenspostïtte, in-f», Francfort, 1669; Lexicon allegorico-evangelicum, sonderbare

Erklârung der Evangelien, da ausjedem Evangelio nureiniges Wort genommen und ausgefuhret wird, in-4, Nuremberg, 1674; Analeclorum allegoricorum sacrorumtomus singularis, variarum allegoriarum a Sacra Scripturaet natura desumptarum, in-4°, Ulm, 1689. — VoirWalch, Bibl. theol., t. i, p. 84, 482; t. iv, p. 235, 979, 1007, 1053. B. Heurtebize,

    1. BAUMBACH Jean Balthasar##

BAUMBACH Jean Balthasar, calviniste allemand, professeur de grec et d’hébreu à Heidelberg, mortle 6 septembre 1622. On a de lui: Tractaius quatuorutilissimi: primus de trium linguarum orientalium, hebrxse, chaldese et syrse antiquitate, necessitate acutilitate; secundus, de appellationibus Dei quse in scriptisrabbinorum occurrunl; tertius, de Urim et Thummimet Bath-kol; quartus, de modo disputandi cumJudseis, in-4°, Nuremberg, 1609; Dissertalio de lïbroPsalmorum, in-4°, Heidelberg, 1615. Voir Vitte, Diariumbiographicum, année 1622, 6 septembre. E. Levesque.

BAUME. — I. Description. — D’après N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, 4 in-8°, Paris, 7e édit., 1876, t. iii, p. 505, l’arbre qui produit lebaume portait chez les Grecs le nom de gàXsafio’v, etles trois substances qu’il fournit étaient connues sousceux de’OiroêàX< ?a|J.ov (suc du baumier), ËvXoêàX<rafiov(bois du baumier) et KapitoSâXuaftov (fruit du baumier).Chez les Latins, le baume portait le nom de Balsamum, et l’on n’appliquait ce nom qu’au suc du baumier; mais, de nos jours, on a donné ce nom à des produits similaires.Après la découverte de l’Amérique, lorsque lesdiverses parties de ce vaste continent nous eurent apportéJe baume du Canada, fourni par VAbies balsamiferaMichaux; de tolu, par le Toluifera balsamum Linné; d’Inde, du Pérou, de copahu, etc., il devint nécessaired’ajouter une désignation spécifique au vrai baume, celuide l’ancien monde. On lui donna alors les noms de «baumede Judée, baume de la Mecque, de Galaad, du Caire, d’Egypte, de Constantinople», etc., des différentes contréesou villes qui le fournissaient au commerce. Voir Baumier.Le baume par excellence est fourni par le BalsamodendronOpobalsamum et le Balsaniodendron Gileadense; deux espèces voisines, les Balsaniodendron Mukul etpubescens, en donnent aussi. (Voir col. 1519). Ce baumeest connu sous les noms de «baume de Judée, de laMecque.» Il entre dans la composition de la plupart desonguents et mixtures aromatiques de la pharmacopée. LesOrientaux l’emploient comme le cosmétique et le médicamentle plus précieux. En Egypte, on s’en servaitcontre les ophtalmies. M. Gandoger.

II. Exégèse. — Le baume de Judée ou de la Mecque, connu des Grecs et des Romains, l’était aussi des Hébreux, puisque, au dire de Josèphe, Ant. jud., IX, 1, 2; XIV, iv, 1, édit. Didot, t. i, p. 333, 529, ils cultivaient le baumierà Jéricho et à Engaddi (Voir col. 1520). Mais est-il désignédans les Saintes Ecritures, et sous quel nom? Le mot fiâX<roc|*.ov ne se lit nulle part dans les Septante; la Vulgatese sert trois fois du mot balsamum, mais elle ne l’emploiepas dans un sens exact. Dans l’Ecclésiastique, xxiv, 20, elle traduit par balsamum le mot àcnrâX<x60î, qui ne désigne nullement le baume, mais un autre parfumtiré du Convolvulus scoparius. (Voir col. 1111-1115.)Au verset suivant, elle ajoute, il est vrai: Quasi balsamumnon mistum odor meus; mais ce membre de phrasene se trouve pas dans le grec. On peut dire aussi quedans cette addition le mot balsamum est un nom génériqueconvenant à chacun des parfums qui viennentd’être énumérés, plutôt que le nom propre d’un parfumspécial. Dans Ézéehiel, xxvii, 17, la Vulgate rend égalementpar balsamum le mot hébreu panag, qui, très diversem*ntcompris par les traducteurs, paraît désigner le millet.Partout ailleurs la Vulgate, à la suite des Septante, traduitpar aromata les mots besém et bôsém de l’hébreu,

Bésèm, employé vingt fois, est, en effet, le terme générique, aromate, parfum. Les versets 2 et 10 de III ïfeg., x, ne font pas exception; il s’agit évidemment, d’après le contexte, de parfums de diverses espèces, apportés à Salomonpar la reine de Saba. Il en est de même du motabsolument synonyme bôsém, employé, huit fois: les deuxpassages Cant., v, 13, et vi, 2, ne font pas difficulté, car’ârûgap bôsém est une locution tout à fait hébraïque, dans le sens de «parterre d’odeur», c’est-à-dire parterreodoriférant, parterre de plantes odoriférantes. Un seulexemple, Cant., v, 1, dans sa ponctuation actuelle, besâmî, suppose un nom différent de béiém ou bôsém, c’est-à-direbâsâm ou beSâm. Serait-ce le nom spécial du baume?Malheureusem*nt les Septante et la Vulgate ont traduitapiojiaT&yv, aromatibus: ce qui suppose la lecture besâmaï, pluriel régulier de béèém. Ce cas ne s’écarterait donc pasde l’acception ordinaire de parfum en général: «J’ai recueillima myrrhe avec mes autres parfums.» Cependantil est fort possible que les Hébreux, n’ayant pas de nompour ce nouveau parfum, apporté, dit Josèphe, par la reinede Saba, l’aient désigné par le nom même de «parfum», comme le parfum par excellence, avec une légère différencedans les voyelles. Il serait ainsi probablement questiondu baume dans un seul passage du texte hébreu: Cant., v, 1, et dans un passage de notre Vulgate, Eccli., xxiv, 21. E. Levesque.

1. BAUMGARTEN - CRUSIUS Ludwig FriedrichOtto, théologien allemand, né à Mersebourg le 31 juillet1788, mort à Iéna le 31 mai 1843. Il fit ses études àLeipzig, où il prit ses grades, et, en 1847, fut nomméprofesseur à la faculté de théologie d’Iéna. Il y enseignajusqu’à la fin de sa vie, s’occupant particulièrement d’exégèse, de théologie biblique et d’histoire des dogmes. Il apublié Grundzuge der biblischen Théologie, in-8°, Iéna, 1828. Sa théologie se rattache à celle de Schleiermacher.Après sa mort, ses disciples firent paraître ses travauxd’exégèse: Theologische Auslegung der JohanueischenSchriften, 2 in-8°, Téna, 1843-1845; Exegelische Schriftenzum Neuen Testament, 3 in-8°, Iéna, 1844-1848. Cedernier ouvrage contient saint Matthieu, saint Marc, saintLuc, et les Épîtres aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens et aux Thessaloniciens., . E. Levesque.

2. BAUMGARTEN Samuel, plus connu sous son nomlatinisé de Pomarius, pasteur luthérien, né le 26 avril 1624à Winzig, en Silésie, mort le 2 mars 1683 à Lubeck.Malgré les obstacles suscités par son père, qui exerçaitla profession de meunier, il put faire de bonnes étudesclassiques, fut pasteur à Magdebourg en 1660, puis professeurde théologie à Eperies. En 1673, il s’établit à Wittenberg; de là il alla à Lubeck, où il se fixa en qualitéde surintendant. Il a laissé: In epistolam sancti Judsecommentarius, in-4°, Wittenberg, 1684. E. Levesque.

3. BAUMGARTEN Siegmund Jakob, théologien allemand, né à Wollmirstàdt le 14 mars 1706, mort à Hallele 4 juillet 1757. Il avait été élevé à l’université de cettedernière ville, et y devint professeur de théologie en 1743.Son enseignement éclipsa celui de tous ses collègues; ses cours étaient suivis par trois à quatre cents élèves.Il publia un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquelsses écrits exégétiques sont les moins remarquables: Auslegung der Briefe Pauli an die Borner, Halle, 1749; Auslegung der Briefe an die Corinther, éditée par Ndsselt, Halle, 1761; Erklârung der Briefe an die Hebrâer, éditéepar Maschen et Semler, Halle, 1763; Auslegung derBriefe Pauli an die Galater, Epheser, Philipper, Colosserund Thessaloniker, éditée par Semler, Halle, 1767.Quoique orthodoxe dans son enseignement, Baumgartenintroduisit en religion cet esprit rationaliste qui, développépar son élève et admirateur Semler, tua la foi à la révélation dans un grand nombre d’esprits. — Voir Niemeyer, Die Universität Halle nach ihrem Einfluss auf Theologie, Halle, 1817, p. 70.


BAUMIER. — I. Description. — Arbuste de la taille dutroène ou du cytise, à rameaux étalés, à écorce d’un griscendré; les feuilles sont alternes, formées de trois ou cinqfolioles obovales, terminées en coin à la base, entières surleurs bords; les fleurs naissent en même temps que lesfeuilles, et sont situées à l’aisselle de celles-ci; elles sontrougeàtres, à pédicelle court; la corolle se compose de cinqpétales linéaires; le fruit, qui renferme quatre noyaux, est ovale, charnu et aigu. Quand on incise l’arbuste, il s’enécoule un suc résineux aromatique, connu sous le nom de«baume de la Mecque». Le vrai balsamier ou baumier, qui fournit le baume de la Mecque, est le Balsamodendron Opobalsamum (fig. 466), décrit par Kunth, Genera Terebinthin., p. 16, et Annales des sciences naturelles, in-4°, Paris, série I, t. ii, année 1825, p. 348; E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. ii, p. 2; Schnizlein, Iconographia familiarum naturalium regni vegetabilis, 2 in-4°, Berlin, 1843-1853, t. ii, pl. 246. — C’estencore l’Amyris Opobalsamum de P. Forskahl, Flora ægyptiaco-arabica, in-4°, Copenhague, 1775, p. 79, quile premier en a donné une description exacte; c’est lebaumier ou térébinthinier de Judée, de la famille desTérébinthacées, tribu des Bursérées.



466. — Balsamodendron Opobalsamum.

Le baumier de Galaad, le βάλσαμον de Dioscoride et des médecins grecs, ou βάλσαμον δένδρον de Théophraste, appelé Amyris Gileadensis par C. Linné, Mantissa plantarum, p. 651 (Balsamodendron Gileadense Kunth, loc. cit.; de Candolle, Prodromus systematis regni vegetabilis, 17 in-8°, Paris, 1824-1874, t. ii, p. 76), que certains auteurs ont distingué du premier, ne semble qu’une variété de celui-ci, à peine distincte par ses feuilles non seulement à trois folioles, mais munies de une à deux pairesde folioles latérales. Nées von Esenbeck, Weihe etFunk, Plantæ medicinales, oder Sammlung officineller Pflanzen, 2 in-f et Suppl., Düsseldorf. 1828-1833, avec650 pl. coloriées, pl. 354; W. Woodville et J. W. Hooker, Medical Botany, 5 in-4°, Londres, 1832, avec 274 pl. col., t. iii, pl. 214; G. Schweinfurth, Beitrag zur Flora Æthiopiens, in-4°, Berlin, 1867, avec 4 pl., p. 30. Cependant H. Baillon, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. viii, p. 311, fait observer qu’ontrouve à la fois sur le même arbuste des feuilles à trois et à cinq folioles; aussi la plupart des auteurs réunissent-ils ces deux espèces; de sorte que le Balsamodendron Gileadense ne serait qu’un simple synonyme du Balsamodendron Opobalsamum.

Le baumier a deux écorces: l’une extérieure., qui estrouge et mince; l’autre intérieure, verte et épaisse. Cetteécorce laisse, quand on la mâche, une saveur onctueuseet une odeur aromatique. D’après Abd Allatif (1161-1231), Relation de l’Egypte, traduct. par Silvestre de Sacy, in-4°, Paris, 1810, p. 20-21, voici comment, de son temps, onrecueillait le baume en Egypte. L’opération avait lieu depréférence en été; après avoir arraché à l’arbre toutes sesfeuilles, on faisait au tronc des incisions, en prenant garde*d’attaquer le bois. On recueillait le suc dans des vases quel’on enfouissait en terre pendant les chaleurs, puis on lesretirait pour les exposer aux rayons du soleil; il surnageaitalors une huile que l’on séparait des parties étrangères, opération renouvelée jusqu’à pureté parfaite; c’étaitalors le vrai et le plus pur baume, ne formant seulementque la dixième partie de la quantité totale produite parun arbre. De nos jours, en Arabie, on fait bouillir lesfeuilles et les rameaux du baumier; la première huilequi surnage est la meilleure et elle est réservée pourle harem; la deuxième est mise dans le commerce.E. Fr. Geoffroy, Tractatus demateria medica, Deveget., I, vii, 1, 3 in-8°, Paris, 1741, t, ii, p. 476. Versé dansl’eau, le baume de la Mecque s’y étend instantanémentet complètement; répandu sur le papier, il s’y étend peu, ne le pénètre pas et ne le rend pas translucide. À l’air, il s’épaissit et devient pâteux. Le fruit et l’écorce sontusités en médecine.

Le fruit du baumier, Carpobalsamum des anciens, est d’un gris rougeâtre, gros comme un petit pois, allongé, pointu par les deux bouts et marqué de quatre anglesplus ou moins apparents. Il est composé d’une envelopperougeâtre, à saveur très faiblement amère et aromatique; d’un noyau blanc, osseux, convexe d’un côté, marquéd’un sillon longitudinal de l’autre, et insipide; enfin d’une amandehuileuse d’un goût agréable et aromatique. Cefruit, entier, n’a pas d’odeur sensible.

Quant au Xylobalsamumou bois du baumier, il consiste en de petites branchesépaisses comme des plumes à écrire, marquéesalternativement de tubercules ligneux, restes de petit*rameaux secondaires fort courts. L’écorce en est d’unbrun rougeâtre, sillonnée de stries longitudinales régulières.Le bois est blanchâtre, dur, d’une odeur douce trèsfaible et d’une saveur nulle, mais aromatique et à odeurde lavande quand elle est fraîche. Geoffroy, Materia medica, loc. cit., p. 477.

Le baumier appartient à la région tropicale, et peutà peine être compté parmi les productions de la flored’Orient proprement dite. En effet, d’après E. Boissier etG. Schweinfurth, loc. cit., il croît dans la Nubie méridionale, en Arabie, autour de la Mecque, descend vers lamer Rouge jusque sur la côte orientale d’Afrique, à Zanzibar, et s’étend, dans l’est, jusque dans l’Inde. Du reste, cet arbre est très rare, dit N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, t. iii, p. 506, difficile à cultiver, et il a successivement disparu des diverses contrées quil’ont anciennement possédé. Ainsi la Judée ne l’a plus depuislongtemps. Il était, depuis Salomon cultivé dans deuxjardins royaux, à Jéricho et à Engaddi. Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6; IX, i, 2; XIV, iv, 1. Strabon, XVI, ii, 41; XVII, i, 15; Pline, H. N., XII, liv, 1 à 8. Le jardinde baumiers de Jéricho mesurait cinq hectares, celui d’Engaddiun peu moins; ils ne rendaient annuellement quevingt-cinq litres de baume. Après la ruine de Jérusalem,

1521

BAUMIER — BAUR

1522

les Romains se réservèrent cette culture et lui firent produirebien davantage: ce fut une source de revenus pourle fisc. Les empereurs Vespasîen et Titus montrèrent cetarbuste à la ville de Rome au jour de leur triomphe. Déjàil avait figuré dans celui de Pompée. Mais depuis longtempson ne trouve plus le baumier ni à Jéricho ni àEngaddi; il a disparu de la Terre Sainte. — Il s’est conservéassez longtemps en Egypte. On ignore s’il a ététransporté dans ce pays de la Palestine ou de l’Arabie.Quoi qu’il en soit, toujours est-il qu’à partir du XIe sièclejusqu’au xvi «ou au xviie, l’arbre du baume était cultivéauprès du Caire, dans un lieu nommé Matariéh ou Aïn-Schems, enclos de murs et gardé par des janissaires.Mais, lors du voyage de Pierre Belon (Les observationsde plusieurs singularités et choses mémorables trouvéesen Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie, in-4°, Paris, 1588, eh, xxxix, p. 246) au Caire, en 1550, et malgré plusieursimportations de baumiers de la Mecque, il n’en restaitque neuf à dix pieds presque privés de feuilles et ne donnantplus de baume; le dernier pied est mort en 1615, dans une inondation du Nil. Ce n’est donc plus dans laJudée ni en Egypte qu’il faut chercher l’arbre producteurdu baume de la Mecque; c’est dans l’Arabie Heureuseet dans les environs de Médine et de la Mecque, oùl’arbre croit naturellement et où il n’a pas cessé d’exister, ainsi que du reste dans les autres contrées citées parE. Boissier et G. Schweinfurth.

De nombreux ouvrages ont été publiés, surtout au pointde vue biblique, sur le baumier; Alpinus, De Balsamodialogus (Balsamodendron Gïleadense), in-4°, Venise, 1591; Pona, Del vero Balsamo di gli antichi, in-4°, Venise, 1623; Campi, Parère sopra il Balsamo, in-4°, Lucques, 1639; Id., Riposta ad objettioni, in-4°, Lucques, 1640; Id., In dilucidazionee confirmazione, in-4°, Pise, 1641; P. Castelli, Opobalsamum examinatum, in-4°, Venise, 1640; P. Castelli, Opobalsamum triumphans, in-4°, Venise, 1640; Baldus, Opobalsami orientalis propugnationes, in-4°, Rome, 1640; Vesling, Opobalsamiveterîbus cogniti vindictes, in-4°, Padoue, 1644; Slevogt, Balsamum verum vulgo Opobalsamum et De Opobalsamo, in-4°, Iéna, 1705-1717; Vater, Balsami de Meccanatura et usus, in-4°, Wittenberg, 1720; Winniken, Beschreibung des wahren Opobalsambaumes, in-8°, Copenhague, 1745; J. Stackhouse, Extracts from Bruce’sTravels in Abyssinia and other modem authorities respectingthe Balsam and Myrrh Trees, in-8°, Bath, 1815.

M. Gandoger.

II. Exégèse. — Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 247, croit que le baumier est mentionné dans Cant., V, 1. Il semble plus naturel d’y voir le baume, si toutefoison ne doit pas y voir l’indication de parfums en général.Voir col. 1517. D’après Gesenius également, Thésaurus, p. 247, le baumier serait désigné dans l’Écriture, dansCant., v, 13, et VI, 2: «un parterre de baumiers.» Maisil s’agit plutôt ici d’un parterre de plantes odoriférantes, sans indication d’une plante spéciale. Cf. col. 1517. Nibésém ni bôsém ne signifient donc haumier, mais bien «parfum» en général. On a voulu ( Rosenmûller, Scholiain Gen., xxxvii, 26) identifier l’arbre producteur du sortbiblique avec le baumier, Balsamodendron ou Amyrisopobalsamum. Mais le sort était abondant en Judée eten Galaad dès l’époque de Jacob (voir col. 1408), tandisque le baumier n’avait été implanté en Palestine qu’à l’époquede Salomon, d’après Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6, édit. Didot, t. i, p. 302, comme on l’a vu plus haut. Lefore ne paraît donc pas être le baume. E. Levesque.

    1. BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig##

BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig, théologienprotestant allemand, né le 23 avril 1797 à Langenburg, mort à Stuttgart le 25 novembre 1865. Il professa le latinpendant la plus grande partie de sa vie. On a de lui: Versuch, die Bedeutung des Johanneischen Logos ausden Religionsystemen des Orients zu entwickeln, Tubingue, 1828; Commentatio de Habacuci vaticiniis, Heilbronn, 1841; Commentar ûber dos Evangelium des Johannes, Stuttgart, 1863; et divers ouvrages sur la littératureclassique. — Voir Éckstein, dans Allgemeine deutscheBiographie, t. Il ( 1875), p. 170.

    1. BAUR Ferdinand Christian##

BAUR Ferdinand Christian, théologien protestant rationaliste, fondateur de la nouvelle école de Tubingue, néà Schmieden, près de Canstadt, le 22 juin 1792, mort àTubingue le 2 décembre 1860. Destiné à la carrière ecclésiastiquepar son père, pasteur luthérien, il reçut la formationintellectuelle et morale donnée de son temps auxfuturs ministres dans le royaume de Wurtemberg. Il étudiales lettres au séminaire de Blaubeuren, 1805-1809, etla théologie à l’université de Tubingue, 1809-1814. À l’encroire, il n’aurait gardé des leçons de ses maîtres universitaires, Benger, Storr et Flatt, que le souvenir d’un «profondennui». S’il écoutait peu cependant, le jeune Baurtravaillait ferme. Il lut, dit-on, la plume à la main, tousles Pères de l’Église pendant ses cinq années de théologie.L’insatiable amour qu’il eut toujours pour l’étudel’arracha après quelques mois d’expérience à la vie duministère, et le fit se vouer à la carrière professorale, qu’ildevait parcourir jusqu’au bout. Nommé d’abord professeurà Schonthal, 1814, chargé ensuite de l’enseignement dulatin, du grec et de l’histoire, au séminaire de Blaubeuren, en 1817, il devint à trente-deux ans, en 1826, titulairede la chaire qu’il occupa jusqu’à sa mort, à la facultéde théologie protestante de l’université de Tubingue, lachaire d’histoire de l’Église et des dogmes.

1° Baur a surtout étudié l’histoire des origines du christianisme.Son œuvre nous intéresse spécialement, par lejugement qu’il porte sur tous les écrits qui racontent l’histoiredes origines chrétiennes, et par les vues qu’il exposesur l’histoire même de ces origines. On trouve ces vuesrésumées dans le premier volume de sa Kirchengeschichte, qui parut en 1853, sous ce titre: Dos Christenthum unddie christliche Kirche in den drei ersten Jahrhunderte, Tubingue, 2e édit., 1860. — Ses opinions personnelles sur lavaleur des livres du Nouveau Testament sont longuementexposées dans les écrits suivants; Die sogenannten Pastoralbriefe, 1835; Paulus, der Apostel Jesu Christi, 1845; 2e édit., avec quelques modifications, 1867 (cet ouvragerésume tout ce que Baur a publié sur les Épîtres); KritischeUntersuchungen ûber die canonischen Evangelien, in - 8°, Tubingue, 1847; Dos Markusevangeliumnachseinem Ursprung und Character, in-8°, Tubingue, 1851; Vorlesungen ûber die N. T. Théologie, publié en1864, quatre ans après la mort de l’auteur. — On a encorede lui, sur le même sujet, un grand nombre de dissertationsinsérées dans trois recueils théologiques: d’aborddans la Tûbinger Zeitschrift, jusqu’en 1842; puis dansles Theologische Jarbûcher, jusqu’en 1847; enfin dans laZeitschrift fur die wissenschaftliche Théologie, de M.Hilgenfeld.Signalons seulement, parmi les dissertations lesplus importantes, celles sur la Glossolalie, 1830; sur leParti du Christ à Corinthe, 1831, p. 61 -206; sur le Plande l’Épitre aux Romains, 1836, Heft m; sur X’Évangilede Jean, 1844; sur l’Evangile de Luc, 1846, etc.

2° Pour apprécier sainement l’œuvre du célèbre professeurde Tubingue, il est indispensable d’en faire troisparts, celle du philosophe, celle de l’historien et celle du critique.— 1. Baur est un philosophe incrédule, imbu de panthéismeet disciple de Hegel. La théorie du «Christ idéal», qui joue un si grand rôle dans son explication des originesdu christianisme, il l’a trouvée, au moins dans songerme, dans les écrits de Kant; l’idée de «l’universeldevenir», dont il a fait dans son premier ouvrage, Symbolismeet mythologie ( 1825), une application aussi hardieque fausse à l’histoire des religions, est le fond mêmsde la Dogmatique de Schleiermacher; la doctrine des «antinomies» du pour et du contre s’unissant ensemblepour former une unité, qui restera l’élément essentiel de

son explication des origines et des progrès de la religionchrétienne, est empruntée à la philosophie de Hegel. —2. C’est en philosophe, en panthéiste, en hégélien, que Baura fait de l’histoire. L’histoire pour lui n’est pas ce qui a été, mais ce qui a dû être, et ce qui a du être, c’est ce quiest conforme à ses conceptions subjectives. À la lettre, ilfait l’histoire au lieu de la raconter. Au dire de ce singulierhistorien, le christianisme ne représenterait qu’unephase transitoire du devenir religieux de l’humanité.L’idée religieuse s’épanouit et se développe par une évolutionrégulière et nécessaire, qu’il appelle Process, dansla succession des âges et dans toute l’humanité. Cetteidée, Jésus de Nazareth l’a recueillie telle qu’elle avaitété élaborée et préparée par ses devanciers durant delongs siècles; son seul mérite est de l’avoir vivifiée etrendue capable de conquérir le monde en la jetant dans lemoule juif du messianisme. L’histoire de la religion chrétiennese résume dans l’effort que fait l’idée religieusepour se dégager de cette forme spéciale que lui a donnéele fondateur du christianisme. Il y a lutte incessante entrel’élément universaliste ou abstrait, et l’élément particularisteou juif. Ce dualisme fondamental explique seul, Baur va nous le dire, l’histoire des origines, et il éclaired’un jour tout nouveau, — sa Kirchengeschichte a pourbut de le prouver, — les destinées de la religion chrétiennejusqu’à nos jours. Ces deux éléments irréductibles, nousles retrouvons jusque dans la dénomination complexed’ «Église catholique», où l’adjectif «catholique» indique2a part introduite dans la doctrine nouvelle par Paul, Je chef du parti universaliste, tandis que le substantif «Église», judéo-chrétien de sens et de couleur, rappellela part apportée par Pierre, le représentant officiel de l’idéeparticulariste. — 3. C’est là l’idée mère de tout son systèmede critique, l’opposition entre le pétrinisme et lepaulinisme, entre un christianisme particulariste et unchristianisme universel, reposant, le premier sur la conservationde la loi mosaïque, le second sur une conceptionplus large de la religion.

La lutte entre le pétrinisme et le paulinisme remplit, d’après lui, tout le I er siècle, et ne s’apaise qu’au milieu dune siècle, après les nombreuses tentatives de réconciliationqui devaient aboutir à la constitution de l’Église catholique.Pendant la période aiguë de la lutte, chaque parti eut sesapologistes et ses détracteurs. Pétrinistes et paulinienspublièrent des écrits marqués au coin de la passion.Pendant la période d’apaisem*nt, au contraire, lorsqued’une part la victoire presque complète du paulinisme, etd’autre part le besoin de s’unir pour mieux résister àl’hérésie gnostique et à la persécution impériale, eurentrendu la paix désirable et nécessaire aux deux partis, pétrinistes et pauliniens, comme d’instinct et avant de setendre la main, firent paraître des écrits de conciliation, dans lesquels les divergences anciennes étaient atténuées, et les esprits adroitement sollicités à l’oubli du passé etaux concessions indispensables. Les publications de cestemps primitifs comprenaient en conséquence, c’est toujoursBaur qui l’affirme, trois classes d’écrits: ceux duparti pétriniste, ceux du parti paulinien, et ceux du tiersparti ou parti de fusion et de conciliation. L’essentiel, quand on désire connaître avec quelque certitude la provenanceet la date d’un écrit chrétien des premiers siècles, sera donc d’examiner à quelle tendance il appartient.S’il a manifestement pour but la justification d’un desdeux partis et la condamnation de l’autre, il appartientsûrement à la période aiguë, remonte par conséquent auI er siècle, et a, suivant le cas, pour auteur un pétrinisteou un paulinien. S’il présente des traces certaines del’esprit de conciliation, il est à n’en pas douter de lapériode d’apaisem*nt, c’est-à-dire du IIe siècle, et il a étécomposé ou retouché par un écrivain du tiers parti. Sienfin il demeure complètement étranger à la querelle quia rempli tout le premier âge, c’est qu’il est postérieur àcet âge, et ne saurait par conséquent remonter au delà

du ii «siècle. Tel est le procédé nouveau imaginé parBaur pour résoudre les graves problèmes que présententla formation du canon du Nouveau Testament et l’originemême du christianisme.

En faisant usage de son critérium, si justement nommé «critique de tendance», le chef de l’école de Tubinguearrive aux résultats suivants: 1° Parmi les écrits canoniques, les quatre grandes Épîtres de saint Paul, auxCorinthiens (deux), aux Romains et aux Galates, sontdes manifestes antipétrinistes; l’Apocalypse est un pamphletantipaulinien. Parmi les écrits apocryphes, lesÉvangiles dits des Hébreux, de Pierre, des Ébionites, des Egyptiens, ressemblent par l’inspiration à l’Apocalypse.Ce sont les plus anciens documents du christianisme, tous du I er siècle. — 2° Parmi les autres Épîtresattribuées par le canon aux Apôtres, celles aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens, ne sont pas assezanti-pétrinistes pour être sûrement de saint Paul; cellesde saint Pierre et de saint Jacques sont trop peu judaïsantespour être l’oeuvre de l’un quelconque desDouze, autant d’écrits d’authenticité plus que suspecte etde date incertaine. — 3° Les Épîtres pastorales combattentles doctrines de Marcion, et l’enseignement de Paul y estémoussé et attiédi. Quant au livre des Actes des Apôtres, il est plus manifestement encore l’œuvre de l’école deconciliation. «C’est là qu’on voit le mieux apparaître latendance catholique de concilier Pierre et Paul, de tenirla balance égale entre les deux partis opposés, et de mettrefin à tous les conflits.» Ces écrits sont du IIe siècle. —4° Nos Évangiles ne sont ni authentiques ni même trèsanciens, au moins sous leur forme actuelle: celui de saintMatthieu est l’Évangile des Hébreux, le plus ancien manifestedu parti pétriniste, remanié dans une intentionpacifique; celui de saint Luc est l’Évangile paulinien deMarcion, arrangé et modifié dans un but de conciliation.Ils sont donc tous les deux de la période d’apaisem*nt, du ne siècle. Celui de saint Marc garde, dans les questionsdiscutées par saint Matthieu et par saint Luc, uneneutralité parfaite. C’est une simple abréviation des deuxprécédents, sans grande valeur au point de vue historique.Celui de saint Jean enfin est bien moins une histoire duChrist qu’un résumé de la théologie chrétienne du premierâge. L’orage est passé, oublié même.

3° Un professeur tel que Baur n’a pas seulement des lecteurset des auditeurs, il forme des disciples. Parmi les élèvesqui affluèrent à ses cours de toutes les provinces de l’Allemagneet de la Suisse, plusieurs manifestèrent de bonneheure le désir de travailler sous sa direction, dans lesillon même qu’il venait d’ouvrir. Une revue spéciale (lesTheologische Jahrbûcher), fondée en 1842, servit d’organeà ces travailleurs, parmi lesquels prirent rang d’abordEdouard Zeller, le futur historien de la nouvelle école, et le Souabe Albert Schwegler († 1857); puis Planck, Reinhold Kôstlin, Albert Ritschl, et enfin Adolphe Hilgenfeld, Gustave Volkmar, Tobler, Keim, Holstein, etc.Dès les premiers jours, la discorde éclata: le critériumdu maître fut discuté, ses conclusions furent contestées.Les efforts qu’il fit pour ramener la paix ne réussirentqu’à augmenter la confusion, qui fut, pour ainsi dire, portée à son comble par la publication de la Kirchengeschichte, destinée cependant, dans sa pensée, à produirela conciliation et l’union. La plupart se retirèrent.Les Theologische Jahrbûcher cessèrent de paraître en 1 857.La solitude se fit autour du maître vieilli; quand il mourut, en 1860, son école ne subsistait déjà plus.

Mais, en abandonnant les théories de Christian Baur, la plupart des Tubingiens restèrent fidèles à son esprit.Tout ce que l’Allemagne protestante compte aujourd’huiencore d’exégètes aventureux se rattache par un lienétroit à l’école de Tubiugue. Le vieux maître a appris àses contemporains à traiter avec une liberté effrénée lesécrits du Nouveau Testament. C’est par! à surtout qu’il acontinué, même après l’oubli de ses œuvres et l’abandon

de ses théories, à exercer sur ses compatriotes et surbeaucoup de non Allemands une influence désastreuse.Parmi les ouvrages publiés par les disciples de Baur, sousla surveillance et sous l’influence directe du maître, onpeut citer: Das nachapostolische Zeitalter in den Hauptmomentenseiner Entwickelung, par Schwegler, Tubingue, 1846; Die Apostelgeschichte nach ihren Inhalt undUrsprung, par Ed. Zeller, Stuttgart, 1854; Die Enstehungder altltatholischen Kirche, Bonn, 1850.

Sur l’école de Tubingue et pour la réfutation de sesdoctrines, voir Mackay, The Tubingen School and Us antécédents, in-8°, Londres, 1863; H. Schmidt, dans Real-Encyclopediefur protestantische Théologie, 2e édit., t. ii, 1877, p. 163-184; Funk, dans Kirchenlexicon, t. ii, 1883, col. 64-76; W. R. Sorley, Jewish Christian and Judaïsm, a study on the historij of the two first Centuries, in-8°, Cambridge, 1881; G. W. Lechler, Dos apastolische unddas nachapostolische Zeitalter mit Eucksicht auf Unterschiedund Einheit in Leben und Lehre, 3e édit., in-8°, Karlsruhe, 1885; J. Thomas, L’Église et les judaïsantsà l’âge apostolique: La réunion de Jérusalem, dans la Revue des questions historiques, oct. 1889, t. xl vi, p. 400-461; F. Vigouroux, Baur et l’école deTubingue, dans Les Livres Saints et la critique rationaliste, t. ii, p. 464-495, et dans La Bible et les découvertesmodernes, t. i, p. 77-88; Samuel Berger, Baur et lesorigines de l’école de Tubingue, Strasbourg, 1867.

L. Gondal.

    1. BAURAMITE##

BAURAMITE, originaire de Bahurim. I Par., xi, 32.L’Écriture nomme deux personnages de cette ville, Séméi, II Reg., xvi, 5; III Reg., ii, 8, et Azmaveth ou Azmoth.La Vulgate n’emploie l’adjectif Bauramite que I Par., xi, 32. Dans II Reg., xxiii, 31, elle dit que Azmavethétait de Béromi, c’est-à-dire de Bahurim, et ellenomme exactement Bahurim, II Reg., xvi, 5, etIII Reg., il, 8. Voir Bahurim.

    1. BAVAÏ##

BAVAÏ (hébreu: Bavvaï; Septante: Bevei), fils d’Énadad, chef de la moitié du district de Céila, au temps deNéhémie, releva une partie de la muraille de Jérusalem, voisine du sanctuaire. II Esdr., iii, 18.

    1. BAXTER Richard##

BAXTER Richard, célèbre théologien non conformisteanglais, né le 12 novembre 1615 à Rowton, dansle Shropshire, mort à Londres le 8 décembre 1691. Ildevint, en 1640, vicaire de Kidderminster, et mena ensuiteune’ie très agitée et très tourmentée. Il composa ungrand nombre d’écrits, dont un seul est relatif à l’exégèse: A paraphrase on the NewTestament, with notesdoctrinal and practical, in-4°, Londres, 1685; in-8°, 1695, 1810. Cet ouvrage fut déféré au Banc du Roi, etl’auteur emprisonné pendant deux ans; mais le souverainlui pardonna ensuite, et lui permit de se retirer àCharter-House Yard. La Paraphrase est surtout pratique; le sens y est souvent bien exposé, seulement on y retrouveles erreurs de l’auteur sur la grâce et la rédemption. VoirMatth. Sylvester, Reliquiss baxterianse, Londres, 1696, 1713, 1727; Orme, Life and Times of Baxter, 2 in-8°, Londres, 1830; von Gerlæh, Richard Baxter nach seinemLeben und Wirken, Berlin, 1836; Schmidt, R. Baxter’sLeben und Wirken, Leipzig, 1843.

    1. BAYER Francisco Perez##

BAYER Francisco Perez, antiquaire espagnol, né àValence en 1711, mort le 26 janvier 1794. Il professal’hébreu à l’université de Salamanque, fut chanoine deTolède et conservateur de la Bibliothèque de Madrid. Ila publié: Dissertatio isagogica de numis Hebrœo-Samaritanis, in-4°, Valence, 1781 (avec figures); NumorumHebrseo-Samaritanorum Vindicatio, in-4°, Valence, 1790(avec gravures); Legitimidad de las monedas Eebrseo-Samaritanas, confutacion de la diatriba de Dn. OlaoGerh. Tychsen, in-4°, Valence, 1793. Bayer le premier atracé la véritable voie à la numismatique hébraïque. Dans

ses voyages, il avait recueilli une collection importantede monnaies juives; il les arrangea et les interpréta avecbeaucoup de science, les reproduisit avec exactitude, eten établit l’authenticité. — Voir Baur, dans Y AUgemeineEncyclopâdie, t. vm (1822), p. 246; Frd. W. Madden, History of Jewish Coinage, in-8°, Londres, 1864, p. H.

F. Vigouroux.

    1. BAYES Joshua##

BAYES Joshua, ministre presbytérien anglais, né àManchester en 1671, mort le 24 avril 1746. Il fut ordonnéprédicateur de l’Évangile et ministre le 22 juin 1694.Matthew Henry étant mort avant d’avoir achevé son Commentairesur les Saintes Écritures, la continuation de sonœuvre fut confiée à un certain nombre de théologienspresbytériens, et Bayes fut chargé d’expliquer l’Épitre auxGalates. Son travail parut dans le Commentary on thoOld and New Testament, 5 in-f°, Londres, 1737.

    1. BAYITH##

BAYITH (hébreu: habbayif, avec l’article, «lamaison» ). Quelques interprètes considèrent ce motcomme un nom propre, désignant une localité moabite, dans Isaïe, XV, 2. Le Targum et la version syriaque supprimentla conjonction et qui sépare Batjit et Dibôndans le texte hébreu, et lisent Beth-Dibon. Cette leçonn’est pas plus fondée que l’opinion précédente. La Vulgatea pris bayif pour un nom commun, domus, «maison,» c’est-à-dire ici «temple» de Chamos ou des divinitésmoabites, et la plupart des commentateurs adoptentcette explication, en faveur de laquelle on peut alléguerque bayif est précédé de l’article et qu’il est en parallélismeavec bamôt, «les hauts lieux» où l’on honoraitles dieux de Moab. Cf. Is., xvi, 12, sancla sua, «sonsanctuaire.» La stèle de Mésa, trouvée à Dibon, mentionne, ligne 27, un Beth-Bamoth ou «temple des hautslieux». Voir Mésa. C’est peut-être VHabbayif dont parleIsaïe. Les hypothèses imaginées par divers exégètes quisupposent que Bayit désigne Beth-Diblathaïm, Beth-Baal-Méonou Bethphogor, sont complètement arbitraires.Cf. Bæthgen, dans Handwbrterbuch des biblischenAltertums, 2e édit., 1893, p. 179.

    1. BAYLE Marc Antoine##

BAYLE Marc Antoine, théologien français, professeurd’éloquence sacrée à la faculté de théologie d’Aix, né àMarseille en Î825, mort dans cette ville le 18 mars 1877.On a de lui: Homélies sur les Évangiles, 2 in-18, Tournai, 1865. Son principal travail est la traduction françaisede plusieurs livres de la Bible, qui ont été imprimésdans la Sainte Bible avec commentaires, publiée parl’éditeur Lethielleux, in-8°, Paris, 1877 et suiv. Sa versionest littérale et bonne. Voir Uterarischer Handweiser, février 1880, p. 70. O. Rey.

1. BAYLEY Anselme. Voir Bailey.

2. BAYLEY Robert Slater, ministre indépendant, Anglais, né à Lichfield en 1801, mort le 14 novembre 1859.Il fut successivement pasteur à Louth, dans le Lincolnshire, à Sheffield, à Londres et à Hereford. On a de lui, entre autres ouvrages, À new Concordance to the Hébreu)Bible juxta editionem Hooghtianam, and accommodatedto the English version, in-8°; À course of lectures onthe Inspiration of the Scriptures, in-12, Londres, 1852.

— Voir L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. m (1885), p. 444.

    1. BAYLY Benjamin##

BAYLY Benjamin, recteur anglican de l’église Saint-James, à Bristol, mort le 25 avril 1720, est l’auteur de: An Essay cm inspiration. Londres, 1707; 2e édit., 1708.La première édition est anonyme; la seconde est considérablementaugmentée.

BAYNE. Voir Baines.

    1. BAYNES Paul##

BAYNES Paul, théologien puritain anglais, né à Lon

dres on ne sait en quelle année, mort à Cambridge en1617. Il fut élevé à Christ -Collège, à Cambridge, et endevint fellow. À la mort de William Perkins, il fut choisiunanimement pour lui succéder dans les leçons qu’ildonnait à Saint - Andrew, à Cambridge. Ses écrits nefurent publiés qu’après sa mort. On y remarque: À Commentaryon the first chapter of the Ephesians handlingthe controversy of Prédestination, in-4°, Londres, 1618; À Commentary on the first and second chaptersof Saint Paul to the Colossians, in-4°, Londres, 1634; Commentary upon the whole Epistle to the Ephesians, in-f», Londres, 1643, ouvrage estimé encore aujourd’huien Angleterre. Voir L. Stephen, Dictionary of nationalBiography, t. m (1885), p. 455.

    1. BAZAR##

BAZAR, nom d’origine persane, donné au lieu oùl’on vend les marchandises en Orient. Voir Marché.

    1. BAZATHA##

BAZATHA (hébreu: Bizfâ’, nom perse, Bazata; Septante: BaÇiOa), un des sept eunuques qui se tenaienten la présence d’Assuérus. I Esth., i, 10.

    1. BAZIOTHIA##

BAZIOTHIA (hébreu: Bizyôtyâh; Septante: ayiSmai ajTûJv), ville de la tribu de Juda, mentionnéeaprès Bersabée, Jos., xv, 28. Elle est complètement inconnue: on se demande même, d’après les Septante, sile texte original ne portait pas un nom commun. Les traducteursgrecs ont dû lire, en effet, rvrp; 3, benôféâh,

[Bersabée et] «ses filles» ou «ses bourgs >>, au lieu den’nVTa, Bizyôtyâh. Cependant les autres versions ont

ici un nom propre. La paraphrase chaldaïque reproduitexactement l’hébreu; la Peschito donne JLlojJL», Bi’r Yôfya’, c’est-à-dire n>ni> ixs, Be’êr Yôfya, le «puits de Yotya», comme yatf 1X3, Be’êr Séba’, «puitsdes Sept» ou «du Serment», Bersabée; l’arabe l’a suivieen mettant IaSjjj, Biryûtiya. Saint Éphrem cependant,

dans ses explications sur Josué, Opéra syriaca, Rome, 1737, t. i, p. 305, fait la remarque suivante: «Les auteursde la version syriaque, ne comprenant pas le mothébreu, et persuadés que c’était le nom propre d’une

ville, ont transcrit ©vta-» JL^’Bizyotyéh.» C’est donc

ce mot que le saint docteur lisait dans son manuscrit dutexte sacré, au lieu de l’expression de la Peschito, et il letraduisait, comme les Septante, «Bersabée et ses bourgs.» L’emplacement de Bersabée, aujourd’hui Bir es-Sébâ, estbien connu; si Baziothia représente réellement une ville, . c’est dans les environs qu’elle devait se trouver.

A. Legendre.

    1. BDELLIUM##

BDELLIUM (hébreu: bedôlah; Septante: â’v6paÇ, xpixrràXXoç; Aquila, Symmaque, Théodotion, Josèphe, Ant. jud, , III, i, 6: pSIXXtov). Il est question deux fois, dans la Bible, du bedôlah. Dans la description du paradisterrestre, il est dit au sujet du pays d’Hévilath: «L’or dece pays est bon; là se trouvent le bedôlah et la pierre deSôham.» Gen., ii, 12. Plus loin, l’auteur sacré ajouteque «la manne était comme la graine du coriandre, etde l’apparence (’en) du bedôlah». Num., xi, 7. Le bedôlahétait donc une substance bien connue des anciensHébreux, puisqu’on s’en servait comme terme de comparaisonpour désigner l’apparence de la manne. Les Septanteont traduit une première fois par av6pa?, «escarboucle,» pierre précieuse de couleur rouge, et une secondepar xpu<Trd(XXoç, «glace» ou substance transparente.Les autres versions grecques, suivies par la Vulgate, ontrendu bedôlah par (JBÉXXiov. Le bdellium est la gommearomatique de VAmyris Agallochwm, arbrisseau résineuxqu’on trouve principalement dans le nord de l’Inde, maisqui se rencontre aussi ailleurs. Pline le décrit en ces

termes: «C’est un arbre noir, de la taille de l’olivier, avec des feuilles comme celles du chêne, et des fruitscomme ceux du figuier sauvage. Il vient en Arabie, dansJ’Inde, en Médie et à Babylone.» H. N., XII, 35. Lagomme de l’arbrisseau est d’un rouge foncé et a une certainetransparence. On s’explique donc que les Septanteaient confondu le bedôlah avec l’escarboucle, et aientensuite comparé sa translucidité à celle de la manne. Latraduction des autres versions et de la Vulgate identifiele bedôlah avec le bdellium, «très vraisemblablementavec raison,» dit Delitzsch, Wo lag das Parodies, Leipzig, 1881, p. 16. On pourrait objecter que cette gommearomatique n’est pas d’un prix tel qu’on puisse la mettresur le même rang que l’or, et que d’autre part le bdellium, qui est rouge, ne saurait être comparé avec lamanne, qui était blanche comme le givre. Exod., xvi, 14.Mais l’auteur sacré présente le bdellium, non comme unesubstance aussi précieuse que l’or, mais comme un produitcaractéristique de la terre d’Hévilath. Quant à la ressemblancede cette substance avec la manne, il n’est pasnécessaire qu’elle soit adéquate; il suffit qu’elle soit justifiéepar une qualité commune, par exemple, une certainetransparence, comme celle de la cire ou des autres gommesaromatiques, l’encens, la myrrhe.

Quelques auteurs, Raschi, Reland, etc., ont voulu fairede bedôlah une pierre précieuse, et l’on a même prétenduque la leçon bedôlah était fautive, et qu’il fallait lireberôlah, mot qui désignerait le béryl. Mais rien n’autorisecette correction, et si le bedôlah était un nom depierre, l’auteur aurait signalé dans la terre d’Hévilath la «pierre de bedôlah», comme il fait pour la «pierre deSôham,». Enfin d’après Saadias, Kimchi, Bochart, Hierozoicon, II, v, 5; Gesenius, Thésaurus lingues hebrsese, p. 181, le bedôlafy ne désignerait ni la gomme aromatiqueni une pierre précieuse, mais les perles quiabondent dans les eaux du golfe Persique. Cette interprétation, dont aucune version ancienne n’a eu l’idée, présenteun double inconvénient. Elle suppose que la terred’Hévilath se trouvait sur les bords du golfe Persique, cequi est loin d’être démontré. De plus, elle fait d’un produitmaritime la caractéristique d’une terre, au même titreque l’or et la pierre de Sôham, ce qui paraît peu admissible.Le plus probable est donc que le bedôlafy et le bdelliumne font qu’un, et quant au nom et quant à la chose. —Voir Wiçwà - Mitra, Les Chamites, in-8°, Paris, 1892,

p. 665-670.

H. Lesêtre.

BÉAN (FILS DE), nom d’une tribu de pillards quifut châtiée et détruite par Judas Machabée. I Mach., v, 4-5.Le texte grec des Machabées les appelle uîot Bat’av; Josèphe, uîot toO Bïâvou. C’était, à n’en pas douter, unetribu de Bédouins qui vivait de rapines. L’auteur sacrédit qu’ils se retiraient dans des tours (icOpyous), lorsqu’ilsn’exerçaient pas leurs brigandages. Ils habitaient probablementà l’est de la mer Morte, puisque Judas les rencontrasur sa route en allant d’Édoni au pays des Ammonites.Il est même vraisemblable que les «: fils de Béan» sont les habitants de Baalméon. En effet, le livre desNombres, xxxii, 3, mentionne une ville située au nordde l’Arnon et appelée Béon, nom que les Septante transcriventBat’av, avec la même orthographe que «les fils deBéan». I Mach., v, 4-5. Or Béon, d’après l’opinion commune, n’est autre que Baalméon, la Ma’in actuelle. VoirBaalméon.

    1. BÉATITUDES##

BÉATITUDES (MONT DES), montagne sur laquelleNotre - Seigneur prononça le plus considérable etle plus important de ses discoure, rapporté par saintMatthieu, v-vn, et commençant par ces mots: «Bienheureuxles pauvres,» etc. L’auteur sacré n’indique pas lenom de l’endroit où retentit la parole du divin Maître; il se contente de dire que «Jésus, voyant les foules, montasur la montagne». Matth., v, 1. Le grec porte l’article,

£Îç tô ô’poç. Est-ce pour désigner une montagne connuedes lecteurs ou voisine des lieux où le récit vient de lestransporter? La réponse, quelle qu’elle soit, nous laissetoujours dans l’incertitude. Quelques auteurs veulent voirici dans «la montagne» une opposition avec «la villemaritime» de Capharnaûm, dont il est question auparavant.Matth., iv, 13. Mais les deux passages sont trop séparéspour qu’on puisse ainsi les unir. Saint Jérôme, dansson Commentaire sur saint Matthieu, t. xxvi, col. 33, avoue ne rien savoir de certain sur ce sujet; il dit simplementque la scène dut se passer «en Galilée, sur le

de forme arrondie, dont l’altitude est de 346 mètres. Lacrête, élevée de 50 ou 60 mètres au-dessus du niveau dela route, vers le sud, domine d’environ 250 mètres, versle nord, la vallée que sillonne l’ouadi el-Hamam. Elle estterminée, au nord-ouest et au sud-est, par deux éminencesou cornes qui lui ont fait donner le nom de QorounHattin, «Cornes de Hattin». Hattin est le petit villagequi s’étend sur la pente septentrionale. Ces deux éminences «ont été justement comparées au pommeau et autroussequin d’une selle arabe». Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans Le Tour du monde, t. xun, p. 202. Il

[[File: [Image à insérer]|300px]]
467. — Qoroun Kattln ( Montagne des Béatitudes). D’après une photographie.

Thabor ou quelque autre montagne élevée». Une anciennetradition, remontant à l’époque des croisades, place lemont des Béatitudes à Qoroun Hattin, hauteur située àmi-chemin entre le Thabor et Capharnaûm, à peu prèsen face de Tibériade, à deux heures du lac (fig. 407). Laposition de cette colline «s’accorde fort bien avec l’ensembledu récit évangélique, car elle est facilement abordablede toutes parts et se trouve justement dans la régionoù prêchait alors Notre - Seigneur. De plus, elle mériteseule, entre toutes les hauteurs qui l’avoisinent à l’ouestdu lac, le nom de montagne par excellence, qu’elle portedans le texte grec, to opoç, tant elle se distingue desautres par sa forme particulière et par son élévation plusconsidérable». Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 98.

C’est, en effet, un sommet bien singulier que celui deQoroun Hattin, un de ceux qui frappent le plus le voyageur, quand, après avoir suivi la route de Nazareth àTibériade, il commence à apercevoir le profond eneaisjsem*ntdu lac. Il voit sur sa gauche une colline rocheuse,

existe entre elles un plateau inégal, long d’une centainede mètres, capable de contenir un nombreux auditoire, et du haut duquel on jouit d’une magnifique perspective.Ce n’est pas cependant, croyons - nous, sur ce plateauqu’eut lieu le discours du Sauveur, mais en uu pointintermédiaire, entre la plaine et le sommet; ce qui permetà saint Matthieu de dire qu’on était «sur la montagne», et à saint Luc, vi, 17, «dans la plaine,» ém

T<$7IOV ÎTeSiVOÛ.

La colline tout entière, dont la forme est bien celled’une forteresse naturelle, était, dans sa partie supérieure, entourée d’un mur d’enceinte dont il subsiste encore denombreuses traces, principalement aux deux cornes, quiparaissent avoir été fortifiées d’une manière spéciale. Lanature des matériaux de toute forme et de toute dimensionqui jonchent le sol semble indiquer que ce mur aété construit à la hâte. Les habitants de Hattin prétendentqu’il renfermait une pente ville, depuis longtemps raséede fond en comble et aux ruines indistinctes de laquelleils donnent le nom de Khirbet Medinet et-Thouiléh, 1531

    1. BÉATITUDES##

BÉATITUDES (MONT DES)/— BEAUTÉ

1532 «ruines de la ville longue, s On remarque, à la pointesud-est de la colline, un caveau oblong, creusé dans leroc et revêtu de ciment; il est en grande partie comblé.C’était ou un tombeair ou une citerne; À côté se voientles arasem*nts d’une petite construction, mesurant huitpas carrés, et qui passe pour être un ancien ouali musulman, ayant succédé lui-même à une chapelle chrétienne.D’autres y reconnaissent les restes d’une tour. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 194.

La colline de Qoroun Hattin était un point assez centraloù pouvaient se rencontrer les foules, avides de laparole du Sauveur, et qui venaient, pour l’entendre, «dela Galilée et de la Décapole, de Jérusalem et de la Judée, et d’au delà du Jourdain.» Matth., iv, 25. Assis moi-même, le 25 mars 1893, sur la pente sud-est, j’admiraisle panorama qui se déroulait sous mes yeux, et je medisais que nul endroit n’était mieux fait pour servir dechaire au divin orateur, venant exposer ce qu’on a si justementappelé «la grande charte du royaume des cieux».En face, les eaux tranquilles du lac, sur la surfaceduquel des collines qui masquent le regard projettentquelques échancrures. Au delà, les montagnes du Djaulans’abaissent jusque, sur ses bords et ferment l’horizon.A droite, vers le sud, au-dessous de moi, une plainebasse, l’Ard el-Ahma, et, plus loin, le Thabor, dont lesommet, encadré dans les autres collines, ressemble àune bosse de dromadaire. À gauche, vers le nord, sedresse le grand Hermon avec son pic couvert de neige.A mes pieds, le tapis de verdure et les anémones rougesqui l’émaillent me rappellent l’herbe et le lis des champsque Notre-Seigneur fait entrer dans ses gracieuses comparaisons.Matth., vi, 28, 30. Voir Anémone.

C’est également sur cette hauteur que le Sauveur enseignapour la première fois l’Oraison dominicale. Matth., vi, 9-13. À l’époque des croisades, le Djebel QorounHattin et les plaines avoisinantes furent le théâtre de ladésastreuse bataille où, le 4 juillet 1187, Saladin écrasal’armée des Latins, vit la vraie croix tomber entre sesmains, et s’ouvrit par cette victoire les portes de la Palestine.

A. Legendre.

    1. BÉATUS##

BÉATUS, prêtre, moine et abbé de Saint-Martin deLiébana, en Asturie, vivait dans la seconde moitié duvme siècle. On connaît ses controverses avec Élipand, archevêque de Tolède, et les autres partisans de l’erreuradoptioniste. Voir Migne, Patr. lat., t. xcvi, col. 859-1030.Béatus y soutient la doctrine catholique avec une singulièreénergie; et ses deux écrits contre Élipand témoignentd’une profonde connaissance des Livres Saints. Il a composésur l’Apocalypse un volumineux commentaire qui ajoui d’une très grande vogue en Espagne, du rxe auXIIe siècle. Les manuscrits assez nombreux de ce commentaireremontent tous à cette époque. Ils se font remarquerpar le luxe avec lequel ils ont été exécutés, et surtoutpar leur riche ornementation, qui permet de lesranger parmi les sources les plus importantes de l’histoirede l’art espagnol au moyen âge. Voir sur ce pointLes manuscrits de l’Apocalypse de Béatus, par M. L. Delisle, dans les Mélanges de paléographie et de bibliographie(1880), p. 116-148. Quant an commentaire lui-même, il n’a rien de très original. C’est avant tout unesorte de caterta, dont le texte est emprunté à peu prèsexclusivement aux Pères de l’Église latine qui ont expliquél’Apocalypse. Le recueil de Béatus n’en a pas moinsune réelle importance. Il nous a conservé plusieurs textesanciens considérés depuis longtemps comme perdus, parexemple, des passages du commentaire de saint Jérômeet de celui d’Apringius, évêque de Béja. Malheureusem*ntl’abbé de Liébana ne nous fait pas connaître ce qui appartientà chacun de ces auteurs, et cette distinction n’estguère possible qu’à la condition de découvrir quelquesnnsde ces commentaires. L’œuvre de Béatns a été publiéeau siècle dernier par Florez, sous ce titre: Sancti Beati

presbyteri hispani Liebanensis, in Apocalypsim acutriusque fœderis paginas commentaria, Madrid, 1770.Nous ignorons pour quel motif l’abbé Migne n’a pasinséré ce commentaire dans sa Patrologie latine.

M. Férotin.

BEAU-FRÈRE. Voir Lévirat.

    1. BEAUPORT##

BEAUPORT, théologien français, qui vivait dans laseconde moitié du xvie siècle. Il a laissé: MonotessaronEvangeliorum, Paris, in-8°, 1552 et 1560. Malgré sontitre latin, c’est une concordance en français.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BEAUSOBRE Isaac##

BEAUSOBRE Isaac, théologien protestant, né à Niorten 1659, mort à Berlin en 1738. Chassé de Châtillonsur-Indrepar la révocation de l’édit de Nantes, il se réfugiaà Rotterdam, puis à Berlin, où il se fixa; il y devint chapelainde la reine. Il a laissé: Remarques historiques, critiques et philologiques sur le Nouveau Testament, 2 in-4°, la Haye, 1745; — Le Nouveau Testament de Notre-SeigneurJésus-Christ traduit en français sur l’originalgrec, avec notes littéraires pour éclaircir le texte, 2 in-4°, Amsterdam; réimprimé en 1741 avec des correctionset des additions considérables. La préface générale, les quatre Évangiles et les Actes sont de Lenfant.

— Discours sur la Bible de Saurin (fait en société avecson fils, Charles-Louis de Beausobre).

G. Thomasson de Gournay.

BEAUTE. Le sentiment de la beauté, inné au cœur del’homme, trouve son objet dans certaines qualités ou dispositionsdes êtres, qui varient selon la diversité des temps, des lieux, du milieu et de l’éducation. Cette impuissancede l’homme à déterminer d’une manière absolue les qualitésqui éveillent l’idée de beauté fait comprendre pourquoi, dans l’Écriture, certaines expressions ou métaphores, qui chez nous sont loin d’exprimer la même idée, sontemployées pour signifier la beauté, et particulièrement labeauté physique de l’homme, dont il est surtout questionici.

1° C’est d’après ces notions qu’il faut apprécier la descriptionde la beauté de l’épouse des Cantiques. Cant., vi, vu. Un des éléments de la beauté humaine chez lesOrientaux était, et est encore aujourd’hui, le grand développementdes formes corporelles: une haute stature, une forte corpulence. C’est peut-être à cela que l’Écriturefait allusion quand elle dit que l’épouse est belle commeJérusalem, Cant., vi, 3; que son cou est semblable à unetour, iv, 4; vii, 4; sa tête, au Carmel, vii, 5. D’autresexpressions du Cantique des cantiques, I, 9; v, 15; vi, 5, 6; vu, 1-3, semblent indiquer la même idée. La beauté duvisage consistait chez les Juifs dans la pureté des lignes, dans le brillant des yeux, comme étaient ceux de Rachel, opposés aux yeux chassieux’hébreu: mous), c’est-à-diresans vigueur, de Lia, Gen., xxix, 17; dans la douceur duregard, semblable à celui de la colombe, Cant., i, 14; v, 12, et la coloration des lèvres. Cant., iv, 3. Le visageétait légèrement basané, comme l’indique l’expression: «Je suis noire, mais belle,» mise par Salomon sur leslèvres de l’épouse des Cantiques. Cant., i, 4. L’ardeur dusoleil d’Orient produisait ce résultat sur ceux qui travaillaienten plein air, Cant., i, 5, et les femmes ne paraissentpas avoir cherché à s’en garantir, comme elles le fontaujourd’hui, en se voilant le visage.

A l’aide de ces quelques traits, épars dans la SainteÉcriture, on peut conjecturer quel était l’extérieur de cesfemmes qui sont mentionnées comme douées d’une grandebeauté: Sara, Gen., xii, 11, 14; Rébecca, Gen., xxvi, 7; Judith, Jud., x, 4, 7, 14; Bethsabée, II Reg., xi, 2; Abisag, III Reg., i, 4; Vasthi, Esth., i, 11; Esther, ii, 7, 15; Susaime, Dan., xiii, 2, 31. La beauté corporelle semble avoirété très appréciée des Hébreux, et la loi elle-même toléraitcette estime; car, malgré la défense faite aux Israélitesd’épouser des femmes étrangères, elle permettait auxvainqueurs de se choisir des épouses parmi les plus

belles des captives, Deut., xxi, 11; à condition qu’ellesne fussent pas de la race des Chananéens. Deut., xx, 16.Malgré cela l’Écriture rappelle à l’homme la fragilité dela beauté du corps, et le met en défiance contre les illusionsde son cœur. Prov., xxxi, 30. Si elle compare labeauté humaine à celle de la nature représentée par laverdure des prairies, elle déclare que celle-ci est supérieureà la première, parce que la beauté des (jhosesinanimées n’est pas comme celle des êtres humains unesource de tentations et de désordres. Eccli., XL, 22. Ontrouve la même pensée dans d’autres passages. Eccli., ix, 5.; xxv, 28; xxxvi, 21. De la beauté extérieurel’Écriture s’élève à la beauté morale. Ps. xliv, 3; Eccli., xxvi, 19, 21. Elle déclare que sans le jugement

[[File: [Image à insérer]|300px]]
468. — Notre -Seigneur Jésus-Christ.

Catacombe de Sainte - Domitille. D’après Bottarl, Sculture

e pitture sagre, t. ii, pi. lxx.

de l’esprit la beauté de la femmen’est rien: elle n’estqu’ «un anneau d’or aux narines d’une truie». Prov., xi, 22.

2° La beauté, diez les Juifs, était non seulement appréciéechez les femmes, mais aussi chez les hommes, etparticulièrement chez ceux qui avaient un rang élevé, comme les rois, I Reg., IX, 2; Ps. xliv, 3, 5, les princes et lesgrands officiers du royaume, II Reg., xiv, 25, dont on aimaità voir la haute stature, la vigueur et la corpulence. Unhomme mal fait était réputé incapable d’une grande élévationd’esprit et d’actions d’éclat. C’est d’après cettemanière de juger que Nabuchddonosor ordonna de choisirles plus beaux des jeunes Juifs captifs à Babylone, pour en faire des officiers de son palais. Dan., i, 4. Labeauté des hommes est marquée dans l’Écriture par destraits spéciaux. Moïse compare la beauté de Joseph à celledu premier-né d’un taureau. Deut., xxxiii, 17. Dans ladescription qui est faite du jeune David, I Reg., xvi, 12; xvii, 42, la couleur blonde de ses cheveux est donnéecomme un trait de beauté. L’abondance de la chevelureétait plus recherchée encore que la couleur. JJ Reg., xiv, 25, 26. Elle était regardée comme la gloire du corps, Num., vi, 5; Ezech., xliv, 20, tandis que la calvitie était tenuepour un opprobre. IV Reg., Il, 23. La doctrine chrétienneapprit plus tard aux hommes à dédaigner ce vain ornement, et saint Paul, en ordonnant aux femmes de laissercroître leur chevelure et de la cultiver, déclare que, pourles hommes, c’est une ignominie d’en faire autant. I Cor., xi, 14, 15. D’autres expressions métaphoriques désignentla beauté des hommes, sans qu’on puisse dire exactement

à quels traits corporels elles répondent. Lam., iv, 7..Salomon, qui est donné dans l’Écriture comme un hommed’une grande beauté, III Reg., i, 6, est probablement lepersonnage auquel ont été empruntés les traits du Cantiquedes cantiques, qui désignent la beauté de l’époux.D’après cette description, Salomon aurait été beau «commeles cèdres du Liban», Cant., v, 15; son teint «blanc etvermeil», v, 10, ses yeux semblables en douceur à ceuxde la colombe, v, 12; ses lèvres comparables à la grâcedu lis, ruisselantes de myrrhe, v, 13; ses cheveux flexiblescomme des palmes et noirs comme le plumage du corbeau, v, 11. Le résumé de ces images, difficiles à interpréterdans le détail, est que Salomon était «le plus beaudes enfants des hommes». Cf. Ps. xliv, 3. Vigoureux, LaBible et les découvertes modernes, 1882, t. iii, p. 433-434.

3° Les éléments de la beauté humaine, telle qu’elleétait conçue chez les Juifs, se trouvèrent-ils réunis enNotre -Seigneur Jésus-Christ, de manière à faire de lui, même extérieurement, le plus beau des hommes? Aucunereprésentation authentique des traits du Verbe incarnéne nous a été transmise, et les Évangiles, ainsi que lesautres documents contemporains, sont muets sur cesujet. Les premières représentations que nous avonsde lui remontent au plus au second siècle (fig. 468).Plusieurs Pères des premiers siècles, surtout parmi lesGrecs, prenant trop à la lettre et dans un sens trop généralcertaines expressions des prophètes, particulièrementd’Isaïe, lii, 14; lui, 2-4, relatives à la Passion, et desaint Paul, Phil., ii, 7, ont soutenu que Notre-Seigneuravait un extérieur humilié et presque repoussant. C’està partir de saint Jean Chrysostome surtout que l’on commençaà s’éloigner de cet enseignement, pour soutenir aucontraire la beauté physique de Notre-Seigneur. Cf. lePs. xliv, 3, qui est messianique. Cette opinion a prévalu, en ce sens du moins que si le visage d’un hommereflète la beauté spirituelle de son âme, JésusChrista dû être le plus beau des enfants des hommes. Beautéqui n’avait rien de charnel ni d’efféminé, mais qui étaitplutôt grave et austère. Voir Rio, L’art chrétien, Introd., 1874, t. i, p. 41-42; Landriot, Le Christ de latradition, Paris, 1865, t. ii, p. 214-221; cf. S. Jérôme, Epist. lxv ad Principiam Virginem, 8, t. xxii, col. 627; Suarez, De Incarnalione, q. 14, art. 4, disp. 32; t. xviii, p. 173-174; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament etles découvertes archéologiques modernes, p. 434-437; J. A. van Steenkiste, De pulchritudine Jesu corporali, dans son Evangelium secundum Matthseum, 3e édit., Bruges, 1882, t. iv, p. 1464-1468. Voir Jésus -Christ.

P. Renard.

    1. BEAUXAMIS Thomas##

BEAUXAMIS Thomas (en latin: Bellamicus, Pulcheramicus), religieux carme de la province de Melun, néà Paris, mort dans cette ville en 1589. Dès l’an 1567, docteur de l’Université de Paris, il passait pour être lethéologien le plus remarquable de son époque. Vicairegénéral de l’ordre pour la province d’Albi, prieur du couventde Paris, ambassadeur, prédicateur de la cour sousCatherine de Médicis, Charles IX et Henri III, il devintenfin ministre, et fit aux hérétiques une guerre acharnéepar sa parole et par ses écrits. On a de lui: 1° Homilisein oninia qux per Quadragesimam legunturEvangélia, in-8°, Paris, 1567, et Anvers, 1569. — 2° Insacrosancta Cœnx mysteria, Passionem et ResurrectionemD. N. J. C. homilise et tabulée, annexis quibusdamscholiis, ex primis Ecclesise Patribus, in-8’", Paris, 1570, et Anvers, 1573. — 3° Promissio camis et sanguinisChristi in Eucharistia, in-8°, Paris, 1582; — 4° Homiliarumpars secunda quadragesirnalium, in-8°, Paris, 1567, et Anvers, 1569; Venise, 1572. — 5° Homiliæ xxiiain Abachuck (sic) prophetam, in-8°, Paris, 1578. —6° Commentaria in evangelicam historiam, 4 in-f», Paris, 1583; in-f°, Lyon, 1594. Ouvrage non terminé.Il devait avoir un tome iv, qui n’a pas été composé. —Ces commentaires sur l’harmonie évangélique ont été

assez estimés en leur temps. Lucius vante l’érudition destravaux que nous venons d’énumérer, et qualifie lesHomélies pour le carême de «opus elegantissimum». VoirLucius, Bibliotheca carmelitana, in-4°, Florence, 1593, p. 79; Villiers de Saint-Étienne, Bibliotheca carmelitana, in-f°, Orléans, 1752, t. ii, p. 803; Possevin, ApparatusSacer, in-4°, Venise, 1606, t. ii, p. 301. 0. Rey.

BÉBAÏ. Hébreu: Bêbaï et Bêbâï; Septante: Ba6ai, Bïiêi, Brjgat. Nom d’homme et aussi nom altéré de lieu, d’après quelques manuscrits grecs de Judith.

1. BÉBAÏ, chef de famille dont les membres revinrentde Babylone avec Zorobabel au nombre de six cent vingt-trois, 1 Esdr., ii, 11, ou de six cent vingt-huit, H Esdr., Vil, 16. Cette différence provient d’une faute de copiste.Avec Esdras, vingt-huit membres de la même famille revinrentégalement de Babylone, sous la conduite de Zacharie, descendant de Bébaï. I Esdr., viii, 11. Quatredescendants de Bébaï avaient épousé des femmes étrangèreset les répudièrent sur l’ordre d’Esdras. I Esdr., x, 28. Ce nom se rencontre encore parmi les chefs dupeuple, signataires de l’alliance théocratique à la suite deNéhémie, Il Esdr., x, 15; il paraît désigner le même personnage.E. Levesque.

2. BÉBAÏ, père de Zacharie, paraît être le même Bébaïque le précédent. Des exégètes croient cependant quec’est un fils de Bébaï, portant le même nom.

3. BÉBAÏ (Codex Alexandrinus: Brjëaf), nom de lieu, Judith, xv, 4. Il ne se lit ni dans la Vulgate ni dans leCodex Vaticanus des Septante, mais seulement dans leCodex Alexandrinus et dans quelques autres manuscritsgrecs. C’est certainement une forme altérée.

    1. BECANUS##

BECANUS, Verbeeck ou van der Beeck Martin, néà Hilverenbeeck (Brabant septentrional) vers 1561, mortà Vienne le 22 janvier 1624, entra au noviciat de la Compagniede Jésus, à Cologne, en 1583. Il se fit un nom dansl’enseignement de la philosophie et de la théologie à Wurzbourg, Mayence et Vienne, pendant vingt-six ans. Il futun adversaire redoutable des protestants. Ferdinand II lechoisit pour confesseur. Ses nombreux ouvrages sont principalementdes ouvrages de controverse, dans lesquelsbrillent la solidité et la clarté. Il a laissé en outre: AnalogiaVeteris ac Novi Testamenti, in-8°, Mayence, 1620.Cet ouvrage a été réimprimé, à ma connaissance, plusde trente fois, et a été traduit en anglais, en flamand eten espagnol. Malgré les progrès de la science, il n’a pasperdu toute son utilité. C. Sommervogel.

BECBÉCIA. Hébreu: Baqbuqyah, «Jéhovah dévaste, dépeuple,» allusion à la captivité de Babylone; omis dansles Septante. Nom de deux lévites.

1. BECBÉCIA, lévite, chef du second chœur, à l’époquede Néhémie. II Esdr., xi, 17; xii, 9.

2. BECBÉCIA, lévite gardien des portes et des vestibulesau retour de la captivité. II Esdr., xii, 25. Onpourrait peut-être rattacher Mathania, Becbécia et Obédiadu ꝟ. 25 au ꝟ. précédent et les ranger parmi les chanteurs, comme dans H Esdr., xi, 17. Ce serait alors lemême personnage que le précédent.

    1. BECHAI BEN ASCHER##

BECHAI BEN ASCHER, commentateur juif de Saragosseau xme siècle. Son nom» ro est transcrit defaçons très différentes: Bahia, Bahye, Bachia, Bachie etplus justement Bechaï. Il a composé vers 1291 un commentairesur le Pentateuque au point de vue grammatical, rationnel, allégorique et cabalistique. L’éditionjprincëps, peu connue, a été faite à Naples, in-ꝟ. 1492.

Depuis il a été très souvent imprimé, in-f», Pesaro, 1507, 1514, 1517; Rimini, 1524-1526; Venise, 1544, 1546, etc.L’édition la plus complète est celle de Cracovie, in-f», 1592-1593. On a de lui, en outre, un commentaire sur Jobintitulé Sôb’a èemâijôt, «Abondance de joies», Ps., xvi(hébr.) 11. E. Levesque.

    1. BÊCHE##

BÊCHE, instrument de culture. Voir Houe.

BÊCHER. Hébreu: Békér, «premierné,» ou bien «jeune chameau». Cf. Is., lx, 6. Nom de deux Israélites.

1. BÊCHER, fils d’Éphraïm, chef de la famille desBéchérites. Num., xxvi, 35.

2. BÊCHER, fils de Benjamin. La Vulgate l’appelleBéchor. Voir Béchqr.

    1. BÉCHÉRITES##

BÉCHÉRITES (hébreu: habbakrî, nom avec l’article; omis dans les Septante), descendants de Bêcher, filsd’Éphraïm. Num., xxvi, 35.

    1. BÉCHOR##

BÉCHOR (hébreu: Békér, «premier-né» ou «jeunechameau»; Septante: Bo^p» B «X L’p)> second fils de Benjamin, d’après Gen., xlvi, 21, et 1 Par., vil, 6, et pèrede Zémira. I Par., vii, 8. Le nom de Békér (Béchor) nese lit pas dans l’énumération des fils de Benjamin, Num., xxvi, 38, et I Par., viii, 1. En rapprochant le nom désfils de Benjamin, hsvm 133 yba, Gen., xlvi, 21, debara itd3 yba, I Par., viii, 1, il semble que des copistesont pris le nom commun bekôr, ce premierné,» appositiondu nom de Bêla’, pour un nom propre, Békér: conjecture rendue vraisemblable par l’absence d’une famillede ce nom. Num., xxvi, 38. Du reste une trèsgrande divergence règne entre les diverses généalogiesdes fils de Benjamin: des noms ont été altérés et despetit*-fils pris pour des fils. E. Levesque.

    1. BECHORATH##

BECHORATH (hébreu: Bekôrat, «première naissance» pour «premier-né»; Codex -Vaticanus: Bï^tp, Codex Alexandrinus: Bs^wpâtt), fils d’Aphia, un desancêtres de Cis, père de Saûl. 1 Reg., ix, 1.

BECHOR -SCHOR [Bekôr sôr) Joseph ben Naphthali, rabbin français du XIIe siècle, disciple de Jacob Tam, continua la tradition de Raschi et de son petit-fils, Samuelben Meïr, dans l’explication du Pentateuque. Il composaun commentaire littéral de ce livre vers 1170. Une partieseulement a été imprimée, d’après le manuscrit de Munich, par A. Jellinek: Bechor-Schor Jos., Commentâtzum Pentateuch, 1. Abth. Genesis und Exodus, in-8°, Leipzig, 1856. Bernard de Rossi affirmait avoir vu à Rome, dans la bibliothèque Casanata, un exemplaire d’une éditionimprimée in-f", à Constantinople, 1520. Annaleshebrseo typographicee, in-8°, Parme, 1799, n° 100, p. 20.Mais il n’a pu y être retrouvé, et il y a lieu de croire àune confusion avec le commentaire de Josué ben Schoeïb.Histoire littéraire de la France, t. xxviii, p. 435 et note.Geiger donne des extraits de cet important commentairedans son opuscule Parschandatha, où il discute lesœuvres et le mérite des écrivains de l’école de Raschi.Les HidduSê hatfôrâh, Nouvelles explications (cabalistiques) de la Loi, conservées en manuscrit à la bibliothèquede Leyde, ne sont pas authentiques. M. Steinschneider, Catalogus librorum hebrseorum in Biblioth.Bodleiana, in-4°, Berlin, 1852-1860, col. 1440.

E. Levesque.

1. BECK Christian Daniel, savant philologue allemand, né à Leipzig le 22 janvier 1757, mort dans cetteville le 13 décembre 1832. Il professa le grec et le latindans sa ville natale. Parmi ses travaux, la plupart trèsestimés, on compte Monogrammata Hermeneutices librorumNovi Fœderis, in-8°, Leipzig, 1803. II n’en a

paru que la première partie; l’auteur n’a point terminédu reste la plupart de ses nombreuses publications. —Dans son Herméneutique, regardée comme une œuvreimportante, Beck pose les principes d’interprétation dugrec du Nouveau Testament; son livre contient surtoutdes notices sur les écrivains qui se sont occupés de laphilologie de cette partie de l’Écriture, et sur l’état desmanuscrits grecs. — Voir Nobbe, Vita Chr. D. Beck, in-8°, Leipzig, 1837.

2. BECK Jacob Christophe, théologien protestantsuisse, né à Bâle le 1° mars 1711, mort en 1785. Il devintprofesseur d’histoire dans sa ville natale, en 1737; puis, en 1744, professeur de théologie, et enfin, en 1759, professeurd’exégèse de l’Ancien Testament. Ses ouvragessur l’Écriture sont les suivants: Disputatio de diluvîo

noachico universali, in-4°, Bâle, 1738; Disputatio de partibusorbis quas ante diluvium noachicum homines incoluissevidentur, in-4°, Bâle, 1739; Vollstândiges BiblischesWôrterbuch oder Verbalund Beal-Concordanz, 2 part.în-i°, Bâle, 1770; souvent réimprimé; Epitome historiéeEcclesiæ Veteris Testamenti, in-4°, Bâle, 1770; Disputatiode codicibus manuscriptis grsecis, in-4°, Bâle, 1774; De editimibus principibus Novi Testamenti, in-4°, Bâle, 1775; Biga editionum Novi Testamenti syriaci, in-4°, Bàle, 1776.

3. BECK Johann Tobias, théologien protestant allemand, né le 22 février 1804 à Balingen, en Wurtemberg, mort à Tubingue le 28 décembre 1878. Il fit ses études àTubingue, devint, en 1827, pasteur à Waldthaun; en 1829, prédicateur à Mergentheim; en 1836, professeur de théologieà Bâle, et, en 1843, à Tubingue, où il demeura jusqu’àsa mort et où il exerça une grande influence, professantun profond mépris pour toutes les théories nouvelles, enopposition à l’école critique de Christian Baur. Parmi sesouvrages, ceux qui se rapportent à l’Écriture Sainte sontles suivants: Versuch einer pneumatisch-hermeneuïischenEntwickélung des neunten Kapitels im Briefean die Rômer, Mergentheim, 1833; Umriss der biblischenSeelenlehre, Stuttgart, 1871; traduit en anglais sousle titre de: Outlines of Biblical Theology, Edimbourg, 1877; Erklârung der zwei Briefe Pauli an Timotheus, œuvre posthume, publiée par Julius Lindenmeyer, Gûtersloh, 1879. — Voir Worte der Erinnerung an Dr. JohannJobias Beck, in-8°, Tubingue, 1879.

    1. BECKHAUS Moritz Johann Heinrich##

BECKHAUS Moritz Johann Heinrich, théologien protestantallemand, né à Dusseldorf le 3 avril 1768, mort àMarbourg en 1829. Il fut pasteur à Mûhlheim, à Gladbachet à Iserlohn; puis, en 1815, il devint professeur de théologieà Marbourg, où il demeura jusqu’à sa mort. On ade lui: Veber die Aechtheit der sogenannten Taufformel, Matth., xxviii, 19, Oiïenbach, 1794; Veber die lntegritâtder prophelischen Schriften des alten Bundes, Halle, 1796; Bemerkungen iiber den Gebrauch der apokryphischenBûcher des alten Testaments zur Erlâuterungder neutestamentlichen Schreibart, Leipzig, 1808; Dedictione tropica Novi Testamenti judicanda et interpretanda, Marbourg, 1819.

BECKER Balthasar. Voir Bekker.

    1. BECTILETH##

BECTILETH (PLAINE DE) (rb tceSIov Bamù.a’0; Codex Alexandrinus: BexxeXéô; dans d’autres manuscrits: BaixT£t>a(8 et même Bærouîitâ; version syriaque: -Qdok^O £w13, Bef Ketilaf, «maison du massacre» ), plaine mentionnée seulement dans le texte grec de Judith, H, 21, à propos d’une campagne d’Holopherne contre l’AsieMineure. Le texte porte: «Et ils partirent de Ninive, et, après trois jours de marche, ils arrivèrent à la plaine de.Baictilaith, et de Baictilaith ils campèrent près de la monWCT. DÉ LA BIBLE.

tagne qui est à gauche de la haute Cilicie.» Cette montagne, qui n’est pas nommée ici, est le mont Ange, d’aprèsla Vulgate, où nous lisons, Judith, ii, "12: «Et lorsqu’il(Holopherne) eut passé les frontières de l’Assyrie, il vintaux grandes montagnes d’Ange, qui sont à gauche de laCilicie.» On sait que, dans la manière de parler desHébreux, qui déterminaient les points cardinaux en setournant vers l’est, la gauche indique le nord. Le mont’Ange correspond bien ainsi à l’Argée des auteurs classiques(Strabon, xii, p. 538), le pic principal du massifcentral de la Cappadoce, aujourd’hui FArdjéh-dagh, appartenantà la région volcanique qui s’étend au nord duTaurus cilicien et à l’ouest de l’Anti - Taurus. Voir Ange.La plaine de Baictilaith marque donc un point intermédiaireentre cette montagne et Ninive ou les frontières del’Assyrie. Quoi qu’il en soit des trois journées de marche, dont la Vulgate du reste ne parle pas, on peut juger, d’après l’ensemble du récit, qu’Holopherne, dans cettepremière campagne, qui fut plutôt une razzia qu’uneconquête, se porta tout d’abord et directement vers lecentre ou l’ouest de l’Asie Mineure, principal foyer de larévolte.

Dans ces conditions cependant, il n’est pas très facilede savoir où se trou /ait cette plaine. Grotius, Opéra omniatheologica, 2 in-f°, Londres, 1679, t. i, p. 579, et d’autresauteurs rapprochent BatxTiWÔ de BaxTaïaMâ, ville quePtolémée, v, 15, 16, place dans la Syrie Cassiotide: c’estla Bactaiali de la Table de Peutinger, qui la met à vingt-septmilles (environ quarante kilomètres) d’Antioche. Ily a certainement un rapport marqué entre les deux noms; ! mais on peut se demander pourquoi le général assyrien, au lieu d’aller droit à son but, aurait suivi une ligne quil’eût contraint ou à franchir ou à contourner des massifsmontagneux tels que l’Amanus et le Taurus. Aussi d’autresexégètes aiment mieux chercher Baictilaith dans la Bagldania, ou plutôt BayaSavto, plaine large et élevée de Cappadoce, située entre les monts Argée et Taurus, dontparle Strabon, ii, p. 73 (au livre xii, p. 539, on lit Vx8a-Savtoc, par erreur de copiste). «Tout cela, dit Calmet, està la gauche, c’est-à-dire au septentrion de la haute Cilicie, et revient fort bien à la Vulgate, qui ne parle point deBectilet, mais qui met le mont Ange, gui est à la gauchede la haute Cilicie. Le grec ne dit rien de cette montagned’Ange, et c’est ce qui nous confirme dans le sentimentque Bectilet, ou, comme l’appelle le syriaque, Betketilat, est la même que la campagne Bagdania. DeBectilet ou Bactalat, il est aisé de faire Bagdana, enchangeant VI en n.» Commentaire littéral sur le livrede Judith, Paris, 1712, p. 381-382. «Ces altérations denoms propres, ajoute M. Vigouroux, ne peuvent surprendreceux qui savent combien les noms étrangers, en particulierles noms orientaux, se défigurent en passant sous laplume des copistes. L’Avempace des scolastiques s’appelaitîbn Badja, etc.» La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., 1889, t. iv, p. 288. En somme, s’il y a correspondancemoins exacte entre les deux noms, nous croyonsque Bagdania rentre mieux dans l’itinéraire d’Holopherne.

A. Legendre.

    1. BEDA Louis##

BEDA Louis, né le 12 février 1750, mort le 29 mai 1796.Il fit profession de la règle de saint Benoit dans l’abbayede Banz, au diocèse de Bamberg, et enseigna la théologie.Il a publié Hdbakuk, der Prophet, nach dem hebrâischenText mit Zuziehung der alten Uebersetzungen ûbertragenund erlàutert, in-8°, Francfort, 1779; — ExegesisPs. cix de Messia Jesu Nazareno, vero Deo, rege et sacerdote, et verilate hebraica et anliquis versionibus adornataet ut psalterii prodromus proposità, in-8°, Bam-

berg, 1779.

B. Heurtebize.

1. BEDE (le vénérable), illustre écrivain anglo-saxon, né en 673 à Jarrow, sur les confins du Northumberlandet de l’Ecosse, mort le 26 mai, veille de l’Ascension, del’an 735.

I. - 51

I. Sa vie. — Bède a été la lumière de l’Église auVIIIe siècle, et c’est de son école qu’est sortie, par Alcuin, la renaissance des lettres au m «. Il a été de plus, avecsaint Isidore de Séville, le principal éducateur du moyenâge, grâce au caractère encyclopédique de ses écrits considérésdans leur ensemble, et mieux encore au caractèrede somme biblique et traditionnelle que présentaient sescommentaires sur l’Écriture Sainte. Sa vie s’écoula toutentière à l’ombre du cloître. Pair, lat., t. xcv, col. 288-299.Ses parents étaient Anglo-Saxons d’origine, mais chrétiens.Ils confièrent dès l’âge de sept ans le jeune Bède, dont le nom veut dire «prière», à l’abbé d’un monastèrevoisin, saint Benoît Biscop. Celui-ci fut pour Bèdecomme un second père. Puis au bout de trois ans il leconfia, lui aussi, à son coadjuteur, Céolfrid, qui enseignaà son élève les premiers éléments des lettres divines ethumaines. Le disciple de Céolfrid acquit en peu d’annéesune érudition si étendue, qu’elle embrassa, on peut l’affirmer, tout ce qu’on étudiait et tout ce qu’on savait deson temps. Bède mourut à soixante-trois ans; il était diacredepuis l’âge de dix-neuf ans, et prêtre depuis sa trentièmeannée. Il ne commença à écrire qu’à trente ans. Il composaitavec la même facilité en prose et en vers, en latinet en anglais; mais aucun de ses écrits rédigés dans cettedernière langue ne nous a été conservé.

II. Œuvres exégétiques. — 1. Observations générales.

— En premier lieu, il faut remarquer que c’est le texte dela Vulgate actuelle que cite et commente presque toujoursBède. Il faut en excepter les Psaumes, pour lesquels ilemploie le texte de l’ancienne Italique. Il en agit de mêmeà l’égard du prophète Habacuc, et peut-être de quelquesautres livres de l’Ancien Testament. Pour le Nouveau, ilne s’en réfère jamais qu’à la Vulgate actuelle. En secondlieu, les Commentaires du vénérable Bède offrent uneinterprétation à la fois littérale et morale de la plus grandepartie des Livres Saints. Aucun Père avant lui, si l’onexcepte saint Jérôme et saint Augustin, n’avait eu le loisirde mener à terme un travail aussi étendu, et bien peuaprès lui, si tant est que Rhaban Maur et Hupert de Deutzy aient réussi, ont tenté de refaire une somme bibliqueet traditionnelle de ce genre. Mais, dans tous les cas, si

I quelque successeur de Bède a plus amassé que lui sousce rapport, aucun d’eux, je le crois, n’a pu atteindre saclarté et sa concision. Aussi la Glossa ordinaria, qui ajoui d’une si grande vogue pendant tout le moyen âge, avait-elle fait d’énormes emprunts aux Commentairesde Bède. Pour ce qui touche, en troisième lieu, au caractèrede son exégèse, il importe d’établir une distinction enquelque sorte fondamentale entre les traités ou commentaires, — ce sont de beaucoup les plus nombreux, — oùl’exégète avait eu des devanciers parmi les Pères grecs oulatins, et ceux où il avait à voler de ses propres ailes, personneavant lui n’ayant expliqué avec un peu d’étenduetel ou tel de nos Livres Saints. Dans le premier cas, lecommentateur anglo-saxon expose avec une rare nettetéet tour à tour le sens littéral et moral de chaque versetpris à part, mais en se contentant presque toujours d’êtrele simple écho de saint Augustin, de saint Jérôme et desautres Pères qui avaient travaillé avant lui sur le mêmesujet. Dans le second, au contraire, il laisse, ce semble, trop de côté le sens littéral pour abonder dans le sensmystique et allégorique, à l’exemple de saint Grégoire leGrand dans ses Morales sur Job. Toutefois il est loin d’êtreaussi prolixe que ce grand docteur. — Pour faire connaîtreavec quels applaudissem*nts furent accueillis les Commentairesde Bède, il suffira de dire que saint Boniface, l’apôtrede la Germanie, qui était son contemporain, ne négligeaaucune fatigue pour se les procurer, et se plaisait à appelerleur auteur «le plus sagace des investigateurs de l’Écriture». Epistol. ad Egbertum abbatem, t. lxxxix, col. 736.Aujourd’hui on ne lit plus guère les écrits scripturaires dudocteur anglo-saxon du vme siècle, mais c’est peut-êtredommage, car il y aurait profit et plaisir à consulter un

guide si éclairé et d’une lecture si agréable, grâce à l’éléganceet à la correction du style.

2. Écrits exégétiques, selon leur ordre régulier, avecdistinction entre ceux qui sont authentiques ou non, ceuxoù l’auteur avait des devanciers, et ceux où il vole de sespropres ailes. — 1° Hexæmeron, sive Libri quatuor inprincipium Genesis usque ad nativitatem Isaac et reprobationemIsmahelis. Le second titre est celui queBède a placé lui-même en tête de rénumération qu’il fitde ses propres écrits, trois années avant sa mort. (Indiculus, à la fin de YHistoria ecclesiastica Anglorum. Patr.lat., t. xcv, col. 289-290.) L’authenticité de ce titre etde l’écrit est donc irrécusable. On sait que l’auteur avaiteu ici pour devanciers saint Basile, saint Ambroise, saint Augustin. — 2° Epistola de mansionibus filiorumIsraël. Authentique. Mais le Commentarium inGenesim, Exodum, Leviticum, Numerum et Deuteronomium, paraît douteux. S’il figure ordinairement commeauthentique dans les éditions des œuvres complètes deBède, c’est parce qu’on suppose que l’auteur l’a mentionnésous le titre de Capitula lectionum in PentateuchumMoysi, Josue, Judicurn. Mais Bède n’y suit pas sa marcheordinaire, qui consiste à diviser en livres tout traité unpeu étendu. De plus, contre son habitude encore, il parletoujours en son propre nom et n’invoque aucune autorité.Puis l’écrit ne s’étend pas au delà du Deutéronome; Josué et les Juges sont passés sous silence. — 3° De tabernaculoet vasis ejus ac vestibus sacerdotum, libri très.C’est un commentaire à la fois littéral et moral de diverschapitres de l’Exode et du Lévitique. Il est pleinementauthentique, et l’un de ceux où le talent de Bède se montreavec le plus d’éclat. — 4° In Samuelem prophetam allegoricaexpositio, quatuor libri. C’est un commentairedu premier livre des Rois, dans lequel le sens littéral estlaissé entièrement de côté, et cède la place au sens allégoriqueou figuratif. — 5° In libros Regum zxx qu<zstiones.Authentique (Indiculus). Mais les Capitula inlibros Regum et Verba dierum (Paralipomènes), dontBède parle aussi dans son Indiculus, ne sont pas arrivésjusqu’à nous. — 6° De templo Salomonis, liber unus.Figure sur VIndiculus. Écrit authentique et appartenanten propre à Bède; mais l’auteur ne s’y occupe guère quedu sens allégorique et spirituel. — 7° In Esdram et Nehemiamprophetas allegorica expositio, très libri. Premiercommentaire latin suivi des deux livres d’Esdras: les remarques du numéro précédent lui conviennent detout point. — 8° In librum patris Tobise allegorica expositio.Ici Bède avait eu des devanciers, mais par ailleursson commentaire a les qualités et les défauts des deuxprécédents. — 9° In librum patris Job expositio. Cetécrit est mentionné dans VIndiculus du saint; mais onignore s’il nous a été conservé. À mon avis, les ancienséditeurs de Bède étaient fondés à lui attribuer le textequi figure actuellement parmi les œuvres de saint Jérôme.Patr. lat., t. xxiii, col. 1470-1552. — 10° In ProverbiaSalomonis, libri très, porte VIndiculus de Bède. Iciencore l’exégète s’occupe uniquement du sens allégorique.Bède avait aussi commenté l’Ecclésiaste, d’après le mêmeIndiculus, mais ce travail est perdu. — 11° Expositio inCantica canticorum. VIndiculus signale cet écrit, quicomprend sept livres et ne traite non plus que du sensallégorique. — 12° In Isaiam prophetam, Danielem, duadecim Prophetas et partem Jeremise distinctionescapitulorum ex B. Hieronymo excerptss (texte de VIndiculus).Ce commentaire est perdu. Tout ce que nousavons de Bède sur les prophètes se résume dans le livresuivant: — 13° In Habacuc canticum, liber unus. Iciencore c’est uniquement le sens allégorique que l’exégèterecherche et expose, mais l’écrit est signalé expressémentdans VIndiculus. — 14° In Matthseum expositioquatuor libri. Ce commentaire de saint Matthieufait défaut dans Vlndjculus, et son authenticité est douteuse; car bien qu’il puisse être postérieur à la rédaction

de cet lndiculus, comme l’explication est d’une concisionqui ne ressemble en rien aux développements que Bédénous offre dans ses commentaires sur les autres Évangiles, on est fondé à regarder celui-ci comme suspect. —15° In Evangelium Marci, libri quatuor. Ainsi s’exprimeYIndiculus, l'écrit est donc authentique. En outre Bèdeici n’avait point eu de devancier, ni parmi les Pères latins, ni parmi les Pères grecs. (Victor d’Antioche avait biencommenté saint Marc à la fin du v 6 siècle, mais son commentaire n’a été connu en Occident qu’au xviiie siècle.)— 16° In Evangelium Lucie, tibri sex (texte de YIndiculus-). Les remarques du numéro précédent trouvent icileur application, avec cette différence que saint Ambroiseet sajnt Augustin avaient commenté avant Bède cet Évangile. — 17° In Evangelium Joannis expositio. Cet écritn’est guère qu’un abrégé de l’important commentaire desaint Augustin sur ce même Évangile. Son authenticitéest attestée au ix s siècle par Jonas d’Orléans; mais il neligure point sur YIndiculus. Par suite, il y a lieu de croirequ’il est postérieur à la rédaction de cet lndiculus, etque l’exégète s’occupait de ce travail dans sa dernièremaladie. — 18° Homiliarum Evangelii libri duo (textede l’Indiculus), Il s’agit des cinquante homélies qui ontpour but d’exposer dans le double sens littéral et moralles évangiles principaux, qui se chantent à la messe dansle cours de l’année. La liturgie romaine n’a adopté qu’unnombre restreint de ces homélies, par l’organe de saintPieV; mais Paul Diacre et Alcuin, au IXe siècle, les avaientinsérées intégralement dans leurs Lectionnaires, et leurexemple trouva de nombreux imitateurs pendant tout lemoyen âge. — Parmi les cent neuf homélies appeléessubdititiee, qui font suite à ces cinquante homélies, quatrevingts ou quatre-vingt-dix sont dé fait extraites textuellement et sans coupures des commentaires de Bède sursaint Marc, saint Luc et saint Jean, dont il a été questionplus haut. — 19' In Actus Apostolorum, libri duo. Lecommentaire sur les Actes des Apôtres est authentiqueet figure sur VIndictilus. L’auteur y expose le double senslittéral et moral, mais il le fait avec une extrême concision. Cet écrit fut un des premiers de Bède; aussi renferme-t-il quelques erreurs, qui donnèrent lieu plustard à un opuscule de rétractation: Liber retractationisin Actus Apostolorum. C’est peut-être le seul écrit dudocteur anglo-saxon qui ait eu besoin d'être corrigé. —20° In Apostolum quxcumque in opusculis sancti Augustini exposita inveni, transcribere curavi. Ce passagede YIndiculus de Bède nous donne à entendre que l'écrivain anglo-saxon avait commenté les Épitres de saint Paulen s’aidant pour cela de saint Augustin. Seulement, commele diacre Florus retoucha ce commentaire au IXe siècle, on ne pourrait plus aujourd’hui ni distinguer entre ce quiest de Bède et ce qui est de Florus, ni revendiquer pourle vénérable Bède le texte de tel ou tel manuscrit. —21° In septem canonicas Epistolas expositio, seuseptem libri. Ce commentaire est signalé dans l’Indiculus, et son authenticité n’est douteuse pour personne.Comme ces Épîtres sont presque toujours morales, le senslittéral ne fait ordinairement qu’un avec le sens moral.L’exégète anglo - saxon avait eu ici des devanciers, mais il ne les cite nommément que très rarement. —22° In Apocalypsim libri très (texte de YIndiculus). Cetécrit est donc authentique et pourrait être le premier qu’aitcomposé Bède. (Voir sa préface in Acta Apostolor., t. xcu.col. 937.) L’auteur y suit saint Augustin, mais surtoutTychonius, dont le commentaire ( aujourd’hui perdu) surl’Apocalypse passait pour avoir un grand mérite. Bède ylaissa un peu de côté le sens littéral pour mettre en lumière le sens prophétique, qui selon lui a été principalement cherché par l’Esprit -Saint, et a trait aux luttes etaux persécutions comme aux triomphes de l'Église surcette terre. — 23° Capitula lectionum in totum NovumTestamentum excepto Evangelio. Cet écrit, aujourd’huiperdu, est signalé dans YIndiculus de Bède. F. Plaine.

2. BÈDE Noël, théologien français, né dans le diocèsed’Avranches, mort au MontSaint -Michel en 1537. Docteur en Sorbonne, il fut principal du collège de Montaigu, et deyint même syndic de la faculté de théologie de Paris, .Il se signala par ses censures contre le Fèvre d'Étapleset Érasme et par l'énergie qu’il déploya pour empêchertoute conclusion favorable au divorce de Henri VIII. Sesviolences de langage le firent deux fois condamner aubannissem*nt, et, en 1636, un arrêt du parlement le relégua dans l’abbaye du Mont-Saint-Michel, où il mourutpeu après son arrivée. Citons parmi ses ouvrages: Scholastica declaratio sententise et ritus ecclesise de unicaMagdalena contra Judocum Clictoveum et Jac. FabrumStapulensem, in-4°, Paris, 1519; — Annotationes inJ. Fabrum Stapulensem libri duo et in D. Erasmumliber unus (scilicet in commentarios Fabri super epistolas B. Pauli et in ejusdem commentarios super quatuorEvangelia et in paraphrases Erasmi super eadem quatuor Evangelia et in omnes Epistolas apostolicas), in-f», Paris, 1526. — Voir Dupkij Histoire de l'Église et desauteurs ecclésiastiques du xri s siècle (1713), 4e partie,

p. 533.

B. Heurtebize.

    1. BEDËRSI ou BEDRACHI##

BEDËRSI ou BEDRACHI, commentateur juif. VoirAbraham 3, col. 85.

    1. BÉDOUINS##

BÉDOUINS, Arabes nomades, habitant sous latente.Cf. Gen., xvi, 12. Voir Arabes, col. 830.

    1. BEECK Johann Martin##

BEECK Johann Martin, théologien protestant allemand, né à Lubeck le 2 décembre 1665, mort le 7 septembre 1727 près de Lubeck, à Kurslack, dont il étaitpasteur depuis 1693. Il a publié: Disputatio de plagiadivinitus prohibito, Exod., xxr, 16; Explanata propkelarum loca difficiliora, in-4°, 1688; Universa Christologia, in notabili tilulo, Filio hominis, quoad Oraculum Joa., i, 51, demonstrata, in-4°, Wittenberg, 1689.Voir Adelung, Fortsetzung zu lâchers Allgemeinem Gelehrten-Lexico, t. i, col. 1595.

    1. BEECKM ANS Benoît##

BEECKM ANS Benoît, né à Anvers le 19 janvier 1734, mort à Anvers le 6 avril 1780, entra au noviciat des Jésuites de Malines le 25 septembre 1752. Il professa leshumanités et la rhétorique; puis, à Louvain, dans le scolasticat de la Compagnie de Jésus, l'Écriture Sainte. Aprèsla suppression de la Compagnie, en 1773, il se retira àAnvers, où il mourut. Il a publié trois ouvrages de thèsessur l'Écriture sainte: Prolegomena in Scripturam Sacram et commenlaria ad Pentateuchum, libros Josue, Judicum ac duos priores Regum, in-8°, Louvain, 1770;

— Comrnentaria ad libros duos posteriores Regum, libros Paralipomenon, Esdrx ac Machabseorum, in-8°, Louvain, 1772; — Harmonia evangelica ex quatuor evangelistis chronologice deducta, in-8°, Louvain, 1773. Lesdeux derniers ont une certaine étendue: 217 pages et 171.

C. SOMMERVOGEL.

BEELEN J «an Théodore, théologien belge, né à Amsterdam le 12 janvier 1807, chanoine de Liège, docteur et professeur de l’université catholique de Louvain, mort danscette ville le 31 mars 1884. On a de lui: Chrestomathia rabbinica et chaldaica, 3 in-8° Louvain, 1841-1843. — LiberSapientix grsece secundum exemplar Vaticanum, in-4°, Louvain, 1844. — Dissertatio theologica, qua sententiamvulgo reûeptam, esse Sacrse Seriplurez multiplieeminterdum sensum litteralem, nullo fundamento satisfirmo niti, demonstrare conalur, in-8°, Louvain, 1845.

— Interpretatio Epistolse S. Pauli ad Philippenses, in-4°, Louvain, 1849. Le même ouvrage, 2e édit., sous letitre: Commentarius in epistolam S. Pauli ad Philippenses. Accedunt textus grœcus alque latinus et continua totius Epistolse paraphrasis, in-4°, Louvain, 1852. —Commentarius in Acta Apostolorum cui intègre adduntur textus grsecus et latinus, 2 in-4°, Louvain, 1850-1855;

2e édit., in-8°, Louvain, 1864, sans les textes grec et latin.

— Commentarius in Epistolam S. Pauli ad Romanos.Accedunt textus grsecus atque latinus et continua tothcsEpistolx paraphrasis, in-4°, Louvain, 1854. — Grammaticagrxcitatis Novi Testamenti, in-8°, Louvain, 1857.

— Beelen a, en outre, composé ou traduit en flamand: Grondregels voor het verværdigen eener nederduitschevertaling van het Nieuwe Testament, ten gebruike derkatholieken, in-8°, Louvain, 1858. (Règles suivies pourla traduction en flamand du Nouveau Testament.) — HetNieuwe Testament onzen Heeren Jesus-Christus, volgensden latijnschen tekst der Vulgaat in het nederduitschvertaalden in doorloopende aanleekeningen nitgelegd, 3 in-8°, Louvain, 1859-1869. (Nouveau Testament traduiten’plat allemand, d’après le texte de la Vulgate.) — DeEpistels en Evangelien op aile de zondagen en op devoornaamste feestdagen van het kerkelijk jaar, naarden latijnschen tekst van het romeinsche missaal, opnieuivs in het nederduitsch vertaald en in doorloopendeaanteekeningen nitgelegd, in-8°, Louvain, 1870. (Épîtreset évangiles pour tous les jours de l’année liturgique.) —Het boek der Psalmen, naar den latijnschen tekst derVulgaat in het nederduitsch vertaald en in doorloopendeaanteekeningen nitgelegd, 2 in-8°, Louvain, 1877-1878.( Traduction des Psaumes d’après le texte de la Vulgate.)

— Enfin Beelen a aussi traduit en flamand, d’après laVulgate: les Proverbes, De Sprenken van Salomon, in-8°, Louvain, 1879, et l’Ecclésiaste, Het boek genaamdde prediker, in-8°, Louvain, 1879. — Voir Bibliographienationale, Bruxelles, 1866, t. i, p. 75 et 76. 0. Ret.

    1. BÉELMÉON##

BÉELMÉON, nom, dans la Vulgate, I Par., y, 8; Ezech., xxv, 9, de la ville qu’elle appelle Baalméon, Num., xxxii, 38. Voir Baalméon.

    1. BÉELPHÉGOR##

BÉELPHÉGOR (hébreu: Ba’al Pe’ôr, «le Baal dePeôr;» Septante: BeeXçÉycûp), nom d’une divinité moabiteà laquelle rendirent un culte impur un grand nombred’Israélites séduits par les filles de Moab, ce qui leur attirade la part de Dieu un châtiment sévère. Nam., xxv, 1-9, 18; xxxi, 16. Cf. Deut, iv, 3; Jos., xxii, 17; Ps. cv, 28; Ose., ix, 10. Le nom de ce dieu renferme d’abord l’élémentBa’al (Béel), «maître,» dieu des Phéniciens et despeuples voisins, puis l’élément Pe’ôr (Phégor). Baal prenaitdes titres divers selon les lieux où il était adoré, Ba’al-$ur ou Baal de Tyr, Ba’al-Çidôn ou Baal deSidon, etc. Voir col. 1316. D’autres divinités peu connuesdérivaient leur nom de Baal, comme le Deus Belatucadrus(Selden, De diis syris, ii, 1, dans Ugolini, Thésaurusantiq. sacr., t. xxm (1760), col. cxu), le JupiterBelmarchodes (Renan, Mission de Phénicie, p. 355), le0EOC ZBEPQOTPAOC d’une inscription romaine (Bullettinodi archeologia comunale, 1880, p. 12), et le ©EŒBEEAMAP dont le nom se lit sur une lampe du MuséeBritannique. A. ces dieux on peut joindre le Sol Alagabalusvénéré en Syrie, et d’où tira son nom un des empereursromains du me siècle, ainsi que les dieux Aglibolet Malacbei, nommés sur le célèbre autel palmyréniendu Campidoglio. (Corpus Inscriptionum lalinarum, t. VI, n° 710.) Le nom du Béelphégor moabite est forméd’une manière analogue, en unissant au titre génériquede Baal ou Béel le nom du lieu où il était honoré, c’est-à-direle mont Phégor ou Phogor, comme l’appelle ordinairementla Vulgate. «Béelphégor fut une idole des Moabitessur le mont Phégor,» dit saint Isidore de Séville, Etymol., viii, t. lxxxii, col. 316. Cf. Gaisford, Elymologicummagnum, col. 557. L’étymologie imaginée par lesanciens Juifs, qui voyaient dans le nom du dieu-une allusionau culte licencieux qu’on lui rendait, Jonathas, AdNum., xxv, 1, dans Walton, Polygl., t. iv, p. 290, estaujourd’hui universellement abandonnée.

Il n’est guère douteux, d’après le récit des Nombres, qu’on rendait à Béelphégor un culte infâme. S. Jérôme,

In Osée, iv, 14, t. xxv, col. 851. Cf. Origène, In Num., Hom. xx, t. xii, col. 727. Plusieurs Pères latins, peurcette raison, l’ont assimilé à Priape. «Phégor est le nomhébreu de Priape,» dit saint Jérôme, Lib. de situ et nom., t. xxiii, col. 879. Ct Id., In Osée, îx, 10, t. xxv, col. 896.Voir Selden, De diis syris, i, 5, loc. cit., col. cvii-cxii. Seldenconteste d’ailleurs l’exactitude du rapprochement, etplusieurs écrivains modernes pensent, comme lui, que lecrime commis par les Israélites avec les femmes moabiteset madianites n’avait aucun rapport avec le culte renduà cette divinité. W. Baudissin, dans Herzqg, Real-Encyklopàdia, 2e édit., t. ii, p. 33. L’ancienne opinion, qui estla plus générale, est la mieux fondée. Voir Frd. Creuzer, Religions de l’antiquité, trad. Guigniaut, t. ii, 1829, p. 20.Nous ne savons, du reste, sur la nature de cette divinitérien autre chose que ce que nous en apprend la Bible.Saint Jérôme, dans son Commentaire d’Isaïe, 1. v, c. XV, 2, t. xxiv, col. 168, dit que le dieu de Moab, «Chamos, s’appelait d’un autre nom Béelphégor.» Que Chamos etBéelphégor fussent au fond la même divinité, cela estprobable; mais les. Moabites ne devaient cependant pasconfondre l’un avec l’autre. Quant à la forme sous laquelleon représentait le Baal adoré sur le mont Phogor, Rufin, In Osée, ix, 10, 1. iii, t. xxi, col. 1008, rapporte une opiniond’après laquelle on l’aurait figuré de la même manièreque les Latins figuraient Priape, mais en réalité on ne saitabsolument rien là- dessus. L’Écriture ne nous apprendplus qu’une chose, c’est qu’il y avait une localité appeléeBethphogor, Jos., xiii, 20; Deut., iii, 29; iv, 46; xxxiv, 6, ou «temple de Phogor», comme traduit la Vulgate enplusieurs endroits. Deut., iii, 29; iv, 46. Cette ville nepouvait être ainsi nommée que parce qu’on y adorait Béelphégor.Voir Bethphogor.

Le culte de ce dieu dut se conserver longtemps sur lemont Phogor, même après que les Moabites, à la suite desconquêtes de Nabuchodonosor, furent devenus les sujetsdes Chaldéens, puis des Perses, des Grecs et des Romains.Jusque sous la domination de Rome, quand l’ancien paysde Moab fut devenu par ordre de l’empereur Trajan, en 106, une province romaine, comme l’atteste Dion Cassius, lxviii, 14, le culte de l’antique Béelphégor se continua, je crois, sous le nom de Jupiter Beellepharus.C’est ainsi du moins que j’ai pensé, en 1886, qu’on pouvaitexpliquer une inscription alors récemment découverte, à Rome, au milieu de plusieurs autres, dans lescasernes des équités singulares, près du Latran. VoirBulletlino délia Commissione archeologica comunale, 1886, p. 143 et suiv. Celte inscription, du milieu du IIe siècleenviron, est ainsi conçue:

DIS DEABVSQVE

IOVI BEELLEFARO

SACRVM PRO SALVT

T AVR ROMANI ET

IVLIANI ET DIOFANTI _

FRATRES EQ SING IMP N

V S L M

(Equités singulares imperatorh nostri, votuni solveruntlibentes merilo.)

Les équités singulares étaient les gardes à cheval desempereurs romains, et on les choisissait parmi toutes lesnations soumises à l’empire. De fait, dans la casernedécouverte près du Latran, outre cette inscription, on ena trouvé beaucoup d’autres analogues, dédiées à des dieuxétrangers, c’est-à-dire aux divinités des pays dont lescavaliers eux-mêmes étaient originaires; quelques-unesd’entre elles en particulier étaient consacrées à des divinitésorientales. Il est donc très vraisemblable que lescavaliers mentionnés dans notre inscription étaient originairesde la province de l’Arabie septentrionale correspondantà une partie de l’ancien pays de Moab, et que ce fut «pour leur salut» que leurs compagnons et compatriotes(fratres) dédièrent à Rome, aux dieux de leur patrie,

un monument votif, qui serait ainsi le dernier témoignageconnu du culte de Jupiter Beellepharus, transformationdu culte beaucoup plus antique de Béelphégor, mentionnédans les Livres Saints. H. Marùcchi.’BÉELSÉPHON (hébreu: Ba’al Sefôn; Septante: BîsXcrejtçwv); localité près de laquelle campèrent lesHébreux en sortant de l’Egypte, avant de traverser lamer Rouge. Exod.iXiv^, 9; Num., xxxiii, 1. Elle n’a pujusqu’ici êtreidentifiée avec certitude. On a supposé queBéelséphon signifie «le lieu de Typhon ou consacré àTyphon», et cette étymologie est approuvée par Gesenius, Thésaurus linguse hebrssse, p. 225. Mais Typhon, le mauvaisgénie, n’est pas un nom égyptien; c’est un nom grec, qu’on ne peut trouver par conséquent dans l’Exode. Il estprobable que cette localité tirait son nom d’un temple oud’un sanctuaire élevé au dieu des Phéniciens et des autrespeuples asiatiques, Baal ou Bel, considéré sous un aspectparticulier. La forme Ba’al Sefôn est incontestablementsémitique. M. Poole, dans Smith, Dictionary of the Bible, 1863, t. i, p. 148, croit que Béelséphon signifie «Baal dela tour de garde»; il fait dériver sefôn de nss, sâfâh, «observer, surveiller.» On admet plus communémentaujourd’hui que Béelséphon désigne un «sanctuaire deBaal du nord», pss, sâfôn, signifiant «nord» en hébreu.Cette dénomination peut s’expliquer de la manière suivante.Le vent du sud-ouest, qui soufile souvent dans cesparages, est dangereux pour la navigation; lèvent dunord, au contraire, lui est favorable. On comprend doncsans peine que les Fhéniciens, qui fréquentèrent la merRouge dès la plus haute antiquité, offrissent en ce lieudes sacrifices à leur dieu national pour qu’il fit soufflerle vent du nord, et lui érigeassent sur une éminence unsanctuaire sous ce titre de «Baal [du vent] du nord».Voir Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 2e édit., 1881, p. 92, 521. Ce qui est certain maintenant, grâce à l’épigraphieégyptienne, c’est que Béelséphon est un nom dedivinité. Ce nom a été retrouvé, en effet, dans le PapyrusSallier IV, pi. i, verso, ligne 6, conservé aujourd’hui auBiitish Muséum, Il est écrit en caractères hiératiques. Envoici la transcription hiéroglyphique:

Bàii Sapuna,

Ce papyrus contient une lettre où sont énumérés les dieuxhonorés à Memphis. Bâli Sapuna est compté parmi lesdivinités étrangères auxquelles on rendait un culte danscette ville. Malheureusem*nt nous n’avons encore aujourd’huiaucune indication relative à la position du Béelséphonde l’Exode. On a voulu identifier cette localité aveclléroopolis, que Champollion, L’Egypte sous les Pharaons, t. ti, p. 87, avait cru à tort reconnaître. dansAvaris. Aujourd’hui, depuis les découvertes importantesde M. Edouard Naville, nous savons qu’rléroopolis fut lenom donné par les Grecs à l’antique cité de Pithom, oùles Israélites furent condamnés par un pharaon à de durescorvées. L’égyptologué de Genève a retrouvé Pithom dansles ruines de Tell el-Maskhùta, entre Ismaïlia et Zagazig, , et le nom d’Héroopolis n’est que la traduction des motshébreux qui caractérisent Pithom, Exod., i, 11: rmSDD ht, ’ârê miskenôf, «ville de magasins.» Le premier élémentd’Héroopolis dérive de l’égyptien ^T^rf^i, â~r, plurielaru, qui signifie précisément «magasins». Pithométait, en effet, un lieu destiné à recevoir en dépôt, dansdes constructions considérables, de nombreux approvisionnements.Voir Pithom. Puisque cette ville est la mêmequ’Héroopolis, on ne peut certainement confondre cettedernière avec Béelséphon, qui était sur les bords de lamer Rouge, tandis que Pithom en est à une distance assezconsidérable. Cf. Exod., xiii, 20, et xiv, 2. — M. H. Brugsch, dans L’Exode et les monuments égyptiens, in-8°, Leipzig, 1875, a soutenu que Béelséphon était le mont Casius, à la frontière septentrionale de l’Egypte, sur le bord dela Méditerranée. Son opinion repose sur des donnéesfausses. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii, p. 368. Il résulte du contexte durécit biblique que Béelséphon, situé près du lieu appeléPi-hahirôt, «la bouche des abîmes, des gouffres,» Exod., xiv, 2, devait être dans le voisinage de la mer Rouge, oùétaient campés les Hébreux au moment où ils furent surle point d’être atteints par les Égyptiens. On peut doncplacer Béelséphon dans les environs de la ville de Suez, puisqu’il est probable que ce fut vers ce point qu’eut lieule passage miraculeux de la mer Bouge. M. Edouard Navillecroit que Béelséphon n’était pas une ville, mais unemontagne, et qu’elle était située sur la rive asiatique dela mer, à l’est, parce que le texte sacré dit qu’elle étaitvis-à-vis de Pi-hâhirôt, Exod., xiv, 2, 9, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., t. i, 1893, p. 310. Leplus grand nombre placent Béelséphon à l’ouest, enEgypte, au Djebel Attaka actuel (F. Mùlhau, dans Richm-Bæthgen, Handworterbuch des biblischen Altertums, 2e édit., 1893, t. i, p. 166), dont la masse imposante etdénudée ne pouvait manquer de frapper les navigateursphéniciens, qui aimaient à honorer leur Baal sur les montagnes.H. Marucohi.

    1. BEELTÉEM##

BEELTÉEM (chaldéen: be’êl te’êm; Septante: Batetfji), titre de Réuni, personnage dont le nom se lit entête de la lettre adressée par les Samaritains à Artaxerxès, roi de Perse, contre les Juifs qui voulaient rebâtir Jérusalem.I Esdr., iv, 8, 9, 17 (et Vulgate, 23). La manièredont ce nom est transcrit dans les Septante et la Vulgatepourrait faire croire que c’est un nom propre, mais c’estsimplement un nom commun, indiquant la dignité dontRéum était revêtu, de même que le mot sâfrâ’, qui qualifiele nom propre suivant, Samsaï, marque que Samsaï était «scribe». La place que Réum occupe dans la suscriptionde la lettre et dans le reste du récit prouve que c’était le^personnage le plus important de la Samarie à son époque.Le titre de be’êl te’êm doit donc désigner le représentantdu roi de Perse dans le pays. Le premier mot, be’êl, veutdire incontestablement «maître, seigneur»; le second, te’êm, a en araméen le sens de «sentence, édit royal».Ban., iii, 10, 12, 29; sûm te’êm signifie «donner desordres, commander», (I) Esdr., iv, 19, 21; v, 3, 9, 13; vi, i; vii, 13. Be’êl te’êm peut donc s’appliquer en ara-, méen à celui qui a le pouvoir de donner des ordres, augouverneur. Mais l’assyriologie fournit une autre étymologie.Le troisième livre d’Esdras, ii, 25, cf. ꝟ. 17, expliquele titre de be’êl te’êm par ô ypiçrov ta irpocrar’TrrovTa; Vulgate: qui scribebat accidentia. (Au ꝟ. 16 du mêmechapitre, Be’êl te’êm est altéré en Beé^TsOjioç; Vulgate: Ballhémus, et séparé fautivement par une virgule dunom de Réum, devenu Rathimus.) Josèphe, Ant.jud, XI, ii, 2, édit. Didot, t. i, p. 400, a une interprétationanalogue: c jtâvva ta reparrôiieva "jpâçwv. Ib., XI, II, 2, Josèphe reproduit les expressions de III Esdr., H, 25: ô f pàçwv Ta irpo<T7c(irrovTa. Plusieurs rabbins, commeKimchi, ont adopté cette interprétation et assimilé le titrede be’êl te’êm à celui de mazkir, «annaliste.» Voircol. 626. Les inscriptions assyriennes confirment la traductionde III Esdr., ii, 25, et nous apprennent que be’êlte’êm signifie «maître des nouvelles officielles», c’est-à-direun fonctionnaire chargé d’écrire au roi pour le renseignersur tout ce qui se passait dans sa province. Voir BeelTelhmus, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., t. i, 1893, p. 379. Les rois d’Assyrie avaient établi dans lespays conquis des officiers qui avaient pour mission de lestenir au courant de tout ce qui se passait d’importantdans les lieux où ils résidaient. Ces «maîtres des rapports» rendaient de grands services au pouvoir central; ils durent donc être conservés par les rois de Babylone, après la ruine de Ninive, et par les rois de Perse, après % 1547

BÉELTÉEM — BÉÉRI

1548

4C9. — Talisman

phénicien.

]a prise de Babylone par Cyrus. Cf. Xénophon, Cyrop., VIII, 2, 10. Réum avait donc la charge officielle de renseignerle roi de Perse sur tout ce qui se passait à Samarieet dans les pays voisins. F. Vigouroux.

    1. BÉELZÉBUB##

BÉELZÉBUB (hébreu: Ba’al zebûb, le «dieu mouche» ou le «dieu des mouches»; Septante, IVReg., i, 2; Josèphe, Ant. Jud., IX, ii, 1: BiaX nufav). Les Philistinshonoraient sous ce nom le dieu Baal, à Accaron. LesGrecs invoquaient de même à Élée un Zeu; ’Aitôjnuo; , «Jupiter chasse-mouches,» Pausan., v, 14, et les Romainsun Myiagrus, Solin (Polyhistor, 1, édit. Panckoucke, 1847, p. 28), ou Myodes (Pline, H. N., x, 40, édit. Panckoucke, t. vii, p. 262; J. Marshall, dans les Proceedingsof the Society of’Bïblical Archseology, t. viii, janvier 1886, p. 76). Ces dieux avaient mission de préserverleurs adorateurs de la piqûre des mouches, desmoustiques et des insectes de toutes sortes qui sont lefléau des pays chauds. Pour s’assurer la protection duBaal d’Accaron, on portait des amulettes en forme descarabées, analogues à ceux des Égyptiens (Voir, fig. 469, un scarabée phénicien, en jaspe vert, sur lequel estgravée une mouche, d’après A. délia Marmora, Sopra alcune antichilà sarde, Turin, 1853, pi. B, n» 95; cf. Gazettearchéologique, 1878, t. iv, p. 35-38).Le Baal ou dieu-soleil était censé pouvoircommander à tous les insectes queses chauds rayons faisaient naître auprintemps. Mais le pouvoir de chasserles mouches n’était pas son attribut exclusif. Il pouvaitencore, croyaient ses adorateurs, guérir de toutes sortesde maladies. C’est pourquoi le roi d’Israël, Ochozias, tombé du haut de sa salle à manger, et meurtri dans sachute, envoya demander une consultation à Béelzébubd’Accaron. Le prophète Élie arrêta en chemin les envoyésdu roi, et de la part du Seigneur fit porter au prince sonarrêt de mort. IV Reg., i, 2-16.

Plus tard, les Juifs transformèrent Ba’al zebûb enBa’al zebul ( BeeXîeëoii^), «maître de l’habitation,» afinde faire de Béelzébul le nom du prince des démons, maître des habitations infernales. Car le nom de Satanétait maudit, et l’on devait éviter de le prononcer. Berachoth, ꝟ. 60, c. 1. Le mot Béelzébul est employé dans leNouveau Testament grec, où il répond au titre d’oîxo-ÇenitÔTïic, «maître de la maison,» que NotreSeigneurdonne à Satan. Matth., x, 25. Cependant la forme Béelzébubest conservée par la version italique, la Vulgate, le syriaque et les Pères latins. Les rabbins, par méprispour les idoles, ont changé ba’al zébul en ba’al zebél, ce qui signifie «dieu du fumier» en hébreu talmudique.Les Juifs accusèrent Notre -Seigneur d’avoir en luiBéelzébub, Matth., x, 25; Marc, iii, 22, et de chasser lesdémons par le pouvoir de ce prince des démons. Matth., Xii, 24; Luc, xi, 15. L’esprit de mensonge croyait faireœuvre d’habileté en inspirant cette calomnie à ceux dontil était le père. Joa., viii, 44. Le divin Maître la réfutapar cette simple observation, qu’on ne pouvait attribuerau démon des œuvres qui allaient directement à détruire

J’empire du démon.

H. Lesêtre.

1. BEER, mot hébreu, be’êr, qui signifie «puits», etqui, soit au singulier, soit au pluriel (be’êrôt), sert àformer des noms de personnes et de localités. —I. Personnes. 1 et 2. Be’êri, «l’homme dix puits; sourcier.» Vulgate: Bééri. Voir Bééri 1 et 2. — 3. Be’êrâ.Vulgate: Béra. Voir Béra 1. — 4. Be’êrâh. Vulgate: Béera.Voir ce mot. — II. Localités. 1. Be’êr, campement desIsraélites dans le désert. Vulgate: Puteus, «puits.» VoirBéer 2. — 2. Be’êr, localité où se réfugia Joatham, fils deGédéon. Vulgate: Béra. Voir Béra 2. — 3. Be’êr’êlîni, «puits des héros ou des térébinthes.» Vulgate: PuteusElini. On croit communément que c’est le même que

Be’êr 2. Voir Beér-Élim. — 4. Be’êr lahaï rô’ï. Vulgate(traduisant le sens); «Puits du vivant qui me voit,» source entra Cadès et Barad. Voir Béer lahai ROï. —5. Be’êrof, «les puits,» ville de Benjamin. Vulgate: Béroth.Voir Béroth 1. — 6. Be’êrôt benê-Ya’âqân, «puitsdes enfants de Jaacan,» station des Israélites dans ledésert, appelée dans la Vulgate, Deut., x, 6, Béroth desfils de Jacan, et Num., xxxiii, 31, Benéjaacan. Voir cedernier mot, — 7. Be’êr séba’, à l’extrémité méridionalede la Palestine. Vulgate: Bersabée. Voir ce mot.

2. BÉER (hébreu: Be’êr, «puits;» Septante: xîfpiap), une des dernières stations des Israélites, au delàde l’Arnon, dans leur marche vers le Jourdain et la TerrePromise. Num., xxi, 16. Le texte hébreu porte: «Et delà (c’est-à-dire de l’Arnon, ꝟ. 13) à Béer;» le hé localde Be’êrâh sous-entend bien le verbe «ils allèrent». Lesversions grecque et latine ont donné au mot Be’êr sasignification commune de «fontaine, puits». Cette stationfut ainsi appelée à cause d’un puits qui y fut creusé, et àl’occasion duquel le peuple fit entendre ce gracieux chant( traduit d’après l’hébreu):

ꝟ. 17. Jaillis, puits!

Chantez en son honneur!

jK 18. Puits que les princes ont creusé, que les nobles du peuple ont percéavec le sceptre,

avec leur bâton.

C’est vraisemblablement la même localité que Be’êr’Êlîm, Is., xv, 8, «le puits des héros» ou «des térébinthes».Ce campement est placé dans le «désert», natn, midbâr,

Num., xxi, 18; c’est le même mot qu’au ꝟ. 13, à moinsque ce ne soit une faute de copiste pour 1N3D, mibbe’êr, «de Béer» ou «du puits». Les Septante l’ont entendudans le dernier sens en mettant: xal àrco çpéœroç, «et dupuits [ils allèrent] à Manthana.» Cette station n’est pascomprise dans l’énumération générale du chapitre xxxmdes Nombres, et est d’ailleurs inconnue.

A. Legendre.

    1. BÉERA##

BÉERA (hébreu: Be’êrâh, «fontaine;» Septante: Be^X; Codex Alexandrinus: BeïijxJ), fils de Baal, et l’undes chefs de la tribu de Ruben. Il fut emmené captif parThéglathphalasar. I Par., v, 6.

    1. BÉER-ÉLIM##

BÉER-ÉLIM (hébreu: Be’êr’Êlîm, «puits des héros» ou «des térébinthes»; Septante: AîXec’ji; Vulgate: PuteusEUm), lieu mentionné dans Isaïe, xv, 8, comme undès points les plus reculés jusqu’où devaient retentir lescris de douleur de Moab. On l’assimile généralement àBéer, station des Israélites au-dessus de l’Arnon. Num., xxi, 16. Le nom de «puits des héros» s’accorde bien avecle chant rapporté dans le même passage, y. 17, 18. Voir

Béer 2.

A. Legendre.

BÉÉRI. Hébreu: Be’êrî, «sourcier;» Septante: Beîip, Gen., xxvi, 34, et Beripéi. Ose., i, 1. Nom de deux personnes.

1. BÉÉRI, Héthéen, père de Judith, une des femmesd’Ésaù. Gen., xxvi, 34. C’est le même personnage qu’An», père d’Oolibama ou Judith. Voir Ana 2, col. 532. Onobjecte contre cette identification que Bééri est appeléHéthéen, Gen, , xxvi, 34, tandis qu’Ana est nomméHévëen, Gen., xxxvi, 2, et rangé parmi les Horréens.Gen., xxxvi, 20. U est inutile de supposer une faute decopiste, Gen., xxxvi, 2, et de dire qu’Hévéen est mis pourHorréen. Le nom d’Héthéen est pris, Gen., xxvi, 34, dans, le sens large de Chananéen, comme dans Jos., i, 4. D’ailleursJudith THéthéenne est appelée Chananéenne, Gen., xxvin, 8; xxxvi, 2. Hévéen est le nom spécial de la tribuhéthéenne ou chananéenne à laquelle appartenait AnaBééri. S’il est compté parmi les Horréens, c’est parce qu’il

vint s’établir sur le mont Séir, parmi les Horréens, c’est-à-direhabitants des cavernes. E. Levesque.

2. BÉÉRI, père du prophète Osée. Ose., i, 1. Quelquesrabbins l’ont arbitrairement identifié avec Béera. I Par., v, C.

    1. BÉER-LAHAI-ROÎ##

BÉER-LAHAI-ROÎ (hébreu: Be’êr lahai rô’î; Septante: 9péap o5 êvfimov eïêov, Gen., XVI, 14; tb 9pé*pT-îj; opâasw; , Gen., xxiv, 62; xxv, 11; Vulgate: PuteusViventis et videntis nie, Gen., xvi, 14; Puteus cujusMomen est Viventis et videntis, Gen., xxiv, 62; Puteusnomme Viventis et videntis, Gen., xxv, .ll), puits (ouplutôt «source», hébreu: ’En hammaim, Gen., xvi, 7), près duquel l’ange de Dieu trouva Agar, servante de Sara, fuyant vers la terre d Egypte, Gen., xvi, 7; près duquel

470. —’Ain Moueiléh.

aussi habita Isaac, Gen, , xxiv, 62; xxv, 11. Ce nom de «Puits du Vivant qui me voit» (la conjonction et n’existepas dans le texte original), c’est-à-dire de Dieu, dont lavie et la providence partout présente se manifestent parune merveilleuse et incessante activité à l’égard des créatures; ce nom rappelle l’attention miraculeuse de Dieu, au milieu du désert, pour la pauvre esclave fugitive. —L’Écriture détermine la position de ce puits en disantqu’il était «dans le désert, près de la source qui est surle chemin de Sur», Gen., xvi, 7; «entre Cadès et Barad,» Gen., xvi, 14; «dans la terre du midi,» Gen., xxiv, 62. Sur indique la partie nord-ouest du désert arabiquequi confine à l’Egypte, et Cadès est actuellementidentifiée par bon nombre d’auteurs avec’Aïn Qadis, assez loin au sud de Bersabée (Bir es-Seba). Il est donccertain que Béer-lahai-roî se trouvait sur l’ancienne routequi d’Hébron conduisait en Egypte en passant par Bersabée; c’est le chemin que devait prendre Agar pourrejoindre sa patrie. Saint Jérôme, Liber de situ et nom.loc. hebr., t. xxiii, col. 879, au mot Barad, dit: «EntreCadès et Barad on voit encore aujourd’hui le puits d’Agar;» mais la question d’emplacement reste pour nous la même.Un voyageur moderne, M. Rowland, a cru retrouver lelieu dont nous parlons dans’Aïn Moueïléh (fig. 470), au piedde la montagne de même nom, à dix heures ausuddeiÏMheibéh(Rehoboth) et à une certaine distance au nordouestd’Ain Qadis. Cette fontaine est située entre les défilésqui forment la transition des montagnes de la TerreSainte au grand désert central connu sous le nom généralde plateau de Tîh. «Au lieu de Bir (fontaine), le nom de Moi, "Moile (Moueiléh), c’est-à-dire eau, est devenu en vogue ici, tomme en tant d’autres localités; et les Arabes l’appellent

Moilàhhi Hadjar. Quoique ce dernier mot soit un de ceuxqu’on applique toujours à un rocher ( hadjar, en effet, signifiepierre), cependant tous les Arabes assurent à Rowlandqu’il se rapporte incontestablement ici à Hagar; ils prétendentaussi qu’il y a dans le désert un monument encoreappelé Beit Hagar, c’est-à-dire la maison d’Agar. Le rocherremarquable qui porte ce nom est à trois quarts d’heurede distance de Moilàhhi, dans une gorge entre les montagnes.Une chambre carrée de petite dimension estcreusée dans le roc escarpé; une seule entrée y conduit, passant sur une rampe d’escalier également taillée enplein roc. Derrière cette chambre, il y en a trois autresplus petites, en rapport direct avec elle, et peut-être destinéesà servir de chambres à coucher, mais ne portantaucunement l’apparence de tombeaux. C’est la traditiondes Arabes que Hagar demeura en ce lieu. Gen., XXI, 20-21. N’y eùt-il là qu’une simple légende, elle n’en estpas moins intéressante comme une des plus anciennesdans une contrée que les étrangers ont jusqu’ici difficilementabordée.» C. Ritter, The comparative Geographyof Palestine and the Sinaitic Peninsula, 4 in-8°, Edimbourg, 1866, t. i, p. 432. On peut contester l’explicationdu mot Moilàhhi donnée par l’auteur, et la traditionqu’il rapporte demande confirmation; mais il estcertain que la position de’Ain Moueiléh peut convenir aupuits d’Agar et répond assez bien aux données de l’Écriture.E. H. Palmer, The désert of the ExodUs, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 354-356, signale dans ce mêmeendroit, outre un certain nombre de puits dont les eauxabondantes répandent une fertilité relative, plusieursgrottes creusées dans le roc, et principalement deuxchambres offrant des traces d’ornementation chrétienne.Des pierres bien alignées, des sentiers bien tracés, desvestiges encore visibles de canaux pour l’irrigation, indiquentencore, d’après lui, à une époque reculée, l’existenced’une cité populeuse. Malgré cela, l’identification

reste jusqu’ici incertaine.

A. Legendre.

    1. BÉGAYEMENT##

BÉGAYEMENT, BÈGUE. Le bègue (hébreu: Hllêg; Septante: tyûliÇuri; Vulgate: balbus) est atteint d’un vicede prononciation, caractérisé par l’hésitation de la voix surcertaines syllabes et la répétition convulsive de certainesautres. Parmi les merveilles de l’âge messianique, le prophèteannoncex que «la langue de ceux qui bégayentparlera promptement et distinctement». Is., xxxii, 4.C’est le seul cas où ce mot soit employé dans la SainteÉcriture. Quant au mot ivb, lâ’ag, apparenté à la racineiSy, ’âlag, son sens premier est «balbutier, bredouiller»; il est employé avec la signification de parler une langueétrangère: les articulations d’une langue qu’on ne comprendpas paraissent, en effet, non distinctes et confuses.Voir Barbare, col. 1449. Mais le balbutiement n’est pastout à fait le bégayement: le premier est un parler malarticulé, dû à l’âge ( enfance et vieillesse) ou à une viveémotion; le second tient à un vice des organes vocaux oità un trouble dans le mode de respirer. Il paraît bien queMoïse avait ce défaut de prononciation. Il dit lui-mêmequ’il avait «la bouche et la langue lourdes, embarrassées».Exod., iv, 10. Les Septante traduisent par t<7-/v<i ?wvo; y, al PpaSùfXwiruoî, «d’une voix hésitante et d’un parlerlent.» Le Targum de Jonathan entend ces expres^sions d’un bégayement, puisqu’il les rend par: ms linVidd uni; mot à mot: «boiteux de bouche et boiteux delangage.» D’ailleurs l’expression «lèvres incirconcises», Exod., vi, 12, 30, c’est-à-dire charnues, plus longues etplus lourdes qu’il ne faut pour parler distinctement, marque un défaut des lèvres qui entraîne le bégayement.On sait que la prononciation des labiales et des voyellesdépend particulièrement du mouvement des lèvres. Unecurieuse tradition juive prétend que Moïse avait, en effet, beaucoup de peine à prononcer les labiales. C. J. Ellicott, .An old Commentary for English readers, in-4°, Londres, t, 1. 1, p. 202. Dieu ne guérit pas Moïse de ce défaut

nature], mais il lui donna Aaron pour lui servir de portevoix, d’interprète. Exod., iv, 16, E. Levesque.

    1. BÉGOAÏ##

BÉGOAÏ, chef de famille après le retour de l’exil deEabylone, II Esdr., vil, 7. Il est appelé ailleurs Béguaï.Voir Béguaï.

    1. BÉGUAÏ##

BÉGUAÏ (hébreu: Bigvaï, «heureux» [cf. Bhagavanen sanscrit]; Septante: Bayous, Bayouat), chef d’unefamille dont les membres revinrent de Babylone avecZorobabel, au nombre de deux mille cinquante - six, I Esdr., ii, 2, 14, ou de deux mille soixante-sept. II Esdr.,

met, Comment, de Job, xl, 10, 1722, p. 421, on admetque cet animal est l’éléphant, le plus considérable et leplus extraordinaire qu’on connût alors en Europe. Sanchezcroit pourtant qu’il s’agit du taureau, et depuis, quelquesauteurs, dont Barzilai, II Beëmot, saggio di paleontologiabiblica, Trieste, 1870, a repris la singulière opinion, soutiennent que behêmôt est le mammouth antédiluvien, décrit d’après son squelette fossile. S. Bochart, Hierozoicon, II, v, chap. xv, montra le premier que l’auteurvoulait parler de l’hippopotame (fig. 471). Tous lesdétails du texte confirment cette explication avec la plusparfaite exactitude.

47). — Hippopotame

vu, 19. Il est lui-même compté parmi les chefs du peuplequi accompagnèrent Zorobabel, I Esdr., ii, 2; au passageparallèle, II Esdr., vii, 7, lu Vulgate l’appelle Bégoaï.Soixante-douze membres de la même famille revinrentavec Esdras, I Esdr., viii, 14; à cet endroit, le nom donnépar la Vulgate est Bégui. Enfin parmi les chefs du peuplesignataires de l’alliance théocratique à la suite de Néhémiese lit le même nom Bigvaï ( Vulgate: Bégoaï); c’estle même personnage, si par «fils de Béguaï i>; I Esdr., il, 2, on entend les membres plus ou moins éloignés dela famille dont il était le chef, plutôt que des fils ou desdescendants directs. E. Levesque.

    1. BÉGUI##

BÉGUI, chef de famille après la captivité, I Esdr., vm, 14, nommé ailleurs Béguaï. Voir Béguaï.

BÉHÉMOTH. Ce mot est le pluriel de l’hébreu behêmâh, qui signifie «bête». Le pluriel behêmôt est souventemployé, dans la Bible, pour désigner des quadrupèdesde toute espèce, mais en général de grande taille.Dans Job, xl, 15-24 (Vulgate, 10-19), c’est un plurield’excellence, devenant le nom de l’animal extraordinairedont le poète fait la description. Comme ce nom n’a pointd’autre sens en hébreu que celui de «bêtes», les anciensn’ont point su de quel animal voulait parler l’auteur. Laversion grecque a rendu behêmôt par ôiipia, et la paraphrasechaldaïque par un mot qui a le même sens, tandisque la Peschito et la Vulgate ont reproduit tel quel lemot hébreu. Les Pères, saint Jérôme, Ep. xxii, t. xxii, col. 401; Théodoret, In Ps. ciii, t. lxxx, col. 1703; saintAugustin, De Gen. ad l’Ut., xi, 20, t. xxxiv, col. 439; DeCiv. Dei, xi, 15, t. xli, col. 330; saint Grégoire, Moral, in Job, xxxii, 12, t. lxxvi, col. 1055, voient sous cenom la personnification de Satan; . quelques-uns pensentque les 6-tpla du grec sont les vers dont Job était rongé, et qui.figuraient eux-mêmes des démons. Au moyen âge, on reconnaît que le sens littéral du passage ne peut s’entendrede Satan, et qu’il est question d’un animal particulier.De saint Thomas, Exposil. in Job, xl, 15, à CalL’hippopotame ne vivait point en Palestînp à l’époquehistorique, et dans le texte: «Le -Jourdain déborderaitcontre sa face, qu’il ne s’en épouvanterait pas,» Job, xl, 18, le fleuve palestinien n’est mentionné que comme

472. — Chasse à l’hippopotame. Thèbes.D’après Wllklnson, Arment Egyptians, 2\{\{e\}\} édit., t. ii, p. 128.

terme de comparaison. Mais l’animal se rencontrait assezfréquemment dans les eaux du Nil, et les Égyptiens leconnaissaient bien. Ils l’ont représenté souvent dans leursmonuments (fig. 472), et l’on a même trouvé dans lesruines de Thèbes un temple élevé en son honneur.Cf. Delitzsch, lob, 2e édit., 1876, p. 525. Ses noms hiéroglyphiquessont api ou apt, hab, teb ou deb, et reret-Quantau copte p-ehe-mou, «le bœuf d’eau,» dont on acru que behêmôt était une imitation phonétique, c’est unmot de formation artificielle dont l’ancienneté n’est pas.

établie. Cf. Knabenbauer, Liber Job, Paris, 1886, p. 448.L’auteur du livre de Job avait vu lui-même l’hippopotameen Egypte, ou du moins en avait lu ou entendu des descriptionsdétaillées.

mal est amphibie, et demeure longtemps sous l’eau sans 1avoir besoin de respirer. Il se nourrit de végétaux et depoissons. Pour prendre ces derniers, il ouvre sa largegueule au sein même de la rivière, el engloutit tous les

473. — Autre chasse à l’hippopotame.Bas-relief de Memphls. D’après une photographie communiquée par M. Maspero.

L’hippopotame est un mammifère de l’ordre des pachydermeset de la section des porcins. Il a trois ou quatremètres de longueur, un mètre trente bu un mètre soixantede hauteur, et son poids atteint jusqu’à deux mille kilogrammes.Ses pattes sont courtes, sa tête énorme, soncorps à peu près dépourvu de poils, ses dents en bel ivoireet sa peau très dure, à l’épreuve même de la balle. L’anianimaux que lui apporte le courant. La nuit principalement, il sort de l’-eau, envahit les champs du voisinageet dévore avec avidité les plantations de millet, de riz etde canne à sucre. Il marche avec assez de rapidité, etgrâce à son énorme masse commet des ravages considérables.L’animal est stupide et d’un naturel assez doux.Mais il entre facilement en fureur, devient alors redou

table, et attaque même l’homme sans provocation. LesÉgyptiens le chassaient du haut de forts bateaux; ils commençaientpar le fatiguer par leur poursuite et les traitsqu’ils lui lançaient, l’acculaient au rivage, et à l’aide dejavelines et de longues lances le blessaient aux endroitsvulnérables de la tête. Cette chasse ne laissait pas que d’êtrefort dangereuse (fig.473). Les hippopotames se rencontrentencore par bandes dans les fleuves du centre et du sud del’Afrique. Ils ont disparu de l’Europe et de l’Asie, où l’onne trouve leurs restes que dans les couches fossiles del’époque quaternaire. Voici la description que l’auteur deJob fait de l’hippopotame:

Vois Béhémoth, que j’ai fait comme toi: Il mange l’herbe ainsi que le bœuf.

Sa force est dans ses reins,

Et sa vigueur dans le milieu de son ventre.Il dresse sa queue comme un cèdre,

Les nerfs de ses cuisses sont durs comme un faisceau.Ses os sont comme des tubes d’airain, Et ses côtes comme des barres de fer.Il est le chef-d’œuvre de Dieu,

Et son créateur dirige son glaive.

Les montagnes lui fournissent l’herbage, Au lieu où s’ébattent tous les animaux des champs.Il se couche à l’ombre de3 lotus,

Dans l’épaisseur des roseaux et des marais.Les lotus lui procurent l’ombrage,

Et les saules du fleuve l’environnent.Que le fleuve le submerge, il ne s’en épouvante pas; . Le Jourdain déborderait sur sa face, qu’il ne s’émeuvrait pas.Qu’on le prenne donc en face avec l’hameçon, Qu’on lui perce les narines avec des liens!

Job, xl, 15-24 (10-19).

Tous ces traits conviennent parfaitement â l’hippopotame, tel que le décrivent les naturalistes. Il est herbivore, par conséquent «mange l’herbe comme le bœuf»; les montagnes, c’est-à-dire les collines qui bordent lesfleuves, «lui fournissent l’herbage,» et «les animaux deschamps s’ébattent» sans danger autour de lui, parce qu’ilsn’ont pas à craindre d’être dévorés, et que, malgré sesfureurs, l’hippopotame a l’allure-trop pesante pour lesatteindre. Il est amphibie, par conséquent habite au borddes eaux et ne redoute point l’invasion des flots. Il estd’une vigueur extraordinaire: ses os, ses muscles, saqueue qui est courte, mais qui est solide «comme uncèdre», ses dents tranchantes qui sont comme «songlaive», sa forme trapue, tout en lui révèle une forcemerveilleuse. Aussi est-il un chef-d’œuvre de la puissancedivine. Mais l’homme ne peut le prendre en face, ni ledomestiquer, en lui perçant les narines, comme il le faitpour les animaux qu’il convertit à son usage. On voitque la plupart de ces traits ne conviennent pas à l’éléphant..

L’auteur de Job n’a point tracé ce portrait uniquementpour embellir son œuvre. Il veut tirer de là un argumentimportant, indiqué par la place même que ce morceauoccupe dans le livre. Dieu est intervenu pour réduireJob et les autres discoureurs au silence, en leur montrantque les œuvres de sa puissance écrasent l’homme par leurincomparable supériorité. Voici béhémoth, un colossal etvigoureux animal, . qui n’est qu’une créature de Dieu.L’homme ne peut s’en emparer, ni le plier à son service, et il voudrait se mesurer avec le Créateur, soutenir enface sa présence et l’avoir comme à sa merci! — VoirL. W. Baker, Wild Beasts and thèir ways, 2 in-8°,

Londres, 1890, t. ii, p. 1-23.

H. Lesêtre.

BÉKA, BÉQA, mot hébreu, ypa, béqa’, signifiant, d’après la racine dont il dérive, une chose «fendue, coupéeen deux», et désignant un poids d’un demi-sicle, comme nous l’apprend expressément l’Exode, xxxviii, 26(texte hébreu). Le béqa’se subdivisait lui-même en dixgéràh. Exod., xxx, 13. Voir Sicle et Gérah. Le sicle étaitl’unité de poids chez les Hébreux; il équivalait environ

à 14 grammes 20; le béqa 1 valait donc 7 grammes 10. Ilest mentionné seulement dans deux passages du Pentateuque.Le nézéni ou pendant de nez qu’Eliézer offrit àRébecca pesait un béqa’. Gen., xxiv, 22 (Vulgate: siclosduos, au heu d’un demi-sicle; Septante: 8pa-/u.-n; ils rendentsouvent sicle par oï8paxii.ov ou double drachme). Chacundes Israélites qui fut dénombré dans le désert du Sinaïdut payer un demi-sicle, niahâslf haSséqél. Exod., xxx, 13.Nous voyons, en effet, plus loin, Exod., xxxviii, 26 (textehébreu), que le poids total de l’argent qui fut offert parles Israélites pour la fabrication des objets du culte corresponditexactement à un béqa’par tête. Voir Poids.

F. VlGOUROUX.

    1. BEKKER Dalthasar##

BEKKER Dalthasar, théologien protestant des Pays-Bas, né le 30 mars 1634 dans la Frise, mort le Il juin 1698.Il fut quelque temps recteur dans sa patrie, puis prédicateurà Franeker, et plus tard, en 1679, ministre à Amsterdam.C’était un fougueux partisan du cartésianisme, etil devint rationaliste et socinien. Il est surtout connu parDe betooverde Wereld (Le monde enchanté), en quatrelivres, Amsterdam, 1691-1693; traduit en français, 4 in-12, Amsterdam, 1694; en allemand s par Schwager, Amsterdam, 1693; nouvelle édition, par Semler, 3 in-8°, Leipzig, 1781. L’auteur prétend que le démon ne tente pas leshommes et ne leur inspire pas de mauvaises pensées, qu’il n’y ar ni magie, ni sorcellerie, ni possession. Ilexplique naturellement la tentation de Notre - Seigneurdans le désert; les possédés de l’Évangile n’étaient quedes. malades, etc. Cet ouvrage fit scandale. Après la publicationdes deux premiers livres, Bekker fut déféré auconsistoire d’Amsterdam et d’abord suspendu, ensuitedéposé du ministère pastoral par sentence du 30 juillet1690. Il se retira dans la Frise, où il publia les deuxderniers livres de son Monde enchanté, Il fut combattupar un grand nombre de savants, Jean van den Bayen, Pierre Mastricht, Melchior Leydecker, Jean Marb, Eberhardvan der Hooght, Jakob Kôlmann. — On a aussi deBekker Explicatio prophétise Danielis, in-4°, Amsterdam, 1688. — Sa vie a été écrite par Sehwabe, Copen-hague, 1780.

BEL (hébreu: Bel; Septante: BrjX et BfjXoc), dieubabylonien. Son nom ne diffère pas de celui de Baal, legrand dieu chananéen: c’est la forme assyrienne du mêmemot, Bî’lu, avec la même signification de «maître ouseigneur». Mais ce nom, identique par l’origine, ne représentepas le même dieu dans les deux pays: Baal estun dieu solaire dans la religion phénicienne; Bel n’a pasce caractère dans la religion chaldéo-assyrienne, contrairementà ce qu’on croyait avant les découvertes assyriologiques, et à ce qu’a soutenu récemment encore M. WolfBaudissin, dans Herzog, BealEncgklopâdie, 2 S édit., t. ii, 1878, p. 36. Le nom de Bî’lu s’applique à deux divinités distinctesdans la région de l’Euphrate et du Tigre, et aucunedeces deux divinités n’est le soleil, comme le prouventde nombreux textes, et en particulier un texte rituel, Cuneif. Inscript., t. IV, pi. 25, col. ii, 1. 29, où on lit: «Trois victimes à Bel, à Samas (le soleil) et à (Bel)Mérodach, tu dois sacrifier.» Les anciens avaient déjàdistingué deux Bel: Hsec est genesis séries: Jupiter, Epaphus, Belus priscus, Agenor, Phœniæ, Belus minor, qui et Methres, dit Servius, In JEneid., i, 642; cf. i, 343; Comment, in Virgil., Gœttingue, 1726, t. i, p. 99, 65.Voir d’autres passages dans F. C. Movers, Die Phbnizier, t. i, 1841, p. 186-187, 236; H. Estienne, Thésaurus grmcœlinguse, édit. Didot, t. ii, col. 228, 229; V. De -Vit, Onomasticontotius latinitatis, t. i, 1877, p. 702. Mais lesrenseignements des classiques grecs et latins sont vagueset confus; ils font même de Bel le fondateur de l’empireassyrien et de la monarchie babylonienne, en même tempsqu’une divinité. Voir Roscher, Lexicon der griechischenund rômischen Mythologie, t. i, p. 778-779. Les documentscunéiformes nous fournissent, au contraire, des

Baruch, VI, 3, 14. Grâce à ces renseignements, il est faciiede reconnaître le dieu Bel dans un bas-relief assyrienreprésentant plusieurs dieux portés en procession sur lesépaules (fig. 474). Le dieu Bel est, en effet, figuré enmarche, tandis que les autres divinités sont assises ou sansmouvement ( fig. 457, col. 1481); il porte une hache dela main droite.

Bel -Mérodach avait à Babylone un temple en forme depyramide qui était une des merveilles du monde. Hérodote, i, 181 - 183, en a décrit en détail les magnificences, de même que Diodore de Sicile, ii, 9. Cf. Strabon, xvi, 5, p. 628; Élien, Var. hisl., xiii, 3, p. 405; Pausanias, i,

: 474. — Le dieu Bel.

D’après Layard, Monuments of Nlneveh, t. i, pi. 65.

16, 3; viii, 33, 1; Pline, H. N., vi, 26 (30), 121, édit.Tauchnitz, 1. 1, p. 241. Ce temple était situé dans la partieorientale de Babylone et remontait aune haute antiquité. Ilexistait déjà sous la première dynastie, qui fit de Babylonesa capitale. On l’appelait Ê-Saggil. Nabuchodonosor, dansses inscriptions, raconte qu’il l’avait couvert d’or et desplus riches ornements. Bel y avait une statue d’or colossale.Voir la description du "temple, par G. Smith, dansVA themeum, 12 février 1876, et dans H. Sayce, Lectureson Religion, p. 92-95, 437-440.

Les Babyloniens immolaient de nombreuses victimes enl’honneur de Mérodach, et ils honoraient particulièrementleur dieu par l’offrande de mets abondants. On lui servaittous les jours, lisons-nous dans Daniel, xiv, 2, «douzeartabes de farine, quarante brebis et six baths ou métrètesde vin.» Soixante-dix prêtres, attachés à son culte, se nourrissaient de ces mets avec leurs femmes et leursenfants. Dan., xiv, 9, 14. — Jérémie, li, 44, fait peut-êtreaussi allusion aux viandes qu’on donnait au dieu babylonien. Une inscription de Nabuchodonosor énumère lesviandes qu’il offrait à Mérodach. Cuneif. Inscript, , t. i, pi. 65; A. Delattre, Les deux derniers chapitres de Daniel, 1878, p. 53. — Diodore de Sicile, ii, 9, 7, p. 88, dit qu’ily avait dans le temple de Bel, outre des statues d"or, unetable commune pour les dieux; elle était d’or, longue dequarante pieds, large de quinze, et du poids de cinquantetalents. Hérodote, i, 181, édit. Didot, p. 60, parleaussi de cette table d’or, et raconte, de plus, qu’il y avaitun grand lit soi-disant destiné à Bel. Il mentionne également, i, 183, une autre table d’or, avec un siège et un>escabeau d’or, dans un autre temple du même dieu àBabylone. Xerxès, au retour de sa malheureuse expéditionen Egypte, pilla le temple de Bel et ses richesses. Diodore, il, 9. Les prophètes en avaient annoncé la ruine. Isaïe, xlvi, 1, avait prophétisé que Bel serait brisé par ses ennemis, et que les statues qui le représentaient seraient chargéessur des bêtes de somme. Jérémie, L, 2, avait préditles mêmes événements et annoncé la confusion de Bel etde ses idoles. Cf. Jer. li, 44. Cyrus et Xerxès accomplirentces prophéties.

Voir E. Schrader, Baal und Bel, dans les TheologiscfieStudien und Kritiken, 1874, p. 335 - 343; D. Chwolson, Die Ssabier, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. ii, p. 165; Frd. Mûnter, Religion der Babylonier, in-4% Copenhague, 1827, p. 14-20; W. Gesenius, Kommentar ûber Jesaia, 1821, t. ii, p. 327-337; Id., Bel, dans Ersch et Griiber, Allgem. Ency klopâdie, l re sect., t. viii, 1822, p. 397-402; J. C. Movers, Die Phônizier, 1. 1, 1841, p. iaV190, 254-321, 416-450; Frd. Creuzer, Symbolikund Mythologie, 3e édit., t. ii, 1841, p. 411-416, 443-458; G. Bawlinson, The five greal Monarchies of the ancienteastern World, 2e édit., t. i, 1871, p. 11Q-142; t. ii, 1871, p 1-42; A. H. Sayce, Lectures on the origin and growlhof Religion as illustrated by the religion of ancientBabylonians, in-8°, Londres, 1887, p. 85-129; F. Finzt, Ricerche dell’Anlichità assira, in-8°, Turin, 1872, p. 470, 524-528. Voir aussi col. 1159-1160, 1364-1365.

F. VlGOUROUX.

BELA. Hébreu: Bêla’, «destruction.» Nom de troispersonnages et d’une ville dans le texte hébreu. Dans laVulgate, au lieu de Bêla 3 et 4, on lit Bala.

1. BÉLÀ (Septante: BaXâx), fils de Béor, roi de Dénaba, en Idumée, avant l’époque de Saûl. Gen., xxxvi, 32.Dans I Par., i, 43, la Vulgate écrit Balé. Voir Balé 1.

2. BÊLA (Septante: BoCki, Ba>£), fils atné de Benjamin, Gen., xlvi, 21, et chef de la famille des Bélaïtes.A’um., xxvi, 38. Dans I Par., viii, 1, la Vulgate lui donnele nom de Balé. Voir Balê 2. Plusieurs de ses enfants etpetit*-enfants furent chefs de familles nombreuses. I Par., vu, 6-12; viii, 1-5; Num., xxvi, 38-40. Voir Béchor.

3. BÊLA, fils d’Azaz, I Par., v, 8, appelé Bala par laVulgate. Voir Bala 2.

4. bêla, ville près de Sodome, que la Vulgate nommeBala. Voir Bala 3.

    1. BÉLAÏTES##

BÉLAÏTES (hébreu: habbal’%, nom avec l’article: Septante: Sfijjio; 6 BaXt), descendants de Bêla, fils de Benjamin.Num., xxvi, 38.

    1. BELETTE##

BELETTE (hébreu: hôléd; Septante: fa.Xr; Vulgate: mustela). Le texte sacré ne parle qu’une fois du hôléd, et c’est pour le ranger parmi les animaux impurs. Lev.jxi, 29. D’après plusieurs modernes, le hôléd est la «taupe», parce que c’est le sens de ce mot en syriaque et en arabe.Cf. Tristram, Natural History of the Bible, 1889, p. 151.Mais les anciennes versions ont traduit par «belette», et il est préférable de s’en tenir au sens qu’elles ontadopté. On conçoit que la loi ait eu à intervenir pour

prohiber dans l’alimentation l’usage d’un animal d’aspectgracieux comme la belette, tandis que la seule répugnancedevait suffire à faire écarter la taupe. — La belette (fig.475)est un petit mammifère carnassier du genre putois, commele putois commun, le furet et l’hermine. Sa taille atteintà peine celle du rat, son corps est grêle, sa queue longueet ses mouvements des plus alertes. Elle se nourrit d’oiseauxqu’elle surprend au nid, de lapereaux et d’autresanimaux analogues. Comme tous les mustélidés, la belettepossède des glandes anales qui sécrètent un liquide d’uneodeur repoussante, et c’est par ce moyen qu’elle tient àdistance des ennemis auxquels son agilité seule ne parviendraitpas à la soustraire. Sa fourrure est utilisée enpelleterie. On trouve communément en Palestine la beletteordinaire, mustela vulgaris, et le putois proprementdit, mustela putorius. Outre ces deux espèces d’animaux, le mot hôlèd désigne peut-être aussi d’autres petit* carnassiersassez semblables, particulièrement une espèce de

475. — Belette.’mangouste, l’ichneumon herpestes ou rat de pharaon, très commun en Egypte et en Palestine, et dont l’aspectrappelle de très près celui de la belette. Voir E. Lefébure, Le nom égyptien de l’ichneumon, dans les Proceedingsof the Society of Biblical Archssology, juin 1885, t. vii, p. 194; Placzek, The Weasel and the Cat in ancienttimes, dans les Transactions of the Society of Biblical

Archseology, t. ix, part, i, 1887, p. 155-166.

H. Lesêtre.

BELGA. Hébreu: Bilgâh, «gaieté;» Septante: 3 Be>--foi; . Nom de deux prêtres juifs.

1. BELGA, chef de la quinzième classe d’entre les vingt-quatreétablies par David pour le service du temple. I Par., xxiv, 14.

2. BELGA, . un des principaux prêtres qui revinrent dela captivité avec Zorobabel. II Esdr., xii, 5. C’est vraisemblablementle même que Belgaï. Voir Belgaï.

    1. BELGAÏ##

BELGAÏ (hébreu: Bilgaï, «gaieté;» Septante: Be>jai), un des prêtres signataires de l’alliance théocratiqueà la suite de Néhémie, II Esdr., x, 8. Il est probablementappelé Belga, II Esdr., xii, 5. Voir Belga 2.

BELIAL. Hébreu: belîya’al, mot composé de beli, «sans,» et yà’al, «utilité,» et désignant ce qui est inutile, nuisible et mauvais. Cette étymologie est plus conformeà la grammaire que celle de saint Jérôme, Jud., xix, 22, qui, dans une glose explicative intercalée dansle texte, fait venir Bélial de beli’ul, «sans joug.» Ilse dit des personnes et des choses, et n’est jamais employécomme nom propre dans le texte original de l’Ancien Testament.La Bible grecque rend ce mot par napâvojioî, «contraire àla loi;» àdEê/jç, «impie; s> oçptov, «insensé;» àvotiia, «iniquité;» àm><rra<rîa, «apostasie; >; >oi|xd; , «peste;» uaîafoxrt; , «vétusté,» et la Vulgate ordinairementpar Belial, quelquefois par iniquus, «inique,» I Beg., xxv, 25; xxx, 22; Prov., xix, 28; Ps. XL, 9; injustus, «injuste,» Ps. c, 3; impiùs, «impie,» Prov., xvi, 27; Deut., xv, 9; apostata, «apostat,» Job, xxxiv, 18; Prov., vi, 12; iniquitas, «iniquité,» Ps. xvii, 5; prsevarïcator, n prévaricateur,» II Reg., xxiii, 6; et prsevaricatio, «transgression.» Nah., i, 11. Bélial, fils ou homme de

Bélial, est le qualificatif du méchant homme, du vaurien, Deut., xiii, 13; Jud., xix, 22; xx, 13 (hébreu); I Reg., il, 12; x, 27; xxv, 17, 25; xxx, 22; II Beg., xvi, 7; xx, 1; xxiii, 6; III Reg., xxi, 10; H Par., xiii, 7; Job, xxxiv, 18; Prov., vi, 12; xvi, 27; xix, 28; Nah., i, 15; de la méchantefemme, I Reg., i, 16; de la pensée ou de la parolemauvaise, Deut., xv, 9; Ps. xli (Vulgate, xl), 9; ci (Vulgate, c), 3; Nah., i, 11; du flot terrible des épreuves, Ps. xviii (Vulgate, xvii), 5.

Dans le Nouveau Testament, saint Paul, II Gor., vi, 15, donne le nom de Bélial au «mauvais» par excellence, ledémon, comme si c’était un nom propre: «Quel accordpossible entre le Christ et Bélial?» Dans ce passage, l’Apôtre met en opposition les extrêmes, la justice et l’iniquité, la lumière et les ténèbres, le fidèle et l’infidèle.On en conclut donc à l’identité de Bélial et de Satan.C’est l’interprétation de saint Jérôme et des commentateurs.Le texte grec de l’épltre porte actuellement Béliar(BeXî «p), à raison de la prononciation des Syriens, qui

substituent souvent le p, r, au, l.

H. Lesêtre.

1. BÉLIER (hébreu: ’ayîl; chaldéen: dekar, I Esdr., vi, 9, 17; vii, 17; Septante: xpt’o; ), mâle de la brebis, étaitplus estimé que l’agneau, Gen., xxxi, 38; aussi dans les sacrificesétait-il considéré comme une victime plus agréable, d’un plus grand prix, Ainsi on devait joindre au sacrificedu bélier deux’USârôn (6 litres 75) de pure farine, unseulement pour les agneaux. Num., xv, 6; xxviii, 12-14. Onpouvait offrir le bélier en sacrifice dans l’holocauste, Lev., vin, 18, 21; ix, 2; xvi, 3, 5; Num., vii, 15, etc.; xxviii, 1 1; Ps. lxv (hébreu: lxvi), 15; Is., i, 11; Ezech., xlv, 23; dans le sacrifice pacifique ou d’action de grâces, Lev., IX, 4, 18; Num., vi, 14, 17; vii, 17, 23, etc.; dans le sacrificepro delicto, Lev., v, 15, 18; xix, 21; Num., v, 8; I Esdr., x, 19. Mais on ne l’offrait pas dans le sacrifice propeccato. Cf. Lev., iv, 1-35. Le bélier offert dans ces sacrificesdevait être sans tache et sans défaut. Dieu ordonnad’immoler deux béliers à la consécration d’Aaron et deses fils, Exod., xxix, 1, et le second de ces béliers s’appelait «bélier de consécration». Exod., xxix, 22. Avantla loi de Moïse, le bélier entrait déjà dans les sacrifices.Abraham, sur l’ordre de Dieu, offre un bélier de trois ans.Gen., xv, 9, À la place de son fils, il immole aussi unbélier. Gen., xxii, 13. Chez les peuples voisins des Hébreux, le bélier était également regardé comme une victimeagréable à Dieu. Balaam fait immoler un bélier et un taureausur chacun des sept autels qu’il avait fait dresserpar Balac, roi de Moab. Num., xxiii, 1. Les amis de Job, sur l’ordre de Dieu, offrent de même en sacrifice sept béliersavec sept taureaux. Job, xlii, 8, 9. — Les béliers de Basanétaient renommés, Deut., xxxii, 14; ceux de Moabétaient aussi estimés: Mésa devait payer au roi d’Israëlun tribu de cent mille béliers avec leur toison. IV Reg., m, 4. — Les peaux de béliers teintes en rouge servirent àcouvrir le tabernacle, Exod., xxvi, 14; xxxvi, 19; les enfantsd’Israël avaient été invités à les offrir. Exod., xxv, 5xxxv, 7, 23; xxxix, 33. — Le bélier qui marche en têtedu troupeau et bondit capricieusem*nt sert aux comparaisonsdes poètes et des prophètes d’Israël: on lui compareles princes d’Israël, Lam., i, 6; les collines agitéespar de violents tremblements, au Sinaï, ressemblent àdes béliers qui bondissent. Ps. cxm (hébreu, exiv), 4.

— Dans la vision de Daniel, viii, 3-20, le bélier à deuxcornes, dont l’une s’élève plus haute que l’autre, symbolisel’empire înédo-perse. Voir Brebis.

E. Levesque.

2. BÉLIER (hébreu: kar; Septante: xôpocl, xpicJc; Vulgate: aries), machine de guerre destinée à battre lesmurailles et à faire une brèche par laquelle les assiégeantspuissent pénétrer dans la ville. Le bélier est mentionnésous son nom hébreu dans Ézéchiel, iv, 2; xxi, 27(Vulgate, 22). Les Septante traduisent, dans le premierpassage, par le mot peXoirrctætç (voir Baliste), et, dans

le second, par x «p «"a, qui signifie «pieu pointu». Kpiôçse lit II Mach., xii, 15.

Cette machine de guerre était déjà connue des pharaons.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
476. — Bélier égyptien.

Tombeau de Béni -Hassan. Ancien Empire. D’après Chanipollion,

Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 379.

Les béliers qu’employaient les Égyptiens étaient très primitifs(fig. 476). C’étaient de simples, pieux armés d’unfer de lance et manœuvres à bras, par plusieurs hommes

l’autre. Parfois aussi le bélier était une sorte de chariotpesant, dont l’extrémité présentait la figure d’un monstre.A l’intérieur du chariot étaient placés des archers. Onpoussait le chariot contre les remparts, tandis que lesarchers lançaient leurs flèches contre les assiégés (fig. 478).Quand ces lourdes machines avaient pratiqué une brèche, le rempart s’écroulait bientôt. Aussi les assiégés essayaient-ilsd’empêcher leur action. Un bas-relief de Nimroud représenteun bélier enfermé dans une tour roulante, auhaut de laquelle sont des archers. Du haut du rempart, les assiégés s’efforcent de harponner le bélier à l’aide decrochets placés à l’extrémité d’une chaîne de fer. Lesassiégeants se suspendent aux crochets pour que le bélierne soit pas saisi (fig. 479). C’est de ce bélier assyrien queparle Ézéchiel, quand il décrit dans sa vision prophétiquele siège de Jérusalem par Nabuchodonosor. Ezech., iv, 2xxi, 22 (27).

Le bélier était également en usage chez les Perses, Xénophon, Cyrop., vii, 41, et chez les Grecs, qui en attribuentl’invention et le perfectionnement aux Carthaginois.Athénée, p. 9; Vitruve, x, 19. Voir le siège de Sagonte, Tite Live, xxi, 12. Périclès s’en servit au siège de Samos, Plutarque, Périclès, 27; Diodore de Sicile, xii, 28; lesPéloponésiens l’employèrent au siège de Platée, et lesPlatéens, comme les adversaires des Assyriens, essayèrentde saisir les machines avec des nœuds coulants ou lesbrisèrent en laissant tomber sur elles d’énormes poutres.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
477. — Assyriens attaquant une plate-forme avec des béliers.

Les béliers sont montés sur des roues et traînés sur des chaussées construites par les assiégeants, afin de rendre plus facile

l’approche des murailles. Palais de Sargon à Ehorsabad. D’après Botta, Monuments de Mnlve, t. ii, pi. 145.

abrités sous une toiture analogue à la ^sXcow, ou tortuedes Grecs et des Romains. J. Wilkinson, The mannersand customs of the ancient Egyptians, 1e édit., 1. 1, p. 242.Les béliers assyriens sont beaucoup plus perfectionnés.Ce sont de véritables machines de guerre. Us consistentessentiellement dans d’énormes poutres armées d’éperonsde fer, alternativement ramenées en arrière et projetéesen< avant par des hommes exercés à cette manœuvre.Un bas-relief du palais de Sargon représente une villeassiégée à l’aide de béliers (fig. 477). Voir aussi Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 143, 337.Souvent la même machine était munie de plusieurs poutres.Le mouvement alternatif de recul et de projection en avantimitait le mouvement des béliers bondissant l’un contre

Thucydide, ii, 76. L’emploi de moyens semblables estsignalé par Tite Live, xxxvi, 23. Dans Thucydide, le bélierest appelé tt.60r. Le premier auteur profane connu quiemploie le mot xpiik est iEneas le Tacticien, 32. Cettemachine fut perfectionnée, au temps de Philippe de Macédoine, par le Thessalien Poleidos et par ses élèves, Diadès et Charias. Alexandre l’employa souvent dans sescampagnes. Vitruve, x, 19. Le bélier était placé dans unréceptacle, xpcoSôxr, , sur un ou plusieurs rouleaux, et protégépar une toiture, testudo arietaria, yeXwv^ xpioç tfpo; .Vitruve, ibid.; Arrien, Bell. Mithrid., 73. Certaines deces machines étaient si énormes, qu’il fallait mille hommespour les mettre en mouvement. Tels furent les béliers àl’aide desquels Démétrius Poliorcète fit le siège de Rhodes.

4565

BÉLIER

1560

Diodore, xx, 95. L’auteur du second livre des Machabées, xii, 15, emploie le mot xpitSç, quand il dit queJudas attaqua la ville de Casphin en invoquant le Dieuqui avait pris Jéricho sans béliers et sans machines.

manœuvré à mains est représenté sur la colonne trajane, et le bélier abrité par une testudo sur l’arc de SeptimeSévère (fig. 480). — Voir Wilkinson, Mariniers andeustoms of the ancient Egyptians, in-8°, Londres, 1878,

5P^&: ^

178

Z.’! ! _! ’-’- -’^

478. — Bélier assyrien porté sur uu chariot avec des archers.Bas-relief en bronze des pertes de Balawat, de l’époqne de Salmauasar, roi d’Assyrie (858-823 avant J.-C). Britiah Muséum.

Les Romains empruntèrent à leur tour le bélier auxCarthaginois et aux Grecs. Tite Live, xxxi, 46; xxxii, 24; xxxviii, 5. Ils s’en servirent notamment au siège de Jérut. i, p. 212, Ermann, Aegypten, t. ii, p. 694; G. Rawlinson, The five great monarchies of the Eastern world, in-8°, Londres, 1862-1867, t. i, 2= part, p. 470; Layard,

  • 79. — Assiégés s’eftorçaut de harponner le bélier qui bat leurs murailles.

Palais de Nimroud. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pt 19.

salem sous Titus, et Josèphe nous a laissé la descriptionde cet instrument. Il est, dans ses éléments essentiels, le même que celui des Égyptiens, des Assyriens et desGrecs. Josèphe, Bell, jud., III, vii, 19. Le bélier romain

Ninive and its remains, in-8°, Londres, 1849, t. ii, p. 367-370; F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, in-8°, Paris, 1887, t. v, p. 64 et suiv.; H. Droysen, Heerwesen

und Kriegsfûhrung der Griechen, in-8°, FriFribourg-en-Brisgau, 1889, p. 223 et suiv.; A. Rochas d’Aiglun, dans les Mélanges Graux, in-8°, Paris, 1884, p. 792; Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel d’antiquités romaines, trad. franc., in-8°, Paris, 1891, t. xi, p. 263 et suiv.

E. Beurlier.


480. — Bélier romain, abrité par une testudo.
Bas-relief de l’arc de Septime-Sévère. À gauche les Romains s’avancent, entourant le bélier, destiné à attaquer une ville des Parthes. À droite, les Parthes sortent de la ville avec leurs étendards pour capituler. D’après Bellori, Veteres arcus Augustorum, in-4°, Rome, 1690, pl. 9.


BELLARMIN Robert, né à Montepulciano le 4 octobre 1542, mort à Rome le 17 septembre 1621. Il était neveu du pape Marcel II. Il entra au noviciat de laCompagnie de Jésus, à Rome, le 20 septembre 1560. Envoyé en 1569 à Louvain, il y prêcha en latin aux élèves de l’université, puis y enseigna la théologie aux scholastiques de la Compagnie. En 1576, il retourna en Italie pour y rétablir sa santé, et commença son célèbre cours de controverse au Collège romain. Sixte V l’envoya en France, en 1590, avec le légat Henri Cajetan; son séjour y fut de sept mois. Bellarmin devint ensuite recteur du collège romain, provincial de Naples, cardinal le 3 mars 1599, archevêque de Capoue en 1602. Arrivé à l’âge de

soixante-dix-neuf ans, il obtint de se démettre de ses fonctions épiscopales, et se retira au noviciat de Saint-André, où il mourut. Il laissa plusieurs ouvrages, parmi lesquels son catéchisme et ses controverses tiennent le premier rang. Sur l’Écriture Sainte, il a publié: In omnes Psalmos dilucida explicatio, in-4°, Rome, 1611, qui a eu plus de trente éditions. Cet ouvrage, écrit avec une grande onction et respirant une solide piété, est à recommander à ceux qui récitent l’Office divin; Bellarmin y «examine le texte hébreu, qui est l’original, puis les deux anciennes versions que l’Église a autorisées. Il n’est pas assez critique, et il ne paraît avoir su que médiocrement la langue hébraïque, de sorte qu’il se trompe quelquefois. Comme il a écrit après Génébrard, il a pris de lui la plupart de ce qui regarde la grammaire et la critique, en y changeant seulement quelque chose. Il y a aussi des endroits qu’il aurait pu expliquer plus à la lettre «t selon le sens historique; mais il y a bien de l’apparence qu’il ne l’a pas voulu faire, afin que son commentaire fût plus utile aux chrétiens». (R. Simon.) Ce commentaire a été traduit en anglais, en arabe, en français «t en italien; on en a aussi fait un abrégé en latin, in-8°, 6 part., Dusseldorf. 1760 1765; 2 in-16, Turin, 1867. — On peut encore citer le traité ascétique, si estimé, de Bellarmin: De septem verbis a Christo in Cruce prolatis, in-12, Rome, 1618, souvent réimprimé et traduit en toutes les langues européennes. — Bellarmin fut un des théologiens chargés par Grégoire XIII et Sixte V de donner une nouvelle édition de la Bible des Septante; la préface qui est en tête de la Biblia Sacra Vulgatas editionis Sixti V jussu recognita, Rome, 1592, est de lui. — En 1749, le P. Widenhofer, S. J., publia une dissertation inédite de Bellarmin: De editione latinā Vulgatā, quo sensu a concilio Tridentino definitum sit, ut ea pro authentica habeatur, in-4°, Wurzbourg. Le P. Frevier, S. J., écrivit contre cet opuscule: La Vulgate authentique dans tout son texte, 1753; il prétend y prouver que la dissertation n’est pas de Bellarmin. — Voir J.-B. Couderc, Vie du vénérable cardinal Bellarmin, 2 in-8°, Paris, 1893.

C. Sommervogel.

BELLE (PORTE) (grec: Ὠραία πύλη; Vulgate: Speciosa Porta), porte du temple de Jérusalem où se tenait, pour demander l’aumône, un boiteux qui fut miraculeusem*nt guéri par saint Pierre, après la Pentecôte. Act., iii, 2-10. Le temple était fermé extérieurement par une grande enceinte dont le mur oriental s’élevait au-dessus de la vallée de Cédron. Le portique de Salomon, Act., iii, 11, longeait ce muret formait un des côtés de la cour des Gentils dans laquelle pouvaient pénétrer les païens. La partie sacrée du temple, inaccessible aux profanes, était entourée d’une autre enceinte qu’on peutappeler extérieure, et qu’il était défendu de franchir sous peine de mort à ceux qui n’étaient pas Juifs. Cette seconde enceinte avait neuf portes, quatre au nord, quatre au sud et une à l’est. Cf. Josèphe, Bell. jud., V, v, 3, édit. Didot, t. ii, p. 212-213. C’est cette porte de l’est que les Actes appellent la Belle, en lui donnant un nom qui ne nous est connu que par le récit de saint Luc. Josèphe la qualifie simplement de grande (τὸν μέγαν), sans la désigner par aucune dénomination particulière. Ant. jud., XV, xi, 5, t. i, p. 614. Elle donnait accès de la cour des Gentils à la cour des femmes, et à cause de sa situation elle était la plus fréquentée de toutes, servant tout à la fois aux hommes et aux femmes. Josèphe, loc. cit.; Bell. jud., V, v, 3, t. ii, p. 213. Voir, à l’article Temple, le plan du temple d’Hérode. Elle était vis-à-vis de la porte de Bronze, qui s’ouvrait dans l’enceinte occidentale de la cour des femmes, et conduisait de cette cour à celle qui était réservée aux hommes. La porte de Bronze était elle-même vis-à-vis de la façade de la maison de Dieu ou temple proprement dit; on l’appelait aussi Grande Porte et porte de Nicanor. Ce dernier nom lui est donné dans le Talmud parce qu’elle avait été offerte par un Juif alexandrin ainsi appelé, ou bien parce que la main coupée de l’impie Nicanor y fut attachée après sa défaite, comme trophée de la victoire de Judas et comme expiation des blasphèmes de ce général syrien contre la maison de Dieu. Cf. I Mach., vu, 47; II Mach., xv, 33, Josèphe parle de cette porte, Bell. jud., VI, v, 3, t, ii, p. 292. Voir t. iv, fig. 346.

Beaucoup d’exégètes et d’archéologues ont confondu

la porte de Nicanor avec la porte Belle. M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem, in-f», Paris, 1861, p. 55. Ellesétaient cependant distinctes. Non seulement le texte deJosèphe, rapporté plus haut, indique que la porte Belleétait à l’entrée de la cour des femmes, mais alors mêmeque nous n’aurions pas ce renseignement, il est clair queles mendiants, celui qui fut guéri par saint Pierre commeles autres, devaient se tenir à la porte par où passait tout lemonde, hommes et femmes, là où ils avaient lieu d’espérerdes aumônes plus abondantes. On ne devait pas d’ailleurstolérer des mendiants dans l’intérieur même des parvissacrés, entre la cour des hommes et celle des femmes.

On montait par une quinzaine de degrés à la porte où saintPierre accomplit son miracle. Cf. Josèphe, Bell. jud., S, v, 3, t. iii, p. 243. C’est sur ces marches sans doute que setenait assis le boiteux, comme les autres infirmes quivivaient de la charité publique. Cette porte méritait d’êtreappelée la Belle à cause de sa magnificence. Elle se distinguaitpar sa grandeur. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5, par la richesse de sa matière et par sa décoration. Elleétait, d’après ce que nous apprend Josèphe, Bell, jud., V, v, 3, t ii, p. 242, haute dé cinquante coudées et largede quarante (environ soixante et un et cinquante mètres); ses deux battants étaient ornés d’épaisses lames d’or etd’argent. — Voir J. E. Prescott, On tke Gâte Beautifuicf the Temple, dans The Journal of sacred Literature, 5° série, t. ii, octobre 1867, p. 33-45; 0. Wolf, Der Tempelvon Jérusalem, in-4°, Gratz, 1887, p. 89.

F. Vigourodx.

    1. BELLEGARDE##

BELLEGARDE (Jean Baptiste Morvan de), prêtrefrançais, né à Piriac, diocèse de Nantes, le 30 août 1648, mort à Paris, dans la communauté de Saint-François-de-Sales, le 26 avril 1734. Il entra chez les Jésuites, d’où ilsortit à cause de ses opinions cartésiennes, après seizeans de séjour dans la Compagnie. On a de lui: Apparatde la Bible, ou Introduction à la lecture de l’ÉcritureSainte, traduit du latin du P. Lamy, de l’Oratoire, in-8°, Paris, 1697; — Livres moraux de l’Ancien Testament, où sont renfermées les maximes de la Sagessedivine, avec les devoirs de la vie civile, in-8°, Paris, 1701. Cet ouvrage se compose de la traduction françaisedes livres sapientiaux de l’Ancien Testament, avec unbon commentaire, des préfaces courtes et substantielles, des sommaires bien rédigés; une heureuse disposition dutexte met constamment en présence le latin de la Vulgate, la traduction et le commentaire. Pour la biographie, voirl’Éloge de Bellegarde, par Tournemine, et l’Extrait d’un’mémoire communiqué par M. de Chaserey, supérieur dela communauté de Saint-François-de-Sales, dans leMercure de France, novembre 1735, p. 2390 et 2394.

0. Rey.

    1. BELLENGER François##

BELLENGER François, docteur de Sorbonne, né dansle diocèse de Lisieux, mort à Paris le 12 avril 1749, étaittrès versé dans la connaissance des langues anciennes etmodernes. Il publia sur les Psaumes un ouvrage fort «stimé, sous le titre: Liber Psalmorum Vulgatse. editioniscum notis in quibus explicatur titulus, occasio etargumentum cujusque Psalmi; dilucidatur sensus litteralis, paucis altingitur sensus mysticus. Accessitappendix ad notas in qua discutiuntur prœcipuse differentiœquse occurrunt inter textum hébraicum, Aquilse, Symmachi, Thendotionis, quintse et sextse editionis, paraphrasim chaldaicam, Vulgatam, latinam, hieronymianam, in-4 a, Paris, 1729, sous les initiales U. E. S.F. P. D. F. B. P. L. Une première édition in-4° avait paruen 1727, à Paris. Cet ouvrage a été plusieurs fois réimprimé; il a été réédité, en particulier, avec certains retranchements, sous le titre de Liber Psalmorum Vulgatseeditionis cum notis, in-12, Paris, 1832. B. Hehrtebize.

    1. BELLERMANN Johann Joachim##

BELLERMANN Johann Joachim, théologien protestantallemand, né à Erfurt le 23 septembre 1754, mort à Berlinle 25 octobre 1824. Après avoir terminé ses études à


l’université de Gœttingue, il alla, en 1778, en Russie commeprécepteur. À son retour, en 1782, il devint professeurde théologie à l’université d’Erfurt. Cette université ayantété supprimée, il fut appelé à Berlin comme directeurdu Gymnasium am Grauen Kloster et comme professeurà l’université. Parmi ses œuvres relatives à l’ÉcritureSainte, on remarque: Handbuch der biblischen Literatur, 4 in-4°, Erfurt, 1787-1789; Versuch. einer Metrikder Hebrâer, Berlin, 1813; Urim und Thummim, dieàltesten Gemmen, Berlin, 1824. On peut mentionner aussises programmes et ses dissertations: De libro Jobi, utrumsit historia an fictio, 1792; De libri Jobi indole et artificiosadesignatione, 1793; De duodecim lapidibus inJordanis alveo erectis, 1795; Ueber die allegorische, metaphorische und mystische Darstellungsweise, 1796, publié aussi’dans les Acta À cademiæ Erfurtensis, 1796; De usu palseographise hebraicse ad explicanda sacraBiblia, in-4°, Halle, 1804 (thèse de doctorat). — L’auteura écrit son autobiographie dans Dos graue Kloster inBerlin, Stùck iv, 1826. Voir H. Bellermann, dans Allgemeinedeutsche Bibliographie, t. n (1875), p. 307.

F. Vigodroux.

    1. BELMA##

BELMA, localité citée au livre de Judith, vii, 3, avec.Dothaïn et Béthulie. Les copies grecques transcrivent cenom sous ces formes diverses: BeXajiiiv, BaX «|ia>v, BsX|iév, BeXjioi[)., A6eX(iai’u., BeX(i, aiv, BsXSafji, BeX81[i (ce dernierpeut-être pour BeXu^v ou BsXjiie). Les versions syriaqueset arabes écrivent Balma’. Belma, Bélamon, etc., sontcertainement le Jéblaam (hébreu: Yble’âm) de Josué, xvii, 11, localité, dans le territoire d’Issachar, qui fut attribuéeà la tribu de Manassé. Les Manassites n’arrivèrentpas immédiatement à en déposséder les Chananéens. Jud.; i, 27. Au livre I er des Paralipomènes, vi, 70 (hébreu, vi, 55), où elle est attribuée aux lévites de la famille de iCaath, elle est nommée Baalam (hébreu: Bil’âm). Ochozias, roi de Juda, fuyant Jéhu, qui venait de tuer devantlui, à Jezraël, Joram, fils d’Achab, passa par Beth-haggàn(grec: BaiOfàv; Vulgate: domus horti), et fut atteint etmortellement blessé près de Jéblaam, à la montée deGaver (ma’âlêh-Gùr). IVReg., ix, 27. Lorsque les arméesassyriennes conduites par Holopherne menaçaient de s’avancersur Jérusalem, Belma était une des villes surlesquelles comptaient les Juifs pour la défense des montagnes.Judith (grec), iv, 4. L’armée assyrienne assiégeantBéthulie occupait en longueur le territoire «depuis Dothaïnjusqu’à Bélamon». Judith, vii, 3. Belma était à l’unedes extrémités de la plaine, près de Béthulie, où avait étéenseveli dans une grotte sépulcrale le mari de Judith; Dothaïn, au côté opposé. Judith, viii, 3. Suivant le pseudo-Épiphane, Vit. Proph., t. xliii, col. 415, le prophète Oséeserait originaire de Bélémoth de la tribu d’Issachar, et yaurait été enterré. La Chronique pascale, t. xcii, col. 364, signale la même croyance, mais écrit Bélémon ou Bélémoth.

Saint Jérôme, De situ et loc, au mot Abelmaula, t. xxiii, col. 875, indique un Abelméa sur la route de Néapolisà Scythopolis. Près de la route de Naplouse à Beisàn, laScythopolis des Grecs, à deux kilomètres sud de Djénin,

— sans doute la Beth-haggân du IVe livré des Rois, — àune lieue nord-est de Tell-Dothàn, sur la limite du Sahel-’Arrabéh, plaine qui commence, au sud, sous ce tell, unpeu à l’ouest du chemin montant qui Va de Djénin versKabatiéh et cette plaine, on aperçoit une vieille tour croulantes’élevant au milieu de divers débris qui attestent uneancienne localité. Ces ruines sont appelées KhirbetBel’améh; à trois ou quatre minutes de la ruine, près de la routede Djénin, on trouve un puits nommé Bir-Bel’améh.Dans ce nom et ce site, on reconnaît généralement l’antiqueYblé’am ou Bile’am, la Belma du livre de Judith.

L. Heidet.

    1. BELMEN##

BELMEN (BIX[i£v), localité mentionnée par le textegrec du livre de Judith, iv, 4, omise dans la Vulgate. Elleest nommée parmi les villes de Samarie entre Bethoronet Jéricho. La version syriaque porte Abelméhula. Voir

I. — 52

col. 33. Le grec Bs).|j.lv paraît à la plupart des commentateursn’être qu’une variante d’orthographe de BeXSac’p., Bevjiaîv, appelé dans la Vulgate Belma, Judith, vii, 3, aujourd’hui Bel’améh.VoiT Belma. Cf. Conder, Tent-workin Palestine, 1878, t. ii, p. 335.

    1. BÉLOMANCIE##

BÉLOMANCIE, divination par les ilèches. Ezech., xxi, 21 (hébreu, 26). Voir Divination et Flèches.

    1. BELSAM##

BELSAM, BELSAN (hébreu: BiUân, «fils de lalangue, éloquent;» Septante: BaXamxv, BaXdâv), un desprincipaux personnages qui revinrent de l’exil de Babyloneavec Zorobabel. Dans la Vulgate, il est appelé Belsam, II Esdr., VH, 7, et Belsan, I Esdr, , ii, 2.

    1. BELSHAM Thomas##

BELSHAM Thomas, ministre socinien anglais, né àBedford (Angleterre) le 15 avril 1750, mort à Hampsteadle Il novembre 1829. En 1778, il devint pasteur del’église dissidente de Worcester; en 1781, il fut chargéde la direction de la Daventry Academy. Il résigna sesfonctions en 1789, après avoir fait profession des idées unitariennes, et se mit à la tête d’une institution socinienne, fondée par Priestley, le Hackney Collège, qui, du reste, ne subsista pas longtemps, faute de ressources. De 1805à 1829, il tut, à Londres, ministre de l’Essex Street Collège.Jl travailla à la publication unitarienne Improved versionof the New Testament, in-8°, Londres, 1808. Il fut lepromoteur de l’établissem*nt de VUnitariqn Society forpromoting Christian Knowledge, et fut considéré, aprèsle D r Priestley, comme le fondateur de l’unitarisme enAngleterre. Parmi ses ouvrages, nous n’avons à citer queThe Epistles of Paul the Apostle translatée, with anexposition and notes, 4 in-8°, Londres, 1822. «Doctrineerronée, érudition inexacte, interprétations forcées,» ditOrme, Bibliotheca biblica, p. 25. — Voir J. Williams, Memoirs of Th. Beisham, including a brief notice ofhis published works and copions extracts from his diary; together with letters, in-8°, Londres, 1833.

    1. BELTRAMI##

BELTRAMI, en religion Ferdinand de Varèse, capucinde la province de Lombardie, né le 17- juillet 1739, revêtit l’habit religieux le 14 juin 1757, fut bon prédicateuret fournit une longue carrière, pendant laquellenous ne le voyons favorisé d’aucune autre distinctionque celle d’avoir servi de secrétaire à son provincial, leP., Candide de Varèse, de 1768 à 1771. Il mourut au couventde Tradati, le 8 septembre 1805. On a de lui: L’Ec-Clesiastedi Salomone, secondo la nuova versions fattasu l’ebreo da’PP. Cappucini délia société Clementinadi Parigi, in-4°, Milan, 1773; Saggio sopra il libro diGiobbe, secondo la nuova versione, in-4°, Milan, 1774.

P. Apollinaire.

1. BEN. Ce mot hébreu, bén et bin, <.. le sens primitifde «fils» et plusieurs autres sens dérivés. — 1° Il entredans la composition des noms propres d’hommes. VoirBenjamin (hébreu: Binyâmîn), Benhaïl, etc. — 2° Ilsert à désigner non seulement les fils, mais les petit*-fils, et même les descendants très éloignés d’un chef de famille, de tribu ou de nation: benê Ysrd’êl, «les fils d’Israël, les Israélites;» benê Yehûdah, «les fils de Juda, les Juifs,» etc. — 3° Joint à un nom de lieu, de ville, depays, il a le sens de citoyen, d’habitant de cette ville, dece pays: benê Siyôn, «fils de Sion, habitants de Sion;» benê Qédém, «fils de l’Orient,» etc. De là: benê’ammî, «fils de mon peuple, mes concitoyens;» benê bayif, «filsde la maison, esclaves nés dans la maison.» — 4° Il semet pour disciple: ainsi benê hannebî’im, «fils des prophètes,» signifie «disciples des prophètes». — 5° Avecun nom de qualité ou de défaut, il forme des adjectifscorrespondant au nom employé: bén hayil, «fils de lavaillance, vaillant;» benê beliya’al, «fils de la aiéchanrceté, vauriens, méchants.» Ces adjectifs sont devenusquelquefois des surnoms, et par là des noms propres.

Cf. Benhaïl. — 6° Avec un nom de récompense ou depeine, 6e» a le sens de «digne de»: bén mâvét, «fils dela mort, digne de mort;» bén hakkôt, «fils du frapper, digne de coups.» — 5° Avec un nom de temps, d’âge, ila le sens du mot latin natus, «. âgé de:» bén Semônimsânâh, «fils de quatre-vingts ans, âgé de quatre-vingtsans;» bén mê’âh sânâh, «fils de cent ans, âgé de centans.» La Vulgate a traduit dans cet endroit, Is., lxv, 20, par puer au lieu de natus, ce qui forme une associationde mots étrangère à l’original: «un enfant de cent ans.» Au féminin, dans tous ces hébraïsmes, le mot bat, «fille,» remplace le masculin bén, «fils.» Les Septante et laVulgate ont conservé la plupart de ces hébraïsmes, en.traduisant littéralement bén par uî’o: , filius. Quelquefoiscependant ces versions ont préféré traduire plutôt’lesens que les mots, et en quelques endroits elles nel’ont pasbien saisi. VoirS. Glassius, Philologiasacra, in-4°, Leipzig, 1643, col. 656-667.

E. Levesque.2. BEN ( hébreu: Bên, «fils» ), lévite dela famille de Mérari, d’après I Par., xv, 18.Cependant ce nom ne seretrouve paàj au ꝟ. 20, où régulièrement il devraitêtre répété; de plus, il est omis par les Septante.Il est donc probableque nous avons là unnom commun se rapportantau nom propre précédent: «Zacharie, filsde…» Le syriaque etl’arabe suppléent le nomdu père, qui aurait étéoublié par les copistes: «Zacharie, fils de Neaôl.» Trois manuscrits hébreuxomettent le motbén. E. Levesque.

    1. BEN ABINADAB##

BEN ABINADAB (hébreu: Bén-âbînâdâb, «fils d’Abinadab; Septante: uïb; ’A[iiva8à6), intendant de Salomondans le pays de Néphathdor; il avait épousé Tapheth, fille du roi.III Reg., iv, 11. Il paraitdésigné seulementpar le nom de sonpère, comme plusieursdes intendants de Salomon.Voir Abinadab 4, col. 58. E. Levesque.

    1. BÉNADAD##

BÉNADAD (-nn-p,

Bén-Hâdad; suivant lesSeptante-nn-p, BénHâdér, uto; "ASep). Nomde trois princes qui régnèrentà Damas, auXe et au IXe siècle avantnotre ère, d’après lachronologie biblique.

On attribue à ce nom, Bén-Radad, le sens de fils de Hadad, c’est-à-dire du dieu Hadad (fig. 481), et on le considèrecommela traduction hébraïque de Bar-Eadad, qui en.

481. — Le dien Adad.Statue du musée royal de Berlin..D’après une photographie. Cottestatue, endolerlte.de 2 m 85 de haut, , a été trouvée au tell de Gerdschin, près du village de Sendjirli dans, la région de l’Amanas. Sur la robeestgravée, en caractères phéniciens, une inscription de trente-quatrelignes, qui commence ainsi: «C’est moi, Panammu (vnr> siècle, av..T.-C), nls de Qarîl, roi de Iadi, qui al élevé cette stèle a Hadad., .» 1573

BÉNADAD — BENCE

ism

serait la forme araméenne. Cette dernière semble se retrou verdans le nom Bir-Dadda, que porte un chef dupays de Cédar (à l’est de la Damascèue), dans les inscriptionsd’Assurbanipal, roi d’Assyrie. Du moins est-ilcertain que le second composant Hadad, ou, par la chutede la syllabe brève hâ, Dad, désignait une divinité; leculte de Hadad se pratiquait encore à Damas du tempsde Josèphe, Ant. Jud., IX, iv, 6. Les lettres de Tell el-Amarna, vers le xve siècle avant notre ère, offrent lemême vocable, parfois précédé du déterminatif des nomsde divinités, dans les noms propres de chefs palestiniensJiib-Adda ou Rib-Addi, Adda-mihir, Yapa-Addi. Lesformes Adda et Addi, dans l’idiome de ces documents, en supposent en effet une autre, non déclinée, Adad.Adad (fig. 482), était la grande divinité syrienne d’aprèsMacrobe, (Saturn., i, 23, 18), qui lui adjoint commeépouse, une déesse Adar-gatis. D’un autre côté, les inscrip482. — Le dieu Adad.

Cylindre du Musée Britannique. À gauche le dieu Hadad, la têtecouronnée de rayons; devant lui un eunuque assyrien, lesmains levées en signe d’adoration; à droite un prêtre accomplissantsans doute l’initiation. L’inscription porte: «À Atodban, flls de Gebfod, l’eunuque, qui adore Hadad».

tions d’Assurbanipal nous révèlent le nom d’une divinitésyrienne Atar-samaïn. Adar ou Atar doit être un nom dedivinité, déterminé tantôt d’une façon, tantôt d’une autre, comme le Baal chananéen. Et puisque Fils d’Adad ouFils d’Adar ont au fond le même sens, c’est vraisemblablementpar là qu’il faut expliquer les variantes desnoms syriens Bénadad ou Bénader, Adadézer ou Adarêzer, dans les manuscrits bibliques. Le dernier de ces nomsest plutôt hébreu qu’araméen. Adadézer signifie en effetAdad est secours, ce qui se dirait en araméen Adadéder.Adadézer serait donc une transformation comme Bénadad.

1. BÉNADAD I er, contemporain d’Abiam et d’Asa, roisde Juda (958-914), de Jéroboam, Nadab et Baasa, roisd’Israël (975-930), fut un prince assez puissant; il reçutd’Abiam et d’Asa des présents qui ressemblaient fort àdes tributs. Il renonça pour ce motif à l’amitié de Baasa, roi d’Israël, envahit ses États, et le contraignit à laisseren paix Asa et à évacuer la forteresse de Rama, queBaasa avait construite sur le territoire de Juda. III Reg., xv, 16-21; II Par., xl, 1-5.

2. BÉNADAD II, contemporain d’Achab, d’Ochozias etde Joram, rois d’Israël (917-885), fut mis en déroute parAchab sous les murs de Samarie, qu’il assiégeait à la têtede trente-deux dynastes syriens, ses vassaux. Vaincu denouveau et fait prisonnier à Aphec (suivant quelques-unsAphec dans la plaine de Jezraël; suivant d’autres, Aphecau delà du lac de Tibériade; voir Aphec 5, col. 730), ilsut le fléchir et en obtenir une paix honorable, dont iln’observa pas toutes les conditions. Il refusa de rendrela ville de Ramoth de Galaad, au siège de laquelle Àchabpérit trois ans après, sous les yeux de son allié Josaphatde Juda. Sous Joram, Bénadad II assiégea de nouveauSamarie, et lui fit endurer toutes les horreurs de la famine; mais il vit sa proie lui échapper des mains, comme

l’avait prédit Elisée, à cause d’une terreur nocturne quidissipa son armée. Il mourut peu après à Damas, étouflëj.sur le lit où il gisait malade, par Hazaël, un de ses-offr*.ciers, qui lui succéda. III Reg., xx, 1-34; xxil, 1.-37; IV Reg., vi, 8-33; vu; iii, 7-15; II Par., xviii. —Tels sont les renseignements de la Bible sur Bénadad IL..Les assyriologues, se fondant sur la leçon des Septant&.(bén Ader = fils d’Ader), ont cru le retrouver sous^ui»;

nom |» -*-J~.4— JJ-dî^-J tEr-41 *-]<, qu’ils ontlu successivement Bin-idri (lecture qui n’a plus guèreîde partisans), Raman-idri, Dad-idri, dans les inscriptionsde Salmanasar II, roi de Ninive de 860 à 825, suivantla chronologie assyrienne. Cuneiform Inscriptions*of Western Asia, t. iii, pi. 8, lig. 90. L’hypothèse n’a; pas cessé d’être admise, malgré la grande ressemblance» de Dad-idri avec Adadézer, parce que les mêmes inscriprtionsmentionnent une fois, comme allié de Dad-idri, contre les Assyriens, un Ahabbu Sir’alai, «Abahba: du pays de Sir’al,» identifié par eux avec Achab d’Israël.Dans cette supposition, Bénadad ou Dad-idri, avec douzerois alliés, fut défait trois fois par les Assyriens: en 854, .à Carcar, sur l’Oronte, où Achab figure avec lui; eu 849, dans le pays d’Amath, également sur l’Oronte, et en.84&, .on ne sait en quel endroit. L’alliance ntomentanée d^Achato.et de Dad-idri devrait se placer dans l’intervalle de poix, qui suivit la bataille d’Aphec. Il s’ensuit de là, entre la» Bible et les monuments assyriens, une divergence de; dates dont il sera parlé à l’article Chronologie biblique..On trouvera les textes de Salmanasar II relatifs à Dad-idri*, transcrits en caractères latins et traduits, dans Schrader, Die Keilinschriften und dos Alte Testament, 2? édit., , p. 193-203. Voir Achab.

3. BÉNADAD III, fils et successeur du roi Hazaël dontil a été question ci-dessus, n’est connu que pour avoieété vaincu trois fois par Joas, roi d’Israël (848-825), et forcéJe lui restituer les villes enlevées à son père Joachaipar: Hazaël. IV Reg., xiii, 24, 25. Cf. Amos, i, 4; Jer., xlixv 27;

A. Delattre.

    1. BEN - AMMI##

BEN - AMMI (Bén-’ammi), nom, dans le textehébreu, Gen., xix, 38, du fils de Lot que la Vulgateappelle Ammon. Voir Ammon 2, col. 489.

    1. BEN-ASCHER##

BEN-ASCHER, Juif massorète du commencementdu x° siècle, appelé par les uns Aaron, par d’autresMoïse, oh encore Aaron ben Moschéh. Grætz, Histoiredes Juifs, trad. Bloch, in-8°, Paris, 1888, t. iii, p. 348’, en distingue deux, l’un nommé Moschéh Bèn-Ascher, et l’autre, son fils, Aaron Ben-Ascher, qui tous les deuxauraient travaillé à la ponctuation de la Bible. Voir, pourAaron Ben-Ascher, Aaron 11, col. 11. E. Levesque.

    1. BENCE Jean##

BENCE Jean, né à Rouen en 1568, mort à Pariaen 1642, docteur de Sorbonne. Il fut, lors de l’institutionde l’Oratoire, en 1611, l’un des six premiers compagnonsdu P. de Bérulle, qui l’employa à diverses fondations enprovince. En 1631, il revint à Paris et y demeura jusqu’àsa mort. On a de lui: Manuale in sanctum Jesu ChrwtiEvangelium, 2 in-12, Lyon, 1626; Manuale in ortmesD. Pauli apostoli Epistolas itidem in septem Epistolascatholicas,% in-12, Lyon, 1628. Ces deux ouvrages, quieurent l’un et l’autre plusieurs éditions, renferment unextrait succinct de ce qui a été dit de meilleur suw leNouveau Testament, tant par les Pères que par les interprètesplus modernes. Richard Simon, Commentateurs’, Rotterdam, 1693, p. 650, remarque que le P. Bencesœvit «pied à pied le commentaire d’Estius». Il ajoute que seslivres peuvent être utiles à ceux qui commencent à- étudierle Nouveau Testament. — À la fin du premier ou-.vrage se trouvent quelques pages d’excellents conseils, intitulés: Modus meditandi Evangelia et totam SacrantScripturam. A. Incold. 1575 BEN-DAVID — BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR LES ÉCRITURES 1576

    1. BEN-DAVID Lazare ou El’asar ben David##

BEN-DAVID Lazare ou El’asar ben David, auteurjuif, né à Berlin le 18 octobre 1764, mort dans cette villele 28 mars 1832, directeur de l’école Israélite. Ses œuvresscripturaires sont: 1° Vber die Religion der Hebrâer vorM oses, in-8°, Berlin, 1812; 2° Vber den Glauben derJuden an einen kûnftigen Messias, d’après Maimonîdeet les cabalistes, paru dans la Zeitschrift fur die Wissenschafldes Judenthums, in-8°, Berlin, 1823, p. 197-230; Uebergeschriebenes und mûndliches Gesetz (als i Kapitelder Vntersuchungen ûber den Pentaleuch), paru danslà même revue, 1823, p. 472-500. E. Levesque.

    1. BENDÉCAR##

BENDÉCAR (hébreu: Bén-déqér, «fils de Déqér oufils de la pique;» Septante: vh( Âaxip), un des douzeintendants de Salomon. Son pouvoir s’étendait sur Maccès, Salébim, Bethsamès, Élon et Béthanan. III Reg., iv, 9.Il paraît être désigné par le nom de son père, commecinq de ces intendants. Bén-déqér pourrait cependantiormer un nom propre.

    1. BÉNÉDICTINS##

BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR LES

SAINTES ÉCRITURES. Cet ordre fut fondé par saintBenoît, abbé, mort en 543, dans le monastère du Mont-Cassinqu’il avait tonde vers 529 et où il écrivit la règlecélèbre qui lui a valu à juste titre le nom de patriarchedes moines d’Occident. S’inspirant des traditions et desrègles monastiques de l’Orient, il recommande a ses disciplesla lecture quotidienne, l’étude et la méditation del’Écriture Sainte, qui est d’après lui la règle la plus sûrepour toute vie humaine. Les disciples du saint patriarchese montrèrent iidèles à ses prescriptions, et dans tousleurs monastères, à toutes les époques, ils mirent leurgloire à posséder de beaux et corrects manuscrits desLivres Saints, que quelques-uns copiaient avec piété, tandis que d’autres les expliquaient en s’appuyant sur lescommentaires qu’en avaient faits les docteurs orthodoxes.

Saint Grégoire le Grand professa la vie monastique dansle monastère de Saint -André qu’il avait fondé sur lemont Cœlius. Apocrîsiaire à la cour de Constantinople, Souverain Pontife, il ne cessa d’étudier les Saintes Écritures; il écrivit ses Morales sur Job, ses Homélies surÉzéchiel, sur les Evangiles, etc.

Ce fut ce pape qui envoya Augustin, disciple de saintBenoit, prêcher la foi dans la Grande-Bretagne, et cetapôtre avec ses compagnons porta dans cette île, avecla lumière de l’Évangile, l’amour et l’intelligence de nosLivres Saints. Saint Adelme, abbé de Malmesbury, puisévêque de Sherborne, était très versé dans la connaissancedes langues grecque et hébraïque; il traduisit le psautieren ani, losaxon, et son érudition paraissait prodigieuseà sesconlemporains; aussi de l’Irlande, de l’Ecosse etmême des Gaules, les disciples venaient-ils se ranger enfoule autour de la chaire où il expliquait les Écritures.Saint Jean de Beverley, archevêque d’York, commentaitles Évangiles, mais son plus beau titre de gloire est d’avoirété le maître du V. Bède. Celui-ci, qui avait eu égalementpour maîtres deux moines très versés dans la science desSaintes Lettres, Benoît Biscop et Céolfrid, consacra tousses efforts à l’intelligence de nos livres sacrés, et commeil le dit lui-même, après l’observation de la règle et l’accomplissem*ntde l’office divin, rien ne lui était plusagréable que d’enseigner ou d’apprendre les Saintes Écritures.Il avait une sœur religieuse, et ce fut à sa prièrequ’il composa son traité sur Habacuc. Les moniales, eneffet, faisaient alors de l’étude des Livres Saints unede leurs occupations habituelles. Toutes connaissaient lalangue latine, et il n’était pas rare d’en rencontrer qui possédassentparfaitement les langues grecque et hébraïque.Le moine Winfrid, dans ce même pays, avait enseigné lesSaintes Lettres aux moniales, et lorsque, sous le nom deBoniface, il alla prêcher la foi en Germanie, il fit venir aumilieu des nations païennes des vierges consacrées auSeigneur qui lui furent d’un grand secours dans ses

missions Archevêque de Mayence, ii implora de la charitédes amis qu’il avait laissés en Angleterre les Commentairesdu V. Bède, des copies des Livres Saints, que lesmoines de la Grande-Bretagne et d’Irlande exécutaient d’unemanière remarquable. Il laissa lui-même un manuscritdes Évangiles, écrit de sa main, qui est conservé dans laBibliothèque de Fulde (n° 3). Il fut mis à mort dans laFrise, en 747. À la fin de ce même siècle nous trouvonsen Italie, saint Ambroise Autpert, abbé de SaintVincent-du-Vulturne, qui dédia au pape Etienne IV son Commentairesur l’Apocalypse.

De la Grande-Bretagne vint en Gaule, à la fin duvme siècle, le savant Alcuin, auquel Charlemagne confiala direction de l’école palatine, et qui fut placé par cemême prince à la tête de plusieurs abbayes importantes.Ses éditions corrigées de la Vulgate sont célèbres. Parmises disciples nous remarquons Haymon d’Halberstadt etRhaban-Maur, abbé de Fulde, puis archevêque de Mayence, qui dès l’âge de dix-huit ans s’était adonné à l’étude dela Bible. À cette époque le monastère de Fulde comptajusqu’à deux cent soixante-dix moines, presque toustrès versés dans la science des Écritures, et à cette abbayeaccouraient des religieux étrangers désireux d’apprendresous de tels maîtres à connaître et à aimer nos SaintsLivres. Nommons parmi eux Harmut de Saint-Gall, Angelomnede Luxeuil, Loup de Ferrières, Otfrid de Weissembourget Walafrid Strabon de Reichenau, qui le premiernous a laissé sur toute l’Écriture Sainte une gloseformée des textes des anciens docteurs.

Les écoles des abbayes prennent un grand développement, et tout l’enseignement y repose sur l’interprétationdes Saintes Écritures. Aussi presque tous les religieuxque nous allons avoir à mentionner eurent-ils à remplirles fonctions d’écolâtre. À Corbie mourait, en 860, l’abbéPaschase Ratbert, qui, passionné pour l’étude, connaissaitle grec et l’hébreu, commentait les Livres Saints d’aprèsla tradition et recommandait à tous la méditation de laBible: puer ut crescat, senex ne deficiat. Parmi lesmoines de Corbie à cette époque, nommons Ratramne etChrétien Druthmar qui enseigna à Stavelot et à Malmédy.L’abbaye de Saint -Mihiel en Lorraine est gouvernée parSmaragde auquel nous devons plusieurs commentaires.En Suisse, dans le célèbre monastère de Saint-Gall, brille Notker qui eut parmi ses disciples Hatpert et Salomon, évêque de Constance, auquel il dédia son livre: De exposiloribus Sacrx Seripturx. Quelques années plustard et non loin de là enseignait le moine Meinrad, queTrithème, non sans exagération, compare à saint Jérôme.En Allemagne, Jean, abbé de Gorze, ne cessait d’étudiernos Saints Livres à l’aide des écrits de saint Grégoire, et il était arrivé à posséder presque entièrement dans samémoire les œuvres de ce docteur.

Pendant le XIe siècle, qui vit l’Église romaine soutenueet défendue par les moines de Cluny, l’ordre de Saint-Benoitse divisa en plusieurs familles. Saint Romuald fondales Camaldules; saint Jean Gualbert, Vallombreuse; saintEtienne de Muret, Grandmont; Robert d’Arbrissel, Fontevrault, et saint Robert de Molesmes les Cisterciens, qu’illustrerabientôt saint Bernard. Laissant de côté les religieuxde ces divers ordres, nous ne parlerons ici que deceux qui ont été appelés les moines noirs, et qui formentla branche la plus ancienne du vieux tronc bénédictin.

En 1012, le V. Olbert, moine de Lobbes, était appeléà gouverner le monastère de Gembloux; la discipline yétait bien relâchée, et pour établir une solide réforme, lesaint abbé ne crut pouvoir mieux faire que de faire revivredans son abbaye l’étude des Saintes Écritures. En 1034, le chevalier JJeriuin fonda le monastère du Bec et endevint le premier abbé. Se souvenant de ces paroles dela règle: Opportet abbatem esse doctum in lege divina, bien qu’âgé de quarante ans, il se mit à étudier la grammaireet il fit de tels progrès, que bientôt, Dieu aidant, ilput expliquer l’Écriture Sainte à ses disciples émerveillés. 1577

    1. BÉNÉDICTINS##

BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR; LES ÉCRITURES

1578

Sous son gouvernement; le B. Lanfranc exerçait lesfonctions de prieur, et il ouvrit des écoles qui, célèbresdans toute la chrétienté, attirèrent au Bec saint Anselmequi, en 1093, devint archevêque de Cantorbéry. Ce fut surles conseils du B. Lanfranc que Guibert de Flaix, plustard abbé de Nogent, se mit à étudier les Écritures enprenant pour guide saint Grégoire le Grand. Le B. Wolphème, abbé de Brauweiler, près de Cologne, reconnaissantque rien n’était plus utile à ses religieux que la connaissancedes Livres Saints, ordonna que dans sonmonastère chaque année la Bible en entier serait lue unefois et les Saints Évangiles quatre fois. C"est à une penséeanalogue qu’obéit dom Claude Lancelot, publiant en1689 un ouvrage sous le titre de Nova dispositio SanctseScriptural qua illa per annum intégra legi potest. Mentionnonsencore dans la dernière partie de ce siècle, Fulgence, fondateur et abbé d’Afllighem, Alulphe, moinede Saint-Martin de Touruay, et saint Anselme, évêque deLucques.

Au XIIe siècle, comme aux époques précédentes, lesmoines chargés d’enseigner ce que nous appelons la théologiedogmatique ou morale le font encore en commentantles Livres Sacrés dont ils expliquent le texte à l’aidedes docteurs qui les ont précédés. Cependant le célèbreAbélard se plaint de ce que les religieux n’apportent plusle même zèle à la méditation des Saintes Écritures.D’autres études les préoccupent, et l’enseignement vabientôt prendre une nouvelle forme. Il nous faut toutefoismentionner les noms d’Osbern de Glocester et deRodolphe l’Aumônier, moine de Westminster en Angleterre.En Italie, nous rencontrons Brunon, évêque deSegny, puis abbé du Mont-Cassin; en Gaule, Richard desFourneaux, abbé de Préaux; Arnaud, moine de Marmoutier, puis abbé de Bonneval, au diocèse de Chartres; Hervé de Bourgdieu; Guibert, abbé de Florennes, puis deGembloux; Pierre de Celle, évêque dé Chartres; en Allemagne, Wolberon, abbé de Saint-Pantaléon de Cologne; Godefioi d’Admont et Rupert de Deutz, qui commentapresque tous les livres de la Bible et traça à ses religieuxles règl es à suivre dans l’interprétation des Saintes Écritures.Pendant le xme siècle, qui vit cependant naître les ordresde saint François et de saint Dominique, la décadence desétudes dont se plaignait Abélard ne fait que s’accroître, . et est accompagnée presque partout d’un relâchement delàdiscipline monastique. Voulant remédier aux désordresqui s’étaient glissés dans les cloîtres, Henri de Fautrières, élu abbé de Cluny en 1308, promulgua des statuts importantspour son monastère et les nombreux prieurés quien dépendaient. Il y insiste sur la dignité, l’utilité et lanécessité de la méditation des Livres Saints, et il ne considèrel’étude de la logique et de la philosophie que commeun moyen d’approfondir davantage le texte sacré. Lesœuvres de sainte Gertrude et de sainte Mecthilde nousprouvent cependant que l’étude de la Bible était encoreen honneur dans un certain nombre de monastères, mêmeparmi les vierges consacrées. En France, Pierre Bersuirepublie son Reductorium morale utriusque Testamentiet son Commentaire sur les Psaumes. En Angleterre, nous devons mentionner Jean de Tinemoufh, moine deSaint-Alban; Roger et Jean Everisden, moines d’Edmundsljury; Casterton, moine de Norwich et le cardinal AdamEston, qui, entre autres travaux, traduit de l’hébreu enlatin tout l’Aucien Testament.

Un grand nombre de monastères, s’étant réformés, donnèrentnaissance à de nouvelles congrégations. En 1408, se forma dans l’abbaye de Sainte -Justine celle qui pritplus tard le nom du Mont-Cassin, et en 1417, Jean deMeden commença à Bursfeld une réforme qui s’étendità plus de cent cinquante monastères. À la fin de ce siècle, le pieux et savant Trithème était élu abbé de Spanheim.Dès son entrée dans la vie monastique, nous dit-il, rienne lui fut plus agréable et plus suave que l’étude du textesacré. Il s’efforça, par son exemple et ses exhortations,

d’amener ses religieux à la méditation dés Saintes Écritureset d’établir ainsi une sage réforme dans son abbaye.

Si nous devions nous en rapporter aux protestants, lorsque parut Luther, l’étude de la Bible n’aurait guèreété en honneur. Cette accusation est fausse. Cependantle cardinal Stanislas Hosius remarquait en gémissant qu’ilavait rencontré des religieux qui ne connaissaient queThomas et Scott et ne trouvaient pas l’Écriture Sainte digned’une étude sérieuse. Ces reproches ne pouvaient s’adresserà tous les monastères, mais il est vrai que lesattaques de l’hérésie contre l’Église romaine ramenèrentà une étude plus approfondie du texte sacré et de la traditioneeux qu’un amour exagéré pour la forme scholastiqueen avait éloignés. En 1536, un concile tenu à Cologneordonna d’enseigner dans les monastères l’Écriture Sainteà tous les jeunes religieux, et ceux qui montraient leplus de goût pour cette étude devaient être déchargésde certains emplois moins relevés. Le concile de Trente, dans sa cinquième session, rendit un décret analogue etde plus donna aux évêques le droit d’intervenir, commedélégués apostoliques, dans les monastères où ces prescriptionsne seraient pas observées. Marc de Crémoneenseignait alors avec succès dans la congrégation de Sainte-Justineou du Mont-Cassin, qui eut à se glorifier de compterparmi ses membres Isidore Clarius, une des lumières duconcile de Trente, Benoît Bonsignorius, Jean-BaptisteFolengius et Benoît de San-Germano. En Espagne, FrançoisRuiz, abbé de Saint-Facond, donne, d’après les Pèresgrecs et latins, les règles qui doivent présider à l’interprétationde l’Écriture Sainte, et Jérôme Lauret, abbéde Saint-Félix de Guixol, publie son Hortus floridus À llegoriarum, si utile pour ceux qui à l’étude du sens littéralveulent joindre celle du sens allégorique. En France, Gilbert Genebrard publie et commente l’Ancien et le NouveauTestament, et dans les Flandres le V. Louis de Blois, abbé de Liesse, recommande à ses religieux la méditationdes Livres Saints, où ils trouveront toutes les consolationsdont ils peuvent avoir besoin. Il leur conseille d’y joindrela lecture des Pères et surtout celle des œuvres de saintAugustin.

Dans les premières années du xvii" siècle prit naissance, en Lorraine, la congrégation de Saint-Vanne et de Sajnt-Hydulphe, approuvée par Clément VIII, en 1610. Des monastèresde France se soumirent à ses observances, etainsi se forma pour ce pays la congrégation de Saint-Maurque lés papes Grégoire XV et Urbain VIII approuvèrenten 1621 et 1627. Ses membres joignirent à une observancerigoureuse un grand amour pour l’étude, et lascience sacrée leur doit une grande reconnaissancepour les éditions des Pères de l’Église qu’ils publièrent.Mabillon édita saint Bernard; D. Blampin, avec plusieursde ses confrères, saint Augustin; D. Jacques du Frische, saint Ambroise; D. Denis de Sainte - Marthe, saint Grégoirele Grand. Saint Irénée eut pour éditeur D. Massuet; saint Jean Chrysostome, D. Montfaucon; saint Basile, D. Maran et D. Garnier; Origène, les PP. Charles etVincent de la Rue; saint Jérôme, Martianay, etc. Enmême temps d’autres religieux se livraient à des travauxd’exégèse. D. du Four se faisait connaître comme hébraïsant; D. Mège publiait une explication des psaumes tiréedes SS. Pères; D. Martianay défendait dans de savantsécrits le texte hébreu et la Vulgate contre les attaquesdes protestants, et s’occupait de la chronologie biblique; D. Montfaucon recueillait et publiait tout ce qui nousreste des Hexaples d’Origène; D. Pierre Sabathier éditaitavec soin l’ancienne version «Italique», et D^ Ansartdonnait, en 1769, un commentaire sur le Cantique descantiques. Dans la Congrégation de Saint -Vanne et deSaint-Hydulphe, qui compta un moins grand nombre demonastères, nous rappellerons les noms de Matthieu Petitdidier, évêque de Macra, auteur de dissertations chro-’nologiques sur tous les livres de l’Ancien Testament; deLouis Riclot, commentateur des Épîtres; de Pierre GuilW39 BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR LES ÉCRITURES — BÉNÉDICTION 1580

femin, d’Ildephonse Cathelinot et enfin de dom Calmet, .abbé de Senones, auteur d’un Dictionnaire de la Bible, d! un commentaire littéral de l’Ancien et du Nouveau-Testament, et de dissertations sur tous les livres deEÉcriture. Parmi les religieux de notre pays étrangers àees congrégations, nommons Jacques du Breuil, éditeurtde-saint Isidore de Séville, Claude Lancelot, moine de-Saint-.Cyran, Jean d’Espières, prieur d’Anchin, et, enfElandre, Hubert Phalesius d’Affïighen.

IEn Angleterre, nous rencontrons Léandre de Saintâlartin, président de la congrégation anglaise, un desprincipaux éditeurs de la Bible de Douai et de la Glossaordinaria. L’Espagne nous fournit Antoine Perez, qui, dermoine de Saint-Dominique de Silos, devint évêque delarragone, François de Lemos, abbé de Sainte -Zoïle, etEmmanuel Villaroël; tous ces religieux appartenaient à

: 1a congrégation de Valladolid. En Portugal, nommons

Français Sanchez, commentateur de l’Ecclésiaste, et GrégoireISaptista. La florissante congrégation des Saintsfvngesde Bavière compte parmi ses membres ThomasErhard, Verémond Eisvogel, Célestin Leutner, moinesAe Wessobrunn; Moser Nonnosus, abbé d’Attel; Braun, moine de Tegernsee; Louis Beda de Banth et Schwickardtd’Qttenburen. Léonard Rubenus, de la congrégation dejfîuFsfeld, est auteur d’un Dictionnaire biblique. FrançoisrMezger avec ses frères et Godefroi Kroël font professionde la vie monastique à Saint -Pierre de Salzbourg, et

: Starm Bruns à Fulde. Dans le grandduché de Bade nous

trouvons Germain Cartier, moine d’Ettenheimmunster, set: £n Autriche, Jérôme Besange et Placide Fixmillner, moines de Kremsmunster. En Italie, Jean-Antoine Orsatit est nommé par la république de Venise professeur d’Écri.tare Sainte; Jérôme Bendanus enseigne à Padoue, et lenombre de ses auditeurs est si considérable, qu’il estcontraint de transporter sa chaire dans la cathédrale.Virginius Valsechius professe à Pise et Benoît Bacchinim.Bologne. Tous ces religieux faisaient partie de la congrégationdu Mont-Cassin.

.La tourmente révolutionnaire préparée par les philosophesse répandit de la France dans presque tous lespays de l’Europe. Elle renversa les monastères, en chassales habitants et dispersa les trésors amassés pendant delongs siècles dans les bibliothèques des abbayes de l’ordrede: Saint-Benolt. La vie bénédictine ne disparut pas cependantcomplètement et, la tempête passée, les monastèresse relevèrent ou reprirent une nouvelle vie. En Autriche, où l’ordre de Saint -Benoit avait moins souffert, nousîsemarquons un assez grand nombre de religieux qui dansles monastères de Martinsberg, de Kremsmunster, de.Môlk, de Saint-Pierre de Salzbourg, publient des traitésrd’Herméneutique sacrée. En Allemagne, Haneberg, abbéde-Saint-Boniface de Munich, puis évêque de Spire, publieune histoire de la Révélation biblique, un traité d’archéo: logie biblique et un commentaire sur saint Jean, et dom-Maur Wolter, abbé et fondateur de la congrégation déJBeuron, donne, sous le titre de Psallite Sapienter, unrpieux et savant commentaire des Psaumes. D. AnselmeNickes publie, à Rome, des Commentaires surEsdras et surrE&theT; D.Fr. de Sales Tiefenthal, à Einsiedeln, des Commentairessur le Cantique des cantiques, l’Apocalypseet Daniel; D. Petrus Lechner, en Bavière, des explicationsdes Jïvangiles; D. Pius Zingerle se fait remarquer àMarienberg par ses travaux érudits; D. Odilo Wolf, àImaus, en Bohême, par une étude sur le Temple deJérusalem (1887); les religieux de Maredsous donnent àTournai, Une bonne édition de la Vulgate latine, en 1881et 1885, etc.

Jusqu’à nos jours, le XIXe siècle, si agité par les révolutions, n’a fourni, parmi les Bénédictins, qu’un nombrefort restreint de commentateurs. Ils doivent trop souventvaquer à d’autres travaux que réclament d’eux le salutdes âmes et la défense des droits de la sainte Église.Fidèles à la devise de leur glorieux patriarche: Ut in

omnibus glorificetur Deus, s’ils ne veulent rien ignorerdes découvertes de la science moderne, ils savent cependantsuivre les exemples de ceux qui les ont précédés etpuiser dans les docteurs orthodoxes et dans la traditionles règles de l’interprétation de la Sainte Écriture. — Voirdom Tassin, Histoire littéraire de la congrégation deSaint-Maur, in-4°, Paris, 1770. — D. François, Bibliothèquegénérale de tous les écrivains de l’ordre deSaint-Benoît, 4 in-4°, Paris, 1777. — Ziegelbauer, Historia rei litterariee ordinis sancti Benedicti, 4 in-f°, Vienne, 1754. — Hurter, Nomenclator litt. iheologixcatholicæ, 3 in-12, Inspruck, 1873-1886. — Scriptoresordinis sancti Benedicti qui (1750-1880) fuerunt in irnperioAustriaco-Hungarico, in-4°, Vienne, 1881.

B. Heurtebize.

1. BÉNÉDICTION, BÉNIR. Le mot «bénir» est latraduction de l’hébreu bêrêk dans l’Ancien Testament, dugrec EÙXoyeïv, «dire bien,» dans le Nouveau. Ces deuxverbes sont ordinairement rendus dans notre Vulgate parbenedicere, d’où nous avons fait en français «bénir».

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Le mot bârak, dansson sens primitif et étymologique, signifie «fléchir lesgenoux»; il est employé avec cette signification II Par., vi, 13, où il est dit que Salomon: ibrak’al birkâv, «tom basur ses genoux.» Voir aussi Ps. xcv (Vulgate, xciv), 6; Dan., vi, 11. — Gen., xxiv, ll, ilseditdes chameaux qu’onfait agenouiller. Le substantif bérék signifie «genou».

2° Comme, chez les Hébreux, on se mettait à genouxpour honorer Dieu, II Par., vi, 13; Ps. xçv (Xciv), 6; Dan., VI, 11; cf. Matth., xvii, 14, on donne fréquemment dansl’Écriture au verbe bêrêk quhel de bârak), en l’appliquantà Dieu, le sens de l’invoquer, de le louer et de l’adorer.Exod., xviii, 10; II Sam. (Reg.), xviii, 28; I (III) Reg., i, 48; viii, 15; I Par., xxix, 20; Ps. (hébreu) xvi, 7; xxvi, 12; xxxiv, 2; lxiii, 5; lxvi, 8; ciii, 1, 2; civ, 1, 35, etc.

3° Du sens de «bénir Dieu» on passa par analogie ausens de «bénir les hommes», — 1. En dépit du sens étymologiquedu mot, «fléchir les genoux,» bêrêk, ou pihel, se dit souvent dans l’Écriture de Dieu répandant ses bienfaitssur les hommes et sur toutes les créatures. C’est ainsiqu’après la création Dieu «bénit» les êtres qu’il vient deproduire, Gen„ i, 22, 28, et, après le déluge, Noé et sesenfants, Gen., îx, 1, en leur disant: «Croissez, multipliez-vous.» Il «bénît» de même les patriarches, Abraham, Gen., xii, 2-3; xxii, 17; xxiv, 1; Isaac, xxvii, 16; cf. Hebr., xi, 20; Jacob, Gen., xxxv, 9; Laban, xxx, 27; les enfants d’Israël, Deut., i, 11; xii, 7; Ps. xxviii (xxix), 11; Putiphar à cause de Joseph, Gen., xxxix, 5; Samson, Jud., xiii, 24; Job, xlii, 12, etc. De là les noms propres: Betruch, «béni [de Dieu],» en latin, Benedicius, dontdont nous avons fait Benoît; Barachie, «Jéhovah bénit;» Barachiel, «Dieu bénit.» — Cette bénédiction de Dieus’applique même aux choses inanimées, parce qu’il s^’ensert ainsi pour l’exécution de ses desseins et l’accomplissem*ntde ses volontés: c’est pourquoi il bénit le sabbatou septième jour, Gen., ii, 3; le pain et l’eau, Exod., xxiii, 25; les œuvres de Job, i, 10; la maison du juste, Prov., iii, 33, etc. — 2. Par suite de cette manière deparler, lorsque les hommes souhaitent du bien à quelqu’un, ils forment le vœu qu’il soit béni par le Seigneur: «Qu’Abraham soit béni par le Dieu Très-Haut,» dit Melchisédech.Gen., xiv, 19. Noémi s’exprime de même ausujet de Booz, Ruth, ii, 20; Saül au sujet de Samuel, I Reg., xv, 13, etc. Sur le mont Garizim, six tribus «bénissent» ceux qui seront fidèles à là loi. Deut., xxvii, 12; Jos., VIH, 33-34. Quand on veut remercier un homme d’unbienfait, on lui souhaite la bénédiction de Dieu. I Reg-, xxiii, 21; xxvi, 25; II Reg., ii, 5; II Esdr., xi, 2, etc. Delà le sens de «prier» attaché au mot «bénir,» Exod., xii, 32; celui de «saluer», c’est-à-dire souhaiter la paix, qui est un don de Dieu, II (IV) Reg., iv, 29 (saintes, commea traduit exactement la Vulgate); Prov., xxvii, 14; I Sam.(Reg.), xxv, 14, cf. }. 6; I Par., xvi, 43. Celui qui arrive -1581

BENEDICTION

1582 «bénit», c’est-à-dire salue celui qu il visite, comme Jacob, le pharaon. Gen., xlvii, 7. Cf. II Sam. (Reg.), vi, 20. Lesalut est rendu de la même manière. I Sam. (Reg.), xii, 10.Au départ, on fait encore la même chose, soit celui qui part, Gen., xl vii, 10; I (III Reg.), viii, 66; soit ceux qui restent, Gen., xxiv, 60 (Vulgate: imprecantes prospéra); Jos., xxii, 6-7; II Sam. (Reg.), xra, 25; xix, 40 (Vulgate, 39). —La «bénédiction de Dieu», berâkâh, exprime donc «safaveur» et les dons, les bienfaits divins qui en sont la conséquence.Gen., xxviii, 4; xxxix, 5; xux, 25, 26; Exod., xxxii, 29; Deut., xxxiii, 23; Ps. iii, 9; xxm (xxrv), 5; lxxxiii, 8 (lxxxiv. 7); cxxviii (cxxix), 8; Prov., x, 6, 22; xxviii, 2; Is., xix, 24; xliv, 3; lxv, 8; Ezech., xxxiv, 26; Joël, ii, 14, etc. — Naturellement «maudire» et «malédiction» sont opposés à «bénir» et «bénédiction», etsignifient, le premier «souhaiter du mal», et le secondles maux mêmes qui résultent ou peuvent résulter de cesmauvais souhaits. Deut., xxvii, 13-26; Jos., viii, 34, etc.

4° De même que Dieu «bénit» les hommes, les hommesqui le représentent sur la terre, cf. Hebr., vii, 7, par l’autoriténaturelle, religieuse ou civile dont ils sont revêtus, tels que les pères de famille, les prêtres, les rois, «bénissent» leurs enfants, leurs frères ou leurs sujets au nom duSeigneur. Cf. Ps. cxxviii, 8. — 1. C’est ainsi qu’Isaac «bénit» Jacob, Gen., xxviii, 4, 7, 10, 27; xxvii, 3-4, et queJacob bénit à son tour ses enfants, Gen., xlviii, 9; xlix, 26, sur son lit de mort. Moïse bénit également les tribusd’Israël avant de monter sur le mont Nébo pour y rendreson àme à Dieu. Deut., xxxiii, 1. Ces bénédictions despatriarches sont en même temps des prophéties de ce quidevait arriver à leurs descendants. — 2. Le prêtre bénitle peuple au nom du Seigneur, en se servant de la formuleque Dieu lui-même a prescrite à Moïse: «Jéhovahparla à Moïse, disant: Ordonne à Aaron et à ses fils: Vousbénirez ainsi les enfants d’Israël et vous direz: Que Jéhovahte bénisse et qu’il te garde! Que Jéhovah te montreson visage [te regarde avec bienveillance]! Qu’il ait pitiéde toi! Que Jéhovah tourne vers toi son visage et qu’ilte donne la paix! — C’est ainsi qu’ils invoqueront monnom sur les enfants d’Israël, et je les bénirai.» Num., vi, 22-27. Cf. Lev., ix, 22-23; I Reg., ii, 20; I Par., xxiii, 13; II Par., xxx, 27; Eccli., xxxvi, 19; Luc, I, 21. La bénédictionsacerdotale se compose de trois supplications danschacune desquelles le nom de Jéhovah est expressémentinvoqué. Elles renferment, dans le texte original: la première, trois mots; la seconde, cinq, et la troisième, sept.La bénédiction de Jéhovah doit ainsi assurer à l’homme: 4° la protection, 2° la bienveillance divine, 3° la paix, qui est comme le résumé de tous les biens, dont ellepermet de jouir tranquillement. Ces quelques paroles, quirappellent si bien à l’homme sa dépendance envers sonCréateur, sont comme le germe fécond d’où sont sortiestoutes les bénédictions de la liturgie chrétienne. Cf. Constit.apost., Il, 57, Patr. gr., t. i, col. 757. Elles sontd’autant plus dignes de remarque, que le monde païen, avant et après Jésus-Christ, n’a rien qui puisse leur êtrecomparé; il avait des souhaits, des salutations solennelles, des consécrations; il avait même l’opposé de la bénédiction, c’est-à-dire la malédiction et l’imprécation, mais iln’a jamais connu cette bénédiction elle-même donnée aunom de Dieu. — 3. Salomon bénit le peuple au nom deDieu, lors de la dédicace du temple, III Reg., viii, 14-15, 55-61; Ralaam bénit aussi Israël sur l’ordre du Seigneur.Num., xxiii, 11, cꝟ. 20; xxiv, 1.

5° Dans un petit nombre de passages de l’Écriture, «bénir», d’après l’explication la plus commune, s’emploiepar euphémisme dans l’acception de «maudire Dieu, l’offenser, blasphémer». Job, i, 5, 11; i, 5, et probablementaussi, ii, 9; I (III) Reg., xxi, 10; Ps. x, 3 (hébreu).

IL Dans le Nouveau Testament. — 1° Le mot eùXoYeïv, qui correspond dans le Nouveau Testament au mot bêrêkde l’Ancien, et qui est aussi rendu dans la Vulgate parbenedicere, Luc, i, 42, etc., signifie dans le grec classique.* parler en bien de quelqu’un ou de quelque chose, louer». Dans la langue des Apôtres, il a le même sensque bêrêk. Les Septante s’étaient déjà servis de ce motpour traduire cette expression hébraïque; de même, Phi-Ion.EùXoyeïv, choisi parce qu’il signifiait «louer», commebêrêk, a pris ainsi un sens nouveau dans les livres de l’Écriture.Il veut dire «louer» Dieu, conformément à sa significationgrecque, comme le bêrêk hébreu, Luc, i, 64, 68; ii, 28; xxiv, 53; Jac., iii, 9. Il veut dire de plus, dans une acceptionpurement biblique, inconnue aux auteurs classiques, «souhaiter que Dieu fasse du bien, bénisse quelqu’un».Matth., v, 44; Luc, ii, 34; vi, 28; Rom., xii, 14; I Cor., iv, 12; xiv, 16; 1 Petr., iii, 9. Jésus-Christ a apporté sur

483.

Jésus bénissant un démoniaque.

Sarcophage de Vérone.

la terre toutes les bénédictions de son Père, Act., iii, 26, EÙXoyÉa, Rom., xv, 29; Eph., i, 3; I Petr., iii, 9; il bénitles enfants (Ti’jXôyei), Marc, x, 16; ses Apôtres, Luc, xxiv, 50, 51, et par sa bénédiction il multiplie miraculeusem*ntles pains et les poissons, Matth., xiv, 19; Marc, vi, 41; vin, 7. Cf. Matth., xxvi, 26; Marc, xiv, 22; I Cor., x, 16; Luc, xiv, 30.

2° Le mot e-jXoyta (Vulgate: benedictio), que les Septanteavaient aussi employé pour traduire berâkâh, «bénédiction,» a dans le Nouveau Testament tous les sensdu mot hébreu dans l’Ancien. — 1. «Louanges» donnéespar les créatures à Dieu ou à Jésus-Chrjst. Apoc, v, 12, 13; vu, 12. — 2. Dans une acception exclusivement biblique, il signifie «bienfait» de Dieu, faveur qu’il accorde. Hebr., .VI, 3-7. Il a le sens de «souhaits, de prière pour demanderdes faveurs et des grâces, de bénédiction patriarcale», Hebr., xii, 17, comme Gen., xxvii, 35 (Septante); Jac., ni, 10. Cf. Eccli., iii, 10, 11; xxxiv, 27; Josèphe, Ant.jud., IV, viii, 44. — 4. Il signifie les «biens» spirituels

de la vocation à la foi, I Petr., iii, 9; Rom, , xv, 29; Eph., I, 3; Gal., iii, 14; cf. Gen., xii, 3. — 5. Par analogie, ildésigne aussi les bienfaits, les dons des hommes enversleurs semblables, les aumônes. II Cor., ix, 5; voir col. 1250.

— 6. EùXoYia est employé une fois par saint Paul, Rom., xvi, 18, dans un sens exclusivement grec, et unique dansl’Écriture, celui de «discours bien composé, élégant». —Pour le «calice ou coupe de bénédiction», I Cor., x, 16, voir Calice.

3° Du verbe eiloytîv est venu le mot purement bibliqueet ecclésiastique eOio-j-titô; (Vulgate: benedictus), qui, dans les Septante, traduit bârûk, participe de bârak.Dieu est appelé par excellence: 6 sûXoyrJToç, Marc, xiv, 61, et cette épithète lui est exclusivement appliquée, Luc, i, 68; Rom., i, 25; ix, 5; II Cor., i, 3; xi, 31; Eph., i, 3; 1 Petr., i, 3.

III. Rites de la bénédiction. — La bénédiction sacerdotaleest accompagnée d’une cérémonie ou signe extérieur.Jacob avait béni les fils de Joseph, Éphraïm etManassé, en posant ses mains sur leur tête. Gen., xlviii, 13-14. Les prêtres de l’ancienne Loi bénissaient les fidèlesen élevant les mains. Mischna, Sota, vii, G; TalmudBabli, Sota, ꝟ. 38 a. Jésus-Christ bénit ses Apôtres de lamême manière. Luc, xxiv, 30. Cf. Matth., xix, 13, 15; Marc, x, 16. Ce rite est passé ainsi dans la Loi nouvelle.Cf. Smith, Dictionary of Christian antiquities, 1. 1, 1875, p. 198. Les monuments des premiers siècles chrétiens représententle Sauveur bénissant d’ordinaire la main étendue.C’est ainsi que sur un sarcophage de Vérone, reproduitpar Maffei, Verona ïllustrata, in-f°, Vérone, 1732, part, iii, col. 53, nous voyons Jésus bénissant de la main un démoniaque(fig. 483). Dès le commencement même du christianisme, les prêtres bénirent semblablement les fidèles. «L’imposition de la main, dit saint Augustin, De bapt., m, 16, t. xliii, col. 149, …est une prière sur l’homme.» Et Tertullien explique cette cérémonie en disant: «Lamain est imposée par la bénédiction, invoquant et invitantl’Esprit -Saint.» De bapt., 8, t. i, col. 1207. Pourles variantes des gestes de bénédiction, voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., 1877, p. 99-100. F. Vigouroux.

2. BÉNÉDICTION (VALLÉE DE LA) (hébreu: ’Êméqberâkâh; Septante: aùXàv tîjç sùXofi’aç; KotXà; E-jXoyioc; ), vallée dans laquelle Josaphat et son peuple se rassemblèrentpour «bénir Dieu», c’est-à-dire le remercier deles avoir miraculeusem*nt délivrés de leurs ennemis, lesMoabites, les Ammonites et les montagnards de Séir: c’est en raison même de cette solennelle action de grâcesqu’elle fut ainsi appelée. II Par., xx, 26. Le nom deïRns, Berâkàh, revit encore aujourd’hui dans celui de

i^jjX) ^, Breikût, village ruiné, situé sur un monticule,

à cinq kilomètres à l’ouest de Teqou’a. (Thécué), près dela grande route qui va de Jérusalem à Hébron. On y voitencore, en partie debout, de nombreuses petites maisonsconsistant en une seule pièce dont la voûte est légèrementogivale, et bâties avec des matériaux irréguliers etde faibles dimensions. On remarque également plusieursciternes, une dizaine de caveaux pratiqués dans le roc, et une enceinte composée de blocs grossièrement taillésen bossage, mesurant vingt - quatre pas de long surquinze de large. C’est, d’après beaucoup d’auteurs, dansune vallée des environs que se serait passée la scènesignalée par le livre des Paralipomènes. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 491; t. iii, p. 275; The Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 311; Van de Velde, Memoir to accompanythe Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 292.Quelques-uns indiquent, dans ce cas, VOuadi Arroub, au sud de Breikût et de Teqou’a. G. Armstrong, W. "Wilsonet Conder, Names and places in the Old and NewTestament, Londres, 1889, p. 26. C’est une vallée fertile,

où, de distance en distance, on aperçoit des puits antiques, quelques-uns bouchés, d’autres ouverts, et où l’eau affleure.On y remarque encore les traces d’un ancien canal recouverthorizontalement par de gros blocs et amenant leseaux de ces sources à un vaste birket, actuellement horsd’usage et à sec

Cependant M. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 153-157, place la vallée de Bénédictiondans les environs de Béni Na’im, village situé à quelquedistance à l’est d’Hébron, et qui s’appelait autrefois

iiijy} jÀJ, Kefr Bereik, nom traditionnel conservé d’âge

en âge concurremment avec celui de Beni-Na’îm, de dateplus récente. Cet endroit est bien, de l’avis des autresvoyageurs, celui que saint Jérôme, Epist. cviii, t. xxii, col. 886, appelle Capliar Barucha, c’est-à-dire «village; de la Bénédiction», le lieu où Abraham implora la miséricordedivine en faveur de Sodome coupable, Gen., xviii T16-22; et d’où, le lendemain de ce colloque mystérieux, il assista de loin à l’incendie des villes maudites. Gen., xix r27, 28. Mais le savant explorateur français admet avecReland, Palsestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 685, que cetteville de Caphar Barucha, la KaSapêapt^â ou plutôt KaçapSapi^â de saint Épiphane, «avait été peut-être dénomméede la sorte à cause du voisinage de la vallée de laBénédiction,» mentionnée au livre des Paralipomènes. «Plusieurs critiques, je le sais, ajoute- 1- ii, placent àBereikout la susdite vallée; mais comme les ennemisqu’allait combattre Josaphat avaient réuni leurs forcesprès d’Engaddi, et que la Bible nous apprend que ceprince s’avança au-devant d’eux dans le désert de Thekoa’, il me semble naturel de chercher entre Engaddi etThekoa’, par conséquent au sud ou au sud-est de cettedernière ville, et non à l’ouest, l’emplacement de 1’'ÉmekBerakah ou vallée de la Bénédiction.»

Nous croyons que la première opinion est plus conformeaux données scripturaires. Examinons, en effet, lesprincipaux points topographiques indiqués II Par., xx r1-27, et la marche des deux armées. Les ennemis sontcampés à Asasonthamar, c’est-à-dire Engaddi, aujourd’hui’Aïn Djidi, sur le bord occidental de la mer Morte, .à égale distance de» ses deux extrémités, ꝟ. 2. De là ilsse proposent de monter vers Jérusalem, ce qui provoquela frayeur de Josaphat et lui fait chercher un secours dansle jeune et la prière, ꝟ. 3-13. Ils montent, en effet, «parle coteau appelé Sis» (hébreu: ma’âlêh Hassis, «lamontée de Hassis;» Septante: ài/oëasts’A.a<mXi), dontle nom se retrouve assez bien dans celui de VOuadi el-Hasâsa, situé au nord-ouest d’Engaddi, et traversé parla route qui va de cette dernière ville à Teqou’a. Sis indiquedonc une des passes assez difficiles qui conduisentà la vallée d’El-Hasasa, «à l’extrémité» de laquelle Josaphatrencontra les envahisseurs, ꝟ. 16. Celui-ci, en effet, en quittant Jérusalem, était venu «par le désert de Thécué», ꝟ. 20, c’est-à-dire à l’est de la roule d’Hébron. Lesdeux armées, marchant ainsi, en sens opposé, dans lamême direction, devaient se rencontrer en un point peuéloigné de Thécué, «entre Jérusalem et Engaddi, dansle désert qui est au - dessous de Thécoa,» comme le ditexpressément Josèphe, Ant. jud., IX’, i, 2, 3. L’Ouadi el-’Arroubet Breikût se trouvent donc mieux dans la positionvoulue que Kefr Bereik. C’est là, en ligne droitevers la ville sainte, et non pas dans une direction triangulaire, que le peuple de Dieu fut témoin du rsiraculeuxanéantissem*nt de ses ennemis et se rassembla pour rendre

grâce au divin libérateur.

A. Legendre.

    1. BENÊ’ÊLOHÎM##

BENÊ’ÊLOHÎM, expression qui se lit dans la Genèse, , vi, 2, 4, et dans Job, i, 6; ii, 1; xxxviii, 7. La Vulgatetraduit partout: «fils de Dieu,» de même que pourbenê’élîm, Ps. lxxxviii (lxxxix), 7. Voir Fils de Dieu.

    1. BENÉJAACAN##

BENÉJAACAN (hébreu: Benê Ya’âqân, «les fils de.

Ya’aqàn;» Septante: Bav<xfa„Num., xxxiii, 31, 32; ulûvIaxîfi, Deut., x, 6; Vulgate: Benejaacan, Num., xxxiii, 31, 32; filiorum Jacan, Deut., x, 6), nom d’une tribudont les puits sont indiqués comme une station des Israélitesdans leur marche vers le pays de Chanaan; Num., xxxm, 3J, 32; Deut., x, 6. La forme abrégée desNombres, xxxiii, 31, 32: «Ils campèrent à Benejaacan; et ils partirent de Benejaacan,» est complétée par celledu Deutéronome, x. 6: «Les enfants d’Israël transportèrentleur camp du puits des fils de Jacan» (hébreu: Be’êrôt Benê Ya’âqân; Septante: Binpwô uîôv Iaxi(t; Vulgate: Beroth filiorum jacan). Voir Béroth. Cettetribu tirait sans doute son nom de Jacan (hébreu: Ya’âqân; Septante: ’Axxv), fils d’Éser, fils de Séir l’Horréen, I Par., i, 42, appelé Acan (hébreu: ’Âqàn; Septante: ’Iouxâji) dans la Genèse, xxxvi, 27.

Cette station des Israélites, comme presque toutes lesautres à partir du Sinaï, n’a pu encore être identifiée.Tout ce que nous savons, c’est qu’elle n’est séparée quepar trois campements d’Asiongaber, ville d’Idumée, à lapointe septentrionale du golfe Élanitique. Num., xxxiii, 31-35. Pour Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 102, 233, «Béroth des fils d’Iacimest un endroit du désert, où mourut Aaron, et que l’onmontre encore aujourd’hui à dix milles de Pétra, sur lesommet de la montagne.» C’est d’après cela que Robinson, Biblical Research.es in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 175, propose de l’identifier avec la petitefontaine d’et-Taiyibéh, située au fond de la passe er-Rubà’y, au-dessous du mont Hor. Il est juste cependantde remai’quer que le mot Be’êrôf indique, non pas unesource, mais un groupe de puits artificiels. Quoi qu’il ensoit, il est probable qu’il faut chercher cette station surles bords de l’Ouadi el-Arabah, à l’est ou à l’ouest. Onlit au livre des Nombres, xxxiii, 31, que les Israélitesvinrent de Moséroth à Benejaacan, tandis que d’après leDeutéronome, x, 6, ils allèrent de Béroth des fils de Jacanà Moséra. Pour la solution de cette contradiction apparente,

voir Moséroth et Moséra.

A. Legendre.

    1. BENÊ-QÉOÉM##

BENÊ-QÉOÉM, littéralement: «fils de l’Orient, s Job, i, 3, etc., nom qui désigne les Arabes qui habitaient à l’estde la Palestine, principalement les descendants d’Ismaêlet les habitants de l’Arabie déserte. La Vulgate traduitBenè-Qédém par Orientales. Voir Orientaux.

    1. BÉNENNUM##

BÉNENNUM (hébreu: Bén Hinnôm, «fils d’Hinnom» ), nom, dans le texte latin de II Par., xxxiii, 6, de la vallée appelée ailleurs Géennom, ou vallée des filsd’Ennom. Voir Géennom.

    1. BENGA##

BENGA (VERSION) DE LA BIBLE. Le benga estun dialecte d’Afrique parlé au sud de la rivière de Congo.Les Évangiles ont été traduits par divers missionnaires.La version de saint Matthieu fut publiée par le PresbyterianBoard, en 1858; les trois autres Évangiles et lesActes le furent plus tard, par la Société biblique américaine.Toutes ces versions furent refaites ou revues parH. Nassau, missionnaire protestant au Gabon, en 1874.La Genèse a été également publiée en benga.

    1. BENGABER##

BENGABER (hébreu: Bén-gébér, «fifs de Géber oufils du fort;» Septante: uîbç Naëép), intendant de Salomon.Son autorité s’étendait sur Ramoth-Galaad et le paysd’Argob, où il commandait à soixante villes fortes. III B.eg., rv, 13. Bén-gébér peut être son nom, comme aussi il peutbien n’être désigné que par le nom de son père, «le filsde Géber.»

    1. BENGALI##

BENGALI (VERSION) DE LA BIBLE. Le bengaliest la langue parlée dans le Bengale. Il se compose pourplus de moitié de mots d’origine sanscrite; le reste deson vocabulaire vient du persan et de l’arabe, etc. Carey

publia le Nouveau Testament en bengali à Sérampora, en 1801; 2e édition, 1806; troisième, 181 1; quatrième, revue, 1816; huitième, 1832. L’Ancien Testament parutentre 1802 et 1809. Une autre traduction du Nouveau Testamentfut faite par un missionnaire protestant, Ellerton, et publiée en 1818 par la Société biblique de Calcutta; une troisième, parVates, en 1833; 2e édit., 1847. La Sociétébiblique de Calcutta fit paraître la Genèse en 1833; la suite de l’Ancien Testament fut traduite par Yates etachevée en 1844. En 1845 parurent l’Évangile de saintMarc et l’Épltre aux Éphésiens, traduits par Hâberlin.Une revision du Nouveau Testament et de l’Ancien, œuvre de J. Wenger, a été achevée en 1873. Une traductionspéciale de saint Luc, par J. Paterson, à l’usage desmusulmans du Bengale, et de saint Jean, par Hill, a étépubliée à Calcutta, aux frais de la Société biblique de laGrande-Bretagne, en 1855 et 1856. De même les Actes, la Genèse, les Psaumes et Isaïe, et une seconde éditionde saint Luc, en 1876.

1. BENGEL Ernst, fils de Johann Albrecht Bengel, théologien allemand, né à Denkendorf le 12 mars 1735, mort le i" avril 1793. Il fut, en 1766, pasteur à Zavelstein, en1772, diacre à Tubingue, et, en 1786, doyen dans lamêmeville. Son occupation principale, au point de vue littéraire, fut de développer les idées de son père et de propagerses œuvres: Tabula critica quse criseos Bengelianse diversaspériodes collatis inter se utriusque Novi Testameniigrseci editionis margine, lum spicilegio critico in Gnomoniséditions I" obvio exhibel, in-8°, Tubingue, 1777; Erklârte Umsehreibung der Ojfenbarung Jesu Christi, aus J. A. Bengels Erklàrten Offenbarung und 60 Redensammt Anhàngen aus dessen Gnomon, in 8°, Tubingue, 1772; Chronologische Harmonietafel ûber die evangelischeund apostolische Geschichte, nach J. A. BengelsGrundsâtzen, in-8°, Tubingue, 1785; Erklârte Umsehreibungder von Jh. Alb. Bengel ûbersetzten, vier Evangelistenals eines Auszug aus seiner Gnomon, in-8°, Tubingue, 1786. Trois autres volumes, publiés en 1787 et 1788, contiennent le reste du Nouveau Testament. Ernest Bengela publié en outre diverses éditions des œuvres de sonpère.

2. BENGEL Johann Albrecht, théologien luthérien, néle 24 juin 1687 à Wiunenden, dans le Wurtemberg, mortle 2 novembre.1752. Il étudia la philosophie à l’universitéprotestante de Tubingue (1703-1707), fut ensuite pasteuret professeur à Denkendorf. La langue grecque, le NouveauTestament et les Pères de l’Église faisaient le principalobjet de son élude et de son enseignement. Sesconnaissances étendues et ses travaux importants le firentsuccessivement éiever à différentes dignités ecclésiastiques.En 1751, la faculté de théologie de Tubingue luiconféra le titre de docteur; il était membre du consistoireet prélat d’Alpirsbach, avec résidence à Stuttgart, où il mourut. Ses travaux de critique et d’exégèse sur leNouveau Testament firent sa réputation. Hug, Einleitung, 4e édit., t. i, p. 288, dit que Bengel est le premier Allemandqui ait cultivé avec honneur le champ de la critiquedes textes bibliques. Ses principaux ouvrages sont: Novum Testamentum grsece, ita adornatum ut textusprobatarum editionum medullam exhibeat, in-4° etin-8°, Tubingue, 1734. Le Novum in-8° eut jusqu’à cinqéditions; l’édition in-4° était augmentée d’un apparatuscriticus, dans lequel l’auteur définissait l’idée et la tâchede la critique du Nouveau Testament, et indiquait lessources du texte. Ce travail était pour ce temps-là d’unetrès grande importance. — Richtige Harmonie der vierEvangelien, in-8° Tubingue, 1736, 1747, 1766. — GnomonNovi Teslamenti, in quo ex nativa verborum visimplicités, profunditas, concinnilas, salubritas sensuumcœlestium indicatur, in-4°, Tubingue, 1742, rééditéen 1759, 1773, 1788, 1838, 1858; traduit en allemand 4587

    1. BENGEL - BENJAMIN##

BENGEL - BENJAMIN, FILS DE JACOB

1588

par G. F. Werner; Gnomon oder Zeiger des Neuen Testaments, 2 in-8°, Stuttgart, 1853-1854. Une traductionanglaise a paru aussi à Edimbourg, 5 in-8°, 1857-1858.Le Gnomon est l’ouvrage le plus important de Bengel.Les notes en sont courtes et substantielles. — Das NeueTestament tiach dem Grundlext ubersetzt und mitdienlichen Anmerkungen begleitet, ouvrage posthume, in-8°, Stuttgart, 1753, 1769. — Erklàrte OffenbamngJohannis, in-8°, Stuttgart, 1740, 1746, 1738, 1834. —Seehzig erbauliche Reden ûber die Offenbarung Johannis, in-8°, Stuttgart, 1747, 1888, 1836, 1874. — Bengel aaussi publié des ouvrages d’histoire et de chronologiequi ont un rapport étroit avec ses travaux d"exégèse: Ordo temporum a principio per periodos œconomisedivinse historiens atque prophelicas ad finem usque itadeductus, ut Iota séries, etc., ex Veteri et Novo Testamentoproponatur, in-8°, Stuttgart, 1741, 1770; Cyclussive de anno magno solis, lunss, slellarum consideratio, in-8°, Ulm, 1745. — Bengel était un millénaire déterminé, il croyait pouvoir trouver dans la Sainte Écriture leslignes fondamentales de l’histoire universelle. Il arriva, comme suprême résultat de ses travaux, à découvrir quele monde était âgé de 7777 ans 7/9, que le retour duChrist s’accomplirait le 18 juin 1836, qu’alors commenceraitson règne de mille ans sur la terre, après quoiviendrait le règne des saints dans le ciel pendant milleans; enfin l’an 3836 devait voir la fin du monde et lejugement. — La biographie de Bengel a été mise par sonfils en tête de la troisième édition du Gnomon, 1773.Voir J. Ch. F. Burk, Bengels Leben und Wirken, in-8°, Stuttgart, 1831; 0. VVachter, I. A. Bengel’s Lebensabriss, Character, Briefe und Ausprûche, Stuttgart, 1865; Id., Beitrâge zu J.A.Bengel’s Schrifterklàrung, Leipzig, 1865; Fr. Delitzsch, Biblisch-prophetische Théologie, Leipzig, 1845; von der Goltz, dans les JahrbiXcher furdeutsche Théologie, t. vi, 3 Heft.; Walker, Memoir ofthe life of J.A. Bengel, Londres, 1837. J.- B. Jeannin.

    1. BENGONI Rutilius##

BENGONI Rutilius, Romain, chanoine de Sainte-Mariein via Lata, devint évêque de Lorelte et de Recaiiati, et mourut le 31 janvier 1613. On a de lui: Dissertationset commentaria in canticum Magnificat, Salutationemangelicam et Psalmum xxxvi, in-f°, Venise, 1606; Douai, 1626. Cette dernière édition est la plus estimée.

— Voir UghelK, Ilalia sacra (2e édit., 1717), t. i, p. 1224.

G. DE GOURNAY.

    1. BENHAÏL##

BENHAÏL (hébreu: Bén-hayil, «fils de la valeur, vaillant;» Septante: toÙç uloùç tùv Buvoctûv), un desprinces que Josaphat envoya dans les villes de Juda, lelivre de la loi en main, pour instruire le peuple et leretirer de l’idolâtrie. II Par., xvii, 7.

    1. BENHANAN##

BENHANAN (hébreu: Bén-hânân, «fils du bienveillant;» Septante: utbç $avâ; Codex Alexandrinus: viô?’Avav), un des descendants de Juda, I Par., iv, 20, que la Vulgate appelle filius Hanan. Voir Hanan.

    1. BENHÉSÉO##

BENHÉSÉO (hébreu: Bén-héséd, «fils de Héséd oufils de la bonté;» Septante: vlo; ’E<rôi’)> intendant deSalomon dans le district d’Aruboth, de Socho et de laterre d’Épher. III Reg., iv, 10. Il est incertain s’il estdésigné par son nom propre ou par le nom de son père, Héséd. Voir Héséd.

BEN HINNOM. Voir Bénennum et Géennom.

    1. BENHUR##

BENHUR (hébreu: Bén-hûr, «fils de Hur ou fils decaverne;» Septante: Bsév v>lb; "Qp; Codex Alexandrinus: Bév uîo; "ûp). Les Septante donnent à la fois lemot Bén et sa traduction ulb; . Josèphe, Ant. jud., VIII, H, 3, donne Ôîjpviç pour le nom de l’officier lui-même.Benhur peut très bien être son nom; cependant il peutêtre désigné par le nom de son père, fils de Hur. Voir

Hur. — Benhur ou le fils de Hur était intendant de Salemondans la montagne d’Éphraïm. III Reg., iv, 8.

BENJAMIN. Hébreu: Binyâmin et Binyâmîn; nomcomposé, selon l’interprétation de la Vulgate, Gen., xxxv, 18, de Bin (pour Bén), «fils,» et de yàmîn, «la[main] droite». Voir Benjamin 1. Septante: Beviajju’v, Beviaineiv; ils ont lu Bén, la forme régulière. Nom dequatre Israélites, d’une tribu et d’une porte de Jérusalem.

1. BENJAMIN, fils de Jacob et de Rachel, le dernierdes fils du patriarche et le seul qui soit né en Palestine.Rachel le mit au monde à peu de distance de Bethléhem.En. mourant des douleurs de cet enfantement, sa mèrelui donna le nom de Bén-’ôni, «fils de ma douleur».Gen., xxxv, 18. Mais son père changea ce nom, qui luirappelait une perte si cruelle, en celui de Binyâmîn, demeilleur présage; il signifie «fils de la droite», c’est-à-dire «fils du bonheur», heureux, Félix, la droite étantregardée en Orient aussi bien qu’en Occident comme unprésage de bonheur. Zeitschrift der Deutschen MorgenlândischenGesellschaft, t. xxi, p. 601-604. Le samaritainporte Binyâmîm, «fils des jours:» dans cetteforme, ce nom serait une allusion à l’âge avancé où Jacobeut ce dernier enfant; ce sens est adopté par Philon, Abenesra, etc. — Son père eut une prédilection bienmarquée pour Benjamin: quand la famine le força d’envoyerses fils en Egypte pour acheter du blé, il gardaprès de lui ce frère de Joseph, de peur qu’à lui aussi iln’arrivât malheur en route. Gen., xlii, 4. Joseph, devenugouverneur de l’Egypte, ne voyant pas Benjamin avec sesfrères, craignit sans doute qu’il n’eût été aussi victimede leur jalousie. En les traitant comme des espions, illes amena adroitement à lui parler de leur père et de leurjeune frère, resté à ses côtés. Pour s’assurer de la véritéde leurs paroles et éprouver leur affection, il ne consentità leur donner du blé qu’à la condition qu’ils lui amèneraientBenjamin; et afin de les obliger à tenir leur promesse, il retint Siméon en prison jusqu’à leur retour.Jacob, après avoir longtemps résisté, — car pour luic’était, pour ainsi dire, perdre une seconde fois Joseph,

— céda à la nécessité et laissa partir Benjamin. Gen., xliii, 13. Pendant le repas, auquel il invita tous ses frères, Joseph envoya à ce dernier une part cinq fois plus grandeque celle des autres. Puis, quand on remplit les sacs, ilordonna à l’intendant de mettre dans celui de Benjamin, avec sa charge de blé, le prix d’achat et la coupe d’argentdont il s’était servi pendant le festin. La caravaneavait à peine repris le chemin de Chanaan, quand l’intendant, courant la rejoindre, reprocha aux enfants deJacob d’avoir dérobé la coupe de son maître. Les accusésprotestèrent énergiquement, assurant qu’un tel crime étaitdigne de mort. L’intendant menaça seulement de réduirele coupable en esclavage et fit ouvrir les sacs: lacoupe se trouva dans celui de Benjamin. Alors, déchirantleurs habits, ils reviennent auprès de Joseph, qui leur, reproche leur infidélité. Dans un discours pathétique, Gen., xliii, 18-34, Juda conjure le vice-roi de le retenirlui-même pour esclave à la place de Benjamin, assurantqu’il en a répondu sur sa vie, et que leur père ne pourraitsurvivre à la perte de cet enfant de prédilection.C’est alors qu’eut lieu cette touchante et admirable scènedans laquelle Joseph se fit reconnaître à ses frères. Quand ilsfurent revenus de leur première stupeur, Joseph se jetaau cou de Benjamin et l’embrassa en pleurant, et ensuitetous ses frères. Il donna à chacun deux simlâh ou manteaux; mais Benjamin en reçut cinq et des plus beaux, avec trois cents pièces d’argent. Ensuite il les renvoyachercher leur père pour venir s’établir en Egypte.

Le texte sacré ne nous fait plus rien connaître de Benjamin, sauf l’énumération de ses fils. Gen., xlvi, 21; Num, , xxvi, 38-40; I Par., viꝟ. 6-11; vnr, 1-5. La prophétie deJacob sur Benjamin, Gen., xlix, 27, concerne plutôt la i

H1

  • ^~

, w £3 H’ci tf <w

sIè

Sj’^’il M / S* 4> /^"foî^: *’£ 548J.!

i z II I 1 /y. f ^ 7 ïsꝟ. 4Àfn|

"» Ai» r

jjif’ap.iôj* nplinivi’iij' 1589

    1. BENJAMIN##

BENJAMIN, FILS DE JACOB — BENJAMIN (TRIBU DE)

1590

tribu de ce nom, comme la prophétie de Moïse, Deut-, xxxiii, 12. f

Les trois tables généalogiques des fils de Benjamin, Gen., xlvi, 21; Num., xxvi, 38 40; I Par., viii, 1-5, offrentdes divergences notables et donnent lieu à quelques difficultés de conciliation. Ces divergences proviennent, soitd! erréurs de copistes dans la transcription des noms, soitdu mélange des petit*-fils avec les fils par suite de l’interversion de quelques noms, soit de la coupure défectueuse des mots du texte par les ponctuateurs et par lestraducteurs. La table généalogique donnée I Par., vil, 6-11, paraît présenter la situation de la famille de Benjamin àune époque plus récente que les trois premières tables: de là la divergence de presque tous les noms. En rapprochant les trois premières tables dans le texte et lesversions, on peut restituer avec assez de probabilité lavéritable généalogie ainsi qu’il suit:

Benjamin.

I

I I II

1. Balé 2. Asbel. 3. Ahara 4. Nohah. 5. Rafa.Béchor l’aîné. ou Ahiram

I Echi-Ro(s)

Ahoé.

IGéra.

AredAddarHéred.

I

Naaman.

Sephuphan Huramou Mophim. ou Ophim.

I I

Abiud Abisué.

Pour la discussion, voir chacun de ces noms. Cf. Keil, Siblischer Commentât ûber die nachexilischen Geschichtesbùcher: Chronik, va.-% a, Leipzig, 1870, p. 104-105.

E. Levesque.

2. BENJAMIN, descendant de Benjamin et fils deBalan, fut un vaillant guerrier, à la tête d’une nombreusefamille. I Par., vii, 10.

3. BENJAMIN, un des fils de Hérem, qui sur l’ordred’Esdras répudia la femme étrangère qu’il avait prisependant l’exil de Babylone. I Esdr., x, 32.

4. BENJAMIN, un de ceux qui, au temps de Néhémie, reconstruisirent la partie des murs de Jérusalem situéeen face de leur demeure. Il Esdr., iii, 23.

4. BENJAMIN, une des douze tribus d’Israël. —I. Géographie. — La tribu de Benjamin occupait unterritoire assez restreint, comprenant, avec une toutepetite portion de la vallée du Jourdain, la partie centralede la chaîne qui, de la plaine d’Esdrelon, s'étend jusqu’ausud de la Palestine. Elle était bornée au nord parla tribud’Ephraïm, à l’ouest par celle de Dan, au sud par cellede Juda, et à l’est par les derniers contours du fleuve, avant son embouchure dans la mer Morte. Sa situationdans la Terre Sainte, l’importance des localités qu’ellerenfermait, son rôle dans l’histoire, lui donnent un intérêt particulier. La plupart de ses villes sont aujourd’huiencore parfaitement connues, et ses limites, malgréquelques difficultés, sont faciles à déterminer. Voir lacarte, n° 484.

1°. villes miNCiPALES. — Les principales villes de Benjamin sont énumérées dans Josué, xviii, 21-28. Nous lesdonnons dans l’ordre même suivi par l’auteur sacré etavec leurs identifications ou certaines, ou probables, oudouteuses, renvoyant pour les développements aux articlesqui concernent chacune d’elles en particulier.

1. Jéricho (hébreu: Yerîlfô; ailleurs: Yerèl.iô, Num., xxii, 1; Yeriljôh, III fleg., xvi, 34; Septante: 'Ieprçw ou

'Iepet^w). Le petit village actuel d’Er - Rihâ ou 'Erîhâ, situé au pied du mont de la Quarantaine, à l’entrée dela plaine du Jourdain, en rappelle exactement le nom, quoique la cité primitive fût peut-être un peu plus haut, près de la fontaine dite plus tard d’Elisée ('Aïn es-Soultân). Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 46-52, 132-149.

2. Beth-hagla (hébreu: Bêt-hoyldh; Septante: Bots8afXaàiji., Jos., XV, 6; BeŒyani, Jos., xviii, 21), identifiéepar tous les auteurs avec 'Aïn ou Qasr Hadjlâ, au sudest d’Erihâ. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 544-546; V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 53-60.

3. Vallée de Casis (hébreu: 'Êméq Qesîs, Septante: 'A|jiexa<jtç; Codex Alexandrinus: 'A|iexxïae(ç). Quelquesexplorateurs signalent, à deux kilomètres à l’est de Birel-Haoudh ou Fontaine des Apôtres, une vallée appeléeKâaziz, et qui, d’après eux, conserverait intact le nomde cette localité. De Saulcy, Voyage autour de la merMorte,% in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 140; Van de Velde, Memair ta açcompàny the Map of the Holy Land, in-8, Gotha, 1858, p. 328. D’autres la placent plus à l’est, dans la plaine du Jourdain, au sud-est de Jéricho. Robinson, Physical Geogvaphy of the Holy Land, in-8°, Londres, 1865, p. 74. Cette dernière opinion nous sembleplus conforme au système d'énumération adopté parJosuë.

4. Beth-araba (hébreu: Bêt hâ'ârâbâh; Septante: BatOdipaëa, Jos., xv, 6; BaiBagapâ, Jos., xviii, 22) setrouvait dans la vallée du Jourdain ou Arabah, commele nom l’indique, non loin probablement de Beth-hagla, après laquelle elle est citée sur la frontière nord-est deJuda, Jos., xs, 6; mais son emplacement exact est inconnu. Quelques auteurs néanmoins l’identifient avecQasr Hadjlâ, aune demi-heure de 'Aïn Hadjlâ. Mùhlau, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertumsy1884, t. i, p. 175.

.5. Samaraïm (hébreu: Semâraîm; Septante: 2api~; Codex Alexandrinus: Sifipip.) est assez généralementplacée à Khirbet es-Soumra, à neuf kilomètres au nordde Jéricho. G. Armstrong, Wilson et Conder, Names andplaces in the Old and New Testament, 1889, p. 184.

6. Béthel (hébreu: Bêt -'El; Septante: Brjo-avâ; ailleurs, Ba16r, )>, Gen., xxxv, 15), est bien connue sous lenom à peine changé de Beitîn. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 16-26. Elle est située au nord de Jérusalem, sur la routede Naplouse.

7. Avim (hébreu: Hâ'avvim, avec l’article; Septante: Aieiv): inconnue. Quelques auteurs pensent que le motest une corruption ou une variante de 'Ai (Haï), villechananéenne située à l’orient de Béthel.

8. Aphara (hébreu: Haf-Fârâh ou Hap-Pârdh, avecl’article; Septante: $apà) se retrouve aujourd’hui dansKhirbet Tell el-Fârah, près de l’Ouadi Fârah, qui, ausud-est de Béthel et de Moukhmas, se joint à l’OuadiSoueinit pour entrer dans l’Ouadi el-Qelt. Robinson, Biblical Researches, 1. 1, p. 439, note 1; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 72.

9. Ophéra (hébreu: 'Ofrâh; Septante: 'E<ppa91; ailleurs, Toçepâ, I Reg., xiii, 17) est assez généralementidentifiée avec le village actuel de Taiyibéh, au nord-estde Béthel. Robinson, Biblical Researches, 1. 1, p. 444-447; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 45-51; G. Armstrong, Wilsonet Conder, Names and places, p. 140.

10. Émona (village d') (hébreu: Kefarhâ "'Ammônâi; Septante: Keçeipà xal M oveî; Codex Alexandrinus: Kacçï]panp.Jv; Vulgate: Villa Emona): inconnu. Les auteurs anglais de Names and places, p. 42, proposentcomme emplacement Khirbet Kefr 'Ana, à quatre ou cinqkilomètres au nord de Béthel; cette identification est asseznaturelle, mais elle n’en est pas moins douteuse.

11. Ophni (hébreu: Hà'Ofni, avec l’article; omis parles Septante). Plusieurs auteurs croient volontiers lareconnaître dans la Djifna actuelle, l’ancienne Gophna,

un peu au nord-ouest de Béthel. Robinson, BiblicalResearches, t. ii, p. 264, note 2; Mûhlau, dans Riehm’sHandwdrterbuch, t. ii, p. 1125. D’autres combattent cetteassimilation au point de vue grammatical ou au point devue de la situation, Djifna leur semblant plutôt appartenirà la tribu d’Éphraïm. Nous la regardons commepossible et répondant assez bien à l’ordre d’énumération.

12. Gabée (hébreu: Gâba’; Septante: raëceâ), identifiéed’une manière incontestable avec Djeba’, un peu ausud-ouest de Moukhmas. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 68; Armstrong, Wilson et Conder, Nantes and places, p. 64.

13. Gabaon (hébreu: Gib’ôn; Septante: raëiwv) estbien certainement représentée par le village actuel d’El-Djîb, au nord-ouest de Jérusalem. V. Guérin, Judée, t. i, p. 385-391.

14. Rama (hébreu: Hâ- Râmâh, avec l’article; Septante: ’Papa) se retrouve aujourd’hui dans Er-Râni, directement au nord de Jérusalem: là nom et la positionconviennent parfaitement à l’antique cité. Robinson, BiblicalResearches, t. i, p. 576; V. Guérin, Samarie, t. i, p. 199-204.

15. Béroth (hébreu: Be’èrôt; Septante: BerjpwOa; Codex Alexandrinus: Briptàô), est généralement identifiéeavec El-Bîréh, sur la route de Jérusalem à Naplouse, au nord-ouest d’Er-Râm et au sud-ouest de Beitîn.V. Guérin, Judée, t. iii, p. 7-13.

16. Mesphé (hébreu: Ham-Mispéh; ailleurs, Ham-Mispâh, avec l’article, Jud., xx, 1, 3; xxi, 5, etc.; Septante: MaffOTi|iâ pour Mamrrççâ, comme Jud., xx, 1, 3; Ma<r<n)çâ8, 1 Reg., vii, 5, 6, 7, etc.; Maaçà, II Par., xvi, 6; r) (raoroâ, Ose., v, 1; III Reg., xv, 22; Vulgate: Maspha, Jud., xx, 1, 3, etc.; Masphath, I Reg., vii, 5, 6, 7, etc.).Son emplacement est discuté, quoique circonscrit dansune certaine région au nord de Jérusalem. C’est le montScopus pour Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 226; Nébi Samouïl pour Robinson, BiblicalResearches, t. i, p. 460, et Scha’fâf pour V. Guérin, Judée, t. i, p. 395-402.

17. Gaphara (hébreu: Hak - Kefirâh, avec l’articleKefirâh, I Esdr., ii, 25; II Esdr., vii, 29; Septante: y.cciipa, Jos., xviii, 27; Keçtpà, Jos., ix, 17; Xaçipa, JEsdr., H, 25; Kaçipà, II Esdr., vii, 29; Vulgate: Caphira, Jos., ix, 17; Cephira, I Esdr., ii, 25; II Esdr., vii, 29) seretrouve aujourd’hui, exactement sous la même forme, dans Kefiréh, à l’ouest de Nébi Samouïl, au sud-est deYâlô (Aïalon). Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 146.

18. Amosa (hébreu: Ham-Môsâh, avec l’article; Septante: ’Ajuoxïj; Codex Alexandrinus: ’Apuixrà) semblerait, d’après le Talmud, correspondre au village actuel deQolôuniéh, à six kilomètres et demi environ à l’ouest deJérusalem. R. J." Schwarz, Dos heilige Land, in-8°, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 98. D’autres cependant croientreconnaître cette ville dans Beit Mîzéh, qui rappelle mieuxle nom hébreu, et qui est à une demi-heure environ aunord de Qolôuniéh. G. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand places, p. 133.

19. Récem (hébreu: Réqém; Septante: peut-êtreKaçccv xal Naxdtv): inconnue.

20. Jaréphel ( hébreu: Yrpe’êl). Les explorateursanglais proposent de l’identifier avec Râfât, village situéau nord A’El-Djîb (Gabaon). The Survey of WesternPalestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 13, 154.

.21. Tharéla (hébreu: Tar’âlâh; Septante: 0apeï)Xà), inconnue. L’opinion de Schwarz, Das heilige Land, p. 98, d’après lequel Thariel = Thaniel, Daniyal, près de Lydda, jie peut se soutenir ni au point de vue étymologique niau point de vue topographique.

22. Séla (hébreu: §élâ’; omis dans les Septante: Jos., xviii, 28; èv Tyj itXeupâ, II Reg., xxi, 14; Vulgate: iralatere), inconnue. M. V. Guérin propose Khirbet Tabaqât, à cinq minutes au sud-sud-est de Tell el-Foul, Samarie, p. 188, 197.

23. Éleph ( hébreu: Bâ’éléf, avec l’article; CodexAlexandrinus: SeXocXiç). Les auteurs anglais croient lareconnaître dans Lifta, à peu de distance au nord-ouestde Jérusalem: douteux.

24. Jébus (hébreu: Ha-Yebûsi, «le Jébuséen;» Septante: ’IeêoOc), Jérusalem.

25. Gabaath (hébreu: Gib l af; Septante: TaSadib). Cenom et le suivant donnent lieu à plusieurs difficultés.Comme Gib’a? est à l’état construit et n’est pas distinguéde Qiryaf (Garialh) par la conjonction et, Schwarz, Dasheilige Land, p. 98, 102, fait des deux mots un composé, Gibeath-Kirialh. V. Guérin assimile Gabaath à Gabaa deBenjamin ou de Saùl, qu’il place à Tell el-Foul, au nordde Jérusalem. D’autres proposent comme emplacementDjibi’a, au nord de Qariet el-’Enab. Survey of WesternPalestine, Memoirs, t. iii, p. 43.

26. Cariath (hébreu: Qiryaf; Septante: ’Iapfu.). Commele mot Qiryaf est lui-même à l’état construit et par là supposeun complément, plusieurs auteurs conjecturent qu’ilfaut sous-entendre Ye’ârim [ Qiryaf -Ye’ârîm, Cariathiarim), dont la disparition est d’autant plus explicable, quele mot qui suit dans le texte actusl, ’àrîm, «villes,» luiressemble beaucoup. Or Cariathiarim est souvent identifiéeavec Qariet el-’Enab, à l’ouest de Jérusalem. D’unautre côté cependant, Cariathiarim est assignée à la tribude Juda, Jos., xv, 60; xviii, 14. Il faudrait donc distinguerCariath de Cariathiarim. Dans ce cas, Cariath serait Qarietel-’Enab, et Cariathiarim Khirbet’Ernia, au sud-ouestde la précédente. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 43-52; G. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand places, p. 112, 113.

On le voit, en somme, Josué suit, dans son énumération, un ordre régulier. Le premier groupe comprenddouze villes, dont cinq appartiennent à la vallée du Jourdain, les sept autres à la montagne; il détermine ainsil’est, le nord et un peu le centre de la tribu. Le secondforme principalement l’ouest et le sud, avec ses quatorzecités, dont plus de la moitié sont parfaitement connues.Cette énumération cependant n’est pas complète; d’autresvilles sont mentionnées en différents endroits de l’Écriture, comme: Anathoth (’Anàta), patrie de Jérémie; Almath ou Almon (Khirbet’Almît), toutes deux villessacerdotales. Jos., xxi, 18. Macbmas (Moukhmas), Haï(Khirbet Haiyân, ou Khirbet el-Koudeiréh, ou et-Tell), Nob (inconnue), Anania (Beit-Hanina), Asor (KhirbetHazzour), Géthaim (inconnue), Hadid (Haditéh), Seboïm(inconnue), Neballat (Beit Nebâlàh), Lod (Loudd) et Ono(Kefr’And) sont comprises dans la liste des cités réhabitéespar les Benjamites au retour de l’exil. II Esdr., xi, 31 35. Hadid, Neballat, Lod et Ono sont certainement endehors des frontières primitives de la tribu, et s’il est dit, I Par., viii, 12, que les deux dernières furent bâties parun fils de Benjamin, c’est qu’il s’agit de colonies établiessur un territoire étranger, comme les Danites eux-mêmesen fondèrent une dans le nord de la Palestine. Jud., xviii, 27-29.

2° limites. — L’ensemble des villes que nous venonsde citer d’après Josué suffirait à lui seul pour déterminerla ligne générale des frontières de la tribu. Mais l’auteursacré a pris soin lui-même de nous tracer ces limites avecune rigoureuse exactitude. Jos., xviii, 12^20. Voici le textetraduit aussi fidèlement que possible, avec l’identificationde certains noms que nous n’avons pas encore rencontrés: «ꝟ. 12. Leur frontière, du côté du nord, partait duJourdain, remontait au côté septentrional de Jéricho, puismontait sur la montagne vers l’occident et aboutissa.it audésert de Béthaven (hébreu: Bêf’Avén; Septante: Ba19(iv; le désert qui s’étend à l’est de Béthel et d’Haï). —^. 13. Elle passait de là, vers le midi, à Luz, au côté deLuz, qui est Béthel, descendait à Ataroth-Addar (hébreu: ’Atrôf-’Addâr; Septante: ’AtapwO xal’Eptix; probablementKhirbeted-Dàriéh, aubas et au sud-ouest de la collineque domine Beit-’Our-et-Tahta, c’est-à-dire Béthoroa ’Enab et Ramléh; — la seconde, un peu plus haut, parBeit Iksa, Biddou, Beit-Likia, Djimiou et Lxjdda; —la troisième, par Seha’fat, El-Djtb, Bélhoron, pourretomber à Lydda; — la quatrième part à’El-Biréh ets’en va, par Beit Nebala, rejoindre les autres à Jaffa.Nous ne parlons pas des lignes transversales, de Bélhoronà Amouas et à Yâlô; d’El-Djîb à Yâlô par Biddouet Qariet el-’Enab. C’est par là, le long des collines deBéthoron, que Josué poursuivit les Chananéens, au débutde la conquête, Jos., x, 10, 11, comme, aux derniers tempsde l’histoire juive, les Machabées chassaient par là lesarmées syriennes. I Mach., iii, 16, 24. C’est par là que, à l’époque de Samuel et de Saiil, les Philistins montaientpour s’établir au cœur même du pays, à Gabaa, à Machmas, I Reg., XIII, 3, 16; par là aussi qu’ils s’enfuyaient aprèsla défaite. I Reg., xiv, 16.

Du côté de l’est, les chemins offrent plus de difficultés, en raison même de la nature du terrain, plus coupé, plusabrupt, et dont certains noms de lieux rappellent le caractèreparticulier: Ma’âléh’Adummîm, «la montéed’Adommim;» Séla’hà-Rimmôn, «le rocher de Rimmon,» Jud., xx, 45; «les dents de rocher,» Basés etSénéh, des environs de Machmas. I Reg., xiv, 4. — Laroute principale, aujourd’hui carrossable, «descend deJérusalem à Jéricho,» Luc, x, 30, en suivant la lignemême de la frontière entre Benjamin et Juda; c’est lechemin mal fréquenté où se place l’histoire du bon Samaritain.— Une autre, plus importante autrefois, part del’Arabah, au nord de l’ouadi el-Qelt, et s’élève vers l’intérieurdes montagnes, le long des ravins, en passant parOuadi Riyân, Rds et-Taouîl, Moukhmas, Deir Diouân, et-Tell et Beilîn, avec une branche de Moukhmas à El-Biréh.C’est la voie que suivit Josué, une fois maître deJéricho, pour pénétrer au cœur du pays; c’est à l’extrémiténord-ouest, auprès de Haï, qu’eurent lieu successivementla défaite et la victoire des Israélites. Jos., vii, 2, 5; mu, 3-25. — Une troisième enfin quitte plus haut la vallée, à’Ain Douk, et s’en va par Khirbet Kasoual et faiyibéhrejoindre, en contournant Tell’Asour, la route de Naplouse.

— Ces conditions topographiques de Benjamin sont bienexposées dans Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 199-223.

3. Plusieurs villes de Benjamin, outre leurs avantagesnaturels, eurent encore un rôle politique et îeligieux quilongtemps donna à la tribu une prédominance spéciale: Béthel, peut-être le plus ancien sanctuaire de la TerrePromise, un des endroits, avec Galgala et Masphath, oùSamuel se rendait chaque année pour juger Israël, I Reg., vu, 16; Gabaon, le plus important de tous les hauts lieuxavant la fondation du temple, séjour du tabernacle, lieude "sacrifices, I Par., xvi, 39, 40; Ramatha, patrie de Sarouel, et où il avait élevé un autel au Seigneur, I Reg., vu, 17; Galgala, où eut lieu la circoncision des enfantsd’Israël nés dans le désert, Jos., v, 2-9; où Saùl fut reconnucomme roi, avec l’immolation de victimes pacifiqueset de grandes réjouissances. I Reg., xi, 15. Maisc’est surtout Jérusalem qui fut la gloire de la tribu, etce que nous avons dit de la situation topographique de «elle-ci montre qu’elle semblait faite pour protéger la villesainte presque de tous côtés. Quelques commentateursappliquent au futur choix de Jérusalem, cité benjamite, pour l’érection permanente du sanctuaire, ces paroles prophétiquesde Moïse au plus jeune fils de Jacob, Deut., xxxiii, 12:

Le bien-aimé dé Jéhovah

Demeure en sûreté auprès de lui.

Il le protège toujours,

Et il habite entre ses épaules.

II. Histoire. — L’histoire de Benjamin est des plussimples jusqu’à la conquête de la Terre Promise. C’était, au sortir de l’Egypte, une des plus petites tribus. Ellecomptait trente-cinq mille quatre cents hommes en état

de porter les armes. Num., i, 26-37. Seule la tribu deManassé lui était inférieure. Num., i, 34-35. Dans lescampements et pendant la marche au désert, elle se trouvaitplacée, avec Éphraïm et Manassé, à l’ouest du tabernacle.Num., ii, 18-23. Elle avait pour chef Abidan, filsde Gédéon. Num., i, 11; ii, 22. Ce fut par ses mains que, à la dédicace du tabernacle et de l’autel, elle offrit, leneuvième jour, «un plat d’argent pesant cent trentesicles, une coupe d’argent de soixante-dix sicles au poidsdu sanctuaire, tous deux pleins de farine mêlée d’huilepour le sacrifice; et un petit vase d’or du poids de dixsicles, plein d’encens; un bœuf du troupeau, un bélier, un agneau d’un an pour l’holocauste, un bouc pour lepéché, et, pour hosties pacifiques, deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux d’un an.» Num; , vii, 60-65. Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, elleeut pour représentant Phalti, fils de Raphu. Num., xiii, 10.Au second dénombrement, fait dans les plaines de Moab, elle comptait quarante - cinq mille six cents hommes.Num., xxvi, 41. Il y avait ainsi pour elle un accroissem*ntconsidérable, comme pour Manassé et Aser, Num., xxvi, 34, 47, tandis que d’autres, comme Siméon et Nephthali, avaient notablement diminué. Num., xxvi, 14, 50.Ses principales familles sont énumérées Num., xxvi, 38-40; la liste est plus complète I Par., vin. Celui de seschefs qui devait travailler au partage de la Terre Promisefut Élidad, fils de Chaselon, Num., xxxiv, 21, et elle futdésignée, avec Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Éphraïm etManassé, «pour bénir le peuple, sur le mont Garizim, après le passage du Jourdain.» Deut., xxvii, 12. Voilà toutce que nous apprennent sur cette première partie de sonhistoire les deux derniers livres de Moïse.

Son rôle fut plus actif sous la période des Juges. Laplace qu’elle occupait dans la terre de Chanaan, au-dessousd’Éphraïm et de Manassé, correspondait à celle quilui était assignée dans les campements du désert. Num., 11, 18-23. Punie, comme les autres tribus, pour n’avoirpas détruit le Chananéen, le Jébuséen, Jud., i, 21, etaussi pour ses prévarications, elle vit Jéricho, «la ville despalmes,» tomber aux mains d’Églon, roi de Moab, quitint les enfants d’Israël sous son joug pendant dix-huitans. Jud., iii, 13, 14. Instruite par l’affliction, elle renonçaà l’idolâtrie et trouva dans son propre sein le libérateurqu’elle demandait à Dieu. Aod, habile, comme tous lesBenjamites, à se servir également bien de la main gaucheet de la main droite, la débarrassa du tyran moabite parun de ces actes qui, sans être de tout point irrépréhensibles, n’en ont pas moins provoqué de tout temps l’admiration, pour le courage, le sang-froid et le dévouementqu’ils indiquent. Jud., iii, 15-30. Plus tard, elle répondità l’appel de Débora et de Barac pour marcher contred’autres oppresseurs. Jud., v, 14. Retombée dans l’idolâtrie, elle fut de nouveau soumise aux dévastations decertaines populations transjordaniennes, les Ammonites.Jud., x, 9. Jephté fut chargé de sauver et de venger lestribus du sud, victimes comme elle de l’invasion étrangère.

La tribu de Benjamin, délivrée des ennemis extérieurs, faillit disparaître entièrement sous les coups de ses propresfrères, provoqués par son étrange obstination. À la suitedu crime commis par les habitants de Gabaa sur la femmed’un lévite, crime divulgué par celui-ci de la plus horriblefaçon, l’indignation fut générale parmi les enfants d’Israël.Jud., xix. De Dan jusqu’à Bersabée et même deGalaad, ils se réunirent à Maspha au nombre de quatrecent mille combattants. Benjamin le sut, mais ne se fitpas représenter pour protester contre l’acte qui avaitsouillé son territoire. Après avoir entendu le récit dulévite, les Israélites résolurent de ne pas retourner chezeux avant d’avoir obtenu satisfaction, et décidèrent demarcher contre Gabaa «et de lui rendre ce qu’elle méritaitpour son crime». Jud, xx, 10. Non seulement latribu de Benjamin refusa de livrer les coupables, mais

elle prit tout entière fait et cause pour la ville. Or lesBenjamites comptaient vingt-cinq mille combattants, noncompris sept cents frondeurs très habiles. L’attaque, dirigéepar Juda, commença contre Gabaa; mais les tribuscoalisées perdirent vingt-deux mille hommes dans unepremière sortie des assiégés, puis dix-huit mille dansune seconde. Après avoir pleuré, jeûné et offert des sacrifices, les alliés, usant de stratagème, finirent par cernerles ennemis, les poursuivirent, laissant la ville en feu, etle chiffre total des Benjamites qui succombèrent en cettejournée fut de vingt-cinq mille un cent. Six cents seulementsurvécurent et se réfugièrent sur le rocher de Remmon.Les vainqueurs anéantirent ensuite par le glaive etpar le feu tout ce qu’ils rencontrèrent en Benjamin, villes, hommes et animaux. Jud., xx. Après la guerre, réuniu àSilo, devant le Seigneur, ils pleurèrent la destruction d’unedes tribus d’Israël. Mais, à Maspha, ils avaient juré de nepus donner leurs filles pour femmes aux enfants de Benjamin, et en même temps de punir de mort ceux qui nemarcheraient pas contre les coupables obstinés. Or leshabitants de Jabès Galaad n’ayant pas pris part à la guerre, on envoya dix mille hommes qui en exterminèrent lapopulation, sauf les jeunes filles nubiles, au nombre dequatre cents, qu’on donna aux Benjamites échappés aumassacre. Les deux cents autres furent trouvées parmiles jeunes filles de Silo, par un moyen que les Israélitescrurent conciliable avec leur serment. La tribu, un instantmenacée dans son existence, - rentra avec ces débris dansses possessions et se reforma peu à peu. Jud., xxi. C’estun de ses membres qui le premier accourut à Silo annoncerà Héli la défaite d’Israël par les Philistins, la prisede l’arche et la mort des deux fils du grand prêtre. I Reg., iv, 12.

Benjamin eut l’honneur de donner au peuple de Dieuson premier roi, Saûl, fils de Cis, I Reg., x, 21, et leslu*ttes qui suivirent la mort de celui-ci montrent que latribu n’était pas décidée à céder le pouvoir, surtout enfaveur de Juda et de David. Les partisans de David etd’Isboseth en vinrent souvent aux mains. Un jour entreautres, près de la piscine de Gabaon, Abner, désirantépargner le sang du peuple, voulut terminer la querellepar un combat singulier. Douze hommes de Benjamin semesurèrent avec douze hommes de Juda; mais l’ardeurfut telle des deux côtés, que les adversaires restèrent toussur le terrain. Le résultat fut donc nul, et, le combat devenantgénéral, Abner fut mis en fuite avec Israël par les serviteursde David, qui frappèrent à mort trois cent soixantehommes de Benjamin et des autres tribus. II Reg., ii, 12-31. Enfin Abner, séparé d’Isboseth, voulant ramenertous les enfants d’Israël sous un même sceptre, entamades négociations avec la tribu de Benjamin, dont il craignaitl’opposition; celle-ci approuva son dessein en envoyantà Hébron un détachement de trois mille hommes, «frères de Saûl.» II Reg., iii, 19; I Par., xii, 29. Il setrouva même dans son sein deux brigands, Baana etRéchab, fils de Remmon de Béroth, pour assassiner Isboseth.II Reg., IV, 2-8. Tout levain de haine cependantn’avait pas disparu de la maison de Saûl, comme nous levoyons par l’histoire de Séméi, poursuivant de ses malédictionsDavid en fuite devant son fils révolté. II Reg., xvi, 5-13. Il est vrai que l’insulteur changea de sentimentsavec le retour de la fortune pour le saint roi; il se précipitaau-devant de lui avec mille hommes de Benjamin, passa le Jourdain et se jeta à ses pieds pour lui faireamende honorable. II Reg., xix, 15-20. À ce moment, unautre Benjamite, nommé Séba, profitant du mécontentementd’Israël au sujet de la réception et du retour deDavid, II Reg., xix, 41-43, entraînale peuple à la révolte, tandis que Juda restait seul attaché au roi; la mort dutraître mit fin à la lutte. Il Reg., xx, 1-22.

A l’époque du schisme, «Roboam vint à Jérusalem etrassembla toute la maison de Juda et la tribu de Benjamin, cent quatrevingt mille hommes de guerre choisis,

pour combattre contre la maison d’Israël et ramener leroyaume à Roboam, fils de Saiomon.» 1Il Reg., xii, 21;

II Par., xi, 1. On peut s’étonner de voir notre tribu seranger du côté de Juda. Ses affinités la portaient plutôtvers Éphraïm, et, dévouée à la maison de Saûl, elle avaitété longtemps en antagonisme avec sa puissante voisine.Peut-être faut-il attribuer cette union à la possession deJérusalem, capitale civile et religieuse de la nation, etqui, située sur les confins des deux tribus, leur était enquelque sorte commune. Une de ses villes, Béthel, formala limite méridionale du royaume d’Israël, et Jéroboamen fit une ligne de démarcation en y plaçant un veau d’or.

III Reg., xii, 29. Roboam, de son côté, eut soin de fortifierplusieurs cités de Benjamin, et d’y établir des gouverneurs, des magasins de vivres et des arsenaux. Il Par., xi, 5, 10, 11. L’alliance fut consacrée par l’assemblée généraleà Jérusalem, sous Asa. Il Par., xv, 9, 10. Désormaisson histoire se confond avec celle du royaume de Juda, quoiqu’elle garde sa propre individualité, comme on levoit en plus d’une mention spéciale et dans les listesd’hommes ou de villes qui la concernent. I Esdr., n; II Esdr., vu; xi, 31-35. Une porte de Jérusalem s’appelait «porte de Benjamin». Jér., xx, 2; xxxvii, 12; xxxviii, 7.Voir Benjamin 5.

Après la captivité, les enfants de Benjamin furent lespremiers, avec ceux de Juda, à reprendre le chemin deJérusalem, pour rebâtir le temple. I Esdr., i, 5. Ils rentrèrentdans leurs anciennes possessions. II Esdr., xi, 31-35. La paix dont jouissait la ville sainte, sous le pontificatd’Onias III, fut troublée par un des leurs, un certainSimon, intendant du temple, qui, pour se venger dugrand prêtre, provoqua l’entreprise sacrilège d’Héliodore.II Mach., iii, 4. Enfin la tribu qui avait déjà produit Mardochéeet Esther, Esth., ii, 5; xi, 2, vit, aux derniersjours de son histoire, briller le plus illustre de ses enfants.Saul ou Paul, «de la tribu de Benjamin,» Phil., iii, 5, fit revivre le nom du premier roi d’Israël, et résumadans sa personne les principaux traits du caractère benjamite, qu’il nous reste à examiner.

III. Caractère. — Jacob mourant, dans une bénédictionqui est en même temps une prophétie, nous a brièvement, mais énergiquement, tracé le portrait des fils deBenjamin, Gen., xlix, 27:

Benjamin est un loup ravisseur;

Le matin, il dévore sa proie;

Le soir, il partage son butin.

Esprit guerrier, c’est-à-dire adresse, courage et obstination, tel est en somme le caractère de la tribu qui, bienqu’une des plus petites, compta néanmoins parmi les plusfortes. Et cependant comme ce caractère belliqueux contrasteavec la figure pacifique du jeune fils de Jacob! Dansces défilés que nous avons décrits’, autrefois le repairedes bêtes sauvages, — vallée de Seboïm ou «des hyènes», terre de Suai ou «du chacal», I Reg., xiii, 17, 18, —elle devait rôder comme un loup, descendre dans lesriches plaines des Philistins ou dans la vallée du Jourdain, et recueillir d’abondantes dépouilles. L’habile maniementde l’arc, l’exercice de la fronde, semblent avoirété cultivés presque exclusivement chez elle. I Reg., xx, 20, 36; II Reg., i, 22; I Par., viii, 40; xii, 2; II Par., xvii, 17. Dans certains combats, elle mit en ligne «septcents hommes très vaillants, combattant de la maingauche comme de la droite, et si adroits à lancer despierres avec la fronde, qu’ils auraient pu même frapperun cheveu, sans que la pierre qu’ils auraient lancée sefût tant soit peu détournée de part ou d’autre». Jud., xx, 16. Manier le glaive avec la même dextérité des deuxmains était un talent des plus utiles pour un soldat; manierla fronde de la main gauche n’était pas un moindreavantage, car on pouvait ainsi frapper l’ennemi à sonflanc droit, habituellement découvert.L’énergie guerrière de la tribu se manifeste dans plu

sieurs combats que nous avons racontés. Le courage deSaûl et de Jonathas a été chanté par David. II Reg., i, 21, 22. Mais la force de caractère va parfois jusqu’au pluscoupable entêtement, témoin la conduite des Benjamitesaprès le crime de-Gabaa. Jud., xx. Un jour cependant plusieursd’entre eux firent preuve d’une énergie d’autantplus méritoire, qu’elle pouvait attirer sur eux la colèred’un roi; c’est quand ils refusèrent d’obéir à Saûl, quileur commandait de porter une main sacrilège sur Àchimélechet les prêtres de Nobé. I Reg., xxii, 7, 17. Etpourtant ils avaient devant eux des partisans et des défenseursde David; «les fils de Jémini» avaient à réprimerle mouvement de celui qui semblait l’ennemi de leurtribu.

Les principaux traits de ce caractère se retrouvent dansle dernier et le plus illustre des enfants de Benjamin.Jusqu’au jour où il est frappé sur le chemin de Damas, saint Paul met au service du mal toute l’ardeur et la fouguede sa jeunesse. «Je persécutais à l’excès, dit-il, l’Églisede Dieu, et je la combattais. Je me signalais dans le judaïsmeau-dessus de plusieurs qui étaient de mon âge etde ma nation, montrant un zèle outré pour les traditionsde mes pères.» Gal., i, 13, 14. Mais après sa conversion, quelle sainte énergie pour le bien! quel invincible couragedans les persécutions! quel infatigable dévouementau nom de ce Jésus, autrefois l’objet de sa haine, maispour qui maintenant il est prêt, malgré les pleurs de ceuxqui l’aiment, non seulement «à être livré aux chaînes, mais à sacrifier sa propre vie!» Act., xxi, 13. Il couronnedignement la gloire d’une tribu qui, après avoir donnéà sa nation le premier de ses libérateurs et le premierde ses rois, donne au christianisme l’Apôtre des Gentils, dont le zèle, la science et l’amour ont contribué à marquerdu sceau des élus les «douze mille de la tribu de

Benjamin». Apoc, vii, 8.

A. Legendre.

5. BENJAMIN (PORTE DE). Trois portes de ce nomsont mentionnées dans l’Écriture. — 1° Une porte de laville de Jérusalem était ainsi nommée, Jer., xxxvir, 12; Zach., xiv, 10, parce qu’elle conduisait sur le territoirede la tribu de Benjamin. Jer., xxxvii, 11-12 (hébreu, 12-13). Le prophète veut sortir par là pour aller à Anatoth, sa patrie, située au nord de Jérusalem. La porte de Benjamins’ouvrait donc dans le mur septentrional de la ville.Quelques pèlerins anciens, tels que Théodose, De TerraSancta, dans les Itinera Hierosolymitana lalina, édit.Orient latin, 1879, p. 63; cf. Arculfe, Relatio de Jocissanctis, i, 1, ibid., p. 143, supposent qu’elle est à l’est deJérusalem, mais c’est sans doute parce qu’ils l’ont confondueavec la porte de ce nom qu’Ézéchiel, xlviii, 32, place à l’orient de la ville sainte restaurée. La porte deBenjamin n’est pas nommée par Néhémie dans l’énumérationqu’il fait, II Esdr., iii, des portes de la ville de Jérusalem.Plusieurs croient qu’il la désigne sous le nom deporte Ancienne. II Esdr., iii, 6; xii, 38 (hébreu, 39); voir col. 554. Quelques auteurs identifient la porte deBenjamin avec la porte d’Éphraïm. Voir ce nom et Jérusalem.Mais ces identifications sont fort incertaines. —2° Une porte du temple portait aussi le nom de porte deBenjamin, comme nous l’apprend expressément Jérémie, xx, 2; xxxviii, 7; cf. ꝟ. 14; c’est là que le prophète futemprisonné. On peut supposer que c’est de la même porteque parle Ézéchiel, viii, 3, 5, 16, et ix, 2; dans ce dernierpassage, il l’appelle «supérieure», comme Jérémie.C’est aussi sans doute celle que Néhémie désigne sousle nom de «porte de la Prison». II Esdr., xii, 38 (hébreu, 39). Elle était au nord du temple, ce qui convientà la situation qu’indique le nom de porte de Benjamin.D’après quelques commentateurs, la porte du temple seraitmême identique à la porte de la ville du même nom. —3° Ézéchiel, xlvii, 32, dans sa reconstitution idéale dela cité sainte, place à chacun des quatre points cardinauxtrois portes auxquelles il donne le nom d’une des douze

tribus d’Israël: celle de Benjamin est supposée à l’est, entre celle dé Joseph et celle de Dan. F. Vigouroux.

    1. BENJAMITE##

BENJAMITE (hébreu: Bén-Yeinînî, ou avec l’article: ha-Yemînî, «fils de Jémini;» Septante: vlb; Tc|j.ivat’ov), descendant de Benjamin, fils de Jacob; personne appartenantà la tribu de Benjamin. Jud., iii, 15; xix, 16; I Reg, ix, 1, 21; xxii, 7; II Reg., xvi, 11; xix, 17 (hébreu, 16); III Reg., ii, 8; I Par., xxvii, 12; Ps. vii, 1. Dans tous cespassages, la Vulgate traduit «fils de Jémini». Le texteoriginal porte simplement’îs Yemînî, II Sam. (Reg.), xx, 1 (Vulgate: Jemineus), et Esther, ii, 5 (Vulgàte: de stirpe Jémini, «de la race de Jémini ou Benjamin» ).

    1. BENJOIN George##

BENJOIN George, théologien anglican, de JésusCollège, à Cambridge, vivait à la fin du xviir 5 siècle. Ona de lui: Jonah, a faithful translation from the original, with notes. To wkich is prefixed À preliminaryDiscourse, proving the genuineness, the authenticityand the integrily of the présent text, in-4°, Londres,

1796. Travail peu estimé. — The Integrily and excellenceofScripture; a vindiçation of the so much controvertedpassages, Deut., vzn, 3, 5, andxx, 16, 17, in-8°, Londres,

1797. — Voir Orme, Bibliotheca biblica, p. 27.

    1. BEN - NAPHTALI Moïse ben David##

BEN - NAPHTALI Moïse ben David, célèbre massorètedu commencement du Xe siècle, qui entreprit unerevision du texte sacré ponctué. Il fit ce travail, probablementà Bagdad, pendant que son contemporainBen-Ascher l’exécutait à Tibériade. La recension de Ben-Ascherl’emporta et servit de règle pour les éditions imprimées.Les diiférences entre les deux revisions regardentles voyelles et surtout les accents: on les trouve à la finde la Biblia magna rabbinica, et aussi dans l’édition dela Bible hébraïque de Bær et Delitzsch. Il ne faut paslès confondre avec les «variantes des Orientaux et desOccidentaux». Cf. Aaron 11, col. 11, et Ponctuation.

E. Levesque.

    1. BENNI##

BENNI (hébreu: Bànî, «édifié,» c’est-à-dire «établi», Septante: Bavf), père de Rehum, qui bâtit une partie desmurs de Jérusalem au temps de Néhémie. II Esdr, , ui, 17.

    1. BENNO##

BENNO (hébreu: Benô, «son fils,» omis dans lesSeptante), lévite, fils d’Oziaù, d’après la Vulgate. I Par., xxiv, 26. Dans l’hébreu, le texte actuel porte: «Les filsde Ya’àziyyàhù son fils.» Ce serait donc plus probablementun nom commun. Tout ce passage du reste paraît avoirsouffert de la main des copistes.

    1. BENNOÏ##

BENNOÏ (hébreu: Binnûî, «établissem*nt, famille;» Septante: Bavocùx), père de Noadaïa, lévite au temps d’Esdras.I Esdr., viii, 33.

, BENNUÏ. Hébreu: Binnûî, «édifice,» c’est-à-dire «établissem*nt, famille»; Septante: Bavoui, Bavf. Dansle texte hébreu, cinq Israélites portent le nom de Binnùï; la Vulgate en appelle trois Bennui, et les autres Bannuïet Bennoï. Voir ces deux dernière mots.

1. BENNIfl, un des fils de Phahath-Moab, qui avait prisune femme étrangère durant la captivité, et la répudiasur l’ordre d’Esdras. I Esdr., x, 30.

2. BENNUl, un des fils de Bani, qui répudia sur l’ordred’Esdras la femme étrangère qu’il avait prise pendant lacaptivité de Babylône. I Esdr., x, 38.

3. BENNUÏ (Septante: Bavf), lévite, fils d’Hénadad, bâtit une partie des murs de Jérusalem au temps d’Esdras.Il Esdr., iii, 24. Il fut un des signataires de l’alliance théocratique.II Esdr., x, 9. Il était revenu de Babylône avecZorobabcl. II Esdr., xii, 8.

1. BENOIST Élie, pasteur protestant, né à Paris le20 janvier 1640, et mort à Delft le 15 novembre 1728.Pendant vingt ans il exerça les fonctions de ministre dansl’église réformée d’Alençon, où il eut de vives discussionsavec le P. de la Rue, jésuite, sur plusieurs points de controverse.L’édit de Nantes le força de se retirer à la Haye, et il devint pasteur de l’église de Delft; après trente et unans de services, en 1715, il fut déclaré pasteur émérite.Il est surtout connu par une Histoire de l’édit de Nantes, qui fut réfutée par les PP. Thomassin et Bordes, de l’Oratoire.Il a laissé: Dissertationes epistolicee très inprioresoctodecim versiculos primi capituli Evangelii secundumJoannern circa Christi divinitatem, in-8°, Rotterdam, 1697. — Arnica expostulatio de stylo Novi Testamentiadversus Epistolam D. Taco Hajo van den Honert, in-4°, 1703, Delft. D’après J. de Chautfepié, Nouveaudictionnaire critique et historique, in-f°, Amsterdam, 1750, t. i, p. 238-240, il laissa manuscrits les ouvragesou dissertations suivantes: 1° Réflexions sur les doudaïm, ou les fruits que Ruben porta à sa mère. Selonlui, ce n’étaient pas des mandragores, mais des fraises.2° Dissertation sur l’oracle de Jacob, Gen., xlix, 10. Ily avance que Juda perdra le sceptre pendant un certaintemps et le recouvrera à l’avènement du Messie. 3° Dissertationlatine sur la vision d’Ézéchiel. 4° Dissertationlatine sur l’apparition de l’étoile aux mages, qui pourlui est plutôt providentielle que miraculeuse., 1. de Chauffepiécite de longs passages de ces ouvrages manuscrits.

E. Levesque.

2. BENOIST Jean, calviniste, originaire d’Allemagne, fut médecin à Saumur, où il mourut fort âgé, le 8 mai 1664.En 1614, il enseignait dans cette ville la langue grecque, et se fit connaître par une remarquable édition de Pindare, avec traduction latine et commentaires. Ses œuvresscripturaires sont: Métaphrase et paraphrase du Cantiquedes cantiques, in-4°, Saumur, 1635; 2e édit., 1650; Métaphrase et paraphrase des Psaumes, in-8°, Saumur, 1646. Voir Le Long, Bibliotheca sacra, in-f°, Paris, 1723, p. 634; Haag, La France protestante, t. ii, p. 177; D r Dumont, Histoire de l’académie de Saumur, 1600 à 1684, dans les Mémoires de la Société académique, in-8°, Angers, 1862, t. xi, p. 1-112. E. Levesque.

3. BENOIST René, théologien français, né en 1521à Savennières, près d’Angers, mort à Paris le 7 mars 1608.Après avoir fait ses études à l’université d’Angers, où ilfut reçu docteur en théologie, il occupa quelque tempsla cure de SaintMaUrille des Ponts-de-Cé. En 1548, il se rendit à Paris, où il prit le bonnet de docteur en Sorbonne(1559). Protégé par le cardinal de Lorraine, il devintconfesseur de Marie Stuart et la suivit en Ecosse. À sonretour, il obtint, en 1566, la cure de Saint -Pierre-des-Arcis, à Paris, et, en 1568, celle de Saint -Eustache, queson oncle résigna en sa faveur. D’abord favorable à laLigue, et surnommé le pape des Halles à cause de sagrande influence, il embrassa vers la fin de ce mouvementle parti du roi, et fut l’un des docteurs que Henri IV, résoluà faire profession de la foi catholique, appela près de lui, à Saint-Denis, pour s’éclairer (12 juillet 1592). Henri leprit même pour confesseur jusqu’en 1601. Il mourut âgéde quatre-vingt-sept ans, après avoir tenu par son savoiret sa popularité une place importante parmi ses contemporains.Launoy lui attribue cent cinquante-quatre ouvrages, livres ou brochures; Nicéron en énumère centcinquante-neuf, mais plusieurs ne sont que des rééditions.Ses œuvres scripturaires sont: 1° Catholique etfamilière exposition des évangiles d’un chascun jourde caresme et des épistres du dimanche, par Louis leSénéchal (pseudonyme de René Benoist), in-8°, Paris, 1559; 2e édition, 1562. — 2° À la suite de la Biblia sacra, éditée par le théologien Jean Benoist, in-f°, Paris, 1564, on trouve un appendice ainsi intitulé: Exquisita strontatain universum corpus biblicum quadruplici tum


materia tum, Ubro distincta, in quibus proposita christianeereligionis hoc tempore controversa ex ipso verboDei explicantur et dissolpuntur, auctore Renato Benedicto, Andegavo, doctore theologo Parisiênsi. II parut àpart, sous ce titre un peu différent: Stromata, in universumorganum biblicum seu potius Panoplia catholicorum, opus eàm omnibus Sacrée Scripturee studiosis, tum maxime concionatoribus catholicis perutile, in-12, Cologne, 1568. La troisième partie de cet ouvrage avaitété déjà publiée séparément: Locorum preecipuorutnSacrée Scripturee, tam Veteris quam Novi Testamenti, quibus prave detortis hujus tempeslatis hseretici abutuntur, conquisitio et catholica expositio, in- 8°, Paris, 1566; in-32, Anvers, 1567. Il eh parut des traductionsfrançaises, sous ce titre: Exposition et familière résolutionde certains lieux et principaux passages, tant duVieux que du Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1567; Reims, 1567; et sous cet autre titre: Réfutation desvains prétendus fondemens de certains lieux de l’ÉcritureSainte, desquels les hérétiques abusent, in-8%Paris, 1569. — 3° La Sainte Bible traduite en françoisselon la version’de la Vulgate, avec des notes et desexpositions de plusieurs passages objectés par les hérétiques, 3 in-f°, Paris, 1566. Elle reparut en 2 in-4°, Paris, 1568, et in - 16, Anvers, 1571, sous ce titre: La SaincteBible, contenant le Vieil et le Nouveau Testament latinfrançois, avec des adnotations nécessaires pour l’intelligencedes lieux les plus difficiles. Dès que cette traductionde la Bible parut (1566), elle souleva une tempête.On reprochait à l’auteur d’avoir reproduit le textede l’édition de Genève avec de légères modifications. Lelivre, publié cependant avec approbation de la Sorbonne, fut condamné le 15 juillet 1567, et l’auteur exclu de lafaculté le 1 er octobre 1572: exclusion et condamnationratifiées par le pape Grégoire XIII, le 3 octobre 1575. Cene fut qu’en se soumettant qu’il put reprendre son titrede doyen (1598). Il ne voyait pas dans sa traduction leserreurs calvinistes qu’on lui reprochait, sauf en quelquespoints où il accusait les imprimeurs d’avoir altéré sontexte. Et de fait il obtint contre eux un arrêt du parlement(21 mai 1566). Pour lui, il resta toujours sincèrementattaché à la foi. — 4° Du bâtiment des templesmatériels, où est expliqué par scholies le prophèteAggée, le IV chapitre de Zacharie, et le i° r chapitred’Esdras, in-8°, Paris, 1578. — 5° Le Nouveau Testamentde Notre-Seigneur JésusChrist, avec annulationset expositions des lieux lés plus difficiles, in-16, Rouen, 1579, avec figures sur bois. — 6° Version, paraphrase etbriève explication du psaume Exaudiat te Dominus, in-8°, Paris, 1595, — 7° Déclaration de feu M. RenéBenoist sur la traduction des Bibles et annotations d’icelles, ensemble la censure de nostre Saint-Père, in-8°, Paris, 1608. — 8° Les Épistres de saint Paul, les Épistrescatholiques de saint Jacques, saint Pierre, saint Jeanet saint Jude; l’Apocalypse ou Révélation de saint Jean, le tout en françois et en latin, selon la version commune, avec annotations et expositions des lieux les plusdifficiles, in-24, Rouen, 1612. — Voir Aug. Galitzin, MessireRené Benoist, Angevin, confesseur du roi Henri 1111, in-8°, Angers, 1864, tiré à cent exemplaires; J. Denais, dans la Revue de l’Anjou, 1872, t. viii, p. 1, 97, 287, ettirage à part sous ce titre: Le pape des Halles, RenéBenoist, «1-8°, Angers, 1872. E. Levesque.

1. BENOÎT XI (Nicolas BOCCASINI), né à Viterbeen 1240, mort à Pérouse le 7 juillet 1304. IL entra fortjeune dans l’ordre de Saint -Dominique, où il fit professionen 1257. Il s’y fit bientôt remarquer par sa piété etses talents. Ce fut en enseignant les jeunes religieux qu’ilcomposa ses commentaires sur le psautier, sur Job, surV Apocalypse et sur saint Matthieu. Après avoir exercéles fonctions de provincial en Lombardie, Nicolas Boccasinifut, dans le chapitre des Frères Prêcheurs tenu à

I. - 53

Strasbourg, en 1296, élevé à la dignité de maître généralde son ordre, qu’il gouverna pendant deux ans et demi.BonifaceVllI, auquel il se montra toujours très attaché, lui confia diverses missions et le créa cardinal-prêtre dutitre de Sainte -Sabine. En 1300, il fut promu à l’évêchéd’Ostie, et, le 22 octobre 1303, élu pape par tous lescardinaux présents à Rome. Il travailla aussitôt à rétablirla paix dans l’Église, leva les censures portées par sonprédécesseur contre la puissante famille des Colonna, etaccorda de lui-même au roi de France l’absolution descensures qu’il avait encourues. Le 13 avril 1304, il dutquitter Rome, agitée par les intrigues de Philippe le Bel.Il mourut à Pérouse le 7 juillet 1304, emporté par unemaladie subite qui fit croire à un empoisonnement. Sesouvrages sur l’Ecriture Sainte sont restés manuscrits: seuls les commentaires sur saint Matthieu ont été publiéspar le dominicain Georges Lazari, sous le titre,: In caput rEvangelii B. Matthsei absolutissirna commentaria) siveenarrationesfusiores, in-f°, Venise, 1603. Le 24 avril 1736, Clément XII plaça le pape Benoit XI au rang des bienheureux.— Voir P. T. Campana, Yita del somma pontiftceBenedetto XI, in-4°, Milan, 1736; L. Gautier, Benoît XI, dans la Bévue du monde catholique, 1863, t. v, p. 361, 502, 699; t. vi, p. 47; Échard, Scriptoresordinis Prsedicatorum (1729), t. i, p. 444; Ciaconi, VitœPontificum lïomanorum, t. Il (1677), , p. 339; , Fabricius, Bibliotheca latina medii sévi (1734), t. i, p. 529.

B. Heurtebize.

2. BENOÎT DE PARIS, capucin. Voir Langeais.

    1. BÉNONI##

BÉNONI (hébreu: Bén-’ônî, «fils de ma douleur;» Septante: >Voç b5mrz jiou), nom donné par Rachel à sonsecond fils, dont la naissance lui coûta la vie. Gen., xxxv, 18. C’est le frère de Joseph que son père appelaBenjamin. Voir Benjamin 1..

    1. BEN-SEEB Juda Lob##

BEN-SEEB Juda Lob, ben Benjamin Seeb, Wolf, exégèteet grammairien juif, né en 1764 aux environs deCracovie, mort à Vienne le 25 février 1811. On a de lui: 1° L’Ecclésiastique d’après le texte syriaque, imprimé encaractères hébraïques, traduit en hébreu et en allemand, avec un commentaire en hébreu. Il a été publié sous cetitre: Bén-Sirâ’metûrgâm ûmbû’âr, «Le fils de Sira, traduit et commenté,» et encore sous ce titre: Bîokmatyehô&ua* bèn Sîrâ’, «La Sagesse de Josué, fils de Sira,» in-8°, Breslau, 1798; Vienne, 1807, 1818, 1828. 2° Le livrede Judith, Megillaf Yehûdif, avec traduction hébraïqueet allemande et commentaire en hébreu, in-8°, Vienne, 1799, 1819. 3° Mâbô"’él-miqra’ê qôdés, «Introduction àl’Écriture Sainte,» in-8°, Vienne, 1810. Il a laissé en outreune grammaire hébraïque assez répandue en quelquescontrées de l’Autriche et plusieurs fois éditée: TalrnûdleSôn’ibrî, «Enseignement de la langue hébraïque,» in-8°, Vienne, 1806; 5\{\{e\}\} édit.on, in-8°, Vienne, 1827; et unbon dictionnaire hébreu - allemand, ’Osar hassoraSîm, «Trésor de racines,» in-8°, Breslau, 1797; 4e édition, Vienne, 1840-1842. E. Levesque.

1. BENSON Georges, théologien anglais non conformiste, né à Great Salkeld, dans le Cumberland, en 1699, mort en 1763. Il étudia à Glasgow, prêcha à Londres etfut ministre à Abington, dans le comté de Berk, où ilhabita pendant sept ans. Il revint ensuite à Londres, et, en 1744, l’université d’Aberdeen le proclama docteuren théologie. Il fut d’abord calviniste, puis arien. Voiciquelques-uns de ses principaux ouvrages: À paraphraseand notes on six of the Epistles of St Paul: viz. I andII Thess., I and II Tim., Phil., Titus. To which areannexed critical dissertations on several subjects forthe belter understanding of St Paul’s Epistles. La meilleureédition est la seconde, qui fut publiée à Londres, en 2 vol. in-4°, 1752-1756. Cette paraphrase est faite pourcompléter celle de Locke et de Pierce, dont le but était

d’expliquer les Épîtres les unes par les autres. — À $um~mary view of the évidences of Christs résurrection, in-8°, Londres, 1754. — The history of the first plantingof the Christian religion, taken from the’Acts of theApostles and their Epistles; together with the remarkablefacts of the Jewish and Boman history whichaffected the Christians within this period, 2 in-4°, Lon-, dres, 1735; 3 in-4°, 1756 (2 S édit.). — The reasonablenessof the Christian religion as delivered in the Scriptures(& édit.), 2 in-8°, Londres, 1759. — The history of thelife of JésusChrist, taken from the New Testament’; with observations and reflections., in-4°, Londres, 1764.En tête de cet ouvrage se trouve une étude sur la vie etles œuvres de G. Benson, par le pasteur Thomas Amory.

— Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 27.

.

B. Heurtebize.

2. BENSON Joseph, théologien méthodiste anglais, néà Melmerby, dans le Cumberland, le 26 janvier 1748ou 1749, mort à Londres le 16 février 1821. 11. devintcélèbre parmi ses coreligionnaires par ses prédications..Il publia plusieurs ouvrages en faveur du méthodismeet À Commentary on the Holy Scriptures, 5 in-4°, Londres, 1811-1818; 6e édit., 6 in-8°, Londres, 1848.Ouvrage très estimé par ses coreligionnaires. Voir R. Treffrey, Mewwirs of Joseph Benson, in-12, New-York, 1840.

    1. BENZOHETH##

BENZOHETH (hébreu: Bên-zôhéf; Septante: uîoîZwôg; Codex Alexandrinus: Zw^iO), fils de Jési, parmiles descendants de Juda. I Par., IV, 20. Il est possible quece personnage ne soit désigné que par le nom de son! père: «le fils de Zoheth»; dans ce cas, il serait seulementpetit-fils de Jési.

BÉON (hébreu: Be’ôn; Septante: Bouâv), ville moabite, à l’est de la mer Morte. Elle est ainsi appelée dansles Nombres, xxxii, 3, dans l’énumération des villes queles Rubénites et les Gadites demandent comme possessionà Moïse. C’est une abréviation de Baalméon, qui estnommée sous cette dernière fornje dans le verset correspondant.Num., xxxij, 38, Voir Baaiméon et Béan.

BÉOR. Hébreu: Be’ôr, «torche,» d’après les Targums; Septante: Beiip, Baioip. Nom de deux personnes.

1. BÉOR, le père du roi iduméen de Dénaba, Bêla.Gen., xxxvi, 32; I Par., i, 43.

2. BÉOR, le père du prophète Balaam. Num., xxii, 5; .xxiv, 3, 15; xxxi, 8; Deut., xxiii, 4 (hébreu, 5); Jos., xiii, 22; xxiv, 9; Mich., vi, 5. Il est appelé Bosor, II Petr., ii, 15: Voir BOSOR 1.

BER, BERE, Louis, théologien catholique suisse, né à.Bâle à la fin du xye siècle, mort à Fribourg le 14 avril 1554.11 étudia à Paris, et, après avoir pris ses grades à la facultéde théologie, il revint dans son pays, où il fut recteur del’universitéde Bâle. En 1526, il fut un des quatre présidentsdes conférences réunies à Bade pour examiner diverspoints de religion. Il mourut à Fribourg, où, lorsquele protestantisme avait triomphé dans sa patrie, il s’étaitréfugié avec les chanoines du chapitre de Saint-Pierre deBâle, dont il était doyen et écolâtre. Il composa un commentairesur plusieurs Psaumes, sous le titre de: QuorurndamPsalmorum expositio, in-8°, Bâle, 1551.

B. Heurtebize.

1. BÉRA (hébreu: Be’érâ’, «puits;» Septante: .Berjpâ), onzième fils de Supha dans la descendance d’Aser.I Par., vii, 37.

2. BÉRA (hébreu: Be’êr; avec le hé local: Be’êrâh; Septante: B^p), lieu où Joatham, fils de Gédéon, s’enfuitpar crainte de son frère Abimélech. Jud., ix, 21. Rien, dans le contexte ne nous indique où se trouvait cet endroit.

-1605°

BÉRA — BÉRÉE DE SYRIE

1606

Quelques auteurs l’assimilent à Béroth (hébreu: Be’êrôt, pluriel de Be’êr), ville de la tribu de Benjamin, Jos., IX, 17; xviii, 25, généralement identifiée avec le villageactuel d’El-Biréh, à trois ou quatre lieues au nord deJérusalem, sur la route de Naplouse (l’ancienne Sichem)..S’il est vrai, comme le pense un commentateur, F. de Hummelauer, Comment, in Jud., Paris, 1888, p. 190, que Joatharnchoisit un lieu où il fût en sûreté contre Abimélechet où néanmoins il put facilement savoir ce qui se passaità Sichem, cette localité était assez près pour que le fugiti f

: se tînt au courant des événements; mais était-elle assez

loin pour le mettre complètement à l’abri? D’autres exégètesaiment mieux voir ici la Bvjpâ, Béra, que Y Onomastieon, Gœttingue, 1870, p. 106, 238, place à huit milles (environdouze kilomètres) au nord d’Éleuthéropolis (aujourd’huiBeit-Djibrin). On signale à l’ouest de Aïn-Schems (Beth: samès), non loin de l’ouadi Es-Surâr, un bourg ruiné, portant le nom de Khirbet el-Biréh. Il correspond, suivantun certain nombre d’auteurs, à l’antique Béra d’Eu: sèbe et de saint Jérôme et à la ville de Béer ou Béra, lieu de refuge de Joatham. Cf. Robinson, Biblical Besearchesin Palestine, 3 in-8°, Londres, 1856, t. i, p. 452, note 2; Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 295. Il faut direcependant qu’il est un peu plus éloigné de Beit-Djibrinque ne l’indique YOnomasticon. A. LegeNdre.

    1. BÉRAB Jacob ben Moscbéh##

BÉRAB Jacob ben Moscbéh, ben Isaak, exégète juif-espagnol, né vers 1474, mort en 1546. Originaire de Maqueda, aux environs de Tolède, il fut obligé de s’exileren 1492, et devint rabbin successivement à Fez, en Egypte, et à Safed, en Galilée, où il mourut. Il composa sur le livre deJosuéet sur les Prophètes des gloses, où il suit la méthodedu midrasch philosophique et cabalistique. On les trouvedans un ouvrage de scolies sur les Prophètes, tirées dedivers auteurs, intitulé: Liqqûtê sôSannîm ou Florilegium, in-4°, Venise, 1602, et dans le grand commentairebiblique de Moïse Frankfurter, Qehillaf [Môséh, in-f°, lvmsterdam, 1724-1727. E. Levesque.

    1. BERAKAH##

BERAKAH, nom hébreu d’une vallée que la Vulgateappelle, d’après la signification de ce mot, «vallée deBénédiction.» Voir Bénédiction 2.

    1. BERATINUS##

BERATINUS (CODEX). Ce manuscrit, désigné parla lettre $ dans l’appareil critique du Nouveau Testament, appartient au groupe des manuscrits grecs onciaux.Il est la propriété de l’église grecque de Saint -Georges, dans la petite ville turque de Bérat, en Albanie ou ancienneÉpire. L’écriture est du vi" siècle; les feuillets ont514 millimètres sur 268; le manuscrit en compte 190; ils sont écrits sur deux colonnes; chaque colonne a17 lignes; le parchemin, plutôt ferme que fin, est. teinten pourpre violacée; l’encre est d’argent, sauf pour lestitres et les noms divins, où elle est d’or. Les caractèressont d’onciale ronde et carrée, sans accents, sansesprits, sans autre ponctuation que des points. Les initialesmajeures sont en saillie sur la marge à peu prèsde toute leur largeur, et sont du double plus grandesque les lettres courantes. En tête de chaque Évangilefiguraient les xeçâXaia ou titres des divers chapitres; enmanchette sont inscrits les chiffres des notes ammonioeusébiennes.Le manuscrit contient l’Évangile de saintMatthieu et celui de saint Marc, moins Mafth, -, i-vi, 3; vu, 26-vin, 7; xviii, 25-xrx, 2; xxiii, 5-12; Marc, xiv, 63’Xvi, 20. Le Codex Beratinus était dès 1356 àBérat même, au couvent de Saint-Jean: on ignore d’où ilprovenait. Il fut signalé, en 1868, par l’archevêque grec deBérat, dans une brochure pubhée à Corfou, sous le titre(en grec) de: Description historique abrégée de la saintemétropole de Belgrade. Il a été étudié sur place en 1885et collationné par le signataire du présent article: la collationest publiée dans les Archives des missions scientifiqueset littéraires, 3e série, t. xiii, Paris, 1887, p. 467-556.

L’intérêt de ce manuscrit tient à sa valeur paléographique; il est, en effet, avec la Genèse illustrée de Vienne, le Psautier de Zurich, l’Évangile de Patmos et l’Évangilede.Rossano, un des rares manuscrits grecs pourpres àencre d’argent connus jusqu’ici. L’intérêt de ce manuscrittient plus encore à la nature du texte qu’il présente: dansl’ensemble, ce texte appartient à la famille que, à la suitede MM. Biort et Westcott, on est convenu d’appelersyrienne; mais il présente un nombre considérable devariantes plus anciennes, lesquelles sont ici pour la plupartde la famille dite occidentale: c’est ainsi que l’importanteinterpolation propre à la version de Cureton etau Codex Bezse (Matth. XX, 28, ûjjieîc Se trjTsfrs èx (jicx.pojociS; Ti<TCu… touto 5(pïi<Ti(j.(ÔT£pov) se retrouve dans notreCodex Beratinus. Voir, en outre de la collation publiéedans les Archives des missions, la notice publiée avec unfac - similé dans les Mélanges d’archéologie et d’histoirede l’école française de Rome, t.v, 1885, p. 358-376.Yoir aussiTheologische Literaturzeitung, t. v, 1885, p. 601 -601; C. R. Gregory, Nov. Testament. Prolegomena, Leipzig, 1890, p. 444-445, et Sanday, Appendices ad N. T. Ste~phanicum, Oxford, 1889, p. 102-116. P. Batiffol.

BERCHORIUS. Voir Bersuire.

    1. BERCOS##

BERCOS (hébreu; Barqôs; cf. assyrien: Barqûsu; Septante: Bapxo; , Bapxoué), chef d’une famille de Nathinéensdont les membres revinrent de Babylone avecZorobabel. I Esdr., ii, 53; II Esdr., vii, 55.

1. BÉRÉE (Bepéa; Vulgate: Berea), ville de Judée, où Bacchides et Alcime, généraux de Démétrius I, r Soter, roi de Syrie, établirent leur camp peu de temps avant labataille où Judas Machabée fut tué. I Mach., ix, 4. Lasituation de cette localité est inconnue. Le nom mêmeest écrit différemment dans plusieurs manuscrits: BeTipÇàO(Cod. 19, 93); Bt^âK (Cod. 64); Br^eû, dans Josèphe, Ant. jud., XII, xi, 1, édit. Didot, p. 475. La plupartdes commentateurs pensent que Béréa est la mêmeville que Béroth (hébreu: Beérôt), aujourd’hui El-Biréh, cf. Conder, Tent work in Palestine, t. ii, p. 335, au nordde Jérusalem, au sud-ouest de Béthel. Voir Béroth 1. —D’autres croient, en s’appuyant sur Josèphe, que Béréa.est la Bethzécha (grec: Bézeth) dont il est parlé I Mach., vu, 19, parce que l’historien juif, Ant. jud., XII, XI, 2, p. 472, nomme cette dernière Bethzétho, comme dans lepassage correspondant à I Mach., ix, 4. Bethzétho estpeut-être le Bir ez-Zeit actuel, «le puits des Oliviers,» au nord-ouest de Beitin (Béthel) et de Djifna, et nonloin de cette dernière ville. Bir ez-Zeit est un village dedix-huit cents habitants, arrosé par deux sources, le’Ainel-Hammam et le’Ain el-Feliftéh, qui donnent à la terreune grande fertilité; la vigne et le figuier y abondent. VoirV. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 33-34. F. Vigouroux.

2. BÉRÉE (Blpota), ville de Syrie (fig. 485), plus

[[File: [Image à insérer]|300px]]
485. — Monnaie de Bérée de Syrie.

[ATT] K M À ANTQNEINOC. Buste de Caraoalla radié, à gauche. - fy AHMAPX.E3 [TTIATOC TO A]. Aigleéployé, tenant une couronne dans son bec.

c» nnue sous le nom d’Alep. Elle est nommée dans le textegrec de U Mach., xiii, 4. Lorsque Antiochus V Eupator,

ou plutôt son tuteur Lysias, se mit en marche avec sestroupes contre Judas Machabée (163 avant J.-C), l’impieMénélas se mêla à l’armée envahissante, afin d’obtenirpar ses brigues de rentrer en possession du souverainpontificat. Lysias, sachant que ce coupable ambitieuxétait une des causes principales des troubles de la Judée, Ht donner par le roi l’ordre de le conduire à Bérée. (LaVulgate omet le nom de la ville et dit: in eodem loco, i dans le même lieu,» sans qu’aucun lieu ait été désigné, ce qui ne peut s’expliquer que par une lacune dansle texte latin.) Il y avait là, à l’endroit sans doute où estaujourd’hui la citadelle, une tour haute de cinquantecoudées (environ 26 mètres) et remplie de cendres. Ménélasy fut jeté, selon la coutume du lieu, If Mach., xiii, 4-6, et y périt étouffé.

désert de Syrie (fig. 486). Elle est bâtie au milieu d’uneoasis, à 420 mètres d’altitude, sur huit petites collines, entourées elles-mêmes de collines calcaires plus hautes.Elle a l’avantagé si rare en Orient d’être arrosée par unerivière, le Kouaïk, l’ancien Chalos (Xénophon, Cyrop., i, IV, 9, édit. Didot, p. 194), qui traverse la ville, en rendles environs très fertiles, et va se perdre dans un marécage, à une trentaine de kilomètres de distance. Les jardins, qui s’étendent sans interruption jusqu’à près devingt kilomètres au sud-est de la ville, sont justementcélèbres, et produisent surtout des pistaches très renommées.L’aspect de la cité, vue de loin, est très pittoresqueavec les blancs minarets de ses nombreuses mosquées etses maisons aux toits plats, étagées sur les terrasses descollines. L’air y est sec et piquant; en hiver, la neige y

[[File: [Image à insérer]|300px]]
186. — Vue d’Alep (ancienne Bérée). D’après une photographie.

Bérée de Syrie (Pline, v, 19; Strabon, xvi, 7, édit. Didot, p. 639; Théodoret, H. E., iii, 17, t. Lxxxii, col. 1116)se trouvait à peu près à moitié chemiu entre Antiocheet Hiéropolis, Ptolémée, v, 15, à deux journées demarche de chacune de ces deux villes. Julien, Epist.xxvii, édit. Teubner, t. i, p. 516; Procope, De bell.pers., ii, 7, édit. Niebuhr, t. i, p. 179. C’est l’antiqueville de Helbon ou Alep. Nieéphore Calliste, II. E., xiv, 39, t. cxlvi, col. 1189. Séleucus Nicator changea sonancien nom sémitique pour lui donner le nom macédoniendeBépoia, qu’elle garda jusqu’à la conquête arabe, sous Abou Obéidah, en 638. À cette époque, elle repritson ancien nom, Ifalab ou Helbôn. Schultens, Index geographicusin vitam Saladini, au mot Halebum, p. Kk 2.Du temps de saint Jérôme, De vir. M., 3, t. xxiii, col. 613, vivaient dans cette ville des chrétiens de la sectedes Nazaréens, qui se servaient de l’Évangile araméen desaint Matthieu.

Alep est située dans l’immense plaine qui s’étend del’Oronte à lEuphrate, à l’extrémité nord-ouest du grand

tombe assez souvent; le climat est sain, mais les habitantsy sont attaqués par un ulcère, appelé le bouton d’Alep, qui se développe ordinairement sur le visage, dure un anenviron et laisse une cicatrice indélébile. Dans le pays, on l’attribue à l’eau. La peste y fait aussi assez fréquemmentdes ravages, surtout par suite de l’incurie des musulmans.

Alep est très ancienne. La tradition arabe y conservele souvenir d’Abraham, et prétend même qu’elle tire sonnom de Haleb «lait», à cause du lait qu’Abraham, pendantson séjour dans cette ville, distribuait à tout venant(A. Schultens, Vita Saladini, p. KKj-J.; Golius, Alfragamts, p. 274). Elle est mentionnée dans les documentségyptiens. VoirChabas, Voyage d’un Égyptien, in-4°, Paris, 1866, p. 100-102. On ne trouve cependant presqueaucun reste de vieux monuments dans la ville, maisles ruines sont assez nombreuses dans les environs. Sasituation en fit dès une haute antiquité l’entrepôt ducommerce entre les Indes, le bassin du Tigre et de l’Euphrateet la Méditerranée. Après la destruction de Pal

myre, elle acquit plus d’importance encore. Malgré toutesles révolutions politiques qu’elle a eu à subir, malgré lestremblements de terre qui l’ont souvent bouleversée, surtouten 1822, elle est toujours une place de commerceimportante, et la route carrossable qui la relie à Alexandretleet qui a été faite ces dernières années est constammentsillonnée par de longues files de chameaux, apportantdans le golte d’Alexandrette, aux paquebots d’Europe, ses propres productions et celles de Diarbékir, de Mossoul et de Bagdad. Le chemin de fer projeté, quidoit la relier à l’Euphrate et à Beyrouth, augmenteraencore son importance. — Un certain nombre de commentateursont pensé que le ffelbon qui produisait le vinvendu à Tyr, d’après Ezéchiel, xxvii, 18 (texte, hébreu), était la ville d’Alep; mais c’est un endroit différent, situédans le voisinage de Damas. Voir Helbôn. — Cf. F. Wûstenfeld, Jâcût’s Reisen, dans la Zeitschrift der Deutschenmorgenlândischen Gesellschaft, t. xviii, 1864, p. 448-452; G. W. Freytag, Selecta ex historia Halebiecodice arabico, in-8°, Paris, 1819; A. Schultens, Vita et resgestse Saladini, auctore Bohadino F. Sjeddadi, necnonexcerpta ex historia universali Abulfedse, in-f°, Liège, 1732; J. Golius, Muhammedis fil. Ketiri Ferganensis, qui vulgo Alfraganus dicitur, Elementa astronomiearabice et latine, in-4°, Amsterdam, 1699, p. 270-276; A. Russell, The natural History of Aleppo, containinga description of the city, an account of the climate, 1™ édit., in-4°, Londres, 1756; H. Maundrell, À Journeyfront, Aleppo to Jérusalem, A-D, 1697 (avec une vued’Alep à cette époque), 6e édit., Oxford, 1740; D’Herbelot, Bibliothèque orientale, t. ii, 1786, p. 187; M. Devezin, Nachrîchtenûbervleppo und Cypern, dansM.C.Sprengel, Bibliotheken derneuesten und ivichtiglen Reisenbeschreibungen, t. xii, in-8°, Weimar, 1804.

F. Vigouroux.

3. BÉRÉE (Bépota), ville de Macédoine (fig. 487). —Paul et Silas, chassés de Thessalonique par les Juifs, iurieuxdu succès de la prédication apostolique, furent conduitspar les frères chrétiens à Bérée. Là ils trouvèrentdes Juifs en grand nombre, plus nobles que ceux de Thessalonique; dans cet auditoire bien disposé ils firent beaucoupde conversions, soit d’hommes juifs ou grecs, soit detemmes grecques distinguées. Mais des Juifs de Thessalonique, apprenant que saint Paul prêchait à Bérée, vinrentdans cette ville soulever le peuple contre les Apôtres.Les frères firent partir saint Paul dans la direction de lamer, probablement vers Dium, d’où celui-ci se rendit à

[[File: [Image à insérer]|300px]]
487. — Monnaie de Bérée de Macédoine.

AAEEANAPOY*. Tête d’Alexandre le Grand, casquée, à droite.—KOIN MAKE B NEQ BEPA1QN. Personnage s’avançantvers une table chargée de deux urnes; û côté, un autelallumé et une oolonne surmontée d’un vase.

Athènes. Act., xvii, 10-15. Un des compagnons de saintPaul, Sopater ( probablement le même que Sosipater, Rom., xvi, 21), était de Bérée. Act., xx, 4.

Bérée, actuellement Verria ou Kara Verria (vilayet deSaloniki, dix mille habitants, d’après E. Reclus, Nouvellegéographie universelle, t. i, p. 177), ville de l’Émathie{ Macédoine inférieure), était située au pied du mont Bermios, dans la plaine fertile et bien arrosée de l’Haliacmon.Ptolémée, iii, 13; Strabon, vii, 11, p. 330. La table de

Peutinger la place à 30 milles de Pella, et l’itinéraired’Antonin à 51 milles de Thessalonique. Fondée, disait-on, par la nymphe Bércea, c’était dans l’antiquité une villeassez importante et populeuse. Pendant la guerre du Péloponèse, elle fut prise par les Athéniens. Thucydide, i, 61.Ce fut la première ville qui se donna aux Romains aprèsla bataille de Pydna. Tite Live, xliv, 45. Elle appartint àla tertia regio. Tite Live, xlv, 29. La voie Appienne la traversait.On possède des monnaies de Bérée de l’époqueromaine où il est question du xoivbv M «x£86vuv et où laville porte le titre de néocore.Voir (fig. 487). Cf. Mionnet, t. i, p. 469. Suppl., t. iii, p. 48. Dans une inscription dutemps de Nerva, elle est appelée métropole. Delacoulonche, Revue des sociétés savantes, 1858, t. ii, p. 765. En 904, ellefut détruite presque en entier par un tremblement de terre.Successivement placée sous la domination slave et bulgare, elle fit partie, en 1204, du royaume latin de Thessalonique; puis, en 1394, elle tomba au pouvoir desTurcs. Bérée a été décrite par Leake, Northern Greece, t. iii, p. 290, et par Cousinéry, Voyage dans la Macédoine, t. i, p. 69. On y voit encore quelques ruines grecques, romaines et byzantines, entre autres, des restes d’anciensmurs et des moulins de foulons de l’époque romaine.

E. Jacquier.

    1. BERENGAUD##

BERENGAUD, auteur d’un commentaire latin surl’Apocalypse, Expositio super septem visiones libri Apocalypsis, composé dans l’intervalle du temps écoulé depuisle milieu du ixe siècle jusqu’au XIIe. Cuthbert Tunstall, évêque de Durham, en Angleterre, attribua cet ouvrageà saint Ambroise, et le fit imprimer sous le nom de cesaint docteur, in-8°, Paris, 1548. Plusieurs éditeurs desœuvres de saint Ambroise l’ont imité depuis. Voir col. 452.Dans ce commentaire cependant on cite nommément saintGrégoire le Grand, saint Augustin, saint Jérôme, saintAmbroise lui-même. Il est vrai que ces noms sont omisdans ces éditions; mais ils se lisent dans les plus ancienset les meilleurs manuscrits. D’ailleurs l’auteur a pris soind’indiquer son nom à la fin de son travail d’une façonoriginale. En tête de l’avertissem*nt final, on lit: Quisquisnomen auctoris desideras, litteras expositionûmin capitibus septem Visionum primas attende. NunierUsquatuor vocalium qusc desunt, si grsecas posueris, estLXXXI. Or les initiales des sept visions donnent: BRNGVDS, et les voyelles EEAO font 5 + 5 + 1 + 70= LXXXI: Berengaudos, pour Berengaudus. Dans unmanuscrit in-4°, vélin, du xiie siècle, coté à la bibliothèqued’Angers n» 68, et possédé avant la révolution parles Bénédictins de Saint -Serge de cette ville, les lettresinitiales des sept visions se détachent en belles capitalescoloriées, et l’avis de l’auteur se lit à la page 169. On avaitsupprimé l’avertissem*nt final dans les anciennes éditionsde saint Ambroise; les Bénédictins l’ont rétabli et ontrestitué ce commentaire à son véritable auteur. Un manuscritde la Bibliothèque nationale du XIIe siècle (tondslatin, 2467) porte écrit de la même main que le texte: «Auctor hujus libri Berengaudus appellatur.» Quel estce Berengaud? Les auteurs de VHistoire littéraire de laFrance, in-4°, Paris, 1740, t. v, p. 653, et dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, édit. Bauzon, t. xii, p. 703, croient que l’auteur du commentaireest un moine bénédictin de Ferrières, que Loup, abbédu monastère, envoya, vers 857, perfectionner ses étudesà Saint-Germain d’Auxerre, et dont il parle dans ses lettres.Pair, lat., t. cxix, p. 592 et 597. En effet, l’auteur écrità une époque où le royaume lombard n’existe plus, Patr.lat., t. xvii, col. 914; il n’a donc pas paru avant leIXe siècle. De plus, sa connaissance de la règle de saintBenoît, la pureté et la netteté de son style, conviennentbien à un Bénédictin, à un disciple de Loup de Ferrièreset d’Heiric d’Auxerre, deux des meilleurs écrivains de cetemps. Enfin les reproches adressés à l’avarice des archidiacres, t. xvii, col. 919, font penser aux conciles duixe siècle, tenus à Paris, à Chàlons, à Aix-la-Chapelle, où

l’on s’occupa tout particulièrement de réprimer un vicealors si criant. Il est vrai que le nom du Bénédictin dontparle Loup de Ferrières, s’il n’y a pas une faute de copiste, est Bernegaud, nom qui répondrait également aux indicationsde l’auteur, mais diffère du nom donné en têtedes plus anciens manuscrits. E. Dupin, dans la Tableuniverselle des auteurs ecclésiastiques, in-8°, Paris, 1704, t. iii, p. 222-223; P. Rangeard, Histoire de l’universitéd’Angers, xie-xv= siècle, 2 in-8°, Angers, 1877, t. i, p. 28-30, attribuent ce commentaire à Berengaud, diacred’Angers, vers 1040. Rien ne s’y oppose, puisqu’il n’estpas cité avant cette époque, et que les plus anciens manuscritssont du XIIe siècle. On voit d’ailleurs par les Cartulairesque le nom de Berengaud était assez répandu enAnjou au XIe siècle. Mais on ne sait aucun détail sur savie, ni s’il a été Bénédictin, comme le commentaire le faitprésumer. En tout cas, il ne doit pas être confondu avecle trop fameux Bérenger, archidiacre d’Angers vers lemême temps (1059). Quelques manuscrits portent, il estvrai, son nom en tête, mais c’est à tort; car, outre queson nom ne remplit pas les conditions indiquées par l’auteur, ce n’est ni son style ni ses idées. Il faut rejeter pourles mêmes raisons l’attribution faite quelquefois à Berengose, abbé de Saint-Maximin de Trêves en 1112. DoraCeillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, édit. Bauzon, t. xiv, p. 238. — Le commentaire de Berengaud, Patrologie latine de Migne, t. xvii, col. 765-970, est remarquable. Bossuet, L’Apocalypse, préface, édit.Vives, t. ii, p. 311, en faisait très grand cas, et lui empruntemême l’explication de la deuxième partie du chapitrexvii. L’auteur divise son explication en sept visions, dans lesquelles il renferme tout le contenu de l’Apocalypse.On peut le ranger dans la même classe d’interprètesque Bède; il voit dans l’Apocalypse l’état généralde l’Église dans les différents âges, plutôt que la prédictionde faits déterminés; par exemple, par les septÉglises, c’est l’Église catholique qui est désignée; si lagrande Babylone est particulièrement Rome, c’est aussien général la cité du démon. Il s’attache plus à expliquerles choses prédites par les symboles que les symboleseux-mêmes, et ne dédaigne pas les applications morales.

E. Levesque.

1. BÉRÉNICE (BepEvnui, forme macédonienne de-#cpev£x-r), «porte-victoire» ), fille de Ptolémée II Philadeiphe, roi d’Egypte, et femme d’Antiochus II Théos, roide Syrie. Elle n’est pas nommée par son nom dans l’Écriture, mais elle est clairement désignée par Daniel, xi, 6, sous le nom de «fille du roi du midi», c’est-à-dire d’Egypte, a Et après un certain nombre d’années, dit le prophète, ils [les rois de Syrie et d’Egypte] s’uniront ensemble.La fille du roi du midi viendra vers le roi du nord[Antiochus Théos] pour faire amitié avec lui; mais ellene s’établira point par un bras fort, et sa race ne subsisterapas; elle sera livrée elle-même avec les jeunes gensqui l’avaient accompagnée et qui l’avaient soutenue.» Leroi de Syrie, Antiochus II, faisait la guerre au roi d’Egypte, Ptolémée II Philadelphe, depuis plusieurs années, lorsqueArsace profita de cette circonstance pour se rendre indépendantet établir le royaume des Parthes. Théodote, gouverneur de la Bactriane, imita cet exemple et s’affranchitégalement de la domination des Séleucides. La pertede ces provinces porta Antiochus à demander la paix àPtolémée. Elle fut signée (250 avant J.-C), mais à la conditionqu’il répudierait sa femme Laodice, et qu’il épouseraitBérénice, la fille du roi d’Egypte. Ptolémée accompagnasa fille jusqu’à Péluse et lui donna de grosses sommesd’or et d’argent, ce qui la fit surnommer itopvoçôpo; , «porte-dot. s II lui envoyait même régulièrement en Syriedo l’eau du Nil pour boire. Polybe, Fragm. hi$t., 54, édit.Didot, p. 158; Athénée, ii, 23, édit. Teubner, t. i, p. 80.Mais Antiochus Théos n’avait fait qu’un mariage politique; il regrettait Laodice, et son nouveau beau-pèreétant mort deux ans après, il répudia Bérénice et reprit

sa première femme, dont il avait eu quatre enfants, deux; fils, Séleucus Callinicus, qui lui succéda, et Antiochus-Hiérax, et deux filles. Malgré son rappel à la cour, lavindicative Laodice ne put pardonner à son mari l’affrontqu’elleen avait reçu et le fit empoisonner. Bérénice, effrayée, se réfugia avec le fils qu’elle avait eu d’AntiochusàDaphné, près d’Antioche; mais sa rivale s’empara d’ellepar ruse, et elle périt avec son enfant et tous les Égyptiensqui l’avaient suivie. Justin, xxxvii, 1, édit. Teubner, p. 173; Polysenus, Strateg., viii, 50, édit. Teubner, p. 325.Son frère Ptolémée III Évergète, venu à son secours, n’arriva que pour la venger. Polybe, Hist., v, 58, 10 etsuiv., édit. Teubner, t. ii, p. 173; Appien, Syr., 65, édit.Didot, p. 207. Ainsi fut accomplie dans tous ses détails, la prophétie de Daniel. Voir S. Jérôme, In Dan., xi, 6, t. xxv, col. 560. F. Vigouroux.

2. BÉRÉNICE (Bepvîxr)), princesse juive dont les historienslatins ont célébré la beauté, mais aussi stigmatiséla conduite infâme. Elle était arrière-petite-fille d’Hérodele Grand, et fille de cet Hérode Agrippa, persécuteurdes Apôtres, dont les Actes, xii, 23, ont raconté la finépouvantable. Elle n’était encore âgée que de dix ans, et déjà sa réputation était telle, qu’à la mort de son père(44 après J.-G.) la populace de Césarée traîna ses statuesdansde mauvais lieux. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 1.Bérénice fut d’abord fiancée, quelques-uns disent mariée, au neveu de Philon, fils d’Alexandre Lysimaque, alabarqued’Alexandrie. Ant. jud., XIX, v, 1. Elle épousa lefrère de son père, Hérode, roi de Chalcis, dont elle eutdeux fils: Bernician et Hyrcan. À la mort de son mari, elle était âgée de vingt et un ans et dans tout l’éclat de sabeauté. Son frère Agrippa ayant succédé à Hérode deChalcis, elle vécut avec lui dans une intimité telle, qu’elle.donna lieu aux soupçons les plus fâcheux. Ant. jud., XX, vu, 3. Pour les dissiper, elle épousa Polémon, roi de Cilicîe, qui afin de devenir son époux s’était fait circoncire.Mais bientôt elle l’abandonna, afin de revenir habiter avecson frère Agrippa. C’est à cette époque qu’elle alla à Césaréeavec Agrippa, pour saluer le procurateur Festus, Act., xxv, 13; elle assista à la séance célèbre où saintPaul, de l’aveu même des assistants, Agrippa, Béréniceet Festus, Act., xxv, 23; xxvi, 31, se justifia des accusationsportées contre lui par les Juifs. Siir le caractère decetteentrevue, voir Agrippa.

En 60, au commencement de l’insurrection juive, Bérénice, alors à Jérusalem pour l’accomplissem*nt d’unvœu, intercéda auprès du procurateur Florus en favaurdes Juifs; ce fut en vain. De concert avec son frèreAgrippa II, elle essaya aussi d’apaiser les Juifs, irrités parles cruautés et les exactions du procurateur; mais le peuplerefusa d’obéir plus longtemps à Florus. Josèphe, Bell, jud., II, xv, 1. Pendant et après la guerre de l’indépendancejuive, Bérénice suivit la fortune de son frère; elles’attacha au parti des Romains et chercha à leur gagnerdes partisans. Les historiens affirment même que par desprésentselle gagna la faveur du vieux Vespasien (Tacite, Hist., ii, 81), et qu’elle conquit le cœur de Titus. Suétone, Titus, vu. Après la prise de Jérusalem, Bérénice etson frère s’associèrent au triomphe des Romains. Bell, jud-, IV, ii, 1. En l’an 75, elle accompagna Agrippa àRome, où Titus la logea dans son propre palais. Oncroyait qu’il allait l’épouser, mais l’indignation publiquefut telle, les allusions odieuses au passé de Bérénice devinrentsi fréquentes (Juvénal, Satire, vi, 155-160; DionCassius, lxvi, 15), que Vespasien ordonna le renvoi deBérénice. Titus se soumit et, dit Suétone, Titus, vil, «invitusinvitam dimisit. s On sait que cet épisode de la vie deBérénice forme le sujet des tragédies de Racine et de Corneille, intitulées Bérénice. À l’avènement de Titus, Bérénicerevint à Rome, mais elle était oubliée. Elle retournahabiter Tibériade avec son frère Agrippa, où, si l’on encroit Josèphe, Vita, lxv, elle témoigna beaucoup d’inté1C13

BÉRÉNICE — BERGER

4614

rét à l’historien juif Justus de Tibériade. «Bérénice, ditM. Is. Loeb, a réuni dans sa personne tous, les vices dela famille d’Hérode: l’amour du faste et du pouvoir, legoût de l’intrigue et des tripotages politiques, l’égoïsmesans scrupules, la passion sans frein. Avec elle finit l’histoirede cette famille, dans le dévergondage et la pourriture.» Grande Encyclopédie, t. VI, p. 290. On a retrouvél’inscription grecque du socle d’une statue qui avait étéélevée à Athènes à Bérénice. Corpus Inscriplionum grsscarum, n° 361, t. i, part, ii, p. 431. E. Jacquier.

1. BERESCHITH (berêMt, «au commencement» ), premier mot de la Genèse, qui sert aux Juifs à désignerce livre tout entier.

2. BERESCHITH RABBA, midrasch ou commentairejuif sur la Genèse. Voir Midraschim.

BERGER. Hébreu: rô’éh; Septante: tcoiu^v; Vulgate: pastor. Deux fois, IV Reg., iii, 4, et Amos, i, 1:

odieux au* Égyptiens, asservis alors à la domination desHyksos ou rois pasteurs; mais il ménageait aux immigrantstoute la faveur du souverain, naturellement biendisposé pour des hommes de condition, peut-être mêmed’origine analogue à celle de ses propres ancêtres. Gen., XL VI, 32-xlvii, 3. Les Hébreux continuèrent, dans la terrede Gessen, à mener la vie pastorale. Mais des circonstancesprovidentielles obligèrent peu à peu un certainnombre d’entre eux à apprendre toutes sortes de métiers.Néanmoins l’ancien genre de vie gardait tous ses charmeset toute sa noblesse aux yeux des Hébreux, et Moïse, bienqu’élevé à la cour dans toutes les sciences des Égyptiens, n’hésitait pas à devenir berger des troupeaux de son beau-pèreJéthro.. Exod., iii, 1. Ou voyait aussi des jeunes fillesdes plus riches familles, comme Rachel et Séphora, occupéesà faire paître les brebis. Gen., xxix, 6-9; Exod., Il, 16, 17; Cant., i, 7.

Après l’établissem*nt des tribus dans la terre de Chanaan, la vie pastorale cessa naturellement d’être la principaleoccupation des Hébreux. H fallut exercer le métier

488. — Bergers égyptiens soignant leur troupeau.Tombeau de Béni -Hassan. xii» dynastie. D’après Lepsius, Derikmaler aus Aegypten, Abth. ii, Bl. 132.

nôqêd, que les traducteurs grecs laissent de côté la premièrefois, et qu’ils transcrivent simplement vmxt|8 dansAmos.

I. La vie pastorale chez les Hébreux. — Dès leprincipe, les hommes se sont consacrés les uns â la viepastorale, les autres à la vie agricole. Abel était, pasteuret Gain agriculteur, Gen., IV, 2; le premier par conséquentnomade et changeant de pays quand ses troupeauxn’y trouvaient plus à vivre, le second plus sédentaire etobligé de rester en place pour surveiller sa culture et enramasser les fruits. Abel ne s’occupait encore que de menubétail, s’ôn, mot qui signifie seulement des brebis et des-chèvres. Gen., iv, 2. Mais un des descendants de Caïn, Jabel, fils de Lamech, fut «le père de ceux qui habitentsous les tentes et parmi les troupeaux s, et posséda du grosbétail, miqnéh. Gen., iv, 20. Avec lui commença la grandeVie nomade.

Les patriarches de la descendance de Seth furent tousde grands pasteurs. Abraham et Lot possédaient des troupeauxsi nombreux, que leurs bergers ne pouvaient vivreensemble dans la même région, et que les deux patriarchesfurent dans la nécessité de se séparer. Gen., xiii, 7, 8.Même querelle s’éleva plus tard, à propos de la jouissanced’un puits, entre les bergers d’Isaac et ceux de lavallée de Gérare, en pays philistin. Gen., xxvi, 20. Jacobpaissait les troupeaux de Laban. Gen., xxix, 18; xxx, 31.Plus tard, arrivé en Egypte avec toute sa famille, il eutbien soin, sur le conseil de son fils Joseph, de se présenterau pharaon en qualité de pasteur. Quoiqu’on élevâtde nombreux troupeaux en Egypte (fig. 488), ce titre était

des armes, bâtir des villes et des villages, s’adonner âl’agriculture et s’appliquer aux différentes industries nécessairesà la vie d’une nation sédentaire. Il n’y eut plusde grands pasteurs, mais seulement de grands proprié*(aires de, troupeaux, ayant à leur service de nombreuxbergers, comme cela se pratiquait chez les peuples voisins.Gen., xlvii, 6; I Reg., xxi, 7. Le métier de bergerperdit pâu à peu de sa considération, et ceux qui l’exerçaientavaient conscience de l’humilité de leur condition.II Reg., vii, 8; Ps. lxxvii, 70; Amos, vii, 14; Soph., ii, 6.Des bergers pouvaient devenir rois, comme David, ou prophètes, comme Amos; mais, dans les derniers temps surtout, la vie pastorale était regardée comme peu enviable.Cf. Sap., xvii, 16.

Néanmoins, dans un pays comme la Palestine, où l’élevagedes troupeaux occupa toujours une si grande place, on se rendait compte des services rendus par les gardiensdes brebis. Quand on parlait de «brebis sans pasteur», c’était toujours pour indiquer l’état social le plus lamentableou la malédiction divine la plus terrible pour un peuple.Num, , xxvii, 17; III Reg., xxii, 17; II Par., xviii, 16; Judith, xi, 15; Matth., ix, 36. Par contre, on donnait métaphoriquementle nom de pasteurs à ceux qui exerçaientune autorité sur la nation, aux princes, qu’Homère appelleaussi «pasteurs de peuples», aux prophètes, aux représentantsde Dieu, Is., xliv, 28; Jer., ii, 8; iii, 15; xxii, 22; xxin, 4; Zach., xi, 5, 8, 16; à Dieu lui-même, Gen., xlviii, 15; Ps. xxiii, 1 (texte hébreu); Is., XL, 11; xlix, 9, 10; Ezech., xxiv, 11; Ose., iv, 16, et au Messie, Ezech., xxiv, 23; xxxvii, 24, qui un jour revendiquera le titre de

bon Pasteur, Joa., x, 11, et donnera le même titre à celuiqui doit être son vicaire sur la terre. Joa., xxi, 15-17.

II. Genre de vie des bergers. — 1° Obligations. —Le métier de berger imposait des obligations très dures.Le pasteur d’alors devait être, comme celui d’aujourd’hui, grossièrement vêtu (fig. 489), muni de sa houlette, I Reg., xvli, 40, pour guider ses brebis (fig. 490), armé d’armesdiverses pour les défendre. I Reg., xvii, 34-36. Le troupeauréclamait une surveillance continuelle de jour et de nuit, quelles que fussent les intempéries des saisons. Gen., xxxi, 40. Il est vrai que la nuit les bergers se relayaient de veilleen veille, Luc, ii, 8; mais le veilleur fatigué s’endormaitparfois, Nah. r iii, 18, et les brebis restaient exposées aux

aider dans leur tâche. Job, xxx, 1. Mais ces animaux eux-mêmespouvaient manquer de vigilance et devenir «muetset incapables d’aboyer». Is., lvi, 10.

2° Entretien du troupeau. — Il ne suffisait pas desurveiller et de défendre le troupeau; le berger avaitencore à pourvoir à son alimentation. Le matin, il arrivaità l’enclos dans lequel les brebis étaient enfermées; il entrait et faisait sortir tout le bétail. Puis il marchaitdevant, et les brebis le suivaient docilement au son desa voix, qu’elles connaissaient bien. Joa., x, 1-4; Ezech., xxxiv, 12. Le berger les menait aux meilleurs pâturageset aux sources d’eau. Gen., xxix, 7; Exod., ii, 16; Ps. XXII, 2. Souvent il ne pouvait, sans dommage pour

489. — Jeune berger des environs de Jérusalem.D’après uno photographie de M. h. Hoidet.

plus grands dangers. Elles étaient sans cesse menacéespur les bêtes féroces, le lion, l’ours, le loup, le léopard, I Reg., xvii, 34-35; Is., xxxi, 4; Jer., v, 6; Am., iii, 12; Joa., x, 11-13; d’autres fois les brigands venaient s’enemparer, Gen., xxxi, 39; Job, i, 17, ou des accidentsimprévus les faisaient périr. Job, i, 16. Le berger étaitordinairement responsable des pertes subies par le troupeau.Gen., xxxi, 39. Aussi, la nuit surtout, tenait-il lesanimaux enfermés dans un enclos muni d’une porteconfiée à la surveillance d’un gardien, Joa., x, 3, ce quin’empêchait pas toujours les voleurs de passer par dessusla barrière et d’emporter ce qui était à leur convenance.Joa., x, 1. Quelquefois on bâtissait des tours dans lesendroits déserts, pour la défense du pasteur et du troupeau.II Par., xxvi, 10; xxvii, 4. Il est ainsi question dansl’Écriture d’une «tour d’Éder», Migdal’Êdér, Gen., xxxv, 21; Mich., iv, 8 (hébreu), «tour du troupeau,» élevée dans ce but. Le brigandage était si bien dans lesmœurs, comme il l’est encore aujourd’hui chez les Bédouinsde désert, qu’on se faisait un mérite de ne l’avoirjamais exercé. Cf. I Reg., xxv, 7. Comme les bergers de tousles pays, ceux de Palestine avaient des chiens pour les

480. — Berger arabe de Judée, avec sa houlette.D’après une photographie de M. L. Heidet.

le troupeau, s’éloigner de la sourceou du puits, Gen., xxix, 2-4, tant l’eau était rare dans certaines régions; et, surtout dans les temps plus anciens, il lui fallait ducourage et de la vigueur pour défendre son puits, déjàtrop peu abondant, contre les prétentions des bergersétrangers. Gen., xxi, 25; xxvi, 20; Exod., Il, 17. Quandon rentrait le soir, quand le maître venait visiter sontroupeau ou quand il fallait vendre une partie du bétail, le berger faisait passer les brebis par une porte étroiteet les comptait soit à la main, Jer., xxxii., 13, soit avecun bâton, qui peut-être les marquait d’un signe en couleur.Lev., xxvii, 32. Voir t. ii, fig. 611, col. 1987.

Parfois des brebis étaient blessées ou fatiguées, lesagneaux ne pouvaient plus marcher, un animal s’égarait.Alors le berger multipliait les soins, portait dans ses brasou sur ses épaules la pauvre bête, et s’en allait à la recherchede la brebis perdue. Gen., xxxiii, 13; Is., XL, H; Luc., xv, 4. Au temps voulu, le berger tondait les brebis, Gen., xxxi, 19; xxxvtii, 12; II Reg., xiii, 23, et veillaità la multiplication du troupeau. Pendant que Jacob étaitberger chez Laban, il avait obtenu au moyen de baguettesplacées dans les abreuvoirs, sans doute par un miracle

divin et non d’une manière naturelle, la couleur qu’ildésirait pour la toison des jeunes agneaux. Gen., xxx, 38.3° Salaire. — Le salaire du berger se payait anciennementen nature, Gen., xxx, 32; d’autres fois on gardaitles troupeaux d’un maître en vue d’un autre avantage àobtenir. Ainsi fit Jacob pendant quatorze ans, pour pouvoirépouser Lia et Rachel, filles de Laban. Gen., xxix, 18-27.

— La nourriture était fournie au berger par le troupeaului-même, I Cor., ix, 7; mais à certains moments elle laissaitbeaucoup à désirer. Am., vii, 14; Luc, xv, 16. — L’accoutrementdu berger se composait des vêtements grossiersdes paysans ordinaires, et d’un manteau qui pouvait leprotéger contre les intempéries. Jer., xlviii, 12. Le berger

taires qu’ils fabriquaient, comme ils le font encore aujourd’huidans ce pays (fig. 491). Cf. Job, xxr, 11, 12.

III. Les bergers de Bethléiiem a la nativité. — Cefurent des bergers qui eurent le suprême honneur d’êtreappelés les premiers à rendre hommage à l’Agneau deDieu, quand il se rendit visible dans la crèche de Bethléhem, la nuit de Noël (fig. 492). Les pasteurs des environsvirent l’apparition des anges, entendirent le Gloria inexcelsis, adorèrent l’Enfant -Dieu, et publièrent partout labonne nouvelle. Luc, ii, 8-20. Le regard de Dieu avaitété attiré sur ces hommes par leur vie simple, vigilante, pure, humble et dévouée. Le divin Enfant, qui devait êtreun jour le bon Pasteur, Joa., x, 11, et le Prince des pastrnr «T Prtr, v i, trn lit d’oi’Hemi -.uii juleiii >1< lui, il’- li |H! ii! i. i iislmt m u 1 1 1 1 li li(.ui in-iil lui-mi niein pii’ii ml-oui dii lu t [.-. iiiiiiiiii il piiiidi ni-chu dis’- =J tj! *

ZlfjÊ

.* -=j

401.— Berger de Palestine jouant du zammârat (flûte champêtre).D’après une photographie de M. L. Heidet.

emportait avec lui une tente qui pouvait se plier, et souslaquelle il s’abritait contre l’ardeur du soleil ou la fraîcheurde la nuit. Cant., i, 7; Is., xxxviii, 12. Il tenait àla main un bâton, attachait un sac sur ses épaules poury mettre ses provisions et les ustensiles indispensables, et n’allait pas sans une lronde, au maniement de laquelleil avait tout le loisir de s’exercer, et dont il parvenait àse faire une arme terrible. I Reg., xvii, 40; Ps. xxii, 4; Zach., xi, 7.

4° Poésie pastorale. — Enfin la poésie elle-même avaitsa place dans la vie des bergers de Palestine. La beautédu paysage pen ant le jour, la splendeur du firmamentpendant la nuit, le contact continuel avec la nature, parlaientà leur âme et relevaient facilement à Dieu. Il enfut ainsi pour le jeune David, qui, devenu roi et poète, consigna dans ses chants, particulièrement dans lePsaume viii, l’impression que le spectacle de la naturefaisait sur sa jeune âme dans les campagnes de Bethléhem.Il savait chanter et jouer des instruments, I Reg., xvi, 18, et sans nul doute beaucoup de jeunes bergers dePalestine devenaient capables, comme lui et comme tousles bergers du monde, de réjouir les échos de la solitudepar le son de leur voix ou celui des instruments rudimen4; ! . — T.i - lir_ r r-! ]! li.’lu m i’inI’r’iri/» ’i» d-i’nJa i>i lu Mi i/n-i i-nu M. -.Mil’in.’i.i|ir I i.iin jI’ji1 *> "i/’iii.i i i |J 1 i.

mu - Un-ut qui li - |m uni i-- lin l’i-n-, il mli - i il iniiiiliin pu-i uli ii lit h |’h--mm ni le divin M nlic-un- 1 1 n.’iiii’du linii l’i-li in. Il l.l i i: r

BÉRI; lu bu u /i …-mi": i i, ln’il uiiii i fd muneinscription de Carthage, on lit un nom propre semblable, ’13. J. Euting, Samndung von Carthagiscken Inschriften, Strasbourg, 1883, in-4°, pi. 8]; Septante: Bapc’v), quatrième fils de Supha, de la tribu d’Aser. I Par., vu, 36.

BÉRIA. Hébreu: Berî’âh, «fils du malheur;» Septante: Bepiâ, Bapià. Nom de cinq Israélites dans le textehébreu: trois sont appelés Baria dans la Vulgate. VoirBaria 2, 3, 4.

1. BÉRIA, quatrième fils d’Aser. Gen., xlvi, 17. LaVulgate l’appelle Baria. I Par., vii, 30. Voir Baria 1.

2. BÉRIA, fils d’Éphraïm. I Par., vii, 21-24. Il reçut cenom (Berî’âh, «fils du malheur» ), parce qu’il était nédans l’affliction (berâ’âh) de sa iamille. Plusieurs filsd’Éphraïm, voulant s’emparer du territoire de Gelh, venaientd’être tués par les habitants de cette ville. Il est àremarquer que cette tentative des fils d’Éphraïm est antérieureà l’exode. Elle peut servir à expliquer commentThotmès III eut à combattre, en Palestine, le clan desJosephel avant la conquête de la Terre Promise par Josué.Cf. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., in-12, 1891, t. iv, p. 373; &Revue biblique, janvier 1893, p. 149-150. Ce fils d’Éphraïm doit être distinguéde Béria (Vulgate: Baria), fils de Benjamin, qui, environ trois quarts de siècle après le premier, fit une »

expédition plus heureuse contre les habitants de Geth. VoirBaria 3. E. Levesque.

    1. BÉRIL##

BÉRIL, pierre précieuse. Voir Béryl.

    1. BÊRÎM##

BÊRÎM, BÉRIENS ou BÉRITES (hébreu: kôlhab-bêrim, «tous les Bêrim» ), II Sam. (Reg.), xx, 14.Lorsque Joab poursuivit Séba, qui avait soulevé Israëlcontre David, «il passa, dit le texte hébreu, dans toutesJes tribus d’Israël jusqu’à Abel - Beth - Maacha et tous lesBêrim.» Ces hab - Bêrim, nnsn, auraient, d’après lecontexte, habité le nord de la Palestine; mais ont-ils jamaisexisté? Le texte original paraît être ici corrompu. Lesanciennes traductions ont lu autrement que le texte massorétique.La Vulgate porte: omnes viri electi, «tous leshommes d’élite,» c’est-à-dire bahurîm, «choisis,» aulieu de hab-bérim; les Septante traduisent Iv Xotp’pf (metomis dans bon nombre de manuscrits; de plus, Charri estinconnu). Les exégètes modernes ont fait. des hypothèsesdiverses; elles ont toutes l’inconvénient de ne reposer suraucune preuve. D’après les uns, Bêrim est Béroth ouBérotha (voir ce mot); d’après d’autres, il faut corrigerhab-bêrim en DHDarij hab-bikrîm, «les fils de Bochri,» cf. II Reg, xx, 13; d’après d’autres enfin, comme Ewaldet W’ellhausen, la leçon de la Vulgate est la véritable.

F. Vigouroux.

    1. BERINGTON ou BERRINGTON Simon##

BERINGTON ou BERRINGTON Simon, théologiencatholique anglais, né à Winsley, dans le comté de Hereford, le Il janvier 1679, mort le 16 avril 1755, Aprèsavoir pendant quelques années enseigné la philosophieau collège de Douai, il revint dans sa patrie et y prêchaavec courage la foi romaine. Parmi ses écrits, dirigés surtoutcontre les incrédules, nous citerons: Dissertation onthe Mosaical Account of the Création, Déluge, Buildingyf Babel, Confusion of tongues, etc., grounded on theScriptures, in-8°, Londres, 1750. L’auteur combat danscet ouvrage Pluehe, Woodward, Newton, etc. — VoirHurter, Nomencl. litterar, , t. H (1893), p. 1311; Orme, Bibliotheca biblica (1824), p. 31; J. Gillow, À literaryand bibliographical Bistory of the English CatholicsJrom the brèach with Rome in 1534, t. r, Londres (1885),

p. 197.

B. Heurtebize.

    1. BERITH##

BERITH, nom, Jud., ix, 46, du dieu appelé ailleursBaalbérit. Voir Baalbérit.

    1. BERKHOLZ Christian August##

BERKHOLZ Christian August, pasteur protestantallemand, mort à Riga en 1870. Il a composé divers ouvrageshistoriques et théologiques et publie deux courtesétudes sur Job et l’Apocalypse: Dos Buch Siob, in-8°, Riga, 1859; Die Offenbarung Johannis, in-8°, Riga, 1860,

    1. BERLANGA Christophe##

BERLANGA Christophe, né à Madrid le 31 mars 1649, mort à Tortosa le Il février 1731. Il entra au noviciat dela Compagnie de Jésus le 25 mars 1666. Il enseigna leshumanités et la philosophie, et fut ensuite appliqué auxfonctions du saint ministère, qu’il exerça longtemps àValence. Il a publié: Interrogationes et responsiones, seu Qusestiones in librum Geneseos, juxta methodumMagni Alcuini, 6 in-4°, Valence, 1699-Ï715. Il avait l’intentionde continuer ce travail, car il laissa en manuscritun volume de Qusestiones in Psalmos. C. Sommervogel.

    1. BERNA André##

BERNA André, appelé aussi VERNA et DE VERNA,

Vénitien, mineur conventuel, florissait dans la premièrepartie du xviie siècle. Il a publié divers ouvrages, et, audire de Franchini, a laissé dans la bibliothèque des conventuelsde Venise: Meditazioni sopra il Salmo ri, Dominene in furore tuo. Jean de Saint-Antoine, citant Alva, indique une édition de ce livre imprimée à Trévise, 1600, in-4°. P. Apollinaire.

1. BERNARD (Saint), docteur de l’Église, religieux de

Cîteaux et abbé de Clairvaux, né au château de Fontaine, près de Dijon, en 1091, mort à Clairvaux le 8 août 1153. «Au xii 9 siècle, dit Léon XIII, la plupart des écrivainsecclésiastiquesentreprirent avec beaucoup de succès l’explicationallégorique des Saintes Écritures; dans ce genresaint Bernard se distingua facilement parmi tous lesautres; ses sermons en particulier ont une saveur presqueexclusivement scripturaire.» Providentissimus Deus, 18 nov. 1893. — Les écrits du saint docteur ne sont, pour ainsi dire, qu’un assemblage do phrases de no» Livres Saints. Il a consacré quatre -= vingtsix sermons, t. clxxxiii, col. 547-1196, à l’interprétation des deux premierschapitres du Cantique des cantiques. Il s’y occupeplus de piété que d’exégèse: l’époux, c’est le Christ; l’épouse, c’est l’âme chrétienne. Le saint docteur décritlonguement et avec son onction accoutumée leurs mutuels, rapports. Ce beau travail, tout à fait dans le goût dutemps, fut imité par plusieurs et continué par Gilbert deHoilandia, qui consacra quarante - huit sermons à pousserle commentaire jusqu’au milieu du chapitre v. Patr. lat., t. clxxxiv, col. 11-292. — Saint Bernard se sert souventdu texte sacré dans un sens accommodatice. Il croit cetusage de la parole de Dieu parfaitement légitime, à deuxconditions: la première, que l’accommodation proposéesoit la formule édifiante d’une vérité; la seconde, que letexteainsi accommodé ne soit pas donné en preuve. «Pourquoi trouverions-nous mauvais dans le sens des-Écrituresce que nous expérimentons tous les jours dans, l’usage des choses? À combien d’usages, par exemple, l’eau ne sert-elle pas tous les jours, au grand avantage denotre corps? Il n’est donc pas étonnant que toute paroledivinepuisse produire des sens divers, qu’il faut adapteraux besoins divers et aux habitudes des âmes.» In Cant., serm. li, 4. t. clxxxiii, col. 1027. — Ailleurs, ayant à réfuter les erreurs d’Abélard et de Gilbert de laPorrée: «Elles sont sérieuses, dit-il, toutes les choses quitouchent à la foi; elles ne sauraient admettre cette libertéd’accommodation (mot à mot, de jeu, ludendi licenliamillam) que peuvent se permettre une piété solidement assisesur la foi et une érudition libérale.» Dans Frassen, Disquisitionesbibliæ de sensu accommodatitio, . iii, c. 4, §16, in-4°, Paris, 1682, p. 484. Voir A. Neander, Der heiligeBernhard und sein Zeitaller, in-8°, Berlin, 1813; Histoirelittérairede la France, t. xm (1814), p. 129-235; J. O. Etlendorf, Der heilige Bernhard, in-8°, Essen, 1837; M. Th. Ratisbonne, Histoire de saint Bernard, 2 in-8°, Paris, 1841 J6e édit., 1864; Morison, Life and limes of saint Ber~nard, in-8°, Londres, 1863; Vacandard, Saint Bernardorateur, in-12, Rouen, 1877; G. Hûifer, Der heilige Bernardvon Clairvaux, in-8°, Munster, 1886.

L. Gondal.

2. BERNARD DE SAINT - FLORENTIN, capucin. VoirGONDON.

    1. BERNARDIN DE PICQUIGNY##

BERNARDIN DE PICQUIGNY, capucin de la provincede Paris, était né, croit-on, en 1633. Il enseignalongtemps la théologie à ses jeunes confrères, et passa les.dernières années de sa vie au couvent du Marais, à Paris, où il mourut le 8 décembre 1709. On ne possède presqueaucun détail sur sa vie. Il a laissé trois ouvrages d’exégèse: 1° Epistolarum sancti Pauli, apostoli, triplexexpositio: analysi, paraphrasi, commentario, in-f°, Paris, 1703. — 2° Le succès de ce premier ouvrage engageal’auteur à en faire un abrégé en langue française: Explication des Épîtres de saint Paul par une. analyse, 3 in-12, Paris, 1706. Certains trouvèrent mauvais que leP. Bernardin vulgarisât ainsi la doctrine de l’Apôtre; d’autres reprochèrent à cette nouvelle œuvre des défautsqui la rendent inférieure à la précédente. par exemple, sa paraphrase est trop prolixe pour le but qu’elle veutatteindre. Toujours est-il que le public l’a infinimentagréée. Elle a eu, comme le premier ouvrage, de trèsnombreuses éditions et traductions, dont douze au moins

ont passé entre nos mains. — 3° Le pape Clément XI joignitle témoignage de son estime et de son approbationà eeux dont le monde savant avait honoré la Triplexexpositio, et manifesta au P. Bernardin le désir de voirsortir de ses mains un commentaire des Saints Évangilestraité par la même méthode. Le pieux auteur mourutsans avoir eu le temps de mettre ce nouvel ouvrage souspresse; mais il le laissait terminé, et ses confrères firentimprimer la Triplex expositio in sacrosancta D. N. JesuChristi Evangelia, in-f°, Paris, 1726. On y retrouve toutesles qualités du P. Bernardin comme exégète, bien que lescritiques s’accordent à y reconnaître une certaine inférioritévis-à-vis de son premier ouvrage. — En 1870-1872, on a vu paraître pour la première fois, en 5 in-8; - Opéraomnia Bernardini a Piconio, données au public parl’éditeur "Vives, Il n’y a pas compris l’Explication françaisedes Épîtres, qui dans une telle collection aurait faitdouble emploi avec la Triplex expositio. — Le P. Michell’Ietzenauer, capucin de Zell, près de Kufstein, dans lediocèse de Salzbourg, a publié, en y ajoutant le texte grecet des notes théologiques et philologiques, une nouvelleédition de la Triplex expositio Epistolse ad Romanos, in-8°, Insprùck, 1891. P. Apollinaire.

    1. BERNARDIN DE SIENNE##

BERNARDIN DE SIENNE (Saint), ué à Sienne(quelques-uns disent à Massa) le 8 septembre 1380, mortà Aquila le 20 mai 1444. Il était de la noble famillesiennoise des Albizeschi, entra dès sa jeunesse dans l’ordredes Frères Mineurs, qu’il illustra merveilleusem*nt parses vertus, ses miracles, ses services, et par le retentissem*ntincomparable de ses prédications. Il parcourutl’Italie entière, et partout mérita l’admiration des peupleset des grands. Ce fut saint Bernardin qui mit en honneurle culte public du saint Nom de Jésus, et qui contribuale plus à provoquer dans son ordre la réforme dite de l’Observance.Il mourut à l’âge de soixante-quatre ans. Il avaitrefusé trois fois la dignité épiscopale. Il a laissé de nombreuxécrits qui relèvent au même mérite que les docteursde l’Église; ils ont été réunis plusieurs fois enœuvres complètes: 4 in-f°, Lyon, 1636, et 1650, par lessoins du P. de La Haye; 4 in-f°, Venise, 1745, On y remarquedes Commentaria in Apocalypsim B. Joannis.

P. Apollinaire.

    1. BÉRODACH BALADAN##

BÉRODACH BALADAN, IV Reg., xx, 12. Les copistesont altéré la première lettre de ce nom, qui doitse lire Mérodach Baladan, comme le porte le texte correspondantd’Isaïe, xxxix, 1. Voir Mérodach Baladan.

BÉROMI. «Azmaveth, dit laVulgate, II Reg., xxiii, 31, était de Béromi, a c’est-à-dire de Bahurim, comme le porteïe texte hébreu, qui l’appelle «le Baharumite», habbarhumi.Voir Bahurim et Baurahite.

BÉROTH. Hébreu: Be’erôt, pluriel de Bé’êr, «puits».Nom de lieux.

1. BÉROTH DES FILS DE JACAN (hébreu: Be’èrôtbenê-Ya’âqàn, «puits des fils de Jacan;» Septante: BepwS uiwv’Iaxi|i; Vulgate: Beroth filiorum Jacan), campement des Israélites dans le désert du Sinaï. Deut., x, 6. Dans le passage des Nombres où sont énumérées lesstations des Israélites, le nom de Béroth est supprimé, etles mots Bené-Ya’âqân sont seuls conservés. Num., xxxiii, 31, 32. Voir Benéjaacan.

2. BÉROTH (hébreu: Be’èrôt, «les puits;» Septante: BV|p&>T, Jos., IX, 17; Bripûe, IIReg., iv, 2; I Esdr., ir, 25; II Esdr., vii, 29; BeTipmûi, Jos., xviii, 25), ville chana>néenne, qui, au moment de l’arrivée des Hébreux dansla Terre Promise, formait, avec Gabaon, Caphira etCariathiarim, une petite confédération, qu’une ruse desGabaonitês préserva de l’extermination. Jos., ix, 17. Ellelut plus tard assignée à la tribu de Benjamin. Jos., xviii, 25.

Les habitants furent contrainte, peut-être à l’octasion dumassacre des Gabaonitês par Saûl, Il Reg., xxi, 1, dechercher un refuge à Géthaïm, II Reg., iv, 3, où ils demeuraientencore à l’époque de David. C’est de ces émigrésque descendaient les deux bandits, Baana et Réchab, qui assassinèrent Isboseth, Bis de Saùl. II Reg., iv, 2, 5, 9.Naharaï, écuyer de Joab, fils dé Sarvia, était égalementde Béroth. Il Reg., xxiii, 37; I Par., xi, 39. Après lacaptivité, elle fut repeuplée, comme Cariathiarim et Caphira.I Esdr., ii, 25; II Esdr., vii, 29. On la trouve mentionnéedans la liste de Thotmès III, à Karnak, n° 109,

sous la forme + *! ►» I "^* —, Bartu = niiN3, .

Be’èrôt. A. Mariette, Les listes géographiques despylônes deKarnak, in-4°, Leipzig, 1875, p. 42; G. Maspero, Sur lesnoms géographiques de la Liste de Thoutmès III, qu’onpeut rapporter à la Judée, 1888, p. 16; extrait du Journalof the Transactions of the Victoria Institute, orphilosophicalSociety of Great Britain, t. xxil, p. 18. Elle existaitencore au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme. Onomasiicasacra, Gœttingue, 1870, p. 103, 233.

I. Identification. — La grande majorité des voyageurset desexégètes identifie Béroth avec le village actuel d’El-Birèh, situé à trois heures ou quatorze kilomètres au nordde Jérusalem, sur la route de Naplouse (fig. 493). Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 452; G. Armstrong, Wilson et Conder, Names andplaces in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 25; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée; t. iii, p. 9, etc. Déjà au xiv» siècle, le Juif Ishak Chelo avait justementreconnu cette assimilation: «De Ramah, dit-il, on se rend à Beéroth, ville mentionnée dans Josué. On la.nomme aujourd’hui Albérah.» Carmoly, Itinéraires de la-TerreSainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 249. R. J. Schwarz, Pas Heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 97, laplace également à Bina, c’est-à-dire la Birra ou Bira del’époque dés croisades. On ne saurait nier le rapport directqui existe, au point de vue du nom et de la signification,

entre l’hébreu n"n>o, Be’èrôt et l’arabe», <uJ! , El-Bîréh, qu’on trouve cité dans les auteurs du moyen âge.Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, in-8°, Londres, 1890, p. 423, Ce nom provenait sans aucun doutede l’abondance des eaux qui signalait cette localité et qu’onremarque encore aujourd’hui. Il y a donc là aussi égaleconvenance. Une difficulté cependant, quant à la position, vient des deux textes d’Eusèbe et de saint Jérôme. On litdans le premier: «Béroth, sous Gabaon: c’est aujourd’huiun village près d’^Elia (Jérusalem), à sept milles, lorsqu’on va vers Nicopolis;» ce que le second traduitainsi: «Beéroth, sous la colline de Gahaon. est un villagequ’on montre aujourd’hui au septième mille, quand on vadiElia à Néapolis (Naplouse).» De là les objections suivantes: .’1° Eusèbe place Béroth «sous Gabaon», jtù t^vTaëaûv, c’est-à-dire, d’après saint Jérôme, «sous la colline: de Gabaon;» or El-Biréh est un des points culminantsde la contrée, à 893 mètres au-dessus de la Méditerranée, dominant l’autre ville (710 mètres) de plus de 180 mètres..

— 2° Il la met sur le chemin de Nicopolis (Amouas), dans, la direction de l’ouest, et non pas de Néapolis, vers lenord; il est probable, en effet, qu’il faut corriger le textedu traducteur par celui de l’auteur. — 3° Quand mêmeNsdiicoXt; serait la leçon authentique, au lieu de Ntxo7to).ci; , la distance indiquée, de sept milles, ne conviendrait pas.à El - Biréh, qui est à quatorze kilomètres de Jérusalem, c’est-à-dire neuf milles. — 4° Il ne reste donc plus, pour.appuyerl’identification, que le nom seul, ce qui est insuffisant; d’autant plus que les mots El-Biréh, El-Biâr, . «. les puits,» sont des noms communs imposés à une fouléde localités et de ruines renfermant des sources ou desciternes, et dont l’ancienne dénomination s’est trouvéeperdue.

A ces difficultés, voici ce qu’on peut répondre: 1° L’ex

pression d’Eusèbe, «sous Gabaon,» ne signifie pas queBéroth était voisine de cette ville et dominée par la collinesur laquelle elle était assise. Si tel est le sens qu’yattachait saint Jérôme, il s’est trompé. Mais, en prenantun passage parallèle du saint docteur, nous verrons sanspeine que, d’après les termes d’Eusèbe, Béroth est simplementdéclarée l’une des trois villes qui étaient sousla dépendance de Gabaon. En effet, au mot Chafira, iltraduit les mêmes mots înrô ttjv Yaëaitv par bourg «appartenant à la ville de Gabaon», appelée dans unautre endroit iiriTpiSitoXiç. Onomasticon, p. 113, 243, 302.Ce sont les justes remarques de Reland, qui cependantcherche la cité chananéenne plutôt à l’ouest qu’au nord.

milles, ou des plaines qui environnent El-Djlb. Nousaimons mieux accepter la leçon de saint Jérôme, qui apu corriger ici son devancier, comme il l’a fait en plusd’un endroit. — 3° Mais dans ce cas-là même, dit-on, El-Biréhn’est pas à la distance marquée par Eusèbe. Seraitcedonc la première fois que le savant auteur donneraitun chiffre qui ne serait pas rigoureusem*nt exact? Quiconquea seulement parcouru l’ouvrage de M. Guérin surla Palestine a vii, dans plus d’une page, l’explorateur françaisrectifier les assertions de l’évêque de Césarée, quandcelui-ci, par exemple, met Jélher, ville de Juda, à vingtmilles d’Éleuthéro polis (Bèit-Djibrin), alors que Khirbet’Atlir, qui semble bien perpétuer l’ancien nom, est à

[[File: [Image à insérer]|300px]]
493. — Fontaine d’El - Biréh. D’après ans photographie.

PaUestina ex monumentis veteribus illustrata, Utrecht, 1714, t. ii, p. 619. — 2° Il est vrai que le texte d’Eusèbeporte NinonoXic; mais comment se fait-il que tous lesmanuscrits de saint Jérôme aient Néapolis? Voir la notede Martianay dans l’édition de Migne, t. xxiii, col. 881, 6.Quelques critiques ont cru devoir rétablir Nicopolis sousprétexte que Béroth, Caphira, Gabaon et Cariathiarim, appartenant aux Gabaonites, devaient être voisines lesunes des autres; or Cariathiarim et Gabaon étant sur laroute de Nicopolis et peu éloignées l’une de l’autre, Bérothet Caphira devaient être sur la même voie et dansles mêmes conditions de rapprochement. Cf. Reland, Palssstina, t. ii, p. 618. C’est une supposition purementgratuite. D’ailleurs, en plaçant Cariathiarim à Qariet el-’Enab, Béroth ou El-Biréh se trouve encore plus près.qu’elle de la métropole, Gabaon ou El-Djib.Voir la cartede la tribu de Benjamin. Nous ne dirons cependant pas, comme Robinson, Biblical Researches, t. i, p. 452, quela pensée d’Eusèbe est simplement d’indiquer qu’on aperçoitBéroth, en allant de Jérusalem à Nicopolis, à sept

vingt-quatre milles de Beit-Djibrin. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 199. — 4° Enfin, de ce que les mots El-Biréh, El-Biâr, sont des noms communs, s’ensuit-il qu’ils nepuissent devenir des noms propres, pour désigner unlieu où les eaux sont abondantes? Comparez Brunnenen allemand, et Fontaine en français. Ce que les Hébreuxont fait pour Be’êrô(, les Arabes ont pu le faire pour El-Biréh; nous pouvons même remarquer que la traditiona gardé, non pas le pluriel direct El-Biâr, mais El-Biréh, dont la consonnance répond mieux à la forme hébraïque.

— Un autre village portant le nom à’El-Biâr se trouveà un kilomètre au nord-est d’El -Djib. Le D r Rich. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 4, propose d’y reconnaître Béroth; mais ce khirbet, assisdans un lieu bas, de trois cents mètres de pourtour à peine, ne comprend que quelques maisons en ruines et quelquesciternes, le tout de construction postérieure à l’ère chrétienne; il ne peut donc représenter la vieille cité biblique.

II. Description. — Le village d’El-Biréh, bâti sur une

colline rocheuse, peu élevée, renferme sept à huit centshabitants. Les maisons sont petites et construites à moitiésous terre. Au bas de la colline, tout près de la route deJérusalem, coule une source très abondante, dont l’eau, conduite par un canal, probablement antique, alimenteun petit réservoir, que surmonte une coupole musulmane.Autrefois elle se répandait dans deux grands bassinsplacés de l’autre côté de la route et construits en bellespierres de taille. L’un est aux trois quarts détruit; l’enceintede l’autre est encore reconnaissable. À quelquedistance de là, sur les pentes du coteau, on voit les ruinesd’un grand et beau khan, actuellement abandonné ouservant fort peu, mais encore intact et fréquenté par lescaravanes au temps de Quaresmius, Elucidatio TerrœSanctæ t. ii, p. 787. Ses vastes galeries, voûtées intérieurement, sont soutenues par des piliers carrés d’un mètrequatre-vingts centimètres de côté, bâtis avec des pierresde taille d’un bon appareil, dont beaucoup doivent êtreantiques. Elles sont éclairées par des espèces de regardspratiqués de distance en distance, ce qui les fait ressemblerà des citernes.

Dans la partie la plus élevée du village sont les restesd’une église, qui, d’après le cartulaire du Saint-Sépulcre, fut terminée en 1146, avec l’hôpital qui en dépendait.Elle forme un carré long de trentedeux mètres sur dix-huit, terminé par trois absides en cul-de-four. Elle étaitdivisée en trois nefs; celle du centre a complètementdisparu. Les murs sont encore en partie debout, saufceux de la façade, qui sont démolis. Ils ont été construitssur certains points, et principalement aux angles, avecde beaux blocs en bossage, qui proviennent probablementd’un édifice plus ancien. Cf. de Vogué, Les églises deTerre Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 339. Une anciennetradition rapporte que cet édifice aurait été bâti à l’endroitmême où la sainte Vierge et saint Joseph, revenant deJérusalem, où ils étaient allés pour la fête de Pâques, s’aperçurent de la disparition de l’enfant Jésus, resté dansle Temple, au milieu des docteurs. Luc, ii, 43-46. L’évangélisten’indique aucun lieu; il se contente de dire queles parents de Notre-Seigneur «vinrent à une journée demarche». L’iter diei correspond en Orient à six ou septheures; mais cette expression semble marquer ici, nonjpas tant le chemin qu’on peut faire en un jour, que lapremière journée de marche accomplie par la caravane; d’autant plus qu’il s’agit d’une caravane où se trouvaientdes enfants, et dans laquelle bon nombre de pèlerinsallaient à pied. La première étape dut donc très probablementavoir lieu auprès de la précieuse fontaine d’El-Biréh, qui de temps immémorial a déterminé la stationnaturelle du voyageur dont les pas se dirigent de Jérusalemà Naplouse et Nazareth. — Quelques auteurs identifientencore avec El-Biréh la Bérée de I Mach., ix, 4.

Voir Bérée 1.

A. Legendre.

3. BÉROTH, BÉROTHA (hébreu: Bêrôfai, Il Reg., vin, 8; Bêrôtâh, Ezech., xlvii, 16; Vulgate: Béroth, II Reg., vni, 8; Bérotha, Ezech., xlvii, 16), ville d’Adarézer, roi de Soba, prise par David, qui en emporta uneimmense quantité d’airain. II Reg., viii, 8. Elle est placéepar Ézéchiel, xlvii, 16, à la frontière septentrionale de laTerre Promise (pour l’explication du texte prophétique, voirvuRAN, col. 1253). Avant de montrer comment les deuxnoms correspondent à une même localité, dont nous chercheronsl’emplacement, il nous faut dire quelques motsde critique textuelle.

Il est vraisemblable que Bêrôtai et Bêrôpâh se rattachentà Be’êrôf; on trouve, en effet, I Par., xi, 39, ’7113, Bérôtî (Septante: 6 BY)pu>9£), comme forme apocopée de >n’-|NS, Be’êrôtî (Vulgate: Berothites, «de Béroth» ). II Reg., xxiii, 37. Les Septante, II Reg., viii, 8, ont traduit par Ix t» v èxiex-rwv [noXewv], «des [villes]choisies;» ils auront donc lu: [i-iyjwirun, de la racine

-ins, «choisir,» au heu de >rnan, «de Bêrôtai,» ou bien

ils auront vu dans le nom un dérivé de tis, bârar, qui

a la même signification. Il est curieux de voir un manuscritde la Vulgate reproduire Becheroth, tandis quequelques éditions suivent l’hébreu en donnant Berothai.Cf. G. Vercellone, Variée lectiones Vulgatse latinee, 2 in-4°, Rome, 1864, t, ii, p. 353. Dans le passage parallèle de

I Par., xviii, 8, le texte hébreu offre ps, Kûn (Vulgate: Chun), au lieu de Bêrôtai. Il est probable cependant quequelques manuscrits présentaient ce dernier mot, puisqueles traducteurs grecs ont conservé ici les mêmes expressionsqu’au deuxième livre des Rois, éx twv IxXsxt&v[n<5).ewv]. La version syriaque a de même gardé, .}£.-s,

Berûfi. Josèphe, de son côté, Ant.jud., vii, y, 3, reproduitservilement l’hébreu pso (p3D, mik-kûn, avec la

préposition, . «de Kùn» ), et appelle la ville Mâ^w. Tf at-ildans les Paralipoménes une faute de copiste? Chunindique-t-il un autre nom de Bêrôfai ou une ville différente?Impossible de le savoir au juste. Quelques auteurscroient reconnaître Chun dans Kouna, la Conna desRomains, au sud-ouest de Ba’albek, sur les bords pittoresquesde VOuadi Yafouféh. Cf. K. Furrer, Die antikenStâdte und Ortschafien irn Libanongebiele, dans laZeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, 1885, t. viii, p. 34. Voir Chun. Relevons enfin une singulièrevariante dans la version arabe, qui pour Kûn donneBa’albek.

La ville de Béroth prise et pillée par David appartenaità l’Aram Soba, c’est-à-dire à une portion de la Syrie qui, d’après l’Écriture même, confinait au territoire d’Émath(aujourd’hui Hamah, sur l’Oronte). I Par., xviii, 3;

II Reg., viii, 9, 10. De son côté, Ézéchiel, xlvii, 16, placeBérotha entre cette dernière ville et Sabarim «qui estentre les confins de Damas et les confins d’Émath» (dansl’hébreu, le pronom relatif’âsér peut se rapporter aussibien à Bérotha qu’à Sabarim seule). Il est donc naturelde conclure que nous n’avons ici qu’une même ville. Sila direction dans laquelle nous devons la chercher estdéterminée d’une façon générale par le texte sacré, sonemplacement précis n’est pas facile à trouver. Rien deplus indécis que la ligne qui forme la frontière septentrionalede la Terre Sainte; aussi la question qui nousoccupe est-elle diversem*nt résolue.

1° Il paraîtrait tout naturel, au premier abord, d’identifierBéroth avec l’ancienne Berytus, actuellement Beyrout, la plus importante des cités maritimes sur cettepartie de la Méditerranée. La ressemblance entre les deuxnoms, fin’13, Bêrôtâh, et cajy*j, Beyrout, a de quoi

frapper, et plusieurs exégétes s’y sont laissé prendre.Mais il est très douteux que le royaume de Soba s’étenditjusqu’à la côte. Ensuite aucun des passages scripturairesne peut faire penser à un port de mer; Ezéchiel, au contraire, semble exclure formellement cette interprétation; car, partant «de la grande mer», il trace la frontièrevers l’est, en passant par «les confins de Damas», et c’estentre ces deux points qu’il place Bérotha. — 2° Il n’estpas plus permis d’aller chercher notre ville à une extrémitéopposée, dans l’ancienne Birtha, aujourd’hui El-Birou Birah, sur le bord oriental de l’Euphrate, ou dansla Barathena de Ptolémée, v, 19; ces deux cités sont, beaucoup trop à l’est. Cf. G. Winer, Biblisches Realworterbuch, 2 in-8°, Leipzig, 1847, t. r, p. 155. — 3° On nesaurait également voir ici la Bérotha, B^ptôdY), dont parleJosèphe, Ant.jud., V, i, 18. Située «dans la Galilée supérieure, non loin de Cadès», elle est trop au sud. —4° G. H. Tomkins, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1885, p. 108-110, a essayé d’identifierBérotha avec Brisa, sur les pentes orientales duLiban, à quelque distance de Hermel; mais sa thèse’repose sur une série d’assimilations qui nous semblentpeu fondées. — 5° D’autres enfin la reconnaissent dans le

village actuel de Bereitân (écrit par quelques-uns Brithein), uu peu au sudouest de Ba’albek, dans la grandeplaine de Cœlésyrie; on y trouve un assez grand nombred’anciens tombeaux. Cf. K. Furrer, dans la Zeitschriftdes Deutschen Palàslina-Vereins, 1885, p. 34. Tout cequ’on peut dire, c’est que cet emplacement se trouvedans la direction générale indiquée par l’Écriture.

A. Legendre.

    1. BÉROTHITE##

BÉROTHITE (hébreu: Bêrôtî; Septante: ByipuGi; Vulgate: Berothites), originaire de la ville de Béroth.Remmon le benjamite et Naaraï, écuyér de Joab, généralde David, sont qualifiés de Berothites, II Reg., IV, 2; I Par., xi, 39, pour indiquer leur patrie. Voir Béroth 2.

    1. BEROUNSKY Jean Achille##

BEROUNSKY Jean Achille (Jean Achille de Béroun), écrivain bohémien, né à Béroun vers 1560, mortvers "1620. Il devint prêtre et desservant de la terre seigneurialede Diviche (Divis) Slavata de Chlum, alors curéde la paroisse de Pacov et de Pribislav. Il écrivit des ouvragesreligieux et publia nommément: en 1588, Commentairedes Évangiles pour les dimanches et les joursde fête (selon Luc Osiander); en 1590, Commentaire duprophète Daniel, in-4°; en 1595, Commentaires courtsdes épîtres des dimanches et fêtes; Postilles, traduitesdu latin; en 1611, Eortologie ou Commentaires courtsde la vie, des travaux et de la mort des saints apôtres, confesseurs et martyrs. En 1612, il traduisit de JérômeWeller: Historié evangelickâ o umuceni Pânë (Histoireévangélique de la passion de Jésus-Christ); en 1616, Kràtky a sprostny vyklad nëkterych pisem svatych(Commentaire court et simple de quelques Livres Saints); en 1617, Kràtky vyklad na câst Zjeveni Sv. Jana (Brefcommentaire d’une partie de l’Apocalypse de saint Jean).Tous ces commentaires sont principalement homilétiques.

J. Sedlacek.

    1. BERRIMAN John##

BERRIMAN John, théologien anglais, né en 1691, niort à Londres le 8 décembre 1768. Il étudia à Oxfordet fut successivement curé de Saint - S within, lecteur deSainte -Marie d’Aldermanburg, enfin recteur de Saint-Alban.Il reste de lui: ©ëbç éçpaveptflOï) êv capxf, or a CriticalDissertation upon I Tim., iii, 16, with an Accountof above one hundred Mss. of Paul’s Epistles, and rubsto distinguish the varions readings, in-8°, Londres, 1741.

— Voir Gentleman’s Magazine, t. xxxviii, p. 590.

B. Heurtebize.

’BERRUYER Isaac Joseph, exégète paradoxal, naquit

à Rouen le 7 novembre 1681, entra dans la Compagniede Jésus le 4 novembre 1697, et mourut à Paris le18 février 1758. Il fit paraître à Paris, en 1728: Histoiredu Peuple de Dieu depuis son origine jusqu’à la venuedit Messie, tirée des seuls Livres Saints, ou Le textesacré des Livres de l’Ancien Testament réduit en uncorps d’histoire, 8 in-4°, S’inspirant d’un sentiment trèsjuste, en principe, de l’importance de l’histoire bibliquepour établir la divinité de la religion chrétienne, l’auteurvoulait rendre la lecture de cette histoire plus facile etplus attrayante. En conséquence, il s’était efforcé, commeil s’exprime, «par une concordance suivie et une paraphrasefidèle, d’arranger tous les textes, de présentersous un seul point de vue ce qui est dispersé, de réunirdes parues destinées à faire un tout, d’éclaircir et d’expliquerce qui, étant de soi-même assez intelligible, ne leseroit pas au eominun des hommes.» L’ouvrage n’étaitpas sans mérite, au moins quant au style; il eut du succès, mais souleva aussi de justes critiques. Il fut mis à Yindexde Rome le 6 mai 1734. Cependant il eut une continuation, qui fit encore plus de bruit et qui est beaucoup plusrépréhensible. En 1753, parut clandestinement VHistoiredu Peuple de Dieu depuis la naissance du Messie jusqu’àla fin de la Synagogue, et, en 1757, VHistoire duPeuple de Dieu, troisième partie, ou Paraphrase desÉpîtres des Apôtres, d’après le commentaire latin duP. Hardouin. La seconde partie est accompagnée de cinq

dissertations latines, où le P. Berruyer, s’adressant, commeil dit, aux savants, développe et essaye de justifier certainesde ses idées particulières.

Dès le 22 octobre 1753, les supérieurs religieux de l’auteurdésavouèrent la nouvelle publication, en déclarant quel’impression en avait été faite à leur insu et contre leurvolonté, et «qu’ils n’auraient jamais laissé paraître (l’ouvrage) sans un grand nombre de corrections importanteset nécessaires». La sincérité de ce désaveu est confirméepar une lettre curieuse que nous avons sous les yeux.Cette lettre, adressée au chancelier Lamoignon, le 24 juillet1752, par le P. Berruyer, alors âge de près de soixante-douzeans, nous apprend que celui-ci n’avait pu encore, àcette date, obtenir dans son ordre l’approbation régulière, qu’il sollicitait depuis quinze ans, pour la seconde partiede son Histoire du Peuple de Dieu; qu’il avait finalementsoumis son manuscrit à deux censeurs séculiers, nomméspar le chancelier; et qu’il attendait le résultat de leurexamen pour présenter encore une fois son ouvrage à larevision de sa Compagnie. Le vieil écrivain se plaint àLamoignon des lenteurs de ses censeurs, qui lui paraissentcalculées: «Les exemplaires de mon ouvrage dont jepuis disposer, dit-il, sont entre les mains de M. le curéde Saint-Laurent et de M. Millet (les censeurs officiels).J’espérois les retirer vers le mois de septembre, pour lesremettre à nostre P. Provincial au retour de ses voyages, et faire commencer la revision domestique. Vous jugezbien, Monseigneur, que ce n’est pas là une affaire presteà finir. Mais elle ne finira pas durant ma vie, si les censeursque vous m’avez donnés ne songent qu’à amuseret à retarder. «Maintenant, si l’on songe que l’ouvragedont il s’agit parut dans le courant de mai ou de juin 1753, comme l’atteste l’arrêt du parlement, on voit que le tempsmatériel a manqué pour terminer ces examens si laborieuxavant l’impression. Il faut conclure que le manuscrit, nonrevisé et non approuvé, a dû être livré irrégulièrementà un libraire désireux de laire une bonne affaire par n’importequel moyen. La main infidèle ou imprudente qui l’alivré ne paraît pas être celle du P. Berruyer lui-même; du moins la lettre que nous venons de citer suffirait àmontrer que son impatience de faire paraître son ouvragene l’empêchait pas de vouloir en cela se conformer auxprescriptions de l’Eglise et de la règle religieuse.

Quoi qu’il en soit, la seconde partie de son Histoire futégalement mise à l’index, le 17 avril 1755. De plus, quandelle eut paru en italien, avec une apologie anonyme, Benoît XIV la condamna, avec des qualifications sévères, par un bref daté du 17 février 1758. Enfin la troisièmepartie, publiée par le même éditeur clandestin, fat censuréepar Clément XIII, dans un bref daté du 2 décembre1758. Avant et après ces sentences de l’autoritésuprême, l’œuvre du P. Berruyer a été critiquée dansune multitude d’écrits, où les passions jansénistes et parlementairesont eu une très grande part. Ainsi le parlementde Paris lui fit surtout un crime d’avoir «fâché» d’inspirer à ses lecteurs la doctrine ultramontaine, opposéeau gallicanisme. Les accusations de nestorianismeet de socinianisme, que lui prodiguèrent les jansénistes, étaient plus sérieuses. Berruyer les mérite en partie, nonpas qu’il ait jamais exprimé ou insinué un doute sur ladivinité de Jésus-Christ et l’unité de sa personne dansles deux natures, mais parce que son système d’interprétationdiminue et énerve singulièrement les preuves deces dogmes par l’Écriture. D’après lui, eh effet, il n’y auraitpresque pas de textes affirmant directement la divinenature du Sauveur; car si très souvent le Seigneur reçoitdes prédicats qui, d’après l’interprétation traditionnelle, ne lui conviennent qu’à raison de sa divinité, le P. Berruyerprétend que presque tous se vérifient directementdans son humanité sainte.

Pour les éditions très nombreuses de VHistoire dupeuple de Dieu, dont quelques-unes récentes (commecelle des directeurs du séminaire de Besançon, 10 in-8°, 162Q

BERRUYER — BERSABEE

1630

Besançon, 1828, où l’on a tâché de corriger les erreursde l’ouvrage), pour les traductions qui en ont été faitesen diverses langues, enfin pour la polémique touffue qu’ellea suscitée, voir la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouvelle édition, par le P. C. Sommervogel, t. i (1890), coi. 1357-1370. J. Brucker.

    1. BERSA##

BERSA (hébreu: Bir’sa’, peut-être, pourywrp, bénréia’, «fils de la méchanceté;» Septante: Sapai), roide Gomorrhe à l’époque de l’invasion de Chodorlahom*or.Gen., xiv, 2.

    1. BERSABEE##

BERSABEE (hébreu: Be’êr Séba’; à la pause: Be’êr Sâba’, «puits du serment» ou «des sept»; Septante: tô çpéap toû Spxoy, Gen., xxi, 14, 33; xxii, 19; xxvi, 23; xxviii, 10; xlvi, 1; Am., v, 5; $péap ôpxou, Gen., xxvi, 33; #péap ôpxtujioù, Gen., xxi, 31; t’o oppéaptoO ôpxiap.o0, Gen., xxi, 32; Bï|p<ja6ei, Jos., xv, 28; xix, 2; Jud., xx, 1; I Régi, iii, 20; viii, 2; II Reg., iii, 10; xvii, 11; xxiv, 2, 7, 15; III Reg., iv, 25; xix, 3; IV Reg., xii, 1; xxiii, 8; I Par., iv, 28; xxi, 2; II Par., xix, 4; xxiv, 1; xxx, 5; II Esdr., xi, 27; Am., viii, 14; Vulgate: Bersabee, partout, excepté dans trois endroits, Gen., xxi, 32; xlvi, 1, 5, où on lit: puteus juramenti), une des plusanciennes localités de la Palestine, située à l’extrémitéméridionale, Jos., xv, 28; d’où l’expression bien connue: «depuis Dan jusqu’à Bersabée,» pour indiquer toutel’étendue de la Terre Sainte (voir plus bas, §111.)

I. Nom. — Quelle est au juste la signification de Be’êrSéba’? Il faut, pour répondre à cette question, examinerledouble récit qui nous donne l’origine de ce nom. Abraham, ayant creusé un puits, voulut s’en assurer la possession.L’alliance qu’il conclut avec Abimélech, roi deGérare, fut confirmée par un serment réciproque; maisle saint patriarche y ajouta une sortede garantie en offrantau roi sept jeunes brebis; et celui-ci, en acceptant le présent, reconnut défait à son allié un droit qu’ils’obligeaità respecter. Gen., xxi, 22-30. «C’est pourquoi ce lieu futappelé Be’êr Sâba’, parce qu’ils jurèrent tous deux.» J. 31. Il semble bien que l’Écriture dqnne ici au nom lesens de «puits du’serment», identifiant yair, Séba’, à

nyaur, Sebu’âh, «jurement» (ya^i, niSbe’û, «ils jurèrent» ). Quelques auteurs cependant n’admettent pascette conclusion et tiennent pour l’étymologie «puits dessept», c’est-a-dire des sept brebis, tout en reconnaissantque l’autre signification dérive de celle-ci et en est l’équivalent.En effet, disent-ils, il y a en hébreu un rapportétroit entre le nombre sept, séba’, et l’action Ae jurer, nisba’. Faire un serment était comme qui dirait se septiser, parce que, en raison de la sainteté de ce nombre, qui estcelui des jours de la création, on aimait, par le choix desept objets, à le faire intervenir dans les traités, pour lesrendre plus inviolables. Telle était en particulier la coutumedes Arabes, suivant Hérodote, iii, 8. Cf. C. F. Keil, Genesis, Leipzig, 1878, p. 209.

L’idée de «serment» ressort mieux du second récit, en plus d’un point semblable au premier. Gen., xxvi, 26-32. Après une alliance mutuellement jurée entre Isaacet un autre Abimélech, les serviteurs du patriarche vinrentlui annoncer le succès de leur travail au puits qu’ilsvenaient de creuser. «Alors il l’appela nyair, Sib’âh (Septante: "Opxoç; Vulgate: Abundantia); c’est pourquoile nom de la ville est Be’êr Séba’jusqu’à ce jour.» Gen., xxvi, 33. Sib’âh est bien la forme féminine deSéba’, «sept;» mais on remarquera que, à la différencedu premier récit, il n’est fait dans celui-ci aucune allusionà ce nombre. Il est donc naturel de prendre Je nomcomme synonyme de Sebu’âh, «serment;» et c’est dansce sens que l’ont traduit les Septante. Saint Jérôme a dûlire nyaiff, Sib’âh, par un sin au lieu d’un schin; de là

l’expression «Abondance», c’est-à-dire source abondante;

mais si cette leçon peut s’harmoniser avec ce qui précède, l’heureuse nouvelle apportée par les serviteurs, elle ne serattache en aucune façon à ce qui suit, c’est-à-dire aunom donné à la ville.

Enfin un argument qui nous paraît plus concluant encore, c’est que Séba’entre dans la composition de certainsnoms propres où il est impossible de voir l’idée de «sept»; par exemple: ’Elîséba’(’EXt<jaëé9, Elisabeth), Exod., vi, 23; Yehôséba’(’Ioxiaëeé, Josaba), IV Reg., xi, 2, qui signifient «Dieu du serment» ou «Dieu est (mon) serment», c’est-à-dire «celui par qui je jure». Nous sommes donc endroit de reconnaître dans Séba’une ancienne forme oùune forme parallèle de Sebu’âh. C’est ainsi que, aprèsles Septante et la Vulgate, Josèphe a interprété le nom: Bïipdouëav.. ôpxtov êè tppéap XsyotTO av, «Bersabée, cequi veut dire puits du serment.» Ant. jud., i, xii, 1.Eusèbe, Onomasticon, 1870, p. 234, dit de même que «Bersabée est ainsi appelée du serment d’Abraham etd’Isaac avec Abimélech». Il est vrai que le nom actuel,

2***"' tS^> Bîr es -Séba’, exactement semblable au mothébreu, reproduit aussi le sens de «puits des Sept» (sens plus juste que celui de «puits du Lion», donné parles Arabes, sab’, £+*» <, ayant dans leur langue cette

double signification). Mais il faut remarquer que les nomsanciens se sont souvent conservés non pas tant dans leurvaleur étymologique que dans leur consonnance. AinsiBethléhem, Bêt léhém, «maison du pain,» est devenuBeit lahm, «maison de la viande.»

II. Description. — Bersabée ou Bîr es-Séba’se trouveà dix ou onze lieues au sud-ouest d’Hébron, sur la routede l’Egypte. Située seulement à 240 mètres au-dessus delà Méditerranée, elles occupe lecoin occidental d’une largeplaine ondulée, semblable au bassin desséché d’un ancienlac, et coupée en différents sens par de nombreux ouadis, qui descendent du nord, du nord-est; de l’est et du sudest, pour former Youadi es-Séba’. Voir la carte de la tribude Jdda. Les collines qui bordent cette plaine vers le nordse terminent brusquement etdessinent vivement les limitésqui séparent les populations sédentaires des nomadesou Bédouins. Le désert de Bersabée, Gen., xxi, 14, eominèneevers le village de "Dâheriyéh avec des blocs plusoù moins brisés d’un calcaire crétacé gris jaunâtre, entrelesquels poussent de maigres chênes épineux et des arbousiers, pour se continuer au sud vers le Sinaï. Le terrainest un sol marneux, qui, au dire de certains voyageurs, deviendrait extrêmement fertile, s’il était bienarrosé; il est cultivé en quelques endroits. Le climat estsain; la chaleur accablante. «La solitude est profonde etcomplète; au printemps seulement, on aperçoit de nombreuxtroupeaux de chèvres noires, de moutons noirs etblancs, et des bandes de chameaux qui viennent pâturerdans ces steppes dont la maigre végétation présente uncaractère tout à fait spécial. Ce ne sont que buissonsépineux de genêts et d’astragales qui forment des bouleshérissées par les pétioles des vieilles feuilles, puis desiris et des anémones. L’alouette huppée vole partout, etdu matin au soir fait entendre sa joyeuse chanson en setenant perchée sur les rochers brûlants. Dans les creux, on aperçoit quelques tentes basses et rayées des ArabesTa’amirah, dont les campements sont toujours gardéspar de grands chiens noirs, sauvages et féroces.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xiii, p. 144.

Sur la rive septentrionale de l’ouadi es-Séba’se trouventles deux puits renommés de tout temps pour l’abondanceet la bonne qualité de leur eau. Situés à une petite distancel’un de l’autre, ils sont circulaires et revêtus intérieurementd’une maçonnerie solide, faite de pierres régulières, de moyenne dimension. Le plus large a douzemètres de circonférence et, suivant les époques, de douze’à quinze mètres de profondeur jusqu’à la surface de l’eau; il paraît encore, au-dessous de ce niveau, aller jusqu’à

cinq métrés dans le rocher. L’autre, qui est à trois centspas à l’ouest-sud-ouest du premier, n’a que cinq piedsde diamètre; mais il est à peu près aussi profond. Tousles deux contiennent une eau claire et excellente, et offrentle caractère d’une haute antiquité, car leurs margellessont, profondément striées de nombreux sillons, que lefrottement répété des cordes avec lesquelles on tire del’eau a creusés dans la pierre. La maçonnerie paraît ancienne, et l’inscription arabe qu’on a trouvée sur une pierreprouve simplement des réparations rendues nécessairespar le temps. Cf. C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 247; E. Hull, Mount Seir, in-8°, Londres, 1889, p. 138. La place et la construction de ces

Bïblical Researches in Palestine, 1856, t. i, p. 204-205; H.B. Tristram, The Land of Israël, 1866, p. 376-381; E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 387-390; The Survey of WesternPalestine Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 394-396.III. Histoire. — À Bersabée se rattache principalementle souvenir des premiers patriarches de l’ancienne loi, quidressèrent leurs tentes près des puits qu’on y voit encoreaujourd’hui, et dont le nom primitif s’est perpétué d’âgeen âge. «Est-ce à dire pour cela, se demande M. Guérin, Judée, t. ii, p. 283, que l’un ou l’autre des deux puitsremonte à l’époque du patriarche, qui l’aurait creusé etbâti tel qu’il existe encore maintenant’.' Bien que la chose

[[File: [Image à insérer]|300px]]
494. — Puits de Bersabée. D’après une photographie.

puits dénotent autant d’intelligence et d’habileté que deforcé et de persévérance. Ils sont près de la rivière, dontles eaux, par infiltration, peuvent maintenir une certaineabondance; mais en même temps ils sont à une hauteursuffisante pour les mettre à l’abri des débordements. Leureirconférence et leur profondeur attestent aussi toutel’énergie qu’il a fallu déployer pour les creuser dans lesroches calcaires, dont les dures couches forment la région.Autour du plus grand sont disposées circulairementneuf auges grossières, en pierre, dans lesquelles les pâtreset les chameliers versent l’eau pour abreuver les animaux; il y en a cinq autour du plus petit: quelques-unessont brisées, les autres encore assez intactes. D’autrespuits, actuellement comblés, avaient été creusés dans lelit de l’ouadi (fig. 494).

La ville occupait, au nord de ces deux puits, une plateformeinclinée, dont le pourtour est d’environ trois kilomètres.Dans toute l’étendue de cet emplacement, le solest jonché de matériaux provenant d’anciennes constructionsdémolies. On distingue, avec quantité de fragmentsde poteries, les arasem*nts de nombreuses maisons, ladirection de plusieurs rues et les vestiges de quelquesédifices publics, dont les fondations seules subsistent enpartie. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 278; Robinson,

ne soit point impossible, je ne la regarde pas néanmoinscomme vraisemblable, et je les attribue plutôt, dans l’étatoù ils sont de nos jours, à l’époque où une ville véritables’éleva en cet endroit, époque fort ancienne elle-mêmeet dont je ne puis préciser la date. Seulement rien n’empêchede penser et tout porte à croire, au contraire, àcause de la persistance singulière des traditions en Palestine, que l’un des deux n’a été que réparé et reconstruitsur l’emplacement qu’occupait le fameux «puits duSerment». Après avoir raconté l’alliance d’Abraham avecAbimélech, l’Écriture nous dit que le saint patriarcheplanta à Bersabée un bois, d’après l’hébreu, un tamaris, arbre commun en Egypte, dans l’Arabie Pétrée et enPalestine, qui atteint une assez grande hauteur et donnebeaucoup d’ombre; puis il sanctifia ce lieu en invoquantle nom du Seigneur, du Dieu éternel. Gen.., xxi, 33. C’estde là qu’il partit pour aller sacrifier son fils sur le montMôriah, et là qu’il revint après cet acte héroïque d’obéissanceà un ordre divin; il y séjourna encore quelquesannées. Gen., xxii, 19.

Plus tard, lsaac vint également s’y fixer; la nuit mêmede son arrivée, Dieu lui apparut et lui dit: «Je suis leDieu d’Abraham ton père; ne crains rien, car je suis avectoi. Je te bénirai et je multiplierai ta race à cause de

mon serviteur Abraham.» Isaac s’empressa donc d’éleverun autel, et, ayant invoqué le nom du Seigneur, il dressasa tente et ordonna à ses serviteurs de creuser un puits.Abimélech vint ensuite faire alliance avec lui. Gen., xxvi, 123-33. C’est de là que Jacob partit pour Haran, afin d’ychercher une femme dans la famille de son oncle. Gen., xxviii, 10. Longtemps après, dans sa vieillesse, avant dese rendre en Egypte avec toute sa famille, il s’arrêta, auxconfins de la terre de Chanaan, dans ce lieu où son pèreet son aïeul avaient honoré le vrai Dieu. Il offrit lui-mêmedes sacrifices au Seigneur, qui lui apparut et lui annonçaqu’il deviendrait, sur la terre des pharaons, le père d’ungrand peuple, et que Joseph son fils lui fermerait les yeux.Gen., Xlvi, 1-5.

A partir de l’époque patriarcale; il n’est plus questionde Bersabée jusqu’au moment de la conquête, où elle faitpartie des villes de la tribu de Juda, situées à l’extrémitéméridionale de la Terre Promise. Jos., xv, 28. Plus tardelle fut cédée à la tribu de Siméon. Jos., xix, 2. Les souvenirshistoriques et religieux qui s’y rattachaient pourle peuple hébreu, sa position sur le chemin de l’Egypte, où ses puits si précieux devenaient une halte naturellepour les caravanes, tous ces avantages amenèrent debonne heure la fondation d’une ville dont l’importancedut croître avec les progrès du commerce. C’est pourcela qu’elle servit désormais à marquer les limites du paysvers le sud, bien qu’elle ne fût peut-être pas le point leplus extrême. L’expression «de Dan jusqu’à Bersabée» ou «de Bersabée jusqu’à Dan» devint la formule consacréepour définir l’étendue de la Terre Sainte du nord aumidi ou du midi au nord. Jud., xx, 1; I Reg., iii, 20; II Reg., iii, 10; xvii, 11; xxiv, 2, 15; III Reg., iv, 25; I Par., xxi, 2; II Par., xxx, 5. De même, après le schisme, les frontières de Juda s’étendirent «depuis Gabaa» aunord «jusqu’à Bersabée» au sud, IV Reg., xxiii, 8; ou «de Bersabée jusqu’à la montagne d’Éphraïm». II Par., xix, 4. Enfin, après la captivité, la formule se restreintencore davantage, et le territoire propre des enfants deJuda est indiqué «depuis Bersabée jusqu’à la vallée d’Ennom». II Esdr., xi, 30.

Avant l’établissem*nt de la royauté, Samuel, devenuvieux, prit ses fils, Joël, l’aîné, et Abia, le second, pourl’aider dans ses fonctions, et les installa comme juges àBersabée, qu’il ne pouvait plus visiter lui-même et où lesdifficultés étaient peut-être plus grandes en raison mêmede l’éloignement. Ceux-ci, par leurs prévarications, provoquèrentles plaintes du peuple, qui demanda un roi.I Reg., viii, 1-3. Le prophète Élie, fuyant la colère deJézabel, s’y arrêta un jour, et c’est de là qu’il renvoya sonserviteur, pour s’enfoncer seul dans le désert. III Reg., xix, 3. La mère de Joas, roi de Juda, nommée Sébia, était de Bersabée. IV Reg., xii, 1; II Par., xxiv, 1.

Deux passages du prophète Amos, v, 5; viii, 14, nouspermettent de conclure que de son temps elle était, comme Béthel et Galgala, le centre d’un culte idolâtrique.On peut remarquer du reste que la vénération superstitieusedes Israélites s’attacha surtout aux lieux consacréspar le séjour ou la piété des patriarches. Le dernier deces passages, viii, 14, nous a probablement conservé unedes formes d’invocation employées par les dévots du cultebersabéen: «Vive la voie de Bersabée!» Le mot dérék, «voie,» suivant quelques auteurs, indique la religion idolâtrique, comme l’expression 6805 des Actes des Apôtres, ix, 2, ou le dieu dé Bersabée, comme ont traduit les Septante: Çyj à 6eoç <tou Bï|p<ja§££. Selon d’autres, il désigneles pèlerinages qu’on faisait à ce sanctuaire et par lesquelson jurait, comme aujourd’hui les Arabes jurentpar le pèlerinage de la Mecque.

Après la captivité, Bersabée fut réhabitée par les enfantsde Juda. II Esdr., xi, 27. Depuis cette époque, iln’en est plus question dans la Bible; le Nouveau Testamentne la mentionne pas une seule fois. Cependant saposition devait lui assurer une assez longue existence.

Au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomasticon, p. 103, 234, c’était encore un bourg considérable, v.wu.71liey^’l» ou était établie une garnison romaine. Dansla Notifia dignitatum imperii romani, édit. Panciroli, Venise, 1602, p. 92, nous voyons que le dux Palsestinœavait à sa disposition et sous ses ordres les équitésDalmatæ Illyriciani Berosabse. Enfin elle fut le sièged’un évéché, appartenant à la Palestine troisième. Cf. Reland, Palœstina, Utrecht, 1714, t. 1, p. 217; t. 11, p. 620.

A tjFfF’T’CTlRP

BÉRSUiRE (BERCHORIUS) Pierre, appelé aussiBerchoire, Bercheur, Bertheur, naquit à Saint-Pierredu- Chemin, en Poitou, à la fin du XIIIe siècle, etfit profession de la règle bénédictine à l’abbaye de Maillezais.Il séjourna ensuite longuement à la cour despapes d’Avignon; ce fut alors qu’il se lia avec le cardinalPierre des Prés, vice - chancelier du.souverain pontife, auquel il dédia son Beductorium morale. Il habita ensuitedivers monastères de son ordre, et grâce à la faveurdu roi Jean, dont il devint un des secrétaires, il obtint leprieuré de Saint-Éloi de Paris, où il mourut dans les premiersmois de l’année 1362. Bersuire composa de nombreuxouvrages sur les auteurs profanes, et il fut le premiertraducteur de Tite Live. Son Beductorium moraleutriusque Testamenti in xxxiv libros divisum fut impriméà Ulm, en 1474, in-f", sous le titre: Liber Biblisemoralis seu moralisationes Biblise. Une traduction decet ouvrage fut publiée à Paris, en 1584, Pierre Bersuirecomposa également un commentaire sur les Psaumes.Ses œuvres ont eu plusieurs éditions: la meilleure estcelle qui parut à Cologne, en 1730-1731, et qui comprend6 tomes réunis en 3 volumes in-f°. — Voir Brunet, Manueldu libraire, t. 1 (1860), p. 818, au mot Berthorius; Dupin, Histtrire des controv. et des mat. eccl. dans lexw*’siècle (1701), p. 172; Fabricius, Bibl. lat. Med.Mvi, t. I (1734), p. 726; Hain, Beperlorium bibhographicum, t. 1, p. 362; L. Pannierj Notice bibliographiquesur Pierre Bersuire, dans Bibliothèque de l’École desChartes, 1872, p. 325; Ziegelbauer, Historia rei litterariseardinis sancti Benedicti (1754), 1. 11, p. 45-563; t. iii,

p. 183.

B. Heurtebize.

    1. BERTHAIRE##

BERTHAIRE (Saint), abbé du Mont-Cassin, morten 884. Il appartenait à une illustre famille de France oude Lombardie. Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse etfit profession de la vie monastique à l’abbaye du Mont-Cassm, qu’il fut appelé à gouverner en 856. Il eut à luttercontre les Sarrasins, et pour leur résister fit fortifier sonmonastère et construire la ville qui porte maintenant lenom de San -Germano. En 884, les Sarrasins réussirentà s’emparer de la célèbre abbaye, dont ils massacrèrentl’abbé avec un certain nombre de religieux. Léon d’Ostie, Pierre Diacre, et de nos jours dom Tosti, lui attribuentun ouvrage sur les endroits de l’Écriture Sainte qui paraissentse contredire; mais nous croyons que les deuxlivres’AvTtxei|iéviov Sententiarum Veteris et NoviWestamenti, édités sans nom d’auteur, in-f°, Bâle et Paris, 1530, doivent être laissés parmi les œuvres de saint Julien, évêque de Tolède. Ce même ouvrage est également attribuéà saint Berthaire sous le titre de Quœstiones inutrumque Testamentum. — Voir A. Bovio, Dissertatioapologetica qua S. Bèrlarii sanctitas ejusque martyriimonurnenta vindicantur, in-8°, Naples, 1805; Bolland., Acta Sanctorum, t. IX octobris, p. 663-682; Patr. lat., i. xevi, col. 586; t. cxxvi, col. 975; Mabillon, Acta SS. Ord. S. B., t. iv, part. 11, p. 463-467; Tiraboschi, Storia délia litt. Ual. (1823), t. iii, p. 311; Ziegelbauer, Historia rei litt. Ord. S. B., t. iv (1754), p. 57.

B. Heurtebize.

    1. BERTHEAU Ernst##

BERTHEAU Ernst, exégète protestant allemand, néà Hambourg le 23 novembre 1812, mort à Gcettingue le17 mai 1888. Il fit ses premières études au Johanneumde Hambourg, et s’adonua ensuite aux études théologiques

I. — 54

et orientales, à Berlin d’abord, en 1832, puis à Gœttingue, où il dévint répétiteur en 1836, privât - docent en 1839, professeur extraordinaire en 1842, et ordinaire en 1843.Il s’occupa surtout de l’exégèse de l’Ancien Testament, d’archéologie et de théologie bibliques et de langues orientales.On a de lui: Die sieben Gmppen mosaischerGesetze, in-8°, Gœttingue, 1840; Zur Geschichte derIsræliten, in-8°, Gœttingue, 1842; Die der Beschreibungder Loge des Paradieses Gènes. S, iO-14 zu Grandeliegenden geographischen Anschauungen, in-8°, Gœttingue, 1848 (paru d’abord dans les Gôttinger Studien, Jahrgang 1847). Il a publié dans le commentaire rationalisteintitulé Kurzgefasstes exegetisches Handbuch zumAlten Testament: 1° Das Buch der Richter und Rut, in-8°, Leipzig, 1845; 2e édit., 1883; 2° Die Sprûche Salomo’s, ibid., 1847; 2e édit., publiée par W. Nowack, 1883; 3° Die Bûcher der, Chronik, ibid., 1854; 2= édit., 1871; 4° Die Bûcher Esra, Necheniia und Ester, ibid., 1862; 2e édit., publiée par V. Ryssel, 1887. F. Vigouroux.

    1. BERTHIER Guillaume##

BERTHIER Guillaume, né à Issoudun le 7 avril 1704, mort à Bourges le 15 décembre 1782. Il entra dans laCompagnie de Jésus le 24 octobre 1722. Il professa leshumanités à Blois, la philosophie à Rennes et à Rouen, la théologie au collège de Louis-le-Grand. À partir de 1745, il fut chargé de la direction des Mémoires de Trévoux; on sait avec quelle distinction il s’acquitta de ces fonctionsjusqu’en 1762. Entre ses mains, ce journal devint un desplus, sérieux ennemis de l’incrédulité et du philosophisme.C’est aussi à lui qu’on doit les tomes xm à xviii de l’Histoirede l’Église gallicane. Après la suppression de laCompagnie en France, il fut pendant deux ans conservateurde la Bibliothèque royale et adjoint à l’éducation duDauphin, plus tard Louis XVI, et de ses frères. Il mourutavec la réputation d’un saint et savant religieux. Ses ouvragesrelatifs à l’Éeriture Sainte sont: Histoire des premierstemps du monde prouvée par l’accord de la physiqueavec la Genèse, in- 12, Paris, 1778; — Les Psaumestraduits en français avec des notes et des réflexions, 8 in-12, Paris, 1785, souvent réimprimé; dans les éditionsen cinq volumes, on a supprimé les notes d’érudition, qui ont une véritable valeur; — Isaïe, traduit en françaisavec des notes et des réflexions, 5 in-12, Paris, 1788-1789. — Dans les Réflexions spirituelles du P. Berthier, 1790, 5 in-12, publiées par l’abbé de Querbeuf, ontrouve des réflexions sur la première Épître de saint Paul.aux Corinthiens, la traduction des Lamentations de Jérémie, avec des réflexions et une paraphrase du Magnificat.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BERTHOLDT Leonhard##

BERTHOLDT Leonhard, théologien rationaliste allemand, né le 8 mai 1774 à Emskirchen, en Bavière, mortle 22 mars 1822. Il fit ses études à Erlangen, de 1792à 1796, et y devint professeur extraordinaire à la facultéde philosophie, en 1805, La publication de son Daniel, eus dein Hebrâisch - Aramaïschen neu ùbersetzt underklàrt; mit einer vollstàndigen Einleitung und einigenhistorischen und exegetischen Excursen, 2 in-8°, Erlangen, 1806-1808, fit grand bruit et lui ouvrit les portes dela faculté de théologie. Dans cet ouvrage, il soutient quele livre de Daniel est l’œuvre de plusieurs auteurs différents.En 1809, il fut reçu docteur en théologie, et publiaà cette occasion: Christologia Judœorum, Jesu Apostolorumquesetate, in compendium redacla observation^busqué illustrata, in-8°, Erlangen, 1811. À partir de 1814, il rédigea le Kritisches Journal der neuesten theologischenLiteratur. Les volumes v-xrv (1822) sont exclusivementde lui. Outre quelques ouvrages théologiques, on a encore de lui: Historisch - kritische Einleitungin die sâmmtlichen kanonischen und apokryphischenSchriften des Alten und Neuen Testaments, 5 in-8°, Erlangen, 1812-1819. Il fut un des propagateurs les plusactifs du rationalisme. Il avait de l’érudition, mais sansprofondeur; ses écrits sont prolixes et mal composés. —

Voir G. F. Chr. Kaiser, Gedàchtnisspredigt, et J. G. B. Engelhardt, Rede vor dem Sarge, les deux réunis ensemble, in-4°, Erlangen, 1822. F, Vigouroux.

    1. BERTRAM Corneille Bonaventure##

BERTRAM Corneille Bonaventure, orientaliste protestant, né à Thouars, en Poitou, en 1531, mort à Lausanneen 1594. Il étudia à Paris, à Toulouse et à Cahors, et se retira à Genève, où il devint ministre et professeurd’hébreu. De là il passa à Frankental, dans le Palatinat, où il remplit les mêmes fonctions jusqu’en l’année 1585.Il fut alors appelé à Lausanne par la république de Berne, et y enseigna la langue hébraïque. On lui doit une traductionde la Bible sur le texte hébreu. Théodore deBèze, Antoine la Faye, Jean Jaquemot, Simon Goulard, lui vinrent en aide dans ce travail, qui parut à Genève, en divers formats, en 1588. Dans cette traduction, il redresseen beaucoup d’endroits les versions d’Olivetan etde Calvin; mais dans d’autres il s’attache aux faussesinterprétations des rabbins juifs. Bertram publia un ouvrageimportant: De politica judaica tam civili quamecclesiastica, in-8°, Genève, 1580, travail réimprimé sousle titre Republica Hebrseorum, in-18, Leyde, 1648, etpublié aussi dans le t. v des Critici sacri. Citons encorede lui: Comparatio grammatiess et hebraiese et aramiese, in-4°, Genève, 1574; Lucubrationes Franktalensessive spécimen expositionum in difficiliora utriusqueTestamenti loca, in-8°, Spire, 1588. Cet ouvrage a étéaussi reproduit dans les Critici sacri. Lelong affirme qu’ilest l’auteur de la petite Polyglotte connue sous le nomde Vatable. Biblioth. sacra, 1723, p. 348. — Voir RichardSimon, Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 346, 532; Dupin, Bibliothèque desauteurs séparés… du xiiie siècle (1719), t. i, p. 588; Haag, La France protestante, t. n (1847), p. 231.

B. Heurtebize.

    1. BERTRAND Marie François##

BERTRAND Marie François, commentateur catholiquefrançais, né à Fontainebleau le 28 octobre 1807, mort à Versailles le 30 janvier 1881. Après ses étudesclassiques et théologiques au séminaire de cette ville, l’abbé Bertrand fut d’abord professeur au petit séminairede Mantes. Quelque temps après, nommé à la chaired’Écriture Sainte du grand séminaire de Versailles; puis, en 1835, vicaire à la cathédrale; curé d’Herblay en 1837, il devint chanoine titulaire de Versailles en 1856, dignitéqu’il conserva jusqu’à sa mort. Doué d’un esprit sagace, très cultivé, il était versé dans les langues orientales. Legouvernement de l’Empire lui offrit la chaire d’hébreuau collège de France, devenue vacante par la révocationde Renan; sa modestie la lui fit refuser. On a de lui: Les Psaumes disposés suivant le parallélisme, traduitsde l’hébreu, in-8°, Versailles, 1857. Ce livre est surtoututile à qui veut étudier le sens littéral des Psaumes. Iltraduit chaque psaume vers par vers et strophe par strophe, en donnant une ligne à chaque vers et en séparant lesstrophes les unes des autres. Cette traduction est précédéed’une introduction relative au caractère de la poésiehébraïque, et particulièrement au parallélisme. Voir laSemaine religieuse de Versailles du 6 février 1881, p. 455.

O. Rey.

    1. BÉRULLE##

BÉRULLE (Marc de), cordelier conventuel de la provincede Lyon, dont il fut élu ministre provincial le14 juin 1662, docteur en théologie, paraît avoir habitésurtout le couvent de Grenoble, ses ouvrages ayant tousété imprimés dans cette ville. Il mourut au mois d’octobrede l’an 1682, à l’âge de soixante-six ans. Outre uncours de théologie en dix tomes in-8°, il a laissé un remarquabletravail exégétique en trois volumes: 1. Explicationde la Sainte Bible selon le sens littéral, tome F’, première édition, in-f°, Grenoble, 1680; 2. L’explicationselon le sens littéral des cinq livres de la Sagesse, premièreédition, in-f°, Grenoble, 1680; 3. Continuation del’ouvrage sur la Sainte Bible composé par le R. P. Marcde Bérulle…, tome iii, dans lequel se trouvent: 1° tout -1637

BÉRULLE — -BERZELLAÏ

4638

le Nouveau Testament; S! ° la Bible interprétée des motshébreux, chaldéens, etc.; 3° la concordance des passagesqui semblent opposés; 4° la Bible chronologique; 5° laBible géographique, première édition, in-f° en six parties, Grenoble, 1679. P. Apollinaire.

    1. BÉRYL##

BÉRYL, pierre précieuse. Vulgate: Exod., xxviii, 20; xxxix, 13; Ezech., xrvni, 13; Apoc, xxi, 20. Dans laBible hébraïque, le mot correspondant est ns*>, yâSfêh.

Dans les Septante: mvyot, Exod., xxviii, 20; xxxvi, 20, etîaffTttç, Ezech., xxviii, 13; Tobie, xiii, 17; et dans l’Apocalypse, xxi, 20, fi-ripuX’XoîLe béryl est un des minéraux accessoires de certainesroches granitiques (pegmatites). Il se compose chimiquement de silice, d’oxyde ferrique, de magnésie et dechaux, quelquefois avec traces de chrome, et se présente

495.

Cristaux de béryl.

en cristaux de forme prismatique hexagonale (fig. 495).C’est une variété d'émeraude, qui ne se distingue de l'émeraude proprement dite que par des stries parallèles à deuxde ses faces et par une nuance particulière. Le nomd'émeraude est réservé d’ordinaire aux variétés vertesemployées encore comme gemmes, tandis que le nom debéryl désigne les variétés incolores, roses, jaur.es, bleu-cieldu même cristal, ainsi que les variétés pierreuses. Le nomd’aiguë marine s’applique aux cristaux d’un vert bleuâtrede Sibérie. De nos jours, on le tire surtout de Muso(Nouvelle -Grenade), de l'île d’Elbe, des monts Altaï(Asie centrale). Aux États-Unis, dans l'état de NewHampshire, on a trouvé des cristaux de dimensions extraordinaires et pesant plusieurs centaines de kilogrammes.D’anciennes exploitations ont été découvertes dans lahaute Egypte, près de Syène. Journal asiatique, janvier 1868, p. 74.

D’après la Vulgate, Exod., xxviii, 20; xxxix, 13, lehéryl était la douzième et dernière pierre précieuse durational du grand prêtre. Dans la même version, Ezech., xxviii, 13, le béryl est énuméré dans la description desrichesses du roi de Tyr. Le texte grec du livre de Tobie, xm, 17, porte que les places de la ville de Jérusalem restaurée seront pavées de béryl et d’autres pierres précieuses. Enfin l’auteur de l’Apocalypse, xxi, 20, dans ladescription de la cité sainte, dit que le huitième fondement des murailles était le béryl. Dans ce dernier passage, il s’agit sans aucun doute de la pierre précieuse de ce nom.Mais il est impossible de dire avec certitude quel est précisément le minéral correspondant au terme hébreu dans

les deux premiers cas. Les anciens traducteurs sont euxmêmes en désaccord. Les Septante rendent, dans l’Exode, le mot hébreu yâSfêh par ôvu^îov, «onyx,» et dans Ézéchiel par iaoTtit; , «jaspe.» La traduction de la Vulgate a ensa faveur le témoignage de Josèphe. L’historien juif, Ant.jud., III, vii, 6, décrivant les vêtements du grand prêtre, nomme le béryl comme étant la dernière des pierres quiornaient le pectoral et sur lesquelles les noms des douzetribus d’Israël étaient gravés. Cependant il est plus naturel d’admettre, avec la plupart des commentateurs modernes, que les Septante ont eu raison de traduire yâsfêhdans Ézéchiel, xxviii, 13, par «jaspe», parce que ce motest le nom même sémitique à peine transformé. C’est doncaussi par «jaspe» qu’il faudrait traduire Exod., xxyiii, 20, et xxxix, 13. — Il ne suit pas d’ailleurs de là que le bérylne figurait point dans le rational du grand prêtre. Latradition est presque unanime à considérer cette gemme, comme l’une des douze pierres sur lesquelles étaientinscrits les noms des douze tribus d’Israël, quoique niles anciens ni les modernes ne s’accordent sur son nomhébreu. Les Septante, Exod., xxviii, 20, xxxvi, 20(xxxix, 13), ont cru que le béryl était désigné par lemot Sôham; le targum d’Onkélos et du pseudo-Jonathan, ainsi que la Peschito, sont du même sentiment; mais ilest contesté par d’autres qui adoptent des traductionsdiverses. La question ne peut être encore aujourd’huirésolue d’une manière certaine.

Voir Pline, H. N., xxxvii, 20; S. Épiphane, De gernmis, t. xliii, col. 323; Pseudo - Hildefonse, De coronaVirginis, 24, Pair, lat., t. xcvi, col. 316; Marbode, Liberde gemmis, 12, Pair, lat., t. clxxi, col. 1747; W. Brown, Antiquities of ihe Jews, Londres, 1820, t. i, p. 229; J. Braun, Vestitus sacerdotum hebrseorum, 1. ii, c. vinxix, Amsterdam, 1698; Bl. Ugolini, Sacerdotium hebraicum; Abraham ben David, Dissertaiio de vestitu sacerdotwm hebrseorum; B.D. Carpzov, De pontificum hebrseorumvestitu sacro (ces trois dissertations se trouventdans les tomes xii et xm du Thésaurus antiquitatumsacrarum hebraicarum de Bl. Ugolini, Venise, 1744-1769); H. O. Lenz, Minéralogie der alten Griechen und Rbmer, in-8°, Gotha, 1861, p. 165; Clément-Mullet, Essai sur laminéralogie arabe: Les pierres précieuses, dans le Journal asiatique, janvier 1868, p. 64-81; de Saulcy, Mémoire sur les vêtements du grand prêtre chez les Juifs, dans la Revue archéologique, août 1869, t. xx, p. 91-115.

A. Orban.

    1. BÉRYTE##

BÉRYTE, aujourd’hui Beirout, ville et port de merphénicien sur la Méditerranée, au nord de Sidon, quequelques géographes ont identifié à tort avec la Bérothou Bérotha de II Reg., viii, 8, et Ezech., xlvii, 16. VoirBÉROTH 3.

BERZELLAÏ. Hébreu: Barzillaï, «de fer;» Septante: BepÇsMa. Nom de trois Israélites.

1. BERZELLAÏ, homme riche de Rogelim en Galaad, qui exerça envers David, fuyant devant Absalom, lesdevoirs de la plus généreuse hospitalité. II Reg., xvii, 27-29; Six, 31-32. En retour, le roi vainqueur lui offrit devenir finir ses jours à la cour. Berzellaï répondit qu’il sesentait trop âgé (il avait quatre-vingts ans), et préféraitmourir dans sa ville pour être enseveli près de ses pères.Mais il permit que son fils, Chamaam, accompagnât leroi à Jérusalem. II Reg., xix, 33-39. En mourant, Davidrecommanda les fils de Berzellaï à la bienveillance deSalomon. III Reg., ii, 7.

2. BERZELLAÏ, père d’Hadriel, l'époux de Michol. Ilétait originaire de Molathi (Mehôlâh). II Reg., xxi, 8.

3. BERZELLAÏ, prêtre qui avait épousé une fille deBerzellaï de Galaad, et à cette occasion avait pris ce nom.Au retour de la captivité, ses descendants ne purent pro

duire les titres qui justifiaient de leur origine d’une manièrecertaine et furent exclus du sacerdoce. I Esdr., ii, 61, 62; II Esdr., vii, 63, 64.

Dictionnaire de la Bible/Tome I.2.b BAAL-BERZELLAI - Wikisource (2024)
Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Fr. Dewey Fisher

Last Updated:

Views: 5788

Rating: 4.1 / 5 (42 voted)

Reviews: 81% of readers found this page helpful

Author information

Name: Fr. Dewey Fisher

Birthday: 1993-03-26

Address: 917 Hyun Views, Rogahnmouth, KY 91013-8827

Phone: +5938540192553

Job: Administration Developer

Hobby: Embroidery, Horseback riding, Juggling, Urban exploration, Skiing, Cycling, Handball

Introduction: My name is Fr. Dewey Fisher, I am a powerful, open, faithful, combative, spotless, faithful, fair person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.